Psyko Therapy (Harleen)

 

HARLEEN par Stjepan Sejic

Une évaluation de BRUCE LIT

1ère publication le 09/12/2020 – MAJ le 26/08/21

VO : DC Comics

VF : Urban Comics

Rhaa ! La cover de l’année ? De la décennie ?
©Dc Comics / Urban Comics

HARLEEN est un récit complet portant sur les origines de Harley Quinn et sa love story avec le Joker.
Il s’agit d’un Comics de plus de 200 pages écrit et dessiné par Stjepan Sejic, le papa, entre autres de SUNSTONE.
Harley Quinn n’est plus un personnage à présenter mais il est tout à fait possible de lire cette histoire sans aucune connexion avec le monde de Batman et du Joker.


A noter la très belle édition des éditions Urban même si la VO la surclasse : format Deluxe et couverture amovible bluffante.

Vous pouvez desserrer la camisole : aucun spoiler ne viendra étouffer votre plaisir de lecture.

Nous deux…
©Dc Comics

Avec Deadpool, Harley Quinn est le personnage que vous croiserez le plus souvent en conventions et autres festivals Cosplay (si un jour tout ça reprend).
Harley est nettement plus jolie que le mercenaire bavard, mais dans les deux cas, nous avons à faire à deux caractères borderline, tout de rouge vêtus et dont le caractère imprévisible et cartoony plaisent beaucoup.

Armée de son maillet, habillée en polichinelle, dotée d’un comportement de femme-enfant, on aurait tendance à oublier que dans une autre vie Harleen Quinzel était….psychiatre ! Une origine racontée dans MAD LOVE où la jeune doctoresse s’éprenait de son patient, le Joker.

Quelques films plus tard, Harley est un vrai phénomène de société et Sejic propose d’en raconter la YEAR 1 dans un format Black Label, le créneau autrefois réservé par Vertigo pour un lectorat adulte avide de sensations fortes. Il s’agit donc de gommer le volet grotesque et comique de l’histoire de Bruce Timm et Paul Dini pour en livrer une histoire d’amour dramatique avec la voix off de Harley omniprésente.

L’onirisme et l’expressionisme des jeux vidéos ARKHAM ASYLUM
©Dc Comics

1er constat : A l’inverse d’un Sean Murphy qui prenait de larges libertés avec la mythologie de Batman dans son WHITE KNIGHT, Sejic reste assez sage dans sa relecture des origines de l’Arlequine. On pourra même dire conventionnel. Voire timoré.

Harleen Quinzel est une jeune psychiatre de 30 ans qui prétend qu’en restituant l’empathie des criminels d’Arkham, il serait possible de les réhabiliter. Recrutée par Lucius Fox et financée par Bruce Wayne, Harleen va avoir carte blanche au sein de l’asile d’Arkham pour interroger Poison Ivy, Killer Croc ou Zsasz sur les motivations de leurs crimes et leurs éventuels remords.

Mais l’objectif d’Harleen est d’approcher le Joker qui un soir lui laissa la vie sauve alors qu’il était sur le point de lui loger une balle dans la tête.
Dès lors, insomniaque et accro à l’alcool, Quinzel ne va d’avoir de cesse de vouloir retrouver l’homme qui aurait pu la tuer, fascinée comme un papillon de nuit prêt à se bruler sur une lumière trop intense.

Le silence de l’agneau
©Dc Comics

Sejic tout au long de ce récit tente d’approcher Harleen avec respect : ce n’est pas l’écervelée que son image populaire pourrait laisser supposer mais un médecin compétent. Elle se bat dans un monde d’hommes pour s’imposer, manque de confiance en elle et d’amis.
Cette jeune femme est seule au monde, sa vie ne compte pour personne. Ses exposés ennuient son public et son comportement, coucher avec ses professeurs parce qu’elle aime les hommes mûrs, lui vaut l’opprobre de ses collègues.

Seijic s’inscrit en apparence dans le cahier des charges imposé par le Black Label de DC : délivrer des histoires de références avec une signature, un cachet visuel qui en jette, quelques Fucks non censurés et de l’érotisme soft.
Il suffit de regarder le regard incroyable qu’il donne à Harleen pour reconnaître qu’il signe le portrait ultime de ce personnage qui oscille entre fragilité et folie meurtrière. Ses planches sont fluides, formidablement aérées, souvent inspirées notamment lorsqu’il souligne l’expressionisme des duels entre Batman et le Joker.

Une femme perdue dans l’ultramoderne solitude de Gotham
©Dc Comics

Pour le reste, on pourra adresser à Seijic le même verdict qu’au JOKER de Lemire : euh, tout ça pour ça ?
Oui, fort de ses 200 pages, Seijic ne raconte pas grand chose et se perd comme son héroïne dans les couloirs de son ambition. On pourra même s’agacer du côté lisse de son entreprise.

Lisse comme son manque d’audace sûrement entravé par la direction de DC. On attendait du créateur de SUNSTONE (à qui il adresse un clin d’oeil amusant) beaucoup plus d’érotisme et de sexualité perverse à laquelle ces personnages sont susceptibles de se livrer.
Lisse comme son Joker, version adolescent bellâtre qu’il ne parvient jamais à rendre inquiétant ou effrayant. En rajeunissant ainsi son personnage, il tombe même dans un délit de racolage en faisant de lui, un bandit cool, romantique et surtout assez rationnel. Disons-le, son Joker est terriblement fade.

En un mot, Sejic commet en temps réel les mêmes erreurs que son personnage : il franchit les limites d’un dessinateur surdoué en voulant montrer qu’il est aussi un grand scénariste.
Las….son entreprise aurait été tellement plus audacieuses sans ces longues cellules de textes où la plupart des dialogues ne font ni progresser l’histoire ni susciter une quelconque empathie. Etrange jeu que cette femme qui cherche l ’empathie et Quinen suscite aucune.

Trop de blabla, j’ai donné déjà…
©Dc Comics

Sejic ne parvient pas à rendre cette psychiatre convaincante. Oh certes, il y a de longues pages qui rappellent à quel point notre civilisation ne fait que masquer notre sauvagerie, que Gotham est une bête sauvage prête à exploser et qu’il faut être un saint pour aller au Paradis alors qu’en étant soi-même on risque l’enfer.
Mais honnêtement, Seijic enfonce des portes ouvertes, use et abuse de tous les clichés possibles sur la sociopathie et la séduction que ces êtres sans limites peuvent exercer sur les plus frustrés qui respectent les règles.

Lorsque Thomas Harris met en scène Hannibal Lecter face à Clarice Sterling dans LE SILENCE DES AGNEAUX puis HANNIBAL, le public n’a aucune difficulté à croire en la compétence de son psychiatre cannibale et sa stagiaire douée mais hésitante. Par des jeux de labyrinthe fascinants, il parvient à nous convaincre de l’histoire d’amour perverse qui se construit sous nos yeux horrifiés.

Seijic, lui, met en scène deux adulescents avec un crush amoureux dans un asile. C’est TWILIGHT chez Batman… Faute de sexe et d’extrémité, il faut digérer des chapitres embarrassants où Harleen est plus convaincante en Florence Nightingale (le syndrome de l’infirmière qui tombe amoureuse de ses patients) qu’en experte de l’âme humaine et qui couche avec le Joker dans sa cellule sans que personne ne se pose de questions… Certains baisent dans les chiottes des avions ou des discothèques, d’autres dans une cellule entourés de gardes armés et de caméras désactivées…

Une rencontre marquante avec Batman
©Dc Comics

Harleen ne dispose jamais ni du vocabulaire d’un psy (un comble lorsqu’un scénariste accorde autant d’importance à ses dialogues) ni encore moins des pare-feux permettant de rester à distance de son patient. Le lecteur connait parfaitement la fin : elle va succomber au Joker qui la manipule mais il lui faut 200 pages quand une bonne quarantaine aurait suffi. C’est long, bavard, pas pertinent pour un sou et surtout assez maladroit dans son approche de la psychiatrie : jeter une jeune femme fragile dans l’arène d’un tueur en série sans supervision, relectures de ses notes ou travail en équipe. C’est un peu comme si on précipitait un jeune Jedi en colère et frustré dans les rets d’un Sith manipulateur et machiavélique….

Dans cette psychologie de bazar, on pourra retenir une analogie avec le monde du super-héros : un homme seul capable de s’élever contre les injustices, une femme seule, persuadée dans son complexe du messie, de soigner les psychoses d’un asile d’aliénés sans en avoir ni les compétences ni l’envie.

Une déception immense venant d’un label qui explora comme personnes le fil tenu entre l’identité et la folie (HUMAN TARGET). En terme de lecture mature, le fan de comics avalera de travers ce Canada Dry ni profond ni divertissant (ce que MAD LOVE était).

Fade, interminable, répétitif, peu convaincant on se prend à rêver d’une version allégée de ce bel objet où Seijic aurait eu d’avantage confiance en ses talents inouïs d’illustrateur pour un réaliser un album nimbé de silence, de mystères et de non-dits : c’est avant tout de cela que la folie se nourrit.

Le silence est d’or…
©Dc Comics

La BO du jour Docteur est-ce que je peux vous embrasser ? Je saurais être patient.


37 comments

  • Manu  

    Merci de confirmer ce à quoi je m’attendais : c’est assez plan-plan… Pour ma part je trouve qu’il n’était pas utile de rajouter plus de choses sur Harley Quinn.

  • Présence  

    J’aime bien comment ton article fait apparaître que Stjepan Šejić sait donner une personnalité à Harley Quinzel :

    – Quinzel ne va d’avoir de cesse de vouloir retrouver l’homme qui aurait pu la tuer,
    – Elle se bat dans un monde d’hommes pour s’imposer
    – Une jeune femme est seule au monde, sa vie ne compte pour personne.
    – Un professionnelle trop experte dont les exposés ennuient son public
    – Son comportement, coucher avec ses professeurs parce qu’elle aime les hommes mûrs, lui vaut l’opprobre de ses collègues.
    – Une femme seule, persuadée dans son complexe du messie

    Ça ne m’a pas gêné que Šejić ne dispose d’un vocabulaire psychologique ou même d’un bagage suffisant pour être crédible, parce que je n’avais pas d’attente sur ce point-là. J’ai bien aimé comment il montre que le sort d’Harleen Quinzel est directement lié à l’existence de ces criminels sans remords, la mettant au pied du mur quant à ses pratiques thérapeutiques. Je pense qu’il aurait pu aussi développer des thèmes qu’il ne fait qu’initier comme le besoin de sécurité et la transgression.

  • Nicolas  

    Personellement j’ai adoré cette lente descente aux enfers d’Harley Quinn, superbement mise en images (ha ha) par l’auteur de Sunstone. Bonne histoire, un Joket psychopathe et manipulateur dans une ambiance glauque.

    Super album.

  • Bob Marone  

    Tout est dit. Une déception, sauvée par le dessin. Là où on attendait le décorticage d’une emprise conduisant à une relation de domination sulfureuse on a une bluette kawaï. Ce Black Label manque décidément de noirceur…

  • Eddy Vanleffe  

    pas lu et pas eu envie du tout. j’ai vu les scans et je me suis dit que c’était Mad Love dessiné façon sérieuse et en rajoutant un contexte qui fait de Harley une héroïne et non plus la psychopathe tarée qu’elle était. Bien sûr on l’aimait à cause de sa relation malsaine avec le Joker mais elle n’est pas une « innocente », elle est vicelarde aussi…

  • Tornado  

    Pareil, je me suis méfié d’emblée de cette sortie surmédiatisée. De temps à autre, on a comme ça un comics qui soulève une émeute avant même sa sortie, et des tas de fanboys qui crient au chef d’oeuvre avant même de l’avoir lu. Ici la hype est double entre le personnage et son auteur (et dessinateur).
    Merci de me conforter, moi et mon porte-monnaie. Je lirai peut-être ça à l’occasion si on me le prête pour la beauté des planches…

  • Jyrill  

    Alors oui, tu as bien raison : cette couverture est magnifique. J’ai un peu honte de dire que je n’ai encore lu aucune bd dessinée par Stjepan Sejic, car tous les scans ici présents, ainsi que les articles de Présence sur d’autres ouvrages de cet auteur, donnent vraiment envie de les regarder et les lire… J’essaierai sans doute un jour (j’espère).

    Qu’entends-tu par version Deluxe en parlant de l’édition VO ?

    Merci pour l’article en tout cas, ça m’évitera de craquer bêtement, surtout que à ce que je vois, comme souvent, c’est la version du Joker qui dérange : pas assez fou, pass assez malade. C’est vrai que Sean Murphy avait réussi à passer cette épreuve. Si ici, le label Vertigo devient très sage ou alors, tout simplement de l’adulte pour adolescent (lorsqu’on parle de bd mature qui au bout du compte n’ajoute que de la violence et du sexe sans plus de réalisme), cela signifie que nous ne sommes pas la cible.

    La BO : bien cool

  • Bruce lit  

    @Manu : c’est effectivement le coeur de l’affaire : 200 pages de belles illustrations qui finalement n’amènent rien à un personnage assez limité. En tout cas dans son identité civile.
    @¨Présence : heureusement qu’il ne faille pas avoir un doctorat en psychiatrie pour écrire du comic book. Mais en situant 200 pages dans un asile d’aliénés, il faut quand même en avoir les codes et l’ambiance. Morrison fait ça très bien dans ARKHAM ASYLUM. De Matteis aussi. Là, on se croirait d’avantage dans un foyer jeune travailleurs.
    Toi qui as lu et aimé Sunstone, est-ce que Steipjic est plus convainquant dans la psychologie de ses personnages ?

    Au delà de ça, je me suis posé des questions sur l’iconographie de ce personnage : elle est devenue une sorte d’icône féministe alors que tout ce que j’ai lu (assez peu en fait mais suffisamment pour m’en faire une idée) la montre se plaçant en tant que femme soumise.

    @Nicolas : faut toujours que tu fasses tout à l’envers 😉

    @Bob Marone : Bluette Kawai est un bon terme oui. Cet article est un Bullshit Detector qui n’en dit pas le nom…

    @Tornado : vraiment le Joker de De Matteis est tellement d’un autre niveau. Tu devrais t’y retrouver.

    @Cyrille : DC a choisi un grand format cartonné et très élégant avec une couverture amovible magnifique. Ma déception vient effectivement que lorsque on dévoile à ce point l’âme d’un personnage avec cette couverture incroyable, on se montre si limité à en décrire les méandres.
    La BO : oui, la chanson d’Alister se prête étonnamment bien à l’article du jour .

    • Nicolas  

      Individualiste, je suis le chemin qui me plait.
      J’aime Harleen, mais c’est clair que pour la sexualité du Joker et de sa « copine » on repassera, ca reste édulcoré. Sunstone brisais pas mal de tabous sexuels.

    • Présence  

      J’aime bien la manière dont il met en scène le caractère de chacun de ses personnages dans Sunstone, mais ce n’est pas de la psychologie, car il y a une fibre romanesque, que tu avais même trouvée trop fleur bleue pour être crédible.

    • LrrF  

      Pour son statut féministe, c’est je crois quelque chose de récent qui date du run de Jimmy Pallmiotti et Amanda Conner où elle est présentée comme s’étant échappée de l’emprise du Joker. Elle est donc devenue une sorte de modèle sur ce point-là.

      Sinon, bel article comme souvent.

      • Bruce lit  

        Ah sans doute
        Il me semble désormais qu’elle est aussi bisexuelle avec Poison Ivy, c’est ça ?

        • Eddy Vanleffe  

          Ca, ça vient de l’animé par contre..il y a un épisode qui est très ambigu la dessus.
          Dans la mini série Poison Ivy/Harley Quinn de Paul Dini et Bruce Timm, c’est déjà fortement sous entendu et c’est un peu cette série qui a servi de fondation pour décrire le personnage chaotique bon qui depuis a fait beaucoup de chemin.
          Bon moi j’aimais bien son costume d’Arlequin…
          le version moderne en perdant son coté cirque décadent perd énormément aussi. mais c’est celle-là qui a eu un succès foudroyant.

  • Matt  

    Dommage, ça me tentait. J’aime beaucoup le dessin de Sejic.
    Après voilà…je me méfie maintenant. Il y a toujours l’effet médiatique qui dit que c’est bien, et puis ensuite les rebelles qui vont prendre un malin plaisir à dire que c’est naze même si ça reste correct, histoire d’aller à l’encontre du consensus.
    Du coup à part se faire un avis personnel…

    • Bruce lit  

      Salut Matt
      Je partais sans à priori négatif car la couverture m’a vraiment stupéfié. Je pensais vraiment lire un truc profond d’anthologie.
      Toi qui aimes bien Harley, tu peux décrire ton attachement au personnage ?

      • Matt  

        Euh…mon attachement date d’avant la « hype » autour du perso hein.
        Maintenant c’est un peu le ras le bol.
        ça remonte à la série animée Batman. Elle était marrante. Et il y a des épisodes où elle essayait de se réhabiliter, et on voyait bien qu’elle souffrait d’une dépendance affective maladive envers le Joker. Elle devenait pote avec Poison Ivy qui lui disait que les hommes c’était pas bon pour elle, et en effet dès que le Joker se pointait elle retombait en dépendance. C’était original, c’est tout. Une méchante un peu délurée et malade d’amour.

        Maintenant le perso est un peu trop souvent une blague pour mettre en scène des trucs foufous.
        Du coup ce comics qui pouvait réécrire un peu le perso en mode sérieux pouvait être intéressant, plutôt que les 150 titres Harley Quinn contre l’univers DC (c’est devenue la Deadpool de DC non ?)

        • Tornado  

          Le hasard veut qu’hier, avec mes enfants, on a regardé l’épisode fameux de la série animée avec le Joker et Harley (celui où le Joker transforme tous les poissons de Gotham à son effigie). C’est une adaptation d’un vieux comics old-school balourd (que j’ai lu) sans Harley au départ.

          • Matt  

            J’ai la série en VO + VF, et Mark Hamill est complètement cinglé dans cet épisode niveau doublage du Joker en VO^^ Les rires de malades…

        • Bruce lit  

          Harley Quinn contre l’univers DC (c’est devenue la Deadpool de DC non ?)
          Oui, c’est ce que j’explique en préambule

          • Matt  

            Ouais mais voilà entamer une lecture en se disant « oh non encore ce perso » c’est pas « sain »
            Si le perso te gonfle et que tu ne peux pas faire abstraction de ce qu’il est devenu médiatiquement, bah ne lis rien sur elle.
            EN théorie t’es censé être intéressé un peu par ce qu’on va te raconter ou par les possibilités du personnage. Si tu es rebuté d’emblée, what’s the point ?^^

            Moi je suis attaché à un perso que j’ai bien aimé dans le dessin animé, dans certains comics…et les tonnes de trucs à base de Harley héroïne fofolle qui parle au lecteur façon Deadpool, bah je ne lis pas !

  • Surfer  

    Non, je vais peut-être te décevoir Bruce mais j’aurais au moins appris un truc en lisant l’article d’aujourd’hui et celui consacré à KILLER SMILE de Lemire : Ne jamais se fier aux avis glanés sur internet ! Même venant d’un blogueur érudit 😀😉

    Ton avis n’est finalement qu’un avis parmi d’autres.
    Et si je t’avais écouté je serai passé à coté de 2 œuvres qui valent vraiment la peine !
    Elles sont largement mais alors largement au dessus des comics tout venant que nous servent actuellement les différents éditeurs.

    Le récit est bien écrit , la caractérisation des personnages est solide.
    Tu dis que tout le monde sait comment l’histoire va se finir ! Ok d’accord et alors ? Ce n’est pas du tout l’intérêt du truc. Ce qui est intéressant c’est de savoir comment on en est arrivé là ! C’est très bien expliqué, développé et parfaitement acceptable.
    Et non, le récit n’est pas trop long pour expliquer tout ça !

    Le récit ne va pas assez loin dans la perversité.. Ok, il ne le montre pas…il n’y a que des sous entendu. Mais si tu n’es pas satisfait il existe aussi des œuvres pornografiques 😉.

    La BO: Pour le coup elle est encore plus mièvre que le comic book présenté.

    • Matt  

      C’est vrai que le coup du pas assez loin dans la perversité…on est chez DC, on peut faire une origin story sans tomber dans le trash. ça reste du mainstream.

      Ce qui me gêne, c’est plus les réactions à l’article que l’article de Bruce. Les « ah ouais c’est médiatisé, je savais que ce serait naze » ou « bah voilà encore un truc qui a déjà été dit »
      Euh oui ok mais une origin story, en effet, ça va re-raconter ce qu’on connait. Si ça ne plait pas, faut pas la lire.
      Et les trucs médiatisés…pourquoi sont-ils médiatisés ? Faut-il forcément s’en méfier ? Je suppose que Sejic a le vent en poupe (ou qu’il illustre beaucoup sur les réseaux sociaux pour faire sa promo) alors quand il fait un truc, il se fait remarquer. Mais cette hype médiatique n’est pas censés impacter le jugement sur le travail accompli. Il n’y est pour rien si plein de gens vont dire que c’est génial sans lire son comics. C’est pas une raison pour boycotter le truc par principe.

      • Tornado  

        Ce n’est pas la question de boycotter. Mais partant d’un personnage qui ne m’intéresse pas, même pas un brin (j’aurais plus tendance à le trouver horripilant en règle générale), par un auteur auquel je ne me suis pas du tout intéressé, qui fait en parallèle des comics dont le sujet est aux antipodes de mes attentes en matière de lecture. Enfin bref, partant de là, toute cette hype, là, c’est pas ça qui va me faire l’acheter, quoi.
        Je me suis fait avoir une ou deux fois avec des comics que j’ai trouvé nuls de chez nuls : LE MAGICIEN D’OZ de Skottie Young (une hype titanesque pour un truc kawaï imbittable), et HAWKEYE par Matt Fraction (un trip arty encore plus creux et vide qu’un rouleau de papier toilette, pour une hype également titanesque). Non, là, en précisant que c’est plus orienté ado avec une frilosité de surface, Bruce me démontre parfaitement que je n’ai pas à courir après cette lecture.

        • Matt  

          Dis comme ça, ça a du sens en effet^^
          La hype n’est pas non plus un bon indicateur de qualité.
          Mais pas de nullité non plus. C’est souvent nos attentes qui augmentent de manière irréaliste quand tout le monde dit que c’est génial. Et au final on est déçu…
          Mais bon à la base c’est peut être sympa malgré tout.

          Bon de ta part ça ne m’étonne pas trop de toutes façons vu que tu cherches les lectures adultes, intenses, voire trash, tout ça.
          Mais bon il ne faudrait pas s’attendre à ça dès qu’on ouvre un comics de super héros non plus. A la base c’est pas un concept très adulte les super héros. C’est pour ados, parfois adultes mais sans forcément être super mature non plus. On parle de mecs en collants qui poursuivent des méchants en collants.
          Je ne dis pas ça pour déprécier le genre, j’aime bien le genre, mais je ne m’y plonge pas en m’attendant à de la grande littérature super profonde.

          ça devient problématique si chaque comics doit maintenant tenir la dragée haute aux plus grandes œuvres sociales, politiques et s’adresser toutes aux adultes avertis.
          Vous cherchez au mauvais endroit je crois…
          Oui ok Moore est passé par là avec Watchmen.
          Cela veut-il dire qu’après ça, le super héros doit uniquement s’adresser aux adultes et être hyper intelligents et complexes, pervers, sombres…?
          Bah et le public plus jeune alors ? Il n’aurait plus droit au super héros ? Ce serait réservé aux vieux ? (qui ont accessoirement connu le genre quand ils étaient petits^^) Faut-il y voir une envie que le genre suivent nos propres vies et s’adaptent à notre âge en laissant derrière les nouvelles générations d’ados ?

          • Eddy Vanleffe  

            perso, j’essaie de m’extirper de la Hype comme tu dis. c’est pas forcément possible mais j’essaie de ne pas trop me laisser influencer.
            Mais pour Harley Quinn, j’aimais énormément la première version beaucoup plus « sue la corde ». bien sûr que la forme est plus « enfantine » avec le dessin animé comme modèle, mais Mad Love n’essaie pas de nous vendre un truc comme quoi Harley, finalement rien n’est de sa faute, c’est la faute du mode, de la société qui écrase tout. C’est elle qui a des failles, des failles que le Joker trouve et fouille sans vergogne, puis il est dépassé. là s’engage la relation d’amour/haine toxique entre les deux. violents frappadingues et amoraux. oui le JOker est un mâle qui a peur de perdre son emprise sur sa « muse » qui s’avère bien plus douée qu’il ne croit au départ ou même lui. mais elle, elle est à la fois totalement dévouée au Joker mais aussi bien plus instable et imprévisible et par dessus le marché, elle parvient à générer de l’empathie. Batman ne parvient pas à se battre à fond. ses anciens collègues viennent quand même lui rendre visite à l’hôpital et puis ce finish avec le rose, non seulement c’est poétique et malsain mais en plus, on brouille les cartes.; Qui est vraiment dans les filets de l’autre? L’ambiguïté du récit de départ affirme la complexité des personnages qu’on ne juge pas. on les observe simplement.

        • Bruce lit  

          Sans doute que Matt, plus retiré des réseaux sociaux que nous le sommes est moins excédé et c’est tant mieux.

    • Bruce lit  

      @Surfer
      Non, non, non : je dois avoir moins de 10 bouquins érotiques à la maison. Je ne suis fasciné ni par la pornographie ni par la représentation scabreuse du sexe. Mais, si tu regardes un Tarrantino, un Cronenberg ou un Lynch, tu sais que l’artiste va t’emmener dans un univers non conventionnel où ses fantasmes n’auront pas de limites. C’est que j’attends d’un rejeton de Vertigo qui aura été l’éditeur n’ayant ni tabou ni œillère.
      Or la signature, le cachet et le résultat final produisent une BD bien réalisée mais sans contenu pertinent. Si tu prends Harley à la page 100 et la page 10, il n’y a quasiment pas eu d’évolution. Elle attend juste le feu vert de son réalisateur pour tomber dans les rets du Joker.
      Le comment on en est arrivé là m’a laissé tiède.
      Ceci dit si le critère d’un lecteur fidèle et dévoué est d’aller contre ma critique, c’est étrangement un gage de succès. Je sais moi-même qu’en allant contre telle ou telle signature dans RnFolk j’aimerais souvent. Ce qui importe c’est d’être lu.

      • Surfer  

        « Mais, si tu regardes un Tarrantino, un Cronenberg ou un Lynch, tu sais que l’artiste va t’emmener dans un univers non conventionnel où ses fantasmes n’auront pas de limites. C’est que j’attends d’un rejeton de Vertigo qui aura été l’éditeur n’ayant ni tabou ni œillère »

        C’est ce que tu attends toi ! Mais est-ce réellement l’objectif de l’auteur ?
        Faut-il aussi toujours nous emmener dans cette direction pour donner de la plus value a un récit ? Celle qui flatte les bas instincts ?
        Je ne crois pas !
        Chaque auteur a son style et peut aussi écrire de bonnes histoires sans mettre le curseur trash a son maximum !

        S’il faut toujours partir dans des délires complètement nauséabonds et malsains du style CROSSED de Ennis pour plaire. Je crois que j’arrêterai de lire des comics .

        Autre chose que j’ai du mal à percuter et qu’il faut vraiment que l’on m’explique. Comment peut on encenser des séries comme les RUNAWAYS de Brian K Vaughan qui au passage est une très bonne série mais totalement dédiée à un public adulescent. Et d’un autre coté faire le reproche au ARLEEN de Šejić ?

  • Bruce lit  

    @Matt : mais mais c’est ce que je viens de te dire : je n’avais pas d’à priori négatif. La Cover mettait bien les compteurs à zéro. Je voulais vraiment découvrir cette Harleen

  • Michel  

    Tu vieillis garçon ? Je te trouve très gentil pour une fois. Bien vu le parallèle avec THarris mon loulou.

  • JP Nguyen  

    Euh… Je vais être un peu de l’avis de Matt, je préférais la Harley Quinn bien déjantée et déjà un peu pourrie à la base, celle de Mad Love.
    Là, le côté fille paumée et séduite à l’insu de son plein gré, c’est un choix de scénario différent mais ça ne me plait pas trop.
    L’esthétique du dessinateur est chouette. La dernière planche muette montre une belle attention portée aux postures et visages.
    Bon, là aussi, je vais passer, je ne suis pas le bon client pour ce produit (et ça me navre, car j’ai l’impression de répéter ça très souvent, comme si mes envies de lecture subissaient une forte et inexorable érosion…)

    • Matt  

      Te plains pas, ça soulage ton portefeuilles^^
      Moi il a pris cher récemment.
      Entre des figurines et plein de Hulk…(voui je vais me mettre à lire le Immortal Hulk de Ewing…et j’ai farfouillé pour choper du Hulk de Paul Jenkins aussi)

  • Kaori  

    La couv est très belle.
    Pour le reste, je n’ai jamais trop apprécié le personnage de Harley et sa fascination pour le Joker. Si en plus tout est justifié par l’extérieur au lieu de sa personnalité borderline…
    Je passe.

    La BO : ah mais moi j’adore ce titre ! Mièvre peut-être mais très entêtant et bien trouvé !

  • Bruce lit  

    @Michel et Surfer .
    Vieillir je ne sais pas, mais dans cet article est argumenté et construit comme d’habitude avec plus de mesure . Je ne crois pas n’insulter personne ni être méprisant.
    Présence a bien délimité le terrain : je trouve l’écriture de Stepjic assec cucul la praline. Peut-être ne l’est-il pas pour les autres, mais pour moi oui.
    Pour Surfer Alister est mièvre alors que pour moi et Kaori il y a plein de jeux de mots et de sensibilité.

    « C’est ce que tu attends toi ! Mais est-ce réellement l’objectif de l’auteur ? » Non, mais c’est ma grille de lecture. Elle a évolué avec le temps mais les critères restent les mêmes : être touché. Le portrait de cette femme en plein crise de nerfs, couverte de sang, les yeux psychotiques et pleins de détresse, c’est une promesse de pénétrer dans une lecture atypique. Et je fais part de ma déception d’avoir lu un roman photo gentil et sans grande consistance. Une mise en scène chic pour un fond un peu toc.

    Prenons le groupe préféré de Tornado, Les Ramones. Lorsqu’ils signent avec Phil Spector, tes critères et tes attentes changent. C’est du Punk mixé avec de la pop. Or pour moi le BlackLabel , c’est un peu ça : de la pop et de l’outtrance. C’est du Super Heros qui est vendu comme du futur classique. Harleen y entrera très probablement mais pour d’autres raisons.

  • Surfer  

    «  Non, mais c’est ma grille de lecture. Elle a évolué avec le temps mais les critères restent les mêmes : être touché. Le portrait de cette femme en plein crise de nerfs, couverte de sang, les yeux psychotiques et pleins de détresse, c’est une promesse de pénétrer dans une lecture atypique. »

    C’est exactement cette promesse que tu expliques qui m’a personnellement touché. Car en ce qui me concerne cette promesse a été tenue.
    Et j’ai pris un immense plaisir à lire ce comic. Effectivement on n’a pas la même sensibilité. Mais c’est pas grave il en faut pour tout les goûts.

    Alister, désolé mais je ne peux pas … Et pour rendre hommage à Lennon avec un jour de retard et se remémorer son terrible assassinat d’il y a 40 ans. Je reprendrai une de ses déclaration qui est tout à fait adapté à la musique de Alister: Le rock français c’est comme le vin Anglais … A méditer…

    • Matt  

      Bon si tu as aimé à ce point, peut être qu’il faut que je me fasse mon propre avis.
      Des fois c’est encore la meilleure chose à faire^^

      En fait…c’est même tout le temps la meilleure chose à faire, mais on ne peut pas se le permettre, faute de temps et d’argent^^

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