Le pouvoir de changer (Marvel Powerless)

Marvel Powerless par Matt Cherniss, Peter Johnson et Michael Gaydos

Même sans pouvoirs, on a la classe !

Même sans pouvoirs, on a la classe !© Marvel Comics

Un article de  : TORNADO

Vo : Marvel

 Vf : Panini

1ère publication le 12/05/15 – MAJ le 07/06/20

MARVEL POWERLESS est une mini-série de six épisodes réalisée en 2004 par les scénaristes Matt Cherniss et Peter Johnson et le dessinateur Michael Gaydos.

En France, cette mini-série a fait l’objet d’une publication chez Panini Comics dans la collection « 100% Marvel » sous le titre : Spider-Man / Wolverine / Daredevil, Tome 2 : Le pouvoir des rêves. Un titre plutôt incohérent puisqu’il s’agit d’un récit autonome, totalement hors continuité…

Le pitch : Un psychanalyste sort du coma. Il a des visions : Celles d’un monde où ses patients font des choses incroyables, ont une force surhumaine et volent dans le ciel. Ils arborent des costumes d’araignée ou de diable rouge. Ils font tout ce que les vrais gens ne peuvent pas faire. Pourtant, certains auraient bien besoin de ces « dons » pour se sortir de leurs problèmes…

Peter Parker est… "Monsieur tout le monde" !

Peter Parker est… « Monsieur tout le monde » !© Marvel Comics

Qu’est-ce que cette minisérie ? Une relecture ? Un « What if » ? Un « Elseworld » ? En réalité, elle est tout cela à la fois. Mais surtout, Powerless (« Sans pouvoir ») est bien plus encore. Pour le coup, les éditions Panini ont pêché par excès d’opportunisme en estampillant cette aventure comme du « Spiderman/Wolverine », soit les deux stars les plus commerciales de cet univers, alors qu’en fait, c’est tout le Marvelverse qui est ici revisité. Quelque part entre Marvel 1985 de Mark Millar, dont cette minisérie est également proche d’un point de vue graphique, et certaines créations du label MAX.

Depuis, cette réinterprétation de l’univers Marvel de manière naturaliste est entrée au panthéon de l’éditeur puisqu’elle a été célébrée entant que « Earth 40081 ». C’est-à-dire une réalité parallèle mais officielle de l’univers Marvel, dont les événements principaux sont en général ceux de « Earth 616 » !

Matt Murdock est… "Monsieur tout le monde" !

Matt Murdock est… « Monsieur tout le monde » !© Marvel Comics

Imaginez l’univers Marvel avec les mêmes personnages, mais sans aucun superpouvoir. Tel est le point de départ de cette histoire. Si ce postulat est finalement assez simple et même plutôt convenu, à charge des scénaristes d’en faire quelque chose de valable. Et c’est le cas : Matt Cherniss et Peter Johnson font concorder le destin de tous ces personnages en respectant celui de leurs homologues super-héroïques tout en bouleversant les règles, en changeant les choses et en créant pour cette nouvelle logique une identité propre.

Le lecteur (pour qui une connaissance de l’univers Marvel habituel est tout de même conseillée), se retrouve alors face à une série d’événements qui ne sont plus dictés par la continuité habituelle de ces personnages. Tout peut ainsi arriver et de ce fait, le suspense fonctionne à plein régime, car la mort d’un personnage important peut arriver au coin de la page… Et puis il y a un détail génial : Le caïd est dessiné de sorte qu’il ressemble trait pour trait au personnage de Marlon Brando dans le film Apocalypse Now !

James Howlett est… "Monsieur tout le monde" !

James Howlett est… « Monsieur tout le monde » !© Marvel Comics

Cette histoire parle en définitive de courage, de destin, de choix et de tragédie. Mais plus que tout, elle parle de schizophrénie et de contexte social, tout en essayant d’apporter une solution au problème. Une merveilleuse toile de fond, qui éclaire le concept du super-héros sous un jour nouveau et qui fait réellement sens, transformant la dimension fantastique des comics super-héroïques en dimension psychologique. On assiste alors à une métaphore de nos sociétés urbaines contemporaines, où les gens perdant leurs idéaux peuvent se réfugier dans un monde factice et onirique.

L’ambiance générale est relativement dépressive et sied parfaitement au décorum réaliste et dramatique de cette relecture. Je trouve que les scénaristes ont mené quelque chose de très solide, à la fois du point de vue de la cohérence et de l’émotion. Six épisodes purs et irréprochables, sans une once de mauvais goût, de vulgarité ou de provocation. Et si le concept de départ est plutôt simple, le premier degré sincère de l’entreprise, le sérieux, la générosité et le classicisme de la mise en forme tirent l’ensemble vers le haut, le lecteur se trouvant à l’arrivée face à une interprétation adulte, mature, intelligente et originale des héros de son enfance.

Charles Xavier est… mort ?

Charles Xavier est… mort ?© Marvel Comics

Toutefois, il y a quelque chose de paradoxal dans cette minisérie. En effet, elle semble s’adresser à un public relativement éloigné des comics mainstream de héros en slip, mais pourtant, il vaut mieux connaître la continuité de l’univers Marvel (du moins de ses « héros urbains ») pour en apprécier toutes les subtilités.

Peut-être alors s’adresse-t-elle tout particulièrement au lecteur lassé du maistream qui souhaite lire des choses différentes et originales, plus matures et profondes que d’ordinaire, tout en continuant à lire du Marvel. Et peut-être alors est-ce pour cette raison qu’elle m’a tellement plu…

Wilson Fisk est… le méchant !!!

Wilson Fisk est… le méchant !!© Marvel Comics

11 comments

  • Lone Sloane  

    Salut Tornado
    Le choix du denier scan illustre bien ta conclusion et le Kingpin a l’air, une fois encore, charismatique à souhait. Le postulat des personnages sans leur superpouvoir, comme celui de la perte de leur don, nous les rend plus proche.
    Et j’apprécie le fait que tu nous laisses découvrir l’intrigue par nous-mêmes.
    Je vais fouiner chez Boulinier/Gibert

    • Jyrille  

      Pas mieux que Lone Sloane, sauf que je ne la lirai probablement pas, à cause de mes lacunes marveliennes. Cela dit, merci de mettre en lumière un type de comic en slip qui change et qui ne fait pas partie des comics mis en avant ou connus de ce genre. Et j’ai adoré 1985 de Millar.

      • Tornado  

        Si tu as adoré « 1985 », celui-là est du même acabit. Pas besoin de connaitre plus.

  • Présence  

    Voici un article qui donne très envie de lire cette histoire. Je vais finir par me ranger à l’avis de Tornado et accepter son qualificatif de période d’or pour Marvel, de 2000 à 2007.

  • Stan FREDO  

    La période cadre bien. C’est effectivement avec « House Of M » (à l’été 2005 ?) que je suis revenu aux comic books de super-héros, non sans avoir été accroché auparavant par X-Static ou certains Wolverines mais sans toutefois aller plus loin que le feuilletage de Paninis dans les Maisons de la Presse.

  • Matt  

    C’est en effet une bonne période. Après les années 90 qui, je n’en doute pas, proposaient aussi de bonnes choses mais m’achevaient à coup de dessins tout en muscles et en gros nichons teintés de couleurs criardes.
    Il y a du bon Spidey durant ces 7 années, avant One More Day en 2008.
    Bendis était encore bon sur Daredevil, et les event comme House of M, civil war, le début de ses new avengers, avant les event creux comme Secret Invasion, etc
    Les X-men de Morrisson, Whedon (oui bon j’aime bien moi !)
    Des séries humoristiques comme She Hulk de Dan Slott.
    Le cosmique de Abnett et Laning avec les Annihilation

    Mince, je suis en train d’énumérer mes comics « modernes »

    Il y a du bon aussi après mais ce n’était pas encore la folie des event et de la retro continuité à gogo, et il était plus facile de trouver des mini séries plus indépendantes sur des persos variés (la série sur Mystique de Vaughan, les mini séries sympas de Kevin Smith sur Spidey et Daredevil, le Toxin de Milligan)
    Maintenant ça reboot tous les ans. Je n’arrive même pas à me plonger dans une série Marvel Now, Je voulais attendre la fin de Superior Spider-man pour me remettre à Spidey et paf dès l’épisode 4 un crossover, puis secret wars qui arrive. A quoi bon ?

    Sinon je ne connaissais pas cette série. ça peut être intéressant. Bon en général quand je lis du marvel, je veux voir du super slip, sinon je vais ailleurs, mais pourquoi pas ?
    Et en effet, le titre de Panini est complètement à côté de la plaque.

  • Tornado  

    C’est une mini-série qui est passé relativement inaperçue. C’est dommage pour ses auteurs, qui du coup n’ont pas persisté dans la même veine…

  • Bruce  

    Je l’avais trouvé facile à Gibert et apprécié la première lecture pour toutes les qualités décrites. Mais la relecture il y a quelques mois m’a ennuyé. Bac à soldes. Mais la fin dont je ne me souvenais plus était très réussie.

  • Jonthebe  

    Merci pour cette découverte. J’étais totalement passé à coté.

Répondre à Tornado Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *