That’s a true story (Dark Night)

Dark Night – A True Batman Story par Paul Dini et Eduardo Risso

Un article de  : JP NGUYEN

VO : DC Comics 

VF : Urban 

1ère publication le 19/07/16 – MAJ le 19/07/21

Le type, devant, là, c’est Paul Dini !

Le type, devant, là, c’est Paul Dini !©Vertigo

Dark Night – A True Batman Story est un one-shot de 128 pages, sorti en juin 2016. C’est un récit autobiographique de Paul Dini, scénariste de cartoons (Tiny Toons) et de comics ayant beaucoup œuvré sur le personnage du justicier de Gotham City. Tournant autour de l’agression dont l’auteur fut victime, en pleine rue, une nuit à Los Angeles, au début des années 90, ce comicbook raconte comment Dini s’est reconstruit après cet épisode traumatisant, en partie en convoquant mentalement le Dark Knight et son univers.

Au détour d’un paragraphe, deux ou trois spoilers pourraient bien vous tomber sur le râble !

Paul Dini, sur le blog, on vous en a déjà parlé, et plutôt en bien, au sujet des comics Batman : War On Crime, Mad Love ou du dessin animé BTAS  . Rien d’étonnant donc à le voir signer un nouveau titre batmanien. Le lecteur attentif remarquera tout de même que le one-shot sort dans la ligne Vertigo de l’éditeur DC Comics et qu’il se présente comme « A True Batman Story ».

Comment, Batman existerait vraiment ? Je ne vous parle pas des acteurs ayant pu l’incarner, ersatz de Julien Lepers, vendeur de capsule de café ou interprète de Daredevil reconverti. Non, je vous parle du vrai de vrai, LE Batman.
A la manière de Steven T Seagle avec le personnage de Superman dans  It’s a Bird , Paul Dini va entrecroiser sa biographie avec une exploration du mythe du Chevalier Noir.

 Une histoire sur Batman, mais pas seulement…

Une histoire sur Batman, mais pas seulement…©Vertigo

Débutant « in media res » par une pleine page montrant le visage très amoché d’un jeune Paul Dini hospitalisé, accompagné de pavés de texte énumérant les traumatismes subis ; le récit révèle rapidement sa singularité avec un Paul Dini contemporain qui effectue une introduction et annonce la couleur : ce sera une histoire différente de celles auxquelles il nous a habitué. Une histoire dont Batman ne sera pas le héros proprement dit mais dans laquelle il occupera tout de même une place de premier plan.

Ensuite, sur une dizaine de pages, Dini raconte son enfance de geek, solitaire et socialement inadapté, une période où il développe sa passion pour les cartoons et pour un certain super-héros au costume de chauve-souris. Ce passage parlera sans doute à nombre de vieux lecteurs de comics VF, fans de super-héros avant l’heure et ayant souvent du vivre leur passion isolément. Puis, Dini évoque rapidement ses débuts dans l’industrie de l’animation pour en venir à la période où il travaillait à Warner Bros Studios sur Batman : The Animated Series.

 Déjà tout jeune, il n’était pas tout seul dans sa tête…

Déjà tout jeune, il n’était pas tout seul dans sa tête…©Vertigo

Si professionnellement, la période est faste pour l’auteur, au niveau vie privée, c’est beaucoup plus mitigé. Il n’a pas encore trouvé l’âme sœur et est embarqué dans une relation asymétrique, avec Vivian, une starlette cherchant à lui faire partager son carnet d’adresse hollywoodien mais ne songeant aucunement à partager son lit. C’est après un énième dîner décevant que la route de Dini va croiser celle de trois malfrats qui vont le dépouiller et le rosser sévèrement.

Ayant regardé la mort en face, gravement blessé au visage, il devra subir une lourde opération et gardera à vie des cicatrices, physiques et mentales. Sombrant un temps dans la paranoïa et dans l’alcool, Paul Dini remontera la pente en dialoguant notamment avec des personnages de fiction mais aussi en reprenant pied dans le réel. Il nous raconte son parcours, son  Born Again  personnel, avec une relative distance (23 années le séparent désormais de cette nuit fatidique) mais aussi honnêteté et précision. L’étendue des blessures subies, le déroulement des opérations chirurgicales, le professionnalisme détaché et peu zélé des policiers en charge de l’enquête, les réactions de son entourage, tout respire le vécu, sans exagération ni travestissement.

On se croirait parfois dans 100 Bullets, mais Paul ne recevra jamais la visite d’un Agent Graves…

On se croirait parfois dans 100 Bullets, mais Paul ne recevra jamais la visite d’un Agent Graves…©Vertigo

Mais l’irruption fréquente de personnages Batmanien avec lesquels Dini converse « mentalement » dans les planches de ce récit naturaliste lui donne une saveur très particulière. Batman et toute sa « Rogue Gallery », défilent au fil des cases, pour accompagner l’auteur pendant sa convalescence, le questionnant sur ces choix, pointant ses lâchetés et ses renoncements, pour finalement le pousser à repartir de l’avant.

Ecrire des histoires de super-héros qui sauvent le monde et subir une agression sauvage et arbitraire où personne n’est venu vous porter secours. C’est ce qui est arrivé à Paul Dini et il le raconte courageusement, sans se donner le beau rôle mais en ne versant pas non plus l’auto-apitoiement à outrance. Dini confesse avoir beaucoup fréquenté les cabinets des psychanalystes (avant même son traumatisme) et il semble en effet avoir effectué un travail certain sur lui-même.

Le fantasme d’une revanche fictive…

Le fantasme d’une revanche fictive…©Vertigo

Sans aller jusqu’à subir des agressions aussi violentes que celle dont il est ici question, nous devons tous, dans nos vies, traverser des épreuves et subir des blessures narcissiques. Des moments où le réel est justement trop réel et froid. Où l’exaltation de l’adversité, fantasmée dans les récits de fiction, se trouve remplacée par la banalité d’un problème ne pouvant se résoudre par un coup de baguette magique ou un élan de bons sentiments. Où on l’on réalise que l’on n’est pas aussi fort qu’on l’imaginait, qu’on est loin de l’idéal qu’on s’était fixé.

Même s’il dialogue fréquemment avec des personnages imaginaires, Dini ne semble pas prôner la fuite de cette réalité, pourtant si dure à affronter. Le message de son Dark Knight serait plutôt de puiser notre inspiration dans ces héros de papier (ou de cellulo). Cette confiance et cet investissement dans ces créatures fictives sont vraiment la marque d’un auteur qui aime ses personnages et cherche toujours à en exprimer l’essence, en ne se limitant pas à simplement les animer pour dérouler une intrigue. D’ailleurs, même si le Joker, Harley Quinn, Poison Ivy et tous les autres n’ont aucun méfait véritable à accomplir dans l’histoire, aucun maître-plan à exécuter, toutes leurs apparitions sont signifiantes, car placées dans des contextes propices à des jeux de miroirs et des allers-retours entre fiction et réalité.

Des amis imaginaires pas toujours compatissants

Des amis imaginaires pas toujours compatissants©Vertigo

Au restaurant avec Vivian, Dini s’imagine que Bruce Wayne le playboy le rejoint à table pour se moquer de son plan drague timide et voué à l’échec. Juste après l’agression, Dini rêve de se plonger dans un puits de Lazare pour guérir instantanément. Il songe également à ce que Batman aurait pu infliger à ses agresseurs. Il imagine le Pingouin comme propriétaire du bar où il va vainement noyer sa peine. Son appréhension de l’opération chirurgicale et sa peur des seringues le fait dialoguer avec l’épouvantail.
Dini use à plein de tout le décorum batmanien pour faire écho à ce qu’il a vécu dans cette période de sa vie. Il se met ainsi à nu avec une sincérité touchante.

Penser que Dini a pu être confronté de manière si brutale au crime et écrire, quelques années plus tard, Batman : War On Crime, où il envisageait la lutte contre la criminalité sous un angle davantage social que répressif ; cela renforce mon respect pour cet auteur. Certains passages de War On Crime résonnent d’ailleurs différemment une fois que l’on connaît cet élément de la biographie de son auteur.
« Que les cicatrices soient physiques ou mentales, le crime blesse tous ceux qu’il touche. Il apporte la souffrance et la mort. Il empoisonne et l’esprit et l’âme. Et à la fin, ne laisse que la désespérance. »
De l’espoir, pourtant, il en sera forcément question, lorsque, grâce à l’aide de sa famille, de ses amis , collègues, et compagnons imaginaires, Paul Dini se relèvera.

Toutefois, comme énoncé plus haut, le scénariste ne se donne pas le beau rôle et évoque ses errements, comme son manque d’entrain à reprendre le travail ou la tentation de faire l’acquisition d’une arme à feu. Le souvenir d’enfance qu’il partage pour expliquer son renoncement à ce « moyen de défense » est à la fois poignant et glaçant. Il examine aussi avec lucidité l’impasse sentimentale dans laquelle il se trouvait à l’époque et admet avoir fréquenté certaines femmes uniquement pour l’image qu’elle pouvait renvoyer de lui. Après cette prise de conscience, il apprendra à s’aimer lui-même avant de se faire aimer des autres.

Batman convoqué pour combattre un ennemi redoutable : la procrastination

Batman convoqué pour combattre un ennemi redoutable : la procrastination©Vertigo

Ce récit biographique et intimiste est superbement illustré par un Eduardo Risso au sommet de son art. Assurant le dessin et la couleur, il combine et alterne plusieurs styles graphiques tout au long de l’album. Il y a bien sûr les contrastes marqués auxquels il nous avait habitués dans 100 Bullets, mais aussi des planches colorisées à l’aquarelle et aussi quelques passages cartoony. En élargissant ainsi sa palette, Risso a rendu avec plus de force et de texture toute la beauté et l’étrangeté du monde intérieur de Paul Dini.

Le passage où Dini évoque l’échec de sa vie sentimentale en parodiant Bip-Bip et le Coyote est un petit bijou d’art séquentiel, immédiatement parlant, qui fait passer toute l’autodérision dont fait preuve l’auteur dans sa confession intime. La scène de l’agression fait penser aux meilleures heures de 100 Bullets avec un équilibre entre violence graphique et suggestion.

En tant que fan de Risso, j’ai été ravi de pouvoir lire toutes ces pages de dialogues si bien mises en scènes, avec en prime des textes plein d’authenticité et où les personnages s’expriment de manière non-cryptiques et ne finissent pas les phrases des autres (n’est-ce pas, Mister Azzarello ?).

Une référence qui cartoone

Une référence qui cartoone©Vertigo

Paul Dini nous avait promis dans son titre, « Une histoire vraie de Batman ». Et il a tenu parole. Oui, Batman existe ! Et, par extension, tous les super-héros que, sur Bruce Lit, nous sommes pas mal à avoir connu dans notre enfance, oui, tous ces héros existent ! Ils ne sont pas réels (et vouloir les rendre « réalistes » à coup de costumes pompés sur le cinoche et de violence « mature » n’est pas l’idée la plus heureuse qui soit). Mais ils existent, ils peuplent notre imaginaire et dans leurs meilleures itérations, ils peuvent nous inspirer. Nous aider à nous relever, nous inciter à nous dépasser, à nous rapprocher de notre inaccessible étoile…

Refusant de se faire passer pour un héros, livrant davantage un témoignage qu’une leçon de morale, Paul Dini, brillamment servi par un Eduardo Risso au top, a signé un récit inspiré et inspirant.

Paul Dini aurait-il inventé la vilainothérapie ?

Paul Dini aurait-il inventé la vilainothérapie ?©Vertigo

33 comments

  • Tornado  

    Magnifique. Et même pas un jeu de mot (je les ai ratés ???). 🙁
    JP au top. J’achète sans hésiter…
    Je pars en vacances les copains. Je serai un peu moins présent sur le blog. Mais je viendrais dès que possible…

  • Matt  

    Woah ! C’est beau. L’article et le concept de ce comics. Et même le dessin. Tu donnes envie.
    Je trouve ça très bien ces récits personnels empreints de douleur « réaliste » (comme tu le dis on traverse tous des phases difficiles, c’est donc un sujet universel qui peut toucher) et d’espoir pour s’en sortir.
    La forme semble géniale (je trouve la planche « Bip Bip et Coyote » délicieuse)

    Bon j’attendrais peut être la VF, mais c’est à mettre sur ma liste d’achats.

  • JP Nguyen  

    Oh, des commentaires nocturnes ! Cet article aura donc été lu « in the Dark Night » ! 😉 Merci les gars !
    Non, désolé Tornado, pas de jeu de mots, ni dans le titre ni dans le reste… Tout au plus quelques boutades sur les acteurs ayant incarné Batman… J’ai écrit cet article sous le charme de ce qui est quasiment pour moi un instant-classic. Je tâcherai de me rattraper avec le Figure Replay de la semaine !

    @Bruce : j’ai écrit « la route de Dini va croiser celle de trois malfrats » en fait, après relecture de la scène, c’est deux et pas trois… (Oui, c’est mineur, mais faut des témoignages précis, M’sieur le Juge…)

  • Présence  

    Contrairement à toi, cette lecture en fut un classique instantané. J’ai eu beaucoup de mal avec la première moitié qui n’a pris tout son sens qu’avec la deuxième moitié. Rétrospectivement j’ai trouvé que c’était une excellente histoire, avec une franchise exceptionnelle de la part de l’auteur.

  • Matt  

    « dans leurs meilleures itérations, ils peuvent nous inspirer »

    Je crois que je comprends ce que Bruce veut dire lorsqu’il parle avec regret de l’évolution des héros de nos jours, notamment chez Marvel, qui n’ont plus grand chose d’héroïque et qui ne véhiculent donc plus ces valeurs qui peuvent nous inspirer.
    Je ne peux pas rejeter ces histoires pour ma part puisqu’elles peuvent être prenantes et bien écrites malgré le côté peu glorieux des « héros » qui les peuplent, mais c’est sûr qu’elles n’ont pas la même vocation d’inspirer.
    Après, si on pense au Dark Knight Returns de Miller, on est aussi en présence d’un Batman qui véhicule bien moins de valeurs. Sauf que la continuité DC est toujours à courte durée et les récits hors continuité sont légion, contrairement à Marvel. Donc on peut très bien se dire qu’on choisit la version du héros qu’on préfère. A l’inverse, c’est plus difficile chez Marvel même si cette continuité apporte aussi de la richesse et permet de s’attacher davantage aux personnages puisqu’ils ne sont pas sans arrêt des versions alternatives sans aucun passé ni background. C’est des approches différentes.

    Et puis ils ont aussi de sales manies chez DC. Ils rebootent leur univers mais font référence quand même aux anciens univers. Comme la Power Girl de la série « Harley Quinn et Power Girl » qui croise un perso que « l’autre » Power Girl du précédent univers » avait croisé (dans la série de Amanda Conner) et du coup y’a confusion d’identité, et ça nous renvoie au fait que le perso n’a plus de background mais que certains connaissaient l’ancienne etc…et ça devient un vrai bordel !!!!!

  • Jyrille  

    Bravo JP ! Un article sérieux et emballé, plus émotionnel que d’habitude, et c’est fantastique ! Comment résister ? Devrai-je le prendre en VO ou attendre la VF ? La date de sortie est-elle connue ?

    C’est étrange, en regardant les scans, je n’ai pas tout de suite reconnu le trait de Risso, que j’aime beaucoup. Il a l’air d’avoir affiné son art, et sans lui j’aurais peut-être moins d’enthousiasme pour lire cette histoire.

    Entre cet article, celui du Tigre et les figure replays, tu fais comme Risso, tu étends ton art, JP !

    • Présence  

      Comme toi, j’ai trouvé qu’Eduardo Risso a modifié son approche graphique pour être en phase avec l’approche plus naturaliste du récit de Paul Dini, moins noire, sauf pour les pages de Batman où on retrouve l’ambiance de 100 bullets.

  • Jyrille  

    Je viens de relire 1985, la mini-série de Millar et Tommy Lee Edwards. J’ai lu récemment Est-ce un oiseau ? et Airboy. J’ai l’impression que la psychanalyse entre de plus en plus dans le domaine des super-héros.

    • Matt  

      C’est le mal de notre époque donc rien d’étonnant. Et si ça peut permettre aussi de rendre cette approche moins tabou chez nous, ce sera bien. Peut être que je dis une connerie mais il me semble bien qu’en Amérique il est beaucoup moins mal vu et bien plus fréquent d’être suivi par un psy que chez nous où il faut surtout éviter d’en parler.

  • Lefeuvre  

    Hello J.P,

    La couverture m’avait intrigué, les pages montré et ton article m’ont convaincus.

    Et un bouquin de plus pour les vacances (qui commencent aujourd’hui) !

    =:^)

  • Bruce lit  

    Mais, mais, mais, il y a tout pour m’intéresser là dedans ! Je vais être condamner, moi, à acheter du Batman ?????
    Décidément la vie est pleine de surprise !

  • JP Nguyen  

    Bon, ben je suis bien content, j’ai l’impression d’avoir bien vendu ma came…

    Deux remarques suite aux commentaires laissés :
    @Matt : « Batman qui véhicule bien moins de valeurs » dans DKR. Je ne suis pas tout à fait d’accord. Le Batman de DKR incarne certaines valeurs, même si elles peuvent paraître discutables car fascisantes. C’est quand même la figure de celui qui se dresse contre… à peu près tout (le défaitisme, le laisser-aller, l’apathie, la corruption, l’Etat policier…) J’admets que certains passages de DKR peuvent être dérangeants (scènes de torture de l’homme de main de Two-Face ou d’un Mutant), mais le Batman qui est y est mis en scène est archi iconique/symbolique et porteur de valeurs (auxquelles on adhérera plus ou moins…)

    @Cyrille : t’en as pensé quoi de Airboy ? J’ai lu la chro de Tornado sur la zone et je suis plutôt d’accord avec lui, voir un poil moins enthousiaste. J’ai trouvé la démarche intéressante mais le livre m’est par moments tombé des mains…

    • Matt  

      Je n’ai pas lu DKR en fait. J’espérais que l’exemple collerait à mon propos^^ vu que je connais du moins le principe : un Batman plus violent, etc.
      Je connais trop peu DC pour avoir un bon exemple, mais j’essayais de mettre en évidence le fait que DKR met en scène un Batman différent mais « hors continuité », comme beaucoup de récits DC par rapport à Marvel. Et qu’il est donc surement plus facile de « racheter » un héros quand il a un comportement plus discutable.

    • Jyrille  

      Je n’ai pas encore lu la chro de Tornado mais je vais aller voir ça. J’ai beaucoup aimé même si j’ai déjà eu l’impression de lire ce genre de personnages désabusés et déprimés. Le dessin, le découpage et l’histoire m’ont enchanté. J’ai trouvé ça drôle et malin, un peu trop court même. C’est le genre d’humour qui marche avec moi et qui n’oublie pas d’insérer du merveilleux, de distraire ses lecteurs. Je n’en ferai pas un chef d’œuvre mais pour sûr un livre attachant et frais.

      • Jyrille  

        J’ai lu la chro sur la zone : je suis d’accord avec Mr. T. Et sans doute le même enthousiasme. Lui aussi rapproche ça de Marvel 1985…

        • Bruce lit  

          « Le plein de super » 2/5 (posté par Présence)
          Dark Knight, de Paul Dini & Eduardo Risso : une agression gratuite, un individu blessé et meurtri. Batman pourra-t-il le sauver ? Paul Dini évoque l’agression dont il a été victime dans les années 1990. Jean-Pascal Nguyen évoque ce récit de Batman pas comme les autres.

          Tiens, 1985, j’ai demandé à Tornado d’écrire là dessus pour la rentrée. Je l’ai lu la semaine dernière pour la première fois et j’ai vraiment pas trouvé ça terrible. Il faut dire que Millar n’a pas un style formidable. Je pourrais pas dire, ça reste une écriture très superficielle qui n’explore jamais vraiment ce qu’il met en oeuvre. Rien de nul, mais rien d’inoubliable non plus

          • Jyrille  

            Pas inoubliable mais très sympa, et au final très respectueux de cet période Marvel. Et puis il y a même ce côté films des années 80 représentés par Goonies dont on parlait il y a peu. Et puis le dessin est très agréable. Pour une fois que Millar ne fait pas le malin, n’essaie pas de mettre du trash ou du vulgaire, je trouve ça très réussi, bien équilibré. Je l’ai sans doute trouvé mieux à la relecture, alors que je ne l’avais pas relu depuis que je l’avais acheté, et ça fait plusieurs années.

  • Bruce lit  

    Voilà ! Bruce Lu ! Grâce à Présence qui…me l’a offert !!
    Tu avais tout à fait raison JP, j’ai trouvé vraiment ça bien ! (suis-je vraiment si prévisible ?). C’est un bon conte sur la résilience où Dini ne se victimise pas ou se glorifie. Il rappelle l’importance de la construction de l’imaginaire chez l’enfant, cette faculté qui chez l’adulte lui permet de faire le lien avec son enfance, le bonheur ou le malheur et comment y échapper. Dans ce manifeste de la vie intérieure les Super Héros occupent bien entendu une place de choix et ce blog en est la preuve, sinon, hé, tous les jours on serait de sacrés tarés, si on écrivait que pour louer les bastons. Le SH est un pont entre notre monde et les autres. J’ai beaucoup aimé le passage sur l’esprit d’escalier, celui qui nous anime après un événement malheureux où l’on trouve toutes les choses intelligentes que l’on aurait pu, dû,su dire après coup.
    C’est un peu plus concis que It’s a bird, c’est magnifiquement dessiné, l’objet est très beau en plus et les débats contradictoires avec les bats vilains sont passionnants.
    Si le rétablissement de Dini est acquis, il n’y a pas de Happy End, le spectre de la dépression étant toujours là. Comme celui de Matt Murdock chez Waid.

    Une entrerpris aussi atypique qu’admirable qui évoque ce que l’humain a de meilleur après avoir connu le pire.
    Deux bémols : ne connaissant pas le DA, certaines références m’auront échappées.
    2/ Tu as complètement ommis le passage avec le Sandman de Gaiman par oubli ou peur de divulgachage ?

    • JP Nguyen  

      Le passage Sandman : je l’ai trouvé sympa mais étant moins sensible à cet univers, il m’a moins marqué que d’autres choses et j’ai choisi de ne pas en parler. Et puis c’est bien de garder quelques surprises pour le lecteur. Par contre, j’aurais peut-être du glisser quelques mots sur les rapports en Dini et Alan Burnett, qui l’a encadré et qui était aussi responsable éditorial. En effet, j’ai trouvé que cette relation était aussi bien retranscrite avec un côté « sévère mais juste », de Burnett…
      Content que tu aies pu le lire et que cela t’ait plu.
      Tiendrions-nous là une autre oeuvre faisant consensus sur le blog ?

    • Présence  

      Je n’ai pas vu le dessin animé non plus, mais je n’ai pas eu l’impression d’avoir raté des références. A la rigueur, il vaut mieux avoir quelques repères dans la biographie de Paul Dini : par exemple savoir qui est Alan Burnett. Je partage l’approche de JP de ne pas tout dire de l’intrigue pour qu’il reste encore des surprises au lecteur.

  • Xabaris  

    Merci pour la chronique. Comme d’autres j’attend la VF avec impatience. Mais j’ai hâte de découvrir ça!

    • Jyrille  

      Yes ! Merci pour l’info. Cela dit, je me demande si je ne devrai pas la prendre en VO celle-là…

      Même question pour Spider-Man Blue : Panini a sorti les trois (DD jaune, SM bleu et Hulk gris) en un gros volume, mais c’est pas trop donné, j’ai déjà DD yellow en VO, et Hulk gris ne me tente pas plus que ça. Donc je prendrai sans doute le SM blue en VO. Ici, c’est différent, du coup je me tâte.

      • Matt  

        Spider-man Bleu est aussi dispo en 100% marvel à l’unité sans les autres.
        Il est encore trouvable d’occasion.

  • Leo Vargas  

    Bonsoir,

    Au delà de ce récit en forme de catharsis, ce qui est arrivé à Paul Dini et la manière dont il l’a vécu fait froid dans le dos…
    Autrement, je ne connaissais pas ce récit et je m’y pencherai à l’occasion…

    • Bruce lit  

      Salut Léo.
      Même moi qui ait Batman et son univers en horreur (même s’il s’appelle Bruce…copieur !), j’ai adoré cette histoire. Un must !

  • Jyrille  

    Je viens aussi de me l’offrir en VF : j’ai vraiment adoré. C’est de la bd autobiographique à l’européenne mais avec un traitement américain. J’ai adoré le trait de Risso aussi, la colorisation, enfin bref, tout est superbe. Merci encore JP pour la découverte.

  • Matt  

    Fichtre !

    ça m’a ému. Vraiment.
    J’aime ce cheminement entre souffrance, peur, déni de ce qu’il aime qui pousse à l’auto destruction puis lente remontée à la surface grâce à divers éléments qui permettent de moins écouter nos démons, d’être moins cruel envers nous-même.
    J’aime aussi ce passage ou le Riddler dit à l’auteur « qui ça intéresse ton histoire ? » et où Dini répond « moi ça m’intéresse, et si quelqu’un se reconnait dans ce récit c’est déjà ça. Et puis si ce que pensent les autres me tracassait, je ne serais pas devenu scénariste. »
    Je m’y suis reconnu, moi. Oh, je n’ai pas eu la gueule éclatée. C’était moins grave. Mais le but n’est pas de comparer les souffrances. D’ailleurs il le dit bien que certains ont vécu pire aussi qu’une agression.
    J’ai en tous cas traversé une dépression et si je me sens mieux grâce à certaines choses, ce n’est pas vraiment fini et j’ai un peu peur de sombrer à nouveau. Je lis des bouquins pour m’éclairer sur l’importance de l’instant présent et moins écouter tous ces démons intérieurs. En ce sens, j’ai vraiment ressenti les problèmes dont parle Dini. Cet enfermement rassurant, à bouffer et ne rien faire…à essayer de trouver du réconfort parfois aux mauvais endroits.
    Ce gros bourrin de Batman qui lui dit de se bouger m’a agacé car ce n’est pas si simple, c’est typiquement le genre de truc qu’un mec qui ne comprend ton mal te sort comme si c’était un mot magique. J’ai eu peur que ce soit résolu aussi facilement. Mais non. D’autres choses l’ont aidé. Bon…on a l’impression qu’il s’en remet quand même pas trop difficilement mais c’est une BD, c’est bourré d’ellipses donc ça se comprend. Et puis c’est différent pour tout le monde.
    J’ai aimé cet aspect sur la culpabilité aussi. Le fait qu’on se sente comme une merde, à être jugé par tout le monde. A même culpabiliser de vouloir faire ce qu’on aime pour se sentir mieux.
    Bon…je n’ai pas spécialement envie de parler de moi, mais c’était pour dire que j’ai ressenti la justesse du propos de cette histoire.

    • Jyrille  

      Merci Matt. Tu as raison, je connais d’autres gens qui ont vécu ou vivent une dépression, et je ne supporte pas les gens qui pensent qu’il suffit de leur dire « bouge-toi » pour que cela suffise. Je compatis sincèrement à toutes les souffrances, y compris celle-ci, car elle est certainement beaucoup moins bien comprise que les autres.

    • Bruce lit  

      Content que tu aies aimé.
      JP trame comme un fou sur le FR, ce qui explique son absence des commentaires cette semaine.
      La méthode Wayne pour soigner la dépression est certes un peu brutale. Mais il est pas tout à fait net, si ?
      LA dépression, c’est comme les têtes de l’hydre : on a beau en couper, elles finissent par repousser. C’est toujours à surveiller. L’écriture est un palliatif relatif à tout ça. Mais je suis heureux de pouvoir te l’offrir.

      • Matt  

        Ce qui m’a fait mal c’est quand le Joker dit à l’auteur de se relaxer, de prendre son temps et où Batman vient lui mettre un pain.
        Parce que le Joker n’a pas tort. Du temps, il en faut. Mais je vois aussi où est le problème. On finit par prendre trop son temps, par s’encrouter et se complaire dans cet état. C’est nécessaire mais dangereux à trop haute dose. Disons que les 2 ennemis sont trop radicaux. Le Joker est là pour dire  » ne fous rien » et Batman « bouge toi ». C’est un juste milieu qu’il faut trouver. Et c’est justement ce que Dini va trouver.

        Tiens au fait puisque tu parles de JP absent…et Présence ? Ou qu’il est ? C’est curieux de ne pas le voir commenter pendant plus d’une semaine.

      • Matt  

        Finalement Batman représente un peu la culpabilité et le Joker la complaisance.
        Or il ne faut pas culpabiliser de vouloir se sentir mieux, même si on se trompe peut être de manière d’y parvenir. Les 2 personnages ont tort tous les deux en fait, ils sont juste des voix différentes qu’on a dans la tête à ce moment là. C’est un compromis qu’il faut en fait : trouver quelque chose à faire mais sans se sentir mal de prendre du temps.
        Hélas le temps dans notre société…plus tu en prends, plus on te rappelle que « personne ne veut d’un mec inactif depuis trop longtemps », ce qui ne fait que renforcer ta culpabilité.
        On est clairement dans un système qui engendre des dépressions.

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