Rencontre Dave McKean 18/10/17

Rencontre Dave McKean

Article de  BRUCE LIT

Bruce Vip !

Bruce Vip !

Dans le cadre de la sortie française de son Black Dog (paru initialement chez Dark Horse), Dave McKean était présent au vernissage d’une exposition consacrée à ses planches dans la galerie Glénat du IIIème arrondissement de Paris. L’événement à peine ébruité par invitation était finalement en accès libre et Bruce Lit y était, de manière absolument pas intéressée et sans aucune idée d’article derrière la tête.

Il est 19h00 pile lorsque je franchis le seuil de la galerie pour y retrouver l’ami Marti de Comixity. On ne s’est pas vu depuis la rencontre avec Claremont mais, pas le temps d’ergoter que nous sommes happés par les planches du maître. Là, devant nous, de manière ridiculeusement accessibles, en format A3, sur 3 pièces, s’étendent les originaux de Black Dog et c’est juste à la fois très intimidant et captivant.

Peintre surréaliste de la première moitié du XXe siècle, Paul Nash a vécu l’atrocité des tranchées de la Première guerre mondiale. Une épreuve qu’il a décidé de sublimer par la peinture.
McKean lui rend hommage à travers cette biographie fantasmée entre réalité et illusion dans laquelle l’artiste est visité par un chien noir dans ses rêves.

On est vernis !

On est vernis !

La scénographie respecte le chapitrage du livre sorti une semaine avant et que je n’ai pas encore pas lu. Je m’en mordrai les doigts très vite. Au fil de l’exposition, le public voyage d’une séquence à l’autre où Mc Kean change de style : l’on passe d’une conversation brumeuse et floutée dans les tranchées, à des portraits tourmentés façon Picasso ou Braque où les visages sont déformés par la violence des émotions jusqu’à les rendre parfaitement anonymes pour les transformer en chair à canon.

On passa ensuite dans un couloir consacré à l’étude des personnages avant de pénétrer dans une pièce mettant en scène un cauchemar de Paul Nash empêtré dans des épines. Le trait de McKean est anguleux, aiguisé comme des couperets à la fois très lisible (on est pas chez Bachalo) et suffocant. On peut y percevoir les collages qui ont rendu célèbre l’artiste voire quelques uns de ces crayonnés.

Le monde entier est un c.a.c.t.u.s !

Le monde entier est un c.a.c.t.u.s !

Bien sûr la maestria séquentielle ne suffit pas pour saisir pleinement les propos du maître  sans connaître l’histoire ce qui est frustrant mais stimulant pour percer à jour le mystère de ces planches et….
et…le voilà !
L’invitation avait précisé que le vernissage se ferait en la présence de McKean, mais on pouvait s’imaginer un événement bondé avec un artiste inaccessible accaparé par les huiles de la profession (vernissage….huiles….’suivez ? ). Ce n’est pas le cas !

A l’inverse de son art violent et torturé, McKean est un petit bonhomme placide, affable, disponible qui part volontiers chercher l’avis de son public. Il déambule tranquillement accompagné de son épouse charmante et détendue et de l’ami Jalabert.

Les McKean découvrent le

Les McKean découvrent  L’antre de la pénitence de Tomasi et Bertram

Mme Mc Kean m’alpague : Hi , do you like it there ?
Moi : Euh…ben oui M’dame, moi grand fan de votre mari notamment pour les couvertures de Sandman, une oeuvre qui m’a marqué à vie !
Mme Mc Kean est très chaleureuse : elle m’attrape par le bras, me passe la main dans les cheveux de manière affectueuse en riant et me propose de venir parler avec Dave…
Oh là là…on va pas la contrarier, hein ?

On la suit avec Marti encore plus intimidé que moi, et me voilà parti pour une discussion avec l’homme qui signa toutes les illustrations de Sandman, les dessins légendaires de Arkham Asylum ou de Cages. Je n’ai rien préparé, mis à part le fait que sans trop y croire j’ai ramené mon Last Temptation signé par Gaiman 3 ans plus tôt ! Je sors du boulot et je me voyais pas me trimbaler mes omnibus de Sandman du fin fond des Yvelines….

Et de deux ! Il me manque celle dAlice et de Zulli !

Et de deux ! Il me manque celles d’Alice et de Zulli !

Je sors maladroitement mon exemplaire devant McKean.  Ses yeux s’allument : J’ai adoré travailler sur celui-ci, Alice Cooper est un personnage adorable.
Moi : (oh bordel, c’est la panique): ah…euh…c’est exactement ce que m’a dit Gaiman lorsqu’il me l’a signé M’sieur McKean !
Il me le signe à son tour et je m’apprête à détaler. Et là McKean me demande si l’expo me plaît, (les coupes de champagne arrivent, on va se réhydrater comme on peut….).

(Bordel, Bruce, dis-quelque chose d’intelligent) : Euh Msieur McKean, est-ce que vous appréciez le travail de Gerald Scarfe ? (Il me regarde en ouvrant grand les yeux) -ne pas s’étouffer avec ce putain de champagne-, parce que ces séquences de soldats fatigués dans les tranchées, cet enfant écrasé par un professeur omnipotent me rappelle The Wall ! (Une seconde = un siècle dans l’esprit de vote pauvre ami qui est sur le point de se dissoudre…)
McKean : c’est assez incroyable ce que vous me dîtes car j’aime beaucoup le travail de Scarfe et son art de la caricature ! J’adore The Wall ! J’adore Roger Waters, bien plus que Pink Floyd d’ailleurs. Ce rapprochement est intéressant. Je ne l’avais pas en tête mais il est évident ! Merci beaucoup.
Moi (Tout à coup, le champagne passe mieux): Merci Monsieur McKean, c’est juste surréaliste de tailler la bavette avec vous, je suis très intimidé !

Comme un air de The Wall ? Si, si, jinsiste !

Comme un air de The Wall ? Si, si, j’insiste !

Dave McKean continue sur Roger Waters : et sinon, qu’est ce qu’il devient ?
Moi (il est marrant lui, j’suis pas son imprésario !) : il vient de sortir un nouvel album : Is This The Life We Really Want produit par Nigel Godrich l’homme derrière Radiohead et Mc Cartney.
McKean : Really ! Et ça sonne comment ?
Moi (Fuck You Warhol, c’est moi que McKean interviewe !): Et bien disons que c’est un album sobre pour une fois avec toutes les thématiques de Waters habituelles autour de la guerre et de la folie des hommes. Waters est un homme en colère même à 70 ans passés, certains passages sont assez émouvants !

Moi : Ahem, et sinon, vous suivez l’actualité de Gaiman ou Morrison ?
McKean : (rires) pas du tout, je suis bien trop occupé par mes projets, mais on s’écrit régulièrement avec Neil. Et sinon , vous avez écouté le dernier Alice Cooper ?
Moi : euh…c’est juste catastrophique, le pire de sa carrière, aucune ambition, un assemblage de notes sans queue ni tête.
McKean : Such a nice guy; il vous manque sa signature désormais
Moi (vachement remonté contre Cooper en fait) : Ben je ne suis pas prêt de l’avoir, sauf si je paie un billet VIP pour ses concerts à 500€…Je le vois à l’Olympia en décembre.
Tout le monde se marre et moi je n’en puis plus et décide de laisser ma place….

Cubique ?

Cubique ?

Jalabert me présente un peu plus tard un grand jeune homme très intimidé et un peu seul dans son coin ; Il s’agit de Ian Bertram qui vient de signer une One Shot avec Peter Tomasi : Dans l’ombre de la Pénitence. Jalabert nous présente, dit plein de mots gentils sur le blog et nous laisse avec les copains de Aapoum Bapoum qui viennent d’arriver.

Ian nous demande où acheter des Comics à Paris mais avoue n’être pas du tout friand de super-héros malgré le fait qu’il ait dessiné du Batman et des X-Men. Il est très flatté d’être comparé à Quitely et ne tarit pas d’éloges sur Druillet et Moebius. On parle du statut précaire des auteurs de BD français pour dévier sur Alan Moore et Frank Miller, de McKean bien sûr, avant qu’il confie être choqué par la violence des photos des emballages de cigarettes françaises.

Seul avec le maître

Mickaêl de Bapoum, seul avec le maître

Ian Bertram à gauche se demande si on peut faire confiance aux mecs d Aapoum Bapoum à droite)

Ian Bertram (à gauche) se demande si on peut faire confiance aux mecs d Aapoum Bapoum (à droite)

Je me porte acquéreur d’un petit dessin du maître à la portée de ma bourse (sic), l’occasion de mériter une dernière accolade de l’adorable Mme McKean qui discutait avec l’inénarrable Marti de la cuisine de Strasbourg (?!), et cette soirée  se termine de manière aussi surréaliste que les dessins du maître : pendant que tout le monde s’agglutine à l’entrée pour boire son champagne et fumer sa clope dehors, Mickaël Hairion de Aapoum discute SEUL dans la galerie avec McKean !

Le dessinateur confie que le projet lui a pris 6 mois : un pour l’écriture, 4 pour la conception de l’album, un dernier pour la musique puisque la BD s’inscrit dans un projet transmédia et qu’il y a eu un spectacle. Il aborde encore les cubistes, l’expressionnisme allemand et Nash bien sûr et le fait qu’il ne soit absolument pas intéressé par le dessin réaliste : si je veux du réalisme, je prends une photo. Son prochain projet, Caligaro  est en cours depuis plusieurs années, et va lui prendre encore du temps. Ce sera un gros livre.

And that’s it ! Tout a été tellement simple ce soir que c’est à se demander si tous les invités connaissaient la légende qui exposait ce soir là. Une légende à visage humain, humble et accessible. Un être droit pour un art oblique.  Un rêve éveillé que l’on se remémore à l’infini cette nuit-là….

Lumière atroce, sourire idiot mais cest la seule photo potable Marti est meilleur blogueur que photographe !)

Lumière atroce, sourire idiot, mise au point inexistante mais c’est la seule photo potable  de la soirée (note à moi-même : embaucher un service presse pour Alan Moore).

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Dave McKean, le dessinateur de Sandman et d’Arkham Asylum était à Paris pour un vernissage. Bruce Lit y était ! Il a pu l’approcher ! Il a pu le toucher Il a pu lui parler ! Mais alors vraiment lui parler ! Il a pu aussi approcher sa femme et….Tout est dans l’article !

La BO du jour : Il y a des vernissage qui se passent nettement plus mal :

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