En Mai, fais ce qui te plait….(Demokratia)

Demokratia par Motoro Masé

VO : Shogakukan

VF: Kaze

1ère publication le 16/10/15- MAJ le 13/04/22

Un article de BRUCE LIT

Mai, une fille bien sous tout rapport : et pour cause elle nest pas humaine !

Mai, une fille bien sous tout rapport : et pour cause elle n’est pas humaine !©Kaze

Demokratia est la nouvelle série écrite et dessinée par Motoro Masé le créateur du chef d’oeuvre Ikigami (dont ce blog ne chantera jamais assez les louanges). 

Les éditions Kaze ont fait les choses en beau pour le premier volume de la série au vu de son potentiel : couverture couleur sur papier glacé et réversible. Le sens de lecture est japonais.

Mais où il va les chercher ses idées ce Motoro Masé ? Parce que déjà avec l’Ikigami (ce préavis de mort qui frappait la jeunesse d’un Japon uchronique), il avait obtenu son passeport pour l’éternité….

Pour ce nouveau projet, Masé frappe fort ! très fort ! Jugez plutôt: deux ingénieurs ont mis au point une androïde baptisée Mai. Sa spécificité, au contraire des robots de Blade Runner ou de Pluto, est de ne posséder aucune intelligence artificielle. Mai est en fait téléguidée par un logiciel permettant à 3000 internautes de lui imposer leurs choix. Parfaite réplique humaine, les internautes vont confronter le robot à d’autres êtres humains pour tester leurs réactions.

Un petit boulon par ci, un écrou par là....

Un petit boulon par ci, un écrou par là….©Kaze

Tout ceci pourrait sembler être une gentille variation du  Tamagochi ou d’une télé réalité si Mai ne faisait pas partie d’un programme plus ambitieux:  chaque action que May doit entreprendre est soumise à un vote avec une proposition principale et une alternative. Mai obéira à la loi du plus grand nombre au nom de la représentativité démocratique. C’est le projet Demokratia qui a pour but de rechercher un mode de démocratie pure. Naturellement, malgré ces bonnes intentions, l’expérience va tourner au vinaigre lorsque ce robot, utopie d’une société parfaite, va rencontrer un sociopathe qui va commettre l’irréparable ….

Après un début un peu laborieux durant la première moitié du récit où Motoro Masé nous assomme d’explications techniques et scientifiques,  Demokratia décolle enfin pour ne plus jamais redescendre. Comme pour Ikigami, l’action n’est jamais dissociable de la trame de fond.  Lorsque l’expérience dérape, Mai n’est pas guidée par des psychopathes, des trolls ou des geeks décérébrés.  Au contraire, Masé prend le temps de nous présenter des individus raisonnables, sympathiques, cultivés avec une expérience de vie établie permettant de faire de vrais choix. Leurs réactions face aux conséquences de la série noire dont ils sont responsables n’en sont que plus passionnantes.

....And its alive !

.…and its alive !©Kaze

Comme son éminent collègue Naoki Urasawa, c’est cette profonde compassion pour ses personnages bons ou mauvais qui donne du poids à la narration de Masé. A tel point qu’il est pratiquement impossible pour  les personnages d’agir autrement qu’ils ne l’ont fait. Lexpérience Demokratia n’est pas l’oeuvre de savants fous convaincus que l’humanité ne sera sauvée d’elle même qu’après un coup de Kaarcher.  Ce sont au contraire des citoyens concernés avec une vraie démarche scientifique d’enquête sur le terrain autour du fondement de l’âme humaine.

Il s’agit aussi d’interroger le lecteur sur le fonctionnement d’une démocratie: les choix de la majorité sont ils toujours les plus légitimes ? Ce qui est décidé à chaud n’est il pas la dictature de l’émotion ? Ce qui est décidé à froid, un manque d’humanité ? Sur le long terme, quels sont les bons choix ? L’individu doit il se soumettre au plus grand nombre ou, au contraire, apporte t’il la marge de liberté pour contrebalancer la pensée unique ?

La règle du jeu

La règle du jeu©Kaze

Masé montre bien  tout au long de  Demokratia que le choix du plus grand nombre n’est pas forcément représentatif d’une opinion, mais au contraire, d’une masse anonyme sur Internet qui suit une direction dominante sans forcément avoir d’avis prononcé. Dire à l’unanimité : « je suis d’accord »  sans mesurer les conséquences de ce qui se joue, est il un acte de liberté ou d’aliénation ? Lorsque ce choix entraîne la mort de deux hommes  il y a de quoi s’interroger !
Lorsque Mai est déconnectée, Masé met en place de manière ingénieuse des discussions sur les forums où les gens débattent, s’insultent, s’engueulent. Il n’omet pas de mettre en scène les perturbateurs ou ceux qui auraient de la démocratie une vision totalitaire. Ces longues parenthèses où les participants à Demokratia débattent sur ce que doit être une démocratie sont celles que je préfère .

On reconnait ici toute la maestria de l’écriture de Masé.  Comme pour l’Ikigami, le choix d’un individu est à mettre en corrélation avec ce qu’il est, ce qu’il n’est pas et ce qu’il voudrait être. Masé, ouvre de petits chapitres où il peint de vrais caractères et des conflits intérieurs crédibles. Mais alors que l’Ikigami était centré sur les dernières heures d’un individu décidé par un petit groupe d’une dictature, Demokratia compte les premières heures d’un robot garant de démocratie. Dans les deux cas, il est impossible de séparer l’expérience individuelle du collectif. Et le résultat est…la mort !

En étant le miroir d’être humains faillibles obsédés par le contrôle et la morale (qu’est ce qu’une bonne décision ?),  Mai va devenir à  la fois la victime, la coupable et le l’incarnation des névroses des états démocratiques. En choisissant de mettre en scène un robot féminin, Masé ajoute une touche originale bienvenue lui permettant aussi de disserter sur le viol, l’absurdité du désir masculin et la place des femmes au Japon. Elle est cette nouvelle Eve chassée du Paradis Originel, objet de toutes les tentations. Elle est surtout le jouet de la fluctuation du désir et des émotions. Mai porte secours à un petit vieux dans la rue au nom du civisme. Mais lorsqu’il s’agit pour le robot de l’assister dans les derniers jours de sa vie, la plupart des internautes en quête de nouveautés votent l’abandon du mourant….

Du côté du dessin, Masé n’ a pas varié d’un iota, même si sa mise en scène est plus imaginative que pour Ikigami. Les visages sont toujours expressifs même si la plupart des personnages avec leurs cheveux plaqués semblent tous sortir de la douche. Un  récit totalement inédit et raccord avec Ikigami,  addictif, passionnant, vertigineux. Actuel.

Bon, on oublie lutopie....

Bon, on oublie l’utopie….©Kaze

30 comments

  • Jyrille  

    Ohlàlà ça a l’air bien ! Comme tu dis, actuel. D’ailleurs cela rejoint un peu Ex-Machina, petit film sorti cette année qui est très réussi (Patrick dit que c’est le film de l’année, je dis « n’exagérons rien »), je te le conseille Bruce.

    Je retiens notamment ceci : « Ce qui est décidé à chaud n’est il pas la dictature de l’émotion ? Ce qui est décidé à froid, un manque d’humanité ? » C’est un dilemme perpétuel qui ne peut être dissocié de l’homme en tant qu’animal. Nous aurons toujours ce problème et il rejoint finalement toute la problématique de la démocratie, qui n’est ni le pire ni le meilleur système découvert jusqu’à présent. Bref, c’est passionnant.

    • Bruce lit  

      Merci Cyrille.
      L’article a été écrit il y a un mois avec en arrière sonore les infos autour de la crise des migrants. Je trouvais le rapprochement troublant…
      En réfléchissant à l’article ce matin, je ruminais ceci : pourquoi, cette histoire, Deadly Class, Ikigami, Monster m’intéressent ? Parce que c’est politique ! je m’explique : les Comics Marvel ont abandonné totalement ou presque le discours social, celui qui me fit grandir, celui qui commentait, critiquait l’actualité. Comme je le disais hier, les Super Héros sont les nouveaux puissants, l’équivalent de politiques qui s’emploient à diriger un monde qui leur échappe. Où sont nos héros qui arrêtaient les braqueurs de banques, les cambrioleurs, les mégalomanes ? Ils sont désormais trop occupés à se disputer leurs visions du super héroïsme pour se préocuper des petits qu’ils s’étaient juré de protéger: Civil War, Schism, AvsX….
      La politique Marvel s’apparent donc à la ….politique tout court ! Les reboots et tout le bazar me font penser à Jospin ou Sarko jurant, ô grand Dieux que la politique c’est fini avant de revenir à la charge, toujours pour notre bien….
      Le dégout de certains fans (j’en suis) est finalement le même qu’en politique: Marvel Now et tout le saint cirque, c’est du programme électoral promettant des grands soirs qui ne durent que quelques numéros….
      Et puis, il est de ces histoires comme Mai, qui rappellent que la BD est ce vecteur sensationnel qui est aussi supposé parler de NOUS ! Des petites, de nos doutes, nos peurs, nos espoirs, nos déceptions, nos vies réelles ou supposées….Des histoires capables de nous transposer dans un futur à peine préventif qui ne changeront pas grand chose au bordel mondial mais où l’on se sentira un peu moins seuls, un peu moins paumés, un peu moins scrutés en produits de marché et en tant que lecteurs….Tandis que Marvel s’auto célèbre, je constate que l’alternative est ailleurs. Us and Them en somme….

      • Sonia Smith  

        Article magistral et ta réflexion autour de la perte de sens des héros Marvel complète bien l’ensemble. Je suis entièrement d’accord, l’intérêt de la BD est aussi de nous faire réfléchir, de refléter les problématiques sociales et sociétales et non d’enchaîner des bastons les unes après les autres uniquement pour courir après l’audimat. On rejoint finalement, semble-t-il le coeur de ton sujet. Il y a heureusement de belles pépites dans les comics comme dans les mangas ou la BD franco-belge et on a encore largement de quoi trouver notre bonheur ! Merci de m’avoir convaincue de lire ce titre !

  • Tornado  

    « La démocratie ? Ah oui ! le moins pire… »
    Winston Churchill

  • Présence  

    Mon fils (30 ans) n’avait pas accroché sur Ikigami,mais comme je suis têtu et que j’ai toute confiance en l’analyse de Bruce sur les qualités d’un auteur, je lui avais offert les 3 premiers tomes décortiqués ici. D’emblée, il les a trouvés passionnants et addictifs. Cet article pénétrant va me permettre de discuter de cette série avec lui. Merci.

    • Bruce lit  

      Demokratia est à la fois totalement différent et dans la continuité d’Ikigami. Par curiosité, en quoi l’Ikigami lui a déplu ?

  • Matt & Maticien  

    Super article qui donne envie de foncer acheter ces 3 tomes (le quatrième doit sortir?). Ce qui m’interroge ce robot a t il une conscience propre? Je ne sais pas si le livre parle de démocratie ou de la dictature du sondage… le robot pourrait être victime d’une dérive démagogique… (tu disais « actuel »). Bref j’ai hâte de le lire.

    • Bruce lit  

      Salut Matt,
      Le quatrième tome est prévu pour décembre .
      Mai n’a pas de conscience propre pour l’instant. La tricherie de la BD nous permet de l’humaniser, mais pour l’instant il s’agit bien d’une machine obéissant au doigt et à l’oeil.

  • Lone Sloane  

    Crénom de diou, ta chronique est très réussie et dévoile ce qu’il faut de l’intrigue pour que l’on ait envie de découvrir cette alternative cybernétique de la démocratie en directe.
    Le quatrième (et dernier?) volume est prévu pour début décembre et voilà une série qui va avoir un lecteur attentif de plus.
    En ce qui concerne tes réflexions sur l’humanité en général et le traitement occidental des migrants syriens (et autres réfugiés politiques ou climatiques) il y a un essai brillant, accessible, bienveillant et qui questionne habilement notre compréhension de l’histoire que je conseille à tous ceux qui ont envie de s’intéresser à nos origines et notre quotidien:
    http://www.albin-michel.fr/page.php?n=381
    Ca ne fait pas mal et cela donne des perspectives stimulantes.

    • Bruce lit  

      @ Lone: Je ne pense pas qu’à ce stade l’histoire se termine au quatrième tome. Néanmoins Ikigami, lorsque l’on voit les séries d’Urosawa en 20 volumes, reste plus que raisonnable (10 volumes). Le lien: je vais lire ça à tête reposé Link Sloane…
      @Sylar 6: Ex-Machina. Il faut que je voie ce film. J’ai briévement pensé qu’il s’agissait de l’adaptation du jeu vidéo phénoménal: Ex Machina. Copie colle de mon commentaire amazon de l’époque:

      Par Bruce Tringale TOP 500 COMMENTATEURS le 16 novembre 2012
      Plateforme: Xbox 360Edition: Standard
      Adam Jensen est un policier assassiné . Grâce à la technologie , le voici augmenté de prothèses mi homme mi machine . Cette technologie développée par Sariff Industries soulève un immense espoir : elle va parvenir à résoudre les malformations génétiques , les handicaps moteurs et les amputations . Mais les amis de l’humanité membres de la faction Pureté Absolue y voit au contraire une dérive de la technologie susceptible d’anéantir la race humaine . Enfin une faction militaire souhaite s’en emparer pour créer des super soldats . Vous côtoierez chacune d’entre elle . L’habileté du jeu , est que chaque camps possède des arguments solides prouvant ainsi que la vérité est un miroir brisé dont chacun a une part .

      Moitié FPS , moitié RPG , Deux EX met en scène un héros pacifiste et moral . S’il est possible de massacrer tout le monde , les actions morales seront d’avantage récompensées au cours de la progression . Graphismes sublimes tout droit sortis de Blade Runner , 4 fins alternatives en fonction de vos actions , difficulté bien dosée , replay value immense et discours humaniste autour de la bio éthique . Adam Jensen , le premier homme dieu , est immédiatement attachant . Superbement doublé , il se questionne sur le sens de chacune de ses actions et sur cette humanité qui lui échappe progressivement . Le tout est enrobé d’une superbe enquête policière à la Watchmen : Les Gardiens où un fait divers aboutit à une menace mondiale . Qui a dit que le Jeu Video rendait idiot ?
      Musique atmosphérique sublime signée Michael Mc Cann qui sait combiner score d’action vaguement orientale , des thèmes majestueux grandiloquents et de longues plages d’émotions au cours du jeu . Deus Ex et ce n’est pas une mince affaire se hisse au niveau d’un Metal Gear à qui il doit beaucoup .

      Une adaptation cinéma est en cours. Bonne nouvelle ?

  • Patrick Sylar  

    @ Jyrille : Ex-Machina n’est peut être pas le film de l’année mais il fera au moins parti de mon top 10 de fin d’année ! C’est certain 😉 En tous cas le parallèle avec ce manga est troublant… La démocratie en plus 😉

    @Bruce : Quand philosophie et crise sociale se rejoignent dans un manga ça donne forcément envie ! Well done 😉

  • JP Nguyen  

    Cette série semble très intéressante mais il faudra que je choisisse le bon moment pour la lire… Les interrogations mentionnées dans l’article font écho à celles que j’ai depuis quelques années, sur la valeur du système démocratique. Sans doute, comme le citait Tornado « le moins pire »… cependant, j’ai de plus en plus de mal à m’en satisfaire…

    • Bruce lit  

      Oui, j’ai senti comme une certaine indignation politique les fois où l’on s’est vu « In The Flesh ».
      La défiance politique m’effraie…Elle est aisément compréhensible mais aussi emprunte de populisme. Je tâche de m’en tenir éloigné bien que ce ne soit pas la solution. Enfin, la leçon de mon Grand père résistant a toujours d’être aller voter, même si remis dans son contexte, le vote pour Maastricht pour un ado qui ne comprenait rien à tout cela est assez cocasse…
      L’avantage d’avoir une belle famille vivant dans une république militaire et dans un système pouvant aider (jamais assez) les oubliés du système me permettent de relativiser. Mais il est vrai que le travail social est un outil ambigü: est ce un outil de justice ou d’endoctrinement de valeurs bourgeoises visant à acheter la paix sociale ?

  • CathyB  

    Merci pour cette critique très intéressante. Je trouve l’interrogation sur la légitimité des choix démocratiques particulièrement pertinente en ce moment. Prochainement disponible à la bibliothèque donc !

  • Matt  

    Après avoir lu cet article (il y a déjà quelques temps), j’ai hésité un moment entre ce manga et Ikigami.
    Je crains que Demokratia soit un peu trop malsain pour moi. Peut être que je me fais des idées mais le fait que ce soit l’image d’une femme qui soit soumise aux désirs de tout le monde, ça laisse sous-entendre trop de dérives (sexuelles ou autres) qui sont surement là pour critiquer comme tu le soulignes la place de la femme, mais qui m’inquiète un peu tout de même en terme de représentation graphique. Je n’aime pas voir de viols, ou toute sorte d’humiliation ou de soumission possible avec un pitch pareil d’un robot sans conscience.
    Et ce manque de conscience ne peut à mon sens atténuer cet aspect même si j’imagine que le robot ne souffre pas. On frôle quand même la frontière du malsain rien qu’en évoquant les possibilités d’une entité doté d’un visage humain qui fait toute sorte de trucs bons ou mauvais sans sourciller.

    Peut être que je me fais des idées tordues tout seul, ou que ce côté malsain est bien là mais au cœur de la critique véhiculée dans l’œuvre, mais c’est cette réticence qui, au final, m’a poussé à plutôt me tourner vers Ikigami. J’ai enfin commandé les 2 premiers tomes.

    • Bruce lit  

      @Matt: Les séquences très malsaines sont très limitées, masse n’a pas envie d’écrire là dessus. Il préfère disserter sur le sens de la valeur de la vie et de la démocratie. J’en suis ressorti dubitatif: j’ai beaucoup aimé certains passages mais on dirait que Masse a été sommé de finir sa série à la hâte : 4 volumes de Demokratia contre 9 d’Ikigami, c’est mathématique, le développement n’a pas la même place….

      • Présence  

        C’est un peu court jeune homme : 10 tomes pour Ikigami, et 5 pour Demokratia. Mais ton constat reste valide.

        • Bruce lit  

          Ton fils a aimé la fin de Demokratia ?

          • Présence  

            Énormément

  • Sonia Smith  

    Ca y est, je viens de finir les cinq tomes d’une traite. Ce titre est vraiment magistral et très dérangeant, voire obsédant, j’y ai pensé jour et nuit pendant tout le temps qu’a duré ma lecture et les réflexions sur ce qu’est une démocratie et ce que sont ses dérives mais aussi ce que sont les dérives d’une communauté anonyme sur le net sont justes et perturbantes. Une de mes amies n’a pas pu continué car ce titre l’a trop bousculée.
    Merci encore Bruce pour ce conseil, j’aimerais lire davantage de titres comme celui-ci, je vais donc fouiller dans les arcanes de Bruce Lit pour dénicher d’autres pépites en manga.

    • Bruce lit  

      Salut Sonia.
      J’ai été un peu déçu par la fin trop anticipée. Pour une fois que j’étais content qu’une série s’installe dans la durée. J’aurais pas craché sur deux tomes de plus.
      Du mangas haut de gamme ? Et bien Ikigami, bien sûr.
      Je te conseille également Innocent et le Sommet des Dieux dont il est difficile de se remettre.
      Toujours en cours, il y a également le sympathique Suicide Island : un île où le gouvernement japonais envoie tous ceux qui ont tenté de se suicider pour ne pas avoir à payer leur guérison. Pourquoi dépenser des fonds publics pour des gens qui veulent mourir ?

  • Sonia Smith  

    Effectivement, si on veut chipoter un peu, la fin est un peu rapide et on sent bien que le scénariste veut finir à tout prix, dommage, mais ça me laisse quand même une forte impression malgré tout.
    Merci pour les conseils, je vais lire les chroniques en attendant d’aller chez mon libraire 🙂

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  • Matt  

    Je me suis finalement décidé à me procurer cette série.
    J’ai bien noté tes réserves sur la fin et sur l’aspect trop court de la série, mais au risque de lancer un débat, je dirais qu’au final j’ai trouvé Ikigami trop long. Disons que ce sont surtout de courtes histoires, des portraits de gens, certes très bien racontés mais qui ne font pas avancer le Schmilblick. Et une certaine répétitivité s’installe au détriment d’un développement du fil rouge avec le perso principal…qui n’a pas grand chose de « principal » d’ailleurs.
    C’était bien, hein. Mais alors franchement ça aurait duré 6 ou 7 tomes au lieu de 10 que ça ne m’aurait pas déplu.
    Je reviendrais dire ce que j’ai pensé de Demokratia.

  • Matt  

    Alors juste pour ne pas penser pareil que le boss…j’ai préféré Demokratia à Ikigami^^
    Je viens de finir et c’était vraiment bien.

    Voici pourquoi :

    1. Le sujet de Demokratia me parle davantage et est plus simple à imaginer dans la réalité malgré l’aspect futuriste d’un tel androïde. Ikigami se basait sur une loi étrange donnant lieu à des drames sociaux tragiques et émouvants, mais qui ne développait pas assez à mon goût un contexte politique pouvant justifier la mise en place d’une telle loi. Au final cette loi semble bancale dès le début, fait plus de mal que de bien et on aurait souhaité un fil rouge plus présent autour de cette loi et des gens qui la mettent en place pour lui donner plus de poids et la rendre plus crédible. Demokratia par contre parle…ben…d’un sujet réaliste, actuel, plus universel.

    2. L’histoire est plus focalisé sur son concept. Dans Ikigami, l’auteur s’éparpille beaucoup dans un grand nombre de portraits de personnages qui subissent la loi. Ce sont des portraits très bien écrits et agréables mais qui au final ressemblent à des parenthèses, ils ne font pas avancer le fil rouge. Sauf si vous pensiez au début qu’une telle loi était géniale et que ces destins de victimes étaient là pour faire naitre le doute chez vous. Sauf que dès le début, c’est évident que ça nous parait dingue comme loi donc il n’y a pas cette ambiguïté dans le sujet comme dans Demokratia. Et au final les différentes histoires finissent par être répétitives.

    3. Il y a aussi des portraits de personnages dans Demokratia, mais justement beaucoup plus ancrés dans la trame principale. Il s’agit du vécu des internautes qui interagissent sur les actions de l’androïde Mai. Un vécu qui dicte leurs actes, les pousse à faire des erreurs et vont précipiter le concept dans le cauchemar.

    Reste que je reconnais le fait que la fin est un peu abrupte. Mais j’ai vraiment été davantage pris dans le récit. La fin reste malgré tout super intense avec un côté assez flippant dans les agissements des extrémistes qui, bien au chaud chez eux, ne ressentent pas la peur comme cela pourrait être le cas si eux-mêmes agissaient sans un intermédiaire.
    Quant à l’intervention du leader, elle soulève une réflexion très intéressante sur la manipulation des masses via des idées recyclées. Et également une ouverture sur ce que pourrait devenir une intelligence artificielle dépourvue d’émotion mais aux capacités d’analyses supérieures aux nôtres.
    Cela fait peut être beaucoup de thèmes abordés rapidement à la fin, mais je les ai trouvés pertinents malgré tout.

    En gros, c’est du bon manga^^

  • Bruce lit  

    Je suis ravi que tu aies aimé. Je dois tenter la relecture à froid et sans coupure de 6 mois entre deux volumes.
    Je suis d’accord avec ton argumentation : Ikigami, était une trame de fond avec un concept génial. Je ne m’en lassais pas et c’est vrai que le destin de l’agent Fujimoto était un peu expédié.
    La relecture me dira si ma déception persiste ou si j’ai enfin fait le deuil d’une des meilleures séries jamais lues.
    Au rayon congélateur mes prochains coups de coeur mangas : -Freesia
    -Lady Boy Vs Yakuzas
    On pourra en parler entre nous vu l’amour des mangas porté sur ce site 🙂

    • Matt  

      J’ai vraiment trouvé les thèmes abordés dans Demokratia plus percutants.

      Houlà Lady boy ? Je vois ce que c’est. Mais ça m’avait l’air tordu comme idée.
      Mais je rappelle que j’ai mis des mois à oser lire Superior Spider-man parce que les histoires de changements de corps, je trouve ça malsain et ça me met mal à l’aise.
      Au final j’ai flippé pour rien parce que Slott ne mettait pas en scène des trucs tordus qu’un tel sujet pourrait permettre. Pareil dans Demokratia où il n’y a pas trop de trucs tordus malgré ce concept de femme robotique qui obéit à n’importe quel ordre. La communauté d’internautes n’est pas trop conne ni tarée au final (encore que ça se rattrape sur la fin)
      C’est peut être le seul truc pas totalement réaliste d’ailleurs^^
      Ou alors c’est mon vécu qui fausse ma perception aussi et je n’ai pas assez foi en l’être humain (thème important aussi dans ce manga)

      Friessa je vois ce que c’est aussi. Mais 12 tomes, c’est beaucoup. Pas envie^^

      • Bruce lit  

        Je suis sûr de te faire changer d’avis sur Freesia.
        Lady Boy, c’est Garth Ennis en mangas, j’ai adoré et je pense que tu vas pas aimer du tout !

        • Matt  

          Ouais voilà, je sentais le côté trash Ennisien.

  • Matt  

    Ah tiens un passage marquant dans Demokratia : les 4 agresseurs qui se font défoncer.
    C’est à la fois jouissif et flippant. Justement parce que c’est jouissif.
    Qu’est-ce qu’on aurait fait, nous ? Probablement la même chose. Quand tu ne te salis pas les mains toi-même et que tu es sous le coup du choc et galvanisé par des gens qui pensent comme toi face à une injustice, c’est inévitable que ça finisse comme ça. ç’aurait pu être pire même.

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