Pas le canard que vous croyez

Howard the Duck: The Complete Collection par Steve Gerber, Gene Colan, et Frank Brunner

Il y a dû y avoir une erreur de casting

Il y a dû y avoir une erreur de casting©Marvel Comics

AUTEUR : PRÉSENCE

VO : Marvel

VF : /

Ce tome contient les épisodes 1 à 16 de la série Howard the duck (en abrégé HtD) et le numéro annuel 1, ainsi que sa première apparition dans Fear 19, et celles dans Giant size Man-Thing 1, Marvel Treasury edition 12, et des extraits de Giant size Man-Thing 4 & 5.

Ces épisodes sont initialement parus en 1976/1977, et ils ont tous été écrits par Steve Gerber. Les dessinateurs sont Val Mayerik (Fear 19, HtD annual 1, Giant size Man-Thing 1), Frank Brunner (Giant size Man-Thing 4 & 5, HtD 1 & 2), John Buscema (HtD 3), Gene Colan essentiellement encré par Stev Leialoha (HtD 4 à 15), et Sal Buscema pour Marvel Treasury edition 12.

Howard le canard est (comme son nom l’indique) un canard anthropomorphe venant d’une autre dimension, avec des pieds palmés, des mains à 4 doigts, une veste de costume bleue, des gants blancs, un minuscule chapeau, et il fume le cigare. Il est arrivé par inadvertance dans notre réalité, lors d’une crise survenue au nexus des réalités (dans un marais de Floride où réside Man-Thing). Il a fini par rester pour de bon à Cleveland, où il s’est lié d’amitié avec Beverly Switzler. Ce n’est pas un superhéros, malgré ce que pourrait laisser penser le choix de la couverture pour ce recueil.

La première apparition de ce canard qui fume le cigare

La première apparition de ce canard qui fume le cigare©Marvel Comics

Après avoir accompagné Man-Thing et quelques autres dans un imbroglio transdimensionnel, il se retrouve sans le sous et sans emploi à Cleveland, dans l’état de l’Ohio. Au cours de ces nombreux épisodes, il va se retrouver à combattre une vache vampire (avec une cape), un sorcier souhaitant récupérer un objet de pouvoir (avec une apparition décalée de Spider-Man), l’homme-navet (sic), un somnambule magicien, un bonhomme de pain d’épice géant, les 4 membres de KISS, etc. Un concours de circonstance va le pousser à se présenter comme candidat à la présidentielle des États-Unis.

Ce recueil se termine avec de nombreux bonus, dont une postface en 1 page de Steve Gerber (datée de 2008), et une interview d’époque, de 9 pages, menée par David Anthony Kraft, beaucoup plus personnelle que ce à quoi on pouvait s’attendre (car parue dans un fanzine appelé FOOM, Friends Of Ol’ Marvel). Dans cet entretien, le lecteur a la confirmation de ce que lui a montré la lecture de ces épisodes : Howard, c’est Steve Gerber. Il n’y a qu’à regarder le sous-titre de la série : piégé dans un monde qu’il n’a pas créé (Trapped in a world he never made). Derrière les aventures hallucinées d’Howard, le lecteur a accès à ses pensées intérieures qui reflètent l’esprit d’un individu inadapté à la société dans laquelle il se trouve.

Par une nuit pluvieuse

Par une nuit pluvieuse©Marvel Comics

La transposition d’Howard en Steve Gerber n’est ni systématique, ni de tous les instants. En fonction des épisodes, Howard peut se conduire en personnage principal traditionnel, assez sarcastique, ou être vu par les personnes qu’il croise comme un imposteur, un nain dans un costume de canard. Le lecteur sent que le scénariste tente de jouer sur cette méprise comme d’un élément comique, mais le niveau d’humour reste bas. Ses opposants sont souvent de drôles de clients, de la vache mordue par un vampire, à une quadragénaire convaincue qu’il existe une conspiration de voleur de foie à laquelle Howard est associée. Il croise de rares personnages de l’univers partagé Marvel : Spider-Man, Hellstorm, Man-Thing, et KISS dans leur version superhéros à la sauce Marvel.

Au bout de quelques épisodes, c’est la liberté narrative qui frappe le lecteur de plein fouet. Alors qu’Howard a commencé dans une série obscure d’un personnage (Man-Thing, alors écrit par Steve Gerber) déjà bien éloignée du modèle de base des superhéros, il s’éloigne encore plus du moule Marvel. Il n’est pas question à proprement parler de supercriminels costumés.

You wanted the best, you got the best : KISS !

You wanted the best, you got the best : KISS !©Marvel Comics

Dans l’interview en fin de tome (ainsi que dans l’épisode 16), Steve Gerber reconnaît qu’il fait une concession majeure au comics de superhéros : inclure un affrontement physique par épisode, pour entretenir la dynamique du récit, mais c’est la seule. Il explique également qu’à l’époque l’expression créatrice des auteurs de comics était encore fortement bridée par l’existence et l’implémentation des exigence du Comics Code Authority, une forme de règlement d’autocensure mis en place par la profession pour éviter des récits trop traumatisant pour le public des enfants, avec le risque d’une censure extérieure plus drastique.

Toujours dans cette interview en fin, Steve Gerber revient sur la genèse du personnage. Il explique qu’il s’agissait d’un figurant dans une histoire de Man-Thing et qu’il avait explicitement précisé au dessinateur qu’il ne devait pas ressembler à Donald, pour éviter toute réclamation de Disney (il y en aura quand même). Au vu du caractère irascible d’Howard (et de son cigare), il y a peu de risque de le confondre avec Donald. La liberté de ton se manifeste donc dans la dimension loufoque des opposants, ainsi que dans les sujets abordés. Le scénariste peut aussi bien évoquer la difficulté pour une personne non-conformiste de vivre en société, que la religion organisée, que le paraître des hommes politiques, que le comportement potentiellement irrationnel des autres membres de la société, ou encore la déprime (proche de la dépression).

Le QG de campagne présidentielle, après le passage des militants

Le QG de campagne présidentielle, après le passage des militants©Marvel Comics

Dans l’interview, Gerber confirme ce que ressent le lecteur : il n’avait de plan à long terme pour Howard, préférant concevoir chaque épisode selon l’inspiration du moment. Ce genre d’approche narrative fonctionne donc plus sur les principes de la comédie dramatique, que sur le mécanisme d’une intrigue ambitieuse. En fonction de l’inspiration de l’auteur, le résultat peut être emballant (la dynamique de la candidature était personnelle et bien huilée), ou lassant (la suite de séquences liées à la déprime d’Howard). Dans les 2 cas, le lecteur n’a aucune idée de ce à quoi s’attendre.

Restant dans le cadre de récits destinés à la jeunesse, Steve Gerber se tient relativement éloigné d’une narration trop expérimentale ou psychédélique, pour rester sur la base d’histoires avec des personnages et une progression dramatique. Il aborde des sujets qui lui tiennent à cœur, et s’il n’était pas trop pressé ce mois-là, il réussit à mettre en scène ses propres convictions personnelles sur la solitude, la vie en société, l’amitié, et même la relation avec le lectorat. Ce dernier point est abordé dans l’épisode 16 de la série (le dernier de ce tome).

L'épisode 16 : des illustrations et des pavés de texte

L’épisode 16 : des illustrations et des pavés de texte©Marvel Comics

Le lecteur découvre une suite de dessins en double page, avec des pavés de texte écrits par Steve Gerber. Ce dernier explique qu’il était en retard pour rendre son histoire, mais qu’il ne souhaitait pas que ce numéro soit une réédition d’un numéro précédent (pratique utilisée à l’époque, en cas de créateur en retard par rapport à la cadence mensuelle). Il rédige donc un texte très personnel dans lequel il se met en scène, avec Howard comme expression de sa conscience. Le lecteur a du mal à croire que le responsable éditorial de l’époque ait pu donner suite à un tel écart par rapport à l’ordinaire des comics. À la lecture de ce texte, il apparaît que l’auteur tient un propos à destination d’adultes et pas d’enfants, ni même d’adolescents.

Plusieurs dessinateurs se succèdent pour mettre en scène ce canard d’une race à part. Le premier est compétent par rapport aux standards de l’époque, dans une veine réaliste, avec un bon niveau de détails. Par contre quand Val Mayerik revient pour le numéro annuel, ses dessins sont devenus assez laids. Le lecteur ressent tout de suite un changement de qualité pour le mieux, avec la quarantaine de pages dessinées par Frank Brunner.

Howard the duck, par Frank Brunner

Howard the duck, par Frank Brunner©Marvel Comics

Le niveau de réalisme est plus élevé, et les expressions du canard sont beaucoup plus parlantes. La mise en couleurs reste criarde et elle l’est tout au long du tome du fait de moyens techniques assez limités à l’époque. L’épisode 3 d’HtD permet d’apprécier une prestation honorable de John Buscema, pas trop pressé, mais par très inspiré non plus. Sal Buscema réalise un travail fonctionnel, assez laid en ce qui concerne les expressions des visages.

Environ les 3 quarts du volume sont dessinés par Gene Colan. L’association entre Howard et lui ne semble pas une évidence a priori. Pourtant son approche graphique est assez éloignée des standards des superhéros de l’époque, avec un rendu mettant en avant le mouvement, plus ou moins accentué en fonction des séquences. L’esthétique de Colan ne recherche pas la rondeur des contours, ni la propreté des surfaces. Les lignes de contour peuvent être torturées, cassantes, et les surfaces sont texturées par des traits ou de petits aplats de noir non significatifs.

Le découpage mouvementé de Gene Colan

Le découpage mouvementé de Gene Colan©Marvel Comics

Au final cette esthétique très particulière sert plutôt Howard, qu’elle ne le dessert. Il n’apparaît ni comme un superhéros, ni comme un ersatz de Donald. L’encrage de Steve Leialoha est assez respectueux des crayonnés de Colan, en y intégrant des aspérités ou des précisions de détails pas toujours en phase avec la composition générale du dessin. Ce n’est pas le meilleur encreur de ce dessinateur, mais il ne trahit pas non plus l’esprit des dessins.

Cette première moitié des épisodes d’Howard the Duck ne s’adresse pas à tous les lecteurs. Il vaut mieux être familier avec la forme des comics de l’époque, ou de Steve Gerber pour disposer de la motivation nécessaire, afin d’entamer cette lecture. Sous cette réserve, le lecteur découvre une série de Steve Gerber en total décalage avec la production de l’époque, très personnelle, et différente des autres qu’il a pu écrire (Man-Thing, Omega the Unknown, et autres). Une œuvre personnelle d’un créateur piégé dans un monde qu’il n’a pas créé.

La presse à scandale : zoophilie !

La presse à scandale : zoophilie !©Marvel Comics

19 comments

  • Matt & Maticien  

    Article très clair qui me donne envie de découvrir cet ouvrage par son thème, sa liberté de ton et me retient en même temps quand tu précises qu’il faut être « familier avec la forme des comics de l’époque », que le niveau d’humour parfois reste bas. J’ai aussi un peu de mal à me faire une idée du genre et de la tonalité générale de ce récit : entre vache vampire (loufoque?) et campagne politique (grinçante?).

    • Bruce lit  

      « Forever Young » 6/6
      Entrevu à la fin des Gardiens de la galaxie, Howard the Duck a été remis au goût (laqué) du jour ! Qui est il et que fait il ? Présence fait sa Duckface et vous explique tout ça nappé d’une sauce à l’orange !
      La BO du jour : A univers loufoque, groupe loufoque ! Dans « 13 » l’album de Blur le plus expérimental, Damon Albarn chante son refrain avec une voix de canard ! https://www.youtube.com/watch?v=wbbsiDm_z_4

  • Présence  

    Familier avec la forme des comics de l’époque – C’est une phrase à l’attention de Tornado. Le scénariste utilise des artifices comme Howard en train de se parler tout seul à haute voix pour expliquer ce qui se passe, ou son cheminement de pensée. Les thèmes sont adultes, mais la forme utilise des outils narratifs pour être sûr d’être compréhensible par de jeunes lecteurs.

    La tonalité générale du récit – Steve Gerber écrit ses épisodes au fur et à mesure sans plan préétabli, en fonction de son humeur du moment. C’est ce qui rend ces épisodes si personnels, mais aussi imprévisibles, et parfois loufoques, comme la vache vampire ou le monstre en cookie dont l’origine est calquée sur celle du monstre de Frankenstein.

    La forme d’humour – Le comique de situation sur l’apparence d’Howard (extraterrestre en forme de canard / nain dans un costume) ne m’a pas fait sourire. Par contre l’humour basé sur le comportement erratique ou irrationnel de certains personnages était plus à mon goût (cette dame d’un certain âge convaincue qu’il existe une conspiration de voleurs de foie d’êtres humains).

    • Bruce lit  

      Je sais enfin qui est HTD ! Youpi ! En cas d’attaque terroriste ce soir, je ne mourrai pas idiot….(on se console comme on peut).
      Les rares fois où il se pointait dans mes Comics préféré, je ne comprenais pas ce qu’il foutait là lui…..Un peu comme Deadpool qui m’agace à peu près autant dans son rôle de poil à gratter Marvel.
      Maintenant, voici une publication qui a sûrment souffert de ne pas être publié en Français pour en faire connaître l’audace que tu évoques ! Je trouve de l’idée du Nain déguisé en canard absolument irrésistible ! Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est le contraste entre le récit à destination des enfants et les dessins qui relèvent quand même de la charte graphique du récit d’horreur.
      Et puis les Comics Kiss, quoi…Il y a des fans de ce genre de truc ?
      En voyant Howard à la main, j’ai fait un lien, peut-être hors sujet avec Cerebus. Se pourrait il que les deux personnages aient des affinités ?
      Je vois enfin, que HDT ne te réconciliera pas avec Sal Buscema…

      PS : Ta phrase sur Howard et Donal n’est pas très claire…. »il ne devait pas ressembler à Donald, pour éviter toute réclamation de Disney (il y en aura quand même) » : tu parles de ressemblances ou de réclamations ?

      • Thierry Araud  

        Alors, le lien avec Cerebus, surtout sur la base de certaines techniques narratives (pavés de texte sans franche interconnexion avec la partie iconographique) a été souvent utilisée par Dave Sim, je me la suis posée à la lecture de cette superbe chronique (oui oui, je viens de me commander le bouquin…)
        ET oui, Bruce, qui peut s’intéresser à des comics KISS, voire même carrément à KISS…
        Je te le demande… Hahaha…

  • Présence  

    Je ne pensais pas qu’un article sur Howard the Duck pouvait avoir un pouvoir consolateur.

    Si ça peut te rassurer, je n’ai pas fait l’effort de chercher le comics de KISS édité par Marvel, pour le lire. Je me suis contenté de retenir l’anecdote sur le fait que chaque membre avait versé quelques goutes de son sang dans l’encre rouge utilisée pour l’imprimer (sous contrôle d’huissier), afin que chaque lecteur fan de KISS tienne dans sa main une élément de son idole.

    Formulation peu claire – Effectivement ça m’arrive quand j’essaye de faire des phrases trop synthétiques. Il y a quand même eu des réclamations de la part de l’entreprise Disney. En voyant que la notoriété de ce canard qui parle allait grandissante (en particulier du fait du battage médiatique organisé par Gerber autour de la candidature d’Howard à la présidentielle), la corporation Disney a exigé des changements significatifs dans son apparence, faute de quoi ils initieraient une procédure judiciaire. Afin d’éviter tout risque de confusion, ou toute accusation de plagiat, Disney a demandé qu’Howard porte un pantalon (entre autres).

    • Thierry Araud  

      L’épisode du sang versé dans l’encre rouge est d’autant plus savoureuse que du fait d’un imbroglio, cette encre n’aurai pas été utilisée pour le comics KISS…

      • Présence  

        Excellente chute (que je ne connaissais) pour un procédé marketing à l’image de KISS.

  • Tornado  

    Il ressemble effectivement à Donald, bien plus que je ne le pensais !
    La forme old-school sera obligatoirement un rempart pour moi. Je me demande même si je pourrais apprécier la série Tomb Of Dracula, qui m’a toujours attiré, avec les dessins du grand Gene Colan, à cause de ce type de narration que je trouve avant tout mauvais. Alan Moore tartine aussi ses pages de texte, mais c’est bien écrit. Par contre ces scénaristes old-school écrivaient avec les pieds je trouve.

    Personne ne parle de l’adaptation cinoche par Lucas ? Je me souviens l’avoir vue à sa sortie et l’avoir beaucoup aimée à l’époque ! Voilà une idée d’article ! 😀

    • Présence  

      Je n’ai pas vu le film de George Lucas qui semble faire l’unanimité contre lui, le film qui fait tâche dans sa carrière. J’ai préféré centrer mon article sur Steve Gerber plutôt que d’évoquer le film de 1986, ou d’évoquer son apparition à la fin des Gardiens de la Galaxie.

      Je croise toujours les doigts pour que Marvel reprennent la réédition des Tomb of Dracula, avant tout pour les dessins de Gene Colan.

      • Bruce lit  

        « Forever Young » 6/6
        Si Gustave Flaubert pouvait dire « Madame Bovary, c’est moi ! », Steve Gerber pouvait aussi prétendre « Howard the Duck, c’est moi ! ». Présentation d’un canard coincé dans un monde qu’il n’a pas fait, candidat à la présidence des États-Unis, qui a rencontré Kiss.

        N’ayant toujours vu Kiss que comme des voleurs d’Alice Cooper, leur musique m’a toujours été antipathique. Tout comme les interviews de Simmons qui ne parle de pognon et de business. Je crois que Thierry Araud est fan. Je me rappelle avoir lu leur truc chez Image , Circus machin…..Aucun souvenir….
        Mais j’ai bien envie de me laisser tenter par ce canard, fantasme intéressant d’osmose entre créateur et créature.
        Tu ne m’as pas répondu pour Cerebus. Ma question était débile ?

        • Présence  

          Il n’y a pas de question débile, juste des journées chargées en ce qui me concerne. En fait mes 2 neurones ne devaient pas bien être connectés, parce qu’il m’a fallu du temps pour retrouver le mot manquant dans ta question (épée).

          Tu as déjà pu constater que je suis plus prompt à identifier les particularités (et donc les différences) que les ressemblances. Ces épisodes datent donc de 1976/1977, et la parution de Cerebus a commencé en 1977. Effectivement, il est possible de trouver des images de Cerebus une épée à la main, défendant une gente demoiselle. À ses débuts, l’influence première et avouée de Dave Sim était le Conan de Barry Windsor Smith. Je pense donc que la ressemblance provient plus d’une forme de pastiche de Conan que d’une influence de l’un sur l’autre.

          Ensuite, la couverture du présent recueil correspond à 1 épisode dont le fond de l’intrigue n’est pas représentatif de la tonalité générale des épisodes. Le milieu naturel d’Howard n’est pas l’heroic fantasy. De son côté, Cerebus va quitter l’heroic fantasy à partir du numéro 26 pour se lancer dans une campagne électorale (évoquant fortement celle de la présidence des États-Unis.

          S’il me fallait trouver une autre ressemblance entre Howard et Cerebus, ce serait certainement l’investissement de leur créateur dans leur création. Steve Gerber s’est fait débarquer manu militari d’Howard qu’il avait créé dans le cadre d’un contrat de main d’œuvre pour Marvel. Il ne possédait donc pas les droits de propriété intellectuelle du personnage. Dave Sim s’est constitué auto-éditeur pour le premier numéro de Cerebus et n’a jamais changé de position. Il a toujours défendu l’idée que Cerebus n’est pas lui, principe qui a trouvé sa preuve dans des épisodes où Cerebus a rencontré son créateur (= Dave Sim).

        • Thierry Araud  

          Désolé Bruce,
          KISS n’a rien volé à ALICE COOPER. Pas plus qu’Alice Cooper n’a apporté beaucoup à KISS. Du moins c’est mon avis. Qu’ils s’en soient inspiré, là par contre c’est certain. Chaque membre de KISS jouait le rôle d’un personnage.La théâtralité de KISS était absolue là où celle d’AC ne servait que de mise en scène pour les spectacles. Les concerts de KISS n’étaient pas scénographiés en fonction des personnages. Ceux d’AC si ! Quant à la musique, le seul point commun que je vois c’est Eric Singer qui fut batteur des deux groupes.
          A en discuter plus avant avec toi et plaisir

          • Bruce lit  

            Ajoutons quand même la complicité de Bob Ezrin, le concepteur du son Cooper.
            MA critique est aussi rapide que facile mais pas infondée. Qui copie qui ? Alice et Bowie ont toujours clamé avoir été là l’un avant l’autre. Bowie a aussi déclaré que Kiss l’avait pillé.
            A priori, les Kiss m’ont toujours été antipathiques. Disons que par rapport à Alice, ils ont pris moins de risques, les Kiss étant un groupe et Cooper + Bowie ayant oeuvré le gros de leur carrière en solo.
            Maintenant, je ne demande qu’à être convaincu. Et peut être même décelé un soupçon de profondeur dans leurs chansons…

  • JP Nguyen  

    Je n’étais pas très familier avec ce perso mais je crois me rappeler que Steve Gerber l’avait ramené dans son run de She Hulk.

    « Ce genre d’approche narrative fonctionne donc plus sur les principes de la comédie dramatique, que sur le mécanisme d’une intrigue ambitieuse. » J’aurais été tenté d’essayer cette lecture, mais cette phrase et la disparité des artistes à l’œuvre me dissuadent plutôt.

    Merci pour cet article éclairant.

    • Présence  

      Je ne me souvenais même plus que Gerber avait écrit des épisodes de She-Hulk. J’ai été vérifié, tu as entièrement raison et Howard y faisait bien une apparition dans les années 1990.

      L’avis général veut que Steve Gerber n’a jamais pardonné à Marvel d’avoir refusé de lui reconnaître des droits sur Howard. Au delà de la boutade, Howard était vraiment une extension de son créateur, au point que peu (voire aucun) d’autres créateurs n’ont réussi à en faire quelque chose, si ce n’est une simple apparition pour le fun (et pour conserver les droits de propriété intellectuelle sur le personnage). Gerber a très mal vécu le fait de ne pas pouvoir récupérer sa création. On peut supposer qu’il n’est revenu travailler pour Marvel, que contraint pas les réalités économiques.

      Dans un souci d’apaisement, les responsables éditoriaux avaient proposé à Steve Gerber de réaliser une minisérie d’Howard pour la branche MAX, ce qui fut fait en 2002, dessinée par Phil Winslade. Je n’ai pas eu l’occasion de la lire, mais elle dispose de bonnes critiques, et Gerber s’est offert un malin plaisir en faisant en sorte qu’Howard passe la majeure partie de l’histoire dans le corps d’un rat anthropomorphe, délaissant ainsi son apparence de canard.

  • Thierry Araud  

    Bon, au delà de toute polémique musicale, je viens de recevoir ma commande de Howard et me suis déjà plongé dans sa lecture après quelques becquées félines (comprennent qui pourra) et mon sentiment est que MERCI !! Au delà de cet article, j’ai vraiment envie de découvrir le reste de l’oeuvre de Gerber, et partant de là, celle des Engleheart et autres Steranko… ET les prolongemets de Howard (à l’exclusion du dernier en date : plus de cigare et 5 doigts… HAAAAARRRRRRHHHHHHGGGG

    • Présence  

      De rien. Je garde un excellent souvenir des épisodes de Man-Thing de Steve Gerber (j’avais lu le premier Essential, et je vais faire l’emplette de la réédition du tome 2 en couleurs), ainsi que de ses épisodes des Defenders (même si ça commence à faire quelques années que je les ai lus). Pour avoir tenté des épisodes de Steve Englehart de la même époque, je n’y ai pas trouvé une personnalité aussi forte que celle de Gerber. Comme toi, je n’ai guère apprécié le retour d’Howard sous la plume de Chip Zdarsky (pourtant excellent dessinateur de Sex Criminals).

  • Jyrille  

    Tout comme Bruce, merci de m’apprendre qui est enfin ce Howard The Duck que je ne connaissais que par le film des années 80 (jamais vu en entier) et par la fin des Gardiens de la Galaxie. Cela a l’air très intéressant, et j’ai également pensé à Cerebus lorsque tu as parlé d’un épisode (ou plusieurs) avec une élection présidentielle.

    Je ne suis pas du tout certain de lire ça un jour mais maintenant je sais à quoi m’en tenir, ce n’est pas Disney qui débarque chez Marvel, c’est autre chose. Et c’est bien plus intéressant que ce que j’en pensais. Notamment pour le dessin qui m’a l’air travaillé et que tu décris si bien. Encore merci !

    Quant à Kiss, je ne pense pas que ce soit mon truc, mais en ce moment, je me fais plein de Melvins, et ils reprennent un titre de Kiss dans leur album culte Houdini, Going Blind.

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