Trop de mères ont versé des larmes pour un fils. Trop de femmes ont pleuré un mari. (Il était une fois en Jamaïque.)

Il était une fois en Jamaïque., par Loulou Dedola & Luca Ferrara

Un article de PRESENCE

VF : Futuropolis

1ère publication le 23/06/23 – MAJ le 17/02/24

Le symbole de la main tendue
© Futuropolis 

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2023. Il a été réalisé par Loulou Dedola pour le récit, Luca Ferrera pour les dessins et les couleurs, avec Gloria Martinelli pour les couleurs. Il comprend cent-deux pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de six pages dans lequel le scénariste présente les personnes dont il a recueilli les témoignages, car pour écrire cette histoire il lui a paru indispensable d’aller à la rencontre de celles et ceux qui en ont été les artisans. C’est sa manière de remercier Trinity alias Keith Gardner, Edward Seaga, Sidoney Massop, Sly Dunbar, Stephen Stewart, Tommy Cowan, Tyrone Downie, Judy Mowatt, Ezric Brown, Donovan Wright. La dernière page liste une douzaine de chansons citées dans la BD, de Bob Marley bien sûr, mais aussi de Peter Tosh, Dennis Brown, Buddy Wailer, Toots and the Maytalls. Les deux créateurs avaient déjà réalisé ensemble Fela back to Lagos (2019) et Le combat du siècle (2021).

1952. Grand soleil et beau ciel bleu sans un nuage à l’horizon sur l’île de la Jamaïque. Robert Nesta et son copain Bunny Wailer sont en train de pédaler à toute allure. Ils s’arrêtent le long d’une voie ferrée, le passage étant bloqué par Claudius Massop, tout juste quatre ans de plus qu’eux. Ils expliquent que c’est un blanc qui leur a acheté leurs bicyclettes. Ils sont rejoints par Bucky Marshall (Aston Thomson) qui est en train de se faire courser par deux adultes. Claudius prend le vélo de Bob et va tirer son pote de sa situation, en le faisant monter derrière lui. Bob et Bunny les rejoignent plus tard dans le quartier pauvre de la ville. Quatre ans plus tard, la Jamaïque fête son indépendance en 1962, devenant un État souverain indépendant, membre du Commonwealth, et faisant partie des Antilles. Bunny présente Peter Tosh, chanteur et guitariste, ainsi que Joe Higgs, Beverley, Joe et Bob à des amis, dont Keith Gardner. Une fois assis tout le monde participe pour chanter un gospel. Février 1964 : c’est la formation du groupe The Wailers, avec Nesta Robert Marley, Neville Livingston et Winston Hubert McIntosh.

Échapper à l’autorité
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Dix ans plus tard, sort l’album Catch a fire, de The Wailers. Keith Michael Douglas Gardner intègre la police de Kingston. Le commissaire lui explique la situation. Pour gagner les élections, les politiciens ont investi les ghettos. Les socialistes du PNP du premier ministre Michael Manley tiennent Rema, Mathews Lane, Jungle et East Kingston. Mais Edward Seaga, le leader de l’opposition, tient toujours West Kingston et son fief de Tivoli Gardens. La politique et les gangs sont liés. À Tivoli Gardens, c’est Claude Massop le don. Il roule pour le JLP. À la tête des gun men du PNP, il y a Tony Welch, et l’étoile montante qui a la gâchette rapide et affectionne le fusil à canon scié : Bucky Marshall. Il y a des affrontements avec arme à feu en pleine rue. Le trois décembre 1976, des individus tirent sur Bob Marley, son épouse Rita et son manager Don Taylor dans leur maison, deux jours avant le concert gratuit Smile Jamaïca, organisé par le premier ministre Michael Manley.

Le dossier en fin de tome commence par un court texte posant la question suivante : Fallait-il être fan de reggae pour écrire ce scénario ? La réponse explique que le scénariste, dès son adolescence, apprit la musique en reprenant à la basse, les hits de Bob Marley, avant de devenir lui-même auteur-compositeur-interprète au sein de son groupe, et de réaliser des albums et des tournées. Le lecteur néophyte en la matière découvre l’environnement de Kingston en 1978, et voit passer des noms connus comme Bob Marley et Peter Tosh, et d’autres plus confidentiels. Il lui suffit de prendre connaissance de la liste des participants au concert One Love Peace pour pouvoir estimer son niveau de connaissance : The Meditations, Althea & Donna, Dillinger, The mighty Diamonds, Junior Tucker, Culture, Dennis Brown, Trinity, Leroy Smart, Jacob Miller & Inner Circle, Big Youth, Beres Hammond, Peter Tosh, Bunny Wailer, Ras Michael & The sons of Negus, U-Toy, Judy Moratt, Bob Marley & The Wailers. La date du 22 avril fut choisie car elle correspond au douzième anniversaire de la visite officielle de Haïlé Sélassié Ier en Jamaïque. À l’époque le concert fut surnommé le Woodstock du tiers monde. De fait, cette lecture s’apprécie mieux en ayant connaissance de quelques événements, ou allant se renseigner dessus, comme la tentative d’assassinat de Bob Marley en 1976, le contexte politique de l’époque en Jamaïque, la culture et la consommation de cannabis, et quelques notions sur le mouvement rastafari, et l’importance du séjour de Haïlé Sélassié (1892-1972) en Jamaïque en 1966.

Un quartier pauvre
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Le scénariste a fait le choix de raconter les événements dans l’ordre chronologique : depuis la rencontre entre Bob Marley (1945-1981), Claudius Massop (1949-1979) et Bunny Wailer (1947-2021), jusqu’aux mains jointes entre Michael Manley (PNP, People National’s Party) et Edward Seaga (JLP, Jamaica Labour Party), sur scène lors du festival pendant que Bob Marley et son groupe jouent leur morceau Jamming, extrait de l’album EXODUS (1977). Le fil conducteur du récit réside dans l’organisation du concert, depuis l’idée de Massop jusqu’à sa tenue, en passant par la discussion pour convaincre le propriétaire du stade, et le choix des artistes. De fait, il s’agit de suivre plusieurs personnes ayant existé : Massop bien sûr, dans une moindre mesure Buckie Marshall (?-1980, de son vrai nom Aston Thomson) et le policier Keith Michael Douglas Gardner. Ils se rencontrent, les deux premiers en prison pour décider de l’instauration d’un cessez-le-feu entre les gangs, puis avec le troisième qui participe au maintien de l’ordre dans les quartiers défavorisés de Kingston. L’un ou l’autre peuvent se déplacer à Londres pour rencontrer Bob Marley, alors en couple avec Cindy Breakspeare (Miss Monde 1976). L’organisation du concert se fait sur fond de guerre des gangs pas tout à fait apaisée, de trafic d’armes à feu, et d’une virée inattendue auprès des producteurs de cannabis. Le lecteur finit par relever qu’il s’agit surtout d’une affaire d’hommes.

L’artiste effectue cette reconstitution en images, dans un registre naturaliste et descriptif. Il travaille d’après des photographies, des documents d’époque, des vidéos pour recréer les quartiers de Kingston, le séjour londonien de Bob Marley, les tenues vestimentaires et les habitations. Il commence avec cette couverture mettant en avant l’artiste reggae le plus connu, lors de sa prestation au One Love Peace Concert, et bien sûr les couleurs associées au mouvement rastafari vert, jaune et rouge. En quatrième de couverture, le lecteur découvre les deux personnages principaux, Massop & Marshall, conscient qu’ils auraient dû figurer en couverture, mais que les chances de l’album auraient été obérées d’autant. Le dessin en pleine page d’ouverture repose plus sur l’impression que produit l’île de la Jamaïque, que sur une description de qualité photographique. Le lecteur remarque rapidement que l’artiste développe une narration visuelle dans laquelle les têtes en train de parler occupent moins de cinquante pourcents des cases. Cela amène plus de variété dans la bande dessinée, et le conduit à représenter plus d’éléments, que ce soient les décors, les tenues vestimentaires ou les activités

L’appartenance à une communauté
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L’artiste se montre aussi à l’aise pour des scènes de la vie quotidienne, que pour des moments sortant de l’ordinaire. Dans la première catégorie, le lecteur ressent le plaisir de Bob et Bunny à pédaler fièrement, les garçons écoutant le père de l’un d’eux expliquant le temps qui s’écoule entre l’éclair et le tonnerre, Bob Marley en train de jammer avec ses musiciens dans son appartement de Londres, le commissaire et son lieutenant en train d’échanger des informations dans son bureau, Marley tapant le ballon avec des potes, trois rastas assis sur la plage les pieds dans l’eau, etc. Sans oublier, la consommation de la ganja pour se détendre. Dans le second registre, le dessinateur à fort à faire : échanges de coups de feu en pleine rue, une bagarre entre deux détenus dans une cellule de prison avec lame de rasoir, la découverte d’une cache d’armes à feu, une visite aux plantations de cannabis en pleine zone sauvage, et bien sûr le concert annoncé. Il ne s’agit pas d’une narration visuelle spectaculaire qui en met plein la vue, mais d’une narration visuelle solide et variée qui se tient à l’écart de toute glorification, que ce soit de la violence, ou d’une forme de culte de la personnalité de l’un ou l’autre.

La quatrième de couverture indique que le 22 avril 1978, Bob Marley, entouré des plus grands artistes reggae, chante au One Love Peace Concert à Kingston, pour mettre fin à la guerre civile qui déchire la Jamaïque. La bande dessinée raconte les circonstances dans lesquelles ce concert a vu le jour, et les efforts qu’il a fallu déployer pour créer les conditions nécessaires. La narration visuelle s’avère très solide, l’artiste s’étant investi pour les éléments composant la reconstitution historique, et pour donner du rythme à chaque scène. Le scénariste se focalise sur le rôle de deux dons régnant chacun sur un territoire défavorisé de Kingston, et sur les rencontres pour convaincre tout le monde et créer les conditions d’une trêve des gangs. Le lecteur en ressort avec une image de la Jamaïque à cette époque, l’incitant à se renseigner plus avant.

La banalité de la violence urbaine quotidienne
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20 comments

  • Tornado  

    Bel article, inattendu à la fois sur le blog et chez son rédacteur pourtant tout-terrain.
    Pas sûr d’être intéressé. J’ai beaucoup écouté de reggae. Beaucoup de Bob Marley (mon album préféré est le premier, CATCH A FIRE et ses sublimes harmonies vocales). Mais aujourd’hui je n’y arrive plus du fait que cette musique est devenue trop connotée, trop récupérée par les cons qui veulent se fabriquer une image (et ça ratisse large jusque chez les wokistes). Et je ne supporte plus les fumeurs de joint. C’est une philosophie qui me sort par les trous de nez. J’écoute encore les Gainsbourg. Mais pas plus.
    Oui, je sais, je fais ma tête de pioche, mais je m’en fous.

    … Bon, ok, j’écoute la BO et je me rappelle qu’à la base j’aime fondamentalement cette musique. J’ai vu les Wailers en concert dans les années 90, au festival Rockomax de Clermont. C’était fabuleux. Tout le monde dansait devant la scène parce que les mecs balançaient tellement de groove que c’était impossible de ne pas danser. Font chier les cons… À cause d’eux j’en écoute plus… 🥲
    Elle est super cette vidéo. Beaucoup d’émotion.

    • zen arcade  

      Moi aussi, j’aime beaucoup le reggae. Mais il n’est pas question que qui que ce soit m’en fasse passer le goût. C’est un peu puéril, ton attitude, non?

      Pour ce qui est de la bd, bon, une nouvelle biographie…, ça ne déclenche pas l’enthousiasme chez moi. D’autant plus que le dessin me parait bien sage et timoré pour le sujet. Je passe mon tour.

      Pour qui voudrait se plonger dans la Jamaïque des années 70 (et au-delà), dans le reggae, je recommande très chaudement la lecture du formidable roman du romancier jamaïcain Marlon James « Brève histoire de sept meurtres », construit autour d’une tentative d’assassinat de Bob Marley en 1976.
      Le roman a reçu le Booker Prize en 2015. Une de mes lectures les plus puissantes de ces dernières années.
      Marlon James : « The reggae singers Bob Marley and Peter Tosh were the first to recognize that the voice coming out our mouths was a legitimate voice for fiction and for poetry. »
      Au-delà des fumeurs de joints et des crétins à t-shirt du Che, c’est aussi ça Bob Marley.

      • Tornado  

        Je ne vois aucun rapport avec la puérilité. C’est juste psychologique. Tu le dis toi-même d’ailleurs avec « les fumeurs de joints et les crétins à t-shirt du Che ». À chaque fois que j’écoute cette musique, ça me ramène à ça. Trop connoté dans mon esprit. Peux plus.

        J’éprouve la même chose pour l’histoire de Bob Marley ou tout ce qui a attrait à la Jamaïque. Idem pour le Che et Cuba. Ça appartient trop aux gens que je fuis aujourd’hui. Je ne veux plus y aller. Raison pour laquelle je n’ai aucune envie de lire cette BD. Ce qui ne retire rien à la valeur de l’article d’ailleurs. Au contraire, ça me le fait découvrir par procuration. C’est très bien.

        • zen arcade  

          Ce que je trouve puéril, c’est de se laisser dicter ses écoutes (ou plutôt ses non-écoutes) parce que des gens qu’on n’aime pas écoutent la même chose.
          Après, tu fais comme tu veux, hein. Je trouve juste que c’est juste un peu dommage de se priver d’une musique que l’on aime pour de tels motifs.

          • Tornado  

            Bof. J’en écoute trois millions à côté. Et ce n’est pas parce que je n’écoute pas de reggae qu’il se porte plus mal.
            Je ne voulais pas ouvrir ce genre de débat. C’est l’article de Présence. C’est hors-sujet. Je n’aurais pas dû dire ça. C’était juste un peu pour soutenir Bruce ! 🙂

          • Présence  

            C’est juste psychologique. – Pour certaines musiques ou certains musiciens, ça peut me faire le même effet. L’appréciation de la musique, en ce qui me concerne, comprend une composante majoritairement émotionnelle et affective, et il ne m’est pas toujours possible de détacher ces émotions de celles que je peux associer au public cible ou à la culture qui y est associée.

          • Tornado  

            Voilà, tu as tout dit. Ma détestation du hip-hop ne vient pas de nulle part. Il y a tout un tas de musiques qu’on ne supporte pas dans leur univers. Ce n’est pas un scoop. Sans vouloir aucunement comparer, les déportés juifs ne pouvaient plus écouter les chansons allemandes de leur jeunesse après leur libération, et encore moins les musiques de Wagner qui étaient diffusées dans les camps de concentration (et je pense du coup à la scène d’ORANGE MÉCANIQUE). Rien à voir avec nos expériences, évidemment, juste pour dire que le volet psychologique joue à fond dans l’émotion de la musique. Lorsque j’ai appris les attentats perpétrés en Tunisie sur les touristes, il m’a fallu au moins 5 ans avant de pouvoir réécouter de la musique traditionnelle maghrébine, alors que je suis fan, et au moins 10 ans avant d’avoir de nouveau envie d’y voyager. Ce n’est pas du racisme (j’adore la culture du Maghreb), c’est juste que ça me ronvoyait à de mauvaises vibrations.
            Oh et puis je n’ai pas l’intention d’être un penseur parfait. Sur Internet, j’ai parfois l’impression que, dès qu’on dit un truc, c’est passé à la moulinette de la pensée parfaite. J’écris parfois des trucs comme ça, sous le coup de l’émotion, sans malveillance, juste un coup de gueule. Je fais pareil dans la vie, tous les jours. Je ne vis pas à la campagne. je vis en ville, cerné par les cons, comme disait Gainsbourg. Un fan de reggae.

    • Présence  

      @Tornado

      Inattendu à la fois sur le blog et chez son rédacteur pourtant tout-terrain : inattendu sur le blog, c’est vrai que j’attends avec impatience la réaction de Bruce sur le reggae. 😀 Bon, c’est vrai… Je peux écouter un album best of de Bob Marley, mais pas beaucoup plus.

      Je n’avais jamais entendu parler de ce Woodstock du tiers monde (quel surnom un peu condescendant), et le contexte de la Jamaïque à l’époque ne fait pas envie.

  • Présence  

    Belle preuve d’ouverture d’esprit du maître de céans Bruce qui fait ainsi entrer une musique qui ne correspond pas à ses goûts sur son blog. Merci.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Présence.

    De mon côté je suis assez séduit par les planches proposées. Il y a toujours des débats si l’adéquation entre le sujet et le graphisme choisi.

    Parfois c’est trop académique, d’autre fois trop immersif ou trop sage voire on a l’impression de lire un documentaire illustré (faiblement souvent).

    Là j’y voit un trait et des composition avec de la personnalité.

    Les angles d’attaque semble sortir de l’ordinaire même si on sent l’exerce de style imposé. après c’est le lot de toutes les biographie.

    J’ai encore à lire une BD sur Bob Marley (édition petit à petit dont a déjà parlé sur le blog notamment sur les Pink Floyd).

    J’écoute fréquemment du Raggae. Ma femme apprécie beaucoup Bob Marley, et cela se joue bien à la guitare. Pas ma style de musique préféré, mais j’avoue avoir les oreilles grandes ouvertes quand un disque passe sur la platine.
    Par contre c’est plutôt sur les variations autour du Raggae « historique » (du Raggae fusion) que je me tourne plus : un artiste comme FINLEY QUAYE par exemple.

    Encore une fois, enchanté de lire une plume comme Présence et son champ des découvertes qui semble infini.

    • Présence  

      Parfois c’est trop académique, d’autre fois trop immersif ou trop sage voire on a l’impression de lire un documentaire illustré (faiblement souvent). – 100% d’accord avec toi, de nombreux créateurs éprouvent des difficultés à concevoir le bon positionnement.

      Je pense que le fait que cette BD ne soit pas une biographie de Bob Marley (contrairement à ce que pourrit laisser penser la couverture, ce que tu relève avec l’angle d’attaque qui sort de l’ordinaire) leur a permis d’avoir plus de latitude dans la façon de raconter, y compris pour la narration visuelle.

  • Bruce lit  

    Il semblerait que l’on m’attende.
    Contre toute attente je connais très bien les coulisses de ce concert puisque j’en avais parlé sur mon mur Facebook suite au visionnage du film sur Netflix : Who shot the sheriff ?
    Comme Présence j’avais découvert le climat de violence extrême de la Jamaïque de l’époque, l’authenticité de la démarche de Marley face à la duplicité des 2 salopards qui montent sur scène et profitent de l’occasion pour trafiquer des armes via les coulisses des musiciens. Ici commencent les bonnes intentions des artistes engagées et se termine l’horreur de la réalité.
    Je trouve les dessins super comme souvent pour ce genre de projet chez Futuro et je lirais la chose avec plaisir convaincu que l’on peut s’intéresser à ce que l’on aime pas.
    Car oui, je HAIS le reggae, ses codes vestimentaires, ses coupes, ses rythmes, ses guitares tsoink-tsoink. Gainsbourg s’est vautré dans la paresse avec 2 albums de branleur indigne de musicien.
    Bref, pour rebondir sur le débat entre Tornado et Zen, j’associe le reggae aux pires soirées de ma vie : la lose, le métro dégueulasse à Chatelet, des rastas défoncés et pathétiques qui diffusent leur musique de merde à fond les ballons à 5 h du matin.
    Imaginez mon cauchemar : vivre quelques mois sur la côte pacifique avec ma femme en Equateur et entendre en boucle ces chansons jusqu’à 6 h du matin sous ma fenêtre…
    Je n’ai jamais compris ce que le spunks trouvaient à cette musique, c’est au dessus de mes forces.
    Et maintenant l’enfant terrible Le Reggaeton que j’ai connu en avant première il y a 25 ans en Equateur avant que ce truc n’arrive ici.
    Bref, je hais le regage autant que le jazz et rien en parviendra à me faire changer d’avis.

    Mais je respecte Marley l’artiste, et encore une fois je lirai cette BD avec plaisir.
    Bravo pour cette fin de saison Présence.

    • Présence  

      J’ai eu peur un moment : avec un début aussi appréciateur, je me suis dit que le reggae allait passer crème. 😀

      Je te mets cette BD de côté.

      Bref, je hais le regage autant que le jazz : ah ben zut, j’aurais cru que le jazz s’en sortait un peu mieux que le reggae. 😀

    • zen arcade  

      Ben moi, j’associe juste le reggae à de la musique que j’écoute chez moi. 🙂
      J’ai une sélection de quelques dizaines d’albums qui me convient et qui couvre la période la plus créative du genre, particulièrement les 70’s évidemment.
      Tout à l’heure, je me suis réécouté l’album Satta a masagana des Abyssinians et c’est une pure merveille.
      Et dans ma campagne, des rastas défoncés et pathétiques à 5h du matin, y en a pas. 🙂

  • JP Nguyen  

    Hasard : depuis deux jours, une collègue de l’open space s’est fait des dreadlocks et quand je la croise le matin, je la charrie en lui chantant No woman, no cry …
    J’admire toujours autant ta curiosité qui te permet de t’intéresser à tant de sujets différents. Je fonctionne assez différemment, surtout ces dernières années. Désolé qu’on se soit loupé lors de mon dernier passage à Paris, il faudra trouver une autre occasion de jammin’ with you…

    • Présence  

      Je sors de plusieurs semaines intenses et accaparantes en termes professionnels : c’est l’âge, je fais tout moins vite. 😀

      Dans la série BD & Musique, Bruce a encore un tome sous le coude, Hippie Surf Satori.

  • Eddy Vanleffe  

    Pour moi le reggae es presque accessoire dans ce type de BD typée « documentaire », je n’ai pas besoin d’être fan pour être intéressé, il suffit d’un fait, d’une anecdote et J’ai envie de savoir…
    Après on a évidemment les gouts musicaux qui viennent mettre de l’ambiance…^^
    Perso, j’aime le reggae sans plus. Je n’ai pas cette hargne de Bruce parce que grosso-modo j’aime bien Exodus, les albums de rasta-gainsbarre et ça ne me fait pas hérisser les poils d’en entendre dans le poste. Ceci dit ça ne m’a jamais accrocher plus que ça non plus.
    Le rap, je ne peux physiquement pas. ça correspond à plus d’un traumatisme dans ma vie notamment celui de fiat d’être obligé de déménager en Seine-Saint Denis en 1991. Je me suis retrouvé immergé dans un monde que je n’aimais pas et qui ne m’aimais pas.
    Déjà j’adore trop les musiciens pour apprécier des « colleurs de sons » qui samplent, je ne sais pas écouter une chanson de rap sans dire et faire chier tout le monde, tiens c’est pompé sur….Je ne conçois pas l’originalité d’un tel procédé, ni qu’on puisse admirer ça…ç’est au dessus de ma compréhension.
    Après les textes, c’était là encore un truc que j’ai jamais pigé, mais bon…
    il faut de tout il parait.

  • Présence  

    Je n’ai pas besoin d’être fan pour être intéressé : pareil pour moi.

    Perso, j’aime le reggae sans plus. – Pareil également.

    Le rap, je ne peux physiquement pas. – Moi non plus, du coup j’ai renoncé à tenter la lecture de Rap Game, de Loulou Dedola & Massimo Dall’oGlio, qui vient d’être publié par Futuropolis, c’est au-dessus de ma capacité à faire abstraction de la nature de la musique. C’est une culture qui m’est étrangère et qui me reste inaccessible.

  • Jyrille  

    J’arrive après la bataille mais merci Présence pour l’éclairage sur une bd intrigante. J’aimerais la lire à l’occasion sans vraiment investir : le dessin ne me parle pas vraiment contrairement au versant documentaire car je ne me suis toujours pas penché sur ses événements dont je connaissais l’existence. Merci donc pour l’article, je suis certain que cette bd peut valoir le coup.

    J’aime le reggae mais ne suis vraiment pas un spécialiste. Je suis toujours incapable de dire quel Bob Marley je préfère (Exodus peut-être ?) sachant que celui que je vénère reste le LIVE AT THE LYCEUM de 1975. Un disque miraculeux. J’adore le premier Peter Tosh, le JERUSALEM de Alpha Blondy, un ou deux albums des Abyssinians que j’avais écoutés à l’époque mais sinon, je ne connais pas vraiment ceux que tu cites dans l’article. J’ai pu voir Linton Kwesi Johnson en concert mais je n’ai pas vu les grosses machines comme les Wailers malheureusement. Bob Marley a un peu tué le reggae au final, on ne retient que lui…

    J’adore le premier Gainsbourg reggae que j’ai beaucoup écouté, pareil, c’est assez miraculeux aussi je trouve. Mais j’écoute moins de reggae maintenant, même si j’ai dû me refaire tous mes Marley il y a deux ans si je me souviens bien.

    La BO : ben merci !

    • Présence  

      C’est également le versant documentaire que j’ai apprécié, car il est peu question de musique.

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