LE MONDE D’APRÈS (L’ECOLE EMPORTÉE)

L’ECOLE EMPORTÉE par Kazuo Umezz

1ère publication le 16/06/22- MAJ le 06/08/22

Une excursion temporelle proposée par Eddy Vanleffe
Hourra ! Hourra ! Ce n’est qu’un tremblement de terre !
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

Cet article abordera le manga L’ECOLE EMPORTÉE écrit et dessiné par Kazuo Umezz entre 1972 et 1974, publié par shogakukan dans l’hebdomadaire Weekly Shonen Sunday. La série est une première fois publiée en France par Glénat en 2004 et reparaît enfin depuis juin 2021 chez le même éditeur.

VO: Shogakukan: onze tomes à partir de 1972

VF: Glénat: Six tomes depuis juin 2021

Le manga est un journal de bord, celui de Sho Takamatsu, élève de cm2 à l’école élémentaire de son district. Il est en perpétuel conflit avec sa mère et met un point d’honneur à la faire enrager. Il parvient encore ce matin à la mettre à bout de nerf  et cela malgré le cadeau qu’elle a caché dans ses affaires en guise de cessez-le-feu. En chemin il rencontre Shinichi avec qui il réalise qu’ils ont oublié tous deux leurs chèques pour la cantine. Shinichi revient sur ses pas alors que Sho refuse, tout en déclarant qu’il ne rentrera plus jamais chez lui. Face au bâtiment, il aperçoit  Yu, un jeune voisin de trois ans dont il s’occupe parfois. Il l’emmène alors avec lui à l’école. Le petit est alors fier de pouvoir entrer dans cet établissement pour grand.  Au même moment, shinichi parvient à l’école en retard, hâtant le pas, il est soudainement repoussé en arrière. Une énorme masse semble surgir de nulle part et s’écraser sur l’école devant lui.  Lorsqu’il rouvre les yeux, il ne reste plus qu’un gigantesque cratère.  Il reste alors là, à observer la scène, interdit…

De son côté la mère de Sho, voit pendant ses courses des mouvements de paniques et une fumée venir de la direction de l’école. Elle s’inquiète et demande aux passants fuyant la scène. Comprenant qu’il est arrivé quelque chose, la brave dame se rue vers l’établissement scolaire et réalise également l’horrible désastre.

Pourtant, les élèves sont bien vivants quelque part dans un endroit totalement inconnu et hostile. Que s’est-il passé? La journée commence comme toutes les autres, mais soudain les tables de la classe se mettent à trembler. Sho réagit à la vitesse de la lumière et annonce un probable séisme. Entraînés à la pratique des exercices de secours, les élèves se dissimulent sous leurs bureaux, mais la secousse  s’estompe rapidement. La classe semble revenir à la normal lorsqu’un professeur aperçoit l’un de ses collègues tituber dans la cour blessé au crâne.  Ce dernier semble délirer et prétend que tout a disparu. L’un d’entre eux regarde alors par la fenêtre et constate avec horreur qu’autour de leur école il n’y a qu’un immense désert de sable à perte de vue.

Le désert de la soif !
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

Comment-ils pu en arriver là et y a-t-il un moyen de pouvoir rentrer sains et saufs à la maison?
Tout de suite, une panique saisit les enfants surtout les classes maternelles, le corps enseignant tente tant bien que mal de calmer tout le monde en rassurant et demandant que chacun reste dans sa classe. Ils tentent même de s’organiser. Tandis que certains d’entre eux  restent passifs à attendre les secours de l’armée avec une foi quasi mystique, d’autres perdent leur sang-froid et commencent à montrer des signes de démence. Personne n’a jamais vu un collège se transporter dans un tel environnement. Le directeur se fait totalement dépasser par les événements et lors d’une fuite des élèves pour aller rejoindre leurs parents, un professeur blesse durement l’un d’entre eux et frappe sans ménagement les enfants récalcitrants.

D’autres professeurs se suicident et enfin le responsable de la cantine, conscient que les vivres peuvent rapidement manquer, se barricade dans le réfectoire et agresse quiconque s’approche de la nourriture. Les enfants sont donc très vite soumis à une double menace, puisque les adultes censés les protéger leur tournent le dos. Même ceux en qui ils avaient le plus confiance. Un dernier professeur décide d’organiser une excursion autour de l’école afin de comprendre voir même de se situer. A bord d’une jeep, il rassemble certains des élèves le plus matures dont Sho pour l’accompagner.

En chemin et en voyant le paysage de no man’s land, il perd la tête, persuadé que l’holocauste nucléaire est arrivé. Il  entame d’écraser ses élèves avec sa voiture. Les survivants lorsqu’ils parviennent à se débarrasser de l’adulte, reviennent en catastrophe à l’école et découvrent avec horreur qu’entre temps les profs ont voulu se débarrasser de la charge de leur élèves. Ceux-ci les ont donc enfermés dans une salle et y ont mis le feu. Les enfants sont donc désormais livrés à eux même.

Je ne sais pas si vous me suivez! Mais où voulez-vous que j’aille?
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

Devant l’école, Sho fouille le sol et sort de terre la plaque marquant l’entrée du bâtiment. Elle est rouillée et semble avoir fabriquée bien des siècles avant… ils comprennent alors l’affreuse vérité: l’école a traversé le temps jusqu’à dépasser la fin de l’humanité.

A partir de là, énormément d’événements vont se dérouler sans temps morts. Les enfants apprennent à s’organiser. Pour protéger chaque élève de maternelle, les aînés vont devoir par «couples» se désigner comme  leurs parents provisoires, Les ressources vont être mise en commun et il va falloir procéder à une gestion stricte de la nourriture et de l’eau. Le seul adulte restant est l’ancien responsable de la cantine devenu un vrai psychopathe. Les élèves vont même procéder à un vote pour désigner un premier ministre selon le modèle qu’ils connaissent tous. Ainsi après avoir tenté de  reproduire un schéma familial rassurant, ils essaient de fonder une sorte de démocratie avec un gouvernement aussi naïf qu’élaboré. 

En explorant les alentours, ils remarquent qu’aucun être vivant  n’a survécu, sauf dans une étrange forêt d’où sortent des insectes géants qui commencent à attaquer l’école faisant de nombreuses victimes. Puis le virus de la peste fera son apparition tandis que de nombreux élèves de maternelles se jettent du toit pour rejoindre leurs parents. A chaque crise, Sho réalise qu’il doit prendre les décisions cruelles afin de pouvoir maintenir l’ordre et éviter les insurrections naturelles. De nombreux putschs viendront fragiliser les maigres tentatives de survie en groupe.

Chaque espoir sera balayé par une catastrophe supplémentaire. Ainsi la tempête provoquant inondations succédera à la sécheresse. L’obtention de graines afin de construire un potager fait place à la plus abyssale des angoisses quand ils réalisent qu’ils seront morts de faim depuis longtemps avant que le moindre légume puisse pousser. Sho et ses amis ne parviennent finalement qu’à maintenir leur survie qu’à coup d’ingéniosité et de chance sans jamais pouvoir trouver une solution ni de retour ni de reconstruction.

Elle est énorme ! Énorme ! Et ces pattes velues !
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

A moins que ces étranges phénomènes ne puissent être enrayés dans le passé. A plusieurs reprises Sho parvient à «contacter sa propre mère» qui de son côté, remue ciel et terre afin de retrouver son fils. Ne croyant pas à sa mort, elle cherche, mue par une détermination nourrie elle-même par une inextinguible rage, à prouver le contraire. Et parfois ses actions modifient subtilement le futur, parvenant même à sauver son fils. Comment cela peut-il être possible? Sho et ses amis, réussiront-ils à revenir ? Qu’est-ce qui a bien pu mener l’humanité à sa perte?

Quand on appréhende le manga L’ECOLE EMPORTÉE, on pense immédiatement à SA MAJESTÉ DES MOUCHES de William Golding ou peut-être le film  LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000 de Narcisco Ibanez Serrador, deux pièces maîtresses de l’ensauvagement des enfants livrés à eux même. L’auteur lui-même évoque plutôt la légende du joueur de flûte de Hamelin.

Pourtant s’il est une œuvre avec lequel on pourrait trouver d’étrange similitudes, c’est bien plutôt WALKING DEAD. Car l’enjeu principal n’est pas de montrer des enfants au comportement déviant et violent, mais plutôt d’observer comment, après un changement radical, un microcosme donné (ici la population d’une école primaire) une fois dépouillée de toute structure, loi et autre indice extérieur d’humanité, peut se livrer à la fois certes à ses plus vils instincts, mais aussi surtout, peut se reconstruire.

Arrière, Visigoths ! Arrière, Anacoluthes !
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

Partant de là, l’auteur peut traiter de nombreux sujets en toute discrétion mais également en profondeur. Les enfants par essence, ne sont pas acteur ou responsable de la situation. Les adultes qui auraient pu l’être, ont de toute façon totalement failli et de manière brutale. Pas d’autorité, qui tienne, celle-ci s’est écroulée comme un château de carte.  Une génération entière semble dire l’auteur ne parvient pas à assumer, l’absurdité du monde qu’elle laisse aux plus jeunes. Ce sera donc à eux de corriger le tir. Bien qu’il reste évasif, Kazuo Umezz semble pointer l’origine humaine du cataclysme. On ne peut évidemment que penser aux préoccupations atomiques d’un pays ayant vécu l’horreur en avant-première du spectre nucléaire qui hantait les perspectives d’avenir de toute la  planète désormais. Ainsi durant tout le manga tout ce qui reste de l’être humain, ce ne sont que des vestiges et la chose la moins abîmée est la plaque scolaire. Comme si l’éducation  et la transmission pouvait être la seul chose qui puisse nous aider à survivre à ce qui nous attend. On devine donc en filigrane un message écologiste catastrophiste assez en vogue dès cette époque.

Le manga surprend aussi par sa modernité et son absolu refus de concessions. A travers Sho et son petit groupe d’amis, on voit les structures les plus élémentaires voler en éclat avant que les enfants s’aperçoivent de l’utilité primordiale des concepts d’ordre, de structure, de répartition des tâches et d’unité. Un questionnement même sur la démocratie et ses failles  transparaît. Ce n’est pas pour autant un pamphlet pour  un quelconque autoritarisme puisque les élèves à travers un système retrouvé d’élection, se tournent de manière naturelle vers un régime le plus représentatif possible. Sho comprend que le pouvoir n’est pas une prérogative, mais bien une charge. D’entrée de jeu, le rôle social des éléments féminins va être débattu et rebattu. Hors de question quand il faut compter sur chacun de faire des discriminations. Le personnage d’Ayumi considérée comme un élément faible du fait de son handicap à la jambe, va pouvoir s’illustrer d’une manière étonnante, prouvant à tous que la force ne tient pas uniquement dans l’endurance physique. En cas de crise, ce sont les individus qui doivent nourrir le collectif: «Le tout supérieur à la somme des parties». Ça ne vous dit rien? 

Tchang ! Mon pauvre Tchang ! Si gentil ! Nous ne le reverrons plus jamais ! Plus jamais !
©1972-shogakukan-Viz médias-Kazuo Umezz

L’ECOLE EMPORTEE aborde donc de nombreux points régulièrement débattus de nos jours, ce qui fait réfléchir quand on réalise que l’œuvre date de 1972.

Un autre aspect saute aux, yeux, c’est la forme de l’histoire : celui-ci est un journal de bord en forme de longue lettre de Sho  adressée à sa mère. Suite à des adieux plus que tendus, les deux personnages ne parviennent pas à se pardonner leur attitudes et vont même trouver dans cet acte manqué, le courage et la pugnacité nécessaire afin de toujours pouvoir survivre et s’adapter. Le petit garçon est sans ambiguïté le personnage central, celui par lequel, toutes les épreuves vont s’illustrer. Pourtant à certains moments, et sans doute dans le but d’oxygéner le récit, la scène revient dans le Japon des années 60, pour suivre le chemin de croix d’Emiko Takamatsu, la mère de Sho.  Elle ne va pas hésiter à sacrifier son image sociale en passant pour folle. Révoltée et violente parfois, elle peut s’avérer d’une redoutable astuce, s’infiltrant à l’intérieur d’un hôpital pour enquêter sur la souche de la peste, lorsqu’elle parviendra par bribes à comprendre que la maladie menace son fils. Son opiniâtreté et l’intensité de l’amour qu’elle porte à la chair de sa chair est palpable à chacune de ses apparitions. On ne peut que l’admirer.

Les informations de LA DÉPÊCHE sont des informations qui frappent!
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

Le manga possède pourtant un certain nombre de petits défauts. Son pitch bien trop ambitieux oblige ses protagonistes à bénéficier d’un savoir qu’ils ne peuvent se targuer d’avoir à leur âge, et cela même si l’auteur prend soin de créer un «petit génie» afin de pouvoir faire passer ses plus grosses ficelles. De même l’auteur semble un moment hésiter entre pur «horror-survival» et SF d’anticipation». On sent bien que l’origine de ce monde l’intéresse moins  que la survie, pourtant et afin de maintenir la curiosité du lecteur en éveil, une étrange intrigue à propos de pouvoirs psychiques et de voyage dans le temps voit le jour. Cela ne gâche pas le manga puisque certains des meilleurs ressorts dramatiques humains y puisent leur force, néanmoins cela s’insère de manière plus ou moins laborieuse et ressemble parfois également à un «deus ex machina». Enfin l’auteur crée une menace volcanique à laquelle il renonce de lui-même de manière assez légère.

S’il reste assez confidentiel en France Kazuo Umezz est l’un des précurseurs du manga d’horreur. Ultra inventif quand il s’agit d’imaginer des péripéties particulièrement choquante et sadiques, il est du  propre aveu de ce dernier,  le «mentor» de Junji Ito. Pour un lecteur moderne, il faut probablement passer outre les habitudes graphiques de son époque assez voisines de celles d’Ozamu Tezuka, car comme ce dernier,  ses dessins contrastent parfois fortement avec son propos.   Il a parfois du mal à assouplir les mouvements de ses personnages qui parfois arborent des postures de «playmobils». En revanche il compense largement ses maladresses graphiques, par un sens aigu du cauchemar. Il n’a pas son pareil pour imaginer des situations choquantes, grotesques, d’une violence physique et psychologique.

Merci, Ô astre souverain! Merci, ô Soleil, tu as entendu ma prière.
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

 Dans L’ECOLE EMPORTEE, les tabous explosent: suicide d’enfants, exécutions sommaires, cannibalisme vont de pair avec les transformations et  déformations des corps. Les paysages en eux même sont malsains, poisseux et désespérants un peu à l’image de ce qu’on pourra lire dans DRAGON HEAD plus tard. Les morts sont elles aussi assez peu ragoutantes et originales:brûlures, corps arrachés par la pression de l’eau, noyades dans des sables mouvants, corps écrasés sous les pneus de voitures, rien n’est épargné.

Malheureusement, tout est justifié par le concept cauchemardesque de cette école projetée en milieu hostile, tout est écrit pour que le traumatisme vécu par ceux qui possèdent la force de survivre soit prégnant ,afin que l’on partage avec eux leur souffrance, leurs sacrifices et leurs pertes. Tout est dessiné à hauteur d’épaule, pour une immersion maximale. Le scénario est dur, impitoyable, mais humain mettant en valeur certaines vertus valorisées par l’auteur comme la loyauté, l’abnégation, le respect de son environnement, le partage de ressources et la juste reconnaissance de la valeur de chacun dans l’apport au groupe. Voilà un manga qui peut faire résonance aujourd’hui: la nécessité de l’unité et du bien commun en cas de crise grave et ceci afin de récupérer cette petite chose en nous, cette merdouille, qu’on appelle humanité.

Et ce n’est pas un œuf, c’est un champignon.
©1972-shogakukan-2021Glénat-Kazuo Umezz

En BO, d’autres enfants emportés loin de leurs parents, au son d’une flûte enchantée.

35 comments

  • JP Nguyen  

    Bigre, 1972 !
    Quel visionnaire ! On souhaiterait qu’il se soit trompé…
    Les dessins me semblent moins en décalage que du Tezuka. Et l’éventuel aspect Playmobil ne repoussera pas l’amateur de figurines 😉
    Reste que ce n’est pas trop une lecture « feel good », à ce qu’il me semble…
    Je salue ton enthousiasme pour cette œuvre, il transparaît clairement dans tes lignes et serait capable de presque tout emporter (comme l’école). Ceci dit, je pense que je vais choisir « sur place ».

    • Eddy Vanleffe  

      « feel good » on peut pas dire…Intense mais contrairement à un comics qui aborderait le même sujet, ce n’est pas non plus neurasthénique. c’est un équilibre que les japonais parviennent à obtenir
      Clairement une de mes meilleures lecture de cette année.

  • Bruce dans le train  

    Le label Vanleffe a encore frappé puisque j’ai acheté et dévoré les 5 tomes suite à cet article.
    Merci.
    J’ai adoré. Une écriture forte et inspirée avec des séquences d’une violence incroyable sur des enfants.
    Le cote Playmobil ne m’a pas gêné outre mesure, si un récit me plaît, je sais faire astraction.
    Effectivement, notamment en médecine, ces enfants sont souvent très fortiches, le récit eut gagné en crédibilité avec des collégiens.
    Mais le véritable sujet, l’arrachement d’enfants à leurs parents, aurait ete moins fort. Il y a parfois de quoi tirer des larmes.
    Une différence majeure avec WD ; il n’y a pas de moments d’accalmie et c’est parfois dommage, là aussi peu crédible.
    Mais c’est du grand, grand manga à qui STRANGER THINGS doit beaucoup.
    Deux questions : pourquoi Umezzu et parfois Umezz ?
    Aucune adaptation live ou animée ? C’est surprenant.
    Merci Eddy.

    • Eddy Vanleffe  

      Merci pour cette confiance encore une fois renouvelée.
      tu as raison le spectaculaire nuit parfois à la crédibilité.
      les années 70 et le format de parution devaient faire que chaque chapitre devait raconter une nouvelle péripétie.

  • Jyrille  

    Ca fait quelques temps que tu parles de ce manga dont je n’avais jamais entendu parler. Ce ne sont que 6 tomes alors en VF ? J’ai vu la réédition ce week-end en librairie… Même si tu as l’air enthousiaste, je dois penser à ne pas trop me disperser donc pour le moment, je mets ça dans un coin. Merci en tout cas pour la culture, et la mienne en particulier !

    D’après le résumé que tu en fais, je trouve cependant que les personnages perdent un peu trop vite la tête. C’est pas un peu trop catastrophiste ? Dans le principe, ça me rappelle Battlestar Galactica (la série télé des années 2000), Sa majesté des mouches, The Walking Dead et Snowpiercer : une petite minorité de l’humanité a survécu et on suit leur évolution, on voit comment ils s’organisent et comment ils réagissent face à la catastrophe. Je ne le rapprocherai pas de Dragon Head par contre, qui se focalise sur la survie immédiate de quelques personnages isolés.

    Bravo pour les légendes qui se rapportent toutes à Tintin, chouette parallèle 🙂

    Je suis complètement d’accord avec ta conclusion. D’ailleurs c’était une critique qu’un de mes potes avait fait sur le roman LA ROUTE (il faut toujours que je voie le film alors que je l’ai lu) : impossible que dans un état post-apocalyptique l’humanité ne fasse pas prévaloir la solidarité.

    La BO : un titre de ABBA que je ne connaissais pas et qui ne me manquait pas…

    • Eddy Vanleffe  

      c’est un voyage où les traumas nippons sont à fleur de peau, les années 60-70-80 exsudaient l’horreur d’Hiroshima sous toutes les formes.

  • JB  

    Merci pour cette découverte, Eddy. Une certaine unité de ton depuis mardi pour cette semaine Seinen : la jeunesse confrontée à l’horreur, laissée pour compte par les adultes ! Souvent hérité d’un traumatisme national, d’ailleurs : l’affaire Furuta, le drame du Sewol ou la hantise de la dévastation nucléaire.

    • zen arcade  

      @JB : « Une certaine unité de ton depuis mardi pour cette semaine Seinen »

      On a peut-être un peu de mal à le concevoir chez nous mais L’école emportée n’est pas du tout un seinen. C’est un shônen sorti à l’origine dans un magazine destiné aux jeunes garçons.
      Tout comme par exemple Gen d’Hiroshima l’était également à l’époque dans les années 70.
      Et c’est là qu’on mesure la révolution qu’a opérée la publication de Dragon Ball dans les années 80. Le succès de Dragon Ball a radicalement changé la donne en matière de publications shônen.

      Sinon, j’ai un souvenir lointain mais marquant de L’école emportée que j’avais découvert lors de sa publication en volumes petits formats il y a une petite vingtaine d’années.

      @Bruce : Pour Umezz ou Umezu :
      Umezz est un surnom.
      Je ne sais pas d’où vient le surnom. Kazuo Umezu est une personnalité connue pour son excentricité au Japon bien au-delà de la sphère des amateurs de manga.
      Le surnom s’est petit à petit imposé à l’international parce que je ne me souviens pas du tout qu’il était mentionné lors de ses premières publication en français dans la première moitié des années 2000.

      @Eddy : Bravo pour l’article qui cerne bien les enjeux de la série. Je trouve juste que, pour quelqu’un qui n’a pas lu l’oeuvre, il y a sans doute trop de spoilers.

      • Eddy Vanleffe  

        Pour le « Umezz » je n’ai pas réussi à trouvé d’infos. j’avais conclue avant de lire le comm de Zen que c’est une nouvelle transcription de son nom plus fidèle à l’originale.
        j’avoue m’être adapté pour ne pas avoir les otakus sur le dos et me rabâcher que je me suis trompé dans le nom.

    • Eddy Vanleffe  

      comme le fait remarquer Zen, on peut être étonné de voir cette série publiée en fait dans un magazine « shonen » et non pas « seinen ».
      je voudrais pouvoir adopter une position très docte sur le sujet, mais )à la vérité, c’est vraiment pas fastoche de s’y retrouver..les éditeurs pataugent d’ailleurs allègrement

  • Matt  

    Intéressant.
    Pour l’instant je ne me suis pas lancé dans ce manga, à cause de la quantité de tomes.
    J’ai lu le tome 1 de Orochi par contre, conseillé par Bruce, qui contient 2 super histoires.
    Je ne sais pas si je continue. J’attends un retour dudit Bruce^^
    ça coute chez ces mangas en plus, c’est pas du petit format abordable, c’est des éditions luxe. Ce qui est certes agréable dans un sens, mais pas pour tenter des trucs sans savoir si on va aimer.
    Déjà apparemment le tome 2 d’Orochi est décevant par rapport au premier selon certains avis.

    • zen arcade  

      Orochi, comme ce sont des histoires indépendantes liées de manière assez lâche autour du personnage titre, c’est un peu forcé que ce soit inégal. C’est un procédé qui a certainement influencé Junji Ito quand il a commencé à publier ses histoires autour de Tomie (qui elles aussi sont inégales).
      Ceci dit, dans l’ensemble, je trouve que ça se tient et que ça vaut la peine de choper les 4 volumes.

      Pour ce qui est de L’école emportée, c’est de la réédition format standard à prix normal. On n’est pas dans le format et les prix pratiqués par le Lézard Noir.
      Mais bon, sans l’intérêt renouvelé autour de Kazuo Umezu grâce aux publications du Lézard, je pense que jamais Glénat n’aurait réédité L’école emportée.

      • Matt  

        Ah oui ça va, c’est 10€ le tome L’ecole emportée. Il y a pire. Je pensais que c’était du 18€ comme les Lezard noir.

      • Eddy Vanleffe  

        il commence tout juste en France à avoir une demande sur le manga « patrimoniale »
        on commence à voir poindre ci et là des titres vénérables et une vision plus maîtrisée.
        je me suis entretenu avec des passionnés sur FB, il parait qu’on est des « tanches » à coté de l’Italie,mais ça commence à venir
        Naban a publiée DESTINATION TERRA un gros pavé de SF à cheval entre Macross et le Meilleur des mondes
        Mangetsu travaille sur Junji Ito et s’ils réussissent à s’installer, ils pourront nous réserver de bonnes surprises.
        le lézard Noir possède un catalogue très osé, trop mal distribué à mon gout
        OUI LISEZ OROCHI c’est très très bon!

  • Matt  

    C’est marrant, le pitch me fait penser vaguement à Corpse Party.
    Pas l’anime ou les films qui ont été fait et qui sont surtout des trucs gores. A la base c’est un jeu vidéo retro remasterisé plusieurs fois.
    Bon c’est avec des lycéens qui jouent à un jeu de type Ouija pour rigoler et se retrouvent coincés dans leur école avec un professeur. Les portes les fenêtres ne s’ouvrent plus, comme si elles étaient peintes sur les murs, ils sont dans une autre dimension persécutés par des fantômes et notamment celui d’une gamine et d’un serial killer (oui la classique gamine fantôme, mais le jeu initial date de 1996 donc c’était pas encore un cliché éculé.)

    Bon tu vas me dire, pas grand chose à voir avec ce manga. Sauf le conteste de l’école comme seul lieu.
    Mais il y a cet aspect de microcosme dénué de lois aussi. On incarne plusieurs lycéens, et on découvre notamment que l’un d’eux qui avait l’air bien sous tous rapports est un pervers qui se découvre une passion tordue pour photographier des cadavres et va en tuer d’autres. Plein de persos meurent, c’est assez oppressant malgré les vieux graphismes qui ont été conservés tels quels dans les remasterisations (ils ont ajouté des dessins, des doublages, etc. Mais le jeu reste rétro)

    Bon c’est pas ambitieux comme ce manga, mais je pense à ça parce que jes japonais semblent bien aimer le milieu scolaire comme théatre de toutes sortes d’histoires et notamment d’horreur.
    Un jeu qui est particulièrement horrible, encore plus à l’époque mais toujours hyper « choc » aujourd’hui

    https://www.youtube.com/watch?v=iRXA-PoEZ40

    Je crois que les adaptations en anime et films sont assez nazes, surtout gores et peu portées sur l’histoire (même si le jeu est gore, c’est plus souvent suggéré ou décrit dans le texte ce qui se passe, avec quelques rares dessins trash)

    • Eddy Vanleffe  

      Alors comme je maîtrise mal les milieux vidéo-ludiques, je ne me suis pas avancé, mais il me semble avoir lu qu’il y avait des jeux vidéos qui s’étaient inspiré de ce manga qui a fait date au Japon.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Eddy,

    j’ai fait parti des lecteurs de la première édition. Lu avant ou après DRAGON HEAD ce fut une période manga assez déprimante mais réellement novatrice.

    J’ai souvenir d’un récit pessimiste, jusqu’au bout, mais porté par un dessin élégant et efficace. Je me souviens très bien de m’être également fait la remarque du niveau intellectuelle des étudiants, mais c’est clairement un ressort dramatique pour faire avancer le récit. Peu de moment d’introspection également, on enchaine les planches à tout à l’allure avec cette bascule dans l’horreur, encore plus dure quand il s’agit en plus d’enfant-ado (la distinction n’est pas claire d’ailleurs à ce sujet).

    Mais à la fois cela tranche avec tous les récits modernes qui arrivent à raconter tellement peu sur un nombre de tome impressionnant. On est dans l’école TEZUKA je trouve.

    La BO : sympa. Je ne m’attendais pas à trouver un titre d’ABBA sur l’ECOLE EMPORTE.

    • Eddy Vanleffe  

      Merci Fletch’
      oui c’est une bd important comme GEN et d’autres de cette génération.
      la barrière enfant/ado est difficile à comprendre/traduire chez nous oui.
      ils écrivent des romances franchement matures par exemples ( comprendre émotionnellement bien sûr)
      Pour ABBA, j’adore ce titre et il reprend le thème du joueur de flûte de Hamelin
      « we following a strange melodie
      we « re astounded by the tune
      we are following the piper
      and we dance beneath the moon »

      • Jyrille  

        Alors, je ne sais plus où, mais j’ai appris très récemment qu’a priori, le concept même d’adolescence est très récent (peut-être XIXème ou XXème siècle je sais plus). En gros, avant, une fois passé tes 12 ans, t’étais un adulte (comme dans GAME OF THRONES).

        • Présence  

          Dans l’introduction du tome de la petite bédéthèque des savoirs consacré à l’adolescence, David Vandermeurlen situe la naissance de la notion d’adolescence au dix-neuvième siècle, comme une forme de suite logique à Émile ou De l’éducation (1762) de Jean-Jacques Rousseau.

  • Kaori  

    Merci pour ce résumé détaillé… Je suis très curieuse d’en connaître la fin, maintenant, mais je n’ai pas très envie de lire, parce que les mangas « horreur », bof… (dit la fille qui a publié un article sur l’adaptation d’un webtoon d’horreur hier…)
    Mais c’est vrai. J’ai tenté la lecture de webtoon d’horreur, je n’y arrive pas, c’est trop oppressant.

    Là c’est vrai que le style Tezuka aide peut-être un peu à faire passer la pilule…

    Et une première question m’est venue à la lecture : pourquoi les relations entre Sho et sa mère sont-elles si conflictuelles ?
    Puis : « mais comment parviennent-ils à communiquer en étant séparés de milliers d’années ? » (peut-être moins…)
    Enfin : « arriverons-ils à se retrouver ??? »
    Je sais, la réponse est facile : j’ai qu’à lire les mangas ! Pfff…

    Sinon je trouve quelques similitudes avec mon article d’hier, où pour ne pas spoiler je n’ai pas précisé que si les adultes en général abandonnaient les jeunes, ce n’était pas le cas de leurs parents, prêts à tout pour les rejoindre et tenter de les sauver.

    • Eddy Vanleffe  

      ça commence assez cash et les choses n’ont pas beaucoup de profondeur au début. la relation mère/fils est au cœur du bouquin et ne font que se solidifier avec la distance.
      la communication est rendue possible par un truchement assez tarabiscoté…
      Pour la fin, savoir que c’est japonais devrait te donner un indice sur la possibilité d’un happy end… 🙂

  • Kaori  

    Au fait, c’est quoi la différence entre seinen et shonen ? Seinen c’est pour les hommes et shonen pour les ados mâles ??

    • Eddy Vanleffe  

      shonen: officiellement c’est enfant 10-14 ans
      seinen c’est officiellement 15-20 ans…
      mais le parallèle avec nous est impossible puisque le rayon YOUNG ADULT dans la littérature ben… c’est quand même la même chose…

      • zen arcade  

        Le passage du shônen au seinen se matérialise d’ailleurs de manière très concrète avec l’abandon des furigana dans les seinen.
        Pour info, les furigana, ce sont des caractères syllabiques (hiragana et katakana) qui sont écrits en petit juste au-dessus des idéogrammes trop difficiles à lire par les enfants (parce qu’ils ne les ont pas encore appris à l’école).
        Les seinen abandonnent cette « béquille » et ne proposent plus que les idéogrammes.
        Techniquement, un enfant japonais est incapable de lire un seinen.

        • Eddy Vanleffe  

          je me souviens d’un pote fan de Hojo qui avait donc du mal à lire les FAMILY COMPO pour cette raison.
          le shonen est aussi un moyen pour l’étranger de lire plus facile les mangas…

    • zen arcade  

      Shônen, c’est pour les enfants.
      Seinen, c’est pour les adultes.
      En gros, c’est ça.
      Après, y a des gradations, y a des magazines seinen qui visent plutôt un public de grands adolescents alors que d’autres visent des salary men plus âgés.
      Et au sein des magazines shônen, la tranche d’âge visée peut aussi quelque peu varier selon les séries, les magazines et les éditeurs..
      Mais en gros, la cible principale des shônen, ça vise pas plus haut que 12 ans, allez 14 en étant large. Même si évidemment plein de gens continuent à lire plus tard les séries qu’ils apprécient. C’est aussi l’âge où beaucoup de jeunes japonais abandonnent la lecture intensive de mangas.
      Après, y a aussi parfois des shônen dont le succès fédère bien au-delà de la cible visée. Demon slayer en est un exemple récent, même si le succès énorme du manga en dehors de son lectorat de base est surtout dû au carton de son adaptation animée.

      Si tu prends l’exemple de l’éditeur Shueisha, tu vas avoir notamment le Shônen Jump pour les enfants, le Young Jump en seinen jeune et le Grand Jump en seinen âgé.
      Et tu vas avoir pareil pour le lectorat féminin avec Ribon pour les filles, Margaret pour les adolescentes et cocoHana en josei plus adulte.
      Et c’est à peu près pareil pour chaque éditeur.

      Ca, c’est l’idée de base mais je dirais qu’aujourd’hui les frontières tendent parfois à être un peu plus poreuses, que ce soit en terme de genre et de catégories d’âge.

      • Eddy Vanleffe  

        oui la porosité c’est un truc que j’ai déjà remarqué récemment aussi…
        et aussi les époques…
        je me suis même dit que cela devait dépendre du Tantô (éditeur de proximité) qui acceptait/validait et aidait l’oeuvre au sein du mag.
        si ton tantô de lâche la bride et t’appuie auprès de la direction. ça va passer.
        si ton tantô est plus « timoré » tu vas devoir réduire un peu les scènes ambivalentes
        Corrige moi si je me goure.

  • zen arcade  

    « Là c’est vrai que le style Tezuka aide peut-être un peu à faire passer la pilule… »

    Je ne comprends pas bien cette analogie avec le style de Tezuka.
    En dehors d’un côté vintage qu’ils ne peuvent faire autrement de partager, tout les différencie.
    Là où le dessin d’Umezu est raide et figé, celui de Tezuka est d’une grande souplesse et particulièrement dynamique dans sa manière de rendre le mouvement.

    • Eddy Vanleffe  

      le parallèle avec Tezuka est presque inévitable.
      le maître a presque tout configuré dans cette école et tous s’y réfèrent constamment à cette époque.
      Un œil exercé va justement voir toutes les différences tout comme la passation de crayons de Steve Ditko à John Romita Sr sur Spider-Man va sauter aux yeux .
      Pourtant on ne peut nier une similitude « maison » et « contextuelle »

      • zen arcade  

        Tout ramener à Tezuka, c’est comme si chez nous, on ramenait tout à Hergé.
        D’un côté, on ne peut évidemment nier l’apport fondateur et incalculable de Hergé mais de l’autre, c’est quand même très réducteur.
        C’est surtout l’ignorance presque totale de l’histoire du manga hormis la figure fondatrice de Tezuka qui nous fait tout ramener à Tezuka de manière indistincte et réductrice.

        • Eddy Vanleffe  

          C’est vrai que c’est réducteur,
          d’un autre coté j’ai quand même pas mal de bouquins traitant du sujet et c’est pas comme si ces livres (principaux passeurs) n’insistaient pas à outrance sur l’importance et la quasi hégémonie du bonhomme.
          il faut vraiment avoir la curiosité de faire l’inventaire des auteurs cités pour se faire des opinions plus nuancées avec les Kenji Nakazawa, Sampei Shirato, Shotaro Ishinomori et cela même sans avoir vraiment d’exemples concrets à lire sous les yeux (parce que ils sont pas tout le temps trouvables ces bougres…)
          La France a beau être la seconde consommatrice de manga au monde, nous n’effleurons parfois que maintenant les œuvres les plus importantes.
          donc oui Tezuka revient tout le temps, c’est aussi un peu induit par la documentation disponible .

  • Présence  

    J’avais vu passer la 1ère publication en manga petit format par Glénat en 2004/2005, mais j’avais résisté à la tentation… tout en me demandant ce qui lui valait une telle renommée. Du coup, merci pour ce résumé copieux qui permet de se faire une idée tangible de l’histoire.

    Une génération entière semble dire l’auteur ne parvient pas à assumer, l’absurdité du monde qu’elle laisse aux plus jeunes. – J’ai beaucoup aimé ta mise en lumière de cette métaphore des enfants abandonnés dans un monde qu’ils n’ont pas créé, par des adultes incapables de supporter la culpabilité de ce qu’ils leur laissent en héritage : très fort.

    J’aime beaucoup également ce principe de faire rebâtir une société par des individus plus innocents. Super article.

  • Tornado  

    Bon, Je ne fais que passer parce que je ne suis pas la cible. Je voulais dire que j’avais repéré les légendes de scans d’après Tintin, mais tout le monde l’a déjà fait… 🙂 Je voulais savoir pourquoi, et on a déjà posé la question…
    La BO : Un titre que j’avais oublié ! Avec le recul je me rends compte que je n’écoute qu’une petite huitaine de titres d’Abba. Et toujours les mêmes, depuis toujours.

  • Bruce lit  

    Série terminée.
    Exceptionnel même si je connaissais déjà la fin. Merci Eddy, je t’en dois encore une !

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