Il y a eu un avant, et avant cela, un autre encore. Qu’importe désormais. (Inexistences)

Inexistences, de Christophe Bec & Sébastien Gérard

Un article de PRESENCE

VF : Soleil

Individu insignifiant
© Éditions Soleil 

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par Christophe Bec (SANCTUAIRE avec Xavier Dorison, par exemple) pour le scénario, les dessins, et la nouvelle, et par Sébastien Gérard pour la mise en couleurs. Il comprend environ cent-cinquante pages de récit, la majeure partie en bande dessinée, le chapitre quatre étant une nouvelle illustrée. Il débute avec une introduction d’une page de Bec, et une préface de deux pages, rédigée par Numa Sadoul.

Les frontières irréelles. Quelque part sur un plateau enneigé dans une haute chaîne de montagne. Personne aujourd’hui ne se souvient si le pire s’était produit une ou plusieurs fois. Combien d’apocalypse au juste ? Les souvenirs de cette époque ancienne se sont dissipés dans les brumes du temps. On sait seulement que de grands cataclysmes ont soumis la planète à de terribles et interminables hivers auxquels l’humanité n’a survécu qu’in extremis. Cela fait combien de temps ? Cent ans, mille ans peut-être…. Que les survivants naviguent à vue, qu’ils errent dans la solitude infinie de ce crépuscule, de ce monde mort… Vestige tumoral du suicide auxquels leurs ancêtres les ont condamnés. Ils ne font que surnager dans ces étendues vierges où il n’y a rien à relever, à contempler, à cartographier… sinon ces sites abandonnés, figés, pris dans les glaces. Ici dans ces montagnes perdues, tout n’est que désolation. Une petite troupe d’hommes chaudement habillés progresse précautionneusement dans la neige. Deux drones les survolent : ils continuent d’avancer. À la nuit tombante, l’un d’eux arrive devant la masse imposante d’un complexe militaire à l’abandon dans la haute montagne.

Texte illustré
© Éditions Soleil  

Hors zone. Mille ongles tailladent leurs chairs… Ils errent tels des carcasses vides, des morts en mouvement qui naviguent à vue dans ce long hiver d’apocalypse. L’odeur de mort flotte dans un air glacial. Ils arpentent cette Terre à la recherche de vestige de cette histoire oubliée. De cette ignorance, qui est comme un ongle incarné dans la chair, sont nés les fantasmes les plus absurdes. Ils abordent de nouvelles ruines, à flanc de montagne. Leur taille est cyclopéenne, leur structure insensée, entités tutélaires du monde d’avant. Les décombres de ces édifices ne forment que le reflet des désirs de grandeur et domination des peuples. Ont-ils été punis ? Maudits jusqu’à la millième génération ? La vérité, c’est qu’un vestige n’est que le rebut fragmentaire d’une civilisation, le fantôme d’un lieu aberrant et malsain, érigé et scellé sur des montagnes de cadavres. À cette hauteur, cette altitude qui fait suffoquer et donne la nausée, ils ressentent plus fortement encore dans leurs chairs le vide, prélude à leur inéluctable fin. Il y a eu un avant, et avant cela, un autre encore. Qu’importe désormais. Ils contemplent l’horizon au seuil de la nuit. Ils comprennent qu’ils ne seront l’avant de personne. D’autres silhouettes, d’autres pantins hallucinés croisent leur route, d’autres carcasses épuisées, suffocantes, en mal d’errance. Certains s’égarent, d’autres luttent… mais la vérité est qu’ils font tous naufrage.

Indubitablement une bande dessinée qui sort de l’ordinaire. Par son format déjà : 25,6 centimètres par 34 centimètres, une belle taille. Ensuite par son mode narratif. Trois illustrations en quadruple page, c’est-à-dire qu’il faut déplier la plage de gauche, puis déplier la page de droite qui forment alors un unique dessin sur quatre pages en vis-à-vis. Dans le même ordre d’idée, le lecteur découvre douze illustrations en pleine page, et deux illustrations en double page. Ainsi qu’une dizaine de compositions en double page, composées de plusieurs scènes entremêlées sans bordure. Dans le dernier chapitre, il découvre une séquence de dix-huit pages, chacune construite sur la base de trois cases de la largeur de la page, une ode aux paysages et la vie sauvage de la Terre. Le bédéiste privilégie donc les grandes cases et les pages aérées, relevant parfois du texte illustré. Le récit se compose de cinq chapitres : Les frontières irréelles, Hors zone, L’enfant bleu, Métal hurlant, Terra. En entamant le quatrième chapitre, le lecteur constate qu’il prend la forme d’une courte nouvelle, un texte illustré de plusieurs images, certaines de petites tailles, d’autres occupant plus des deux tiers de la page, certaines en couleurs, certaines en noir & blanc. À l’évidence, l’auteur a joui d’une grande liberté dans la construction et la forme de son récit, et il a mis cette liberté à profit pour raconter son histoire comme il l’entend, de la manière la plus adaptée.

Armés et prêts à se défendre
© Éditions Soleil 

À la lecture, l’histoire s’avère simple et facile d’accès, avec une dimension spectaculaire très impressionnante. La fin du monde s’est produite, et peut-être même à plusieurs reprises. L’humanité continue de s’entretuer dans la défiance, avec peut-être la chimère d’un enfant bleu qui détiendrait un savoir salvateur. Et voilà. Le premier chapitre s’apparente à un constat qui se conclut par la certitude que tout n’est que désolation. Au travers de ce ces treize pages, le lecteur voit des hommes burinés et usés par un climat rude, progresser péniblement dans des montagnes inhospitalières, les écrasant par leur gigantisme et leur immuabilité. Dans le deuxième chapitre, les prises de vue alternent les minuscules silhouettes d’êtres humains dominées par les montagnes, et des plans plus rapprochés qui confirment que tous les individus portent la marque des épreuves qu’ils ont affrontées, des coups du sort qu’ils ont subis. Ce passage se termine par quatre pages de bande dessinée traditionnelle : des cases alignées, avec de brefs cartouches de texte, sans phylactère, sans dialogues ou paroles échangées, insistant encore sur l’isolement de chacun, voire l’inutilité de chercher à communiquer. Le texte développe la coupure irrémédiable de l’humanité avec son passé : une civilisation détruite qu’elle se retrouve incapable de déchiffrer de comprendre.

Le troisième chapitre est intitulé L’enfant bleu : un homme a entrepris une marche en solitaire pour trouver cet enfant bleu et apprendre ce qu’il a à enseigner ou à révéler. Au cours de sa lente progression, il pense à l’organisation sociale de sa petite communauté ; la narration visuelle conserve la forme de cases alignées en bande, rapprochant le lecteur de cet homme. Une fois devant l’enfant, il reçoit des images de l’évolution de l’humanité depuis son berceau jusqu’au temps présent, une dizaine de pages, des images accolées dans une construction en double page, sans bordure de case, une forme d’inéluctabilité, chaque fait, chaque événement s’interpénétrant avec les autres. Changement de forme pour le chapitre quatre : une nouvelle en texte, avec des illustrations, pour raconter la guerre du clan de Nevé contre le clan des Drones, une forme narrative moins incarnée, déshumanisée comme cet affrontement meurtrier. Dernière chapitre, Terra, la séquence principale est composée de dix-huit pages comportant chacune trois cases de la largeur de la page pour célébrer la richesse de la biodiversité, ce trésor du passé.

Avons-nous été punis ?
© Éditions Soleil  

A priori, le lecteur peut être un peu intimidé, voire réticent, à se lancer dans ces grandes pages, craignant d’affronter des textes déconnectés des images ou intellectuels, d’avoir du mal à suivre le lien logique d’une page à l’autre, et pire encore pour un lecteur de bande dessinée devoir lire du texte (la nouvelle du chapitre quatre intitulé Métal Hurlant), même si elle est agrémentée d’illustrations. Dans les faits, l’expérience de lecture s’avère d’une grande facilité, d’une simplicité évidente. Il peut même éprouver la sensation d’un récit trop simple, d’images qui se contentent d’esquisser des flancs de montagne en alternance avec des ruines de complexes militaires, et quelques silhouettes humaines sans personnalité. Il sourit alors en repensant à l’introduction de l’auteur. Celui-ci explique que : Ce livre est né d’une double volonté, d’une part celle de renouer avec une bande dessinée qui tend sans doute à disparaître aujourd’hui, caractérisée par une certaine idée de la démesure graphique, d’autre part, celle de se confronter aux œuvres de ces immenses auteurs que sont Philippe Druillet, Enki Bilal, Mœbius ou autres Philippe Caza, cela bien évidemment à l’échelle de ses possibilités, de ses limites, en gardant ces sommets inatteignables comme autant de phares qui guident dans la nuit. Le lecteur se dit en son for intérieur qu’en effet la démesure graphique est bien présente, et que ces sommets sont inatteignables.

En même temps, la narration révèle une véritable honnêteté de la part de l’auteur. Nulle trace de prétention, tout en mettant à profit la liberté éditoriale dont il jouit. Chaque case, chaque page, chaque illustration a été peaufinée : les éléments représentés dans le menu détail, les parties de décors plus esquissées pour être évocateurs, la présence incontournable de la montagne, la sensation de fin d’humanité au travers des constats. Le tout fait preuve d’une cohérence parfaite, et se trouve enrichi ou consolidé par les différents modes narratifs. Derrière les phrases simples et les dessins premier degré, le lecteur perçoit une démarche littéraire, un travail sur la forme. Il accepte bien volontiers de consentir la suspension d’incrédulité nécessaire aux conventions propres à cette branche de l’anticipation : ne pas trop s’interroger sur les sources de nourriture, sur l’absence de soins médicaux, sur le choix de vivre dans un milieu inhospitalier, sur les outils technologiques qui fonctionnent encore parfaitement malgré l’absence de maintenance ou de source d’énergie, etc.

Narration en BD traditionnelle
© Éditions Soleil   

Dans les chapitres trois et quatre, il ressent que l’auteur se livre à une profession de foi sur ses convictions intimes quant à l’humanité et son comportement, au travers de son histoire condensée et extrapolée, puis le contraste avec la richesse des paysages terrestres et de leur faune. Le thème de la tendance aggravée à l’autodestruction par la race humaine n’est pas neuf, et ce constat est effectuée par un auteur adulte, sans illusion, et s’étant débarrassé de la tentation facile de noircir le tableau. Son point de vue a dépassé les stades du déni, de la colère, de la négociation, de la dépression, avec un état d’esprit dans l’acceptation, ce qui peut être encore plus difficile de vivre avec, que la simple résignation.

Un très grand format de bande dessinée, une narration protéiforme qui peut faire craindre une approche intellectuelle dans le mauvais sens du terme. Une expérience de lecture qui permet de savourer l’implication totale de l’auteur, son humilité et son savoir-faire. Le lecteur éprouve les sensations de ces hommes coupés du passé de la civilisation humaine, vivant tant bien que mal dans un environnement peu propice à la vie humaine, sans passé et privé d’avenir. Un terrible constat : même si l’individu est combatif et constructif, il ne peut pas échapper aux conséquences de son appartenance à l’humanité si destructive, à l’ego hors de contrôle jusqu’à l’aveuglement total.

Format écran large
© Éditions Soleil  

La BO du jour :

17 comments

  • Tornado  

    Excellente revue sur une BD que je n’ai pas lue (ni encore feuilletée) et qui a l’air à la fois conceptuelle, inhabituelle et très impressionnante.
    J’aime bien les univers de Bec. C’est quasiment de la SF hard-science au départ, qui soudain s’ouvre à la fantasy et vient au final se teinter de réminiscences lovecraftiennes.
    Les références à toute cette génération d’auteurs de BD (Caza, Moebius, Druillet et Bilal) me parle. Ce sont tous les auteurs que j’ai découverts quand j’étais ado et que j’ai commencé à me tourner vers de la BD adulte. Si les univers de certains m’ont tout de suite happé (Moebius et Bilal), je ne suis encore pas arrivé à entrer dans les autres (Druillet et Caza), dont la très grande particularité exerçait sur moi des sensations glauques ou malsaines. Il faudrait quand même que je retente leurs univers un jour, comme pour Andreas qui me faisait le même effet repoussoir et dont je suis fan désormais.
    Je trouve les planches proposées dans l’article très impressionnante. On sent le grand-oeuvre de la part de l’auteur.

    La BO : Proposer du prog sur un blog rempli à craquer de puristes indécrotables, tu es aussi fou que moi ! 😱

    • Présence  

      Les univers de Bec : c’est seulement la deuxième fois que je plonge dans une BD de cet auteur, après Sanctuaire. Il me semblait me souvenir que tu avais trouvé que Carthago était un peu trop étiré ?

      En effectuant des recherches pour rédiger ce commentaire, j’ai découvert une interview de l’auteur expliquant qu’une certaine partie de la critique aime bien dénigrer tout ce qu’il fait. Extraits :

      Je crois que certains fans de BD donneurs de leçons qui pensent qu’ils ont la légitimité de détruire des ouvrages et le difficile travail d’auteur sur des forums spécialisés devraient, en plus d’ouvrir quelques livres d’Histoire, regarder la définition du mot « cuistre ». […] BDGest, forum sur lequel je subis un incompréhensible bashing depuis plus de 10 ans.

      Je dois avouer que le petit monde de la BD me fatigue de plus en plus, j’avais d’ailleurs envisagé un temps d’arrêter, à cause du marché tel qu’il est, de la frilosité des éditeurs et de toutes les conneries monstrueuses que j’entendais ou lisais à propos de moi et de mes albums. J’ai stoppé plus d’un an pour écrire une série TV, un gros projet qui pour l’instant rencontre des difficultés de financement. […] Ça fait plus de 30 ans que je fais ce métier, et je trouve que les choses sont de plus en plus compliquées, il est difficile d’imposer de nouvelles séries, les éditeurs nous rabâchent que les habitudes des lecteurs ont changé, patati patata… C’est tout à leur bénéfice, ils peuvent continuer à tout tirer vers le bas, surtout le prix des planches. Je dois dire que ces quatre ou cinq dernières années, mes relations avec mes éditeurs historiques que sont Soleil et Les Humanoïdes Associés se sont grandement détériorées. Nous n’avons pas trouvé d’accord concernant la série « Carthago » qui s’arrêtera définitivement au tome 16. Quant à Soleil, éditeur chez qui j’ai fait plus de 100 albums et où j’ai connu quelques beaux succès, j’ai l’impression qu’ils n’ont aucune reconnaissance ni aucune mémoire. C’est dur à vivre, on a en fait l’impression d’avoir fait tout ça pour rien, que ça ne comptait pas, quand en plus on subit un bashing incessant où des lecteurs balancent leur haine en disant que je n’ai fait que de la merde, ça a alors créé un sentiment compliqué à gérer, d’autant que ça coïncidait avec la fin de l’écriture de trois longues séries : « Prométhée », « Carthago » et « Olympus Mons ». J’ai eu l’impression à ce moment-là de me retrouver face à un gouffre immense. […] Et pour appuyer le tout, je ne bénéficie d’aucune reconnaissance du milieu de la BD et des institutions, aucun prix, aucune mise en valeur par les grands festivals, malgré les trois millions de BD vendues. À une époque, je m’en foutais, maintenant, je me pose pas mal de questions, car j’ai fait plus qu’il ne me reste à faire. Mais j’imagine que c’est le lot de tout auteur, on fait les choses en espérant qu’elles marquent, qu’elles restent, mais je crois que finalement, à part devenir un grand classique, tout disparaît.

      toutenbd.com/interviews/christophe-bec-bruce-j-hawker-a-ete-un-veritable-choc/

      • Jyrille  

        Merci beaucoup pour les extraits, c’est très éclairant.

        • Présence  

          Quand j’ai vu que Carlos Puerta avait réalisé une nouvelle bande dessinée, je me suis jeté dessus… Puis en bon complétiste incurable, j’ai remarqué que le scénariste n’est autre que Christophe Bec et j’ai cherché des informations sur ce projet… Puis je me suis dit que je ne pouvais pas commencer par l’album de reprise et qu’il fallait que je lise la série initiale de William Vance. 🙂 Ouf, les deux tomes de l’intégrale sont encore disponible… Enfin bon bref, je ne vais pas tarder à prendre la mer et à mettre Cap sur Gibraltar, le 1er tome.

          fr.wikipedia.org/wiki/Bruce_J._Hawker

          Et j’ai atterri sur cette interview très intéressante sur la réalité professionnelle d’un scénariste aussi établi que Christophe Bec : ça fait peur, et c’est assez désolant.

      • Présence  

        Concernant les BO, je trouve que j’ai fait un bon score cette saison :

        – Lynda Lemay (deux fois)
        – Bob Marley
        – Charlie Parker
        – Nathalie Cole
        – Odelaf & Monsieur D
        – Sacha Distel
        – Les frères Jacques

        La patience et les oreilles de Bruce (sans parler du bon goût) auront été mises à rude épreuve. 😀

        • Tornado  

          Ahahah ! En tout cas bravo pour ta playlist ! Moi j’aime que la musique puisse nous faire rire. Je trouve que tout le monde (et donc moi itou) se prend souvent trop au sérieux avec la musique. Et donc, proposer un titre à contre-courant, c’est rigolo.

          L’ITW de Bec est particulièrement triste. Imaginez un peu ce qu’ont pu ressentir des types comme Van Gogh ou Bizet, qui se sont fait pisser dessus toute leur carrière, et imaginez ensuite cette horreur absolue qu’ont dû ressentir leurs proches, quand ils ont constaté qu’une fois morts, tout le monde s’est mis à les qualifier de génies…
          Perso j’aime beaucoup ce que fait Christophe Bec. CARTHAGO j’étais à fond au départ, mais ça m’a effectivement agacé quand j’ai vu que ça étirait trop et inutilement la sauce, avec des promesses non tenues. Mais ça reste de la bonne BD de divertissement.
          J’ai également particulièrement apprécié la collection FLESH & BONES. Inégale mais avec des perles.

      • Bruce lit  

        Terrifiante, cette interview.

        • Présence  

          Ce fut également mon ressenti : un exemple de capitalisme sans conscience, de société sans considération, de flux sans pause, de produits sans considération pour l’être humain, aussi bien créateur que lecteur.

  • Jyrille  

    Je n’avais jamais entendu parler de ça mais on peut dire que tu donnes envie. Tes premiers paragraphes sont un peu perturbants, on ne sait si c’est de toi ou paraphrasé de la bd ou nouvelle. En tout cas c’est très beau. Si je tombe dessus, je vais forcément y jeter un oeil car ça m’a tout l’air d’être de la SF que j’aime avec des dessins plutôt agréables.

    Tout ça m’a rappelé une bd de Nicolas de Crécy, PERIODE GLACIAIRE.

    bedetheque.com/serie-12565-BD-Periode-glaciaire.html

    Merci pour le lien sur Moebius ! On comprend en effet mieux les intentions de Christophe Bec de cette façon. Quid de la préface de Numa Sadoul ?

    La BO : pas trop kiffé ce morceau, mais c’est hyper bien fait. Super ligne de basse.

    • Présence  

      Après le § d’introduction, les deux paragraphes suivants correspondent au début du récit, en collant au plus près du texte, et dans ce cas précis un recopiage du texte présent dans la BD.

      Je n’ai pas lu Période glaciaire : je le note sur une de mes listes de lectures potentielles.

      Les intentions de l’auteur : Christophe Bec les explicite en toute humilité et en toute sincérité dans son introduction.

      La préface de Numa Sadoul : il faut que je rouvre la BD pour vérifier ce qu’il raconte.

  • Ludovic  

    C’est surtout intéressant dans ce que tu soulignes d’une vraie cohérence entre le fond et la forme, comme si ce monde d’après, ce monde autre ne pouvait nous être raconté avec une narration classique de bande dessinée et le livre a l’air d’avoir osé une vraie liberté par rapport à ça même si il semble avoir ses references assumées. Ça donne envie en tous cas !

    • Présence  

      Je ne l’avais pas envisagé sous cet angle : effectivement une belle cohérence fond & forme.

      Les références assumées : ça m’a beaucoup marqué que C. Bec l’affiche car il évoque des un magazine mythique et des créateurs passés à la postérité, en soulignant qu’il sait ne pas pouvoir rivaliser avec eux. Une preuve d’honnêteté intellectuelle très belle à mes yeux et touchante : réaliser un projet de tout son cœur en sachant que les pionniers ont fait plus fort. Respect.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Salut Présence

    On est gâté cette semaine en article de qualité. Ludovic avait mis la barre très haute, tu relèves le défi de brillante manière. On te sent très inspiré.

    J’ai d’abord cru à une intégrale ou bien la review d’un triptyque comme pour hier. Mais non c’est un one-shot imposant qui impose sa différence : de renouer avec une bande dessinée qui tend sans doute à disparaître aujourd’hui, caractérisée par une certaine idée de la démesure graphique

    la coupure irrémédiable de l’humanité avec son passé : une civilisation détruite qu’elle se retrouve incapable de déchiffrer de comprendre. n’est ce pas ce que nous sommes encore en train de vivre ? Une certaine incapacité ou volonté malsaine délibérée de ne rien apprendre du passé et d’être condamner à reproduire les mêmes erreurs ?

    Derrière les phrases simples et les dessins premier degré, le lecteur perçoit une démarche littéraire, un travail sur la forme. une bd qui semble « simple » mais qui révèle surtout un travail d’artisans passionnés derrière. en fait au delà des « éventuelles défauts » ce type d’album se fait trop rare.

    Après l’article d’hier, je crois que mon porte-monnaie va encore en prendre un coup.

    Sympa comme BO. Elle accompagne bien la lecture je trouve. N’étant pas érudit comme bon nombre de mes collègues, je découvre donc avec plaisir à défaut de pouvoir en discuter.

    • Présence  

      Merci pour le petit mot gentil.

      Inspiré : sans nul doute, cette période de référence avec Druillet et Caza le parle bien.

      Une bande dessinée qui tend sans doute à disparaître aujourd’hui : je ne suis pas d’accord avec cet avis de C. Bec. La bande dessinée n’a jamais été aussi diverse et ambitieuse, et chaque mois je lis au moins une BD post 2000 qui me stupéfait et me ravit.

      La coupure irrémédiable de l’humanité avec son passé : je ne suis pas non plus convaincu par ce jugement de valeur. L’accès à la culture et à l’histoire est littéralement à portée de clic, pour toutes les époques, pour tous les endroits du globe.

      En revanche, je ne peux qu’accepter le constat que :

      Même si l’individu est combatif et constructif, il ne peut pas échapper aux conséquences de son appartenance à l’humanité si destructive, à l’ego hors de contrôle jusqu’à l’aveuglement total.

  • Bruce lit  

    J’ai bien fait de te confier cette review puisque cette Inexistence m’a beaucoup moins inspiré que toi. Mon avis rejoint finalement ce que j’ai posté cette semaine sur le dernier Tarantino : cette BD homage à METAL HURLANT où comme tu le mentionnes Bec se confronte à Druillet, Moebius ou Bilal qui malgré leur place dans les monuments de la BD ne m’ont jamais bouleversés.
    C’est le cas ici : le graphisme, l’atmosphère sont superbes mais l’histoire trop désincarnée pour que je puisse m’y investir émotionnellement, ce que je sais ne te rebutera pas, Présence.

    • Présence  

      Je confirme : ce fut une lecture très sympathique, en partie parce que les références culturelles évoquées par Christophe Bec me parlent, et que je ne suis pas rebuté par un récit désincarné.

  • Christophe Bec  

    Très rare de lire une critique aussi bien écrite et autant développée. Je tenais à le souligner. Merci donc à Présence pour cette analyse en profondeur. C’est vraiment appréciable, c’est avec ce genre de retour qu’on se dit qu’on n’a pas fait son livre pour rien. En dehors même du fait qu’elle est bonne dans l’ensemble, une analyse poussée de son travail (même s’il peut y avoir des réserves), est finalement tout ce qu’on recherche.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *