Yo ho, vive la piraterie ! (Le Conte de fée de Kitty)

Focus : Le Conte de fée de Kitty – Uncanny X-Men n°153

Un article de JB VU VAN

VO : Marvel Comics

VF : Lug, Semic, Panini Comics

1ère publication le 13/12/21- MAJ le 18/12/23

Kitty Pryde’s Flying Circus !
© Marvel Comics

Cet article portera sur UNCANNY X-MEN n°153, de Chris Claremont (auteur), Dave Cockrum (artiste) et Joe Rubinstein (encreur). Ce numéro a été publié à de nombreuses reprises en VF, dans Spécial Strange n°40 (chez LUG), X-Men Saga n°24 (chez Semic) ou encore X-Men : L’Intégrale n°13 (chez Panini Comics).

Il était une fois… des X-Men qui prenaient une pause après plusieurs épreuves. Ils ont vu le Phénix se corrompre et mourir, reçu les présages d’un sombre avenir dans lequel les mutants étaient parqués dans des camps, affronté Fatalis, Magnéto et le Club des Damnés ! Pendant que l’équipe panse ses plaies, la petite Illyana Raspoutine, elle-même récemment victime d’enlèvement, demande à Kitty Pryde de lui raconter une histoire pour l’endormir.

Il était une fois une jeune femme nommée Pirate Kitty ! Aventurière se battant pour les faibles et les déshérités, elle est aidée de son fidèle compagnon Colossus. C’est ainsi qu’elle aide les victimes de bandits, Xavier le Sorcier et le Prince Cyclope. Pirate Kitty et Colossus acceptent de les aider dans leur quête : libérer la princesse Jean du démon qui la possède, le Phénix Noir. Chemin faisant, d’autres les rejoignent : Bamf le nabot téléporteur, la Bête sans nom avec son cigare et ses griffes, la demi-déesse Wind-Rider, sans oublier Lockheed, le dragon géant mais couard.

Pendant que Kitty raconte son conte de fée, les X-Men et leur invitée Carol Danvers s’approchent à pas feutrés pour écouter son récit, riant en l’entendant les caricaturer. Lorsqu’elle finit son histoire et quitte une Illyana endormie, c’est toute la maisonnée qui l’accueille, Scott Summers la remerciant d’avoir donné une fin heureuse à son couple de héros.

Comme un livre d’images
© Marvel Comics

Le récit de Kitty offre une pause bien méritée des X-Men dans leurs aventures. Dans les premières pages, les héros doivent réparer leur demeure et Charles Xavier s’inquiète des répercussions de ce désastre sur leur finance. Ailleurs, Tornade grimace de douleur après les coups que son corps a reçu quand Emma Frost en a pris possession. UNCANNY X-MEN n°153 est, sauf erreur de ma part, le premier numéro « de repos » qui n’est pas interrompu par l’attaque d’un ennemi dans les dernières cases. Xavier souligne même que cela fait longtemps que des rires n’ont pas résonné ainsi dans les murs de son école. Les X-Men auront de nouveau des moments de légèreté : l’épisode de Thanksgiving durant lequel Scott demandera Jean en mariage ou encore l’épilogue du Chant du Bourreau où Jubilée initie Xavier au patin à roulette !

Kitty parvient à accrocher son public en modelant son histoire sur les récentes aventures des X-Men. Le dragon de son conte représente le vaisseau des X-Men, le Blackbird. Pour faire  émerger Lockheed de l’eau, Pirate Kitty agite les bras comme pour lancer un sortilège. Quelques numéros plus tôt, dans UNCANNY X-MEN n°150, la véritable Kitty prétendait sortir un Blackbird immergé grâce à la Force de STAR WARS, en effectuant une même gestuelle !

Fais-le, ou ne le fais pas !
© Marvel Comics

De même, Pirate Kitty évoque comment Lockheed l’a protégé d’un démon, une histoire reflétant l’attaque et la défaite du démon N’Garai de UNCANNY X-MEN n°142. Les personnages du conte sont des versions exagérées des X-Men. Diablo est charmeur, Bamf est érotomane. La rivalité Wolverine-Cyclope reste entière entre la Bête sans nom (allusion au mystère entourant Logan à l’époque) et le Prince. Le sort de Wind-Rider, confinée dans une bouteille, rappelle la claustrophobie d’Ororo.

Apparemment inoffensif, ce numéro aura une importante postérité. Tout d’abord, il annonce plusieurs des arches narratives à venir dans les X-Men. Par exemple, un an après avoir inventé ce dragon de conte de fée, Kitty Pryde va rencontrer un véritable dragon miniature, qu’elle nommera Lockheed et qui ne la quittera plus ! D’autres images évoque un avenir moins heureux. Lorsque le Phénix Noir lance une boule de feu sur le Sorcier Xavier, c’est Colossus qui l’intercepte, frappé en pleine poitrine. Si le Colossus pirate s’en sort sans dommage, ce ne sera pas le cas du véritable Colossus, blessé au même endroit 2 numéros plus tard, dans UNCANNY X-MEN n°155.

Eternels rivaux dans tous les mondes !
© Marvel Comics

À plus long terme, la relecture des X-Men devient pratiquement un genre à part entière. La première série dédiée à Nightcrawler, écrite et illustrée par Dave Cockrum, le voit parcourir plusieurs réalités. Dans l’une d’elle, il devient un héros à la Errol Flynn avant de secourir une belle princesse. En changeant de réalité, il découvre que le monde imaginé par Kitty existe et fait équipe avec Pirate Kitty et ses compagnons. L’Annual n°8 de UNCANNY X-MEN (à nouveau écrit par Chris Claremont) inverse les positions entre Illyana, devenue adolescente, et Kitty, troublée par les événements de la minisérie KITTY PRYDE AND WOLVERINE. Illyana raconte à nouveau les aventures d’une Kitty devenant pirate, cette fois dans l’espace ! En 2006, Marvel Comics lance une ligne de réinterprétation de contes de fées, Marvel Fairy Tales, en commençant par le comics X-MEN FAIRY TALES. Dans le cartoon X-Men, un épisode de la saison 5 reprend l’idée d’un conte racontée par une jeune X-Woman, Jubilee remplaçant Kitty Pryde à l’écran.

Plusieurs années plus tard, Scott Lobdell saura se souvenir de cette histoire. Dans UNCANNY X-MEN n°303, Illyana, redevenue enfant, se meurt du virus Legacy. Pendant que son frère Colossus est en mission, Jubilee et Kitty Pryde la veillent à tour de rôle. Cependant, les poumons d’Illyana finissent par céder et Xavier la place sous assistance respiratoire. Désemparée, Jubilee ramasse une poupée de Bamf, le personnage inventé par Kitty, et la place dans les bras d’Illyana. Une image qui évoque l’enfant couchée avec sa peluche Elmo, s’apprêtant à entendre l’histoire de Kitty. La dernière histoire que Kitty et Jubilee lisent à une Illyana comateuse est La Petite Fille aux Allumettes. Un choix étrange pour une enfant mourante, mais l’histoire, où l’imaginaire est une protection face à une réalité tragique, semble davantage servir de réconfort aux adultes qui la veillent.

Bonne nuit, Illyana
© Marvel Comics

De façon plus légère, il est amusant de voir que les X-Men tendront à se rapprocher de leurs homologues féériques. Des créatures semblables aux Bamfs envahissent l’école Jean Grey dans WOLVERINE AND THE X-MEN. Durant un événement traumatisant dans lequel Logan va rejeter une greffe d’Adamantium, il va régresser dans une forme primitive et sans nez qui ressemble fort à la Bête sans Nom. Pryde elle-même se tourne vers la piraterie, tout d’abord en tant que Star-Lady et meneuse des Gardiens de la Galaxie de Bendis (fan avoué de Kitty), puis dans la série MARAUDERS où elle prend le rôle d’une corsaire mandatée par Emma Frost.

Malgré son apparence purement ludique, le Conte de fée de Kitty permet à son auteur réel, Claremont, de donner un happy end à son couple vedette, fin heureuse refusée par Jim Shooter. Dave Cockrum s’amuse à caricaturer les héros, particulièrement le tandem Diablo / Logan, ce dernier ayant droit à des expressions cartoonesques. Une parenthèse dans les aventures de nos héros qui va pourtant marquer les lecteurs comme les successeurs de Chris Claremont !

Le retour de Pirate Kate !
© Marvel Comics

La BO du jour:

19 comments

  • Surfer  

    « Ce numéro a été publié à de nombreuses reprises en VF, dans Spécial Strange n°40 (chez LUG), X-Men Saga n°24 (chez Semic) ou encore X-Men : L’Intégrale n°13 (chez Panini Comics). »

    Ah, je n’ai pas lu ce numéro, ma collection Spécial Strange s’arrête au #36. Et je n’ai qu’une seule intégrale Panini (Celle qui contient Lifedeath).

    J’achète très peu de comics Old School…Mon immense collection de revues Lug (que j’ai gardé précieusement 😉) suffit à satisfaire mon besoin de nostalgie.

    Je vois que j’ai raté de belles choses. Ce numéro de transition ( Léger et de repos pour l’équipe) en est la preuve. Il est, manifestement, important dans l’œuvre de Claremont. Tu viens de nous le démontrer 👍😉

    La BO: Encore un joli moment de nostalgie pour la BO d’un Film MERVEILLEUX 👍👍👍

  • Présence  

    Noël 1981 : ça nous rajeunit pas. J’avais dû lire cet épisode dans Spécial Strange, à la fois déçu par l’absence de Byrne que je préférais de loin à Cockrum, et par cette histoire pour enfant. Je ne pense pas l’avoir relu depuis., mais ça va finir par arriver puisque X-Men Epic Collection 8 est dans ma pile.

    Superbe article qui me fait me rendre compte de tout ce que je n’avais pas su voir à l’époque, entre la pause bien méritée et la bonne humeur, la relecture des histoires précédents, et l’annonce de futures histoires (ce qui ne pouvait pas se deviner à la simple lecture de cet épisode, sans idée de ce qu’il allait advenir par la suite). Avec le recul, je me demande si Dave Cockrum n’a pas saisi une double occasion pour la minisérie Nightcrawler : X-Men tellement populaires que tout se vendait comme des petits pains + succès de l’épisode #153, lui permettant de placer une sorte de suite qui lui tenait à cœur.

    • JB  

      J’ai été surpris de constater en préparant cet article que Lockheed ne fait son apparition que plusieurs mois après ce conte, j’ai alors joué à repérer les indices qui laissaient présager de la suite (volontairement ou accidentellement ^^)

  • Eddy Vanleffe  

    Comme beaucoup de fans, cet épisode faisait parti de mes préférés. les mutants dans un monde Fantasy, très décontracté et un Cockrum qui récupère son aura venu du cinéma d’aventure hollywoodien…
    Bien joué JB d’en avoir extrait tous les sous-textes…
    La mini NIGHTCRAWLER faisant encore parti de mes comics préférés lui aussi ( je le relis encore au moins une fois par an celui là…)
    ça fait aussi parti des favoris de Claremont lui même qui le cite régulièrement dans ses meilleurs souvenirs.
    Merci pour ce focus!

  • Bruce lit  

    Court, fun et limpide : merci encore à JB qui a accouché de cet article dans la bonne humeur pour me permettre de boucler la thématique.
    Quelques fulgurances notamment sur l’état de Wolverine qui se transforme en monstre. J’adore. Je relance du fait que toujours dans les 90’s il sera représenté souvent comme désarticulé une fois désadamienté, une vision qui rejoint celle qu’il avait de lui même chez Arcade en se regardant dans des miroirs déformants. Wolvie avale aussi sa clope à la fin de muir Island Saga en écho à la canette ici.
    Le focus sur Illyana est également génial. La preuve que l’on peut se nourrir de la mythologie de nos (ex) héros en les rendant plus riches et plus humains.
    Moi j’adore ce retour de Cockrum après Byrne. Je n’ai jamais compris que certains puissent les bouder.

    Sur l’histoire en elle-même, je n’ai jamais été très fan ceci dit. A la limite les apartés entre personnages étaient très funs, plus que le conte en soi. Sans doute parce que j’ai toujours vu Kitty comme une ado précoce (qui voulait coucher avec son aîné Colossus quand même) et que ce conte ne collait pas avec la vision que j’avais d’elle.
    On peut considérer cet épisode comme l’acte de naissance d’EXCALIBUR qui, contre toute attente, ne m’a jamais passionné non plus.

    La BO : pourquoi pas.

    • Eddy Vanleffe  

      moi non plus je n’ai jamais compris le dédain pour le second passage de Cockrum…Ona quand même la saga des Broods que je je trouve très bien Mais c’est sans doute aussi parce que je les ai connu exactement au special strange où Diablo vient de s’évader du monde d’Arcade dans l’épisode où ce dernier fait équipe avec un doombot… puis il il y avait Garrok fondu à moitié, puis l’effrayant Caliban et enfin l’ile lovecraftienne de Magneto où sont naifragés Scott et Lee Forester qui l’aidait à oublier sa Jean chérie… ^^
      j’avais retrouvé en compils de trois jusqu’à l’Elégie… mais je n’avais jamais lu la saga du phénix jusqu’aux X-MEN SAGA…

      • JB  

        Entre Cable qui va avoir un embryon de romance avec Lee Forrester et la relation trouble entre Maddie et Nate Grey, les fistons de Scott ont un fort complexe d’Œdipe…

        • Eddy Vanleffe  

          Nate et Maddie, c’est….bizarre… et dégueulasse quand même, c’est pas son fils?

          • JB  

            Avec le bazar qu’est la famille Summers, il fallait bien qu’il commence à y avoir de la consanguinité

  • Patrick 6  

    Pour le coup, à l’époque, j’avais tout simplement détesté cet épisode ! Tout d’abord parce que l’on sortait seulement depuis quelques mois du run de Byrne (qui était autrement plus marquant) et surtout parce que l’aspect ouvertement enfantin m’était tout simplement insupportable (Logique vu qu’il représentait exactement ce que je voulais fuir à l’époque !)
    Il est incroyable que ce fill-in, à priori, parfaitement anodin ait eu de telles répercussions ! En tous cas ton article aura été une bonne madeleine de Proust pour moi !
    La BO j’adore ainsi que le film qu’elle illustre 🙂

  • Fletcher Arrowsmith  

    Ce numéro fait presque parti de mes débuts dans les comics et surtout les X-Men car j’ai commencé avec Special Strange 37 et UXM 145. Donc début avec Cockrum pour moi, j’ai découvert Byrne bien plus tard uniquement en trouvant chez un bouquiniste le Special strange avec Elegy.

    A l’époque, vu mon âge ce conte m’avait fait une très forte impression même si mes lacune sur les X-Men m’ont empêché de réellement comprendre toutes les allusions, notamment autour de Cyke-Serval (car à l’époque ce n’est pas Wolverine en VF) et du Phoenix/Jean.

    Comme Eddy j’aime à me relire la LS Nightcrawler. Je garde mon RCM précieusement à la maison.

    Merci pour ce nouvel éclairage, JB, je n’avais, par exemple, pas fait le rapprochement sur la blessure de Colossus. Cela met en évidence la façon de travailler de Chris Claremont à l’époque. Il travaillait sur le long terme et il y avait beaucoup de sup plot dans ses script, aussi minime soient ils.

    Il me semble que Jason Aaron s’inspire également de ce numéro quand il orchestre le retour de Nightcrawler dans Amazing X-Men,

    La peluche Bamf apparait également il me semble dans un épisode dessinée par Paul Smith (ou JRjr) avec Amanda Sefton et Kurt.

  • JP Nguyen  

    Je l’ai lu dans Spécial Strange, dans un lot de vieux numéros que mon voisin du 6ème étage m’avait donné.
    Dans la masse, cette histoire détonnait.La première lecture ne m’avait pas enthousiasmé mais assez rapidement, j’ai réévalué cet épisode qui possède un charme bon enfant et s’adresse aux fans car sinon, la parodie tomberait un peu à plat.
    Merci pour le flash-back. Tu m’as donné envie de le relire ce soir !

  • Kaori  

    C’est un conte que j’avais adoré. Parce que je faisais péniblement le deuil de Jean, que les catastrophes s’enchaînaient, et qu’on avait une pause bénie, pleine de fraîcheur et d’humour. Que j’ai pu rire en découvrant le Bamf et la Bête Sans Nom ! Et puis, ce baiser de Scott pour remercier Kitty de l’issue heureuse du conte…

    Fletcher a raison, Amanda avait une peluche Bamf, qui trônait sur son canapé il me semble.

    Pour ma part, je n’avais pas encore quitté le navire, c’est Paul Smith qui m’a complètement perdue…

    Très bon article qui met en lumière plein de détails que je n’avais pas perçus !!

  • Jyrille  

    Je ne connais pas du tout bien sûr, et je suis très étonné par la couverture : Kitty qui cite les Monty Pythons ? Ca peut être marrant.

    Merci donc pour l’article extrêmement éclairant sur un épisode que je n’ai jamais lu, JB. J’aime bien les scans en tout cas, car je dois avouer ne rien connaître de Cockrum.

    La BO : je passe, mais son utilisation dans STRANGER THINGS était bien marrante. Il faudra que je voie ce film un jour (et non, je ne l’ai jamais vu !).

  • Frank  

    Un bel article Une bien belle histoire que j’ai decouvert pour la première fois dans l’intégrale de 1982 je crois.
    j’ai toujours aimé ces episodes de transition, peut etre plus que les episodes pleins d’actions, ou l’on s’attardait sur les problèmes des personnages.
    En ce qui concerne cette histoire du second passage de cockrum sur la série, je pense que que l’encrage plus intense de Sam Grainger durant le premier passage convenait mieux que celui de Rubinstein durant celui ci qui parait plus fade.le dessin de Cockrum restant lui toujours beau ^^

  • JP Nguyen  

    Et hop ! Relu !
    Petite correction, c’est dans Spécial Strange 41 , pas 40 !
    Ce numéro contient aussi un reportage sur la venue de Claremont, JR Jr, Dan Green et Nocenti en France pour préparer le numéro 200, avec le procès de Magnéto à Paris !

  • Bruno :)  

    … J’avais pas aimé du tout ! Une sorte de parenthèse permettant à Dave Cockrum de s’amuser en roues libres avec ses personnages fétiches et, si l’humour (enfantin) semble authentique, le traitement pour le moins cavalier des identités m’avait semblé franchement outré et caricatural. Notamment l’intégration du personnage de Phoenix au sein du conte, sur ce ton si léger, que j’ai trouvé complètement scabreux. Aussi : l’adoubement de Scott en conclusion, aussi atypique du personnage qu’absolument inacceptable/irréaliste étant données les circonstances du trépas de l’héroïne. Grotesque.
    Pour ce qui est du graphisme, je n’ai jamais réussi à apprécier Dave Cockrum sans un encreur capable de donner d’avantage de profondeur/puissance à ses crayonnées. Lui-même ne s’en sortait vraiment pas trop mal, tout seul (The Futurians). Mais ici, comme pour son second run sur la série, le trait très (trop ?!) léger de l’encrage enlève le peu d’atmosphère nécessaire à la mise en avant de ses atouts picturaux, avant tout esthétiques, tout en révélant beaucoup trop ses limites, purement techniques (positions un peu artificielles des personnages, leur intégration aux décors ainsi que quelques lacunes dans la maitrise de l’anatomie).
    Je n’ai cessé d’être frustré, en lisant les épisodes de cette époque, par l’immense décalage entre l’énergie indéniable et la puissance dramatique des planches des Seventies (rien que le découpage !), et l’absence totale de ces deux qualités dans son travail lors de son retour sur les X-Men. C’est lisible, et parfois enthousiaste, mais c’est vraiment tout ce qu’on peut en dire ; et mon insatisfaction (un peu surprise) est sans doute pour beaucoup en ce qui concerne le soulagement que j’ai pu ressentir à l’arrivée d’un nouvel artiste aussi radicalement différent que l’était Paul Smith pour la suite des aventures des mutants : tout valait mieux que cet étrange malaise que j’avais ressenti en essayant vainement de retrouver le Dave Cockrum de mon enfance dans ces cases à priori si brouillonnes. Le réalisme et le figuratif ne lui allaient décidément pas : il était fait pour le théâtral, l’emphase et le romantisme.
    Tiens : je viens juste de décrire la toute première apparition de Phoenix !

    • JB  

      Les ressentis ne peuvent par définition pas être erronés, merci malgré ce sentiment d’avoir parcouru l’article !

      • Bruno :)  

        De nada : toujours un plaisir 🙂

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