Reine Collection (Chroniques Queen)

Focus: Les albums studio de Queen

Une suite de vieilles chroniques de CYRILLE M

1ère publication le 05/06/20- MAJ le 27/11/21


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Notre consommation de musique a changé. Depuis un bout de temps déjà. Malgré moi, j’avais récupéré, vers 2012, les intégrales de Queen, de Prince, des Beatles, de Pink Floyd. On me les avait gentiment données. Mais cela impliquait également d’écouter tout ça. Et il m’a fallu du temps. D’ailleurs, je n’ai pas encore atteint le bout de l’intégrale de Prince. De plus, lorsque je parle d’intégrale, souvent, cela n’implique pas toutes les faces B, les EPs, les singles, les lives… Parfois oui (Prince).
Pour je ne sais plus quelle raison, j’avais décidé de me faire celle de Queen en 2013. Je me suis alors rendu compte d’une chose : apprécier la carrière d’un groupe ou d’un artiste avec le recul et en enchaînant les albums ouvrait des perceptions auparavant furtives, fugaces, couvées par la découverte du disque à l’époque de sa sortie ou de sa découverte. Ce qui change tout, le contexte n’ayant alors plus son mot à dire. Peu importent les succès du moment, la mode, la géopolitique, la société.
Depuis, je me suis donc fait tous les albums studio de Pink Floyd, tous les albums studio des Beatles, une grosse partie des Melvins, une autre énorme de Prince, presque tout Bowie aussi. A chaque fois, je découvrais de nouvelles sensations, même si je connaissais très bien les albums.
Queen fut le premier groupe qui initia cette façon d’écouter, et je dois avouer que désormais, c’est une de mes procédures d’écoutes favorite. Je fais partie d’un forum privé où nous adorons parler des disques que nous écoutons chaque jour. J’y ai commencé par commenter ces disques, quasi quotidiennement. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte qu’il fallait que je les archive quelque part. Je les ai mises sur mon blog et sur Amazon.
Je n’ai rien changé, juste corrigé quelques fautes. Vous verrez que ces textes sont proches de la discussion, souvent synthétiques. Mais j’espère qu’ils engagent à la discussion.
C’est également pourquoi il ne s’agit pas d’un Encyclopegeek. En bonus cependant, vous trouverez un Top 10 instinctif, qui rassemble les premiers titres marquants qui me viennent à l’esprit.
Cet article est dédicacé à Kaori, Eddy, Tornado et Présence.

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Première partie : les albums

II
Quel bordel. Alors oui, c’est un peu mieux dosé que le I (qui était chiant), mais c’est toujours bouffi de trucs et d’idées et ça part dans tous les sens, c’est éreintant. Tout Queen est déjà là, dans le son, les voix, les arrangements, les diverses influences, mais tout sonne comme un brouillon (The March Of The Black Queen est clairement un brouillon de Bohemian Rapsody), comme si ils voulaient, à chaque titre, montrer toutes leurs facettes. Et ça marche pas, pas assez de mélodies accrocheuses ou de direction qui donne au disque une cohésion.

Parce qu’ils ont autre chose à offrir : ils ne sont pas assez rock pour être The Who, mais ils aiment cette idée de rock-opera ; ils ne sont pas assez introvertis pour être Genesis, mais le progressif, c’est sympa ; ils ne sont pas assez charismatiques pour être T-Rex, mais le glam, c’est à la mode et ça le fait ; ils ne sont pas assez lourds pour être Led Zeppelin, mais le blues c’est pratique pour les gammes d’accord. Et puis ils aiment rigoler, contrairement aux autres pré-cités… Bref, tous les ingrédients sont là, mais la recette ne marche pas. Le déclic aura lieu juste après, dans A Night At The Opera.

Je n’ai aucune idée de ce que j’aurai pensé de ces deux premiers disques de Queen à leur sortie. Je pense que si c’était un groupe des années 2000, ce seraient leurs deux premiers EP, débarassés de boursouflures, et que leur premier album serait un mix des deux, ou A Night At The Opera.

SHEER HEART ATTACK
Ah ben voilà le premier album de Queen. Je me suis planté, il y a ce Sheer Heart Attack entre le II et A Night At The Opera. Sorti la même année que le II, comme quoi on ne peut pas leur reprocher d’être plein d’hormones heu d’idées. On retrouve tout ce qu’il y avait avant (glam, prog, hard) mais étonnamment cohérent, discipliné, et avec au moins un tube, en total décalage avec les modes de l’époque : Killer Queen. D’ailleurs c’est quoi comme genre de musique, ce titre ? De l’opéra-bouffe ? Du ragtime blanc ? Ils ont compris qu’un titre par genre, c’était plus efficace, la première face n’a aucune faille, y compris les voix de Mercury qui semblent enfin organisées. Bon après faut aimer.

La seconde face semble vouloir refaire celle de Abbey Road, avec des titres courts qui se suivent rapidement et n’est pas totalement réussie, à part le dernier morceau : premier titre où Freddie fait le crooner. Et il le fait très bien. C’est à la fois leur premier et leur dernier album, tout ce qu’ils feront par la suite restera dans ces frontières (assez larges quand même). Ce qui est remarquable, c’est qu’ils ne ressemblent vraiment qu’à eux, leurs influences entres Beatles et Led Zep auront donné un métis unique. Les seuls à ma connaissance qui auront envie de les imiter, c’est Van Halen.que_04

A NIGHT AT THE OPERA

Même si je ne les ai pas encore tous écoutés, c’est le moment Highlander : There can be only one. Ce disque est parfait, et semble être le meilleur Queen. Y a toujours tout ce qu’ils aiment avec le hard (Death on two legs), le glam (Sweet Lady), le prog (The Prophet Song) et des styles musicaux du passé que je serai bien en peine de nommer (d’ailleurs je suis preneur de ces infos si quelqu’un connaît dans quels genres évoluent Lazy on a sunday afternoon, 39, Seaside Rendezvous et Good company). Styles qui font faire de l’acoustique à Queen, et ça sonne très bien. Enfin, des idées partout, mais une dans chaque titre, finissant de définir un Queen protéiforme et qui réussit enfin à tout intégrer dans un titre indémodable, une de mes chansons préférées de tous les temps : Bohemian Rhapsody. Je me demande si le groupe allait bien à ce moment là : pourquoi God Save The Queen en fin d’album ? Pour dire que les meilleurs groupes sont Anglais ou prévoir leur fin possible ?

A DAY AT THE RACES

Encore un titre piqué à un film des Marx Brothers, une pochette qui rappelle la précédente mais noire au lieu de blanche, tout fait penser au premier abord à une continuité ou une complémentarité. Il s’agit du deuxième cas, tant on est loin de A Night At The Opera. Ici, tous les titres ont une durée proche (entre 3’30 et 5′), et semblent être des faces B, même si Tie Your Mother Down est un rock hyper efficace et Somebody to love une ballade grandiloquente (j’ai l’impression d’y entendre David Lee Roth reprendre Just a gigolo). Ils font preuve d’un savoir-faire évident, proposant des tubes calibrés, mais aucun humour à l’horizon ni même aucun risque musical (à part celui de changer complètement d’orientation pour quelque chose de facile à écouter). C’est sympa mais je me suis emmerdé. Ce sont des chutes de studio ou quoi ?que_06

NEWS OF THE WORLD
Durant l’été de l’année 1993, pendant de longues vacances à Argelès, mes amis et moi avons découvert comment les Allemands dansent sur We Will Rock You. Enfin, danser… ils se mettent à genoux, tapent par terre avec leurs mains puis claquent des mains pour suivre le rythme tribal de ce morceau d’ouverture à la fois étrange et totalement épuré, qui se termine avec un solo de guitare et qui me rappelle, par son format, le Eruption de Van Halen sorti l’année suivante. En gros, c’est le credo de News of the world, l’inverse de leurs premiers albums et même peut-être le vrai complément à A Night at the Opera : l’épuration. Ou comme on dit quand on est hype : less is more.

Comme toujours on retrouve le son Queen et leurs divers points de vue stylistiques, mais poussés au maximum de leurs racines : jamais aucun autre morceau de Queen a été aussi rageur que le hard-punk de Sheer Heart Attack (une chute de l’album du même nom sorti quatre ans auparavant), jamais ils ne feront un titre plus proche de Led Zeppelin avec It’s Late (un de mes titres préférés du groupe), jamais ils n’avaient été aussi loin dans la chanson romantique avec My Melancholy Blues. On entend bien que pour une fois, la production est brute, presque live, à la fois froide et directe. Je crois que pendant l’enregistrement, un groupe de punk enregistrait à côté, peut-être bien les Pistols, et que la cohabitation s’est mal passée. Normal, Queen représentait à ce moment la bête prog-opera à abattre. Peut-être l’esprit DIY de cette époque leur a soufflé cette production quasi basique et inverse à tout ce qu’ils avaient précédemment fait.

En tout cas ça marche car ils signent deux hymnes inusables, et j’aime à penser que We Are The Champions est une chanson sur les homos. L’album ne ressemble pas du tout à ces deux premiers titres, passant par la pop semblant sortir d’une comédie musicale (Spread Your Wings) à du blues sans chichis (Sleeping on the sidewalk) et du funk disco glacial (Get Down Make Love). Complètement disparate, il n’est pourtant pas indigeste, et entre Sheer Heart Attack et les titres de l’album suivant Jazz (Mustapha, Bicycle Race), un autre groupe a dû être très influencé par la liberté de ton et de genres que Queen représente si bien : Mr Bungle.

Un dernier mot sur la pochette. Pour moi, c’est sans doute une des premières pochettes peintes de cette qualité que je voyais, ne voulant pas être un montage ou une photo pour attirer l’oeil, mais bien un travail d’esthète. Et puis entre La planète sauvage et le Roi et l’oiseau, je me demande encore si le robot géant est juste un effet de mode ou stigmatisait l’esprit de l’époque, pessimiste jusqu’au trognon, punk et nihilisme.

Queen est au top même si on a le droit de ne pas totalement aimer News of the world. Mais leurs compétences sont totales et ils entrent définitivement au panthéon du rock à ce moment-là.que_07

JAZZ
Bon : c’est l’album fun. D’ailleurs y a un titre qui s’appelle Fun It dessus. Et puis dans Don’t stop me now, il dit qu’il s’amuse trop bien, ne l’arrêtez pas maintenant s’il vous plaît. Il paraît que la fête de lancement pour ce disque est mémorable, payée par le groupe (et pas la maison d’édition) avec des nains, des groupes de jazz, des nanas à poil etc… Jazz parce que le groupe est à ce moment complètement libre de faire ce qu’il lui plaît, et il va pas se gêner.

Il fait du music-hall, blues, chant de muezzin, pop, hard et même encore un peu de prog (à deux reprises : dans l’expérimental mais tubesque Bicycle Race, comme quoi pas besoin de suivre un format classique pour péter les charts, avec des bruits de sonnette au milieu, et dans le dernier titre, qui reprend des passages des morceaux précédents : tout ça, on l’avait entendu chez Genesis). Et avec humour. Définitivement consacré, composant un nouvel hymne (Don’t stop me now) mais cette fois, non martial : un hymne à la joie, un concentré de bonheur. Je pense qu’il est inconcevable de ne pas aimer ce titre. Enfin je vois pas comment on ne peut pas aimer. Je ne connaissais pas Mustapha et les autres, notamment le bluesy Dreamer’s ball. Mais je ne m’en passerai plus, Jazz est le troisième (et peut-être dernier) album nécessaire de Queen.

THE GAME
Ca a beau s’appeler The Game, on ne s’amuse pas beaucoup. Fini de rigoler. Pas pour Queen qui s’amusent comme des petits fous et écrivent un magnifique disco minimaliste avec Another One Bites The Dust, refont un revival 50’s, et comme d’habitude mélangent un peu tous les genres. Mais à l’image de l’horrible pochette, ça aurait dû rester une blague, un album de reprises d’Elvis, des morceaux pour s’éclater en répète ou en studio, un souvenir perso. Au lieu de ça ils filent ça à la terre entière qui les porte au pinacle, surtout aux Etats-Unis, qui comprend enfin un album de Queen.

Car c’est simple, voire simplet. La complexité a complètement disparu, et même si c’est très pro et très bien fait, même si il n’y a objectivement pas de mauvais morceau sur ce disque, cela n’a plus grand chose à voir avec du rock. C’est de la variété. C’est un peu comme le dernier album de Police, qui est de très bonne facture mais qui ouvrait la voie à une musique de stade et de radio grand public. Même leur hymne qui clôt l’album (Save Me) n’a pas le panache de leurs compositions passées.

Et puis comme pour beaucoup, c’est l’arrivée des synthés. Les années 80 quoi. Kiki le kiki de tous les kikis, Licence IV, Naf-Naf, Billy Ocean, Madonna, le fluo, MTV, Dire Straits, les clips tape à l’oeil, l’informatique graphique balbutiante, Bananarama, le Minitel, Jump, Les maîtres de l’univers, Footlose. Vers un univers coloré manquant cruellement de fond.que_09

FLASH GORDON
Flash Gordon, pour moi, c’est un film que j’ai adoré, gamin, puis étudiant, quand je me suis rendu compte que c’était nul, kitsch, drôle. Faudrait que je le revoie. Mais je me souviens de mon père me parlant de la musique de Queen en m’emmenant voir ce film, et je confonds peut-être, mais il y avait aussi du Queen dans Bandits Bandits (Time Bandits) de Terry Gilliam que j’avais adoré aussi. Je me souviens être arrivé en retard à la séance pour ce dernier.  Et puis plus tard, c’est surtout devenu un sample d’un de mes albums favoris, celui du second Public Enemy (It Takes A Nation Of Millions To Hold Us Back, sur Terminator X to the Edge of Panic).

Conçu en même temps que The Game, ils s’amusaient vraiment comme des fous à cette époque. C’est une vraie BO avec deux titres chantés et assez tubesques, voire meilleurs que les titres de The Game, pour le reste, c’est un travail différent et intéressant sur lequel ils se sont penchés. Mais le résultat n’est pas assez ludique pour l’auditeur, les extraits de dialogues sont marrants mais ça ne fait pas une bande-son ou un album. C’est uniquement fait pour le film. Du coup son écoute est assez ennuyeuse voire contraignante. Mais comme d’habitude, je suis épaté par leurs compétences et ouverture d’esprit.

HOT SPACE
Queen est vraiment un grand groupe. Même lorsqu’il s’agit de suivre un mouvement à la mode foireux, ils le suivent super bien. Débarquement des synthés, y compris pour la rythmique, de la pop pour boîte de nuit qui n’a rien à voir (mais rien) avec ce qu’ils avaient fait jusque-là. Heureusement qu’ils ont ajouté Under Pressure à la dernière minute. Ça c’est une chanson qu’elle est bien, et marquante, et tubesque. La voix de Bowie se marie parfaitement à celle de Mercury et je la trouve encore plus émouvante depuis que je sais qu’elle parle de la pression sociale portée sur les homos.

Mais à part ça, rien à sauver. En même temps la pochette ne laissait pas de doute possible.que_11

THE WORKS
Après s’être amusés à faire de la musique de film et de la dance, et ne pas avoir réussi à passionner le monde, retour au travail (The Works). Le travail des années 80, le capitalisme grandissant, bref, devenir adulte et performant, faire du tube. Alors Queen ne reviendra pas en arrière, continue à utiliser les synthés, mais pond des tubes et même une chanson politique (Hammer To Fall). Du coup Radio Gaga et I Want To Break Free ne sont pas de mauvais morceaux, mais leur prod est datée et vieillit mal. Voilà pourquoi ces titres sont quasi insupportables alors qu’en fait, ce sont de bonnes chansons. Et puis ce clip de I want to break free, c’est vraiment drôle.
Sauf qu’à part ça, c’est pas très marrant. C’est plutôt cynique (cf. Is This The World We Created ?). Ca me fait un peu penser à U2 (autre groupe massivement populaire qui, il faut le noter, n’a jamais changé de line-up, tout comme Queen) lors de Pop : après Zooropa (pourtant réussi), retour au grand public. Hot Space est le Zooropa de Queen, The Works leur Pop. Pile daté à sa sortie, mais pas vraiment pérenne. C’est moche de vieillir, surtout pour un rocker (cf. la pochette).

A KIND OF MAGIC
Définitivement transformé en machine à synthés et tubes, Queen fait un album de chansons de film pour Highlander. Ça marche très bien pour quelques titres, les plus hard (One Vision, Gimme The Prize, Princes of the universe) et le chant de pub Friends Will Be Friends. Pour le reste c’est assez insupportable, mais ça reste presque plus écoutable que The Works. Quant à la pochette, c’est sans doute leur plus moche. La fin d’un groupe, sans doute désabusé, mais qui va remplir encore plus les stades et qui a réussi sa transformation en pleine période heavy listening hard FM.que_13

THE MIRACLE
Freddie sait qu’il a le SIDA et Brian May est en dépression après son divorce. Malgré la somme faramineuse qu’a dû leur rapporter A Kind Of Magic et la tournée qui s’en suivit, puis la publication du live à Wembley de 86, c’est donc pas la joie pour nos anciens combattants. Ils sont désormais une marque de fabrique, même si leurs Bohemian Rhapsody et We Will Rock You les avait déjà habitués à cet état de fait. Le monde entier connaît et vénère Queen, sauf les critiques rock.

Même moi puisque je subis régulièrement ces albums au club de kayak, par des amis fans, entre deux descentes. A l’époque je suis en pleine transformation, Genesis est entré dans ma vie. Du coup The Miracle ne paraît pas honteux.

Pendant trois morceaux, on retrouve le Queen de Sheer Heart Attack et A Night At The Opera : plein de vocaux et de choeurs, des morceaux enlevés et plutôt lourds, qui intègrent un peu de progressif. Mais avec le son qu’ils ont depuis Hot Space, plein de synthés (y compris pour la rythmique). Ca a vieilli. Au quatrième titre (I Want It All), ils refont un coup à la MTV et pondent encore un tube parfaitement insupportable. Et le reste est de la même veine (pourtant j’aime certaines mélodies et parties de guitare dans Breakthru et le dernier titre (Was It All Worth It) est bien sympa aussi). Mais ce son, c’est pas possible.

Je savais que j’allais être déçu.

INNUENDO
Je me souviens bien de la scène. C’est l’année du bac, j’ai dix-sept ans, je suis chez mon pote, sans doute un samedi après-midi, on glande. On mate la télé, et on tombe sur le clip de Innuendo, la chanson titre. Mon pote lance la conversation.

– Putain Queen… j’ai jamais aimé.

– Moi j’aime bien. Ça me rappelle Bohemian Rhapsody.

– Ouais bon pour un gars qui écoute Genesis ça m’étonne même pas.

– Franchement je trouve que c’est mieux que le dernier truc que j’ai écouté d’eux. Pis le clip est sympa, j’aime bien.

– Ah non j’aime pas.

– Pourquoi ? Tu trouves pas ça cool les marionnettes ?

– Bof. Plus j’y pense, plus je crois que pour les clips, y a pas mieux que le groupe qui joue.

– Ah ah, voilà bien une remarque d’ancien hardos…

J’avais pris de la bouteille, je n’étais pas encore à découvrir les nouveautés rock du moment mais j’avais découvert des tonnes de dinosaures essentiels, j’étais fan des Stooges, des Doors et de Led Zep, Queen n’était qu’un souvenir, y compris The Miracle qui n’avait que deux ans pourtant. Mais à ce moment-là, c’est long, très long, entre quinze et dix-sept. J’avais quand même décidé de l’écouter, et j’avais bien aimé. Mais il ne pouvait absolument pas m’intéresser.

Redécouvert aujourd’hui, il a toujours de nombreux défauts, à commencer par le son, qui est toujours daté, qui a toujours des synthés horribles (cet intro du Show must go on, j’y suis allergique), et un ou deux titres incongrus qui gâchent le tout (surtout Delilah). Par contre, l’âge a sans doute quelque chose à y voir, je comprends surtout que c’est la fin, que les clowns ne rigolent plus, et que la solidarité compte ici avant tout. Avoir accompagné Queen jusque-là, c’est saisir la force qui lie ces types, c’est comprendre leur résignation et leur tristesse qu’ils avaient toujours cachées jusque-là.

Ma fille a 9 ans et écoute de la daube, mais n’est-ce pas une nécessité à son âge ? Comme il est presque impossible de pleurer en écoutant Show Must Go On ou I’m going slightly mad adolescent, et de frissonner et chialer en écoutant des mêmes titres à 40 ans ?

Dernier vrai album de Queen, c’est le retour de la pochette dessinée, la fin du groupe star, une sorte de mélange entre leurs compositions des années 70 et leur son des années 80. C’est une réussite mais elle est amère, trop émouvante, trop attendue et inéluctable. Innuendo porte intégralement une intensité propre aux disques faits dans des conditions compliquées, ceux qui laissent transparaître toute les terreurs de leurs auteurs.que_14

MADE IN HEAVEN
Après Innuendo, je ne voyais pas l’intérêt de continuer à tenter Queen. Je n’ai pas vu la sortie de ce disque ou m’y suis intéressé, je croyais sans doute que c’était un album solo posthume de Freddy. Bref, je découvre. La bonne nouvelle, c’est que le son est impeccable. Rien ne sonne kitsch ou daté, le travail est conséquent. Par contre on se retrouve en face de beaucoup de ballades, pas la partie que je préfère de Queen. Mais ça marche pour certains titres, l’émotion pointe partout (sauf You don’t fool me qui est absolument insupportable). Le problème c’est que ce disque n’est pas cohérent tout en étant uniforme. Impossible de le cerner. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il ressemble un peu à leurs précédentes bandes originales de film, alternant quelques riffs heavy avec des gospels et des ballades plus ou moins réussies. C’est la bande-son du dessin animé Queen, leur vie, leur oeuvre, telle qu’ils ont décidé de l’illustrer. Innuendo reste le véritable dernier album de Queen, revoyant un peu les années 70. Made in heaven est un cd de bonus qui conclut leur période des années 80.

Seconde partie : le bilan
Je crois que c’est lors de ma seconde première année de fac que je décidai de me remettre à Queen. A cette époque bénie, j’avais perdu de vue mes amis – qui eux, avaient réussi leurs exams – et je dus ainsi m’en trouver d’autres, au moins pour la journée et les cours. C’était une période de libération, où je n’avais plus l’angoisse de la ville – qui n’est jamais accueillante pour les grands adolescents loin de chez eux – et où je rencontrai des tonnes de gens. Une période où je passais mon temps dans des appartements loués par des connaissances de connaissances, à des soirées auxquelles je n’avais jamais été convié mais où j’étais toujours accepté car j’arrivai avec untel.

Je faisais une nouvelle fois partie des derniers combattants de la soirée. Il devait être neuf heures du matin et j’avais très envie de me rentrer. Mais mon hôtesse ne voulait pas me voir partir. Pas que quoi ce soit se fut passé entre nous, simplement que j’étais le dernier rempart entre elle et le gros lourd qui la harcelait et ne voulait pas quitter la place. Tout ce qu’elle trouva à me dire fût « Mais non reste, je te remets la chanson que tu aimes bien, celle qui fait Mamma mia ! ». Elle remit le Greatest Hits I de Queen.

J’avais oublié que cette chanson s’appelait Bohemian Rhapsody et que je l’aimais vraiment. J’avais oublié Queen, mais on avait beaucoup écouté le disque lors de la soirée, on avait bien ri. Comme je suis trop gentil, je restai jusqu’à dix heures du matin, avec un café, la tête près du poste, attendant ma libération.

N’ayant pas un budget conséquent, et ne pouvant pas non plus passer outre l’actualité musicale noisy du moment qui m’excitait bien plus que des disques des années 70, je m’offrai quand même rapidement A Night At The Opera et News Of The World. Je m’étais renseigné, c’étaient les disques à posséder. Je les écoutai beaucoup, mais entre le nouveau Frank Black, les Pavement, les My Bloody Valentine et Maceo Parker, je n’avais pas le temps nécessaire pour me consacrer à une discographie complète. Et puis je savais que je n’avais ni besoin de The Miracle ni de Radio Gaga.

Maintenant que j’ai tout écouté, y compris leurs deux doubles live (celui de 79 et celui de 86 à Wembley), je vois les choses différemment. Surtout car depuis, j’ai écouté encore plus de choses, ai compris bien des problèmes, ai changé. Queen est un grand groupe, qui porte bien haut le flambeau des groupes anglais qui comptent, malgré leur image, la haine qu’ils inspirent aux élites du bon goût, leurs millions de fans, leur prise de position homosexuelle. Je n’ai eu aucunement besoin de visionner des concerts ou de lire des articles (à l’exception d’une chronique sur leur site et de quelques-unes sur allmusic.com) pour comprendre combien ces types ont toujours fait ce qu’ils ont voulu. Que leurs concerts-spectacles ont plus de sens que chez leurs homologues qui étaient devenus trop gros : un concert des Stones ou de Led Zeppelin, ça doit se voir dans une salle de mille personnes.

Ils ont compris que le spectacle faisait partie intégrante de leur musique, que cette dimension ne pouvait pas être occultée. Leur reprocher leur démesure, c’est nier leur musique. Leur reprocher leur humour, alors que c’est une des caractéristiques de Frank Zappa qui plaît tant aux critiques de rock, c’est de la mauvaise foi. Queen n’a rien à envier aux monstres sacrés (Led Zep, The Beatles, The Who, The Rolling Stones), mais ils s’en foutent. Rien que pour ça, je les admire. Pour ça, mais aussi pour leur éclectisme, leurs fautes de goût assumées, leur désir de ne jamais rester sur place tout en étant unis du début jusqu’à la fin, sans scission, sans un ego bouffant l’autre. Et pourtant, entre Freddy Mercury et Brian May, il y avait de quoi remplir des pages de tabloïds. Mais non, ils ont juste continué à faire ce qui leur plaisait, à commencer par rester ensemble.

Je retiendrai quatre disques, dont trois indispensables à mes yeux : Sheer Heart Attack, A Night At The Opera, News Of The World et Jazz. On peut ajouter Innuendo pour sa tension et son témoignage, et beaucoup de titres des années 80 qui sont finalement très bien. Tous leurs albums en comportent au moins un ou deux, au minimum.

Mais ne cherchez pas trop Queen chez Muse. Ils ont inspiré bien plus de monde que cette pâle copie de concerts gigantesques, et ont même été repris par Nine Inch Nails. Trent Reznor, le mètre-étalon de l’Indus, étire les riffs de Get Down Make Love sur des samples de filles jouissant et conclut sur les deux accords de We Will Rock You : je ne vois pas meilleure conclusion pour saluer ce groupe.que_15

Troisième partie : Top 10

Bohemian Rhapsody (A Night At The Opera, 1975)

L’essence même de Queen, une mélodie imparable, une construction héritée du HAPPINESS IS A WARM GUN des Beatles (même si ce n’est pas vrai, je ne fais que ce rapprochement moi-même), un des morceaux les plus universels au monde.

Don’t Stop Me Now (Jazz, 1978)

La chanson la plus joyeuse de tous les temps selon une étude (je vous laisse chercher).

Under Pressure (Hot Space, 1982)

J’ai toujours adoré ce morceau. Et pas seulement pour Bowie, mais parce que comme souvent chez Queen, il condense la grandiloquence en moins de cinq minutes, comme si c’était naturel, et parce qu’il est à la fois entraînant et tragique. Rebecca Manzoni en parle mieux que moi (« la montée finale du morceau, qui dure plus d’une minute », c’est beau).

I Want To Break Free (The Works, 1984)

Il est pas magnifique ce clip ? Quant à la chanson, elle me semble être l’héritière du son de la Motown, qui avait elle aussi changé dans les années 80.

I’m Going Slightly Mad (Innuendo, 1991)

Plus que les autres hymnes de ce dernier album, ce titre m’est le plus emblématique de INNUENDO. Comme je l’ai découvert avec le clip, on y voit bien la maladie portée par Mercury, avec des images très burtonesques, inspirées sans doute par EDWARD AUX MAINS D’ARGENT et BEETLEJUICE. Ce clavier plein de reverb est inquiétant comme tiré d’un titre de Joy Division, de cold wave, rampant, attendant de vous sauter à la gorge.

Bicycle Race (Jazz, 1978)

Une chanson encore une fois originale dans sa construction, très complexe mais qui semble couler de source.

In The Lap Of The Gods… Revisited (Sheer Heart Attack, 1974)

Une superbe chanson déjà pleine de chœurs en canon, de grandiloquence et qui clôt parfaitement leur troisième album studio.

Love Of My Life (A Night At The Opera, 1975)

Il fallait bien une de leurs ballades. Celle-ci me touche plus que les autres.

Somebody To Love (A Day At The Races, 1976)

Un gospel, donc à la fois joyeux et triste. A chaque écoute, j’ai toujours l’impression que Freddie cherche cet amour de toutes ses forces, sans relâche. Personne ne pouvait mieux la reprendre que George Michael. D’ailleurs je pense souvent que sa reprise est encore meilleure que l’originale.

It’s Late (News Of The World, 1977)

J’aurai pu mettre tous les titres de cet album, mais je choisis celle qui me semble la plus dépouillée qu’ils aient faite. Un blues version Led Zeppelin qui prend la forme d’une pièce de théâtre en trois actes de deux minutes chacun, suivant le rythme d’un grand huit : un début lent, une descente vertigineuse, un ralentissement, un virage bruyant, tout ça plusieurs fois, comme la relation amoureuse que le titre relate.

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La BO du jour

75 comments

  • Présence  

    A night at the opera – Avec le temps, je me suis dis que God save the Queen à la fin est une pirouette humoristique pour évoquer leur homosexualité e s’appropriant l’hymne national, en jouant sur le sens du mot Queen.

    A day at the races : tous les titres semblent être des faces B. – Ça correspond un peu à mon ressenti, ou plutôt ils ont voulu refaire A night à the opera pour réitérer son succès. C’est injuste, parce que pris pour lu-même cet album est incroyable, sans équivalent chez d’autres groupes. Mais il a l’inconvénient de venir après, d’avoir une pochette plus sombre et d’avoir une approche trop similaire, même si la diversité des titres est tout aussi riche et foisonnante.

    News of the world – A chaque écoute, je suis totalement emporté par Spread Your Wing, par l’histoire de Sammy qui fait le ménage dans un bar en rêvant de mieux, avec un patron qui le rabaisse… ou qui le ramène à la réalité. Pour cette chanson, c’est l’histoire racontée qui me parle, et je vois l’accompagnement musical comme mettant en scène les émotions de Sammy, un peu comme les dessins peuvent raconter l’histoire du scénariste.

    Jazz : un album qu’il m’est difficile d’apprécier parce que je le trouve le plus éclectique, sans unité, ce qui ne m’empêche pas d’aimer les chansons prises une par une.

    The game : début de la deuxième période de Queen avec l’apparition des synthétiseurs, alors que précédemment les pochettes d’albums précisaient que tout avait été joué avec des vraies instruments. Je n’ai pas le même ressenti que toi : je trouve que Queen s’est bien amusé sur cet album. Crazy little thing called love est parfait dans brièveté. Save Me est très drôle dans son romantisme exacerbé.

    Hot space : un album que je n’ai pas du tout aimé à la première écoute, et dont j’aime de plus en plus de chansons avec les années qui passent (sauf Under pressure où je trouve que les voix de Mercury et de Bowie se marient mal). Parmi celles dont je trouve qu’elles passent toutes seules : Staying power, Dancer, Black Chat… quasiment toutes. Une mention spéciale pour Life is real dont je trouve le texte pour le coup trop naïf.

    The works : Queen atteint un nouveau palier de popularité planétaire, avec des vidéos à nouveau énormes, des musiciens toujours bons, des refrains qui restent en tête (Radio Ga GA, It’s a hard life, I want to break free), des mélodies agréables des accroches sonores qui fonctionnent bien avec moi, des arrangements somptueux y compris les chœurs, une chanson dépouillée (Is this the world we created ?, avec un discours simple mais plein de bon sens). Ça incarne pour moi tout ce que la pop peut réussir sans être formatée ou préfabriquée.

    A kind of magic – Une étrange répartition égalitaire des chansons : chacun a eu droit à deux (Mercury et Deacon ayant collaboré sur 1 des leurs), et une chanson écrite ensemble. Un de mes albums préférés…. mais ne le sont-ils pas tous ? 🙂

    The Miracle – Un retour inespéré avec un affichage de cohésion : toutes les chansons ont été coécrites par les 4 membres du groupe. Oui, c’est le son de l’époque, mais il ne me dérange pas parce que comme d’habitude la vois de Freddie Mercury domine tout, et Brian May a la place de s’exprimer.

    Innuendo : déjà un album triste. Effectivement 2 titres incongrus, mais une émotion incroyable à chaque titre. A nouveau, le son, y compris des synthés ne me dérange pas. La chanson Innuendo est pour moi extraordinaire avec ses différents mouvements, la partie de guitare de Steve Howe, la vidéo. Queen est le seul groupe dont j’ai regardé toutes les vidéo, souvent très divertissantes, ajoutant encore à l’emphase, rendant encore plus palpable leurs intentions (j’avais même acheté les 2 VHS regroupant leurs clips). Le spectacle fait partie du groupe : divertissement, avec une touche d’autodérision. Je suis sous le charme de Freddie Mercury, et je trouve qu’il s’est forgé une image de scène d’un charisme total, y compris les pantalons évoquant un jogging (en plus je ne suis pas sûr que ça soit de moins bon goût que les tenues de Kurt Cobain). C’est une apparence visuelle assumée pour le spectacle, grandiloquente, impossible à prendre au premier degré.

    Made in Heaven : des chutes de studio et des bouts d’enregistrements rapiécés pour en faire des chansons 5 ans après la mort de Freddie Mercury, l’inverse d’une démarche mercantile pour fourguer un produit juste après sa mort, un travail de deuil des 3 autres membres du groupe. Très émouvant, même si certains morceaux ne font pas des chansons aussi ciselées que d’habitude.

    Bien évidemment, je suis aussi allé à la recherche des albums studio de Freddie Mercury : Mr. Bad Guy, Barcelona. Il est ainsi possible de mesurer à tout ce que les 3 autres membres de Queen apportaient à sa voix, aux compositions, à quel point il s’agissait d’un groupe.

    • Jyrille  

      « God save the Queen à la fin est une pirouette humoristique pour évoquer leur homosexualité e s’appropriant l’hymne national » Oui je pense que tu as raison. Je n’ai pas vu le côté humoristique de la chose à l’époque.

      Pour Made In Heaven, merci de préciser, cela fait du bien de savoir que ce n’est pas du mercantilisme. Je n’ai jamais écouté un album solo de Freddie.

      En tout cas bonne idée d’avoir toi-même repris tes commentaires Amazon de l’époque Présence, ainsi tout est bouclé ici, l’internet n’oublie jamais ! 😀

      • Tornado  

        Mais Freddie est le seul gay du groupe. Alors peut-être que pour le coup les allusions à l’homosexualité sont peut-être moins nombreuses que ça. Toujours est-il que ses trois acolytes ont d’emblée été très ouverts d’esprits par rapport à son coming-out. Même en étant proches de son épouse. Et ça c’est vraiment touchant : Ils étaient proches. Contrairement au mythe du groupe de rock, c’est pas commun. Pink Floyd par exemple, c’était quatre gars qui ne s’appréciaient pas en dehors de leur musique. Et je crois que les Beatles c’était compliqué aussi.

        • Jyrille  

          Oui Tornado, c’était une famille je pense, plus qu’un groupe. Et c’est pour ça qu’ils ne se sont jamais séparés ni changé de musicien. Chez Slayer, les gars n’étaient pas potes non plus, chez Nirvana c’était compliqué entre Kurt et Dave, chez les Pixies entre Kim et Frank, etc etc bref, c’est très compliqué, la vie de groupe.

      • Présence  

        Ce ne sont pas des anciens commentaires amazon, mais que du neuf, tout frais d’aujourd’hui. 🙂 Je n’ai pas commenté hier, parce que je voulais prendre le temps de le faire dans la longueur.

        Tu connais peut-être une chanson de l’album réalisé avec la cantatrice Monserrat Caballé, utilisée comme hymne pour les JO de Barcelone en 1992, un album très étrange (le rêve de Mercurry de chanter avec une chanteuse d’opéra, totalement arrangé par Mike Moran, comme si Freddie Mercury était juste arrivé en studio d’enregistrement sans trop s’impliquer dans les compositions) :

        https://www.youtube.com/watch?v=o8Eg-mWdDLc

        J’ai toujours trouvé que l’emphase de Queen est exagérée sciemment par le groupe, avec une pointe d’autodérision (se travestir en femmes pour I want to break free), comme s’ils indiquaient que leur exubérance sert à mieux faire passer les émotions, mais que ce n’est pas à prendre au premier degré, que c’est à la fois de la communication théâtrale et du spectacle. Cette façon de ressentir leur musique a été renforcée en moi par leurs clips dont l’extraordinaire It’s a hard life : démesuré, pompier, d’une certaine manière mégalomane, mais en même temps la voix est tellement expressive, qu’elle fait remonter les émotions associées à ce qu’il chante : des ressentis sur les épreuves de la vie. Je me suis souvent surpris à fredonner dans ma tête les paroles de ce refrain (et d’autres), me rendant compte après quelques instants que ça correspondait à mon été d’esprit, avec un double effet : celui de savoir que d’autres ont ressenti la même chose, et une prise de recul sur mon état émotionnel en repensant à la théâtralité de Queen.

        https://www.youtube.com/watch?v=uHP-qgzUVLM

        • Jyrille  

          Ah pardon, je pensais avoir lu ces réflexions avant ! Encore mieux donc !

          Oui je me souviens de Barcelona. J’avais compris à l’époque que c’était un rêve pour Mercury, mais je trouvais le résultat embarrassant, un peu comme une chanson de l’Eurovision super bien faite. Je n’ai pas écouté le disque entier.

          Tu as sans doute totalement raison dans ta denière partie. Ca s’appelle de l’interprétation, cela rejoint la théâtralité de beaucoup de groupes ou artistes : Brel, Scott Walker, Eminem, même Nirvana pourquoi pas (mais pas dans le jeu d’acteur que peuvent avoir les précédents) par exemple.

          • Présence  

            Tu m’as mis le doute : peut-être avais-je laissé des remarques sur tes commentaires d’amazon ?

          • Jyrille  

            Dans mon souvenir, oui Présrnce, on avait discuté via les commentaires Amazon

        • Jyrille  

          Bien que j’aie partagé le clip de IT’S A HARD LIFE pour mon article sur Good Omens, je le vois désormais différemment par tes yeux Présence. Je dois dire que tu as réussi à me convaincre, pourtant il est loin d’être le plus marquant (décor unique, aucune histoire, très inspiré des bals masqués de Venise j’ai l’impression). Mais ce carnaval peut très bien représenter la vie de tout un chacun, qui pour la plupart évoluons avec le même entourage et dans une location restreinte.

          • Présence  

            Le clip de It’s a hard life me fait penser à une citation de Shakespeare

            Le monde entier est un théâtre,
            Et tous les hommes et les femmes seulement des acteurs;
            Ils ont leurs entrées et leurs sorties,
            Et un homme dans le cours de sa vie joue différents rôles…

  • Kaori  

    Présence fan de Queen ? Je ne l’aurai pas cru !

    JP, je vois qu’on a la même discographie de Queen 😉 .
    Je n’ai pas osé mettre Radio Ga Ga, que j’ai beaucoup aimé à la première écoute. Je renchéris avec Good old fashioned lover boy. Je n’aime pas trop Crazy little thing called love qui me rappelle Elvis…

    @Bruce et Manu : je voulais vous remercier. Vous avez su exprimer votre désamour pour Queen avec infiniment de respect et comme dit Manu, pas juste avec un « c’est de la merde ». Merci pour ça.

    @Eddy : ton argumentaire est en béton. Bravo.

    @Bruce :
    Le « collage », comme tu dis, c’est un peu leur invention, non ? Je me rappelle de l’anecdote qui raconte comment Freddie a « vendu » « Bohemian Rhapsody » à son producteur, en annonçant « et là c’est la partie opéra… et là, arrive la partie rock ». Le producteur était fou, un morceau de plus de 6 minutes aussi farfelu, ça ne passera jamais sur les ondes !
    Bref, c’est justement ça qui fait tout le génie de Queen 😉 .
    Maintenant, je peux tout à fait comprendre qu’on n’aime pas Queen, là-dessus, pas de problème.
    C’est vrai que quand tu as sorti le « sans importance », j’ai failli m’étouffer. Sans sérieux, je ne sais pas.
    Freddie avait la réputation d’être perfectionniste. Comme le souligne Présence, même dans les clips, il s’impliquait à fond.
    Je suis d’accord qu’on n’est pas dans la sophistication ou le dandysme. Le mauvais goût ? Comme Cyrille, je n’y accorde absolument aucune importance. J’adore par exemple le clip The miracle où des gamins interprètent les 4 membres du groupe à des époques différentes. Ridicules, mal coiffés. Peut-être, sans doute… N’étant même pas née à cette époque, je n’ai jamais vu ça comme inapproprié ou de mauvais goût. Juste des goûts un peu étranges, excentriques. J’ai une grande admiration pour tous ces gens qui assument qui ils sont.
    Ceci dit, merci d’avoir supporté notre journée « Queen » 😉

    https://www.youtube.com/watch?v=2DaY8-Mui0I

    (j’avoue, j’adore le gosse qui joue Freddie !!)

    • Manu  

      @Kaori
      Petite précision! Je me suis peut-être mal exprimé : je n’ai pas dit que je n’aimais pas Queen, hein? J’ai juste dit que je n’aimais pas tout et que je n’étais pas fan jusqu’au-boutiste. Ils ont des morceaux de ouf que j’écoute d’ailleurs encore dans ma voiture ( Bohemian, I want it all, etc…)

  • Kaori  

    Ah mais ça n’arrête jamais !

    Bon j’étais revenue parce que j’ai oublié de commenter November Rain. J’ai beaucoup aimé ce titre à l’époque de Use Your Illusion. Aujourd’hui je ne supporte plus le clip. Mais je reste fan du final.

    @Jyrille : je viens d’aller faire une recherche sur les gosses de The Miracle : il se trouve que le gamin qui joue Freddie jouait dans ta mini-série Band of Brothers (je ne me trompe pas, c’est bien de cette série dont tu as parlé plusieurs fois ?) !

    • Jyrille  

      Alors non Kaori, mais presque : l’acteur qui joue Freddie Mercury dans BOHEMINA RHAPSODY joue, avec celui qui joue John Deacon, dans THE PACIFIC, la série soeur de BAND OF BROTHERS. C’est marrant parce qu’en plus, dans la série, ces acteurs restent ensemble tout du long.

      • Kaori  

        Rami Malek, pour moi c’est Mister Robot, impossible de le voir ailleurs maintenant.

        Wiki dit que le mini Freddie joue le caporal Joseph Liebgott. N’ayant jamais vu la série, aucune idée de qui c’est !

        • Jyrille  

          Je viens de revoir le clip de The Miracle, que j’avais complètement oublié. Je n’aurai jamais reconnu le caporal Jospeh Liebgott de Band of Brothers ! En tout cas c’est très touchant et les gamins imitent très bien leurs modèles. Merci.

    • Jyrille  

      Ah par contre j’avais oublié le clip de The Miracle, et pour le coup, je ne peux que te croire, je n’ai pas vérifié. En fait j’aime bien cette chanson, peut-être la meilleure de l’album.

    • Chip  

      @Kaori : je suis fan de GNR, mais cette chanson et ce clip symbolisent toute la boursouflure de cette époque, les films évènements avec cross marketing partout, les Guns dans Terminator ou l’inverse, Termminator dans ton flipper, les tortues ninja dans ton flipper dans Terminator dans tes céréales, et un mec qui saute dans un gâteau de mariage sans raison valable. November Rain c’est Axl Rose qui a mangé Elton John et qui tourne en roue libre sur son ego. On ne peut effectivement en sauver que la fin, pour le reste il faut abattre cette chanson.

      Et je n’ai rien contre les longs morceaux épiques, mais sur les mêmes albums je lui prefère volontiers Estranged.

      • Bruce lit  

        Je pense que si Guns est encore présent dans les mémoires, c’est justement pour cette démesure. Le parfait alliage entre mégalomanie et talent (les Guns en avaient à revendre). Ils furent sans doute parmi les derrières superstars du rock.

  • Présence  

    Bon, ça n’a pas raté : la lecture de ton article m’a fait ressortir A night at the opera. Cela m’a permis, outre le plaisir de l’écoute, de me souvenir de la richesse de l’orchestration : koto, harpe, ukulélé, et les imitations faites par Mercury d’une clarinette, d’une trompette, d’un tuba et d’un kazoo (pour Seaside Rendez-Vous).

    • Tornado  

      Ahahah ! Super sympa de relire ça ! Ça date d’il y a 7 ans et on disait déjà tous la même chose qu’aujourd’hui (sauf Bruce qui prenait des gants vis-à-vis de Queen, maintenant il n’en prend plus !) 😀
      La différence, en ce qui me concerne, c’est qu’entre temps j’ai redonné plusieurs fois leur chance aux albums de Queen, et qu’avec le temps j’ai appris à aimer beaucoup plus de chansons (à défaut de réussir à aimer les albums en entier).
      La vache ! 7 ans…

      • Présence  

        La différence pour moi est que j’ai continué à écouter leurs albums et que je les aime de plus en pus. Ils deviennent de vieux compagnons de route (depuis des décennies) et j’aime retrouver la personnalité musicale de ces 4 artistes, même dans des chansons qui me parlent moins.

      • Jyrille  

        Je suis d’accord ça fait bizarre et plaisir ! En tout cas, tout le monde reste cohérent avec le temps, c’est plutôt agréable de savoir que nous sommes tous honnêtes…

        Depuis, j’ai revu Muse !

  • Kaori  

    @Cyrille, Présence et Tornado (et Bruce) : c’est sympa de lire vos retours et vos analyses de l’époque 🙂 .

    @Présence : je suis épatée que tu te sois ainsi penché sur les paroles de chaque chanson. C’est mon problème, n’étant pas plus anglophone que ça. Ça n’a jamais été mon entrée première, et pour Queen encore moins. Contrairement aux Guns sur Use your Illusion, ou même Metallica, ou encore Muse ou Radiohead, jamais je n’ai cherché à connaître le sens des chansons de Queen, sauf sur le Made in Heaven. Je crois que pour celui-là, même si on n’en a pas envie, impossible de passer à côté de ce qui s’y dit…
    Je te rejoins sur la théâtralité de Queen et en particulier de Freddie Mercury. C’est incontestable, il joue la comédie à chacune de ses prestations, clip ou live, il est son personnage, il est en représentation théâtrale. C’est ce que je n’avais pas perçu en 92 à la sortie du Live au Wembley Stadium. Je t’envie de les avoir vu en concert…

    @Tornado : je suis d’accord sur le fait que c’était une famille avant d’être un groupe. C’est bien mis en valeur dans le film, mais c’est aussi incontestable de par ce que tu soulignes : il fallait un vrai esprit de famille pour supporter l’égo de Freddie et ses désirs de grandeur. Pourtant ils ont su faire de la place à chacun, partageant les crédits, ils se reconnaissaient en groupe avant tout.

    C’est seulement grâce à nos échanges sur le blog et sur Facebook que j’ai découvert à quel point Brian May était respecté et vu comme un très grand guitariste. Pourtant il n’a jamais pris le melon, ne s’est jamais vu comme un Guitar Heroe, et c’est certainement grâce à ça, grâce à l’humilité de chacun que le groupe a pu perdurer. Mercury a voulu faire ses expériences solo mais n’a jamais oublié le groupe.
    De même qu’eux n’ont jamais cherché à faire Queen avec un autre chanteur. J’apprécie énormément que désormais, leurs prestations et productions soient nommées Queen + X, comme Queen + Paul Rodgers puis Queen + Adam Lambert.

    @Manu : je n’étais pas sûre de ton opinion concernant Queen, te connaissant plutôt amateur de metal (ou hard, je ne perçois toujours pas les nuances), je me suis dit que tu prenais peut-être beaucoup de gants 😉

    • Présence  

      Ecouter les paroles : il y a certains chanteurs dont la conviction est telle que je voulais absolument savoir ce qu’ils racontent (par exemple Dio). Queen, c’est un peu différent. Leurs refrains pop s’incrivent facilement dans ma mémoire, et je me retrouve à en fredonner une partie. Au bout d’un moment (plusieurs années), je finis par me demander ce que je suis en train de chanter. Mais pourquoi ils se sont travestis en femme pour la vidéo de I want to break free ? C’est quoi ce refrain ridicule Radio Ga-Ga, de quoi ils parlent ? Pareil pour The Wall : de quoi ça parle ? Pourquoi Pink se rase les sourcils dans le film ? Que vient faire un défilé de marteaux en dessins animés ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’enseignants qui doivent laisser les enfants tranquilles ?

      Bohemian rhapsody : qu’est-ce que Figaro vient faire là dedans ? Tout ça fait que pour certains groupes ou certains albums, je fais la démarche de comprendre ce qu’ils chantent.

      Un exemple humoristique de je ne comprends pas ce qu’ils chantent :

      https://www.youtube.com/watch?v=IBI0sJ1zYXI

      • Jyrille  

        J’avais vu cette pub, elle est à mourir de rire. J’avoue rarement me pencher sur les paroles, même si parfois j’ai la même réaction que toi : mais de quoi ça parle ce truc que je connais par coeur ? Cela ne m’est pas trop arrivé sur Queen. D’ailleurs, Bohemian Rhapsody, je peux comprendre la construction et les références, mais je ne pige pas toujours le sens global de la chanson. Je remarque surtout que souvent, on peut plaquer toutes les interprétations ou presque sur les chansons, les paroles sont trop évasives pour être précises, mais elles peuvent se rapprocher fortement de ce que nous traversons à ce moment-là. Certaines chansons par contre ne peuvent pas nous tromper sur leur sens, elles sont très claires.

      • Chip  

        Le medium, c’est le message.

        Le language musical, avec ce qu’il implique de subjectivité, peut aussi subvertir, confirmer ou tansformer les paroles. J’avoue avoir du mal à comprendre ceux qui recherchent *le vrai sens* d’une oeuvre, musicale ou autre, même si il y a parfois des contresens qui semblent évidents et que j’ai des opinions bien tranchées.

        Je veux dire, sur « The Show Must Go On » il aurait pu chanter la recette d’un gâteau, ça serait resté un chant du cygne, une aspiration à la vie (en mangeant du gâteau).

        Et puis tu es de mauvaise foi avec The Wall : il est évident que c’est une dénonciation des mères qui mettent leurs vulves sur des marteaux pour forcer les enfants à oublier des chanteuses en mangeant de la viande.

  • Eddy Vanleffe  

    Heu..
    et bien merci à tous ceux qui ont apprécié mon commentaire, je suis obligé de vous croire sur parole puisque je ne me souviens plus vraiment de ce que j’ai dit et que j’ai la flemme de remonter toute la conversation.
    J’ai noté quelques détails depuis.
    La place du groupe dans la frise du rock. quand même il reste l’un des rares groupes à travers les générations. Je suppose que c’est signe non pas de rock mais d’importance dans le paysage musical global.
    des albums importants, on peur quand même citer A night at the Opera et News of the world pour le moins.
    et pour ceux qui se demandaient s’ils avaient influencé d’autres groupes je suis tombé sur ça ce matin pendant qu’Oriane écoutait son CD

    IMAGINE DRAGONS YESTERDAY: https://www.youtube.com/watch?v=Cp0GGf-gIvc

    et oui Kaori Brian May est très estimé notamment des métalleux justement.

    • Jyrille  

      C’est vrai qu’il y a quelque chose dans cette chanson de Imagine Dragons, y compris dans le solo de guitare, qui rappelle Queen.

      Bon je dois encore voir les autres liens postés au-dessus et commenter…

    • Jyrille  

      Moi non plus. J’ai un Imagine Dragons, parce que Maël l’adorait à l’époque de sa sortie, et que c’est un très bon album à écouter quand tu n’as pas envie d’écouter un truc sérieux : leur premier, Night Visions. J’apprends qu’ils ont sorti quatre albums studios et quatre lives déjà ! Bon depuis ce premier album, c’est devenu trop mainstream, on a tous laissé tomber à la maison, à commencer par Maël.

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