Rendez-moi mes planches. (Bad weekend)

Bad weekend Ed Brubaker & Sean Phillips

Un article de PRESENCE

VO : Image Comics

VF : Delcourt

Mo-ti-vé
©Image comics

Ce tome contient un récit complet qui peut être lu indépendamment de tout autre, même s’il y apparaît un personnage de la série CRIMINAL des mêmes auteurs. Il comprend les pages publiées dans les épisodes 2 & 3 de la série Criminal de 2019, initialement publiés en 2019, écrits par Ed Brubaker, dessinés et encrés par Sean Phillips, mis en couleurs par Jacob Phillips.

Traduction de Alex Nikolavitch.

Un soir de juillet 1997, Jacob Kurtz rentre chez lui, après une journée passée sur une enquête. Il trouve un message sur son répondeur, : Mindy lui indique qu’elle a un boulot pour lui, à l’occasion de la prochaine convention de comics. Il sera remis une récompense d’honneur à Hal Crane pour sa carrière, et Mindy souhaite que Jacob lui serve de guide et de surveillant. Elle ajoute que Crane a demandé Jacob nominativement. Jacob se souvient de l’époque où il fut son assistant, et de la manière peu aimable dont il le traitait. Il se souvient également de la manière dont Hal Crane s’était embrouillé avec les responsables éditoriaux : Julius Schwartz chez DC Comics, Gerry Conway chez Marvel Comics. Malgré ces mauvais souvenirs, Jacob accepte quand même le boulot. Vendredi, Jacob est à pied d’œuvre à la convention et il se souvient qu’Hal Crane est surtout connu pour avoir travaillé sur le dessin animé Danny Dagger and the fantasticals. Jacob continue de progresser dans les allées de la convention, et il finit par apercevoir Hal Crane en train de discuter avec une jeune femme costumée en Princesse Yaz, un des personnages dudit dessin animé. La discussion se termine quand elle lui envoie une gifle.

Alors qu’elle est partie, Jacob s’approche d’Hal Crane qui le reconnaît. À sa demande, il lui explique qu’il a proposée à la jeune femme qu’elle monte dans sa chambre pour 100 dollars. Il pensait qu’il s’agissait d’une prostituée au vu de sa tenue. Jacob lui explique qu’il s’agit d’une fan du dessin animé, et qu’elle a vraisemblablement fait son costume elle-même. Hal Crane exprime sa surprise de voir autant de monde à la convention, alors qu’il pensait que les comics étaient une industrie moribonde. Jacob est tout aussi déconcerté car il sait que de nombreux éditeurs mettent effectivement la clé sous la porte. Quoi qu’il en soit, il annonce à Hal Crane qu’il doit participer à une intervention en compagnie de Joe Kubert, Will Eisner et Al Williamson. Hal Crane lui répond qu’il n’y participera pas car il a autre chose à faire. Jacob conduit la voiture, et Hal Crane s’assoit à l’arrière. Il ne conduit plus depuis l’accident qui a coûté la vie à Archie Lewis, un auteur de comic-strip dont il avait été l’assistant. C’était Hal Crane qui conduisait la voiture dans laquelle Archie Lewis a trouvé la mort.

J’aime beaucoup ce que vous faîtes
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En 2018, Brubaker & Phillips sortent une histoire complète MY HEROES HAVE ALWAYS BEEN JUNKIES . Quelques mois plus tard, ils embrayent avec une nouvelle série CCRIMINAL. Dans la première page, le lecteur retrouve Jacob, il le voit rentrer chez lui. Les dessins montrent qu’il n’allume pas la lumière tout de suite, Jacob référant rester dans la pénombre. Le lecteur peut voir l’aménagement ordinaire, avec un canapé et un fauteuil ; il note également un dessin original au mur. Ainsi il prend visuellement connaissance du lien qui existe entre Jacob et Hal Crane, au point que le premier conserve un dessin affiché du second. Comme il s’agit d’un polar, le lecteur peut avoir l’impression que le ratio de séquences de dialogue est assez élevé. Pourtant s’il regarde les planches sous un autre angle, il peut observer également comment Sean Phillips montre les événements, ou les circonstances, portant une forte partie de la narration visuelle.

Le lecteur est placé aux côtés des personnages et il voit la réaction de la cosplayeuse à la proposition d’Hal Crane, la table minuscule et dénudée qui lui est réservée pour signer, l’aménagement dans l’appartement du collectionneur pour pouvoir stocker un maximum d’originaux, le type d’établissement qu’Hal Crane fréquente pour aller voire un coup. Sean Phillips représente les choses avec un tel naturel dépourvu de toute ostentation que le lecteur peut ne pas s’en rendre compte, n’ayant l’impression que de dessin facile et purement fonctionnels.

Signe pour que je le revende sur ebay
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Le lecteur perçoit beaucoup plus facilement les éléments visuels relatifs au monde des comics. Ça commence dès la deuxième page avec les tables à dessins dans le studio d’Hal Crane, ainsi que les meubles de rangement des planches. Ça continue avec le petit plateau sur lequel sont posés un cendrier avec une clope en train de se consumer, mais surtout le pot d’encre de Chine, le pinceau, les stylos, les grattoirs, etc. Par la suite, le lecteur peut encore regarder d’autres meubles de rangement spécifiques chez le collectionneur, dans le sous-sol de la maison d’Hal Crane et des morceaux de pellicules d’animation. Il laisse également son regard errer dans les allées de la convention : les différents cosplayeurs (allant de l’équipe des Ghostbusters à un soldat de l’empire en armure rose, en passant par la princesse Yaz, un homme habillé en Wonder Woman, etc), les badges d’accès accrochés en pendentif, les files de dédicace, la cérémonie officielle de remise des prix…

Ed Brubaker glisse lui aussi de nombreuses références en citant des professionnels du métier : Julius Schwartz (1915-2004), Gerry Conway (1952-), Joe Kubert (1926-2012), Will Eisner (1917-2005), Al Williamson (1931-2010), Max Gaines (1894-1947), Jack Cole (1914-1958), Wally Wood (1927-1981), Joe Orlando (1927-1998), Stan Lee (1922-2018). Le lecteur familier du monde des comics se sent chez lui. Le lecteur de passage venu uniquement pour un récit de la série comprend les enjeux, et se doute que les noms cités sont ceux de professionnels.

Du fait que cette histoire s’inscrit dans la série CRIMINAL, le lecteur s’attend à ce que des actes criminels soient commis. Effectivement, Hal Crane, artiste ayant atteint et dépassé l’âge de la retraite, se livre à des petits trafics pour pouvoir payer ses dettes. En particulier, il travaille avec un faussaire pour signer des faux afin de les vendre plus chers. Au fil des souvenirs de Jacob, le lecteur apprend qu’il était aussi coutumier du fait de voler des planches originales chez les éditeurs pour lesquels il travaillait afin de les revendre pour son compte personnel, une autre référence à une pratique avérée. Le lecteur voit un autre petit criminel mesquin vivant de combines à la petite semaine.

Il y a même un flingue.
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Ed Brubaker se montre sans pitié vis-à-vis d’Hal Crane : sa façon de rabaisser ses assistants, son humiliation de voir son prix remis par l’éditeur qui l’a exploité, sa velléité de recourir aux services d’une prostituée, son recours à la violence face à des gens qui ne savent pas se défendre. Il se montre même beaucoup plus cruel que ça : Hal Crane est un individu qui n’a pas su mettre à profit son talent de dessinateur pour s’installer, qui est toujours dans le besoin malgré ce qu’il a pu accomplir dans son champ professionnel, qui ne peut pas apprécier les honneurs qui lui sont rendus du fait de sa rancœur. Il est humilié en constatant qu’il n’y a qu’une seule personne qui attend pour une signature à sa table de convention. Il sait qu’après avoir signé la boîte de goûter, elle sera mise en vente dans la minute qui suit, alors que lui a signé gratuitement.

Le lecteur perçoit toute l’amertume de ce monsieur âgé, grâce à la direction d’acteur impeccable de Sean Phillips. Le jeu des personnages est naturaliste, et les expressions de leur visage relèvent de celles d’individus adultes, ce qui ne les empêche pas d’être expressifs. Le lecteur ressent l’amusement d’Hal Crane de s’être fait gifler, son changement d’état d’esprit en écoutant les questions respectueuses du journaliste de Comics Review, le calme de façade alors qu’il se fait remettre à sa place par sa fille, la rouerie de Ricky Lawless (le frère de Tracy Lawless) alors qu’Hal Crane lui explique ce qu’il attend de lui, l’amertume et la culpabilité qui ronge Hal Crane. En de courtes scènes, Brubaker & Phillips en disent beaucoup, brossant le portrait d’un homme qui a vécu dans le milieu professionnel des comics américain. Outre les noms d’artistes et de responsables éditoriaux, le lecteur peut identifier des anecdotes comme celle du vol des planches originales, mais aussi de l’accident de voiture qui évoque celui d’Alex Raymond (1909-1956). Le prénom d’Hal Crane évoque aussi celui d’Hal Foster (1892-1982), le créateur de Prince Valiant. Pour autant ces références ne s’apparentent pas à des béquilles pour masquer un manque d’inspiration : elles constituent un écho à des faits marquants de l’histoire des comics aux États-Unis, et avant à celle des strips paraissant dans les journaux.

Le bon vieux temps des strips
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Ed Brubaker n’oublie pas pour autant le titre de sa série. Il est donc question de crimes réalisés par des faussaires, d’une intrusion avec effraction, de vols, et d’un autre plus grave. Le récit se focalise sur Hal Crane, sur sa vie évoquée par bribes, dans les déclarations de Jacob Kurtz qui semble s’adresser à un auditeur invisible, un peu comme s’il parlait plus pour le lecteur que pour lui-même. Les auteurs brossent le portrait très amer d’un individu doté d’un immense talent, s’exprimant dans un champ artistique tenu pour mineur, tenue de main de fer par les responsables éditoriaux, les artistes n’étant que de la main d’œuvre sans reconnaissance de leur droit d’auteur. Hal Crane est le produit d’une époque, d’un milieu professionnel, faisant de ce récit un polar au sens noble du terme : un roman noir inscrit dans une réalité sociale précise, ayant une incidence directe sur les individus évoluant dans ce milieu.

Avec la quatrième de couverture, le lecteur pourrait croire qu’Ed Brubaker & Sean Phillips (avec Jacob Phillips) s’offrent une petite aventure dans un chemin de traverse pour jouer avec les conventions comics, afin de contenter une partie de leur lectorat. Il apparaît très vite qu’ils racontent l’histoire d’un professionnel du monde des comics, sans omettre les crimes ordinaires, avec un suspense quant à la nature de ce que recherche fiévreusement Hal Crane.

Tu veux voir ma collec’ ?
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La BO du jour :

42 comments

  • JP Nguyen  

    J’ai sauté cet arc pour lire directement Cruel Summer, que j’ai beaucoup aimé.
    Ici, il semble y avoir un exercice réussi de revisite des coulisses du monde des comics qui ne peut que me titilller.
    L’avant-dernier paragraphe de ton article établit une belle synthèse et me donne envie de me plonger dès que possible dans ces pages !

    • Présence  

      Cruel Summer m’attend dans ma pile de lecture.

      Il est impensable pour un complétiste bien atteint comme moi de ne serait-ce qu’imaginer de sauter des épisodes !!! 🙂

      J’ai certainement encore plus apprécié cette histoire du fait du temps que j’ai passé à m’intéresser à la vie de Gil Kane (l’un des mentors d’Howard Chaykin) et à celle d’Alex Raymond (le dernier projet jamais paru de Dave Sim).

  • Bob Marone  

    Damned ! J’avais repoussé l’achat de ce comics (au grand soulagement de mes étagères), trouvant que le monde de la BD ne se prêtait pas au développement d’une intrigue criminelle. Selon moi ça ne pouvait que manquer de junkies, de gars démolis par la vie et de femmes fatales. Ton article me fait revoir ma position.

    • Présence  

      Je ne suis pas très impartial concernant les comics de Phillips & Brubaker. J’ai suivi l’évolution de leur série Criminal depuis le début, et je trouve qu’ils sont arrivés à un niveau de maîtrise de la forme extraordinaire. Fut une époque, je lisais beaucoup de polars (1 par semaine) et je peux voir la culture Polar de Brubaker dans ses scénarios, l’élégance avec laquelle il joue des conventions du genre. Je suis également épaté par la collaboration entre lui et Phillips afin d’éviter les suite de pages avec que des personnages en train de papoter de manière statique, ou une scène de révélation rendue très artificielle en BD.

  • Eddy Vanleffe  

    Il faudra bien aussi un jour que je m’y mette à cet univers partagé polar de Brubaker…
    J’ai un tome de Criminal mais j’ai tendance à trouver ça sans « truculence » et j’oublie de prolonger un truc qui est objectivement très très bien!

    • Eddy Vanleffe  

      La très binne idées aussi ces derniers temps est de mélanger leur histoires au milieux culturels comme le disque, le cinéma et là, le comics… On a une vraie Histoire moderne des USA…

      • Présence  

        Phillips & Brubaker le font maintenant de manière explicite et systématique : la culture de la drogue dans My heroes have always been junkies, l’âge d’or des comics ici, le passage du farwest à la civilisation urbaine dans Pulp.

    • Présence  

      Sans truculence : c’est vrai qu’à la lecture, ça me donne l’impression comme allant de soi, sans rien d’extraordinaire. Mais quand je le relis pour écrire un commentaire, je me rends compte que les éléments saillants sont bien présents : c’est juste qu’ils sont tellement intégrés au récit, qu’ils coulent de source comme une évidence, alors qu’en fait il y a bien des moments énormes, que ce soit la situation, ou la relation entre les personnages.

  • Jyrille  

    Je suis totalement perdu dans cette franchise, n’ayant aucun tome de CRIMINAL. Serait-il possible de faire un topo chronologique ? Du duo, je ne connais que leur run sur Daredevil que j’ai beaucoup aimé (je compte bien tout me relire dans un futur proche).

    Sinon ça donne très envie. Pendant un moment j’ai douté que Hal Crane soit un personnage fictif tant les vrais noms d’auteurs de comics aparraissent dans le fil de ton article. Je suis très curieux de voir le traitement des artistes. Et à chaque fois, j’aime beaucoup les couvertures.

    La BO : du bon Eminem.

    • Présence  

      Une tentative de chronologie avec les tomes dans l’ordre de parution

      1. Coward (avec Leo Patterson)
      2. Lawless (avec Tracy Lawless)
      3. The dead and the dying en 1972 (avec Jake Brown, Teeg Lawless et Danica Briggs)
      4. Bad night avec Jacob Kurtz (déjà apparu dans le tome 2)
      5. The sinners avec Tracy Lawless
      6. The last of the innocent avec Riley Richards, en 1982
      7. Wrong time, wrong place, en 1976, avec Teeg Lawless, et en 1979, avec Teeg & Tracy Lawless
      8. My heroes have always been junkies avec Ellie & Skip
      9. Bad Weekend
      9. Pulp en 1939 avec Max Winters
      10. Cruel summer en 1988 avec Teeg Lawless
      11. Reckless dans les années 1980s avec Ethan Reckless

      • JP Nguyen  

        Hum… es-tu sûr que Reckless se passe dans le même « univers » que celui de Criminal ?
        En survolant 2-3 articles de news, j’avais l’impression que c’était une série indépendante…

        • Présence  

          Je me suis peut-être avancé un peu vite, car je ne l’ai pas encore lu. Du coup, je m’en tiens à ce que tu en sais. Merci d’avoir rectifié.

          • Jyrille  

            Ah oui ća commence à faire pas mal de tomes… merci beaucoup Présence pour la liste et la chronologie je vais me pencher dessus !

          • Bruce lit  

            L’avantage de CRIMINAL est que tu peux les lire sans chronologie particulière.

          • Présence  

            Je rejoins l’avis de Bruce : chaque tome forme un roman à part entière, parfois plus une nouvelle (seule exception le tome 7 avec 2 nouvelles). La récurrence de certains personnages est un plus, mais pas une continuité comme dans les comics de superhéros. D’ailleurs, l’ordre de parution des tomes ne respecte pas le déroulement chronologique de la vie des personnages.

        • Présence  

          @JP – Je viens de lire le premier tome de Reckless, et tu as raison : aucun lien avec Criminal. Par contre, le récit pourrait avoir été publié dans la série Criminal, il n’y déparerait en rien.

          • Bruce lit  

            J’ai presque fini PULP des deux lascars. Exceptionnel aussi bien dans le dessin et l’écriture.

  • Kaori  

    D’Ed Brubaker, je ne connais que son Captain America par Bucky Barnes puis son Winter Soldier…

    2 points m’interpellent :
    Tu dis dans ton article que Hal Crane ne veut plus conduire parce que c’est lui qui conduisait quand Archie Lewis est mort. Pourtant dans le scan, ce que je comprends c’est qu’Archie a foncé dans un mur et que des rumeurs disaient qu’il était suicidaire… Je veux bien un éclaircissement.

    Deuxième point : c’est curieux de parler de direction d’acteurs pour un dessinateur. Ca me fait bizarre. Pour moi pour diriger des acteurs on doit leur parler, là il a juste à dessiner ^^; . Mais le parallèle avec le monde du cinéma doit être approprié, je suppose.

    Sinon, comme Cyrille, je me suis demandée pendant un certain temps si Hal Crane était un personnage fictif ou pas !

    • Présence  

      Oups ! Honte à mi, je me suis mélangé les pinceaux : tu as entièrement raison, j’ai interverti le nom d’Hal Crane et celui d’Archie Lewis. C’est bien ce dernier qui conduisait. Je ne devais pas avoir les yeux en face des trous quand j’ai écrit ça. Mea culpa.

      Direction d’acteurs : j’en suis venu à utiliser cette expression parce qu’en fonction des artistes, certains personnages dessinés semblent plus plausibles dans leurs postures et leurs mouvements que d’autres. Du coup, faute de mieux, je me suis servi du vocabulaire du cinéma pour évoquer la manière dont le dessinateur fait poser ses personnages.

      • Kaori  

        Merci pour ces éclaircissements 🙂 .

  • Tornado  

    Il m’attend sur mes étagères celui-là (et j’ai bien fait de l’acheter alors que je n’achète presque plus de nouveautés à présent, parce qu’il a l’air trop bien).
    Il y a encore Cruel Summer et Pulp qui vont sortir ? Et ils s’arrêtent quand les deux, là ?

    Au départ je n’étais pas convaincu par cette sorte de commentaire méta sur le monde des comics, mais manifestement je n’aurais pas dû. Il faut faire confiance au duo…

    Je suis très au parfum de ces trafics de dédicaces sur Internet. Ayant énormément fréquenté les festivals de BD, on croise systématiquement le même gang, qui ne fait que ça, peut importe le lieu dans l’hexagone. C’est effarant ! Toujours la même bande depuis plus de 30 ans ! Avec mon pote Fred on les appelle ouvertement les « têtes de con ». On ne prend plus de gants, on les appelle comme ça en face !
    J’en ai vu un une fois faire un truc hallucinant : Il se pointe devant Danny (le dessinateur d’Olivier Rameau, d’Histoires sans Héros et de la série Ça Vous Intéresse ?), lui dit « Heu… Je voulais savoir si vous seriez d’accord pour changer le prénom sur la dédicace que vous m’avez fait la dernière fois. Vous aviez dû mal comprendre, je m’appelle pas Benoit mais Michel »… Dany lui répond : « Mais pourquoi vous ne l’avez pas dit quand je me suis trompé ? ». Et la tête de con de lui répondre « Ben… J’avais pas osé… ».
    Alors Dany lui fait un dessin par dessus en lui changeant le prénom comme il le demande. La tête de con s’en va et Dany dit au suivant : « Pfff. Il n’a pas réussi à le vendre sur Internet à Benoit, alors il essaie de le vendre à Michel… ».
    C’était absurde ! Comment l’auteur s’est-il laissé convaincre de participer à une telle supercherie s’il avait deviné l’arnaque ? Et comment cette tête de con a pu oser demander un truc pareil ? C’était complètement surréaliste !
    J’entends souvent dire que le comportement des dessinateurs et des auteurs avec ces mecs est particulièrement ambigu. Et franchement je n’ai aucune idée du pourquoi et du comment…

    • Présence  

      Je viens d’acheter le tome suivant en VO aujourd’hui : Reckless. J’ai l’impression que tout n’est pas encore disponible en VF.

      Ce que tu décris me fait réfléchir sur l’épreuve de marathon que sont les séances de dédicace quand effectivement, l’artiste travaille gratuitement en sachant qu’une partie sera revendue sur internet. Je comprends mieux qu’ils puissent devenir chatouilleux sur le sujet.

      • Bruce lit  

        C’est le cas de Denis Bajram qui s’est clairement exprimé dessus avec ces arguments.

  • Surfer  

    Il faut absolument que je me lance plus en profondeur dans les œuvres de ce duo de choc inséparable.

    De Brubaker / Phillips je ne connais que FONDU AU NOIR que j’ai adoré.
    J’ai aussi beaucoup aimé le run de Brubaker sur Daredevil.

    L’intrigue du bouquin que tu présentes aujourd’hui se déroule dans le monde des comics de l’âge d’or. Un polar comicsien ( je ne sais pas si le mot existe mais si ce n’est pas le cas je me ferai breveter plus tard 😀)
    J’adore le concept. Toutes ces références à ces artistes me parlent beaucoup.

    Je vais peut-être finalement me lancer dans ce récit complet avant de poursuivre avec CRIMINAL et KILL OR BE KILLED.

    La BO : je ne suis pas spécialement attiré par le RAP Mais j’aime certains morceaux. Quelques-uns de EMINEM dont celui-ci.

    • Présence  

      Polar comicsien : c’est tout à fait ça.

      Avec un peu de connaissance sur la vie de quelques auteurs de comics, on peut aussi penser à Gil Kane.

      • Nikolavitch  

        Pour la petite histoire, un arc du comics adaptant CSI : Les Experts Las Vegas se déroulait dans le milieu des comics, un journaliste spécialisé étant tué lors d’une convention. Les policiers se retrouvent avec pas mal de suspects qui sont tous des auteurs de comics, dont Peter David, Brubaker, etc…

        c’était assez fun.

        • Présence  

          Cela devait être surprenant de voir ainsi les auteurs à l’écran.

          • Nikolavitch  

            c’était dans un comics CSI

            on sent que les auteurs s’étaient fait plaisir

          • Présence  

            Oups ! J’avais lu trop vite. J’ai retrouvé sur wikipedia :

            Dying in the gutter, par Steve Grant & Stephen Mooney – The story revolves around the (fictional) murder of Rich Johnston who writes a gossip column for Comic Book Resources called « Lying in the Gutters ». Due to his notoriety and the fact that this takes place at a comics convention there is a long list of comic book luminaries among the suspects.

            Avec aussi Chuck Dixon, Stan Lee, Marc Silvestri, Joe Quesada, Chris Ryall, Greg Rucka, Robert Kirkman, Ben Templesmith, Gail Simone, et quelques autres encore.

  • Bruce lit  

    Rien à ajouter Présence. Tu as bien cerné cet épisode de Criminal que j’ai bien aimé aussi. Un des rares incursions du duo dans le domaine de l’humour noir. La 1ère partie est absolument bluffante oui. L’anecdote des dédicaces implacable. Pour ma part, avec une tonne de dédicace à la maison, je ‘y accorde pas plus d’importance que ça. Ce qui m’importe c’est le moment pour l’obtenir. J’ai filé la moitié de mes dédicaces de Claremont et de JrJr à des copains tellement j’en avais. Il ne me serait jamais venu à l’idée de les monnayer, l’anecdote de Tornado est pitoyable, quels pauvres mecs….
    Je te laisse répondre sur la chronologie de CRIMINAL, Présence, après tout c’est ton article…

    @Alex Nikolavitch : joie et victoire : tu rentres officiellement des les hashtags du blog avec 64 articles où tu es répertorié. Ma prochaine étape est de titulariser Eddy Vanleffe pas loin avec une cinquantaine au compteur.

    • Présence  

      Un comics où nos ressentis convergent parfaitement est à marquer d’une pierre blanche. 🙂

    • Nikolavitch  

      Bigre, tant que ça ?

      • Présence  

        Ah ben oui, on a chacun notre petit caractère ! 🙂

  • Jyrille  

    Craquage : j’ai pris ce Bad week-end ainsi que l’intégrale PARKER.

    • Présence  

      Craquage en retour : j’ai fini par commander My friend Dahmer hier.

      • Jyrille  

        YEAH !

  • Jyrille  

    Lue. J’ai trouvé ça moins puissant que PULP mais tout le traitement et toutes les réflexions sur le monde des comics sont parlantes et intéressantes. Graphiquement, c’est incroyable comme cela paraît naturel tout en étant désabusé avec une lumière de polar.

    J’ai enchaîné avec MES HEROS ONT TOUJOURS ETE DES JUNKIES et je suis épaté par le changement graphique : clair, aux couleurs plus joyeuses, des traits plus simples et fins, et une histoire qui pour l’instant me plaît beaucoup sans savoir où elle va me mener.

    J’ai encore CRUEL SUMMER dans cet univers, l’édition française de cet été.

    • Présence  

      En ce qui me concerne, j’ai beaucoup plus aimé Bad Weekend que Pulp, peut-être que le thème me parlait plus, ainsi que la culture comics.

      Graphiquement, c’est incroyable comme cela paraît naturel tout en étant désabusé : 100%, à chaque fois mon ressenti devant les dessins de Phillips est l’évidence et la pleine empathie, une maîtrise incroyable pour arriver à ce niveau de naturel.

      Mes héros ont toujours été des junkies : je l’ai également plus apprécié que Pulp (non, ce n’est pas juste pour être désagréable 🙂 ), mais ce n’est pas parce que je me sens plus d’affinité avec les junkies. Encore que l’addiction peut prendre bien des formes…

      • Jyrille  

        Ah ah je te dirai ça Présence, mais il faut dire que Pulp rassemble pas mal de choses qui me font plaisir : le combat contre la dictature et l’obscurantisme, la résistance souterraine, les cow-boys, les personnages vieillissants et ambigus faisant un baroud d’honneur (comme dans le film WILD BUNCH, La horde sauvage de Sam Peckinpah ou dans un autre genre L’ARMEE DES OMBRES de Jean-Pierre Melville), c’est pour moi plus honorable et exceptionnel. Mais bien évidemment, n’ayant pas ta culture comics, je peux comprendre cet attachement à ce milieu social à part comme tu l’écris.

        D’ailleurs si tu ne les as pas lus, je te reconseille les RETOUR A LA TERRE qui en parlent aussi mais de façon humoristique.

        • Présence  

          Je comprends mieux : nous avons tous des affinités ou des sensibilités pour des thèmes particuliers.

  • Jyrille  

    « un roman noir inscrit dans une réalité sociale précise, ayant une incidence directe sur les individus évoluant dans ce milieu » : superbe analyse de cette histoire

    • Présence  

      Plus jeune, j’ai eu une phase au cours de laquelle j’ai lu beaucoup de polar et je me suis demandé quel roman policier pouvait mériter cette appellation par les critiques. Il semble qu’une caractéristique essentielle est que l’enquête ou le meurtre soit le révélateur d’une réalité sociale.

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