TOP 10 des chansons pour chialer dans sa bière

TOP 10 des chansons pour chialer dans sa bière

PATRICK 6 chante le blues

L’histoire commence il y a quelques années lorsque Bruce a rédigé son TOP 10 des albums les plus déprimants de la galaxie Il va sans dire que je ne partageais pas forcément tous ses choix, mais je les respectais au demeurant. Quoi qu’il en soit, cela m’a donné l’idée de faire mon propre TOP 10, hymne à la dépression à la solitude et au dépit amoureux !

Cependant, pour me distinguer, j’ai décidé d’adopter une approche, non plus par album, mais par chanson. Ainsi, en écoutant ces 10 morceaux à la suite vous aurez l’assurance de passer une quarantaine de minutes de franche déprime et de délicieux auto-apitoie ment ! Que du bonheur en somme.

J’ai commencé à noter, de mémoire, les titres plus déprimants qui me passaient par la tête. De telle sorte que je me suis retrouvé rapidement avec une centaine de chansons ! Bigre. Une sélection compliquée s’imposait donc.

Pour commencer, j’ai déjà fait un Top 10 COLD WAVE , avec mon collègue Eddy. Afin d’éviter les doublons, et de ne pas parler ad vitam des mêmes groupes, je me suis donc interdit de citer une 2eme fois les mêmes artistes. Exit donc CURE, JOY DIVISION ou ANNE CLARK… qui sont pourtant les maitres du genre ! La vie n’est pas facile.

Au final voici mon choix, forcément subjectif et incomplet, mais c’est le propre des TOP 10. Bref, ne tergiversons pas d’avantage et embarquons-nous vers les paysages arides de la désolation, de l’isolement et des soirées alcoolisées. Youpi !

THE SMITHS : Last night I dreamt that somebody loved me

A tout seigneur tout honneur, commençons par les grands prêtres de la déception amoureuse et de l’inadaptation au monde, à savoir Les SMITHS et leur chanteur, brillant, charismatique et (très) controversé : Morrissey !

Il faut bien avouer que le groupe avait un net talent pour les titres à rallonge, mais oh combien évocateurs : « Il y a une lumière qui ne s’éteint jamais », « Le ciel sait que je suis misérable maintenant », « Quelle différence cela fait-il » … Ainsi donc « La nuit dernières j’ai rêvé que quelqu’un m’aimait » évoque la solitude du narrateur qui n’a jamais connu l’amour (ni physique, ni affectif) et qui ne peut qu’en rêver. Quand on sait que Morrissey n’a vu le loup qu’à la quarantaine bien sonnée, on n’a donc aucune difficulté à imaginer que cette chanson est largement autobiographique… Quoi qu’il en soit, lorsque vous avez 17 ans, puceau jusqu’à l’os, et que vous entendez ce morceau, je peux vous garantir qu’il vous va droit au cœur.

Les paroles expriment le désespoir du chanteur alors qu’il s’éveille d’un rêve où il se sentait aimé. Au matin il réalise que ce n’était qu’un faux espoir, le laissant impuissant et seul. Universel par son désir d’être aimé, la chanson exprime le dépit d’un désir non partagé. Le narrateur veut désespérément être aimé mais se sent invisible pour l’être aimé (et accessoirement pour le reste du monde). En peu de mots (souvent répétitifs, qui plus est) l’auteur donne corps au sentiment d’isolation et de rejet.

Une seconde lecture est également possible pour ce morceau : il exprimerait la difficulté de Morrissey d’appréhender sa propre sexualité. Si son homosexualité ne fait pas trop de mystère de nos jours (en réalité plus qu’homosexuel, le chanteur est avant tout Morrisseysexuel ! Trop narcissique et trop névrosé, il ne sent bien qu’avec lui-même… Mais je m’égare, ce n’est pas le sujet du présent article), à l’époque le sujet était tabou. La chanson exprimerait cette impossibilité de réaliser son désir et de se connecter avec son homosexualité.

Morrissey n’a jamais confirmé cette théorie, elle reste cependant assez crédible, lorsque l’on sait que, au moment de la sortie de ce morceau, les SMITHS étaient au sommet de leur popularité et que hommes comme femmes étaient tous amoureux du chanteur ! Dès lors pourquoi rêver que quelqu’un vous aime, alors que, précisément, tout le monde vous aime ?
(Voilà, ça vous fera 90€ la consultation chez le psy. Payez en sortant)

Musicalement le morceau (en version album) commence par une introduction de 1m55 où un piano obsessionnel joue par-dessus le bruit d’une foule (enregistrée lors de la grève des mineurs de 1984–85 – provenant d’un album d’effets sonores de la BBC). Le morceau est construit autour d’un riff de guitare mélancolique tournant en boucle (écrit par le guitariste virtuose du groupe, Johnny Marr) le tout porté par des cordes. Le groupe est du reste bien connu pour l’alchimie entre les paroles mélancoliques de Morrissey et les guitares larmoyantes (et cependant énergiques) de Johnny Marr. La quintessence du groupe s’exprime tout particulièrement à travers de cette chanson, la rendant immédiatement reconnaissable.
Devant la charge émotionnelle du texte et la puissance de la musique, on comprend mieux pourquoi Morrissey et Marr considèrent ce morceau comme l’un de leurs meilleurs !

Punchline :
La nuit dernière, j’ai senti
De vrais bras autour de moi
Pas d’espoir, pas de douleur
Juste une autre fausse alerte
Alors, dis-moi combien de temps
Avant la dernière fois ?
Et dis-moi combien de temps
avant la bonne ?

BILLIE HOLIDAY : Strange fruit

C’est en 1939 que Billie Holiday interprète pour la première fois ce « Fruit étrange » inaugurant la série des Protest songs au Etats-Unis !

Le morceau est écrit par Abel Meeropol (auteur-compositeur américain). Après avoir vu les photos de deux adolescents noirs, Thomas Shipp (18 ans) et d’Abram Smith (19 ans), lynchés, après avoir été accusés de viol. En pleine ségrégation l’auteur décide de dénoncer les exactions commises contre les noirs (on dénombrerait pas mois de 4.000 noirs lynchés aux Etats-Unis entre 1877 et 1950 – dont 90% ont été commis dans le Sud).

Initialement intitulé « Fruit Amer » le poème est tout d’abord chanté par la femme même de l’auteur (Anne Meeropol) avant qu’il n’offre ce morceau (devenu « Fruit étrange ») à Billie Holiday. La chanteuse accepte d’en devenir l’interprète, puisqu’il fait directement écho au racisme qu’elle a elle-même vécu.

Le texte est pour le moins troublant puisque l’on ne tarde pas à comprendre que le fruit étrange dont il est question n’est autre que le corps d’un homme noir pendu, suite à un lynchage. On est immédiatement interpelé par l’alternance de description de scènes pastorales « Parfum de magnolias, doux et frais » et descriptions morbides et sanglantes « Les yeux exorbités et la bouche tordue ». Les deux éléments se succédant, la chanson fonctionne donc comme un électrochoc cognitif.

Billie chantait toujours ce morceau en dernière partie de son récital. La charge émotionnelle était telle, qu’elle ne pouvait tout simplement plus rien chanter après cela !

Cruelle, réaliste et amère cette chanson est tout simplement bouleversante. Toujours d’une actualité criante, ce morceau a inspiré de nombreux artistes, qui l’ont interprété à leur tour. J’ai une tendresse toute particulière pour la version de Nina Simone, qui à mon sens, est la seule qui puisse rivaliser avec l’intensité émotionnelle de Billie Holidays !

Punchline :
Parfum de magnolias, doux et frais.
Puis une odeur soudaine de chair brûlée.
Voici un fruit à picorer par les corbeaux
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche.
Pourri par le soleil, il tombera de l’arbre.
Voilà une bien étrange et amère récolte

NICK DRAKE : Way to blue

Encore un autre Joyeux drille ! Mort à 26 ans d’une surdose d’antidépresseur (en un mot, un suicide) l’auteur, compositeur, interprète, ne connaitra la gloire que post-mortem.
Si ses trois albums sont remarquables, sa plus belle chanson est sans conteste (à mes yeux) la fabuleuse « Way to blue » ! Enregistré pour son premier album FIVE LEAVES LEFT, ce morceau illumine littéralement le disque de sa simple présence !

De quoi parle cette chanson ? Mais je n’en sais foutre rien ! Cela n’empêchera pourtant personne d’être bouleversé par les envolées lyriques de la musique et par la voix plaintive du chanteur. Mystérieux et poétique le texte laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Entre métaphore mortuaire et référence à la drogue, chacun peut y voir ce qu’il veut.

Quoi qu’il en soit le narrateur semble interpeller une personne, à plusieurs reprises, en lui demandant s’il connait « le chemin du bleu ». Le bleu est habituellement associé au paradis, on peut supposer que l’auteur a voulu exprimer son désir d’échapper à la dépression et son désir d’atteindre le bonheur. Troublant mélange de beauté et de chagrin, la chanson résonne clairement comme un appel à l’aide.

Le destin tragique de son auteur semblerait montrer qu’il n’a, hélas, jamais trouvé le chemin vers le bleu et n’a trouvé d’échappatoire à ses souffrances que par la mort.
Pour paraphraser De Musset je dirai que si les chants les plus désespérés les plus beaux, ceux de Nick Drake sont d’immortels purs sanglots…

Punchline :
Peux-tu te rappeler tout ce que tu as connu ?
Ne tomberez-vous jamais
Quand la lumière s’est envolée ?
Dis-moi tout ce que tu sais
Montre-moi ce que tu as à montrer
Ne viendras-tu pas me dire
Si tu connais le chemin du bleu ?

ANTONY & THE JOHNSONS : Hope there’s someone.

J’ai découvert la voix incroyable d’Antony Hegarty en 2005 avec la sortie de son magnifique second album, en compagnie des Johnsons, I AM A BIRD NOW. Le choc ne fut pas des moindres, surtout après l’audition d’une fameuse White Session, diffusée chez Bernard Lenoir sur France Inter, proposant le chanteur s’accompagnant seul au piano. Tout simplement bouleversant. Ma vie ne fut plus jamais la même après ça (que Lenoir en soit éternellement remercié).

Bref, une voix unique, disais-je donc, à tel point qu’à la première écoute (et sans le secours de l’image) il est tout simplement impossible de déterminer si la voix est celle d’un homme ou d’une femme, d’un blanc ou d’un noir…
Un alien en tous cas, ça c’est certain.

Quoi qu’il en soit, sur cet album Antony livre la quintessence de son art, oscillant entre voix envoutante, douce mélancolie et atmosphère onirique. Il ne retrouvera cet état de grâce que 18 ans plus tard (après plusieurs albums, plus expérimentaux et difficiles d’accès, et surtout après un changement de sexe) avec son récent et magnifique MY BACK WAS A BRIDGE FOR YOU TO CROSS sous le nom ANOHNI AND THE JOHNSONS.

Pour l’heure, revenons en 2005 et à son morceau emblématique « J’espère qu’il y a quelqu’un ». L’interprète semble exprimer, plus que la peur de la mort en elle-même, la peur de mourir seul. On peut imaginer qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un partenaire amoureux, mais simplement quelqu’un sur qui il peut compter. Un support moral autant que physique.

Cependant, à la première écoute de ce morceau, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à DEATH de Neil Gaiman (celle du comics, pas l’actrice au charisme d’huitre de l’abominable série Netflix). Le chanteur semble exprimer son souhait de rencontrer, à la fin de sa vie, une mort « humaine », empathique, qui s’intéressera à lui. Apportant réconfort et soulagement, plus que la solitude du tombeau.

Puchline :
Oh, j’ai peur de cet endroit intermédiaire
Entre la lumière et le vide
Je ne veux pas être celui qui sera
Laissé là…

NICK CAVE & THE BAD SEEDS : Weeping song

S’il y en a bien un qui mérite sa place dans cet article c’est bien lui ! Le plus dur est finalement de choisir un seul morceau, tant l’ensemble de son œuvre semble consacrée à la part la plus sombre de l’être humain !

J’aurai pu choisir “As I sat sadly by her side”, “Sorrow’s child”, ou bien encore “Loom of the land”… Mais ce sera finalement “Weeping song” (extrait du formidable 6eme album THE GOOD SON en 1990) sur lequel se portera mon choix.

Evidemment avec « Une chanson de pleurs », on ne peut pas faire plus raccord au niveau de la thématique ! Signalons également que les paroles (cf ci-dessous) semblent annoncer, avec 25 ans d’avance, la double tragédie qui touchera le chanteur…
Quoi qu’il en soit, fidèle à son habitude, Nick Cave, tel un Atreyu ombrageux, semble explorer sans fin les marécages de la mélancolie. Il évoque ici des expériences universelles, telles que la douleur d’un deuil.

Le morceau se présente comme un dialogue entre un père et son fils. Nick Cave jouera le rôle de ce dernier, tandis que Blixa Bargeld (le guitariste) interprètera le père. Comme une conversation réelle, chacun interroge l’autre à son tour.

L’enfant demandant à son père pourquoi tout le monde pleure autour d’eux. Celui-ci lui répond que les femmes pleurent leurs hommes et que les hommes pleurent en retour. Le père lui-même pleure car il a été blessé par les actes et les paroles de son fils. Ohlala.

Paradoxalement même s’il est question de larme à toutes les strophes, la chanson offre cependant un espoir par sa conclusion : « C’est une chanson de pleurs, Mais je ne vais pas pleurer longtemps »
Un peu comme si les lamentations communes avaient une vocation cathartique et réconfortante.
Un peu comme si partager son chagrin à travers la musique (ou autre) était le chemin de la rédemption.
Amen mon fils, amen.

Punchline :
Oh père, dis-moi, est-ce que tu pleures ?
Ton visage semble mouillé au toucher
Oh ça alors je suis vraiment désolé, père,
je n’aurais jamais pensé te faire autant de mal

BREL : Orly

Quiconque a déjà vécu séparation (définitive ou ponctuelle) dans un aéroport (ou une gare) ne pourra que se reconnaitre dans cette chanson (et trouvera, par la même occasion, la meilleure des raisons de pleurer dans sa bière).
Le chanteur nous présente une scène cinématographique, où sa voix fera office de caméra. Tel un réalisateur, Brel tourne sa caméra alternativement d’un personnage à l’autre.

Le pitch : un couple, un dimanche à Orly, s’enlace une dernière fois avant que l’homme ne prenne l’avion. Brel, qui est témoin de la scène, comprend que le couple se sépare définitivement et qu’ils ne se reverront probablement plus jamais.
L’homme finit par prendre l’avion tandis que la femme reste à terre.
« Elle a perdu des hommes, mais là elle perd l’amour ». La vache.

Outre la charge émotionnelle évidente de ce morceau, la première chose qui surprend c’est que la chanson est écrite du point de vue féminin (c’est elle qui reste à la fin) ce qui est parfaitement inattendu lorsque l’on sait que Brel est régulièrement taxé de misogynie !

J’apprends par Wikipedia que, d’une part la chanson est en partie autobiographique, puisque Brel a vécu une scène similaire, mais que, d’autre part, la chanson, outre son premier degré affiché, peut également avoir un second niveau de lecture : se sachant atteint d’un cancer l’auteur a voulu symboliser la séparation de l’âme et du corps. Il confirmera cette version dans une interview : « Il s’agit de deux amants qui se séparent, mais surtout d’une métaphore de la Vie et de la Mort. D’un être qui sent sa vie lui échapper ; le jour où, par exemple, il décide de partir se faire soigner. Et l’avion se pose à Orly ! Dernier aéroport, pour un dernier voyage… »

Définitivement, quel con ce Bécaud !

Punchline :
Je crois qu’ils sont en train
De ne rien se promettre
Ces deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes

VIC CHESNUTT : Flirted with You All My Life

Ah ben je ne vais mettre que des suicidés dans ma liste, avec ça je suis sûr de faire péter l’ambiance !
Là aussi je n’ai eu que l’embarras du choix au niveau des titres. J’ai surtout hésité avec « Coward » (la détestation de soi poussée à son stade ultime) mais c’est finalement « J’ai flirté avec toi toute ma vie » que j’ai choisi (les deux morceaux sont d’ailleurs sur le même album).

Un peu d’histoire (merci Wikipedia) pour ceux qui ne connaissent pas ce chanteur hors norme. Né en 1964, il grandit Pike County, en Géorgie. Il commence très tôt à écrire des chansons. A 18 ans un accident de voiture (alors qu’il était probablement sous l’emprise de l’alcool) le condamne à une vie entière sur un fauteuil roulant.

Ses débuts se font sous l’aile protectrice de Michael Stipe de REM qui produira ses deux premiers albums. Il multipliera ensuite les collaborations et enchainera les albums.
En 2007 et 2009 il réalisera ses deux meilleurs albums (à mon humble avis) avec des musiciens du label Constellation (GODSPEED, tout ça, tout ça…). Respectivement : le monumental NORTH STAR DESERTER et l’également très bon AT THE CUT.

Le 25 décembre 2009 le chanteur décède après une N-ième tentative de suicide médicamenteuse… réussie cette fois.
Voilà pour le personnage.

Le coup de génie de la présente chanson est que l’on pense tout d’abord qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre deux êtres qui se tournent autour depuis des années, sans toutefois jamais passer à l’acte. Ce n’est qu’au refrain que l’on comprend que la personne avec laquelle a flirté Vic est la mort elle-même !

La chanson évoque les différentes tentatives de suicide du chanteur, ainsi que son mode de vie auto destructeur. Par bien des aspects cette chanson résume la personnalité du chanteur : décalé, ironique et tragique.

Il confiait aux INROCKUPTIBLES, dans les années 90, que sa femme planquait régulièrement les armes chez lui, pour qu’il ne les trouve pas. Les médicaments sont malheureusement plus faciles à trouver…

Punchline :
Lorsque ma mère était atteinte d’un cancer,
Elle s’est battue mais a succombé.
Mais vous l’avez fait supplier pour cela,
Seigneur Jésus, s’il vous plaît, je suis prêt

NITS : Sorrow

Si certains noms dans cette liste sont convenus, les Nits sont beaucoup plus inattendus ! Le groupe néerlandais est, en effet, surtout connu pour sa créativité et sa bonne humeur communicative, et non pas pour sa dépression chronique !

Du reste, si nous vivions dans un monde parfait, les Nits seraient tout simplement en tête de tous les Hit parades. Malheureusement nous ne sommes pas dans un monde parfait et le groupe a dû se contenter de 2 ou 3 hits dans les années 80, puis d’un succès d’estime ensuite.
Formé en 1974 à Amsterdam, le groupe a sorti, avec la régularité d’un métronome, 25 albums, faisant toujours rimer Pop, avant-gardisme et émotions !

Le présent morceau a été enregistré en 1994 pour l’album DA DA DA (ça c’est du titre) A noter que si certains albums sont meilleurs que d’autres (surtout dans la dernière décennie) le groupe n’en pas moins toujours excellent sur scène. Top 10 de mes meilleurs souvenirs de concert. Haut la main.

On ignore tout du contexte de l’écriture, réel ou fictionnel (et c’est aussi bien comme ça). Mais en écoutant les paroles on comprend bien que l’auteur évoque une relation impossible et destructrice mais à laquelle il ne peut pas échapper. Vouée à l’échec, le narrateur ne peut se détacher de cette liaison. Alors que chaque couplet explique que cette relation est une source de souffrance, le refrain se termine invariablement par « mais soudainement elle est là sur mon oreiller. »

Punchline :
Elle ne veut même pas de moi
Elle me dit qu’elle cherche un autre homme
Mais soudain elle est là à ma table.
J’essaie de nager et je me noie presque
Elle est souffrance.

TINDERSTICKS : No more affairs

La chanson parfaite pour les cœurs brisés ! Si vous êtes dans les affres et la confusion d’une rupture sentimentale, cette chanson est pour vous ! Ce morceau est extrait de leur second et prodigieux album de 1995 intitulé sobrement TINDERSTICKS (comme celui d’avant d’ailleurs… Bonne chance pour vous y retrouver).

Alors au sommet de son art, le groupe a abandonné les dissonances rock’n’rolliennes du premier album (le groupe est fan de PAVEMENT, ça s’entend) pour s’orienter vers une mélancolie classieuse et des morceaux basés sur des superbes arrangements de cordes. Le désert aride et saturé du premier album laisse place à une ambiance beaucoup plus nocturne. Le groupe crée une atmosphère crépusculaire et cinématographique, qui n’est pas sans évoquer NICK CAVE ou LEONARD COHEN sur certains morceaux (bon, en nettement moins tourmenté et glauque, quand même).

Le charme du morceau réside dans le savant mariage d’arrangements orchestraux fouillés et du chant de Stuart Staples, une sorte de marmonnement entaché de larmes. Une voix qui sent bon le tabac et l’alcool consommés conjointement (et en grande quantité).

Revenu de tout, ou en tous cas de sa dernière relation, le chanteur exprime son deuil et ses regrets, tout en s’imaginant au lit avec toutes ses maitresses précédentes… Qui trop embrasse, mal étreint.
A noter que très jolie version existe, chantée en Français ! Cependant, dans la langue de Molière, la chanson devient bien trop mignonne pour figurer dans cette liste !

Punchline :

Il n’y a plus d’affaires
Allez-vous le découvrir ?
C’est une chose impulsive
Mais on a rappelé les autres
Grimpé dans le lit avec tous nos anciens amants
Il y a foule là-dedans

JOHN CALE : Hallelujah

Autant finir ce Top 10 sur un « Hit » que tout le monde connait, mais dans une version sensiblement différente de celle popularisée par JEFF BUCKLEY…

Pour moi l’histoire commence en 1991. Les INROCKUPTIBLES (encore fréquentables -et non politisés- à l’époque) sortaient un « Tribute album » consacré à Léonard Cohen. Si le magazine n’a pas inventé le concept du Tribute album, il a, au moins, contribué à populariser cette pratique (pré-1990 les T.A ne sont pas légions, ils semblent, en revanche, se répandre de manière exponentielle depuis cette date).

Quoi qu’il en soit cet album s’intitule I’M YOUR FAN et réussit le tour de force de réunir le gratin de la scène indépendante de l’époque ! De LLOYD COLE à REM en passant par les PIXIES… L’album est d’étonnement bonne tenue (pouvez-vous citer un Tribute album que vous écoutiez encore régulièrement 30 ans plus tard ?) et a merveilleusement passé l’épreuve du temps.

Toujours est-il que, parmi les interprètes livrant leur amour de Cohen, se trouve John Cale, le violoniste/bassiste du VELVET UNDERGROUND. Il enregistre une nouvelle version de « Hallelujah », en la réorchestrant totalement (le morceau dispose désormais d’une mélodie qui était absente de l’original) et en modifiant partiellement le texte (avec l’accord de Leonard Cohen, signalons-le).

Quoi qu’il en soit, la chanson fait référence à l’Ancien Testament tout en évoquant une sexualité débridée ! Pour le moins ésotérique la signification réelle de la chanson reste cachée et difficilement accessible. On ne retiendra que l’atmosphère mélancolique et l’idée que quelque chose de mystérieux et profond est invoqué !

Trois ans plus tard JEFF BUCKLEY fait une reprise… de cette reprise ! (Traduisez il reprend en l’état les arrangements et le texte modifié par John Cale et non pas la version originale). On pensera ce que l’on veut de cette démarche (personnellement je ne la trouve pas très créative) mais il n’en décrochera pas moins la timbale puisque son album (et ce morceau en particulier) furent un immense succès. Ça ne lui portera cependant pas bonheur.
Mais c’est une autre histoire.

Punchline :
Il fut un temps où tu me faisais savoir
Ce qui est réel et ce qui se passe en bas.
Mais maintenant tu ne me le montres jamais, n’est-ce pas ?
Tu te souviens quand j’ai bougé en toi ?
L’obscurité sacrée bougeait aussi.
Et chaque souffle que nous prenions était un alléluia


Avec une telle playlist vous allez en pleurer plus d’une centaine !

28 comments

  • Jyrille  

    Je viens de retomber sur une chanson que j’adore, tirée de la BO de DEAD MAN WALKING, Ellis Unit One par Steve Earle.

    youtube.com/watch?v=6Tc700Yi8KQ

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