Top 10 : DANCING MACHINE (soul et funk)
Une checklist pour groover à donf, concoctée par : TORNADOIl n’y a pas longtemps, on parlait de soul music. Mais c’était de la soul cool, pour pleurer sa mère, ou pire, pour danser le slow. Aujourd’hui, il est question d’écouter de la soul, voire sa principale itération qu’est le funk, pour danser le groove. Un autre article, comme une sorte de suite à celui-ci, explorera davantage de dance music, en particulier le disco…
Le funk nait dans le sillon du Rythm’n blues et de la soul. Tandis que la soul mettait en avant l’émotion du chant (hérité des traditions gospel) au sein d’un ensemble musical précis et millimétré, soutenu par les chœurs et les cuivres, le funk (abréviation de « funky », littéralement « la sueur » !) mise tout sur la rythmique, laquelle est mise au premier plan (généralement batterie/basse/guitare, comme dans le rock), et autour de laquelle gravitent les musiciens solistes (souvent le saxo ou les claviers), qui peuvent improviser à l’envie, comme dans le jazz. Le genre a d’ailleurs connu plusieurs versions fusionnées, comme le jazz-funk ou l’acid-jazz, et plus tard la fusion avec le rock (Red Hot Chilli Peppers, ce genre de truc…).
Mais le funk reste le funk, car il se différencie de la soul par la prépondérance du rythme sur le chant, et il se différencie du jazz par quelque chose de très important : le groove.
Qu’est-ce que le groove ?
Au départ, dans le jazz, il y avait le swing. Une sensation appliquée au rythme de la musique. En gros, quand tu l’entends, tu as envie de danser en claquant des doigts…
Avec le funk, nait réellement le groove, bien que le terme fut entendu pour la première fois chez les jazzmen, qui avaient découvert l’effet dansant qui nous saisit les tripes lorsque la section rythmique met l’accent sur le premier temps de la mesure.
Mais c’est avec la soul et le funk que se développe réellement la notion. Il s’agit alors d’enrichir l’effet dansant et hypnotique en jouant autour de la pulsation rythmique (d’où les termes de « croche », « double-croche », etc.). Une attaque de basse juste avant le beat, ou un riff de guitare wah-wah juste après, crée un effet sonore qui fait « durer » la sensation, la maintient en apesanteur, à l’opposé d’un rythme sec et saccadé comme on l’entend le plus souvent dans le rock. Idem avec la grosse-caisse ou la caisse-claire de la batterie, ou avec la section-cuivre, qui amènent régulièrement des variations à l’intérieur de la mesure. En conclusion, le groove, c’est lorsque la rythmique dansante est enrichie par tout ce qui tourne autour du beat principal. En découle une sensation de « rondeur », toute en suspension, une pulsation que l’on ne retrouve pas avec la même intensité dans le rock, et qui t’oblige à te ruer sur une dance-floor et à te trémousser en tous sens jusqu’à ta dernière goutte de transpiration…
Le groove est un état plus ou moins indéfinissable qui ne connait pas vraiment de définition précise. En général il est exprimé lorsque des musiciens décollent rythmiquement et atteignent une apesanteur un peu magique qui entraine l’auditoire. A partir de là, on peut dire, souvent sans conteste, que certains musiciens groovent, et que d’autres ne groovent pas.
La playlist qui va suivre se propose donc d’illustrer le genre avec quelques artistes emblématiques, piochés principalement autour des années 70, période où s’est véritablement construite cette sensation, et où elle s’est épanouie dans sa version la plus pure et aboutie.
Un petit avertissement s’impose quand même : Etant donné l’époque, attendez-vous à voir des coupes afro, des pantalons à pattes d’eph et des paillettes à tout-va. Visuellement, vous risquez de dénicher du kitsch qui picotte la rétine…
Cet article est dédié à J.J. Mr Bruce, notre rédacteur en chef bien-aimé, qui m’a un jour confié que cette notion de groove lui était complètement étrangère !
Allez hop ! c’est parti :
Otis Redding : HARD TO HANDLE (1968)
On commence en douceur avec l’un des plus grands de la soul. C’est lent mais ça groove. Et pour cause : Booker T. Jones aux claviers, Al Jackson Jr. A la batterie, le duo Steve Cropper à la guitare et Donald « Duck » Dunn à la basse (ils formeront plus tard l’architecture des blues Brothers !), et bien entendu le king Otis en personne, qui insuffle une énergie saisissante à son phrasé inimitable.
Hélas, ce géant, l’un des premiers artistes afro-américains ayant réussi l’exploit de briser les frontières et de propulser la soul, au départ sclérosée dans les racines de la culture noire, au rang de musique universelle, décède en 1967 dans un accident d’avion à l’âge de 26 ans à peine !
Vous aurez donc remarqué que HARD TO HANDLE (qui connait une reprise musclée par le groupe de rock Black Crowes) sort un an après sa mort, initialement dans l’album posthume paradoxalement intitulé THE IMMORTAL OTIS REDDING.
Ironie de la chose, l’orchestre du studio Stax, mythique studio soul du sud (le plus attaché aux valeurs antiségrégationnistes) ici représenté par sa légendaire section rythmique, était en grande partie composé de musiciens… blancs !
Sly & the Family Stone : I WANT TO TAKE YOU HIGHER (1969)
Durant le festival de Woodstock, en plein milieu de la nuit, un groupe mixte et multiracial (des hommes, des femmes, des blancs et des noirs !) va enflammer le public et quasiment inventer le funk devant une foule époustouflée par une rythmique de dingue que seul Santana réussira à égaler durant ces trois jours de musique (et de paix). Et oui, l’influence de ce groupe qui mélange allègrement soul, funk et rock psychédélique, va être énorme et résonnera dans tous les genres musicaux pour le reste de la destinée humaine…
James Brown avait créé une sorte de proto-funk. Mais c’est bien Sly & the Family Stone qui a complètement défini le genre (au menu : mur de percussions, slap de basse, guitare wah-wah, solos de cuivres, de claviers, etc.) et généré tout ce qui a suivi.
Curtis Mayfield : MOVE ON UP (1970)
« Élève-toi » ! nous chante Curtis Mayfield en 1970, sur son album CURTIS, son masterpiece. Cette formule n’est pas seulement là pour nous faire danser, évidemment. Derrière, en toile de fond, il y a ce cri adressé à tout le peuple noir, invité à se lever fièrement et à aller de l’avant.
La ségrégation raciale connait sa plus forte opposition historique dans les années 60 (notamment sous l’impulsion de Martin Luther-King) et les lois progressistes en faveur des noirs leur plus grande progression dans le même temps (Le 2 juillet 1964, le président américain Lyndon B. Johnson signe la loi sur les droits civiques qui abolit la ségrégation et les pratiques discriminatoires, le texte devenant le symbole de la lutte contre les discriminations raciales). Cette chanson est donc un hymne dans l’ère du temps.
Dans le texte, Curtis Mayfield nous chante que l’on peut atteindre ses rêves mais que le chemin sera semé d’obstacles (aujourd’hui encore, aux USA, la ségrégation s’obstine !). Replacée dans son contexte social et historique, la chanson est d’autant plus profonde.
Musicalement, le titre est joyeux et lumineux. C’est toute la pédagogie des maitres de la soul que de nous décrire le quotidien des laissés-pour-compte en nous donnant envie de danser !
Version longue (celle de l’album (la plus groove ! la plus funk !)) disponible ICI.
The Jackson Sisters : I BELIEVE IN MIRACLES (1976)
Rien à voir avec les Jackson 5 sauf que… tout à voir ! Effectivement ces cinq sœurs-là ne sont nullement apparentées à Michael, Jermaine, Janet, Latoya et Cie. Et pourtant leur style, en ce milieu des années 70 (pour leur seul et unique album) est extrêmement proche de ceux de la famille de Bambi enregistrés à la même époque (la preuve un peu plus bas).
Alors moi ce titre des Jackson Sisters me fait un tel effet que, sitôt que je l’entends, je ne peux pas m’empêcher de me lever et de danser comme un possédé. Pitié de ne jamais envoyer la chanson si je suis en pleine réunion de travail, auquel cas je vais ressembler à Roger Rabbit quand il entend toquer les cinq coups de ON-RA-SE-GRATIS… DEMAAAIIINNNN !!!!!!!!!!!!!!!
Stretch : WHAT DID YOU DO IT (1975)
Est-ce qu’on peut être blanc et avoir le groove ? Affirmatif (on l’a déjà vu derrière Otis Redding) !
Et ce, même si on est anglais, comme Stretch, groupe éclectique (mélange de rock, de blues et de funk) formé au milieu des 70’s par Elmer Gantry. A l’aube du disco, la chanson fera un tabac et la plupart des stars du rock voudront en reprendre la formule, si on songe par exemple au Rolling Stones avec MISS YOU et à Queen avec ANOTHER ONE BITES THE DUST.
J’ai choisi égoïstement la version longue du morceau (un remix), car c’est tout simplement une chanson qui pourrait durer des heures que je ne m’en lasserais pas (quand on aime…)…
Aretha Franklin : ROCK STEADY (1971)
Moult titres d’Aretha donnent envie de danser. Mais l’un d’entre eux, pas forcément le plus connu, est encore plus funk que les autres (écoutez la ligne de basse, dédoublée à la fin de chaque mesure). C’est ROCK STEADY, une chanson sur l’émancipation des femmes écrite par la Queen of soul en personne (avec Donny Hathaway aux claviers).
La chose a été reprise par plein d’artistes, dont les Jackson Sisters écoutées plus haut, et par Prince en 2007.
The Jackson 5 : WHAT YOU DON’T KNOW (1974)
Des titres des Jackson 5 qui donnent envie de danser, ce n’est pas ce qui manque non plus (tiens, au hasard, DANCING MACHINE !). Mais celui-là est mon préféré. Des riffs de cuivre comme ceux que vous allez entendre, allez m’en chercher d’aussi incroyables !
Nous sommes en 1974. Dans deux ans, ce sera la ruée du disco. Et ça se sent !
James Brown : GIVE IT UP OR TURN IT A LOOSE (1974)
Retour aux sources avec le godfather of soul et son monstrueux GIVE IT UP OR TURN IT A LOOSE tel qu’il le jouait en live. C’est effectivement en concert que tout l’art de ce génie était à son sommet. J’ai eu la chance de le voir une fois dans ma vie et c’était vraiment une expérience unique (trois heures de concert, dont quarante-cinq minutes dédiées au seul IT’S A MAN’S MAN’S MAN’S WORLD !!!). Expérience multipliée quant au fait que j’ai pu le voir répéter avec ses musiciens tout le long de l’après-midi précédent le concert !
Ce soir-là, il a tout fait, y compris le grand-écart à cinquante ans passés !
James Brown, c’était la puissance brute du musicien dans toute son animalité furieuse et, effectivement, il n’y a que sur scène qu’on pouvait prendre la mesure de la chose. Pour cette raison en particulier, merci à la vie de me l’avoir démontré.
Cette chanson est un manifeste du groove et vaut surtout son pesant de cacahuètes au bout de 5 minutes et 12 secondes, au moment où le morceau repart après le long break où le Godfather scande à répétition son « Clap your hands, Stop the beat ! ».
The Temptations : GLASSHOUSE (1976)
L’un des mes titres groove favoris de tous les temps !
Cette bombe, issue de l’album A SONG FOR YOU (une face pour danser le disco, une autre pour danser le slow) vaut surtout pour sa rythmique de l’enfer concoctée par le trio inégalable formé de William « Billy Bass » Nelson à la basse (on s’en doutait), le légendaire Melvin « wah-wah » Ragin (également appelé « Wah-Wah Watson ») à la guitare (on s’en doutait aussi) et l’étincelant Eddie Hazel, également guitariste des Funkadelic et auteur du sublime solo de 10 minutes du monstrueux MAGGOT BRAIN, l’hommage de Funkadelic à Jimi Hendrix sur l’album éponyme de 1971.
Ecoutez attentivement : A 1’47 mn exactement, il y a ce riff survolté de guitare wah-wah. Il ne dure qu’une seconde, mais toute l’essence du groove est là. Est-ce « Wah-Wah Watson » ou Eddie Hazel qui exécute la chose ? On serait tenté de parier sur le premier, mais avec de tels phénomènes, on ne sait jamais…
Tout ceci n’est pas encore officiellement du disco, mais on en est pas loin…
Isaak Hayes : SHAFT (1971)
En principe, ce titre, tout le monde le connait.
Sa place ici est spéciale, car le groove de SHAFT se situe surtout dans l’esprit de son auditeur plutôt que dans son corps. Serait-ce un titre à danser avec la tête plutôt qu’avec les jambes ? Franchement, oui.
SHAFT ressemble davantage à une introduction prometteuse (ce qu’il est pluisqu’il illustre le générique du long-métrage éponyme et le début du double-album consacré au film-phare de la Blaxploitation), une longue montée vers une explosion finale qui n’arrive jamais.
Le résultat est un titre hypnotique (à la manière des Temptations sur PAPA WAS A ROLLING STONE, SMILLING FACES SOMETIMES, ZOOM et MASTERPIECE), à écouter allongé les yeux fermés, et pourtant bourré à craquer de groove !
Le groove en question, habiliment ménagé par l’orchestration langoureuse et bouillante d’Isaac Hayes et les vrombissements de basse placés en contrepoint, est bien entendu dévolu au légendaire et géniallissime riff de guitare wah-wah exécuté par Charlie Pitts (le nom du guitariste sera repris pour devenir celui du bar de Huggy les-Bon-Tuyaux dans STARSKY & HUTCH !).
Titre emblématique de la Blaxploitation, il connaitra plusieurs itérations en même temps que la suite de films générée par le succès planétaire de celui de Gordon Parks (sorti en France sous le titre SHAFT, LES NUITS ROUGES DE HARLEM). Il y aura entre autres un SON OF SHAFT l’année suivante, par les Bar-Keys, une géniale variation de Johnny Pate avec SHAFT IN AFRICA en 1973, et une suite par Isaac Hayes lui-même en pleine période disco, intitulée sobrement SHAFT II.
Pas de titre bonus aujourd’hui mais juste… deux autres TOP 10 complémentaires !
Juste pour nourrir votre curiosité ou pour élargir votre culture, à prendre comme une invitation (nulle obligation de tout écouter, donc, et surtout pas d’une traite. Vous pouvez au contraire y revenir de temps à autre pour picorer un truc ou deux…).
La première checklist vous propose (en plus des quatre titres des Temptations évoqués au-dessus, tous avoisinant les 13 mn !) d’autres titres tout aussi groovy que ceux que vous venez d’écouter, et qui auraient également mérité de figurer à leur côté. Depuis les années 70 jusqu’à nos jours (évidemment, je n’ai pas pu mettre tous les artistes emblématiques, loin s’en faut !).
La seconde vous propose de découvrir les autres grands standards de la Blaxploitation en plus des titres estampillés SHAFT.
To Groove again :
Marvin Gaye : GOT TO GIVE IT UP (12 mn de transe, avec une seconde partie quasi-instrumentale monstrueusement groove !)
The Blues Brothers : SOUL MAN (derrière les Blues Brothers : La légendaire section rythmique de Stax Records (tous les musiciens d’Otis Redding) !).
Gil Scott-Heron : THE BOTTLE (le roi du Ghetto n’était pas qu’un poète, il groovait aussi !)
Earth, Wind & Fire : POWER (les débuts méconnus des stars du funk)
Bill Withers : LONELY TOWN, LONELY STREET (le groove urbain et langoureux de Big Bill !)
Barry White : YOU MAKE ME FEEL LIKE THIS (vous allez entendre que Barry White ne faisait pas que chanter et crooner au ralenti. Il orchestrait aussi du groove de chez groove avec des instrumentaux brûlants et cathartiques !)
Spice : SOME FUNK (quand, dans les années 90, un groupe de blancs allemands au look de hard-rockers se prennent pour James Brown !)
Dag : LOVELY JANE (c’est comme ça. A partir des années 90, les blacks se mettent de plus en plus au rap, et pour le groove, ben y a quasiment plus que des blancs… Ne manquez pas non plus le titre RIGHTEOUS et son falsetto mayfieldien !)
Har Mar Superstar : PRISONER (dans les années 2010, ça groove encore !)
Lee Fields : LAST RIDE (le dernier survivant de la soul old-school, qui laisse ici s’exprimer son groupe de… blancs ! Ecoutez bien la ligne de batterie : Moi-même je n’arrive pas à la suivre !) (bon, j’ai hésité avec STANDING BY YOUR SIDE, un titre chanté)
Kings of Blaxploitation :
Willie Hutch : GIVE ME SOME OF THAT GOOD OLD LOVE (La légendaire bande-originale de FOXY BROWN et sa non moins légendaire –et sublime- actrice Pam Grier. Vous savez ce que Quentin Tarantino en a tiré !)
Curtis Mayfield : SUPERFLY (l’autre grand standard de la Blaxploitation après SHAFT. Curtis et son falsetto à son apogée)
Gene Page : BLACULA (l’un des titres les plus croquignolesques de l’histoire du cinéma avait une BO particulièrement jouissive !)
Marvin Gaye : « T » PLAYS IT COOL (encore lui ! Cette fois, il ne chante pas. Mais quel groove !)
James Brown : SLAUGHTER THEME (le Grandfather of soul en personne. ‘Nuff Said !)
Joe Simon : CLEOPATRA JONES (sur les traces de FOXY BROWN !)
Bobby Womack : ACROSS THE 110TH STREET (dire que des films mineurs avaient de telles chansons…)
Barry White : THEME FROM TOGETHER BROTHERS (encore lui aussi !)
Roy Ayers : COFFY IS THE COLOR (le retour de Pam Grier. Et un autre standard de la Blaxploitation !)Lalo Schiffrin : DIRTY HARRY (parce que le précurseur de la Blaxploitation, c’était lui. Il composera plusieurs standards aux frontières de la blaxploitation, dont le générique de STARSKY & HUTCH et celui d’OPERATION DRAGON
Barry White THEME FROM TOGETHER BROTHERS : bof bof, pas très inspiré je trouve. Alors que le LOVE THEME, je te l’ai déjà dit, j’en suis fou.
Roy Ayers : bof bof itou, un peu paresseux comme titre.
Lalo Schifrin : j’avais complètement oublié ce thème. Sympa mais beaucoup moins marquant que celui de Mission Impossible et même que celui de Mannix !
https://www.youtube.com/watch?v=kLTb3_-pdU4
Tu mets ça dans la Blaxploitation ? Dire que les Guns seront choisis pour un des derniers Dirty Harry 🙁
Et sinon ça ? https://www.youtube.com/watch?v=vpGhcqvNlZ4
Merci pour tous ces retours ! Rien qu’avec toi je n’ai pas l’impression d’avoir écrit tout ça pour rien ! 😅
THE LOVE THEME de Barry White a toujours été l’un de mes titres préférés de tous les temps pour faire la fête. Quand j’habitais à Lille il passait dans toute soirée digne de ce nom. De toute façon je suis totalement fan de Barry White…
TROUBLE MAN de Marvin Gaye. Oui, c’est un album mineur du maitre. Mais franchement ça ne se boude pas et ça groove à mort. Il faut être dans « l’esprit Blaxploitation ». C’est un univers sonore à part entière, très connoté, à cheval entre la soul et le jazz, totalement inféodé à son époque, entre 1971 et 1975.
Lalo Shiffrin : Ce n’est pas tout à fait de la blaxploitation mais ça en pose les jalons. Justement par ce parti-pris entre le jazz et le groove. A mon avis il a tout inventé à la base.
Le générique d’Ulysse 31 : Oh la la, non, pas du tout. Pour moi ça sonne synthpop, dans la lignée de Kraftwerk et tous ces trucs que toute la presse rock vénère mais qui ne groove pas du tout pour moi à cause de la froideur synthétique. Je préfère de loin le score original de Yuji Ohno (ne pas se contenter de la chanson kitsch du début) : https://www.youtube.com/watch?v=MV2KwvYaPU0
Merci à toi pour des articles aussi longs et généreux ! Pour Ulysse 31 j’ai pris le premier truc que j’ai trouvé mais il y en a des meilleures. J’aimerai vraiment trouver toutes les musiques du DA mais au format de la BO, il y a des trucs incroyables dans différents thèmes et style. J’avais en tête un autre titre très funk également ,avec guitare wah wah et section de cuivres.
Bon j’ai tout écouté, Tornado. C’est en effet kitsch (il y a trois ou quatre chansons dont une très easy listening, un peu Bacharach quoi) et le reste c’est de la funk disco pop typique des années 70, pas du tout désagréable. Et on entend bien les grincements du vinyle ^^
Quelle science ! Et quelle aisance dans la vulgarisation du truc : moi qui n’ai aucune culture « instruite » de la musique, qui n’ai jamais fonctionné autrement qu’en réagissant, loin de toute réflexion (sinon les fois où le texte et la mélodie se complémentent et amplifient leurs puissances émotives), j’en ai bien plus appris sur ses mécanismes -et presque assimilé, donc, la notion précise de Groove- en lisant ton article qu’à l’époque où je feuilletais les Rock & Folk de mon camarade. Bon, c’est vrai que c’était un canard à vocation commerciale, et pas nécessairement éducative.
Chapeau, en tous cas, car je suis particulièrement réfractaire à l’apprentissage : tu es un sacré pédagogue.
Je parcours en ce moment les morceaux, et tout m’est très facile d’écoute, jusqu’à présent. Je suis bien d’accord que d’avoir pu voir James Brown en « Live » est un privilège : bien que je ne l’ai pas « intégré » lors de son retour, dans les années quatre-vingt (j’avais la tête bien trop prise par l’avalanche de pop acidulée des îles Britanniques !), j’en sais suffisamment sur lui depuis lors pour constater la singularité du musicien/show-man, et son exceptionnelle vitalité (!). Ce genre de personnage fait trembler le sol, quand il s’approche…
Mais c’est une musique dont je n’ai jamais ressenti un besoin viscéral, bizarrement ; sinon sur la piste de danse (j’étais un danseur fou typique : celui qui baffe les voisins à cause de ses grands bras et qui inonde les premiers rangs parce qu’il transpire comme un porc…).
Ce que je possède de plus « Funk » dans ma discothèque (les guillemets sont là exprès !), c’est Prince -et, si j’ai bien assimilé la définition, c’est vrai qu’il Groove très peu ! D’ailleurs, j’ai arrêté de l’acheter après Graffiti Bridge ; il a eu une approche souvent plus « pure » du truc, par la suite, plus honnêtement Funk et moins Pop : ça s’éloignait de mes besoins les plus immédiats, plus orientés mélodies et sons, plutôt que virtuosité purement musicale.
Je continue mon exploration et je reviendrai en tchatcher un peu.
Merci boucou.
Merki à toi. Tu me rassures. Je trouve que peu de gens connaissent vraiment la signification de la notion de groove !
J’en entends plein qui disent « meuh si, c’est du groove mais pas le même que tu aimes » ! Heu… non. Les punks ne groovent pas, par exemple. Le groove c’est rond, moite, suspendu en l’air et en apesanteur. C’est pas du « tacatacatacatac » tout sec. Pas du tout ! ^^
Tu diras ce que tu veux, ta définition du groove ne suffit pas pour moi 🙂 Je n’ai pas du tout la même.
Mais oui mais non. Le groove c’est pas n’importe quoi quand on en a envie. C’est tout ce qui tourne autour du bit principal pour y apporter des vibrations dansantes en l’étirant et en le faisant durer. Quand il n’y a rien autour du bit, ça groove pas. En gros, quand c’est tout sec, ça groove pas.
Bah si c’est un peu n’importe quoi justement : fr.wikipedia.org/wiki/Groove
« Le groove, chez les musiciens, donne un « état » indéfinissable de la musique, qui peut signifier un moment un peu « magique », de grâce, où celle-ci « décolle » rythmiquement ; on peut le rapprocher du swing en jazz, du duende en flamenco ou du tarab en musique arabe, chaque style de musique ayant son vocabulaire pour désigner cet état que personne n’arrive à définir clairement, mais que de nombreux artistes (et mélomanes) arrivent à ressentir. »
A partir de 3’09 », ça groove non ? Pourtant c’est régulier et ni du jazz ni de la soul ni de la funk.
youtube.com/watch?v=lHqI2Ks6zEc&t=189s
Arrêtez de vous battez! Vous avez tous les deux raisons. Chamberlain joue avec le placement. Si on l’alignait avec une grille de tempo (j’ai la flemme) ça serait proche mais pas tout dessus. Beato justement revient régulièrement sur ce sujet.
Et des grooves rock, on en trouve, au hasard When the Levee Breaks the Led Zep, énorme, en rock-variété come le Porcaro shuffle (Rosanna, Toto) héritier du Purdie shuffle et de « Fools in the Rain » du même John Bonham. On peut créer tout un continuum de grooves du funk pur au rock, et à un moment ou finit par avoir du rock qui ne groove plus du tout, probablement avant d’arriver à l’indus.
Je propose un test simple et pragmatique, à l’instar de celui de Turing ou du « duck typing » (si ça marche cmme un canard et que ça parle comme un canard…) : si ça fait bouger votre tête en rythme sans que ça soit du headbang, ça groove probablement.
Oui, il y a moult titres rock qui groovent à mort (d’ailleurs ils empruntent souvent à la soul, au funk, au jazz, voire au disco). Mais sinon, non, je ne concèderais jamais qu’un titre de rock basiquement binaire et sec, ça groove. Ça, c’est juste l’antithèse du groove.
Bonjour, je suis venu pinailler et échanger dans la bonne humeur! Bon, pinailler, apporter ma petite pierre je ne suis pas venu critiquer.
Avant son sens métaphorique groove signifie « rainure », et pour les musiciens c’est le fait de tomber dans une sorte de rail naturel ensemble, de manière organique. On pourrait l’utiliser pour la musique électronique parce que si on veut que les temps tombent mathématiquement où ils devraient c’est un rail. Oui, mais non!
Effectivement le groove est plus organique, plus relâché. Par exemple, dès l’intro de « Superstition » par Stevie Wonder, outre les couches de Clavinet, sa cymbale de charley groove d’enfer! Le groove funky est un parent du swing : le swing ou boogie (ou shuffle…). Quand on parle de musique binaire, c’est jouer UN ET DEUX ET TROIS ET QUATRE comme une basse punk par exemple, en swing ça va être UN hm ET DEUX hm ET TROIS hm ET QUATRE. Mais écrire au sujet de la musique, c’est comme pêcher sur le sujet de l’architecture, mais imaginez le tss dts dts du jazz sur une cymbale ou aux balais et c’est ça. Maintenant imaginez une contrebasse jazz dessus : ça swinge. Le boogie rock c’est la version « camionneur » de ça, comme par exemple La Grange de ZZ Top.
Je n’ai pas retrouvé une courte vidéo de Bernard Purdie, batteur oh combien groovant, avant même de jouer le phrasé de ses mots commençait à groover, néanmoins, un exemple au hasard du monsieur : https://youtu.be/5S2VMYGcSE0.
La définition d’attaquer sur le premier temps en vaut une autre, un autre marqueur rythmique de toutes les musiques « populaires » ou quasi, c’est le backbeat. Si vous écoutez un morceau qui n’est pas du prog chaipaquoi, il y a 80% de chance au moins qu’il se décompose en petites phrases de quatre temps, et que la caisse claire vienne faire SCHTACK sur le deuxième et quatrième temps : le backbeat. Faites le test : clappez des mains en même temps et ça accentuera le groove, clappez sur tous les temps et ça fera la fête à la saucisse. C’est l’un des combats de ma vie : ne clappez sur tous les temps, bordel. Et bien le groove c’est une manière de ne pas jouer toujours exactement – ça reste en place hein c’est subtil – là ou le temps devrait être, mais qui sonne en soulignant l’impact et le contraste du backbeat.
On retrouve aussi un groove très relâché, laid back, sur les blues et funks lents, où beaucoup de choses sont jouées retardées juste un peu, créant une sorte d’anticipation lascive, un exemple canonique c’est Questlove sur le Untitled de D’Angelo, certainement dans de nombreuses listes de chansons pour ken. Et en caricaturant les distorsion de temps, on arrive dans le « drunk groove » moderne, qu’on, retrouve pas mal en hop hop, en neo soul, en fusion, ce genre de choses : https://youtu.be/5IrpdpAf6oE
Enfin une branche du rock, qu’on peut appeler « classic rock », issue du rock n’ roll des années 50, qui se poursuit jusqu’au hard rock mais pas le métal, a sa propre version du groove, que j’ai déjà vu et appelée « swagger » (et je l’adopte) : c’est le feeling à la Rolling Stones, en gros, on imagine le guitariste une clope au bec la bière sur l’ampli. Un exemple récent chez l’excellent Theo Katzman (issu des très funky Vulfpeck) : https://youtu.be/Ro6UZy4Ho1g
Et enfin un exemple définitif de groove sur un seul instrument qui n’est pas la batterie, selon moi, sur l’intro de Sly Stone : https://youtu.be/gZFabOuF4Ps quand le groupe le rejoint toute qu’il fait était induit par la ligne de basse.
Ce commentaire beaucoup plus foutraque que ce que j’avais imaginé mais ça vient du coeur.
Merci Chip pour ta pierre à l’édifice. Je crois que Bootsy Collins disait en effet, pour reprendre ta définition première de « rail », que le groove existait lorsque tout le monde tombait bien sur le 1 (le un) du rythme.
D’Angelo est un spécialiste pour les rythmes très au fond du temps oui. D’ailleurs ton titre de Curtis Mayfield me rappelle beaucoup (énormément) le D’Angelo que je connais le mieux, son second album (tuerie) Voodoo.
Je suis fan du morceau de Sly Stone, il est sur la BO de DEAD PRESIDENTS que j’ai énormément écoutée.
Merci pour cette liste et plus spécialement pour l’inclusion de Curtis Mayfield, génie influent mais souvent oublié. Je partage ici un morceau testament d’un album qu’il savait être le dernier : https://youtu.be/0NT2xvnyHkU.
Le funk était présent partout dans les 70s et surtout sa première moitié. Fusion, Zappa, rock, jazz, et oui l’incroyable filière Blaxploitation – que j’ai personnellement découverte avec Jackie Brown – et je ne vais pas m’en plaindre, surtout depuis qu’on a un accès facilité à beaucoup de ce patrimoine.