MEMENTO MORI, mais ta PAL te survivra 

MEMENTO MORI, mais ta PAL te survivra 

Un billet d’humeur signé DARKSEID SAM

Cette saison 11 commence avec une sorte de miracle : la présence en ces lieux de Darkseid Sam, chroniqueur de l’éternel de toutes les sorties VF et VO de l’actualité comics sur COMIXITY.
Les planètes sont enfin alignées pour le voir crossover avec notre site qu’il a toujours soutenu.

MEMENTO MORI, mais ta PAL te survivra 
Ou éloge de la diversité de la production littéraire actuelle
Ou quand le consumérisme vient le disputer à l’hédonisme, ou quand je parle de concepts que je ne maîtrise pas et que je pète définitivement plus haut que mon derrière 
Ou toutes les idées qui me passeront par la tête pour remplir cet article, non je ne suis pas du tout désespéré

Tout cela pour dire que depuis quelque temps, une idée assez insistante tend à prendre racine dans un coin de mon crâne. J’aime lire, c’est une passion qui remonte à loin et qui a survécu aux livres obligatoires infligés par le système éducatif, qui dans mon souvenir semblait avant tout  déterminé à nous dégoûter de la lecture…Et le fait est que malgré les contraintes de la vie réelle, ces trucs pas du tout abstraits comme le travail, la famille, les amis, toutes les obligations sociales possibles, je n’ai jamais autant lu que ces dernières années. 

Je dirais même que la crise débutée en 2020 n’a fait qu’accélérer une tendance chez moi déjà bien présente avant. En fait la fermeture des librairies pendant quelques mois n’a eu que pour effet de créer un manque, alors que je découvrais que je devais rattraper tous les “classiques” que je mettais de côté depuis longtemps. Loin de moi l’idée de parler grande littérature, je parle comics. Je suis bien loin d’être assez intelligent pour vraiment apprécier quelque chose de trop élevé…Bon en même temps, je pourrais faire inscrire sur ma pierre tombale : “j’ai lu tout Malazan jusqu’au bout…enfin presque, il ne me reste que le dernier tome…et les préquels…tout va bien…je vais y arriver, j’ai encore le temps”…Je me ferais sûrement incinérer, ce sera plus simple pour tout le monde. 

En conséquence, une sorte de boulimie consumériste infâme se traduisant par la fameuse PAL (ou Pile À Lire, pour les quelques-uns qui sont distraits au fond) et une pression pour en venir à bout. Lire est devenu par moment moins un plaisir que simplement l’obligation d’arriver au bout de ma pile du moment, cocher dans mon suivi ce que je viens d’abattre avant de m’attaquer à la semaine suivante de publications. Nous passons de la littérature à une simple approche arithmétique d’une pulsion à la consommation que rien n’arrête, y compris moi-même. 

Il faut dire que l’époque est propice à une telle dérive. Comme disait l’autre, c’était la meilleure des époques, c’était la pire des époques. Si par bien des aspects la décennie 2020 apparaît comme une redite pas très inspirée des années 80 : épidémie mondiale, crise économique, morale et environnementale et inflation, guerre un peu partout et délitement politique dans les grandes démocraties, du côté de l’industrie du divertissement on peut aussi observer des tendances parallèles entre les deux époques. 

Beaucoup ont déjà pointé du doigt le fait que l’émergence des plates-formes de visionnage en ligne (oui, je bannis tout anglicisme ici à un moment où je vais parler comics…non, je ne suis pas un idiot, je suis complexe, c’est pas pareil…) n’est que l’équivalent moderne de l’ascension du câble dans les années 80. Et niveau comics ? Puisqu’on est entre nous et que nous parlons beaucoup comics entre nous. 

Il est souvent difficile de comparer les époques dans cette petite industrie car aucune décennie ne ressemble à la précédente. Les années 80 sont restées dans l’histoire pour beaucoup comme la meilleure décennie comics que ce soit chez les grands éditeurs (DC et Marvel), mais aussi côté indépendant avec l’émergence de nouveaux modèles, l’explosion des comics noir et blanc dans le milieu des années 80, et ce qui va préfigurer Image par la suite, comme First comics, Thundra et quelques autres. Tout cela dans l’ombre de  la croissance du marché direct, principal ressort de ce début de diversification après deux décennies de comics réservés aux enfants d’un côté et underground de l’autre. 

Il y aurait beaucoup à dire sur les comics dans les années 80, des essais entiers, tant la période est riche. Mais que pouvons nous dire sur notre déjà torturée jeune décennie en comparaison. En 40 ans, les comics ont disparu des réseaux de masse US pour se replier sur les boutiques spécialisées.  Si bien que depuis 20 ans les comics sont dans une situation paradoxale d’être à la fois un marché de niche réservé à des initiés ayant les moyens financiers de suivre et à la fois un genre surexposé dans les autres médias : films, séries TV, jouets, animation…ils sont partout. 

Bien évidemment avant tout côté super-héros, mais nombre de maisons d’éditions indépendantes US et leurs auteurs voient désormais les autres médias comme des débouchés rendant rentable une production à la base peu profitable, tout en ayant un coût d’entrée relativement bas. 

Au-delà, que nous reste-t-il. Je ne m’attarderai pas longtemps sur DC et Marvel, car l’internet est rempli d’articles bien plus approfondis et recherchés que les miens. Je dirais cependant que DC n’a toujours pas fini de gérer les effets de son reboot il y a 10 ans et que cela reste le chaos…Mais là aussi on peut remonter aux années 80 pour découvrir les origines de ce malaise avec la première crisis. En clair, c’est le bordel et cela va rester le bordel. Les lecteurs font avec, dont moi, avec le vain espoir que ça ira mieux demain…

Et chez Marvel…la maison reste selon moi la même, ce qui est son principal problème. Tout comme DC, elle est prise entre deux forces avec des conséquences différentes : les conservateurs d’un côté et les progressistes de l’autre. Et non, je ne parle pas politique ici..quoique…Selon moi, il y a d’un côté les tenants d’un statut quo intemporel et de l’autre des éditeurs qui souhaitent faire évoluer les choses dans la durée…et les premiers sont clairement les gagnants. On ne suit plus l’évolution d’un univers au fil des années qui progresse régulièrement et se transforme. Pour moi, on ne voit que des successions de runs déconnectés de tout fil narratif global. 

Chaque auteur arrive sur un titre, se voit donner pour mission de secouer un peu les choses puis de tout remettre en place avant de partir pour que le suivant puisse recommencer. Comme cela a été dit un peu partout, cet univers nous donne avant tout une illusion de changement avant de tout relancer au bout de quelques années. Il y a pour les éditeurs un besoin de maintenir une image d’Epinal permanente qui les conduit à geler l’univers sur place. 

Et si on peut trouver du plaisir à retrouver de vieux amis tels qu’on les a laissé…si on les voit en permanence avec les mêmes problèmes…on finit par se lasser assez vite également. Reste l’indépendant pris là aussi entre forces contraires. Le côté positif : nous n’avons jamais eu autant de diversité niveau comics. Quel que soit le genre que vous recherchez, vous allez forcément trouver. Et quand comme moi, vous aimez lire des choses variées, c’est un peu un âge d’or de ce point de vue. Mais j’ai le sentiment que nous disions cela déjà il y à 10 ans. À l’époque, on vantait la renaissance créative et commerciale d’ Image qui en fait reprenait celui de Vertigo, qui lui-même…enfin, vous voyez l’idée. 

Et 10 ans plus tard…ben, ce modèle s’est diffusé. De manière ironique, on peut aisément dire que Vertigo a disparu parce que son modèle a été absorbé, il est devenu la norme. Alors pourquoi DC / Marvel et le genre super-héroïque dominent-ils toujours ? 

C’est là qu’on voit le revers de la médaille : les ventes enfermées sur le marché direct sont souvent minables à l’exception de quelques survivants qui émergent de temps en temps : Walking Dead pendant longtemps a représenté cet espoir d’un indépendant rencontrant le succès. Puis Saga a semblé confirmer et après ? Ben pas grand chose. Combien de séries prometteuses, alléchantes, réussies tombées au champ d’honneur au bout de quelques épisodes pour disparaître à jamais, sans suite ni conclusion. 

La part de marché n’ayant guère évolué pour l’indépendant, tout ce qui n’est pas super-héros, se heurte à un plafond de verre sur le marché direct. Le début de cette décennie semble pourtant faire émerger quelques talents qui cherchent à le briser : James Tynion IV qui, quoi qu’on pense, a su faire émerger plusieurs gros succès. Il lui faudra cependant durer. 

Mais au-delà ? Le fait que les vrais succès indépendants se comptent sur les doigts d’une main, deux en étant gentils pousse à continuer s’interroger. Comme le fait que ces succès sont souvent portés par des talents sortis des écuries DC et Marvel, qui s’appuyant sur leur notoriété ont pu établir leur réputation auprès d’une partie du lectorat. 

De fait, même si les chiffres sont désormais inconnus (chut chut, on ne parle pas de ce genre de choses en public, c’est sale), comme je l’ai dit on se doute que DC et Marvel restent ultra-dominants niveau comics…du moins sur le marché direct. Car un réseau parallèle s’est développé via les librairies et d’autres comics bien éloignés du marché direct ont trouvé un lieu où prospérés. Ils ont juste changé de nom pour adopter le terme pompeux de romans graphiques. Non, non, ce ne sont pas de vulgaires comics, mais des romans graphiques, c’est sérieux ça. 

Si le terme me fait lever les yeux au ciel devant tant d’arrogance, ce n’est que superficiel. Il y a là un nouveau modèle qui peu à peu s’impose et qui n’a pas échappé aux maisons d’édition US, même s’il a fallu du temps pour qu’elles le reconnaissent d’où les chambardements depuis 3 ans sur la question de la distribution. Tout le monde se barre de Diamond, monopole indiscutable depuis 20 ans. Si le marché direct a sauvé les comics de l’éclatement de la bulle dans les années 90, il est aussi devenu une prison depuis les années 2000  à la croissance atone voire nulle. 

Ces dernières années ont à ce titre été passionnantes pour qui espéraient voir les choses bouger.  Comme si après des décennies de sommeil, tout le monde se réveillait en même temps pour se rendre compte que la situation était ubuesque et qu’il était temps de faire bouger les lignes, d’aller vraiment chercher le lecteur en dehors des antres des boutiques spécialisées. Ce qui a accompagné, soutenu et renforcé la diversification des comics qui a vraiment commencé à trouver son public depuis une dizaine d’années. 

De ce point de vue, l’évolution de la scène indépendante dans les années à venir vers la viabilité commerciale va être très intéressante à suivre…comme elle le fut dans les années 80. Ah ah, vous aviez cru que j’avais oublié mon idée directrice, hein ? hein ??? mais nonnn…du tout..ah ah ah ah…fait un peu chaud ici non ?

Comme je l’ai dit plus haut, il y a de grandes ressemblances de ce côté entre les deux époques. DC et Marvel en pleine recomposition avec le début des évents en série et une scène comics indépendante en pleine émergence grâce à l’arrivée d’une nouvelle génération d’auteurs bien décidés à ne pas se faire exploiter comme des vaches à lait et surtout de maisons d’éditions autres que les deux gros empâtés cherchant à sortir du genre super-héroïque. À ce titre, on peut voir les années 80 comme une grosse répétition des événements à venir…

Or on se souvient de ce qui s’est passé : bulle spéculative, effondrement des comics en noir et blanc, faillite de Thundra et First comics, émergence d’Image quelques années plus tard avant tout sur la base de titres super-héroïques et encore une bulle spéculative… Il y a là un virage serré alors que la concurrence est plus rude que jamais. Et j’en reviens à mon premier point (non, vous voyez, ça va vraiment quelque part) pour arriver à ma conclusion en espérant que je ne me prenne pas les pieds dans le tapis, mais ne soyons pas trop optimistes. 

Nous sommes en effet, plus que jamais dans l’histoire,  bombardés de tentations en matière de divertissement, affectant même notre relation au temps. Nous absorbons tellement chaque jour, nous percevons tellement d’informations que les années passées ont l’air de durer à la fois des décennies tout en passant à la vitesse de l’éclair. Et dans cette chambre d’échos qu’est devenu notre quotidien, il faut faire des choix. 

Et j’en reviens à mon idée que la lecture est devenue par moment de la consommation, car on me vend du “contenu” (grand dieu de la lecture que j’en suis venu à haïr ce mot), contre lequel j’échange, mon argent, mon temps et parfois quand je peux, mon attention. Et je vais consommer ce contenu, le digérer et passer à autre chose. 

Et on peut arriver à ce résultat assez démentiel où en une année je peux lire des centaines de comics, mangas, livres, aimer des films et des séries TV…et ne pratiquement rien retenir. Peu vont finalement laisser des traces. Peu vont vraiment réussir à s’ancrer en moi comme pouvaient le faire des lectures que je faisais il y a 20 ans, car j’avais le temps de les laisser mariner, m’accrocher, me faire attendre le prochain numéro avec impatience et je vais dire un gros mot : j’avais le temps de relire des choses. 

Bien évidemment le gamin que j’étais il y a 20 ans me filerait des coups de pied au derche pour se plaindre ainsi,…enfin, il le penserait très fort car en 20 ans, je ne suis pas devenu bien courageux. C’est un “problème de riche” d’avoir trop de divertissements…bouhou ouin ouin. Mais j’en reviens à un fait simple, depuis le début de cette année, combien de choses m’ont vraiment marqué, passionné ? 

En livres, sur la presqu’une trentaine que j’ai lu à ce stade, j’en retiendrai 3-4 : 

  • les chroniques saxonnes de Bernard Cornwell saga adaptée en série TV sous le nom de The Last Kingdom qui s’attarde sur les invasions Viking à la fin du IXe siècle et le début d’unification anglaise sous le règne d’Alfred le grand. Ahhh Uhtred…sale petite ordure, qu’est-ce que je t’aime ! ; 
  • de part chez nous, la suite des rois du monde de Jaworski qui continue de me passionner comme peu d’œuvres ont réussi à le faire ; 
  • Malazan, dont le tome 9 m’a rappelé que Steven Erikson pouvait me briser le cœur et m’horrifait comme personne. Je suis censé m’attaquer au dernier tome ce mois-ci et je me demande quels traumatismes il va m’infliger cette fois ; 
  • Pénélope reine d’Ithaque de Claire North, qui restera sans doute mon livre de l’année, qui revient sur le personnage de l’Odyssée…qui pendant que son mari s’envoyait Calypso, faisait tout son possible pour que son royaume ne s’effondre pas. Une très belle réflexion sur les rôles que la société et les mœurs attribuent à chacun…

Et côté comics : quelques oeuvres marquantes : 

  • le retour du Lazarus de Rucka et Lark qui restera comme le meilleur travail de leur carrière, à tel point que je sens que je vais tout me relire ; 
  • les Battlefields de Ennis ressortis chez Komics initiative, que j’avais déjà lu en VO, mais dont certains des récits continuent de me marquer bien des années après ; 
  • ou encore le Starman de Robinson dont j’ai lu la fin récemment et qui m’a bouleversé comme jamais. 

Enfin, côté mangas, assez bizarrement, ce sont les vieux trucs qui me passionnent. Oui, je sais, on a une explosion du marché depuis 3 ans et ce sont les séries vieilles de 40 ans auxquelles nous avons enfin droit dont je ne peux pas me passer comme : 

  • Lone Wolf and cub qui continue de me mettre par terre volume après volume, dans cette superbe édition de Panini Manga ; 
  • Arion, publié récemment par Naban, qui m’a également impressionné…là aussi issus de productions des années 70/début des années 80 où le langage manga a évolué à grands pas. 

Deux séries issues de la mouvance gegika au Japon, crépusculaires, bien que situées dans des contextes complètement différents, qui raisonnent encore fortement des décennies après avoir vu le jour. 

Et voilà et on doit à peine être à 10 trucs…sur les presque 600 que j’ai lu depuis janvier. Le reste ? Il y a eu des bonnes choses, des bonnes lectures parfois touchantes, mais les ¾ étaient plus du divertissement passager que des vrais trucs marquants et si nous avons besoin de divertissement de temps en temps, je pense que nous recherchons aussi plus fréquemment quelque chose de plus mémorable. Quelque chose qui va nous bouleverser, nous faire enrager. Quelque chose qui va nous rappeler pourquoi on aime lire, pourquoi on continuera jusqu’à ce que nos yeux tombent. Et s’il reste une PAL après moi, qu’on la distribue, elle servira bien.

23 comments

  • Présence  

    Sois le bienvenu Darkseid Sam

    Un grand plaisir de lire cette radioscopie du marché des comics. J’y retrouve beaucoup de mes constats.

    Un marché de niche réservé à des initiés ayant les moyens financiers de suivre : le prix des comics est effectivement passé dans le registre produit de luxe.

    Des débouchés rendant rentable une production à la base peu profitable, tout en ayant un coût d’entrée relativement bas : un paradoxe finalement bénéfique pour le lecteur, peut-être pas toujours pour les créateurs.

    Vertigo a disparu parce que son modèle a été absorbé, il est devenu la norme : belle formule et belle synthèse.

    Tout ce qui n’est pas super-héros, se heurte à un plafond de verre sur le marché direct : ce qui est amusant, c’est de consulter les chiffres de vente de comics tout compris, c’est-à-dire pas seulement les librairies spécialisées. On constate alors que les plus grosses ventes de comics sont ceux pour enfant dans les réseaux de librairies spécialisées jeunesse.

    Bombardé de tentations en matière de divertissement, affectant même notre relation au temps : cette dernière est également affectée par l’évolution de notre rapport au temps avec l’accumulation des années. Il suffit de discuter avec un jeune (une personne d’une vingtaine d’années) pour constater que quadragénaire ou cinquantenaire on n’envisage pas le passage du temps de la même manière, ne serait-ce que parce qu’on a toutes ces années passées en bagage.

    Un super article passionnant de bout en bout. Une interrogation qui est également la mienne dans ces oppositions œuvre / produit : création / contenu, créateur / talent, être humain / marchandise.

    • Mr Honey Bunny  

      Oui, mon rapport au temps a changé aussi, et est à peu près comme suit :

      Petit, une année scolaire = une éternité.

      Maintenant, une année réelle qui s’achève = le mois passé.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Salut Sam.

    Très bon article dans lequel je me suis retrouvé complétement. A croire que comme Jean Grey (la vraie), tu lis dans mes pensées. Ou alors tu es team #BenReilly (les vrais savent).

    Nous absorbons tellement chaque jour, nous percevons tellement d’informations que les années passées ont l’air de durer à la fois des décennies tout en passant à la vitesse de l’éclair. Et dans cette chambre d’échos qu’est devenu notre quotidien, il faut faire des choix. En effet l’heure du choix a sonné, et il semble devenir chaque jour qui passe encore plus compliqué à faire.

    Et j’en reviens à mon idée que la lecture est devenue par moment de la consommation, car on me vend du “contenu”, . Et je vais consommer ce contenu, le digérer et passer à autre chose. Satané société de consommation et ses adeptes du consumérisme. On devrait tous les obliger à lire l’intégrale de l’œuvre de Rob Liefeld et Justin Jordan (Charles Soule, Hickman et Momo pour Bruce sous fond sonore à base de Queens).

    Peu vont vraiment réussir à s’ancrer en moi comme pouvaient le faire des lectures que je faisais il y a 20 ans, car j’avais le temps de les laisser mariner, m’accrocher, me faire attendre le prochain numéro avec impatience et je vais dire un gros mot : j’avais le temps de relire des choses. Cette impression m’habite tous les jours. Comment je peux encore me rappeler par cœur la lecture d’un X-Factor de Bob Layton, mon Spidey ouvert au petite déjeuner devant moi, buvant mon chocolat chaud à la cuillère (ma mère me disant que j’avalais plein d’air et que ce n’était pas bon pour ma santé) et rien sur le film ou le rare comics d’hier soir ?

    Comme toi j’en suis arrivé il y a quelques années à inscrire sur un carnet, tous ce que je vois, lis en distinguant série, comics, BD, manga, film, film au cinéma, magasine…. Le volume est effrayant. Cela en devient une compétition ; terminer une page du carnet par semaine en mètre étalon. Et mes frayeurs régulières quand je reprends le carnet, que je lis les titres et que je ne sais même plus ce que c’est. Conclusion, je mets désormais des étoiles devant ce qui m’a réellement marqué, impressionné. Bilan moins de 2 par mois, tous médium confondu…

    On n’a jamais eu accès à autant de produit, mais on a surtout ouvert la boite de Pandore avec les maux qui vont avec.

    Comme Sisyphe, je remonte inlassablement ma PAL ….

    Au plaisir

  • Ludovic  

    Je crois quand même que ce qui permet à la lecture d’échapper peut être en partie à cette orgie consumériste, c’est le fait que pour être un lecteur, il faut faire la démarche d’aller chercher un livre et de le lire. Je pense que ce qui est important dans notre rapport à la culture, c’est comment nous allons la chercher dans une société où partout elle vient à vous et où tous les moyens et progrès technologiques vont dans la direction qui consistent à choisir pour vous ce qui va vous plaire. Certains domaines culturels sont plus sévèrement touchés que d’autres, il me semble, à cause de l’émergence notamment des plateformes de streaming qui sont conçues pour vous dire que si vous avez aimé ça, vous aimerez ça.
    Cette conscience que le monde qui nous entoure choisit pour nous ce que nous aimons est le premier pas. Et pour la lecture, elle peut commencer par un acte très simple, qui est tout simplement d’aller foutre les pieds dans une librairie. On est plus passifs, on fait la démarche d’y aller.
    Après il y a tout un tas de facteurs qui jouent et qui sont ceux déterminés par nos conditions sociales. Pour lire, il faut du temps et de l’argent. A ce titre, je suis toujours fasciné par le concept même de PAL, ma PAL à moi actuelle elle fait 4 livres ceux que j’ai acheté ce week end et que je vais peut être arriver à lire dans la semaine si tout va bien. Pourquoi ? parce que je n’ai ni le temps, ni les moyens, ni la place pour en avoir plus.
    Comme le dit Presence, la lecture et d’ailleurs particulièrement les comics et la BD, est un luxe (je poste souvent des messages sur les forums de BD pour m’étonner des prix de certaines publications, ce qui suscite souvent des réactions blasées comme si c’était normal). Quand j’entends parler de PAL, j’ai l’impression d’être un type cherchant les Restos du Cœur et qui est rentré par erreur dans un trois étoiles !

    • Présence  

      Bonjour Ludovic,

      Il faut faire la démarche d’aller chercher un livre et de le lire : je trouve que la 2nde partie de ta phrase me correspond bien, c’est-à-dire faire l’effort de la lecture, être actif, chose que je n’arrive pas à faire en regardant un film, activité où je deviens très vite passif.

      En revanche, l’effort d’aller chercher le livre est devenu lui aussi relatif. Pour les livres et la bande dessinée, je reste un lecteur sur support physique ; je n’ai pas réussi à passer au numérique. Il est toutefois possible de tout commander sans sortir de son salon, et d’être informé des mois à l’avance des parutions. Je reste également attaché à l’acte d’aller parcourir les bacs et de scruter les panneaux dans une librairie.

      Quoi qu’il en soit ; bonnes lectures car l’offre est pléthorique, et les lectures de qualité, de grande qualité sont pléthoriques.

  • Tornado  

    Salut, Sam.

    Cette réflexion m’a accapparé ces dernières années (pour être plus précis entre début 2020 et début 2022 environ). Jusqu’à ce qu’une prise de conscience naisse au fond de mon esprit torturé (moi aussi). Présence le résume bien : La perception du temps qui passe.
    Pendant des années, j’ai accumulé des BDs sur mes étagères, qui se remplissaient mois après mois, engloutissant une part significative de mon argent de poche. L’idée était de créer LA librairie intime parfaite, que je pourrais léguer à mes enfants. Et puis j’aurais assez de matériel dans cette librairie idéale pour nourrir les lectures jusqu’à la fin de ma vie, voire jusqu’à la fin des temps…
    Il y a deux énormes conneries dans ce que je viens d’écrire :
    1) Mes enfants n’en ont rien à cirer de ma librairie idéale. Ils fabriquent la leur dans leur chambre pendant ce temps, ignorant la majeure partie de la mienne qui ne les intéressera jamais et c’est bien normal !
    2) Maintenant que j’ai atteint… un âge certain, je m’aperçois d’une chose très simple : Non, je ne suis pas éternel. Non, je n’aurais pas le temps de lire tout ce qu’il y a sur ces km d’étagères remplies de livres en tout genre, et de BDs en particulier. J’ai été bien inconscient et présomptueux de parier que ma vie serait aussi longue !

    Cette prise de conscience a été suivie de deux décisions logiques :
    1) Revendre tout ce que je ne lirai sans doute jamais, faute de temps et de motivation. Ce sont donc des séries entières qui ont quitté le navire, des runs entiers et, surtout, la plus grosse partie de ces putains de comics de super-héros, qui me sortent par les trous de nez depuis maintenant quelques années. Ainsi ai-je revendu des lots de comics que je n’avais pas bien envie de relire, mais aussi des lots entiers de comics que je n’avais jamais lu, et que j’avais encore moins envie de lire, passé cette période où je m’étais intéressé à la « continuité » (chez DC et Marvel, mais aussi ailleurs), élément totalement obsolète dans ma vie de maintenant.
    Mais il n’y a pas que les super-héros Marvel et DC. Il y a aussi ces séries interminables et chronophages. Dehors les SAGA, les BPRD, les INVINCIBLE (la série animé est largement suffisante et bien moins chronophage, par ailleurs) !
    2) Ne plus acheter les sorties du mois. Plus d’achat compulsif. Attendre patiemment les retours critiques. Attendre de voir combien dure telle série, si elle est dans ma médiathèque pour la tester. Ne choisir que ce qui me fait VRAIMENT envie (rien à foutre de lire que c’est « important pour la continuité » ou autre blabla de collectionneur). Attendre la réédition en intégrale (ça prend moins de place) et être CERTAIN que la série est terminée et intégralement publiée en VF.
    Ne plus suivre les séries Ongoing (et, dans l’ensemble, FUIR asbolument les séries longues). Tabler uniquement sur le one-shot, la série courte et auto-contenue, le roman graphique. Et pareil pour la franco-belge ou tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la BD.
    En bref, être ultra-sélectif. Ne garder que l’essentiel. Être patient. Être sage…
    Dans le passé, déjà, j’avais expurgé les comics old-school qui ne correspondaient pas à ma vision de lecteur adulte. À présent, c’est tout ce qui a rapport avec la CONTINUITÉ (une continuité futile et déglinguée, je précise) que je trouve ridicule. Élément dont l’absurdité absolue est fort bien mise en lumière dans l’article, d’ailleurs.

    Maintenant, une question, Sam : Tu arrêtes demain ? 😀

    • JB  

      Tiens, la remarque sur « les conservateurs et les progressistes » m’a fait réfléchir au sujet de la continuité. On pourrait penser que les acharnés de la continuité sont du côté des conservateurs, des gardiens du temple, et que les auteurs qui ne tiennent pas compte de la continuité permettent de proposer de nouvelles visions des personnages.
      Je serais plutôt dans l’idée que la continuité (bien utilisée) est plutôt garante d’un changement (Peter Parker lycéen entre à l’université, se marie, devient enseignant puis chercheur) alors que l’absence de continuité fige le personnage dans une espèce d’image d’Epinal (Peter à jamais étudiant fauché dans les adaptations)

      • Tornado  

        JB, je pense comme toi à la base, sauf que, mais on en a déjà parlé, je ne peux plus m’accrocher à cette idée dans la mesure où les accumulations de « n’importe quoi » ont tué toute logique de continuité. À commencer par un élément simple et logique : le TEMPS, encore une fois. Trop de temps aura fini par tuer le temps. Et la continuité avec.

        • JB  

          Je suis d’accord ^^

    • Présence  

      Salut Tornado,

      La bibliothèque idéale : avec les années qui passe et un apétit de lecture vorace, mon fils lit quelques-unes de mes BD. Par exemple, il est devenu un plus grand amateur que moi de l’œuvre d’Alejandro Jodorowsky ou de Jiro Taniguchi. En revanche, il reste imperméable à la culture superhéros. 🙂

      Avec les décennies qui passent et l’offre pléthorique, aussi bien en nouveautés qu’en œuvres patrimoniales, j’ai perdu le goût de la relecture, ce qui fait que j’éprouve très peu de résistance à me séparer d’une BD pour question de place.

      Bonnes lectures

      • Sam  

        C’est ce qui fait le plus plaisir : passer le baton à la génération suivante. Les voir faire leur propre découverte.

  • JB  

    Merci pour ce tour d’horizon avec lequel on ne peut qu’être d’accord.
    J’ai l’impression qu’un autre gros tournant pour les comics a été la systématisation des récits en 4 à 6 parties, calibrés en vue de la publication TPB. En France, bien avant l’effondrement de la distribution en kiosque, les lecteurs ne juraient déjà plus que par les albums librairie plutôt que sur les publis mensuelles.
    Depuis Civil War II d’un côté et les New52 de l’autre, j’ai déserté le suivi régulier des Big2 pour me focaliser soit sur l’indé, soit sur le passé (années 80 à 2000), soit sur des auteurs (et encore… J’adore le Matt Kindt indé, mais le Kindt de Valiant m’endort).
    Bon, c’est pas tout ça, je viens de recevoir le Hulk de Cates, Sonata et le Spider-Man de Nick Spencer, qui viennent s’ajouter à mes 3-4 PAL qui étaient déjà à hauteur d’homme (bon, 1m68 dans mon cas.) D’ailleurs, vous aussi, vous connaissez les glissements de terrain qui voient se répandre par terre vos livres en attente et redistribuer l’ordre de lecture ?

    • Sam  

      Disons que j’ai commencé à comprendre que j’avais peut être un problème, quand je me suis à m’interroger sur l’intégrité structurelle et la solidité du sol de certaines des pièces de mon appartement contenant mes bibliothèques. Je me rassure en me disant : c’est du béton, c’est bon…mais quand même. La question se pose

      Donc pas de glissement de terrain, je change en permanence mon ordre de lecture selon mon envie du moment et aussi du nouveau petit bijoux de la semaine très attendu

  • Matt  

    Hello Sam.

    Et oui, et oui, je suis bien d’accord avec toute cette réflexion.

    Déjà je ne consomme pas de truc de streaming à la Netflix. Trop de choses, tu peux passer une soirée à zapper et ne rien regarder.
    Un collegue me parlait aussi de ses filles qui lancent une musique sur Internet en disant « ouais rop bien » pour la couper au bout de 30 secondes et en lancer une autre « trop bien ».
    Le collegue en question est repassé au vynil pour écouter des albums entiers sans « zapper ».
    J’achete des films qui me plaisent vraiment et en support physique. ça coute du pognon mais c’est aussi plus « précieux » et on ne le consomme pas comme un machin gratuit disponible à la pelle.
    Et j’ai le temps de relire et revoir des trucs qui me plaisent.
    Oui je passe à côté d’autres trucs mais tant pis. On ne peut pas tout lire, tout voir, etc.

    Je n’aime pas ce mode de consommation de type « gavage ». Plein de gens disent qu’il y a moins de gens talentieux parce qu’aucune oeuvre ne les marque autant qu’avant. Mais je crois que le problème vient aussi du spectateur qui ne s’implique plus, qui dévore une oeuvre en vitesse pour passer à une autre. alors qu’avant, t’avais pas 3000 films à dosposition et tu prenais ton temps, tu le digérais, tu le revoyais une 2eme fois si un truc t’avait marqué, etc.

    Les étageres de comics…j’en ai qu’une et demie.
    Je me souviens qu’en voyant ma seconde étagere à moitié consacrée à des figurines Bruce disait « moi je vois de la place perdue pour d’autres livres »
    Béh…ouais mais non. Je veux pas me noyer dans les livres et n’avoir jamais le temps de les relire.
    Parfois je revends des trucs sympas mais dont je me dis que je ne les relirai pas. D’autres trucs ont plus d’importance sentimentale et je sais que je veux les garder, mais j’essaie de ne pas faire trop grossir ma collection.

    • Présence  

      Salut Matt,

      Pour paraphraser une célèbre expression des guignols (Du cul, du cul, du cul), il semble que le mot d’ordre de la culture de masse soit : Du flux, du flux, du flux, avec une cadence et un débit toujours plus élevés. Cela produit également chez moi une forme de haut-le-cœur. Je trouve ça même contre nature : la lecture est par essence, pour moi en tout cas, le média auquel je peux imposer mon rythme, où je peux prendre mon temps car je suis le seul impliqué dans cette activité.

      Je garde également de préférence les BD ou les comics qui ont une valeur sentimentale pour moi.

      Quoi qu’il en soit, bonnes lectures.

  • Jyrille  

    Bienvenu Darkseid Sam ! Depuis que j’ai découvert tes articles hebdomadaires sur les sorties comics, je n’en rate aucun. Je ne lis pas tout, mais c’est toujours un plaisir d’avoir tes retours et tes avis.

    Ca me fait énormément plaisir de te lire ici, surtout que l’article est excellent et soulève bien des points, car on ne peut que constater que tu as raison. Cela dit, c’est un peu partout pareil : en musique, il y a également surproduction et comme toi, j’attends toujours d’avoir encore une énorme claque comme on a pu en avoir par le passé. Mais n’est-ce pas aussi l’apanage de notre âge ? Ne plus être facilement étonné, voir les ficelles, trouver que c’est déjà lu / vu / entendu ?

    Par chance, j’ai des tonnes de classiques à découvrir, en ce moment (je le disais hier) je suis en plein BERSERK et c’est une énorme découverte donc oui, c’est possible… mais c’est vieux.

    J’ai encore pas mal de trucs à dire je repasserais.

    • Jyrille  

      Autres points : j’ai oublié de dire que l’article était passionnant. Le sujet de la création de contenus fait totalement sens avec ce que nous proposent les plateformes de streaming comme Netflix, Amazon, Disney+. Compliqué d’y trouver de la qualité constante. Mais en même temps, c’est la première fois que nous avons autant de productions. En BD c’est vraiment l’overdose.

      En te lisant, tu me donnes envie d’allonger encore ma PAL, or comme les copains, j’ai très envie de me restreindre, mais j’ai du mal. Comme toi, même si je n’ai pas encore attaqué la lecture, j’achète les rééditions de Lone Wolf & Cub. Et comme eux, j’ai beaucoup de mal à me séparer des bds qui ont une valeur sentimentale, mais je sens qu’il va tout de même falloir refaire un tri, la place manque…

      J’espère tout de même que l’histoire ne se répétera pas mais merci pour le cour (je ne suivais plus les bds pendant pas mal de temps). Je remarque qu’en musique comme en bd, les auteurs évoluent drastiquement avec le temps, ce qui est à la fois totalement naturel mais également un peu contre-intuitif tant nous avons été bercés par des oeuvres qui elles ne changeaient jamais, que ce soit dans le franco-belge (Tintin, Astérix, Lucky Luke, les Schtroumpfs…) ou les productions enfantines (Picsou, Mickey, Pif…). Lorsque le manga est arrivé avec Goldorak, Candy, Rémi sans famille etc, on a compris l’essence de ce média où l’histoire avançait et les personnages évoluaient, une vraie révolution. Il est donc inutile de croire que l’on aura toujours la même chose avec un auteur précis, par contre, si ce n’est pas du creator owned, les personnages et l’univers peuvent évidemment être donnée à un studio (de dessin ou d’anime) ou de nouveaux auteurs pour se faire les dents, et donc donner encore et toujours la même chose (ce qui est très commun dans le franco-belge depuis une dizaine d’années environ). Je crois que ce modèle économique n’est pas prêt de s’arrêter, c’est à nous, consommateurs, de faire attention, d’être plus sélectifs.

      Enfin je te tire mon chapeau pour la somme de lectures et d’articles que tu engranges. Respect. Et encore merci pour cet article angulaire.

  • JP Nguyen  

    Je plussoie sur pas mal de choses écrites dans l’article ou dans les commentaires. La rareté avait du bon, quelque part. Avec quelques comics en VF achetés en kiosque entre le 5 et le 10 de chaque mois, il fallait tenir jusqu’au mois suivant et on avait le temps de les relire…
    Ceci dit, par contrainte budgétaire autant que par manque d’envie, je n’achète plus beaucoup de bouquins/BD depuis quelques années. Souvent, j’accompagne mes enfants à Cultura ou Gibert et il arrive souvent que tout le monde reparte avec trois-quatre bouquins, sauf moi…

    Un point sur lequel je diffère, ce serait « si nous avons besoin de divertissement de temps en temps, je pense que nous recherchons aussi plus fréquemment quelque chose de plus mémorable. »
    Après un certain nombre d’années, les œuvres mémorables qui trouvent une résonance particulière avec mon histoire et mon parcours de vie, il y en a déjà eu pas mal et elles laissent moins de place pour de nouvelles entrées. Ajoutez à cela les divers tracas du quotidien, et je dois avouer rechercher assez souvent du divertissement dans les œuvres de fiction.

    Par exemple, ce week-end, j’ai regardé Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs et j’ai beaucoup aimé. Un pur divertissement mais très bien fait, qui rend enfin honneur à cet univers de fantasy, après plusieurs essais ratés (les films D&D des années 2000).

    • Matt  

      Hello JP.
      Je te rejoins sur la dernière partie (enfin le début aussi mais bref…)
      Je cherche aussi du « fun » dans les lectures. Ou du moins pas des trucs sociaux tragiques ou des oeuvres sur la Shoah. Même si oui y’a des bons trucs sur le sujet. Mais bon t’en choisis 2 ou 3 et ensuite plus la peine de se gaver de ça. Et autant se lire un truc cosmique. Avec des enjeux tragiques aussi si on veut, mais loin de notre réalité. Du divertissement quoi.

      Marrant que tu parles de ce film. Je l’ai pas encore vu mais il aurait apparemment été injustement boudé, notamment à cause d’une bande annonce nulle avec de la musique pop moderne qui donnait une fausse image du film.

  • David  

    Bonsoir Sam, c’est un plaisir de te lire chaque semaine pour ta chronique des sorties de la semaine et c’est un bonheur de retrouver ta plume chez Bruce. Évidemment, je partage ton constat. Ma PAL est devenue un Everest insurmontable et mon addiction me pousse à continuer à accumuler au-delà de toute raison. Demain j’arrête est un mantra que je répète vainement depuis plus de 30 ans. L’âge passe. je me montre aussi plus sélectif dans ce que je lis et je rêve désormais de pouvoir relire ce qui m’a fait aimer les comics. Mon rêve de môme d’avoir l’intégrale des comics qui me plaisaient est désormais mon enfer. Avec la question du stockage qui devient critique. Je compte sur la médiocrité de Marvel et DC pour me dégoûter pleinement. L’essentiel de mes achats consiste désormais en des rééditions de comics du précédent millénaire. Les auteurs qui m’ont fait aimer les comics ne sont désormais quasiment plus actifs. Et même si d’excellents auteurs comme Lemire ont pris la relève, ils ne portent pas ce parfum de nostalgie qui me fait sans cesse revenir à ce qui a émerveillé ma jeunesse. Je considère que nous vivons à la fois un âge d’or (les geeks ont gagné, les super-héros ont conquis le monde, l’offre est pléthorique et plus variée que jamais) et la fin d’une époque. Marvel et DC recyclent depuis des décennies les mêmes histoires tandis que, malgré la qualité, les indés tombent rapidement dans l’oubli à quelques titres près. Bref, les vieux lecteurs de comics que nous sommes ne peuvent plus trouver notre bonheur avec une industrie qui s’est transformée, ne proposant plus d’émerveillement mais seulement des produits de consommation avec pour seul objectif la fidélisation. Notre avenir de lecteurs se trouve dans notre passé. Dans notre PAL et surtout dans notre PAR (pile à relire, celle qui nous a fait aimer les comics).

  • Mr Honey Bunny  

    Salut Sam !

    Je crois qu’on s’est connu dans une vie antérieure… Il y a très longtemps, à une époque où tu finissais toutes tes PALs.

    Bon, blague à part, je pense que le « passé » est la clef, et on a pu en parler régulièrement entre nous : on a connu une époque où lire des comics (ou des mangas), voir des séries TV, des films etc. avait un caractère beaucoup plus exceptionnel que maintenant.
    Je vais reprendre un exemple que je sors souvent mais si tu ratais ton épisode de DBZ diffusé le mercredi matin… C’était fichu. A l’époque pas de replay sur ta box, pas de streams, pas de rediffusions à la TV (au mieux, tu pouvais espérer qu’ils rediffusent des mois, voire des années après parfois lol).
    Du coup ça, et pleins d’autres trucs, on le savourait, on le chérissait.

    Pour les comics, c’est pareil, on lisait carrément moins, on sélectionnait aussi du coup certainement plus, et même des trucs moyens nous marquaient vu le peu de comparaisons qu’on pouvait établir. Il nous arrive de relire de vieilles choses et de se rendre compte que c’est souvent la nostalgie qui parle, mais qu’objectivement ce n’est pas si renversant.

    Ce qui serait intéressant pour comparer, ce serait d’établir la même liste de lectures mémorables, mais par exemple pour l’année 1999. (enfin, si tant est qu’on se rappelle de ce qu’on a vraiment lu cette année là). Pas sûr qu’on trouverait même 3 ou 4 petites perles.

    Mais pour moi, le problème auquel tu fais face, c’est la surconsommation frénétique de lectures qui fait que oui, tu ne pourras retenir qu’un infime pourcentage. (contrairement à un lecteur qui ne lira que 2 ou 3 livres à l’année, et s’en souviendra même si ce n’est pas terrible)

  • Alchimie des mots  

    Salut,
    Voilà un article intéressant où je me retrouve sur quelques aspects.
    Bon je pense être du côté conservateur et j’aime bien retrouve es vieux potes comme tu l’as bien cité.
    Moi qui prône l’envie et l’intérêt à la lecture, il est vrai que l’on tombe dans ce consumérisme ambiant sur en ce moment.
    Une belle analyse qui nous permet aussi de remettre en question.
    Merci

  • Sam  

    Merci à tous pour vos commentaires, j’avais quelques inquiétudes sur le fait qu’un tel sujet puisse intéresser quelqu’un, mais je vois que mon expérience est partagée par beaucoup. Outre le constat sur une époque qui n’a rien de neuf ou d’inédit, je pense qu’en effet comme l’ont dit certains, nous appartenons à une certaine génération et passons par des expériences très proches.

    La passion est toujours là, mais elle est un peu noyée sous la masse.

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