L’éducation selon Roger Waters (The Wall)

Pink Floyd, The Wall par Roger Waters, Alan Parker et Gerald Scarfe

Un article de BRUCE LIT

Illustrations originales de EDWIGE DUPONT

1ère publication le 29/09/15- MAJ le 23/06/19 puis le 01/12/19

Le cri de Roger Waters

Le cri de Roger Waters

The Wall ( 1982) est un film adapté au grand écran par le célèbre Alan Parker ( Midnight Express, Birdy) d’après le scénario de Roger Waters, le leader de Pink Floyd, d’après leur disque éponyme de 1979.   Il s’agit d’un film dépourvu de tout dialogue avec pour seul fond sonore la musique du Floyd.   Enfin, l’identité visuelle de ce film culte doit beaucoup aux séquences animées de Gerald Scarfe, nous y reviendrons.

Le blog n’existerait pas sans Pink Floyd. Pour tous ceux qui voudraient en connaître la raison, tout est déjà expliqué ici. Pour les autres, je vais tenter, au choix, de vous donner envie de voir et revoir ce film incroyable et d’en chercher des rapprochements avec la BD.
Attention, c’est un film choquant dont personne ne s’est jamais remis ! Notamment votre serviteur qui l’a vu une quarantaine de fois et qui poussa le fanatisme jusqu’à adopter le lettrage de Roger Waters pendant son adolescence….Ouais….


Les fameux live de 1980 que Roger Waters garde dans sa cave

 La genèse

On ira vite là dessus. En 1977, lors d’un concert canadien, Roger Waters crache sur un fan qui n’écoute pas ses paroles. Waters a beau être un homme antipathique, donneur de leçon et caractériel, c’est aussi une personnalité hyper-sensible, socialiste engagé et humaniste convaincu, qui est immédiatement horrifié par son geste.

Son arrogance de rock star ainsi que la vénération et l’aveuglement de son public vont trouver une métaphore symbolique en la forme d’un mur invisible séparant le groupe de son public; l’un vient prêcher un message et gagner de l’argent et l’autre veut des pétards, des bières, des filles quitte à en oublier totalement la musique. Waters met à peine deux ans pour composer une oeuvre phare, pessimiste où la relation entre public et musicien est un jeu de dupes.


Human Targets….

Waters va encore plus loin : il se pourrait même qu’un autre groupe monte sur scène à la place de Pink Floyd et profère des horreurs fascistes sans que personne, tout à son dévouement fanatique, ne s’en aperçoive.  Sur scène Waters proposait un show révolutionnaire : au fur et à mesure que progressait le concert, un mur était construit devant le public. Un faux groupe avec des masques du Floyd jouait quelques chansons en playback histoire de mettre tout le monde mal à l’aise.
Après l’entracte, l’inimaginable se produisait : le groupe restait caché du public jusqu’à la destruction du mur. De nombreux effets spéciaux et la projection des films de Scarfe permettaient au public de ne pas partir en fuyant un groupe invisible. Backstage, l’ambiance est glaciale. Waters qui a écrit un plaidoyer sur la communication entre êtres humains est incapable d’appliquer ses préceptes.  Le climat est détestable, Waters, à fleur de peau, ayant écrasé, humilié, détruit toutes les personnes le côtoyant.

The Wall, le show,  ne sera représenté qu’une dizaine de fois aux Etats Unis, en Angleterre et en Allemagne encore non réunifiée, où forcément la chute du mur, prend une autre signification.  Waters donnera d’ailleurs au moment de la réunification (1990) une émouvante représentation sur la Postdamer Platz. Pour l’heure, nous sommes dans les années 80 et logistiquement autant que financièrement, transporter partout dans le monde un mur démontable est impossible à cette époque. La décision de tourner un film pour donner de l’image à la bonne parole de Waters est prise.

Du disque au cinéma

Le tournage est épouvantable. Waters, émotionnellement instable,  tyrannise Alan Parker qui ne compte pas apprendre d’un bassiste mégalomane comment tourner son film. De son côté, le musicien sait qu’il tient là l’oeuvre de sa vie et est incapable de déléguer. Il ambitionne même de jouer le rôle principal avant de réaliser que ses talents de comédien risque de faire fuir le public. Bob Geldof, futur star du Live Aid,  jeune punk détestant Pink Floyd,  est alors recruté; son interprétation traumatisera plusieurs générations.

Toujours pisse vinaigre, Waters boudera l’avant première du film à Cannes en déplorant ne pas avoir le Final Cut. Ceci sera d’ailleurs le nom du dernier album du groupe où Waters s’auto représentera poignardé dans le dos, des bobines de films dans les bras….


The Fuckin’ Flowers

Un dessin animé ?

Le groupe  n’apparaîtra pas dans le film. Ce sont les animations de Gerald Scarfe qui tiendront la vedette.  Scarfe vient du monde du journalisme, il publiait des caricatures politiques pour la presse et a tâté également de l’animation. Outre les iconiques marteaux qui marchent, le professeur qui passe les enfants au hachoir, le visage hurlant façon Munch sur l’affiche, Scarfe  élabore tout le visuel de l’oeuvre que ce soit sur disque, en live ou au cinéma.

Pink qui se noie dans sa piscine ou amorphe devant sa TV dans un champ de ruines ? Sa transformation sur Confortably Numb ? La chorégraphie d’Another Brick in The Wall ? Tous ces moments cultes avaient déjà été dessinés par Scarfe en Story Board à l’époque où il a coécrit le scénario avec Waters. Alan Parker reconnaîtra que le propos du film consistera à adapter son délire visuel, ce qui en fait presque une bande dessinée à l’écran !
Ses contributions animées sont magnifiques : Les fleurs copulantes (le pivot du film selon Alan Parker) illustrant que l’amour physique est sans issue, la bouleversante séquence de Goodbye Blue Sky où Scarfe évoquant la terreur des civils pendant les guerres, et bien sûr le procès psychotique qui clôt le film.

Waters chante comme un damné, les séquences animées sont d’une noirceur irrespirable, la guitare de David Gilmour pleure, aucun  humour, un héros qui sombre dans la folie et beaucoup de violence à l’écran ! The Wall est un cri de désespoir dont on ressort profondément ébranlé, le moral en berne…..
Alan Parker raconte qu’à la projection cannoise, la violence du film fut telle que Spielberg, futur réalisateur du Soldat Ryan se tourna vers lui, traumatisé, en lui demandant : What the Fuck was that ?   Il est vrai que jamais auparavant le dessin animé, trusté par Disney, n’avait été saturé d’images si crues.

The story so far….

Roger Waters confiera par la suite n’avoir jamais été si proche du suicide.  Pourtant, selon que l’on regarde The Wall comme le verre à moitié plein ou à moitié vide, on peut y voir aussi bien une leçon d’humanisme tordue qu’un appel au suicide.
Le film permet en tout cas au public d’avoir une représentation claire de l’histoire que Waters voulait raconter et à laquelle personne n’avait rien compris sur disque. Il s’agit du cauchemar éveillé de Pink, jeune star du rock mélangeant les biographies de Waters mais aussi du fondateur du groupe, Syd Barrett, qui sombra dans la schizophrénie. Toute la discographie du groupe sera hantée par la maladie mentale dans toute son horreur, bien loin des idéaux romantiques ayant à trait à l’aliénation mentale.


Le plus grand solo de guitare de tous les temps à l’épreuve d’images cauchemardesques.

Pink / Bob Geldof, est donc une star du rock cloîtrée dans sa chambre. Plongé en pleine mélancolie, il revoit sa vie défiler et sombre dans la folie tandis que le film s’ouvre de manière grandiose; Alan Parker superpose la sauvagerie d’un concert de rock à une scène de guerre où le père de Pink meurt. Notre héros orphelin ne connaîtra de lui qu’une photo dans un album de famille.

The Wall épluche ce qui fait l’identité d’un homme, ou plutôt ce qui la défait : un père mort, une mère possessive, une femme infidèle, un professeur l’ayant humilié enfant, la drogue et le rock’n’roll. Pour se protéger de toutes ces blessures, Pink devient confortablement paralysé,c’est à dire que chaque expérience traumatique devient une pierre de plus dans le mur de sa vie construit autour de ses émotions pour ne plus souffrir.

La scène la plus éprouvante du film !  ©Edwige Dupont

La scène la plus éprouvante du film !
©Edwige Dupont

Pendant les 3/4 du film, Pink est montré comme un pauvre type à la vie merdique. La plongée dans sa psyché tourmentée permet au public de prendre la douleur du héros en pleine poire. Pink, prostré devant des films de guerre, passe de la crise de nerf à la supplication d’un enfant abandonné.

Et puis, tout bascule. Pink, ce pauvre type se métamorphose et donne un concert sous un drapeau nazi en exhortant son public à pendre les juifs, les nègres et les pédés. Son public, dans l’Angleterre de Thatcher prédisposée à chercher les boucs émissaire de la crise économique de l’époque, ne se fait pas prier . Pink réalise que les choses ont été trop loin. Il s’imagine alors jugé par tous les acteurs de sa vie qui le condamnent à détruire le mur et à affronter le monde plutôt que de s’en cacher…

Roger Waters et….Alan Moore ??

Au delà de sa critique féroce du monde du rock et de l’entertainement, il est possible de voir en The Wall une oeuvre philosophique incroyablement riche. Si je devais en faire un rapprochement des Comics, c’est immédiatement à V for Vendetta que je penserais. Bien sûr, il s’agit de deux oeuvres différentes sur la forme : il n’y a pas de super héros dans The Wall, ni de complot pour renverser une dictature Orwellienne. Pourtant à bien des égards, certaines thématiques développées par Moore et Waters se tutoient.

Humainement, les deux hommes se ressemblent : fin lettrés, ces deux britanniques contemporains ont un  caractère épouvantable et n’ont pas leur pareil pour diviser leur auditoire. Ce sont également deux fans de Bob Dylan, autre altruiste misanthrope devant l’éternel, cité dans Watchmen et à peine imité dans  Nobody Home.  Waters et Moore ont aussi en commun d’avoir écrit des chefs d’oeuvre dépassant leur médium initial, le rock et la BD, pour toucher un auditoire universel.

Le merchandising de The Wall n'a rien à envier à celui des Super-héros....

Le merchandising de The Wall …

The Wall et V for Vendetta se passent dans une Angleterre des années 80 répressive. La guerre a ravagé la vie de nos héros : V est un ancien déporté, Pink une victime collatérale de la guerre qui lui a volé son père. Les deux portent un masque : V celui d’un anarchiste pour ne pas être reconnu. Pink cache sa psychose derrière les apparats d’une rock star agressive. Leur charisme leur permet de manipuler les masses laborieuses par le biais de la télé ou des concerts.

Waters et Moore vomissent leur haine des médias et de la TV qui participent à l’aliénation du peuple. La mort de Dieu est compensée par la télévision, nouvel opium du peuple qui asservit tout sens critique et vide les rues de toute contestation sociale.  Enfin, étrangers et homosexuels sont les victimes d’une Angleterre fasciste : Pink prône la ratonnade tandis que celle de V a subi l’épuration ethnique façon Shoah.

Au delà de ces points communs sur la forme, la philosophie de fond de Waters et Moore se ressemblent. La disciple Evey est accusée d’un crime dont elle ne sait rien. On pense très fort à Joseph K du Procès qui finit par renoncer à se défendre face à l’absurdité de son accusation. Evey, après un jeu de rôle cruel, sortira à la fois de son rôle de victime et de son cachot…ouvert depuis le début ! Sa liberté acquise dans la douleur, elle renaît en réalisant qu’elle vivait dans la prison qu’elle s’était construite par dépit.

Et c’est justement le propos de The Wall : Pink a transformé sa souffrance en cachot, sa frustration en haine, son désarroi en aveuglément. Le film le montre constamment naître et renaître : il est d’abord un enfant orphelin, puis une victime qui se déguise en bourreau et enfin, un accusé qui décide d’affronter ses juges. Lorsque le mur tombe, la fin est ouverte : Pink est il devenu si maboul qu’il en meurt ?  Ou, le mur tombé, va t’il pouvoir reprendre une vie normale. Waters, a toujours dit qu’il préférait la seconde option. Dans les deux oeuvres, la reconstruction d’une société meilleure est de la responsabilité du peuple.

Pink, prisonnier de sa folie…. Source Allociné  ©Bis Repetita

L’humanisme façon Roger Waters 

Durant ces 90 minutes stressantes, Waters dresse la liste de tout ce qui peut asservir l’homme : la guerre, les relations parents-enfants,  l’éducation anglaise qui oppresse ses gamins, la société du spectacle et le sexe.  Another Brick in The Wall qui hurle à l’Etat de foutre la paix aux gamins sera un hymne dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid.

Le héros de The Wall n’est pas sans rappeler un certain…Adolf Hitler ! Comme le responsable de la Shoah et de la deuxième guerre mondiale, Pink est un type misérable avec une vie misérable qui pourrait être pitoyable s’il ne se servait pas de sa souffrance pour asservir son prochain. Derrière toute la bile de son message, les propos de Waters sont étrangement altruistes : il s’agit pour lui de montrer les dangers de notre société toujours enclin à fabriquer les tyrans de demain. Il rejoint ainsi le propos d’Alice Miller : C’est pour ton bien (1985) qui montrait que tous les tyrans du 20ème siècle avaient été des enfants battus.

La victime devenue bourreau. ©Edwige Dupont

La victime devenue bourreau.
©Edwige Dupont

En cela, il est facile de mesurer l’impact de The Wall sur un médium aussi populaire que la bande dessinée : les histoires de Frank Miller, Alan Moore, Grant Morrison, Chris Claremont, Neil Gaiman ou Garth Ennis placent l’homme au centre du monde après les ravages de la guerre. Une société où l’oppression transforme les victimes en bourreau .The Wall questionne chacun d’entre nous sur notre responsabilité morale et notre souveraineté individuelle : tous ces soldats morts pour la démocratie au vu de la montée du nationalisme et de l’individualisme seraient morts pour rien ?  Hanté par la culpabilité, Waters pleure à la fois son père et le sacrifice inutile de la vie humaine aux pieds d’une société vampire.  Une société qui condamne la violence tout en s’en nourrissant. C’est exactement le propos tenu par Alan Moore dans From Hell !

De Battle Royale à Je ne suis pas un homme, les mangas ne sont pas en reste et abordent la corrélation entre éducation, haine de soi et violence de The Wall. C’est d’ailleurs la force immense de cette oeuvre : passer continuellement de l’individuel et l’auto apitoiement (moi je…) à l’universalisme responsable ( nous sommes…). Quant aux troubles de l’identité dissociative de Pink, il n’est pas difficile de les retrouver chez le Christopher Chance du grand spécialiste en la matière : Peter Milligan.


Le visage de la justice est….un cul !

Un mot encore sur les dessins de Scarfe. Celui-ci réussit le tour de force d’être à la fois d’une poésie bouleversante ( la séquence où un homme nu en position foetale se transforme en feuille morte érante sur la brise de la folie) et d’une  cruauté grinçante tel l’aigle britannique arrachant la vie de ses citoyens.  Ses séquences animées complètent autant fois le récit qu’elle le supplantent. Il est possible en effet d’en apprécier la teneur sans s’intéresser au reste de l’histoire.

Alors que Roger Waters revient avec un film en 4D promettant d’être spectaculaire, le film de 1982 reste une attaque totale de tous les sens.  A tous ceux qui accusèrent le film de n’être qu’un long vidéo clip, The Wall grandiloquent, pompeux, moralisateur reste une oeuvre unique qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.  Via l’art populaire, Roger Waters délivrait une fable sociale, existentialiste et sociologique qui nous invite, après des cris, de la colère, du sang, de la sueur et du sperme,  à laisser notre enfant intérieur mourir pour renaître en tant qu’homme responsable, adulte et libre.

Pour toute une génération, ce film a été un parent de substitution qui rendit l’adolescence compliquée et la maturité plus sereine.Une belle leçon d’éducation M.Waters que j’emporterai dans ma tombe….Merci. A jamais.

Cette review est bien sûr adressée à mes parents et mon frère qui supportèrent pendant toute mon adolescence le tumulte Floydien à fond les gamelles dans notre appartement jusqu’à très tard dans la vie….

Un Roger Waters à peine apaisé ?  ©Edwige Dupont

Un Roger Waters à peine apaisé ?
©Edwige Dupont

60 comments

  • Matt & Maticien  

    Superbe article. Voilà qui donne envie de voir ce film qui aborde avec lucidité notre vie quotidienne. Je crains que comme certaines oeuvres littéraires il ne faille attendre d’être prêt pour les découvrir. C’est à dire suffisamment construit pour les supporter…

    • Bruce lit  

      Je me rappelle t’en avoir parlé pendant 3 heures en bagnole et toi m’écoutant patiemment….Durant mon adolescence, tous les copains et surtout les copines ont eu droit à leur séance de The Wall. Je me figurais qu’il était impossible de me comprendre sans avoir vu le film…..Jeunesse…

  • Bruce lit  

    « Tout pour la musique » 4/6
    Aujourd’hui sort en salle le concert « The Wall » en 4D. L’occasion pour Bruce Lit de revenir sur un phénomène qui dépasse le monde du rock depuis maintenant 40 ans et s’est installé dans la culture populaire. L’histoire de « The Wall », l’analyse du film et son influence sur la culture geek (et certaines ressemblances avec les oeuvres d’Alan Moore ou de Peter Milligan), c’est ici, au delà du mur facebook….
    La BO du jour : pour la musique, il n’y a pas trop à se fouler. Le plus grand morceau du Floyd associé au délire visuel de Parker pour la scène la plus poignante du film. Confortably Numb…https://www.youtube.com/watch?v=zZ1ctYUU2yE

  • Présence  

    Enfin ! Il était temps que The Wall fasse son apparition sur ce blog.

    Chapeau bas monsieur Tringale. En lisant ton article passionné et passionnant, j’ai eu l’impression de revoir des séquences du films, et de ressentir leur charge émotionnelle. J’y ai également appris plein de choses, du crachat sur le fan, à la relation entre Waters et Parker, en passant par l’importance créatrice de Gerlad Scarfe.

    Je partage entièrement ton avis sur le verre à moitié plein et à moitié vide. A chaque fois que je réécoute The Wall, je le prends autant comme un outil d’autodiagnostic pour évaluer la force de mes névroses, que comme un guide pour envisager des façons différentes de penser.

    J’ai été très impressionné par la structure très claire de ton article, et j’aurais bien aimé qu’il soit 2 fois plus long.

    • Bruce lit  

      Merci Présence
      Il existe une version longue de l’article uniquement maintenant dans mon cerveau, car je l’ai impitoyablement amputé d’environ 1000 mots. Ce qui est émouvant, c’est que la semaine dernière, en faisant du rangement, je suis tombé sur un article que j’avais fait pour le journal du lycée, tapé à la machine à écrire qui abordait The Wall avec exactement la même conclusion écrite à 25 ans d’intervalle !

  • Patrick 6  

    Je croyais atteint mais finalement non :))
    Blague à part tout d’abord bravo pour ton passionnant article !
    Je n’ai découvert Floyd que très (trop) tardivement, vu qu’à l’époque je n’écoutais que du punk/post-punk où il était surtout question de dynamiter les vieux « dinosaures » dont Floyd était considéré comme l’archétype… (Ce qui est paradoxale quand on sait que Cure à ses début s’est vu qualifié de « Pink floyd of the 80’s » par la presse Anglaise)
    Mais quoi qu’il en soit les chantres de la « révolution » musicale d’il y a 30 ans sont à leur tour devenus des dinosaures ce qui met les choses en perspective…
    J’ai finalement « découvert » l’œuvre du Floyd grâce à la reprise de Confortably numb faite par les Sisters of mercy dans les années 90 ! Les mégalomanes caractériels et défoncés se rendent hommage entre eux (La boucle est bouclée)
    Quant au film même si l’imagerie a beaucoup vieilli (ça sent bon les années 70’s et l’abus de drogue) on est forcément marqué par cet ovni qui ne ressemble à aucun autre.
    Le paradoxe comme tu le soulignes toi-même, est précisément que le message de The wall est avant tout individualiste et anti-système ce qui est en complète contradiction avec les mega-show quasi Hollywoodiens répétés ad-nauseam depuis 40 ans par les Floyds ensemble ou séparément…
    Business is business right ?

    • Bruce lit  

      L’opposition entre le classic rock et le post punk par exemple m’a toujours justement éloigné d’une revue comme les Inrocks qui jusqu’à très peu ne voulait absolument entendre parler du Floyd post Barrett. Ceci a pour habitude de m’exaspérer car le Floyd du Barrett est à mon sens une oeuvre diablement imaginative, à l’influence considérable mais totalement immature et inaboutie. On parlait de snobisme hier. Je n’ai jamais compris en quoi le Floyd était l’ennemi du Punk. D’abord parce que Johnny Rotten est un fan absolu du groupe et ensuite parce que si l’on prend Animals ou The Wall, la violence des textes de Waters n’arien à envier à ceux d’un Johnny Rotten ou d’un Joe Strummer. Techniquement d’ailleurs la musique du Floyd reste très simple et facile à jouer aux antipodes d’un Led Zeppelin par exemple. Donc oui, il est possible d’aimer autant The Wall que les Pistols. La « nouvelle » génération n’est pas dupe d’ailleurs. Trent Reznor, Manson, les Dandy Warhols, Les Flaming Lips se réclamant autant du Post-punk que du Floyd.
      Maintenant Roger Waters est une vraie tête à claques qui comme Frank Miller, m’agace autant qu’il me fascine. Il n’a d’ailleurs que peu d’amis dans le show-biz à l’inverse de Gilmour qui a multiplié les apparitions sur d’autres disques.

  • Tornado  

    Voilà un article qui me parle.
    La genèse du film, je la connais par coeur, d’ailleurs. Mais la filiation avec d’autres oeuvres et d’autres médiums est très intéressante, comme d’habitude avec Bruce.

    « The wall » fait également partie de mon parcours. Je l’ai découvert au lycée en album, puis en film. Dans les deux cas, ce fut un traumatisme, la beauté de la musique se heurtant à l’horreur fascinante du film.
    L’image de l’armée de marteaux (sous-titrée dans l’article « La force de l’image de The Wall » était en poster dans ma chambre, avec en contrepoint l’affiche du film en taille réelle !

    Je me souviens que nous étions plusieurs, au lycée,à être fascinés par le film. certains choisissaient d’ailleurs une attitude pathétique en s’identifiant au personnage de « Pink », singeant son comportement et imitant son côté amorphe après s’être défoncés en coulisse…
    Le pire, c’est que le film a tout de même fait des ravages, certains de mes copains d’alors ne s’en sont jamais remis, et ont choisi l’option B : Construire le mur et y rester enfermés…

    Avec le recul, je me dis qu’il s’agit d’une oeuvre à ne pas mettre en toutes les mains. Et puisque je suis devenu professeur, le message « We don’t need no education » m’apparait compliqué : Effectivement, on doit se libérer des doctrines de nos ainés afin de créer le monde demain, débarrassé des horreurs qui gâchent le monde d’hier et d’aujourd’hui. Mais en même temps, on ne peut le faire que sur la base d’une éducation solide !
    C’est ma propre réflexion, construite avec le temps. Et je ne suis pas certain que le message du film y corresponde complètement…

    • Bruce lit  

      Les ravages du film –
      Ce que j’ai coupé de ma version 1 : si l’on y pense, The Wall n’est pas si éloigné du….René de Chateaubriand! Je m’explique : à la base, René était conçu pour lutter contre la vague de suicide post Werther de Goethe. Chateaubriand voulait écrire un bouquin condamnant le romantisme et les idées noires que cela occasionnait sur la jeunesse de l’époque. Au final, René engendra une vague de suicides supérieure au bouquin de Goethe.
      Tout ceci pour dire, que The Wall échappa clairement à Waters qui n’en finit plus de vouloir en reprendre le contrôle. Son spectacle récent est très réussi et orienté politiquement mais il bénéficie désormais de la respectabilité de l’oeuvre à laquelle il apporte des modifications qui dénature à mon sens le propos original.
      Sur l’éducation, je pense vraiment qu’il faut entendre : « nous n’avons pas besoin de CETTE éducation LA » : celle qui rabroue, humilie, frappe l’enfant.

      Construire le mur: je peux avouer que c’est ce que j’ai fais à l’adolescence en reportant la faute sur plein de gens. Personnellement, ouf, le mur est tombé mais, oui, la tentation est forte d’y rester. Je pense tout de même que ce qui est « séduisant » chez Pink pour un homme est le fantasme d’un appel au secours. De trouver une femme, une infirmière qui pourrait venir « nous » chercher au fond de ce trou creusé par nous même.

      • Tornado  

        Le problème avec une phrase comme « Teacher ! We don’t need no education », c’est que certains, toujours par tentation de la facilité, peuvent y voir un prétexte pour refuser ou contester TOUTE éducation. C’est à mon sens une erreur assez grave car, pour construire le monde de demain, il faut être éclairé, cultivé, et donc bien « éduqué ». Mais j’écris « éduqué » entre guillemets car, effectivement, cela ne veut pas dire « formaté ».
        C’est en cela que je trouve le message de la chanson assez délicat et ambigu. Car j’ai l’impression que Waters y condamne sans discernement toute forme d’éducation.

        Quand on y pense, tous les plus grands artistes dissidents étaient des êtres éclairés et profondément cultivés, pour ne pas dire intellos. Brel, Brassens, Ferré, Gainsbourg. Desproges. Ça marche quasiment à tous les coups.
        Il faut connaitre le sens de l’éducation pour pouvoir la contester, non ?

        • Bruce lit  

          Comme les « sucettes » de France Gall, « Another Brick in the wall » est une chanson piège à plusieurs entrées. Isolée de la narration du disque, on peut soit la prendre pour une chanson anarchiste interprétée par un groupe bourgeois (ce qui leur fut finalement reproché par les Punks), soit une chanson de révolte adolescente au même titre que « Schools out ». Je n’oublie pas qu’après ce couplet, Waters ajoute « No Dark Sarcasm in the Classroom / no thoughts control ».
          L’ambiguité est aussi la marque des grands artistes. Lorsque Gainsbourg chante « Lemon Incest », il joue avec le tabou ultime. Pour la plupart des gens qui le détestent, il est cet acoloo dégueulasse qui veut baiser sa fille. En oubliant que le refrain répète : « l’amour que nous ne ferons JAMAIS » ensemble.
          Pour ma part, l’école m’a inculqué l’amour de la littérature et des arts. Je peux même dire que ma prof de 3ème m’a sauvé la vie. Vraiment. En enseignant que les lettres, ce n’étaient pas que des dictées mais de l’amour, de la poésie, du verbe, de la vie et aussi de la puissance. Mais inversement mes profs de Maths ou d’éducation manuelle m’ont bousillé mon enfance. Vraiment. Il ne s’agit donc pas d’éducation si l’on y pense mais de pédagogie. J’en suis intimement convaincu.

        • Comfortably Jy  

          Je rejoins Tornado sur ce coup-là. Renaud disait dans Etudiant poil aux dents que les étudiants pensaient changer le monde « en traînant dans leur cartable la connerie de leurs aînés ». Il faut s’affranchir d’un certain mode de pensée, réussir à trouver la sienne, mais nous avons besoin plus que jamais d’éducation.

          Autre chose : j’ai des amis complètement fans (quoique, sans doute moins que toi…) du Floyd qui sont déjà allés voir le spectacle de Waters deux ou trois fois, et qui vont sans doute y retourner. Personnellement cela ne m’intéresse pas mais j’imagine qu’il s’agit d’un superbe spectacle, très carré et impressionnant visuellement. L’as-tu vu, Bruce ?

          • Bruce lit  

            Réponse à Cyrille part 2 (on est Floydien ou on ne l’est pas….)
            La 4D- je n’en sais absolument rien….Et je ne suis pas sûr d’aller voir le film en salles…Il s’agit d’un concert filmé et pas d’une nouvelle tournée. Waters vient d’avoir 71 ans (ou 72 ans), il est donc très peu probable qu’il remonte ça un jour… Son rêve de monter une comédie musicale fait également peur. D’autant plus qu’il répète à chaque fois qu’il veut y ajouter des blagues…..
            -Le Spectacle : si l’on accepte de voir un show sans aucune improvisation et très professionnel, oui, The Wall est un truc exceptionnel, même si chaque montée dans les aigus de Waters est crispante : tiendra t’il la note ou pas ?
            Par purisme, je n’ai voulais le voir qu’un fois, pour rester sur quelque chose de fort, mon esprit critique étant plus affûté en musique qu’en BD…Je me suis retrouvé côte à côte d’Edouard Leclerc….
            @JP….Ce qui me fait enchaîner à ma réponse à JP. Aujourd’hui, The Wall est devenu une espèce de religion un peu gonflante comme Bowie ou….Star Wars (je ne supporte plus le merchandising Star Wars, les Fake Star Wars, les blagues Star Wars…). Il ne s’agit plus de ressentir cette expérience intérieure que beaucoup connurent mais d’aller voir un truc spectaculaire, ce qui, tristement, nous ramène au poivrot qui voulait des pétards, des meufs et de la beuh….
            Il est donc très sain de ne pas t’y intéresser JP, de ne pas faire comme tout le monde. J’aime défendre « The Wall » mais pas de l’imposer…

  • Comfortably Jy  

    Alors là… Total respect pour cet article fascinant, Bruce ! Il est superbe de bout en bout et je le met direct dans le top 5 des articles de ce site. Vous faites pas de top listes des articles de Bruce Lit, vous ?

    Tu m’y apprends plein de choses. Il est vrai que la vision du film éclaire le disque (que je n’avais absolument pas compris, lorsque je l’ai découvert vers 16 ans), et oui, il m’a traumatisé. Je ne l’ai d’ailleurs jamais revu. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris cette histoire de masques sur scènes et de faux groupe, mais tu m’expliques enfin le pourquoi du comment ! Fascinant, ai-je dit.

    Arrivé dans ma première chambre d’étudiant (un vrai F1 bis en fait), j’ai immédiatement mis deux posters : le London Calling du Clash et The Wall. J’adore les dessins qu’on y voit, ton scan avec les marteaux m’a longtemps fait de l’oeil mais je ne me le suis jamais offert. C’est sans doute le plus beau pourtant. De la même manière, le clip de Another Brick in The Wall passait en boucle au début des années 80 sur RTL télévision, et il fait partie de mes premiers chocs visuels et musicaux (avec le clip de Bowie, Ashes To Ashes, notamment, ce dernier m’ayant encore plus marqué). Longtemps après, j’ai joué ce morceau à la basse que je trouvais très ennuyeux. En le retravaillant pour un copain il y a deux ans, je le trouve désormais aussi complexe qu’un titre de Police. Déjà, je ne m’étais pas rendu compte qu’il jouait en Open de ré (la corde de Mi de la basse, la plus grosse, étant accordée en Ré, donc plus grave).

    L’album m’a de plus en plus ennuyé au fil du temps, mais il reste des titres indémodables, des classiques. Tu me donnes envie de le réécouter.

    Quant à tes comparaisons, elles sont toujours pertinentes. Bravo. Cela dit V pour vendetta est censée se passer en 1997-98 🙂

    Tu n’as pas parlé de la bande-son du film par contre : a-t-elle été complètement réenregistrée ou seuls certains titres diffèrent de l’album ?

    • Bruce lit  

      @Cyrille: oui, j’ai un Top 5 ! Mais il change chaque semaine !
      Les posters du Floyd sont incroyablement forts. C’est même comme si un autre groupe avait signé ce disque. On ne parle jamais assez de la production de Bob Ezrin qui en a fait un Blockbuster. The Wall sans toous ces effets spéciaux seraient bien ennuyeux. N’oublions pas qu’ils s’agit à 90 % de tempos très lents.
      J’aimearis en savoir plus sur le jeu de basse de Waters. Voilà qui m’interesserait bcp, il n’est pas souvent encensé en tant que musicien.
      Pour l’écoute de l’album, il m’est personnellement impossible d’isoler une chanson, j’écoute toujours le double d’affilée même si je dois confesser une préférence pour le CD2.
      D’autres anecdotes pour vous faire plaisir ?

      Le premier titre enregistré fut « The show must go on « . Les Beach Boys au complet devaient la chanter, finalement ils ne seront que deux à le faire.

      C’est Bob Ezrin qui a eu l’idée de faire chanter les enfants sur « Another Brick In The Wall 2 » . Il s’est rappelé l’avoir déjà fait avec Alice Cooper sur School’s out et Lou Reed sur Berlin. Dernierement Alice a rendu la politesse en incorporant un medley de ABITW dans « School’s Out »

      C’est toujours Bob Ezrin qui a demandé à Gilmour de jouer la rythmique de la chanson façon disco (Chic enregistrait dans un studio voisin). Celle ci a été enregistrée à l’insue de Waters .
      Bob Ezrin a du supplier Roger Waters de sortir la chanson en Single.

      Le refrain de confortably numb est inspiré d’un concert ou Waters etait trop malade pour jouer. Il souffrait d’une hêpatite et tout le monde pensait que les cris de douleur qu’il poussait étaient volontaires. Un docteur lui injecta un calmant qui lui donna l’impression que ses mains avaient doublé de volume.

      Durant l’enregistrement en France , c’est Waters qui raccompagnait Gilmour en voiture . Celui ci se rappelle que systématiquement son frère ennemi lui rappelait à quel point il était fier de lui .

      • Jyrille  

        Bruce, merci pour toutes ces précisions et anecdotes, c’est vraiment passionnant à lire un passionné ! On sent que cette oeuvre t’es chère, c’est émouvant.

        Je te rejoins sur la production de Ezrin, je me souviens avoir entendu des versions brutes qui sonnaient comme du Dylan. D’ailleurs, les premiers jets du Velvet Underground sonnaient aussi comme du Dylan…

        Pour le jeu de Waters, je ne me suis pas assez penché sur ses morceaux pour t’en faire un portrait, mais il a un son et, selon ma sensibilité car si ça se trouve je me goure complètement, c’est un économe à la Sting. C’est très compliqué à faire sonner en fait, surtout quand en plus, tu chantes dessus… Et puis il a tenté des choses, comme ce son énorme sur One of These Days. Faudra que j’essaie.

        Faire ce que fait Sting dans Police (basse + chant + jeu au pouce) tient du miracle. C’est toujours pareil : quand ça a l’air simple et qu’effectivement, aucune grosse difficulté n’est visible, c’est compliqué à jouer car presque impossible à faire sonner correctement. Enfin, pour les morceaux magiques qui fonctionnent en tout cas. Les simples qui sonnent tout de suite, c’est juste que c’est basique.

        • Bruce lit  

          Tiens ! amusant, car Sting fait partie des seuls People que Waters fréquente avec Clapton et Jeff Beck ! La ligne de basse de Money, c’est quelque chose quand même !
          Pour ceux qui ne le connaissent pas, je recommande cette superbe version de Confortably Numb chantée par les deux rois David : Gilmour et …Bowie ! https://www.youtube.com/watch?v=FM0Pl80Zf00

          • Comfortably Jy  

            Je ne savais pas. Oui, la ligne de basse de Money rejoint ce que je disais au-dessus. C’est facile à jouer, ça sonne super bien, mais faut la tenir correctement, c’est pas simple. Elle est surtout connue pour être en 7/8, ce qui n’est pas classique dans le rock (quand on écoute pas Zappa).

            Bon je vais écouter cette version avec Bowie que je ne connais pas !

    • Bruce lit  

      Au fait, je ne t’ai pas répondu Cyrille. Concernant la BO du film, elle n’est pas commercialisée. Il n’y a qu’un inédit : « when the tiger broke free » qui est magnifique et qui a été depuis insérée dans « The final cut ».
      Quelques chansons sont réorchestrées : « Mother » où Waters chante sur une boite à musique. Les voix sont magnifiques, notamment celle de Gilmour plus inspirée que sur le disque.
      « Another Brick in the wall 3 » nettement plus violente
      « In the Flesh » 1 & 2 chantée par Geldof que j’adore
      « Stop » par le même a capella
      « Behind The Wall » beacupoup plus longue sur un orchestre tout comme « Bring the boys back home »
      Peu à se mettre sous la dent donc, mais je l’écoute souvent en boucle car (je sais, je sais….je suis pas net…), j’adore les bruitages du film…..

      • Jyrille  

        Ok merci ! Note que In The Flesh 1 et 2 forment mes titres préférés de ce disque.

        • Bruce lit  

          « In the Flesh » : un grand malentendu qui dure depuis 40 ans…L’ambition de Roger Waters était de composer le riff de Heavy Metal le plus idiot qui lui passait par la tête….

  • JP Nguyen  

    Voilà donc cet article que Mister Bruce portait en lui depuis si longtemps… On sent que ça te travaillait et que ça te tenait à coeur, Bruce…
    Je ne connais de cette oeuvre que la chanson « Another Brick… » et les images qui passaient relativement souvent à la téloche (les marteaux, les écoliers etc). On l’avait aussi regardé en cours d’anglais au lycée mais ça ne m’avait guère accroché…
    C’est marrant comme une oeuvre peut changer la vie de certaines personnes et en laisser d’autres totalement indifférents (ou indemnes, si on veut être sarcastique…)
    L’article et toute l’analyse de Bruce démontre la grande richesse thématique mais je crois que j’y suis un peu hérmétique et que, en grosse faignasse que je peux parfois être, je n’ai pas forcément envie d’aller à sa rencontre…
    Ca n’enlève rien à l’oeuvre, ni à l’article, mais je voulais juste exprimer que pour moi, The Wall, je passe à côté sans grand regret (j’espère que ça ne causera pas mon excommunication Brucelisienne !)

  • Leo  

    Depuis que tu m’as parlé de ton boulot sur cet article, j’attendais silencieusement et patiemment.

    Pour tout écorché vif, ancien ou actuel dépressif-mélomane, jeune ou moins jeune en butte aux codes de la société, ou en subissant ses règles, The Wall a une portée particulièrement lourde.
    On le répète dans les commentaires, comme tu le dis dans ton article, nombreux sont ceux qui sortent changés de l’expérience filmique et musicale du Mur.

    Bêtement (?), je me mettais en colère lorsque, plus jeune, on me disait que The Wall était une fantaisie et Waters un tyran sans grand talent.
    Il y a une telle vérité, une telle douleur faisant écho à d’autres expériences dans la presque totalité de l’oeuvre de Waters (…Amused To Death…) que la survoler aussi bêtement me paraissait insensé. Et pourtant, je ne peux que reconnaître que Waters était un sacré trou du cul égocentrique parfois…

    Waters a grandi, il est revenu de sa colère et de sa dépression… Car on parle beaucoup de la maladie de Barret mais peu reconnaissent les troubles psychologiques de Waters qui ont certainement existé si ils ont depuis disparu (je lui souhaite)…

    « Pink enfant vient au secours de l’adulte dépressif »
    Voilà une légende qui m’a plu. L’enfant est le père de l’homme…

    Merci pour un passionnant article qui m’a appris 1 ou 2 petits détails sur Waters (tu sais à quel point notre appréciation du gars et de son oeuvre est proche et combien j’ai lu et relu sur le Floyd) et que je n’aurais sans doute pas su écrire avec tant de rigueur.

    • Bruce lit  

      Un beau compliment en souvenir de nos discussions sur Waters…Merci Stéphane. Je me rappelle m’être senti trahi en voyant Waters heureux, ce qui est complètement absurde….Je situerai les troubles de Waters à deux niveaux : le premier étant celui de l’enfant abandonné à la fois sauvage et suppliant, le deuxième peut être dans le rapport à la femme, pas vraiment à l’honneur de la discographie Floydienne….Waters rétrospectivement avait admis être incapable d’écrire une chanson d’amour…

    • Comfortably Jy  

      Autant la version Gilmour / Bowie est sympa (mais super proche de l’originale), autant ce remix me laisse froid. Je n’en vois pas trop l’intérêt en fait.

      • Bruce lit  

        Il s’agit du projet Hollywood Vampires : Alice Cooper au chant, Joe Perry et Johnny Depp à la guitare, Duff et Matt des Guns à la rythmique pour des reprises des Who, Hendrix, Lennon.
        En ce moment j’écoute en boucle Grand Lièvre de JL Murat que j’aime bcp, The Vistors d’Abba tous les soirs et toujours le dernier FNM.
        Metallica : j’adore Load.

        • Comfortably Jy  

          Ah, JL Murat, je ne connais vraiment pas assez. Il est sur ma to listen list, depuis longtemps. J’attends le moment propice.

          • Tornado  

            J’aime beaucoup Murat. J’ai écouté toute sa discographie l’an dernier.
            La musique est top. Par contre, les paroles sont assez tartes, avec des animaux partout. J’ai eu du mal à me remettre du passage où il ère parmi « les loutres endormies »…

        • Présence  

          J’ai acheté l’album d’Hollywood vampires, que je ne trouve pas terrible malgré la compétence des musiciens. Je trouve ce medley (School’s out / Another brick in the wall) particulièrement artificiel et contre nature, sans âme.

          • Jyrille  

            Ah ! ^^ J’ai le sentiment qu’ils se sont fait plaisir, mais malgré les moyens et les compétences (évidentes et bien utilisés) ça me fait penser à certains titres refait par des pointures le temps de la BO de Velvet Goldmine : toujours moins bien que l’originale. Comme dit Présence, sans âme…

        • Metal Jy  

          Je découvre Load, et en fait je n’aime pas : c’est Metallica qui fait du classic rock. Je peux comprendre pourquoi tu aimes bien du coup, ce n’est plus trop Metallica (c’était en gestation dans le Black Album). Bon quelques titres sont sympas c’est sûr. Je vais essayer Reload, mais c’est vraiment parce que je suis un psychopathe.

          • Présence  

            J’ai une nette préférence pour Reload (par rapport à Load), avec une chanson préférée : The memory remains, et la voix gutturale de Marianne Faithfull.

          • Bruce lit  

            @ Présence et Cyrille
            Load est à mon sens l’album de Metallica le plus ambitieux avec une ballade country poignante Mama Said », une ouverture d’album phénoménale, un deuxième titre à la Alice in Chains, Untill it sleeps et ses ambiances NIN/Depeche Mode, cette chanson sublime floydienne sur l’automutilation « Bleeding Me », le blues de Poor Twisted Me, la haine froide de Wasting my hate » et Crown of Thorns habité par un James Hetfield qui à l’époque venait de perdre son papa.
            J’adore Load, re-Load pour moi, ce ne sont que des B-sides parfois magnifiques comme le duo avec Faithull ou la ballade irlandaise mais aussi chiantes comme « Slither » ou « Devil’s dance ».
            Cette période est indissociable des lectures d’Onslaught avec mon frangin. Merci pour la madeleine les gars !

          • Metal Jy  

            L’avis de Allmusic.com sur Load (sont pas gentils mais je suis pas loin d’être d’accord) : « Delivered five years after their eponymous « black » album in 1991, Load captures Metallica settling into an uneasy period of maturation. Under the guidance of producer Bob Rock, Metallica have streamlined their sound, cutting away most of the twisting, unpredictable time signatures and the mind-numbingly fast riffs. What’s left is polished — and disappointingly straightforward — heavy metal. Metallica’s attempts at expanding their sonic palette have made them seem more conventional than they ever have before. They add in Southern boogie rock, country-rock, and power ballads to their bag of tricks, which make them sound like ’70s arena rock holdovers. Metallica’s idea of opening up their sound is to concentrate on relentless midtempo boogie — over half the album is dedicated to songs that are meant to groove, but they simply don’t swing. Metallica sound tight, but with the material they’ve written, they should sound loose. That becomes apparent as the songs drag out over the album’s nearly 80-minute running time — there are only so many times that a band can work the same tempo exactly the same way before it becomes tedious. It isn’t surprising to hear Metallica get stodgier and more conservative as they get older, but it is nonetheless depressing. »

  • Comfortably Jy  

    Bon sinon les gars, tant qu’on y est, vous écoutez quoi en ce moment ? C’est un peu comme ça aussi que je me suis fait des amis sur le net, et presque tous les jours, on partage les disque que l’on écoute. C’est le Now Listening.

    Pour ma part, je redécouvre Metallica. J’avais laissé tomber il y a bien longtemps, et ce n’est pas du tout mon truc, mais depuis le concert, j’avais envie de réessayer. Du coup je me suis fait les 5 premiers et j’ai le S&M (symphonic and metallica) qui fait office de best of. Je n’irai pas plus loin que le Black album de 91 je pense, parce que purée c’est quand même chiant. Je me suis fait une playlist avec 18 titres que j’aime bien, on va voir ce que ça donne.

    Des potes se sont remis à The Wedding Present, un groupe indie que j’écoutais avant mes 20 ans, la preuve, j’ai retrouvé une K7 chez ma mère. J’avais oublié aussi, et en fait c’est vraiment super, surtout que je n’avais pas leur album le plus marquant, Seamonsters (produit par Steve Albini). Ca fait un bien fou. Alors qu’en concert, leur attitude m’avait déçu (mais pas leurs compétences et leur bruit).

    https://www.youtube.com/watch?v=d9DjDh3yjSM

    Je redécouvre aussi un groupe de sludge metal, Neurosis. Du métal atomsphérique, avec un VJ en concert (parti depuis), un groupe qui a commencé en 1985 et continue encore aujourd’hui. J’ai sept albums, alors que jusqu’à maintenant, je m’étais concentré sur 3 albums, les trois derniers (2004, 2007 et 2012). Sur les sept albums, cinq ont été produits par Steve Albini.

    https://www.youtube.com/watch?v=boOcnLd33rU&list=PLQmT_TaiVznfTqQ2qPB4wpGmtSLKXq2fL

    Et enfin, mon obsession du moment dont j’ai déjà parlé à Patrick sur FB : Girl Band. Un groupe de jeunes sans filles, des Irlandais qui font du noise rock. Je vais aller les voir dans une salle de taille ridicule le 13 novembre, j’ai hâte.

    https://www.youtube.com/watch?v=nqxe3NZKYL0

    • Présence  

      Ce que j’écoute en ce moment : The Wall, one se demande pourqoi…

      Pour le reste, je me lâche, car tout le monde connaît déjà mes goûts douteux.

      – Mar de Sophia, de Maria Bethânia (artiste brésilienne, recommandée par une collègue)
      – All our yesterdays, le dernier album de Blackmore’s Night, très nostalgique dans sa tonalité globale
      – Tracker, de Mark Knopfler, tout aussi mélancolique
      – Tales of a librarian, le best of de Tori Amos
      – Performing this week… live at Ronnie Scott’s, un album live de Jeff Beck, enregistré en 2015

      En bon complétiste, j’avais fini par acheter S&M (en prix réduit) que je trouve particulièrement nul, l’amalgame entre l’orchestre symphonique et Metallica ne fonctionnant pas à mes oreilles.

      • Jyrille  

        Et bien je ne connais pas tout ça ! Ca donne des pistes, merci ! Tori Amos, notamment, est une de mes nombreuses lacunes. Le S&M, je l’aime bien, je sais pas vraiment pourquoi. Sans doute parce que je ne connais pas bien Metallica. Cela dit, je vais sans doute le réévaluer à la baisse si je continue à m’infliger ce groupe…

      • Bruce lit  

        SM : un disque incroyable quand même ! Où il est possible d’entendre deux orchestres jouer côte à côte sans écouter l’autre….

    • Tornado  

      Je viens de passer un mois à écouter Midlake, un groupe contemporain de texans qui a enregistré une poignée d’albums. C’est très Americana (entre CSN, Neil Young et Fleetwood Mack), jusqu’au départ du leader. Le dernier album, sans le leader, est très différent.
      Là, je me mets à Timber Timbre, un groupe de folk canadien. Si vous aimez les ambiances à la Twin Peaks, c’est génial !

      • Jyrille  

        Ah oui Midlake c’est sympa. Faudrait que je retente, tout comme Timber Timbre. C’est vague pour moi mais effectivement c’est cool. Un peu à la Grizzly Bear tout ça. Hipster le Tornado !

  • yuandazhukun  

    Quel boulot ! Félicitations ! On sent que tu sais de quoi tu parles Bruce et que le groupe/l’oeuvre a marqué durablement ta vie, c’est beau ! ça c’est de l’article !!

  • Lone Sloane  

    Une chronique apaisée pour un film tourmenté. Tu l’as laissé mûrir et c’est un fruit comestible et non vénéneux que tu nous offres, merci Bruce. Je l’ai vu en salle ado, et je préfère garder le souvenir impressionnant de cette première et unique expérience.
    Tu mets en avant ce qui m’avait le plus plus marqué, à savoir l’art de Gerald Scarfe sur la musique des Floyd.
    Alan Parker s’était illustré auparavant dans les délices turques du Midnight Express, avec la remarquable BO de Moroder, mais ici son talent me parait minoré par l’impressionnant duo artistique qui s’exerce.
    Don’t Leave the Bruce alone!

    • Bruce lit  

      Merci Lone pour ce joli compliment. Apaisé, oui, c’est le mot.
      Alan Parker a également réalisé dans la foulée « Birdy » qui pourrait être la suite de « The Wall » qui m’a (presque autant marqué). La BO de « Midnight Express » je l’ai redécouverte récemment avec les deux premiers albums pop expérimentales de Moroder, et c’est vraiment très bon. J’avais bcp aimé aussi le plaidoyer anti peine de mort de « La vie de David Gale »

  • Tornado  

    Alan Parker est les grand réalisateur de ce tournant des années 70/80. Il a également réalisé « Angel Heart » qui est l’un de mes films phares, « Mississipi Burning » et « Les Commitments ».

    Dans le genre « apaisé », je trouve que Waters ne s’en sort pas trop mal sur le tard. Il a une mine superbe aujourd’hui. Et alors qu’il était le Pink Floyd le plus moche, c’est lui qui tire son épingle du jeu au final !

    • Bruce lit  

      Je ne l’ai jamais trouvé moche le Roger…Une beauté particulière à la Gainsbourg….Il Racontait à Howard Stern être souvent confondu avec Richard Gere. Dans son autobiographie, Pete Townsend des Who avouait une pulsion homosexuelle irraisonnée envers Roger Waters.

  • Tornado  

    J’aurais dû dire « le moins beau » alors ! 😉

    Pour revenir à « The Wall », je ne m’en suis jamais lassé moi ! Il fait toujours partie de mon TOP 10. Et d’ailleurs, lorsque j’aime profondément quelque chose, un disque, un film, un livre, je ne m’en lasse jamais et je n’ai jamais compris comment certains de mes congénères pouvaient idolâtrer une star ou une oeuvre pendant dix ans, et s’en foutre royalement le reste de leur existence (mon frère révérait Adriano Celentano quand il avait 15/25 ans, achetait sous ses albums, regardait tous ses concerts, toutes ses émissions, tous ses films, et maintenant c’est à peine s’il s’en souvient !).
    La version de « Comfortably Numb » avec Bowie est sympa. Mais la version qui me fait chialer à chaque fois, c’est celle où Waters, Gilmour et Wright montent une nouvelle fois sur scène en 2008 au « Live in Gdansk » de Gilmour. C’est beau à pleurer et le solo final de Gilmour, même si c’est habituel, est extraordinaire :
    https://www.youtube.com/watch?v=G_MXLI5hyEc

    • Bruce lit  

      Mon petit Tornado….
      J’ai bien l’impression que ce duo soit purement virtuel puisqu’il s’agit d’un montage des concerts de Gilmour et de Waters. La scène n’est pas la même, ils ne sont jamais ensemble et les musiciens sont différents…
      Sinon, oui, le solo de Gilmour est superbe.
      Depuis leur « réconciliation », les frères ennemis ne sont montés que trois sur scène : au Live 8, pour un concert de charité où ils ont repris « To know him is to love him » de Phil Spector et enfin « confortably Numb » lors des concerts de Waters.

  • Tornado  

    Un montage ?!!! Purée, l’idée est tellement nulle que je ne m’en étais même pas douté ! Mais maintenant que tu le dis… 🙁

    J’ai vu le live 8. C’était moins impressionnant pour le coup…

    • Bruce lit  

      Le live 8 n’a rien d’exceptionnel en terme interprétation musicale.
      // Montage : voilà, on est à fond dans le propos de The Wall : manipulation par un groupe de musique qui ne chante pas réellement….:)

  • comics-et-merveilles.fr  

    J’ai vu cet article cette semaine déjà et je me suis dit : Je vais attendre le week-end pour prendre le temps de tout lire (commentaires compris). Je m’y suis précipité ce matin au réveil^^
    Un moment de lecture privilégié comme je les aime!
    La profondeur de l’article est impressionnante (malheureusement, de la part de Brucelit en général, je n’en attendais pas moins ;)). L’émotion qui s’en dégage est tout simplement extraordinaire.

    Pink Floyd fait également partie intégrante de ma vie musicale depuis 1990 (seulement). Un collègue m’apporta la cassette vidéo du film et ce fut le déclic. Pendant deux ans, je ne sortais plus de cet album/film. A l’armée, un co-détenu (oui j’ai assimilé mon service militaire à une prison) m’a dit une phrase qui me changea à jamais (encore) : « The wall n’est pas le meilleur album de Pink Floyd ». Et du coup, en un clin d’œil (je fais avec mes comics aussi quand j’ai en ligne de mire un objectif), je m’étais procuré toute la discographie du groupe. Sans forcément donner raison à mon co-détenu (ni lui donner tort), j’ai adoré toutes les périodes musicales du groupe (je ne serai pas exhaustif exprès) :
    La phase « expérimentale » donnant lieu à des albums prodigieux tels que Ummagumma, Atom earth mother ou Obscured by clouds (sans oublier le précieux Live at Pompeii)
    puis une extraordinaire phase plus mature et davantage « spectacle » avec Meddle (album transition si j’ose dire), Dark side of the moon ou Wish you were here
    La phase où Waters prit le dessus sur tout le groupe au dépend de Gilmour avec Animals, The Wall ou son presque déjà album solo The final cut (musicalement presque une extension de The wall)
    La phase Gilmour qui reprit les rênes du groupe avec A momentary lapse of reason, The division bell (en passant par le mythique Pulse).
    Leur carrière solo étant notable également avec The Pros and Cons of Hitch Hiking et surtout Amused to death pour Waters et On an Island pour Gilmour (j’écoute actuellement le fameux Rattle that lock en boucle)
    Bref, loin de vouloir vous apprendre quelque chose de nouveau dans la discographie de Pink Floyd. Cela me donne juste des frissons d’en « discuter » avec d’autres passionnés.
    J’ai failli écrire un pavé sur les frictions Waters-Gilmour qui remontent bien avant The wall. Une fissure qui ne se refermera jamais réellement malgré quelques reformations (déjà citées). Waters avait laissé peu de places à Gilmour dans The wall et pourtant quelle place…
    Je fais écouter quelques morceaux choisis à ma fille et elle adore déjà 😉 Le film, on verra bien plus tard…
    Je m’arrête presque à contre cœur de peur de vous saouler mais Merci Bruce!

    • Bruce lit  

      Hé Wildstorm,
      je viens de rentrer du boulot ce qui explique ma réponse tardive. Ce que tu me racontes me fait penser à ceci : la musique du Floyd entretient un rapport émotionnel assez unique entre le groupe et son auditoire. Son histoire est riche, pleine de coups de théatre et pourtant loin de la mythologie rock’n’roll des Stones, Led Zep ou des Who. Il s’agit plutôt de l’évolution émotionnelle de quatre types ordinaires et notamment d’un homme : Roger Waters qui choisira d’écrire à peine la vingtaine terminée sur la crise économique, le libéralisme, la mort, l’aliénation, le pouvoir, l’ego et la perversion de l’entertainement.

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