Vous cultivez le regret éternel des choses du passé et le refus de voir au-delà des apparences. (Le Prince de la nuit – 1 – Le chasseur)

Le Prince de la nuit – 1 – Le chasseur, d’Yves Swolfs

Un article de BARBÜZ & PRESENCE

VF : Glénat

Que vous avez de belles dents !
© Glénat 

LE PRINCE DE LA NUIT est une série fantastique, indépendante de toute autre, créée et lancée par le Bruxellois Yves Swolfs, célèbre également pour DURANGO, DAMPIERRE ou encore LÉGENDE. La série est publiée par Glénat depuis son lancement. Si Swolfs a réalisé la partie graphique des sept premiers numéros, avec sa femme en tant que coloriste, il se fait remplacer au dessin à partir du huitième tome, Anna (de novembre 2018). Le Chasseur est le premier numéro de la série ; paru chez Glénat en novembre 1994, sans prépublication, cet album relié grand format (24,0*32,0 cm) inclut quarante-six planches en couleurs. Swolfs en écrit le scénario et en réalise les dessins et l’encrage ; son épouse Sophie en compose la mise en couleurs.

Royaume de France, Moyen Âge, une nuit d’hiver. Un homme à l’allure et au physique inquiétants – un manteau à capuchon dissimule à peine ses yeux rouges et son teint d’albâtre – traverse la forêt, portant un luth sur le dos. Autour de lui, les arbres morts tendent leurs branches tordues, comme sous l’effet de convulsions. Il se dirige vers un château-fort, alors qu’une brume commence à monter et que quelques chauves-souris passent devant une lune pleine. Il se présente au châtelain et à ses convives comme un trouvère. Il explique qu’il va de château en château, et de bourg en bourg, porter chants et nouvelles, bonnes et mauvaises. Peut-être plaira-t-il au seigneur de ces lieux de se divertir en l’écoutant ? S’il a accepté de le recevoir, Jehan de Rougemont rétorque qu’il a perdu le goût des ritournelles depuis longtemps. Quant au reste, peu lui importe ce qui se trame dans ce damné monde. Les gens et les affaires de son domaine lui suffisent. C’est alors que son épouse Marianne intervient et déclare qu’elle a grande envie de chansons et de récits qui lui feront oublier pour un soir l’ennui et la tristesse de son existence.

Jehan donne sa permission : dame Marianne et dame Clothilde – qui l’accompagne pour couper court aux ragots – montent dans les appartements de la première, suivies par le visiteur. Inquiet, frère Thibaut, un moine, proteste. Jehan le fait taire : depuis la naissance de leur fils, son épouse – cette mégère – lui refuse ses faveurs et ne lui adresse plus qu’amers propos et récriminations. Qu’elle fasse à sa guise tant que son honneur à lui n’a pas à en souffrir. Thibaut lui confie qu’il est inquiet, car le regard de leur hôte n’a rien d’humain. Jehan l’écoute et ordonne à un garde de monter à la chambre de ces dames et de veiller devant la porte : au moindre bruit de mauvais augure ou appel à l’aide, qu’il se porte à leur secours sans attendre. Le garde s’exécute. Il monte. Il est surpris : pas de musique, point de bavardage, mais des cris étouffés. Il s’annonce, ouvre la porte, et entre dans la pièce…

Le visiteur mystérieux et ténébreux
© Glénat     

Une belle peinture en couverture avec une jeune femme allongée, la gorge offerte au monsieur ténébreux avec de grandes canines, une draperie en arrière-plan. Le rapprochement avec la version classique de Dracula est automatique : Bela Lugosi avec une chevelure plus abondante, dans les films UNIVERSAL, ou peut-être plutôt Christopher Lee dans les films de la HAMMER. Un aristocrate issu d’une époque vaguement moyenâgeuse, avec cette domination sensuelle, voire sexuelle, sur les femmes, assez datée. D’un côté, cet aspect peut attirer le lecteur pour sa qualité iconique ou classique. De l’autre, Ann Rice (1941-2021) est passée par là avec Lestat, débutant en 1976 dans ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE. Puis une diversification entre la franchise BLADE avec Wesley Snipes, une série comme VAMPIRE DIARIES, les films TWILIGHT, et de nombreuses variations. La séquence d’ouverture conforte le lecteur dans son a priori : une version très classique, peut-être usée jusqu’à la corde. De fait, l’auteur met en œuvre les conventions basiques du suceur de sang, de l’ail et des crucifix, du cercueil et de l’activité nocturne, sans oublier les pieux au travers du cœur, et les victimes qui reviennent en tant que vampires.

Et pourtant… Pourtant, il est probable que cela fonctionne immédiatement chez le lecteur. Car il y a quelque chose de parfaitement archétypal, chez le vampire de Swolfs. Magnétique, certes ; ténébreux, bien sûr. Une domination sexuelle sur les femmes ? Elle est effectivement suggérée. Cette version, classique, est aussi intemporelle. Mais il y a quelque chose de plus, chez ce Kergan : il exsude le mal, immédiatement. Il n’y a aucun doute à avoir ici, et frère Thibaut ne s’y trompe pas. Ni mélancolie, ni séduction, ni vague à l’âme engendré par l’immortalité. Kergan a soif de sang ; pour étancher celle-ci, il brise des existences sans remords en s’amusant de la douleur qu’il cause, comme si la recherche de la satiété était tout autant un plaisir qu’une véritable nécessité. Impitoyable, il crache son mépris à la face de ceux qu’il domine. Sa véritable personnalité est d’ailleurs révélée en dernière planche. Alors, c’est vrai : Swolfs fait appel au folklore que chacun connaît, les gousses d’ail, le crucifix, le pieu dans le cœur… Mais ces éléments s’intègrent parfaitement dans ce Moyen Âge terrible, terreau fertile pour toutes sortes de superstitions. Et ici, ce qui pourrait passer pour clichés s’intègre dans l’intrigue de façon on ne peut plus naturelle.

Peut-il y avoir deux alpha-mâles ?
© Glénat

D’ailleurs, il ne se produit pas une véritable impression de déjà vu, ou de collection de stéréotypes. Dans la première page, le vampire s’avance dans un grand manteau à capuche enveloppant sa silhouette jusqu’aux pieds ; le lecteur apprécie le soin apporté aux formes torturées des racines et des branches des arbres, finement représentées. En planche 7, Jehan de Rougemont avance lentement sur un lourd cheval, sans idéalisation de la forme de l’animal. La neige recouvre le sol et les arbres ont perdu tout leur feuillage, pour une véritable vision de l’hiver. Il en va de même en planche 13, alors que Jehan, toujours sur sa monture, mais seul, traverse une zone enneigée et désolée. Un peu plus tard, il effectue un plus long voyage vers le village au pied du château du vampire, alors que le soleil commence à décliner : là aussi, le lecteur ressent bien le froid émanant de la neige, la sensation d’isolement. Les scènes d’intérieur bénéficient du même soin naturaliste sans apprêt romantique. Pour commencer, les salles du château des Rougemont sentent la pierre humide et froide, sans draperie mirifique, sans une foule d’invités richement vêtus, bien que les tenues des nobles soient forcément plus recherchées que celles du commun des mortels. Les trois masures du hameau apparaissent simples et fonctionnelles, faisant ressortir la pauvreté des paysans. Cet état de fait est encore plus mis en évidence par contraste avec le riche cabinet du psychothérapeute de Vincent Rougemont et l’appartement du père de ce dernier, les deux endroits bénéficiant de tout le confort moderne. Même si elle est en pierres, la maisonnette d’Enora ne comporte qu’une seule pièce, et son exiguïté est rendue apparente par l’entassement des objets. L’armure de Jehan n’est pas la carapace rutilante et clinquante qu’un chevalier exhiberait à un tournoi, mais est conçue pour le combat au corps à corps, là encore sans idéalisation, l’affrontement se déroulant d’ailleurs sur le seuil d’une modeste chaumière.

De même, l’artiste représente les personnages dans une veine réaliste, sans les embellir physiquement. Jehan de Rougemont présente un visage aux traits durs, aux expressions quelque peu résignées, attestant d’une forme de mal-être latent dont il a conscience et avec lequel il sait qu’il doit vivre. La silhouette de son épouse Marianne est affinée, avec un visage plus épuré, mais sans aller jusqu’à une douceur exagérée. Il porte également la forme d’une rancœur sourde. Elle porte une tenue finement ouvragée qui atteste de son rang et de la fortune de son époux, d’autant plus remarquable comparée à la bure toute simple de frère Thibaut. La tenue du garde est également détaillée, en cohérence avec l’époque, tout en présentant des détails qui attestent d’une forme de sobriété, voire d’économie. Dans la scène finale, le seigneur vampire apparaît dans une tenue noire et sobre. Par ces choix, le récit se démarque des récits de vampire traditionnels, en se tenant à distance des effets de manche et de tout clinquant visuel.

La confiance a des limites.
© Glénat

La couverture promet un vampire dans la plus pure tradition romantique macabre. La narration visuelle s’avère d’un classicisme prévisible, avec des dessins descriptifs élégants finement exécutés. Le lecteur appréciera la variété des angles de prises de vues, ainsi que celle des plans, avec de belles perspectives (le donjon, par exemple). La mise en page alterne horizontalité et verticalité, le tout structuré par les gouttières blanches de rigueur ; pas de volonté de sophistication ici. Le trait est net, fin, et continu. L’encrage est léger, discret, efficace, et sans surcharge dans la technique d’ombrage. Swolfs, c’est le respect du détail. Ici, tous les arrière-plans sont soignés ; encore une fois, sans excès, sans lourdeur, avec une densité de détail très satisfaisante (les façades d’immeubles haussmanniens, le lit à baldaquin de Marianne, etc.). L’investissement de l’artiste dans la représentation des environnements tire la narration visuelle vers le haut, au-dessus des clichés visuels prêts à l’emploi et vidés de toute saveur. Le travail du Bruxellois se caractérise aussi par cette approche toujours juste de la lumière, que ce soit celle de la salle du banquet, des tristes matinées d’hiver, ou de la forêt aux petites heures de la nuit. Il est bien aidé en cela par la mise en couleurs de son épouse et complice.

Il est évident que l’auteur s’est intéressé à la question linguistique, tout en souhaitant garder un texte parfaitement intelligible. Son texte est travaillé, mais reste intégralement accessible malgré le vocabulaire choisi. La façon très formelle dont chaque personnage s’exprime est mise en évidence ; le phrasé est parfois un tantinet grandiloquent, un rien empesé, pour un effet théâtral, emprunté, peut-être un peu artificiel en certains endroits.

Le prédateur à l’œuvre
© Glénat 

Bien que le naturalisme soit gommé au profit de l’action et de l’intrigue, Swolfs essaie de rendre compte de ce que pouvait être le Moyen Âge. Pour l’auteur, nul doute qu’il s’agissait d’une société construite sur la notion de rapport de force. Il y a d’un côté la soumission au seigneur, c’est-à-dire au maître. Gueux et gardes n’en mènent large ni face à Jehan ni face à Kergan et leur obéissent sans discuter par peur de l’autorité incarnée et des conséquences ; cela étant, les paysans savent qu’ils peuvent se tourner vers Jehan pour les protéger. De l’autre, il y a la soumission à l’homme : sans pouvoir espérer aucune aide, Marianne doit subir les appétits et la domination de son époux, celui-ci décidant de sa vie et de ses droits comme il l’entend et selon son humeur.

En entamant cette histoire, le lecteur se doute bien de ce qui l’attend : un vampire ténébreux et immoral, buvant le sang de jeunes femmes faibles et séduisantes, prêt à bondir férocement sur tout homme tentant de l’attaquer, avec un chasseur sur ses traces. C’est plié d’avance. Plié ?… Pas tout à fait. Dans un premier temps, Jehan de Rougement ne peut pas croire à l’existence d’une créature telle qu’un vampire, puis il doit se rendre à l’évidence et il l’accepte, l’époque se prêtant bien aux croyances en des créatures surnaturelles. Seul, il se met alors en route sur le chemin de la vengeance. La qualité du duel tient ses promesses : d’abord à distance, par proies interposées. Le vampire ne joue qu’un rôle en arrière-plan, la lutte contre lui servant de révélateur à la nature profonde de Jehan. Puis, le face-à-face, qui répond aux attentes des plus exigeants. Autre point : le lecteur sera surpris par un intermède de quatre pages se déroulant en 1933, qui permet à Swolfs d’éviter deux écueils : celui de la simplicité de l’intrigue et celui de la linéarité, tout en ajoutant une bonne dose de mystère. Le récit reprend son chemin moins balisé qu’on ne pourrait le penser : le regard de Jehan s’est fait plus froid, comme si une étincelle de chaleur humaine y faisait défaut, et une séquence révèle l’origine de son mal-être, ce qui dépouille le justicier de toute aura romantique. Le monstre en a créé – révélé ? – un autre.

Le loup solitaire et la meute
© Glénat  

À la fin, le lecteur se rend compte qu’il a voyagé dans un récit aussi sombre que prévu, mais pas de la manière dont il l’avait anticipé. Sa curiosité est aiguisée pour la suite ; il est à la fois intrigué par la lignée des Rougemont, à la fois dubitatif quant aux interjections du vampire qui en appelle à Belzébuth son maître, au risque d’intégrer une dimension démoniaque de pacotille avec l’inévitable marchandage d’âmes.

Le lecteur s’interroge sur le but du vampire, ce qu’il représente, car c’est bien lui le personnage central de la série, même si Jehan lui dispute la vedette dans ce tome. Kergan n’est-il qu’une âme damnée venue troubler le cours des choses ? Une incarnation sophistiquée du mal ? Swolfs n’aborde pas encore cette question ; le choix de réaliser une série implique une réponse complexe, mais nous n’en sommes qu’au premier tome, après tout. De plus, le scénariste, intelligemment, se retient de tout miser sur le vampire, focalisant son récit sur le chasseur très humain, montrant un individu ayant accepté sa part de ténèbres sans pour autant avoir réussi à se pardonner. Un vague doute subsiste chez le lecteur quant à la direction que prendra la suite, mais sa curiosité est éveillée, autant par les origines du vampire que par le déploiement de l’intrigue à travers les siècles.

Et la suite ?
© Glénat       

32 comments

  • Tornado  

    J’ai acheté ce premier tome à sa sortie, en 1994. Je m’en souviens encore, c’était à la veille des vacances de Noël (j’avais acheté le premier album de Jamiroquai en même temps). Je me suis installé au coin du feu, chez mes parents, pour le lire « dans l’ambiance », au moment des préparatifs pour les festivités de fin d’année.
    Je retrouve bien dans l’article (où je me suis amusé à essayer de repérer le style des deux rédacteurs) les sensations que j’avais éprouvées alors, cette alchimie subtile (plus qu’il n’y parait) entre un classicisme attendu (oui parce que le lecteur que j’étais appréciait tout particulièrement cette approche « dans les cordes », avec le beau chateau lugubre se découpant sous le clair de lune et la neige de circonstance) et une approche naturaliste. Le résultat était effectivement prenant par cette approche très moderne tout en étant très iconique. Et « le lecteur », pour reprendre la formule de Présence, était satisfait d’avoir lu une histoire très classique qui ne le prenait ni pour un idiot, ni même pour un enfant.

    J’ai ensuite acheté et lu tous les albums (à chaque fois à leur sortie) du premier et du deuxième cycle. Je ne les ai lus qu’une fois. Mais avec le temps, c’est surtout ce premier tome qui m’a marqué, et dont je me souviens encore avec vivacité. J’ai toujours la série dans ma bibliothèque et l’article me donne envie de la relire. À Noël prochain, peut-être ?
    D’ailleurs je n’ai jamais lu le troisième cycle dessiné par un autre artiste. C’est bien ?

    Toujours un plaisir d’accueillir Barbuz ici. Lequel faisait partie, je le rappelle, de la « bande » d’Amazon avant la création de Bruce Lit.

    La BO : Je trouve ça insupportable mais c’est bien choisi !

    • Barbüz  

      Salut Tornado.

      Concernant le troisième cycle, je ne peux pas – encore – te répondre. Mais ça a été écrit par Swolfs, donc je le lirai tôt ou tard (plus « tard » que « tôt », je suppose, PAL colossale oblige).

      La bande d’Amazon ! Souvenirs ! Ça remonte ! Je dirais bien que ça fait dix, voire douze ans, si pas plus !

      Merci pour l’accueil, je devrais passer ici plus souvent.

    • Présence  

      Merci pour ce Tornado : cet article fut l’occasion pour moi de lire un album de Swolfs pour la 1ère fois.

      La BO :j’en assume l’entière responsabilité. Il s’agit d’une comédie musicale dont la musique a été réalisée par Jim Steinman, le compositeur de Bat out of Hell I & II, de Meat Loaf. Il a tendance a recycler régulièrement des chansons.

      • Tornado  

        Tu remarqueras que, bien qu’il n’y ait pas de karaté, j’ai déjà largement apprécié qu’il y ait du bon vieux vampire ! 🙂
        À l’époque où est sorti ce premier tome, les BDs sur les vampires iconiques comme celle-ci ne ne couraient pas les rues. J’avais été happé par la première planche au moment de la feuilleter, dans les rayons de la Fnac de mon quartier. Il me fallait cet album.
        Déjà à l’époque (j’étais jeune), j’avais trouvé le récit un poil trop classique (le Fond), mais tout de même rondement mené. Aujourd’hui, grâce à l’article, je perçois mieux sa modernité (l’approche artistique naturaliste – la Forme). C’est aussi iconique qu’un film de la Hammer, mais raconté comme un roman historique.
        Tu n’as donc pas lu le troisième cycle dessiné par un autre artiste ?

        • Présence  

          Je n’ai pas lu le troisième cycle, car je viens tout juste de commencer cette série avec cet album.

  • JB  

    Merci aux auteurs de l’article pour cette découverte !
    Bon, je suis une bille en BD franco-belge, mais ma bibliothèque vient d’acquérir les 30 premiers THORGAL et 9 PRINCE DE LA NUIT : c’est un signe, je vais pouvoir découvrir ces 2 univers magnifiquement présentés cette semaine.
    BO : ah, je connais pour une fois ! (surtout via TOTALE FINSTERNIS, qui reprend peu ou prou Total Eclipse of the Heart)

    • JB  

      Déjà lu des histoires courtes dans des albums Super Tintin, c’est dire si j’ai du retard ! ^^’

    • Présence  

      Je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un ait déjà éprouvé de la curiosité pour cette comédie musicale en allemand !!!

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour

    un article qui a ouvert ma curiosité car bien qu’ayant de nombreuse fois admiré les superbes couvertures je n’ai jamais ouvert une seule bd, pire je n’ai jamais rien lu de Swolfs.

    Je vois que les 9 tomes sont disponibles dans ma bibliothèque. check

    Un bel article, toujours un plaisir de lire sur l’aspect graphique, notamment les compositions dans les planches. Un bd c’est un récit mais aussi des dessins.

    Swolfs, c’est le respect du détail…..le récit se démarque des récits de vampire traditionnels, en se tenant à distance des effets de manche et de tout clinquant visuel….Bien que le naturalisme soit gommé au profit de l’action et de l’intrigue, Swolfs essaie de rendre compte de ce que pouvait être le Moyen Âge des orientations qui me plaisent. Mais du coup je trouve que cela confirme (ou contredit selon comme on le lit) votre introduction sur la perception moderne des vampires. En plaçant le récit dans le Moyen-Age l’approche de SWolfs me semble logique, sensé.

    • Barbüz  

      À l’époque (1994), les « Blade » ne sont pas encore sortis au cinéma, « Entretien avec un vampire » ne sort qu’en fin d’année, forcément après l’album, et je ne parle pas des autres, les « Vampire Diaries » (2009) et autres « Twilight » (2008). La perception du « Prince de la nuit » ne sera pas la même pour un lecteur qui découvre l’œuvre en 1994 et un autre qui la découvre en 2022, avec les références supplémentaires que cela sous-entend. D’où l’écho à cette contradiction.
      Le choix du Moyen Âge m’a semblé logique, à moi aussi. On dirait qu’à un moment il y a eu, à Hollywood, une volonté de moderniser le mythe du vampire et de l’extirper des brumes du Moyen Âge pour le rendre plus compatible avec un jeune public (surtout nord-américain) ; à mon avis, c’est dans le premier contexte qu’il a le plus de sens et qu’il reste le plus « vraisemblable ». Cela n’engage que moi.

    • Présence  

      L’aspect graphique : Barbüz et moi mettons un point d’honneur à en parler car d’une certaine manière, c’est bien la raison pour laquelle on lit des BD (au sens large) pour le plaisir visuel, l’accès immédiat au monde imaginé par l’artiste.

  • Jyrille  

    Je suis ravi de voir un team-up entre Présence et Barbüz apparaître ici. Je vois ces deux-là discuter sur le blog de Présence, c’est toujours enrichissant.

    Je connais bien ces couvertures, je les vois depuis longtemps, même les Durango, mais je n’ai jamais lu un seul Swolfs de ma vie. En regardant les scans, on se rend compte qu’on est dans la plus pure tradition de la bd franco-belge réaliste des années 80 et 90. Je ne suis pas spécialement friand de ce genre mais ça n’est pas rédhibitoire pour moi.

    En lisant l’article, je ne peux m’empêcher de me demander qui a écrit quoi. Je ne trouve qu’une seule voix 😀 J’apprends que le langage est châtié ici, je ne pensais pas que ce fusse le cas. Tout comme je trouve intéressant cette idée que le graphisme est loin du clinquant souvent lié au genre (le film Van Helsing par exemple, ou les bds de Ledroit).

    Merci donc pour la présentation, j’aurais une vision plus claire de ces oeuvres désormais !

    La BO : tiens je n’avais jamais eu l’idée d’écouter la bande originale du BAL DES VAMPIRES. Ce n’est pas celle du film mais c’est une comédie musicale c’est ça ? Bon, je vais pas tenter le reste… et pourquoi en allemand ? En tout cas bravo pour ce choix original, on apprend plein de trucs ! 😀

    • Présence  

      Jim Steinman est le compositeur de la musique de la comédie musicale crée à Vienne (Autriche) en 1997 : Le Bal des vampires (Tanz Der Vampire), inspiré du film de Roman Polanski Le Bal des vampires. (merci wikipedia)

      Qui a écrit : ce fut un processus itératif, avec l’autorisation de modifier les phrases l’un de l’autre, une collaboration paisible et constructive.

      Durango : je ne peux que t’inviter à consulter le site de Barbüz qui comporte une critique pour chacun des tomes 1 à 12 de la série.

      les-bd-de-barbuz.blogspot.com/search/label/Durango

    • Barbüz  

      Qui a écrit quoi ? Je ne serais même pas capable de faire un sans-faute à cette question ! En fait, ça a été très rapide, très facile. Présence a jeté ses bases, j’ai ajouté les miennes et retravaillé le tout jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant. On est tous les deux tombés d’accord sur le fait que ça a été bien plus facile que prévu ! Et donc, on s’est dit qu’on allait répéter l’exercice, pas plus tard que ce premier semestre. Il ne nous reste qu’à trouver un titre !

      • Jyrille  

        Merci les gars pour ces explications claires et limpides ! Je serais ravi de vous lire sur un autre titre, j’ai plein d’idées si vous voulez (par exemple j’attends impatiemment les avis de Présence sur des bds de Blutch 😀 ).

        • Présence  

          Blutch : j’en ai lu un.

          les-bd-de-presence.blogspot.com/2023/02/la-mer-boire.html

          • Jyrille  

            YEAH ! Le dernier en plus, tu commences ardûment. Je note que ton analyse est comme toujours très pointue et lucide mais que tu sembles également n’avoir pas goûté à toute la poésie de la chose, même si tu la ressens aisément. Dans le même registre, beaucoup plus facile d’accès, celle qui l’a fait basculer de Fluide Glacial à Aire Libre, il faut tenter sa première de ce genre : VITESSE MODERNE. Si le coeur t’en dit…

  • Bruce lit  

    Je pense savoir qui a écrit quoi.
    Facile les 2 premiers paragraphes, c’est du Présence.
    Les 2 suivants c’est Barbuz.
    Après les pistes sont brouillées.
    Je n’avais jamais entendu parler de cette série.
    Mais du coup si le personnage est un enculé invincible, ça raconte quoi sur 8 volumes ? La traque ?

    • Barbüz  

      Si j’ai deviné correctement à partir des pistes que jette Swolfs, il y a une forme d’héritage familial, de mission transmise de génération en génération, qui mène jusqu’au début XXe siècle, puisque l’on y retrouve un descendant de Jehan. À confirmer…

      • Tornado  

        La suite, oui, c’est la traque d’un « enculé invincible » par une famille qui lègue cete traque aux futures générations comme un héritage maudit. Dans mon souvenir (ça date) ce qui est intéressant c’est de découvrir que chaque déscendant est très différent, certains étant plus ou moins aussi horribles que le vampire.

  • Présence  

    Le premier § (celui en italique) est une production commune. De mémoire, Barbüz a retouche le deuxième sur une base que j’avais produite. Le § avec les liens est plutôt de ma plume.

    Je ne saurais pas répondre à la question car je n’ai pas encore lu les tomes suivants.

  • Surfer  

    Je ne connais ni la BD présentée, ni la BO… Mais ce Blog est aussi un moyen pour moi de découvrir des œuvres que je n’aurais peut-être jamais décelé autrement 👍
    Sur cet aspect, mission accomplie! Bravo les gars 😉

    On passe rapidement sur la BO : Une écoute m’a suffit car, pour moi, elle n’a pas le goût de revenez-y.

    Concernant la BD: Il y a tellement de choses à lire dans la production moderne actuelle que je vais très rarement chercher des œuvres rétro (pour ne pas dire Kitsch).
    A moins que cela ne touche l’affect ou la nostalgie de l’enfance.

    Je note tout de même une belle analyse de la partie graphique. Ce qui commence à être habituel de la part de Présence. Et je comprends très bien qu’avec Barbüz ils mettent un point d’honneur à y consacrer une partie importante de l’article. L’art séquentiel est effectivement avant tout visuel.
    A ce propos, j’ai lu quelque part qu’Yves Swolfs s’est beaucoup inspiré de comics et d’auteurs américains lorsqu’il a commencé à dessiner. Notamment pour les cadrages et le mouvement.
    Il a oublié la splash page pour être complet.😀

    C’est effectivement la grosse différence entre les comics américains et les BDs franco belge. Cette notion de mouvement… merci KIRBY.

    Mais, la BD franco a d’autres qualités et j’aime lire les deux😉

      • Présence  

        Merci beaucoup pour ces informations concernant l’influence des comics américains sur Swolfs. En re-regardant la couverture, j’y décèle également un peu de Paul Gulacy.

        • Barbüz  

          Effectivement, maintenant que tu en parles, ça semble presque flagrant.

    • Présence  

      Avec les années passant, j’ai maintenant la possibilité de terminer la lecture de séries que j’avais abandonnées en cours de route, faute de disponibilité des tomes, ou d’aller compléter ma culture avec des œuvres qualifiées d’essentielles et qui m’attirent. Exemple du jour : la série Le prince de la nuit a bénéficié d’une réédition soignée et complète de chaque tome, et ces couvertures avaient attiré mon attention à une époque où je n’avais pas le temps de m’y plonger.

      D’après wikipedia – À la fin des années 1970, après des études littéraires, Yves Swolfs suit des cours auprès de Claude Renard à l’atelier R, section bande dessinée de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles. La fin de ses études est sanctionnée par un diplôme décerné par l’École Supérieure d’Art.

      Je ne sais pas ce qu’il en est pour des influences comics : son trait me fait parfois penser à celui de Mike Grell.

      • Surfer  

        Concernant les influences d’Yves Swolfs , Voilà ce qu’il dit lors d’une interview accordée à ACTUABD … je cite :

        « A leur contact, j’ai découvert le talent graphique d’auteurs de comics américains dont j’ignorais jusqu’alors l’existence !
        Je me suis intéressé à leurs influences pour faire évoluer mon style, sans le bouleverser complètement. J’ai compris les raisons de la modernité de certains comics, et surtout de leurs spécifications propres : le cadrage, la représentation et la manière de faire bouger les personnages, etc. »

    • Jyrille  

      Ah ? Pour moi, Franquin et Uderzo sont des maîtres du mouvement. Tu peux ajouter Blain, Boulet, Edika, enfin bref.

      • Surfer  

        Salut Cyrille,

        Je conçois que ton appréciation te fasse citer quelques exceptions. Toujours est il que pour avoir un point de vu objectif il faut noter que KIRBY vient de l’animation. Il a ensuite essayé de transposer ce qu’il avait appris dans le domaine de l’art séquentiel.
        Cela a été une telle révolution à l’époque que les éditeurs de comics refusaient ensuite tout travail d’un dessinateur qui ne respectait pas le dynamisme de KIRBY.
        Du coup, le maître à été une référence pour pléthore d’artistes.
        Le mouvement est devenu l’essence même des comics. C’est ce qui fait sa force !
        Un peu comme le Groove en musique ! Sans cela l’œuvre semble bien fade ☹️.

        Le problème, c’est qu’il y a aussi la contre partie. A l’époque les dessins des comics se ressemblaient tous. Tout le monde essayait de singer KIRBY.
        Heureusement cela a changé depuis.

        A contrario la BD franco belge a toujours eu plus de caractère. Chaque dessinateur a pu s’émanciper pour trouver son propre style.
        L’une des qualités de la BD franco belge et ce pourquoi je l’apprécie aussi 😉

        D’une manière générale, de mon point de vue, je trouve la BD franco belge bien grippée par rapport au dynamisme des comics.

  • JP Nguyen  

    Ouf ! Un article sans danger pour mon portefeuille !
    Un récit de Vampire, même d’excellente facture classique, ça reste un récit de Vampire. Un peu comme pour l’andouillette, même cuisinée par un chef, si on aime pas ça…

  • Eddy Vanleffe  

    J’aime beaucoup le Swolfs de Durango qui a su prolonger le cinéma de Corbucci, en remixant les éléments de Django et du Grand Silence en immortalisant d’ailleurs Franco Nero..
    Jamais tenté son Prince de la Nuit, mais c’est une erreur de ma part, trop occupé à lire de mauvais comics, je plaide coupable…

    • Présence  

      Barbüz a également bien apprécié la série Durango. Il a réalisé un commentaire par tome :

      les-bd-de-barbuz.blogspot.com/search/label/Durango

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