Focus : La nouvelle idéologie de Marvel et des X-Men
1ère publication le 20/01/16- Mise à jour le 2 septembre 2017
Dernière MAJ le 27/07/19
Cet article a pour ambition de dénoncer le fourvoiement de Marvel concernant la direction artistique des mutants depuis le 11 septembre 2001. Nous tenterons d’y démontrer la dérive sécuritaire voire fasciste vendue à coups de crossover et autres events.
Je n’ai aucune ambition d’ériger mes opinions politiques ou personnelles en modèle insurpassable. Mais, hey, je suis quand même chez moi et en tant qu’invités vous devrez supporter mon humeur (massacrante) jusqu’au prochain article…. Le ton y sera volontairement provocateur et matière à débat.
Il s’agit même probablement de ma lettre d’adieu à des héros que je suis depuis 30 ans….
Une fois de plus, grâce soit rendue à JP Nguyen qui m’a fourni une bonne partie des scans de cet article.
Tout a commencé de manière inhabituelle. Je pensais avoir bouclé la boucle avec ma diatribe anti-Bendis. Et puis, comme ça, avant de les revendre, je me surpris dans le train à apprécier Messiah Complex et Second Coming.
Après un bref instant de doute façon Descartes où je me suis demandé si durant toutes ces années je n’avais pas été victime d’un Dieu menteur concernant ma détestation des X-Men, j’en vins à me demander pourquoi, malgré le plaisir que l’on pouvait tirer de ces histoires très divertissantes, ces auteurs, parmi les plus réputés, faisaient fausse route. Allons y, étape par étape.
1/ L’ère Grant Morrison :
Lorsque le chauve toxique et mégalomane prend les rênes des Xmen en 2001, la plupart des fans conservateurs font dans leur froc !
Clairement Morrison est le grand diviseur des Comics. Sa Fanbase le trouve génial. Les autres, dont votre serviteur en tête, trouvent que la plupart de ses œuvres sont indéchiffrables, surestimées, et prétentieuses. Pourtant au terme de son run, et malgré des bémols qui suffiraient à écrire une symphonie, force est de reconnaître que Morrison livra la dernière mouture intéressante et adulte des mutants Marvel avec le X-Statix de Peter Milligan.
Le run de Morrison est bancal : mauvaise connaissance des personnages, ignorance totale de leur psychologie et surtout des What the Fuck de la taille de l’hôtel Xavier : l’infiltration de Magnéto, la Saga de Xorn, Emma Frost vampirisant Scott Summers, un Magnéto s’improvisant toxicomane à quelques 70 balais et la mort absurde de Jean Grey.
Pour les amoureux du run de Claremont, Morrison était allé trop loin. Si loin, que dès la fin de Planet X, Claremont ressuscitait Magnéto (défiguré par Cyclope et décapité par Wolverine) ne supportant pas que son héros tourmenté et romantique, probablement sous sa plume le plus grand vilain de tous les temps made in Marvel, devenait sous le coup de la hype Morrisonesque, un criminel de masse psychotique sans aucun sens de l’honneur.
Pourtant, aussi controversé que fut ce travail, Morrison était parvenu à faire ce que personne n’ avait plus fait sur la franchise : utiliser le médium du super héros pour aborder des questions sociétales courageuses et vraiment bien écrites. Ainsi, ses Xmen parleraient de la naissance, de la récupération et de la mort des contre-cultures, en l’occurrence celle des mutants enfin devenus sous sa plume autre chose que des victimes. Les Xmen faisaient leur Coming Out, l’hôtel Xavier se transformait en campus accueillant aussi bien des sujets brillants que de véritables vauriens.
On peut détester le travail de Morrison d’une haine adamantine, force est de constater qu’avec Riot at Xavier’s qui met en scène l’inanité du rêve de Xavier auprès d’adolescents désœuvrés, il écrivit la meilleure histoire des X-Men depuis God Loves, Man Kills. Celui d’un conflit de génération d’anciennes icônes de la contre culture (les Xmen de Claremont) à la fois révérée et dépassée aux yeux de la génération Internet.
On pourra reprocher des milliers de choses agaçantes à Morrison mais pas d’avoir fait de ses X-Men des stars presque underground débarrassés de leurs crossovers à la noix, de vilains d’opérette, de leur centaine de personnages, de leur continuité affolante et de leurs costumes disco. Dans ses meilleures pages, Morrison est en avance de 10 ans en mettant en conflit jeunes/vieux, indie/mainstream, norme/déviance, révolte/maturité.
2/ 11 septembre, House of M et statu quo
C’en est trop pour Marvel ! Avec ce que l’on pourra appeler la période X-Men MAX de Morrison et la débâcle de Chuck Austen, il est temps d’appuyer sur le bouton Reset en confiant à Wheddon Astonishing Xmen. Retour aux costumes désignés par John Cassaday et une première intrigue lisible rappelant Eve of Destruction d’Alan Davis. Mais après cette parenthèse réussie, Wheddon s’écoutera écrire et livrera ce qui sera les prémices de la chute de la franchise : des histoires sans queue ni tête déconnectées de la réalité que vivent les humains post 11 septembre.
L’événement majeur pour la dizaine d’année qui va suivre est le fameux House of M : Bendis écrit un remake sympathique à défaut d’être convaincant d’Age of Apocalypse. Lorsque tout son cirque se termine, les mutants disparaissent par magie…Sur les millions de mutants, 198 (on ne saura jamais pourquoi pas 199…) survivent à la purge. D’un point de vue inconscient la démarche est géniale : débarrassé des mutants, Bendis a le champ libre pour faire de ses New Avengers les stars de Marvel. A partir de là, les X-Minoritaires vont devenir une espèce de secte sinistre prêts à tuer pour sauver un enfant censé être leur messie sous la houlette d’un Scott Summers transformé en Magnéto fanatique. Dans les faits, rien de scandaleux, il était logique que les mutants à force de génocides, de déportations et d’assassinats refusent de se laisser exterminer.
On peut d’ailleurs y voir l’influence majeure de séries comme 24 ou Walking Dead ces séries emblématiques de l’Amérique actuelle. Dans 24, Jack Bauer doit mettre de côté morale et humanité pour lutter contre le terrorisme. Les ennemis sont infiltrés, l’urgence de la situation à sauver des milliers de personne demande à pratiquer meurtres, tortures, violation des droits de l’homme. Le credo de la série va devenir celui de Cyclope : le sacrifice individuel compense la survie de la collectivité.
Quant à Rick Grimes, la planète envahie de Zombies nécessite de ne pas s’attacher aux autres, de sauver sa peau quoiqu’il arrive quitte à sacrifier femmes, vieillards, enfants. Il n’y a que très récemment que Kirkman a souhaité que sa série prenne un tournant plus pacifiste dans une série brillante où les souvenirs d’une société civilisée doit survivre aux ravages du génocide.
La direction empruntée par Scott Summers ressemble beaucoup à cela. Leader auto-proclamé d’un peuple par lui même désigné, pris par l’urgence d’éviter un génocide, l’ancien héros longtemps qualifié de boy scout va devenir plus froid que Wolverine, plus cruel que Magnéto, plus meurtrier que Phénix, plus calculateur que Sinistre. Il va désormais autoriser la violence voire la torture en plein combat. Conséquence logique finalement de la levée de la censure chez Marvel en 2000. Les griffes de Wolverine et ses potes tranchent dans le vif plutôt que de couper des bouts de capes….
Ce qu’il y a de plus choquant ? Après le 11 septembre où Spidey, impuissant contemple les ruines du World Trade Center, il est logique de se poser la pertinence de l’existence de Super-Héros. Le succès des films Marvel y répond : ils sont les seuls à pouvoir incarner à la fois du rêve et fantasmer un désir de puissance. Une puissance que Scott Summers revendique.
Gardien de l’éthique de Xavier, Cyclope ne va plus rien faire pour arrêter les exactions de Wolverine sur le terrain. Pire, il les autorise en secret, va abriter les pires criminels de l’histoire sur son île, sans que les X-Men les plus modérés prennent de réelles mesures pour l’en empêcher. Il faudra le Schisme de Jason Aaron pour que Wolverine (!) choisisse une solution plus pacifique.
Cette plongée de Cyclope vers le côté obscur restera ce qu’il y aura de plus fascinant. Nous admettrons même que de Fraction à Bendis, il est le seul personnage correctement écrit. Publié chez un autre éditeur que Marvel, tout cela serait formidable. Seulement voilà: Les X-Men ne sont pas les survivants de Walking Dead. Et Scott Summers n’a jamais été Jack Bauer.
Ce n’est pas tant la violence de ces histoires qui est condamnable. Mais bien le retour au statu quo d’un éditeur qui se moque de salir ses personnages: Namor a détruit un pays, Cyclope, Daredevil, Captain America ont ravagé New-York. Wanda Maximoff est coupable de génocide. Tony Stark d’emprisonnement arbitraire. Et il faudrait continuer de considérer ces personnages comme des héros ? Vraiment ?
Ceci équivaudrait dans notre réalité à pardonner Vichy et considérer Pétain uniquement comme le héros de Verdun. Affligeant, mais pas étonnant ! Georges Bush n’a jamais été, après tout, traduit en justice pour avoir entraîné son pays en Irak sur la base de fausses preuves, tandis que Clinton faillit être destitué de son mandat pour une pipe dans le bureau ovale.
3/ Valeurs Actuelles
Les X-Men à la base sont un groupe de pacifistes qui luttent contre les bigots, les fascistes, et beaucoup contre eux-mêmes. Chez Claremont, les X-Men permettaient à l’auteur d’utiliser une équipe multiraciale pour parler de Shoah, d’Apartheid, de viol ou d’adieux à l’innocence. Être dans l’air du temps, ce serait d’intégrer dans les X-Men des musulmans la population haïe et crainte actuellement. De parler des sans papiers et des réfugiés de politiques de ségrégations envers une majorité du fait de l’exaction de minorités.
De tout ça on ne trouve que NIB. Tout discours social est totalement abandonné et pour cause : les X-Men ont renoncé à leurs idéaux. Ils se sont isolés, ne fréquentent plus d’humains (à part le maire de San Francisco et un discours à L’ONU pour la galerie) et jouent aux super héros de manière pavlovienne.
Lorsque à la fin de God Loves, Man Kills, le révérend Stryker menace de tuer les X-Men devant les caméras, pas un ne bouge. Il y a pourtant parmi eux Kitty Pryde une enfant de 13 ans prête à mourir pour un idéal humaniste. Ce pacifisme qui évoque celui de Ghandi ou de Luther King est dépassé aujourd’hui. La même scène aujourd’hui verrait Wolverine dépecer cet adversaire.
Un cas isolé ? Non ! à la fin de Zero Tolérance, Iceberg est sur le point d’écraser Bastion qui a failli tuer ses amis. Il baisse volontairement sa garde, prêt à mourir plutôt que d’ôter la vie d’un fasciste en puissance, qui, on le sait, il le sait, recommencera.
On peut aussi évoquer Magnéto qui empêche Rachel Summers d’exécuter des terroristes qui ont tenté de la tuer. Les X-Men oui, pouvaient être violents. Mais étaient aussi garants de l’hard way:, le même que DD ou Spidey consistant à épargner les pires ordures pour ne pas sombrer à leur tour. Pourtant Rachel et Magnus ont connu le génocide des leurs, tout comme le Cyclope post House of M. La logique des éditeurs a changé, voilà tout : foin de cet humanisme infantile ! Les X-Men rendent coups pour coups. Sous l’impulsion du Civil War de Millar, il est désormais demandé aux Super Héros de faire de la Realpolitik.
Pourtant,rappelez vous, chez Claremont, on affrontait des ordures comme Mystique ou Dents de Sabre qui utilisaient la déontologie des Mutants pour s’échapper. La violence était un ressort dramatique aussi choquant qu’inhabituel qui permettaient aux personnages de se recentrer, face à l’horreur de la mort, sur la valeur de la vie. On se rappelle d’ Ororo ou de Peter Raspoutine acculés, devant ôter la vie d’un adversaire ne leur laissant pas le choix. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on s’étonne lorsque un adversaire en réchappe indemne.
Claremont fera brièvement sombrer les X-men du côté obscur, Tornade en tête, durant la saga Australienne avant de se raviser : leur force est de rester unis, non pas comme une milice mais une famille.
Pourquoi cette violence n’est pas une évolution ? Parce que depuis leur création, les X-Men sont les victimes de plans d’extermination massive, d’expériences génétiques et que malgré leurs souffrances, ils étaient vecteurs d’espoirs, de résilience bienveillante même si parfois résignés. Voire de seconde chance pour les parias : Wolverine, Rogue, Magnéto. Ces personnages étaient des anti-héros qui confrontaient leur réalisme à l’idéalisme des héros. Leur passé de parias étaient rachetés par leur sacrifice au présent.
Marvel a tout perverti à coups de crossovers toujours plus avilissants ! Désormais, chaque personnage est un super anti-héros ! De Reed Richards, le scientifique toujours bienveillant, père symbolique de l’univers Marvel à Iceberg, le héros pur comme neige, chacun est devenu un criminel de masse en puissance. Ce sont désormais leurs actions passées qui sont censées excuser leurs errements présents.
Tout ça n’est pas nouveau. De Stan Lee à Claremont, les rencontres entre héros sont ponctuées de malentendus et autres brainwashing prétexte à l’affrontement entre héros.
Ce qui est inédit, c’est l’abandon total de valeurs humanistes et d’empathie. Les X-Men étaient les défenseurs du droit du plus faible. Capables d’accepter de se faire cracher dessus lors du procès de Magnéto sans répliquer. D’inspirer une poche de résistance dans le futur désespéré de Days of Future Past, de renoncer à tout pour que l’Age of Apocalypse disparaisse à leur détriment.
Leur idéologie devait autant aux mouvement civique de Luther King qu’à l’enseignement du Christ qui, dans le nouveau Testament voulait réconcilier l’humanité avec son Créateur après l’ultra violence de l’Ancien. Imaginerait’on Jésus descendre de sa croix et fumer les romains ? Bien sûr que l’on en meurt d’envie, par désir de justice et de vengeance ! Mais au final, si la figure du Christ en sort magnifiée, n’est ce pas par l’abnégation d’endurer les pires tourments sans abuser de ses pouvoirs en pardonnant à ses bourreaux ? fin de la leçon de catéchisme…
Or la licence Marvel a ramené nos héros à la loi du Talion : conformément à l’adage biblique, lorsque le premier sang est versé, c’est l’humanité qui meurt toute entière. Mais comment faire revenir dans le rang des héros qui ont été si loin dans l’abjection ? Et surtout quelles sont les valeurs véhiculées par Cyclope et sa bande ? Wolverine au moment de A VS X compare ses anciens amis à une poignée de fanatiques religieux perdus sur un rocher.
Isolés du reste de l’humanité, le rêve de coexistence pacifique est devenu une chimère. Cyclope envoie des commandos de la mort détruire ses ennemis. Ses Xmen tombent pour sauver une enfant dont ils ne savent rien. Bishop s’évertue à détruire l’hôtel Xavier qu’il révérait. Wolverine ne se gène plus pour tuer ses ennemis devant ses copains qui ne se donnent même plus la peine de râler. Hank Mc Coy joue avec le continuum temporel. Gambit rejoint Apocalypse puis les Marauders, une bande de criminels tueurs d’enfants qu’il abhorrait autrefois ! Xavier est exclu de l’équipe pour être assassiné une troisième fois par ses élèves.
4/Les morts de Charles Xavier
Voilà l’erreur fatale des scénaristes X. Faire grandir l’équipe ? oui ! L’ émanciper ? bien sûr ! Mais en détruire le dernier bastion moral ? Imagine t’on Luke tuer Yoda pour ensuite ouvrir une école Jedi ? C’est pourtant ce que fait Cyclope sans que personne n’y trouve à y redire.
Et surtout désormais deux courants s’affrontent au sein des mutants, histoire de recréer artificiellement les Blue et Gold Team de l’ère Lobdell-Nicieza. Mince ! L’actualité ne nous fournit pas assez d’exemples de partis politiques incapables d’accorder leurs violons pour éviter que les X-men n’aient à ressembler au parti socialiste débattant de la déchéance de nationalité ? Sommes nous vraiment à l’aise avec la similitude de gars ordinaires qui se sont radicalisés au nom d’un idéal messianique foireux ? Qui proclament des Etats non reconnus par le droit international ?
Les vrais X-Men auraient combattu leur extinction avec dignité sans devenir de vils fanatiques. Morrison en désacralisant Xavier a posé la première pierre de cet édifice qui a fini par s’écrouler.
Certes il y avait Onslaught qui aurait dû tuer Xavier en bonne et due forme. Cela aurait évité au Luther King Mutant d’assassiner sa soeur in Utero (stupide), de sacrifier des gosses à Krakoa (absurde), de torturer ou de comploter avec les Illuminati (non, je ne parlerai pas des idées de Bendis…).
A partir du moment où l’idéal de cet homme a été sali par des auteurs irresponsables, il n’ y avait aucun retour en arrière possible. Depuis le run de Morrison, Xavier assiste impuissant, presque insouciant, à la montée en haine de ses élèves. D’ailleurs, d’amour il n’est plus question : plus d’idylle, d’amitié, de love story qui faisait le charme de la série. Tout le monde s’engueule, se hait ou cherche à se tuer….
Xavier,pourtant, c’était une boussole morale qui, enfant, m’a appris que manquer de compassion envers son ennemi, c’était devenir un ennemi à son tour. Que la politique de la main tendue valait mieux que celle du poing fermé. Qu’il était possible de ramener du bon côté un type malheureux qui avait toutes les raison de haïr l’humanité. Ces valeurs sont réelles, c’est même grâce à elles et celles d’Hergé que j’ai choisi de travailler auprès des plus faibles. Alors qu’à ma connaissance, on a jamais vu de Crossover influer sur la vie d’un lecteur….
5/La mort de Marvel
Est-ce dont ça le monde de Marvel ? Un monde sans espoir face au mal ? Où les pacifistes répondent à la colère par la colère ? Où l’on ne prend plus la peine de débattre, d’écouter l’autre? Où Xmen et Vengeurs décident du sort de l’humanité sans la consulter ? Où Scott Summers entreprend de marcher sur Washington comme Mussolini marcha sur Rome ? Où le DD de Netflix torture ses ennemis sous les bravos ? Où Tony Stark , Stephen Strange et Reed Richard neutralisent Captain America qui leur parle de valeurs morales ?
Tout l’univers Marvel est désormais entaché de trahisons, de suspicions, de mensonges et de manigances. Les héros ont, sous les applaudissements du public, effectué une révolution politique inquiétante.
Qui garde les gardiens ? Depuis Civil War, les personnages Marvel sont passés du statut de défenseurs de la planète à celui de dirigeants ! Puis, sous l’impulsion de Jonathan Hickman, de destructeurs de monde ! Toutes les dérives du Super Héros que Moore décrivait 30 ans auparavant dans son Watchmen.
Alors, oui, bien sûr, c’est jouissif de les voir se débattre sous leurs responsabilités, mais les questions soulevées sont finalement les mêmes qu’à propos de la Bombe Atomique. A savoir: celle-ci lorsqu’elle explosa à Hiroshima sauva t’elle plus de vies qu’elle n’en détruisit ? Or, les Comics Marvel se sont rendu complices de cette idéologie de la riposte proportionnelle à l’attaque. Un monde où il n’y a presque pas de différences entre le bien et le mal, entre Tony Stark et Norman Osborn. Entre les Thunderbolts, les Dark Avengers et la X-Force. Où les X-Men n’ont plus rien à envier aux Acolytes, qui en leur temps pensaient qu’un vieillard catatonique assis sur son caca était leur messie…
Et bien non ! Cet univers où l’on terrorise les terroristes me répugne ! Il est aussi terrifiant que la France post 13 novembre où la démocratie se délite et la guerre civile gronde. Ce n’est pas pour ça que j’ai signé !
Ouais, chapeau les gars ! Vous avez réussi ! Les Surhommes Marvel sont devenus des types qui déchargent leur frustration, leur haine sur tout ce qu’ils n’arrivent plus à appréhender. Des héros qui n’y croient plus. Incapables d’aider les autres et infoutus de se sauver eux-même. Convaincus de leur légitimé et de leur importance comme des politiciens autosuffisants.
Les X-Men, étaient les adolescents révoltés de Marvel fiers de leur différence qui luttaient pour s’intégrer. Leur seul combat consiste désormais à ne plus se désintégrer. Sous les yeux navrés de lecteurs qui continuent de les aimer comme des gosses qui auraient mal tournés.
Leur monde, le reflet du nôtre en fait, est égoïste, creux, sans valeurs ni bonté, vidé de sa substance, réduit à un décor de jeu vidéo, à un battleworld que l’on peut effacer comme une ardoise magique quand ça devient trop compliqué à gérer.
Alors oui, cet univers, vous pouvez secrètement le détruire, je m’en fous ! Je ne veux plus croire en des héros fascinés par la loi du plus fort et occupés à défendre une justice qu’ils ne s’appliquent pas.
Tout le monde est là ? Voila ! Je tire la chasse ! Ça commençait vraiment à puer par ici…..
Je ne sais pas si faire des héros des types sans faille, parfaits, ça en fait des bons modèles. Ils peuvent sembler obtus, ou naifs comme des hippies.
Mais les faire sombrer pour leur montrer justement que l’alternative est pire, pour mieux les faire revenir, ça peut être source de réflexion.
Je ne dis pas que c’était prévu comme ça par Marvel, la preuve que non vu que Cyclope est resté un gros con après AvX.
Mais moi j’aurais bien vu un Cyclope qui prend conscience de ce qu’il est devenu après justement que la force phénix ait exacerbé ses pensées profondes de s’imaginer comme un leader vivant « au dessus » des humains. Un cyclope brisé qui a tué son mentor, qui aurait peut être rejoint Wolverine dans son école, qui aurait pleuré les jours plus heureux ou il n’était pas encore devenu aussi aigri et triste. Et une lente reconstruction du personnage entouré de ses amis.
@Omac et Matt :
Vous êtes très convaincants. Mais je crois que toutes ces digressions vont nous accorder sur l’essentiel de ce qui est dit dans l’article : les aventures des Xmen comptent bien moins que le style dans lesquelles elles sont écrites.
Mais je suis convaincu : le renouveau de l’univers Marvel passe par sa désagrégation. Merci, hein les gars, j’ai presque envie de lire Secret Wars maintenant !
Oh quand même, il s’agit de tout détruire pour mieux reconstruire, et même si la Terre et l’univers et de nouveau flambant neuf à la fin, certains personnages ont été durablement affectées par cette event (et ceux qui se sont entachés auparavant chez les Illuminati ont désormais un casier plus ou moins vierge).
Un casier vierge ? A coup de rétro-continuité j’imagine ?
Oui bon là je crois qu’en fait j’ai pas envie de savoir.
C’est là qu’opère une certaine schizophrénie. Dans un sens je pense qu’un reboot de l’univers Marvel serait une bonne chose car la continuité est trop longue.
Sauf que c’est pas un reboot. Du coup je n’aime pas ces façons capillotractées d’effacer les éléments gênants du passé. Comme One More Day par exemple. Des personnages vidés de leurs expériences de vie, et de leurs erreurs. Comme c’est pratique.
ça permet sans doute de réécrire des histoires avec des vrais héros, mais la façon narrative de le faire me déplait beaucoup.
Je préfère ignorer les events et leur rétro continuité de merde. J’ai lu récemment la série Black Widow de Waid et Samnee. On y croise Iron man vite fait, et je n’ai pas besoin de savoir s’il est plus ou moins clean grâce à je ne sais quelle pirouette scénaristique d’un éventuel event. Je me contente de l’histoire.
Je n’ai pas la même approche que Tornado sur la continuité parce que j’aime les personnages qui ont un vécu derrière eux, c’est ce qui peut me les rendre attachants. Mais je me fais ma propre continuité en essayant d’oublier les auteurs à la con.
Là pour le cas de Cyclope, avant AvX, j’argumentais surtout pour dire que sa situation n’était pas irrécupérable. Il n’était pas mal écrit. Le griffu par contre a son lot d’histoires dans lesquelles il massacre et s’attaque tellement à n’importe qui (même ses potes) que ça devenait inutile d’essayer de le réhabiliter. Mieux valait se faire aussi sa propre continuer en oubliant les mauvaises histoires ou il se comporte comme un psychopathe.
Bonjour, c’est la premières fois que je viens sur ce site et d’après une vidéo j’ai direct par commencé par cette article et je dois que votre point de vue est très intéressant sur le sujet et c’est vachement développé !
Je dois avouer qu’il est vrai que quand les SH commente des actes qu’on considérer comme impardonnable dans notre monde et qu’ils sont pardonné dans le leurs ou ne subissent pas de préjudices particuliers pour ce qu’il ont fait (coucou Namor), c’est une question auquel on ne pense pas souvent car je pense que si c’est SH doivent représenter l’idéal de l’humanité, il faut savoir pardonner leurs actes, même si dans certains cas le pardon semble inimaginable (Cyclopes par exemple), ou tous simplement les lecteurs s’en foutent et veulent voir les SH se taper sur la gueule ou faire face a des dilemmes impossibles. (et pour une fois content de voir quelqu’un qui trouve que ce que fait Morrison n’est pas toujours un chef d’oeuvre).
Par rapport a votre point de vue j’aurais voulu savoir si vous aviez lu « All New Wolverine » parce que je trouve que c’est dans cette série qu’on retrouve certains valeurs qu’on perdu les X-men depuis un moment.
Hello Zelphur et bienvenue,
Content que la vidéo de Alkor t’ai conduit jusqu’à nous.
Je n’ai lu de All new Wolverine (si tu parles de la série mettant en vedette X-23) que les 12 premiers épisodes qui ne m’ont fait ni chaud ni froid…Le fait qu’une clone de Wolverine affronte et protège des clones d’elle même n’avait rien pour me transcender…
Sur la question des valeurs des Xmen, on les retrouve dans la série Wolverine et les Xmen de Jason Aaron, qui non seulement renoue avec des personnages attachants et non belliqueux mais dont le dernier épisode pourrait conclure 50 ans d’histoires mutantes.
Marvel dans ses séries récentes semble enfin réaliser l’impunité dans laquelle les superhéros ont nagé depuis une décennie. Bendis en parle dans sa nouvelle série Alias et surtout Nick Spencer dans ses Captain America
Tout a été chroniqué sur le bog : http://www.brucetringale.com/schools-out-forever/
« mais dont le dernier épisode pourrait conclure 50 ans d’histoires mutantes. »
Nan, les 6 premiers épisodes de Amazing X-men de Aaron sont la vraie fin des X-men. Tu devrais les lire^^
Effectivement Alkor a conseillé un très bon blog (j’était assez surpris de trouver Tornado et Présence ici, je lisais généralement leurs reviews sur Amazone).
Pour ANW je fais effectivement référence a la série sur X-23, après je te conseille de lire son arc « Orphans of X » qui représente pour moi les valeurs des X-men (en partie), et aussi cette série fait parti pour moi de la nouvelle génération Marvel que je considère plus SH que certaines anciennes versions. Mais bon après si ta pas plus accroché, je pense pas que lire des épisodes en plus te fera changer d’avis ^^.
Sinon pour Jason Aaron je le connais très bien, j’ai lu son Wolverine et les Xmen (que j’ai trouvé GÉNIAL ! ) même si j’ai quelque réserve sur son travaille sur Wolverine (et aussi le fait qu’il l’ai ramené a la vie, mais sa c’est un autre débat..)
D’ailleurs je te conseille si tu n’a pas tenté, de lire son run sur Thor qui est encore en cours et qui est de qualité constante.
PS: A tu lis Secret Empire ou tu va faire l’impasse vu que c’est un event ?
PS (2) :J’ai lu la review, un point de vue que j’aime beaucoup, personnellement je suis pas encore assez dégoûté de Marvel pour les arrêter (Alors que sa fait a peine 4 ans que je me suis mis a Marvel, l’éditeur arrive a me dégoûter trés rapidement ^^)
Cet article est tellement bien écrit que j’ai du mal à y poser des mots.
L’évolution des X-Men est une déception et tu vas loin en développant les idéologies véhiculées.
Pour ma part, je ne reconnais plus mes héros. Je suis larguée dans cette version guerrière, violente et meurtrière où les héros tombent les uns après les autres, au sens propre comme au figuré.
Et cette nouvelle version de Hitchman, je ne comprends pas quel est son lien avec la continuité, s’il y en a un. L’idée c’est quoi, tabula rasa ?
J’aurais aimé que l’idée de Matt soit suivie, ça aurait pu être réussi, mais non…
Pour éviter de relire tous les commentaires, c’est quoi l’option Matt ?
Oups ^^
La rédemption de Cyclope.
Agree avec toute cette analyse au sujet de Marvel éditions.
Je partage le même constat depuis la moitié des 90’s au sujet des X-titles, que j’ai abandonné dans ces eaux là … Quelques lectures prélevées ici et là me tenaient au jus de l’univers X (pour lequel, néanmoins, je regrette les tenues disco …. Regret qui s’étend à tous les Supes d’ailleurs) …
Marvel edition, dans ses pages, a tourné le dos à l’héroïsme … et fait contresens avec le genre revendiqué de cette lecture : le super-héros. Du coup la génération Bendis qui a découvert les comics Marvel avec lui ou Morrisson + tous ceux que tu cites dans l’article … n’a jamais eu que de légères et vagues effluves du parfum de l’héroïsme Marvel. Ton analyse désenchantée met bien le point là-dessus et ouvre un débat :
Est-ce dangereux pour les nouvelles générations d’être privée d’héroïsme et de bienveillance ?
La réponse semble couler de source mais je vais tout de suite l’enrichir par une autre question qui fait écho à ton article Bruce :
Peut-on encore appeler un héros, un héros, sachant qu’il a été pétainisé ? (Et sachant qu’en France dans les 40’s beaucoup de françaises et de français percevaient encore le vieux maréchal comme un héros …)
Aaaah la comm’propagandiste ça peut faire des ravages …
Je l’ai sûrement déjà dit sur un article ou un autre mais On lisait pas mal de comics avec mon frangins et à un moment et cela malgré les « post moderne machins truc trop intelligents » on s’est quand même posé la question: quand les super héros ne sont plus ni « super » ni « héros », qu’est-ce qui reste?
J’ai survolé la dérive mutant à base isolationnisme, de repli et tout ça…
Malheureusement la franchise mutante a toujours été chez Marvel le reflet politique du monde réel..
Le vrai monde est bien plus malade que la franchise X….
le droit à la différence est peu à peu devenu le devoir à la différence et un certain rejet de la norme segmente les petits clubs en de petites poches autistes de gens « anitspécistes » ou « LGBTQ » ou « vegan » ou antiraciste
chacun possède un combat mal-compatible avec celui de son voisin et surtout j’ai du mal à distinguer à ce jour une cause fédératrice qui rassemblerait l’ensemble des individualismes…
Les XMen comme à leur habitude se font un peu la métaphore de cela je trouve….
Hickman n’a pas d’autre choix que de faire tabula Rasa parce que…la continuité? d’accord mals laquelle? Claremont? Morrisson? Fraction? le bordel depuis Bendis?
ces dernières années chacun y a été de sa nostalgie personnelle de Whedon et sa fixette sur Claremont/Smith à Guggenheim et sa larmichette à Lobdell…
J’ai bien aimé la mini Rogue et Gambit parce qu’elle épousait parfaitement certains centres personnels de sérotonine mais j’ai bien conscience du côté sans lendemain.
J’ai donc assez confiance en Hickman pour tenter de rebâtir quelque chose sur les ruines fumantes du monde mutant… ou au moins le bénéfice du doute.
et puis ce sera un peu plus ambitieux que d’habitude alors tentons de profiter du truc.
Hello Bruce^^je profite de cet article sur les x-men pour te demander si tu as jeté un coup d’oeil sur power of x et house of x?car pour ma part,je trouve cela tjrs pas très bien dessiné et fort verbeux avec peu d’action….
Salut James,
Comme promis dans mon article MUTANT MASSACRE, je n’achète plus de Marvel depuis bien 4 ans. Lorsque les copains me filent les ALIAS de Bendis, VISION de King ou IMMORTAL HULK je les lis (et j’aime la plupart du temps), tel ce XMEN RED qui n’aura jamais fini chez mois en d’autres circonstances. Pour vous dire : je n’ai jamais acheté la mini série ICEBERG sur laquelle je me serai rué il y a des années.
Concernant les épisodes de Hickman, ce que j’ai pu le lire et seulement la couverture me confèrent une grande antipathie avec encore une fois des héros qui font la gueule et semblent plus inquiétants que bienveillants. Je n’oublie pas que Hickman a fait des héros marvel des héros génocidaires, donc à priori, sauf donation ou offrande, il y a très peu de chances que je lise tout ça…
génociadaires?
« génociadaires ? »
Ce qui arrive du côté des New Avengers/Illuminati avec les Incursions. Mais c’est surtout la Cabale qui s’occupe de ça (Thanos, Maximus, etc…).
Merci pour ce cri du cœur!
En effet, les Watchmen et Miracleman d’Alan Moore étaient des avertissements sur les dérives fascistes des super héros, pas des gabarits à suivre…
J’ai essentiellement cessé de lire des BD de super héros durant les années 90. Mes X-Men sont ceux de Clairemont, Byrne et Romita Jr, avec leur ébat mélodramatique et leur courage honorable sous la pression constante de leurs ennemis.
J’ai trempé depuis le pied de temps en temps dans la continuité Marvel, mais chaque fois j’étais rebuté par la noirceur et hyper complexité déroutante que l’univers accumulait au fil du temps. Je renoue avec le genre à tâton depuis, mais les X-Men continuent de me rebuter. J’apprécie beaucoup ce survol moral et éthique de leur évolution dans les dernières décennies.
C’est le Hawkeye de Fraction et Aja, la She-Hulk de Soule et Pulido et la Squirrel Girl de Ryan North et Erica Henderson qui m’ont réconcilié avec le genre. Ils ont tous en commun le rejet de l’approche grim-and-dirty que tu déplores dans cet article, pour une approche plus humaine et positive. Plus précisément, c’est quand un super-héro ne se compte plus en super héros que ma curiosité est piquée. 😉