Lutte sans merci contre Proteus

 

Uncanny X-Men 4 par Chris Claremont et John Byrne

Une couverture de Dave Cockrum (le dessinateur initial)© Marvel Comics

Première publication le 05/09/14- Mise à jour le 18/08/16

AUTEUR : PRÉSENCE

VO : Marvel

VF : Lug, Semic, Panini

Ce tome fait suite à Marvel Masterworks : Uncanny X-Men 3 (épisodes 111 à 121). Il contient les épisodes 122 à 131 et le numéro annuel 3, initialement parus en 1979/1980.

Tous les épisodes sont réalisés par Chris Claremont (scénario et dialogue), John Byrne (dessins, et parfois participation au scénario) et Terry Austin (encrage et parfois détails supplémentaires dans les cases), exception faite du numéro annuel.

Episodes 122 à 124 « Murderworld » – Scott Summers (Cyclops), Logan (Wolverine), Piotr Rasputine (Colossus), Ororo Munroe (Storm), Sean Cassidy (Banshee) et Kurt Wagner (Nightcrawler) continuent de remettre en service les systèmes de l’école de Westchester, sans savoir que Jean Grey et Hank McCoy ont survécu.

Lors d’une soirée passée à New York où chacun vaque à ses affaires privées, ils sont capturés un à un par Arcade, l’assassin qui exécute ses victimes dans un parc à thème (apparu pour la première fois dans Marvel Team-up par Claremont & Byrne).

Épisode annuel 3 (scénario de Chris Claremont, dessins de George Perez, encrage de Terry Austin) – Arkon (un ancien ennemi des Avengers) revient sur Terre (en provenance de sa dimension d’origine) pour demander l’aide de Thor. Comme celui-ci est indisponible, il enlève Storm et l’emmène dans son monde. Les X-Men le poursuivent pour sauver leur collègue.

Épisodes 125 à 128 « Mutant X » – Sur l’île de Muir (en écosse), Moira McTaggert continue de tester les capacités physiques de Jean Grey et elle découvre que son niveau de pouvoir est sans commune mesure à ce qu’il était avant son accident dans la navette spatiale. Elle découvre également que le terrible Mutant X s’est échappé de sa cellule.

Tu n'aurais pas des tests plus durs ?

Tu n’aurais pas des tests plus durs ? © Marvel Comics

À Westchester, Hank McCoy vient vérifier l’état de l’école et découvre que les X-Men sont vivants. Scott Summers téléphone à Muir Island. Lorna Dane (Polaris, la femme d’Alex Summers, le frère de Scott) décroche, prend connaissance de l’identité de l’interlocuteur et pousse un cri d’effroi alors qu’elle est attaquée par le mutant X. C’est l’amorce de l’affrontement entre les X-Men et Proteus.

Épisodes 129 à 131 « Kitty Pryde & Dazzler » – Tous les membres des X-Men sont réunis ; ils rentrent à Westchester, sauf Sean Cassidy qui a décidé de rester à l’île de Muir avec Moira. Ils ont la surprise de retrouver Charles Xavier à l’école. Xavier reprend l’école en main et scinde ses X-Men en 2 groupes pour prendre contact avec 2 nouveaux mutants détectés par Cerebro : Kitty Pryde et Alison Blair. Mais Emma Frost a déjà contacté les parents de Kitty.

Chochotte ! Wolverine avec un oreiller.

Chochotte ! Wolverine avec un oreiller. © Marvel Comics

Ça y est : Claremont, Byrne et Austin sont à fond. Claremont alterne les moments de détente à base de supercriminels purement comics (dramatisation exagérée, apparence ridicule, mode d’attaque débile et inefficacité maximale, oui je pense à Arcade, mais la fierté mal placée d’Arkon vaut également son pesant de cacahuètes), avec des histoires plus subtiles, tout en gardant une bonne dose de superpouvoirs.

Il est sûr qu’Arcade appartient à l’âge précédent des comics quand les superméchants inventaient des plans débiles pour essayer de venir à bout de leurs ennemis. Il est sûr aussi que Byrne traite ce scénario au premier degré et qu’il est difficile de résister au kitch de ce simulacre d’inspecteur de KGB venant faire subir un lavage de cerveau à Colossus.

Daté : à l'époque toutes les superhéroïnes portaient des talons hauts.

Daté : à l’époque toutes les superhéroïnes portaient des talons hauts © Marvel Comics

Pour cette première partie, Claremont utilise à plein la licence artistique propre aux comics qui permet d’abandonner toute apparence de réalisme pour créer un monde ludique à la logique un peu infantile. Et pourtant je suis émerveillé comme un enfant devant cette situation délirante. En faisant abstraction des inserts de texte de Claremont, il devient évident que Byrne possède une maîtrise impressionnante car ladite séquence peut se lire indépendamment des textes. Ces derniers reprennent une partie de ce qui est décrit (dispositif lourdaud), mais ils accentuent le rythme du récit plutôt que d’être en opposition.

L’annuel 3 souligne à nouveau que sans Byrne, les scénarios de Claremont ont du mal à prendre leur envol : cet épisode reposant uniquement sur une méprise initiale. George Perez exécute des dessins très détaillés dans lesquels il ne manque pas un seul débris de maçonnerie, mais encore un peu tassé. L’encrage de Terry Austin est impeccable.

Les X-Men ne tuent pas.

Les X-Men ne tuent pas (à l’époque)… © Marvel Comics

Une fois les X-Men réunis, Claremont et Byrne révèlent enfin l’identité du mutant s’étant évadé lors de l’épisode 104, soit 2 ans plus tôt. Il s’agit là aussi d’un dispositif dont Claremont va abuser par la suite : les intrigues secondaires étirées pendant plusieurs années avec risque d’oubli au fil du temps qui passe, ou d’incohérence. Chaque relecture reste un plaisir pour moi. Je retrouve des individus avec leurs propres motivations (Quoi ! Alex et Lorna ne veulent pas devenir des X-Men ?).

Les X-Men refusent d’envisager de tuer l’ennemi malgré sa puissance. La nature de ce dernier justifie pleinement sa dangerosité et ses penchants criminels, de manière naturelle. Lorsque l’affrontement s’engage pour de bon, l’ennemi souhaite tuer ses opposants et il s’y emploie vraiment (Nightcrawler enterré vivant par exemple). Les X-Men réagissent comme une équipe bien rodée et le combat est pyrotechnique à souhait.

Les courbes de Jean Grey (Quel cadrage !)

Les courbes de Jean Grey (Quel cadrage !) © Marvel Comics

John Byrne construit des mises en page qui se lisent toutes seules, sans aucun effort. Au fil des pages il apparaît comme une évidence qu’il prend un soin particulier à mettre Jean Grey en avant, et à accentuer ses courbes. Elle bénéficie d’une attention qui fait ressortir sa grâce, sa beauté déjà plus qu’humaine et sa puissance terrible.

De plus il veille à créer des tenues spécifiques pour chaque personne, y compris les figurants n’apparaissant que le temps d’une ou deux cases. Il a fait des recherches sur l’architecture écossaise pour créer des décors vraisemblables. Lorsque l’ennemi commence à déformer la réalité, Byrne ne se contente pas d’un ou deux effets faciles, il imagine des effets inventifs avec une mise en page les mettant en valeur.

La faune bizarre de la discothèque

La faune bizarre de la discothèque

Byrne bénéficie de l’appui de Terry Austin. Cet encreur travaille avec minutie pour respecter chaque nuance des crayonnés, à base de traits fins. Il transmet l’esprit des dessins de Byrne en transcrivant fidèlement la prédominance des courbes. Il clarifie chaque portion du dessin pour une lecture plus rapide, sans rien sacrifier des détails. Il rajoute quelques textures de manière discrète (les motifs sur le papier peint page 24, à une époque où tout se faisait à la main, pas d’infographie).

Et il rajoute de discrets détails qui augmentent le réalisme des dessins de Byrne, les tirant vers une vision plus adulte. Il y a par exemple les presses hydrauliques (première case page 2), le détail du radiateur (page 11), le contenu du placard (page 25), etc. Ses ajouts se détectent avec un peu d’attention car ils sont légèrement plus raides que les traits de Byrne, ou par comparaison avec les dessins de Byrne quand il s’encre lui-même. Les illustrations en sont enrichies d’autant pour un plaisir visuel accru et une immersion plus intense.

La dernière partie avec Dazzler et Kitty Pryde continue sur cette lancée (même si cette jeune mutante semble introduite pour toucher un lectorat plus jeune, et la chanteuse disco pour profiter de l’air du temps). Il est particulièrement agréable également de voir les personnages évoluer lentement mais sûrement, mûrir et changer.

Coucou ! Je t'ai piqué ta meuf.

Coucou ! Je t’ai piqué ta meuf. © Marvel Comics

Le cas de Jean Grey est un exemple évident, celui de Scott Summers est plus nuancé puisqu’il doit s’opposer à Charles Xavier qui prend les nouveaux X-Men pour des enfants. Il n’a pas réussi à recaler sa perception de ses étudiants.

Il m’a été impossible de rester insensible à ce tourbillon d’idées et à cette atmosphère d’aventures plus grandes que nature, à cette camaraderie entre membres disparates d’une équipe. Le travail en équipe n’est pas une évidence, la vie en communauté ne va pas de soi. Il subsiste quelques cachotteries adolescentes entre les uns et les autres, mais globalement chaque personnage a sa propre personnalité, ses propres objectifs. La dynamique de l’histoire est constructive et expansive : les récits ne ressassent pas les idées de Stan Lee et Jack Kirby ad nauseam, ils innovent, ils élargissent l’horizon.

Parfois le récit laisse poindre une maturité déconcertante. Le fils de Moira essaye de tuer sa mère, puis de la posséder avec l’aide du père. Ororo (à l’aise financièrement grâce à Xavier) se trouve confrontée à un squat de drogués, et au cynisme de Luke Cage. Logan se heurte à la barrière entre les classes sociales. Jean Grey découvre la puissance troublante de sa séduction.

Papa, maman et le fiston

Papa, maman et le fiston © Marvel Comics

Les jeunes adultes que sont les X-Men se battent contre la puissance corruptrice de l’argent incarnée par l’Hellfire Club, organisation élitiste se plaçant au dessus des lois. Jean Grey quitte l’état de jeune adulte pour découvrir sa liberté de femme épanouie (sa tenue légère sur l’île de Muir, le jeu de séduction vénéneuse avec Jason Wyngarde) ; elle est vraiment passée à l’âge adulte où elle peut commencer à s’émanciper des valeurs parentales et de la figure tutélaire de Charles Xavier.

L’implication et le plaisir de Chris Claremont, John Byrne et Terry Austin ressortent à chaque page que ce soit par des dialogues transmettant la personnalité des individus, des dessins inventifs ou un encrage enrichissant. Ils créent ensuite une tragédie qui a marqué des générations de lecteurs. Avec le tome suivant, l’âge de l’innocence des superhéros est froidement mis à mort : la saga du Dark Phoenix.

C'est mont tour ! (Image obligatoire pour tout commentaire sur ces épisodes)

C’est mon tour !  © Marvel Comics

31 comments

  • Bruce lit  

    Pour autant que le bonhome m’est antipathique, je dois admettre que les dessins de John Byrne sont pour moi les meilleurs de la série. Bien loin devant Paul Smith que je n’apprécie pas beaucoup. Je serais bien incapable d’aligner autant de paragraphes sur le style d’un dessinateur.
    Dazzler : sans mauvais jeux de mots, je n’ai jamais pu la blairer…
    Wolverine : pas de commentaires sur les petits yeux sous le masque ?
    C’est peu après que Scott et Jean ont leur première relation sexuelle officielle… ah ce pique…nique au colorado…
    Proteus : la première et dernière fois que l’on voit Wolverine avoir peur ! Et ce duel vs Scott ! J’adore !
    Comme tu le mentionnes, nos héros son maintenant confrontés au sexe, au pouvoir et à l’argent. Inconsciemment, la figure de Mastermind, vilain ringard parmi le hellfire club introduit cette transition entre des vilains old school et ces nouvelles menaces. Avec le recul, on peut se demander comment Jean a t’elle pu se faire avoir….
    J’adore aussi la rencontre entre Jean Grey et la jeune Kitty.

  • Présence  

    John Byrne – Beaucoup de commentaires mettent en avant un personnage antipathique. D’un autre côté, c’est un vrai professionnel, qui est à l’heure, qui respecte les consignes éditoriales, et qui a repensé Superman (dans Man of steel, voir l’article sur ce blog avec intelligence et anticipation sur les histoires à raconter. C’est lui qui a choisi de conserver Ma & Pa Kent vivants, pour éviter une similitude trop forte avec Batman (2 orphelins). On peut le trouver imbu de sa personne, mais son œuvre est vraiment impressionnante. Je dirais plutôt qu’il n’a pas sa langue dans sa poche, et qu’il n’a pas honte de montrer sa propre estime (plutôt méritée). Je comprends aussi qu’on puisse ne pas partager ses valeurs.

    Trouver des choses à dire sur les dessins ne m’est pas venu tout seul. Quand je regarde un dessin comme celui avec Scott, Jean et Mastermind (celui avec la légende « Coucou ! Je t’ai piqué ta meuf. »), je me dis qu’il est propre sur lui, net, avec un niveau de détails qui me permet de croire à l’environnement : l’escalier, la rambarde, les motifs sur le tapis, le cadre au mur, etc.

    • Nicolas  

      D’accord pour les détails, mais ça on le doit au génial Terry Austin qui a su embellir les travauxde Byrne. Regarde Byrne sur Man of Steel et sur Next men : sant Terry Austin il n’y a plus de décors, les traits sont moin soignés.

      • Présence  

        Entièrement d’accord avec toi pour l’apport significatif de Terry Austin, c’est ce que j’ai essayé d’exprimer dans le paragraphe juste au dessus du dessin avec la grue dans Murderworld (celui avec la légende « Les ajouts technologiques discrets de Terry Austin »).

        • Wildstorm  

          Je pense qu’il ne faut pas trop comparer différentes séries de Byrne quand au moins une décennie les sépare (X-men et Next-men). J’ai déjà échangé une fois avec Presence sur ce sujet je crois : Oui, Byrne+Austin sur X-men, c’est ce qui s’est fait de mieux et sans Austin, très certainement, la signature graphique n’aurait jamais été aussi unique. Malgré tout, Byrne sans Austin par la suite (Fantastic four pour ne citer que cette série puisque chronologiquement on n’est pas loin…), c’était pour moi tout aussi bien (voire bien meilleur avec son encrage des années 80/90 – versus son encrage post 1990 ayant été bien moins soigné et c’est pire après 2000 ou il a dû passer 3 moins de temps…- Il n’y a qu’à voir ses commissions post 2000 pour voir que quand il prend vraiment son temps, il n’a pas perdu son sens du détail). Byrne et Austin se sont retrouvés par la suite (j’ai en mémoire justement un Superman encré par Austin par exemple en tête mais pas que) et j’avais beaucoup moins apprécié son apport. De plus, autre argument (injuste je sais :)), Austin sans Byrne, c’est le no man’s land ou alors très anecdotique, alors que Byrne est resté très longtemps au top (pour moi). Donc, que le duo ait été au top de ce qui se faisait ok, mais de là à dire que sans Austin, les x-men de Byrne auraient été fadasses (je caricature exprès), je ne suis pas du tout d’accord. Après, ce n’est que mon avis 🙂

    • jyrille  

      Je les ai lus récemment, ces épisodes (mais sans l’annuel avec Thor) donc je vois très bien de quoi tu parles, et suis complètement d’accord ! J’admire toujours ta précision et la façon que tu as de lister les éléments pour en venir à tes conclusions.

      Je ne connais pas vraiment les autres dessinateurs des X-Men ni même ce qu’a fait Byrne en dehors de ça, mais j’adore son trait, je le trouve classe, sans esbrouffe, efficace. Il arrive à caractériser chaque personnage en très peu de traits (pour les visages), et bien sûr, il rend toutes ces femmes fantastiques.

      Je n’ai vraiment pas aimé l’épisode dans le flipper géant, c’est vraiment infantile, mais comme tu le dis si bien, le dessin suffit. Je déteste tous ces textes de pensée qui résument une action et compresse le temps à l’envi (parfois, les personnages font des actions très longues alors qu’il sont en pleine action, je trouve que ça coupe directement la suspension de crédulité).

  • Nicolas  

    Wolverine n’a jamais eut aussi peur, c’est vrai. Il compte sur ses sens dans es combats et là même son suqlette d’adamantium ne peut pas le protéger, le rendant très très vulnérable. Il a pris conscience de sa mortalité et a souffert comme jamais. D’où sa peur dont Cyclops a été obligé de le sortir sinon qui sait ?
    Il aurait été amoindrit pour le restant de ses jours.

    Proteus : le personnage le plus flippant de la série X-Men, un pur sociopathe, ne vivant que pour survivre et se nourrir de bio-énergie, rempli de haine. Sans remords, sans émotions autres que le soif de pouvoir et de destruction. Un croisement entre un vampire et un zombie, cristallisant des peurs très basiques.
    De plus, un complexe oedipal gros comme une maison : il veut tuer le père et posseder la mère.

    De brillants épisodes annonçant un final magistral avec Dark Phoenix Saga.

  • Bruce lit  

    Je constate que personne ici ne vient contredire Présence qui traite Arcade de demeuré. Il y a pire à mon sens : Mojo ! Oh putain, Mojo ce tas de merde ( j’en rajoute, on est pas sur amazon), je n’ai jamais pu le saquer. Et sa Spirale avec…

    • Nicolas  

      Mais gràce à Spirale, on a eut le body shoppe et Lady Deathstrike ! En plus elle était for jolie al’époque de la Freedom Force. Et souviens toi, sans Mojoland pas de Longshot par Arthur Adams !

    • Bruce lit  

      Oui. Et les écarteurs de paupières façon Orange Mécanique… Mais pour le reste, les X-babies, c’était vraiment…oh, je n’ai pas de mots. Peut être une tentative de mettre un peu d’humour dans une série qui en avait perdu…

      • Marti  

        L’idée derrière Mojo n’est pas mauvaise, mais il y aurait dû rester l’antagoniste d’une seule histoire : la mini-série Longshot où il apparaît, vu qu’avec lui c’est toujours exactement le même type d’histoire qui se déroule, et qu’il n’a été pensé et designé que pour les récits satiriques envers les médias.

        • Marti  

          Comme quoi il n’y a définitivement pas de mauvais personnage, juste de mauvais scénaristes…

  • Erik 5  

    Merci, Présence, pour ton article, mettant en lumière l’un des plus flippant adversaire des X-Men, durant une période où Wolverine n’était pas encore le Logan plein de nuances qu’il est devenu (avec plus ou moins de bonheur), juste la Wild card du groupe, le sauvage qu’on lâche lorsqu’on a plus de choix, ce qui rend sa réaction envers Prothéus encore plus déstabilisante.

    Merci aussi d’avoir fait mention de l’énorme apport graphique de Terry Austin sur les dessins de Byrne, souvent oublié, il n’en reste pas moins une pièce essentielle de leur réussite.

    Enfin, je terminerai par Mojo et son univers, Longshot compris…Voila ce qui arrive quand des auteurs peu inspirés, se rabattent sur la drogue, il faut le dire, la drogue c’est mal, et pour sortir des trucs pareil, elle devait être salement frelatée…Les X-Babies ?, non, sans rire !!!

  • http://www.comics-et-merveilles.fr  

    Super article (j’arrive après la bataille :)).
    J’ai même lu tous les commentaires très intéressants.
    Par rapport aux commentaires, je suis mitigé sur un avis malgré tout par rapport à Terry Austin. Bien entendu, il a apporté un style caractéristique sur les X-men de Byrne qui rend la signature graphique de ce run unique. Malgré tout, deux choses :
    – Je pense qu’il ne faille pas comparer le Byrne des années x-men et le Byrne des années Superman puis Next-men. A la rigueur, on peut comparer plutôt avec son run sur les Fantastic Four. Pour moi, il n’y a pas photo, l’encrage de Byrne apportait plus de détails à son dessin sur la même décennie.
    – De plus, pour avoir vu Terry Austin, à la même tranche d’années, encrer d’autres dessinateurs, on ne peut pas dire que son encrage ait été marquant.
    L’alchimie Byrne/Austin sur les X-men est bien entendu spectaculaire, mais que vaut réellement Terry Austin sans John Byrne ? et que vaut John Byrne sans Terry Austin ? Moi j’ai ma réponse, mais c’est la mienne 🙂
    Sinon, Merci beaucoup pour la visite d’aujourd’hui et à bientôt.

    • Présence  

      Pour avoir un peu suivi Terry Austin par la suite, il a changé sa façon d’encrer, en privilégiant des traits plus secs, un peu désagréables à l’œil. Du coup, Terry Austin sans John Byrne, ce n’était effectivement pas très joli. J’avais également pu voir une histoire courte qu’il avait dessinée et encrée, et c’était très raide, nettement en dessous de John Byrne.

      Comparer les carrières de Byrne et Austin est un peu déloyal, puisque John Byrne a continué à dessiner (plus ou moins vite), a développé ses talents de scénariste, avec une carrière exceptionnelle (ne serait-ce que réimaginer Superman).

      Comparer les différentes périodes de John Byrne : je l’ai fait pendant des années, ce qui m’a permis par comparaison de voir ce que lui apportaient différents encreurs (Klaus Janson ou Tom Palmer). Toujours par comparaison, il est également possible de voir le degré d’investissement de Byrne dans un épisode ou un autre.

      En visitant ton site, ce qui m’a frappé sur les pages issues de l’histoire Galactus dans Epic, c’est que Byrne dessine exactement de la même manière qu’il dessine un comics Marvel. Il n’a jamais cherché à dépasser la narration avec de jolies images (toujours par comparaison avec le parcours de quelqu’un comme Frank Miller).

      Pour avoir lu Byrne pendant des années (des décennies en fait), j’ai toujours éprouvé un regret du fait qu’il n’ait pas essayé d’écrire des histoires plus adultes, que sa narration visuelle soit restée dans un registre joli, et un peu superficielle en ce qui concerne sa dimension descriptive. Je suis aussi toujours resté sous le charme de la fluidité de sa narration visuelle.

  • http://www.comics-et-merveilles.fr  

    Oui, quand je discute de Byrne, mon objectivité en prend un coup 🙂
    Pendant très longtemps, je n’espérais qu’une chose, que Byrne soit encré par Byrne.
    C’est vrai qu’à l’époque où Byrne enchainait 2 séries mini par mois, je faisais très attention aux encreurs. West coast avengers m’avait beaucoup crispé par exemple ou même le Wolverine encré (un pu plus que cela même) par Janson des années plus tard. Tom Palmer où je trouvais qu’il empiétait beaucoup sur le style des dessinateurs parfois en mieux (les Avengers de John Buscema étaient meilleurs sous Palmer), j’ai été agréablement surpris par son association avec Byrne dans les Hidden years. Même sur Superman, Kesel s’en sortait plutôt bien mais on n’a pas toujours eu cette chance dans certains Actions comics. Sur les dernières années, Byrne fait un peu tout, mais par contre, je trouve qu’il s’applique beaucoup moins dans presque toutes ses dernières mini séries (à part peut-être sur Angel). Beaucoup de « vides » et de traits simples voire un encrage « épais » (mais je me dis que c’est mieux que rien :)).
    Au niveau maturité, c’est vrai que cela peut être un regret. A un moment donné j’ai cru qu’avec Omac (la fameuse mini série « suggested for mature readers », il a essayé de franchir le pas, mais sans plus. La mention n’était là qu’à cause des scènes de nu ?…

    En tout cas, ça fait plaisir de croiser et discuter avec un fan de Byrne.

  • Matt  

    Ce n’est pas la partie du run de Claremont que je préfère. Mais tu mets très bien en évidence les qualités du récit qui évolue de plus en plus vers la maturité. A cette époque, mis à part la saga Dark Phoenix et les 2 épisodes de Days of Future Past, je n’accroche pas trop encore parce que le style reste vieillot. Pour moi c’est plus agréable à lire à partir de 1982/1983 avec God loves, man kills et les épisodes qui suivent et qui n’enverront plus les X-men dans l’espace mais les confronteront à des périls plus proches de leur thématique centrale de lutte raciale et de tourments humains(les Morlocks, Storm qui s’humanise et qui n’est plus une figure intouchable de déesse, le massacre mutant, cyclope qui s’égare et trouve du réconfort auprès de l’image de Jean incarnée dans Madelyne Prior)
    Mais par contre, pour Byrne, tu as tout a fait raison. Je ne sais pas d’où lui vient cette réputation de mec déplaisant puisque je ne lis rien sur les auteurs en général, mais son dessin est toujours très agréable.
    D’ailleurs j’aimerais bien que soit édité en VF son run sur les FF. Sans savoir ce que ça vaut niveau histoire, ses dessins sont d’une grande classe.

    Et sinon je suis bien d’accord que Arcade est un méchant tout pourri avec des plans débiles. Et c’est une vraie plaie à chaque fois que je vois ce mec.

    • Présence  

      Au vu du volume de comics X-Men produits sur plusieurs décennies, il est tout à fait légitime que différents lecteurs apprécient chaque période à des degrés divers. J’ai découvert les X-Men avec Spécial Strange 16 acheté chez un vendeur de journaux. Ma période favorite reste les épisodes de Claremont, Byrne et Austin, avec quelques autres épars (en particulier ceux réalisés par Claremont & Barry Windsor Smith), plus quelques histoires. Pour plusieurs lecteurs, il arrive que leur période favorite coïncide avec les épisodes par lesquels ils ont découvert les X-Men, ce qui a en quelque sorte fixé le canon de leurs aventures, établi le mètre-étalon sur la base duquel les autres seront jugés.

      La réputation de John Byrne – Ce créateur n’hésite pas à dire ce qu’il pense du travail de ses collègues, et il n’en pense pas toujours du bien. En outre, fort de son succès et de ses rémunérations (pour partie proportionnelles aux chiffres de vente), il n’a pas hésité à critiquer des responsables éditoriaux qu’il jugeaient pas assez compétents. Cela a contribué à bâtir sa réputation de créateur déplaisant, alors qu’il n’avait pas systématiquement tort. Son succès sur la série Fantastic Four ou celui de sa relance de Superman ont indubitablement fait de lui une superstar dans le monde des comics, mais l’ont aussi mis en butte aux diktats des responsables éditoriaux allant à l’encontre de ses élans créatifs, d’où de fortes tensions entre lui et les représentants de son employeur.

      • Matt  

        Merci pour ces informations. C’est pour ça que je n’aime pas lire des choses sur la vie privée des auteurs. C’est toujours décevant d’apprendre des choses déplaisantes sur un auteur dont on peut aimer le travail, et plus difficile d’en faire abstraction pour juger son talent graphique qui n’a techniquement pourtant rien à voir avec son comportement dans la vraie vie.

        • Bruce lit  

          Hello à tous ! Désolé pour les réactions tardives mais, ahemm…et de DEUX !

          Par rapport à John Byrne, tout ce que j’ai lu de lui me le rende antipathique. Pas qu’il flingue ses copains en interviews (encore que, on a connu plus élégant) mais surtout autour de la jubilation perverse à saboter le travail de Claremont et les histoires magnifiques, rien que pour le faire chier, notamment sur la résurection de Phénix)….

          @Omac: tu noteras que j’aurai pu aussi publier sur Alien ou Eraserhead….Pour une fois, je disculperai mon inconscient….Tout simplement parce que l’article était prêt depuis trois semaines et que le terme était prévu pour le 02 septembre. Je trouvais ça plutôt rigolo d’enchainer la saga Proteus avec son retour hier dans Star Trek.
          Pour le reste Lacanien ou Freudien : Come as you are. Par contre si on parle de Zemmour, je risque de faire quand même un peu la gueule…

          • Matt  

            La résurrection de Phénix est-elle une volonté de Byrne seul ou de Marvel ?
            Bon après je dis surement ça parce que je n’ai pas vécu cette mort à l’époque et que Jean est un personnage qui ne m’a jamais vraiment intéressé, mais je ne trouvais pas l’explication de sa résurrection foireuse. Par rapport à ce qu’on a vu depuis…au moins il y avait une explication. Et même pas de résurrection nulle au final, vu que c’était une usurpation d’identité.
            Enfin oui j’imagine qu’il était dur d’avaler que Jean n’était pas la vraie Jean depuis un moment. Mais était-ce différent de la révélation de la saga du clone (clone=vrai Peter) que certains regrettent qu’elle ait été annulée par une autre révélation (clone=pas vrai Peter ?) ?

            Bon cela dit je comprends bien que ça agace. JMS a eu les boules à cause de OMD. Claremont a effectivement eu les mêmes boules pour Phénix (il en parle d’ailleurs dans un témoignage dispo en VF dans la revue « x-men saga 13 mort apparente » qui contient Lifedeath et Lifedeath 2)

          • Bruce lit  

            Et Byrne qui force la main de Marvel pour détruire l’idylle entre SCott et Madelyne. L’inverse d’un Gentleman. Claremont qui en pleure toute la nuit qu’il aime ses personnages.

          • Bruce lit  

            Oui. Mais n’oublions pas que CLaremont les a sorti de nulle part. Une licence dont tout le monde se fichait, Kirby et Lee en premier lieu. Sans cet amour et ce jusqu’en boutisme, il n’aurait pas créé mine de rien la plus grande équipe de tous les temps.
            Lorsque Byrne a repris -brièvement- la main après l’éviction de cLaremont, il faut lire son manifesto arrogant et méprisant sur comment il va gérer les personnages.
            Une anecdote que j’aime bien. En convention Byrne se la pète grave, jusqu’au moment où un jeune Frank Miller surgit dans son dos et lui murmure « Careful JOhn, Im just behind you »…

          • Bruce lit  

            Sinon Présence, sans toi, je n’aurais jamais vu que Wolverine avait besoin de son oreiller pour voyager !

          • Présence  

            @Bruce – Re : oreiller – C’est également un détail que j’avais vu sans l’enregistrer. Ce n’est constituant ma banque d’images pour après choisir les plus appropriées que l’incongruité de cet oreiller m’a sauté aux yeux, par comparaison au dur à cuire résistant à tout qu’est devenu Wolverine par la suite.

  • Matt  

    Bah j’ai mis un F majuscule. Fallait pas, c’est ça ? Ben merci de ne pas dire le contraire !^^
    Mais je taquinais hein. Je ne sais pas si les auteurs voyaient ça comme ça, mais c’est une analyse intéressante.

  • Présence  

    J’aime beaucoup ta façon d’envisager ces histoires, d’autant plus qu’elle ne m’était pas venue à l’esprit. Après toutes ces années, il me semble impossible de savoir si Claremont et Byrne l’ont fait sciemment ou inconsciemment. Tes remarques font ressortir à quel point la vision créatrice de Byrne et celle de Clarement étaient en phase, se complétant comme s’ils parlaient d’une même voix. De mémoire, je ne me souviens pas que l’un ou l’autre aient présenté leur œuvre en des termes psychanalytiques, mais ça ne diminue en rien les niveaux de lecture et d’interprétation.

  • JP Nguyen  

     » se complétant comme s’ils parlaient d’une même voix »
    Les anecdotes que Byrne livre sur son site révèlent plutôt des dissensions entre les deux auteurs. Il y aurait eu des scènes où Byrne n’était pas d’accord avec le script, dessinait autre chose et Claremont rajoutait du texte pour retomber sur son script…
    Mais je suis d’accord que si on est pas au courant de ces révélations, sur la page, en lecture candide ça marche super-bien…
    Contrairement à Matt, je suis plutôt curieux de ces histoires de cuisine interne et ça me gâche rarement le plaisir de lecture, ça m’aide au contraire à apprécier différemment l’oeuvre…

    • Matt  

      C’est sans doute parce que je crains que ça influe sur mon jugement. Ce que tu es peut être capable d’éviter par ta grande force morale et ta sagesse^^
      Ce dont je suis curieux c’est plutôt des contraintes imposées par la maison d’édition. Au delà de tout comportement de telle ou telle personne en particulier. ça me permet par exemple de savoir apprécier des œuvres en fonction du fond et non de la forme si je sais que des délais très courts étaient imposés. Puisque la mise en forme est selon moi le plus long.
      Certains diraient qu’il ne faut pas juger une œuvre en fonction de critères extérieurs car si c’est nul, c’est nul, peu importe les raisons. Mais autant je ne vais pas tout pardonner à cause des contraintes, autant ça me parait logique par exemple de considérer la petitesse d’un budget lorsqu’on juge la qualité des effets spéciaux d’un film.

  • Présence  

    @Matt – Re : personnalité de John Byrne – Il est possible d’envisager sa personnalité sous la forme de celle du premier de la classe. A l’époque des Fantastic Four puis de Superman, il est l’employé qui ramène le plus d’argent à son employeur. C’est l’une des poules aux œufs d’or dans le vivier des créateurs. On peut comprendre qu’il se soit lassé des bons conseils de petits jeunes fraîchement promus responsables éditoriaux, avec moins d’expérience que celui, et de remarques mesquines et condescendantes de collègues, pour partie jaloux et envieux.

    Chez Marvel et DC, c’est le monde de l’entreprise avec tout ce qu’il a de glauque et méchant. Il est également possible d’ajouter un ressenti négatif des anciens (entre autres des scénaristes ayant développé et moderniser les superhéros Marvel pendant les années 1970) qui voyaient Byrne s’approprier les personnages dont ils avaient conduit les destinées selon leur vision, et les emmener dans d’autres directions (qu’ils pouvaient parfois qualifier de contresens, toujours par rapport à leur propre interprétation).

    Il faut ensuite mettre ces comportements en vis-à-vis du ressenti du lectorat qui portait John Byrne aux nues, comme le digne héritier de Jack Kirby et Stan Lee, capable d’insuffler de la vie dans ces personnages, tout en respectant la vision de leurs créateurs.

    • Matt  

      Oui il est difficile aussi de savoir où est la vérité et où sont les exagérations (s’il y en a)
      C’est bien pourquoi je m’intéresse peu à ce genre de « presse people »
      J’aime le dessin de Byrne et ça ne changera pas à cause de ce genre d’histoires. Après c’est sûr que mieux vaut ne pas trop vouer un culte aveugle à un auteur parce qu’ils ne sont surement pas parfaits.

      Quelqu’un a lu les FF de Byrne ? J’hésite à me les prendre en VO mais j’ai un peu peur de personnages comme la Chose dont l’accent est atrocement retranscris à l’écrit. Des trucs genres « waddayawan’t’know, dude ? » et ça rend l’anglais parfois bien hard à déchiffrer. Déjà que Malicia des X-men c’est pas triste des fois…

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