WELCOME BACK, SELINA

CATWOMAN LONELY CITY par Cliff Chiang

Un casse décortiqué par JP NGUYEN

VO : DC Comics

VF : Urban

The Dark Cat Returns !
© DC Comics

CATWOMAN LONELY CITY est un récit en 4 chapitres de 48 pages, publiés en 2021-2022 chez DC Comics, dans la collection Black Label. Scénario, dessins, encrage, couleurs, lettrage : tout a été entièrement réalisé par Cliff Chiang, homme-orchestre à la baguette d’une fugue en mode majeur, où la féline mais vieillissante Selina Kyle, alias Catwoman, revient à Gotham City après un long séjour derrière les barreaux, pour monter un casse grandiose.

Dans cet article, les spoilers se tiendront à carreau pour ne pas enfreindre leur conditionnelle.

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

L’histoire débute dix ans après la « Fool’s Night » qui a vu le Joker provoquer des émeutes meurtrières avant de se faire exploser, en emportant avec lui le Commissaire Gordon et… Batman ! Pendant la décennie suivante, Catwoman a du purger sa peine à la prison de Blackgate tandis que Harvey Dent, réhabilité, devenait maire de Gotham et instaurait un climat ultra-sécuritaire, s’appuyant aussi bien sur le fichage et la surveillance numérique que sur des patrouilles de « Bat-Cops » armés jusqu’aux dents. Alors que Dent vise une réélection face à son adversaire politique Barbara Gordon, Selina Kyle s’organise pour accomplir la dernière volonté de Batman : récupérer « Orpheus », un secret conservé dans la Bat-Cave, devenue un sanctuaire impénétrable, placé sous très haute surveillance.

Âgée de 55 ans, Selina n’est plus aussi affûtée qu’autrefois : ses genoux, en particulier, lui font souffrir le martyr. Pour accomplir le braquage de la Bat-Cave, elle va s’entourer de comparses, dont certains sont d’anciens ennemis de l’homme chauve-souris. En renouant avec la clandestinité, elle deviendra, malgré elle, un symbole de rébellion pour des citoyens de Gotham malmenés par la dérive autoritaire du maire Harvey Dent.

La féline fatale est fatiguée
© DC Comics

A L’OMBRE DE MISTER MILLER

En grand fan de Frank Miller, la première chose que j’ai remarquée en m’embarquant dans ce récit, c’est l’hommage appuyé à DARK KNIGHT RETURNS et BATMAN : YEAR ONE. Au premier, LONELY CITY emprunte sa pagination, sa structure en quatre chapitres et son pitch du retour après dix années d’absence. Quant au second, Cliff Chiang en reprend des éléments de charte graphique (le placement des textes servant de repères temporels, la palette de couleurs) et plusieurs dessins font directement écho à ceux de David Mazzucchelli. Sur la page introductive du premier chapitre, Selina, de dos, s’enfonce dans les rues de Gotham, tout comme le faisait Bruce Wayne pour sa première mission sous couverture dans YEAR ONE. J’ai aussi relevé la posture de Selina devant les stèles de Wayne Manor et celle de Barbara Gordon dans la chambre de son fils, dans le quatrième chapitre. Cliff Chiang réussit à incorporer ces clins d’œil visuels en dépassant le simple « swipe », puisqu’il garde sa propre grammaire graphique. Mais les angles de vue et le cadrage, et surtout la pertinence de leur utilisation m’ont rendu ces quelques images immédiatement reconnaissables et m’ont fait sourire intérieurement. J’ai apprécié ce fan-service intelligent, dispensé avec parcimonie : Cliff Chiang ne réalise pas un collage d’éléments empruntés à Miller ou Mazzucchelli : il raconte son histoire, avec une grande maîtrise du découpage, limpide et immersif.

Lorsque Selina dépose des rose sur la tombe de Bruce Wayne, que Catwoman et Croc s’entraînent ensemble pour retrouver la forme ou que les dix années d’incarcération de la voleuse sont évoquées sur deux pages : dans toutes ces scènes, et bien d’autres, on vit l’action au côté des protagonistes et on ressent tour à tour, la tristesse, l’excitation, la solitude…

Une planche muette comme une tombe
© DC Comics

GOTHAM AND MUCH MORE

Car heureusement, cette histoire ne reste pas dans l’ombre des œuvres Milleriennes : la Catwoman de LONELY CITY est une synthèse de plusieurs décennies de récits, que l’auteur évoque dans des flashbacks ou au détour de certains dialogues, parfois « méta », comme celui où le jeune hacker au service de Selina lui confie avoir eu un poster d’elle dans sa chambre d’ado, dans son costume violet (un look très sexualisé des années 90, immortalisé par Jim Balent…).

Mais là où Frank Miller avait fait de Selina Kyle la dirigeante d’une agence d’Escort Girls dans DKR, Cliff Chiang lui fait refuser très fermement la proposition du Pingouin de servir d’hôtesse dans son club. Ayant très bien tiré parti du nouveau statu-quo de Gotham, Oswald Cobblepott est à la tête d’un luxueux casino et surtout de toutes les opérations de blanchiment d’argent du secteur. C’est d’ailleurs un des attraits du pitch, de découvrir, dans cet univers alternatif, ceux qui ont survécu à la Fool’s Night et ce qu’ils sont devenus. L’auteur revisite ainsi le Bat-verse et déborde même par moments vers les territoires de l’occulte du DC-verse, quand Jason Blood s’invite dans le récit.

Fable méconnue : la chatte et le crocodile
© DC Comics

Ancré dans l’univers DC, LONELY CITY n’oublie pas d’évoquer le monde contemporain. A sa sortie de prison, Catwoman constate les changements de la société. Outre l’inflation, la quasi-hégémonie du numérique en tant que moyen de paiement ou d’identification, la gentrification des centres-ville, la défiance des citoyens envers un pouvoir politique cachant de moins en moins bien sa corruption, le recul des libertés au nom de la sécurité, le racisme systémique sont autant de thématiques évoquées au fil des chapitres, qui permettent à cette histoire de dépasser son statut d’hommage à des bat-hits des années 80 pour atteindre celui d’œuvre à part entière, reflet de son époque et traçant son propre sillon.

Alors que DKR était crépusculaire, le CATWOMAN de Cliff Chiang recèle beaucoup plus d’optimisme. L’humour y trouve sa place, et le bedonnant Killer Croc n’est pas le seul ressort comique : Edward Nygma ou Poison Ivy ne sont pas en reste. Dans la catégorie revisite du Bat-verse, j’ai préféré cette lecture au WHITE KNIGHT de Sean Murphy, qui comportait quelques ingrédients similaires (vilain réhabilité, contestation sociale) sans provoquer  d’empathie chez ce lecteur. Ici, les personnages existent et si l’on se passionne pour la quête de Selina pour trouver Orpheus, c’est aussi parce que la dame part à la recherche d’elle même et du temps perdu derrière les barreaux.

Non, Harvey Dent ne sera pas réélu dans un fauteuil…
© DC Comics

LE TEMPS RETROUVÉ

Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi captivé par un récit de super-héros. Que voulez-vous, avec l’âge, on se dit qu’on en a beaucoup vu et on s’imagine, à regret, que le meilleur est derrière nous. Mais vous avez beau être un vieux de la vieille et connaître les ficelles, quand un tour est bien exécuté, on s’y laisse volontiers prendre. Une cambrioleuse entre par effraction dans votre paysage mental, dépoussière vos vieilles idoles et fait disparaître vos certitudes. Et ainsi, elle vous fait un cadeau remarquable.

Une voleuse qui donne au lieu de prendre ? Un paradoxe de plus, pour un récit qui m’a enthousiasmé et auquel je reprocherais seulement un titre trompeur. Selina n’est pas seule, dans cette mini-série qui la voit reconstituer une équipe puis une nouvelle famille. CATWOMAN LONELY CITY a été un grand moment de lecture pour moi, passé en très bonne compagnie. Alors, pas si solitaire que ça, notre Féline Fatale ? Sauf si, par solitaire, on évoque le diamant scintillant !

Neuf vies et autant, sinon plus, de costumes…
© DC Comics

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La BO du jour :

Cliff Chiang a rendu hommage à Miller avec talent.

Chris Isaak a fait de même pour Roy Orbison.

Pourquoi ce titre ? Et bien si je ne devais avoir lu qu’un seul bouquin ce mois-ci, ce serait ce LONELY CITY !

33 comments

  • JB  

    Cette série sera mienne ! J’aime beaucoup le style graphique de Cliff Chiang (notamment sa réinvention du Creeper), je suis curieux de découvrir son écriture.
    Le Old Woman Selina me semble sortir des sentiers battus de ce style d’histoire avec un mélange de nostalgie (fréquent dans ce type d’histoire) et d’humour avec la séquence avec Killer Croc.
    Merci pour cette review !

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour.

    lisant de moins et moins de comics des big two, fuyant les chauves souries et leur environnement, c’est le nom de Cliff Chiang (WONDER WOMAN, PAPER GIRLS) qui m’a attiré sur ce CATWOMAN LONELY CITY..

    Jéai moi aussi passé un excellent moment, sur ce récit bien troussé, auto-contenue, qui joue la carte des clins d’oeil mais sans trop en faire avec même des guest surprenant (Le Démon).

    Il y avait longtemps que je n’avais pas été aussi captivé par un récit de super-héros. Que voulez-vous, avec l’âge, on se dit qu’on en a beaucoup vu et on s’imagine, à regret, que le meilleur est derrière nous. Mais vous avez beau être un vieux de la vieille et connaître les ficelles, quand un tour est bien exécuté, on s’y laisse volontiers prendre pareil

    LONELY CITY n’oublie pas d’évoquer le monde contemporain. A sa sortie de prison, Catwoman constate les changements de la société. C’est en effet très intelligemment fait. Je croyais qu’il n’était plus possible de lire chez les big two des récits à message. Cliff Chiang y arrive.

    Dans la catégorie revisite du Bat-verse, j’ai préféré cette lecture au WHITE KNIGHT de Sean Murphy, qui comportait quelques ingrédients similaires (vilain réhabilité, contestation sociale) sans provoquer d’empathie chez ce lecteur. Dans mes bras. Sean Murphy (excellent dessinateur même si je lui préfère le trait élégant de Cliff Chiang) reste un piètre scénariste. Son WHITE KNIGHT est une énorme déception à mes yeux, qui part sur un pitch intéressant pour se vautrer dans un récit facile, bourrin, violent gratuitement pour répondre aux fans.

    La BO : je ne connaissais pas. J’adore. Merci pour cette découverte

  • Tornado  

    Un article mené de main de maitre, qui parvient à concilier l’intime et l’universel, sans la moindre répétition inutile. Sauf que, pour reprendre une expression de l’auteur, c’est un vrai « pousse au crime de carte bleue », purée…
    Ben oui, il y a tout ce que je recherche dans un récit de super-héros ici.

    La BO : J’adore Chris Isaak. Encore un artiste ultra-talentueux qui aura essuyé les plâtre de ces gros boulets de puristes qui tentaient, à l’époque, de le ringardiser.

    • zen arcade  

      J’ai pour ma part toujours eu beaucoup d’estime pour Chris Isaak. Je n’ai suivi que la première partie de sa carrière mais ce sont des albums que je prends toujours beaucoup de plaisir à écouter aujourd’hui.
      Le problème de tes gros boulets de puristes, c’est pas que c’étaient des puristes, c’est que c’étaient des boulets. 🙂

  • doop  

    Un très bon article, mais justement, l’ambiance Miller-light m’a franchement ennuyé. En fait, ce ne sont pas pour moi des hommages, mais juste des clins d’oeils. En gros on reprend tout ce qui peut être aseptisé chez MIller et on en fait un truc…aseptisé. Rien ne dépasse, aucune prise de risque dans l’histoire. Comme tu le dis toi-même : Chiang refuse tous les excès de Miller. Donc le récit en dehors du fan service n’a pas grand intérêt en fait. SI ce n’est de proposer une histoire moyenne bourrée de références. De plus, il s’emmêle un peu les pinceaux sur la fin : la première partie est splendide, le reste….moins. En toute honnêteté, la résolution du grand mystère est assez moyenne. Alors oui, graphiquement c’est superbe, mais au niveau du scénario, on est juste sur du correct. Dessins extra, scénario moyen. Pas une oeuvre culte pour moi.

    • zen arcade  

      Voilà. C’est tout à fait mon ressenti également.
      Je suis très rarement d’accord avec tes avis (presque que chaque fois que je te lis sur superpouvoir, j’ai un avis contraire au tien 🙂 ) mais ici nous sommes pleinement en accord.

  • Glen Runciter  

    C’est rare les héroïnes vieillissantes et si en plus l’histoire est bien menée, je vais prendre cet album.

  • Bruce lit  

    Oui, oui, oui ! C’est exactement la restitution de tout le bien que je pense de cette œuvre.
    Moi du Mainstream comme ça, j’en veux tous les jours. J’ai adoré. Merci à Cliff Chiang d’écrire une histoire où la vieillesse n’est pas un naufrage. Selina est trop sexy avec ses cheveux gris, sa fatigue mais aussi sa sagesse.
    Pour répondre indirectement à Doop, je trouve comme JP que l’on est dans la lignée d’un chat quand DKR voyait tout en noir comme la chauve souris. C’est une lecture sautillante, féline , douce par ses couleurs, ronronnante par le plaisir qu’elle suscite. A l’inverse de Zdarsky, Chiang est un excellent dessinateur qui sait aussi écrire. Comme un certain Frank M, justement.
    Coup de coeur comics 2023 so far.
    @Tornado, encore une fois, je ne sais pas qui tu mets derrière ton élite 😉 Isaak a été une icône des Inrocks, la presse élitiste par excellence….

    • Tornado  

      « @Tornado, encore une fois, je ne sais pas qui tu mets derrière ton élite » :
      je l’ai déjà dit : Ayant passé une partie de ma vie avec des musiciens élitistes, je ne l’ai pas inventé. Ce sont des litanies. Elles existent encore aujourd’hui avec Coldplay, hein… 😉

  • Bruce lit  

    Et tu as choisi ma planche préférée de tout l’album ; les séquences avec Killer Croc et celle sur la tombe de Bruce (Hum!)
    Merci JP.

  • JP Nguyen  

    J’avais lu une ou deux reviews VO sur la série, pendant sa publication et elle avait retenu mon attention. Lorsque Bruce l’a évoquée sur une de ses interviews récentes, j’ai sauté le pas et acheté le TPB VO. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette histoire et l’article est « sorti » plutôt facilement, par rapport à d’autres où je me torture en me demandant si je trouve les mots justes.
    Cela reste évidemment mon seul point de vue, hautement subjectif. Un lecteur pourrait ne pas voir les allusions à Miller, ou bien, comme Doop, les voir mais ne pas les percevoir de la même manière.
    Et puis j’étais aussi content de mes micro-références à Proust dans les intertitres.

    Sur la BO : L’album The Baja Sessions, dont est tiré cette reprise, est une douceur musicale que j’affectionne.

  • zen arcade  

    Un récit qui part bien mais qui s’englue ensuite dans des enjeux narratifs assez faibles et un saupoudrage de personnages peu utiles, ça donne au final un récit qui ne tient pas ses promesses.
    J’ai terminé la lecture avec le sentiment frustrant que ça aurait dû être beaucoup mieux.

  • Présence  

    Voilà qui fait plaisir de découvrir Cliff Chiang sur un projet à la hauteur de son talent.

    En lisant ton article, je me dis qu’Avec The dark knight returns, Frank Miller a créé un nouveau (sous)-genre dans les comics de superhéros. Toutefois, l’original étant une telle réussite, il faut un sacré culot, et encore plus de talent pour parvenir à éviter le ridicule par comparaison, et encore plus du deuxième pour réussir son pari.

    Âgée de 55 ans, Selina n’est plus aussi affûtée qu’autrefois : en lisant ce constat, je ne peux pas m’empêcher de me demander si le scénariste continue à prendre en compte cette diminution des capacités physiques tout du long de son récit, ou si elle décroît discrètement jusqu’à en être oubliée.

    Jason Blood s’invite dans le récit : je suis également surpris quand un scénariste trouve tout naturel d’intégrer un personnage aussi surnaturel dans une aventure très terre à terre, par exemple Azzarello dans Damned.

    Un récit moins crépusculaire : à mes yeux The dark knight returns n’est pas si crépusculaire que ça, puisque sa conclusion s’avère optimiste, avec cette nouvelle génération qui prend Batman comme mentor, et qui, en toute logique, ne devrait pas reproduire les erreurs de la génération précédente.

    • zen arcade  

      Le thème du retour du héros vieilli, c’est un classique battu et rebattu. Il ne suffit pas de cela pour se placer dans une filiation avec le DKR de Miller.
      C’est ce qui est fait de ce trope banal qui rend le récit intéressant ou pas. Miller en fait un point de départ pour révolutionner le personnage et le genre. Chiang en profite pour humaniser son personnage sur un mode u peu doux-amer mais au final il s’embourbe dans un récit passe-partout et ne fait pas grand chose de tout ça.

      Jason Blood s’invite dans le récit mais ça ne sert à rien du tout sinon à remplir inutilement des pages.

      Pour DKR : une nouvelle génération qui prend pour mentor un Batman qui a sombré dans le fascisme, je n’appelle pas ça une conclusion optimiste.

      • Présence  

        Batman a sombré dans le fascisme : un point de vue qui se discute. Un individu qui a adapté son mode opératoire à une situation de crise, pour sortir d’une phase de démocratie corrompue, instrumentalisée par toutes sortes de factions pour leur profit. Un phase transitoire pour accompagner une jeune génération souhaitant reprendre en main les instruments de la démocratie, certes en commençant par la sécurité.

        • Tornado  

          Dire que le Batman de DKR est fasciste : Encore une litalie bienpensante dont on nous serine, encore plus depuis que Miller a réalisé son machin anti-terrosriste et que le monde est woke.
          On a eu la même chose avec Bronson, avec Eastwood, etc.
          Les américains sont des cowboys, élevés au farwest sauvage, faut pas l’oublier.
          Miller est quand même bien plus fin dans DKR, en restant sans cesse sur le fil. Son Batman senior en vigilante brutal, c’est pour moi davantage de la provoc, à une époque où, je m’en souviens, on établissait des théories édifiantes pour prétendre que les déliquants étaient avant tout des victimes de la société. Miller s’en sert pour dénoncer une idéologie débile. Et porter un regard au vitriol sur une civilisation en train de se ratatiner. C’est incontestablement pessimiste.
          Mais c’est ça aussi le super-héros moderne : Un mec qui débarque au-dessus des lois, et qui défend les plus faibles, violemment. Si Batman est fasciste, alors tous les héros de western, notamment ceux de sergio Léone, le sont aussi. Alan Moore joue de la même ambiguité avec V For Vendetta, mais là il est encore plus malin puisqu’il oppse son vigilante terroriste… à un gouvernement ouvertement fasciste !

          • Eddy Vanleffe  

            Miller voit son Bruce un peut comme un éducateur de jeunes en difficultés. Il se réinsère lui -même à la fin fin de DKR en retrouvant son rôle positif de mentor.
            Je me permet cette analyse justement parce que la réinsertion est au coeur du récit de DKR avec la tentative ratés de le faire sur Double-face (par Bruce lui-même) et du Joker ( par les deux psy débiles). Ensuite c’est superman qui tente de le récupérer et ça ne marche pas non plus…
            Enfin, Bruce se débarrasse de Batman pour reprendre le tout à la base… la rééducation des jeunes en roue libre…

          • Tornado  

            C’est ça : défendre les plus jeunes en les protégeant d’une civilisation déconfite. C’est incontestablement musclé, révolutionnaire, provoc, un poil réac, mais je n’y vois rien de fasciste. Ou alors être révolutionnaire c’est être fasciste, être contre les litanies bienpensantes stériles c’est être fasciste, être activiste c’est être fasciste, etc.

          • zen arcade  

            J’ai ouvert la boîte de Pandore. 🙂
            J’ai utlisé le terme de fascisme de manière volontairement provocatrice. En fait, Miller s’inscrit pleinement et inscrit pleinement son personnage dans la tradition US de l’anarchisme de droite (l’article wiki est pas mal fait)..
            La différence entre Moore et Miller n’est pas une question de finesse dans le traitement. Moore est tout sauf un anarchiste de droite.
            Après, je considère DKR comme un chef d’oeuvre alors que je me situe personnellement à l’opposé du courant politique mis en avant par Miller. C’est aussi cela l’intérêt d’une oeuvre artistique.

          • Tornado  

            Quant à moi c’est pareil. Dans la vie je ne suis pas un type réac de droite du tout… Je suis carrément progressiste. Mais je ne supporte pas la bienpensance orale. Ce sont les actes qui comptent. Je préfère un réac de droite provocateur qui fait les choses intelligemment, plutôt qu’un bienpensant hypocrite qui déverse ses leçons à longueur de temps et qui ne fait rien de sa vie. L’histoire est pleine de types mal vus idéologiquement (Céline par exemple) qui faisait le bien autour d’eux au quotidien (céline par exemple). Ça fait réfléchir quand, à côté de ça, certains bienpensants sont des sales cons agressifs au quotidien.
            Miller est un génie et, apparemment, une crème dans la vie. Son oeuvre est énorme à côté de ses erreurs de parcours.

          • Jyrille  

            Complètement d’accord avec vous deux. Surtout qu’il y a une scène explicite dans DKR où un prêtre explique à la télé que le punk à première vue agressif lui a en fait sauvé la vie.

          • Eddy Vanleffe  

            Quant à moi et ça ne surprendra pas grand monde, je me bats contre l’étiquette de fasciste depuis mes 16 ans… je n’aime jamais ce qu’il faut aimer voyez vous…
            j’ai eu le malheur de me plonger dans le jeu de rôle l’année de l’émission de Mireille Dumas, On nous a traité de nazis alors qu’on était heu comment le dire…heu bigarrés…colorés et le toutim…
            Le Metal, trop blanc, Desproges…suspect!, la manga; volonté d’être le meilleur et d’écraser son ennemi etc…
            On dirait que je l’ai fait exprès…
            Du coup les estampilles « fachos » etc…je m’en bats l’oeil…parce que je sais et mes proches le savent que je ne suis pas de ce bord là….
            Je ne suis pas progressiste non plus, Lug m’en garde…
            Je m’éloigne en fait de tout ça, d’ailleurs…
            La culture c’est tout ce qui m’intéresse en fait…

  • Eddy Vanleffe  

    Assez curieux, je voulais me pencher sur ce projet, mais comme j’en ai marre de ma faire voler je l’ai lu rapidement en ligne pour voir si ça valait le coût…
    ça ne m’a pas plu du tout,
    On a cette sempiternelle histoire de héros vieillissants… la majeur partie de l’intérêt va de voir ce qu’il sont devenus… et bon là rien de nouveau sous le soleil j’ai envie de dire…
    elle va devoir faire un casse parce que bien entendu, il n’ya qu’une histoire à raconter sur elle…
    les personnages rigolo/détente ça ne me branche pas plus que ça non plus…
    Je trouve ça plat et sans grande ambition pour ma part….
    Ce ne sont pas des défauts majeurs, mais je ne me suis pas lancé dans l’achat…

    • zen arcade  

      « On a cette sempiternelle histoire de héros vieillissants… »

      Au rayon persos vieillis qui reviennent pour un tour de manège, j’ai préféré en ce début d’année le Rogues de Joshua Williamson et Leomacs (paru initialement aussi au sein du Black Label de DC).
      C’est un divertissement sans prétention mais très bien réalisé.

  • Ben Wawe  

    J’ai laissé passer en VO, et j’ai vu le titre en librairie, sans connaître.
    Je suis très intéressé après ce très bon article, merci du tuyau !

  • JP Nguyen  

    Bon, c’est intéressant, les commentaires montrent qu’il y en a certains qui ont été séduits comme moi et d’autres qui n’ont pas été convaincus.
    Quand j’étais jeune et con, je voulais convaincre quand j’écrivais une critique. Maintenant, je ne fais que formuler et argumenter ma subjectivité. Le parcours de lecteur, l’horizon d’attente, l’humeur du moment, tant de choses peuvent influer. So let’s agree to disagree.

    @Présence : non, le physique diminué de l’héroïne n’est pas escamoté dans la suite du récit.
    Moins crépusculaire : dans DKR, Gotham est un coupe gorge et on ne peut pas se balader, prendre le métro ou aller à l’épicerie sans tomber sur un gang et se faire agresser. La majeure partie de la population est apathique pendant les 3/4 du récit. Dans Lonely City, il y a une pulsion de vie plus forte (de mon point de vue, of course).

    • Présence  

      Tu m’as convaincu pour l’agressivité violente de l’écosystème urbain dans DKR.

  • Jyrille  

    Super article JP, tu m’aides pas parce que je n’avais aucune envie de la prendre et maintenant, j’hésite… Bon, je la garde dans un coin mais vraiment, je ne te remercie pas ! J’ai bien reconnu la posture de Bruce devant la tombe de ses parents par Mazzucchelli.

    La BO : je ne connaissais pas cette reprise, c’est plutôt classe. Merci aussi.

  • phil  

    très bonne analyse JP, que je partage, sans surprise

  • Alchimie des mots  

    Ah un retour intéressant !
    J’ai lu très peu de récit de l’auteur mais le fait qu’il soit celui qui assure l’entière conception de l’œuvre, ça vraiment envie.
    Le fait qu’il est plus d’optimisme m’enthousiasme et en plus j’ai toujours aimé les récits présentant des personnages féminin chez Dc.
    J’ai lu que le Catwoman de Ram V est aussi très intéressant, connais tu le récit ?
    Merci

    • JP Nguyen  

      Désolé, pour la question sur le Catwoman de Ram V, je sors mon Joker, je n’ai pas lu cette itération.

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