Le massacreur de dieux de Jason Aaron, Esad Ribic et Butch Guice
Un combat au marteau entre JB VU VAN et CYRILLE MVO Marvel Comics
VF Panini Comics
Ca va massacrer les surprises.
THOR LE MASSACREUR DE DIEUX (Thor God of Thunder en VO) est une bande dessinée déroulée en onze épisodes et publiée originellement entre janvier et octobre 2013. Ils sont écrits par Jason Aaron, dessinés par Butch Guice pour l’épisode 6 et par Esad Ribic pour les autres, colorisés par Dean White pour l’épisode 1 et Ive Svorcina pour les épisodes 2 à 11.
L’avis de Cyrille M
A l’exception de ceux que j’avais pu lire dans les magazines Lug des années 80 et dont je n’ai aucun souvenir, ce MASSACREUR DE DIEUX est devenu le seul Thor de ma collection, et le seul que j’ai pu lire de la série consacrée au personnage. Sachant qu’il avait servi de base au possiblement pire film que le MCU a produit, à savoir THOR LOVE AND THUNDER (2022), j’étais plus que circonspect en ouvrant l’ouvrage, de surcroît assez épais pour un numéro de la collection MUST-HAVE.
Mais j’ai rapidement été conquis. Par le dessin de Ribic, déjà, que je ne connaissais pas, et qui fait preuve d’une finesse très européenne (ce qui est complètement logique). Couplée à une maîtrise du mouvement, des expressions faciales et des détails, chaque planche vit et trépigne d’action. Le nombre de cases limité aère également les dessins et augmente la vitesse de lecture malgré des pavés de texte parfois laborieux : après tout nous sommes chez les dieux, on y parle comme dans une tragédie grecque – enfin, nordique.
L’aventure s’inscrit dans la catégorie des histoires cosmiques, où Thor visite des cités perdues dans l’espace, des planètes lointaines, des concepts religieux et croise beaucoup d’extra-terrestres. La plupart du temps, on n’y voit pas d’humains même si presque tous les aliens ont une forme humanoïde. Cette dimension cosmique alliée à l’origine du dessinateur produit des planches qui m’ont rappelé ce que pouvait dessiner Moebius, que ce soient dans les décors, les effets magiques, les compositions ou les concepts extra-terrestres.
Dans l’épisode dessiné par Butch Guice, le graphisme reste correct mais ne brille pas. Comme il s’agit d’une parenthèse, d’un flash-back de l’histoire, le changement de dessinateur fait sens. Mais en optant pour une description semi-réaliste, la lecture ne propose aucune ambition artistique ou mise en scène telle que visible dans WINTER SOLDIER. Je ne sais pas si face au dessin élégant et iconique de Ribic, la volonté était d’accentuer l’émotion recherchée par le scénario, mais je trouve l’exercice raté dans ce cas : le manque de personnalité tend à éloigner plus qu’à rapprocher, mais cela ne reste que mon ressenti personnel. Il est tout à fait possible que les lecteurs réguliers de comics de super-héros y trouvent leur compte.
Jason Aaron opte pour une narration éclatée et non-chronologique qui peut totalement dérouter au départ : les passages d’une époque à une autre s’enchaînent trop rapidement pour être facilement compréhensibles. Mais assez rapidement, un déroulement classique pointe le bout de son nez et même s’il semble évident de ce qu’il va advenir, on ne s’ennuie jamais. Aaron ajoute même plusieurs touches d’humour qui ne m’ont pas paru déplacées mais en phase avec le personnage bon vivant de Thor. Ainsi, l’histoire avançant, l’ambiance désespérée des débuts s’illumine peu à peu, évoluant vers une aventure moins fataliste qu’elle n’en avait l’air, achevant d’en faire un très bon divertissement.
L’avis de Jean-Baptiste Vu Van
Je l’avoue, j’aime bien troller sur les réseaux sociaux. Pas tout le temps, mais j’ai mes têtes de turc : les ULTIMATES, IDENTITY CRISIS, tout ce qu’a écrit Millar. Et puis ce massacreur de dieux, Gorr. C’est un tic : à chaque fois que je le vois utilisé comme référence, je ne peux m’empêcher d’écrire que Jason Aaron a tout piqué à Dan Jurgens : la notion d’un tueur de dieux, un Roi Thor borgne et manchot, une Thor au féminin. C’est injuste, je le sais. Tiens, j’adore le run de DeFalco sur les 4 FANTASTIQUES, et il ne fait finalement que suivre les traces de Byrne qui lui-même s’inspire de Kirby. C’est pour ça que j’ai attentivement relu les onze premiers numéros de THOR, GOD OF THUNDER quand Cyrille m’a proposé un team-up. Et j’ai à nouveau trouvé le récit très mauvais…
Attention, le premier numéro est prenant et efficace. Une superbe mise en scène d’Esad Ribic montre le jeune Thor dans une atmosphère brumeuse digne des films de la Hammer, le Thor du présent découvre des corps pendus à des crochets façon MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE et le Roi Thor se prépare dans un lointain avenir à une ultime bataille épique contre une armée de monstres. Tout cela sans montrer le véritable antagoniste. Mais peut-être que cela marche justement parce qu’on ne l’a pas encore vu ni (surtout ?) entendu : le mystère reste entier et fait encore illusion.
Seulement, voilà, Gorr commence à parler dès le second numéro. Et là, erreur, il clame que Thor n’a jamais vu quelqu’un comme lui, ce qui invite à la comparaison. Je ne vais pas mentionner Desak du run de Jurgens : un fan de Thor s’en charge dès le premier courrier des lecteurs. Aaron lui répond en citant d’autres tueurs de dieux apparus dans les séries Thor et indique qu’il veut faire quelque chose de différent. Et je suis assez d’accord : Desak pouvait être raisonné, Gorr est absolu dans son misothéisme (la préparation de cet article m’a permis de développer mon vocabulaire !) Pourtant, dans la famille “déicides fanatiques” des comics, j’ai déjà vu les Incréés dans les EXCALIBUR et STARJAMMERS de Warren Ellis et Carlos Pacheco. Mais Aaron veut peut-être donner un Joker ou un Zsasz à Thor ? Le problème, c’est qu’au moment où Gorr clame son aspect unique à Thor, celui-ci est en train de penser à sa rencontre, enfant, avec un dieu dément et meurtrier.
Gorr est un personnage qui ne cesse de me poser problème. Il hait les dieux au point de les réduire en charpie mais n’a pas vraiment de méthode. Autrefois athée, il a décidé de se venger de ceux qui ont détruit son peuple mais, dans la seconde partie de ce story arc, Gorr reproduit la tradition religieuse de son peuple en crucifiant en hauteur ses victimes. Habile… si cela montrait une faille dans sa personnalité, mais ce paradoxe n’est pas exploité. Et surtout, Aaron va vouloir montrer avec ORIGINAL SIN que Gorr avait raison sur les dieux, qu’aucun n’est digne. Le hic, c’est que rien ne le montre dans cette histoire : la première scène du Thor présent montre que la mort des dieux pousse un monde à la ruine, situation résolue avec le retour d’un nouveau Panthéon après la défaite de Gorr. Et la cause de la haine de Gorr pour les dieux est ratée. Elle vient du fait de voir deux gus tomber du ciel à ses pieds. Aucun ne lui ressemble, pourtant Gorr les identifie immédiatement comme des dieux et les rend responsables de son malheur.
Ce que je considère comme des problèmes d’écriture dépassent le seul personnage de Gorr et concernent l’intrigue générale. Exemple : la résolution de l’histoire “Godbomb”. Sans mentionner les emprunts au final de STAR TREK: THE NEXT GENERATION, rien ne laisse présager du Deus ex machina qui sauve la situation grâce à un pouvoir sorti de nulle part : le héros résiste à une explosion censée détruire les dieux de tout temps. Je ne sais pas, un petit dialogue sur le pouvoir que lui donne les prières aurait pu servir de fusil de Tchekov. Mais non, un miracle sorti de nulle part et zou, happy end.
J’avais vraiment envie d’aimer ce run. Le dixième numéro s’ouvre avec un beau clin d’œil à Jack Kirby avec son King Thor enchaîné à un astéroïde, renvoyant aux géants prométhéens de la saga du QUATRIÈME MONDE. L’exploration des origines de Gorr dans le sixième numéro était bienvenue, bien que finalement frustrante. Mais je trouve qu’Aaron ne parvient ni à construire un personnage intéressant avec Gorr, ni à justifier la notion de “Thor qui doute”, pourtant nécessaire pour la suite de son run.
Quel que soit votre avis sur cet arc de Thor, la BO du jour nous rappelle que les dieux sont faits de chair
Arf, je n’ai pas lu ces épisodes. Pour l’instant, vu de loin, je serai plutôt Team JB.
En effet, je trouve que la planche avec le dialogue entre Thor jeune et Thor vieux n’est pas trop réussie au niveau des dialogues. Je ne perçois pas le côté solennel et pompeux évoqué par Cyrille.
Esad Ribic, je l’ai vu à l’oeuvre dans Secret Wars et j’ai trouvé ça beau mais un peu chiant.
Deuxième point de divergence : je ne trouve pas qu’il soit bon pour mettre en scène l’action.
Après, il y a des dessins montrés dans l’article qui sont très beaux, mais ça ne fait pas tout.
Et Gorr, on dirait le fils de Freezer et d’une Twi-lek de Star Wars.
Merci pour votre teamup, si d’aventure je lis ce récit, je reviendrai alors vous dire ce que j’en ai pensé.
Pour l’instant, j’assumerai que vous avez à la fois raison tous les deux… et à la fois Thor (sic) !
Merci JP ! J’étais certain que tu allais conclure avec un jeu de mot, tout à fait bienvenu il faut le dire. Pour le côté solennel, on le sent plus au début, notamment quand King Thor monologue. Je ne connais pas cette race de Star Wars. On attend tes retours !
Euh… Non.
Quand je me suis remis aux comics (années 2000), j’ai lu un Thor que j’ai adoré : LOKI, par Robert Rodi et… Esad Ribic !
Mais dernièrement, achevant d’expurger ma bibliothèque des derniers comics Marvel que je n’avais pas encore lus, je me suis infligé un autre THOR, pourtant également écrit par Robert Rodi (et dessiné par Simone Bianchi): AU NOM D’ASGARD. Purée j’ai trouvé ça incommensurablement chiant (je ne suis pas allé au bout). Je crois que la boucle est bouclée : Je suis passé à autre chose. Je ne supporte plus ces machins embourbés dans une continuité que je trouve désormais grotesque. Alors donner en plus du crédit à Jason Aaron ? Ça ne va pas être possible…
La BO : Non mais qu’est-ce que c’est que cette horreur absolue ??? 😱
Merci Tornado ! Arf, tu me donnes presque envie de trouver ce Loki. Je ne connais pas Robert Rodi. Sache qu’ici il n’y a aucune continuité, c’est une histoire centrée sur elle-même, auto-contenue. Et j’adore les dessins.
La BO : je ne suis pas un grand spécialiste de Godflesh, mais Justin Broadrick a fait d’autres projets musicaux. Personnellement j’adore ses premiers Jesu. C’est planant.
youtube.com/watch?v=svWCQme0Etc
En lisant vos articles, vos sensibilités et vos besoins de lectures, je pense encore plus qu’avant que Marvel ne parvient pas à réconcilier deux types de publics
1- Les lecteurs occasionnels et souvent adultes qui ont besoin d’un récit le plus auto contenu possible avec peu de continuité » et une écriture moderne tout en proposant une graphisme ouvragé débarrassé des scories caricaturales des comics habituels. Bref un comics pour ceux qui n’aime pas ça.
2-Les lecteurs aguerris qui connaissent le lore des personnages et qui attendent quelque chose à la fois de novateur mais fidèle aux concepts de base et qui ne sont pas bluffés par une promesse/slogan comme quoi cette fois c’est différent, c’est pas pareil!
Je suis plus team JB sur ce coup même si ce volume en un seul tome de GODBOMB est alléchant au moins pour son dessin.
J’aurais bien aimé un scan de Butch Guice pour comparer, parce que spontanément, je trouve son dessin bien plus viscéral que celui de Ridic. (Il y a un peu de William Vance en lui…)
Merci Eddy ! Oui, belle analyse, je suis totalement le client numéro 1. Tu auras remarqué qu’il fallait qu’un spécialiste de la continuité et de Marvel parle ici, d’où le duo avec JB. Ce qui est marrant, c’est que finalement ce sont nos différences qui nous font apprécier ou non cette histoire, comme si il était impossible de se mettre dans les attentes des autres.
Je comprends le ressenti de JB (notamment pour quelques facilités scénaristiques) mais n’ayant pas lu d’autres ouvrages sur le personnage, ne connaissant pas ses autres histoires ni les autres scénaristes et dessinateurs ayant oeuvré sur Thor dans les années 80, je ne peux comparer ni même avoir une attente sur une quelconque promesse publicitaire.
Tout cela reste donc très subjectif et comme disait Présence sur Total Jazz : personne n’a raison (et rien n’est vrai).
Voici une planche de Guice : planetebd.com/dynamicImages/album/page/large/26/19/album-page-large-26193.jpg
Et une autre : bdgest.com//critiques/images/planches/6649_p.jpg
Mon commentaire sur LOKI (rebaptisé entretemps FRÈRES DE SANG par la sandwicherie), datant d’il y a longtemps, et démontrant que je fais bel et bien partie de la catégorie 1, et qu’effectivement je n’aime pas les comics de super-héros autrement :
amazon.fr/gp/customer-reviews/R75XF14DMQKCI/ref=cm_cr_dp_d_rvw_ttl?ie=UTF8&ASIN=8883434080
Ah oui je vois, le FRERES DE SANG c’est pour la nouvelle édition grand format, la même que celle que pour ECHO de David Mack. Bon, merci (ou pas), je vais tâcher de me la trouver parce que tu me donnes envie !
J’avais ces deux histoires là…
Je ne sais plus ce que j’ai fait de Loki, mon souvenir étant qu’il en se passait rien dedans.
le second, je l’ai encore mais je ne l’apprécie que pour UNE seule raison: les planches de Simone Bianchi.
ça fait partie es objets purement graphique à mes yeux (Comme Wolverine SNICKT, ECHO certains trucs de Bachalo) Je ne suis jamais parvenu à rentrer dans l’histoire mais je trouve ça très beau.
A moi le ECHO de Mack (enfin la seconde partie surtout) j’ai trouvé ça profond, avec du sens.
Sans doute, je ne l’ai pas lu depuis sans doute plus de 10 ans…
Je me souviens surtout de l’ennui et de la décompression (je suivais DD en mensuel à l’époque…pas en bel objet cartonné…
Du coup je trouvais ça long mais long….
J’y reviendrai sans doute. un jour…^^
Après, pour une fois, j’ai essayé de me dégager de la continuité pour ne parler que du run d’Aaron (à part un paragraphe où je cède à la tentation ^^) Mais j’ai juste trouvé le récit mal écrit
Un des meilleurs récits de Thor en ce qui me concerne. Sans doute à cause de toutes les références à l’univers de Michaël Moorcock que Jason Aaron met à sa propre sauce. On a carrément un Thor en Champion Éternel, la réunion des trois Thor fait d’ailleurs immanquablement penser à celle de Corum, Elric et Hawkmoon dans les histoires de Moorcock. On y retrouve Stormbringer (Sous un autre nom mais l’amateur de SF/fantasy ne s’y trompera pas) en véritable antagoniste de l’histoire, Gorr n’étant qu’un instrument tout comme Elric).
Comme je suis plus SF que comics et que je me fous complètement de la continuité (A un point tel d’ailleurs que c’en est indécent) cette histoire m’a vraiment plu. C’est une des rares bandes dessinées de Thor que je garderai avec le très shakespearien Loki.
Merci Glen Runciter ! Tu as raison, il y a du Champion Eternel là-dessous, j’aurais dû le voir. Je vais rouvrir ma bd pour y déceler ce que tu soulèves, merci bien.
« trois Thor »
Le contraste entre le jeune Thor bon vivant (lorgnant sur la version de Matt Fraction & Patrick Zircher, dans des one-shot qui ont donnés à Aaron l’envie d’écrire Thor) et le vieux roi du futur permettent aussi à Jason Aaron de s’inspirer de Conan le barbare (dont il est très fan).
Je n’ai pas lu les romans de Moorcock, mais je me rappelle de l’adaptation comics d’Elric : Elric: Sailor on the Seas of Fate, où l’on voit plusieurs incarnations du Champion Eternel (dont Elric et Corum dans mes souvenirs) combattre côte à côte. Mais, Trekkie dans l’âme, j’ai plus pensé au final de TNG, « All good things » et ses équipages de l’Enterprise passé, présent et à venir réunis devant un incident qui menace de détruire toute l’existence.
Bonjour.
Je suis team Cyrille. Je considère que Jason Aaron est la meilleur chose qui soit arrivée à Thor depuis très, très longtemps (Walter Simonson ? Tom De Falco ?).
Tout son run est cohérent avec une réelle ambition et il va au bout de ce qu’il a entrepris.
Ce premier arc donne quand même le là, emmenant Thor dans une nouvelle direction et surtout avec un ton différent où Aaron imprime sa voix en proposant un THOR enfin différent, qui s’éloigne de l’image super-héros qui colle au personnage. C’est dans cette approche mature et plus adulte, qui emprunte intelligemment sur les certains classiques de la Fantasy (qu’il vaut encore connaitre pour pour pouvoir comparer) que Aaron et cet arc se distingue.
Que dire de Easd Ribic : magistrale.
On a en déjà discuté avec JB, donc il connait mon avis. Mais étant moi même fan de continuité, je n’ai pas ressenti comme JB cette impression de plagiat, de copier coller. Tout simplement car Aaron l’écrit différemment. Il ne joue pas trop non plus sur la continuité même si je peux comprendre que certains y voient de la trahison, mais à ce moment là on remet à chaque fois en cause tout changement de scénariste. Car je le répète c’est bien très bien fait et surtout cette première saga est celle qui donne les germes de la suite du run. D’ailleurs Aaron confluera sa prestation en reprenant les mêmes personnages (et le même dessinateur).
la BO : non, pas pour moi (sans surprise).
Merci Fletcher ! Tu me donnerais presque envie de lire la suite du run de Aaron mais bon, ce serait beaucoup d’investissement de ma part (mais pas impossible, je pense finalement investir dans le run de Ennis sur Punisher) et encore hier soir je me rendais compte que je n’ai plus de place. Va falloir que je vire des bds.
« Je suis team Cyrille. »
Pareil. Team Niko aussi.
https://nikolavitch-warzone.blogspot.com/2023/06/en-thor.html
Nikolavitch: « Dans Thor, Cates a la lourde tâche de succéder à Jason Aaron, qui a animé le personnage pendant des années en lui faisant subir de multiples avatars (Thor indigne, Thor manchot, Thor borgne, Thor femme, épreuves destinées mythiquement et symboliquement à le préparer à endosser la souveraineté d’Asgard, c’est assez malin de ce point de vue). Aaron a livré le run de référence pour longtemps et, on en a déjà un peu parlé, c’est difficile pour un auteur de passer derrière. »
Merci pour les retours et les liens PierreN !
Je reste pour ma part de l’opinion que Jason Aaron échoue à justifier dans ce premier (long) story arc sa notion de Thor indigne, qui est pourtant la cheville ouvrière derrière son run, avec même l’idée de dieux nécessaires à la survie d’un monde à l’issue de ce récit
Tu veux dire « échouer » dans quel sens exactement, JB ?
Personnellement, l’histoire ne m’a pas convaincu du bien fondé qu’aucun dieu n’est digne, crédo de Gorr, arme secrète de Nick Fury lors d’Original Sin et raison pour laquelle une humaine récupère le marteau et le titre de Thor.
Je n’arrive pas à trouver cela mal écrit. On peut reprocher un côté décompressé (comme dans 99% des comics actuel, merci Mister Todd MacFarlane).
Mais au niveau écriture je trouve même que c’est de l’excellent Jason Aaron. Peut être même son meilleur travail chez Marvel car il sort, et on le voit sur ce premier arc, du cahier des charges imposé avec trop de code super-héroique.
C’est un souci récurrent dans les comics…De plus en plus, on voit des auteurs reprendre des pans entiers d’un run précédents en le refaisant « en mieux » pour un public qui ne réalisera pas que ça déjà été fait (c’est là l’imposture) et la chamaillerie de lecteurs entre eux.
l’excuse souvent est que tout a déjà été écrit ou qu’un auteur peut pas tout lire ou qu’il faut se détacher de la continuité.
Ca dépend des fois.
Les paragraphes de JB m’incitent plus à lire le run de Dan Jurgens que celui d’Aaron.
Perso THOR fait parti des persos qui ont à mon sens trouvé une Fin avec le RAGNAROK de Oeming et De Vito
Ok merci. Je comprends mais justement, c’est le credo de Gorr, pas une vérité. Pour la suite je ne sais pas mais là pour moi ça fonctionne car on comprend bien que ce n’est pas fondé, dans cet univers.
Un vrai plaisir que de replonger dans ces épisodes.
Je n’avais pas aimé cette première histoire : j’avais tout simplement lâché la série après Le massacreur de dieux…
Les critiques positives continuant d’affluer, et les bons dessinateurs de se succéder, j’ai cédé à la tentation et j’ai repris au bout de quelques mois…
Et j’ai dégusté chaque partie de cette longue saga, près de 100 épisodes sur 7 ans, par Jason Aaron, avec un final remarquable. La conclusion de mon commentaire sur King Thor, le dernier tome :
Hors de question de faire l’impasse pour un lecteur ayant commencé avec le premier épisode écrit par Jason Aaron et ayant lu la centaine d’épisodes qui ont suivi. Il retrouve avec plus ou moins de plaisir Esad Ribić, et avec plus de plaisir les autres artistes invités. Il regarde le dernier combat de Thor contre le tueur de dieux avec plus ou moins d’intérêt. Par contre, il prend plaisir à un épilogue digne de ce nom qui atteste que Jason Aaron a fait œuvre d’auteur avec cette série, une gageure quand on connaît les contraintes de publications mensuelles, le poids des exigences éditoriales, et le fait que cette histoire soit répartie sur une demi-douzaine de séries différentes.
Merci Présence ! Si je comprends bien, tu n’as pas non plus trop aimé ce Massacreur de dieux, ces onze épisodes ?
Oui, ma première impression a été négative, à la fois pour les dessins évanescents d’Esad Ribić et pour l’intrigue qui m’était apparu peu engageante. Je ne l’ai pas relu depuis, probable que je changerais d’avis.
Ne serait-ce que pour les dessins, tu devrais rouvrir cette bd (mais tu fais ce que tu veux évidemment)
Mes deux commentaires de l’époque :
babelio.com/livres/Aaron-Thor-Marvel-Now-tome-1–Le-Massacreur-de-Dieux-/645713/critiques/1062095
babelio.com/livres/Ribic-Thor-Marvel-Now-tome-2–Le-Massacreur-de-Dieux-/710334/critiques/1450925
Jason Aaron aura fait du bon et du terrifiant chez Marvel et je sais par Présence qui couvrait ça quasiment en direct pour Amazon à l’époque que son run pour THOR est devenu un classique.
Hélas, il fait partie des personnages qui ne m’interessent pas du tout. Je passe donc allégrement tout en appréciant un teamup inédit et assez inhabituel entre le geek pointilleux et le touriste de Marvel.
La BO : avant que le chanteur se mette en action j’y ai cru. Sa voix gâche tout. Dommage aussi qu’il n’y ait pas de refrain.
Merci chef ! J’aime bien ce format court, on fait une petite chro en mode pour/contre, ça mange pas de pain et c’est très informatif. C’est pas super original ni marquant mais ça fait bien le job.
La BO : même topo que pour Tornado, tente Jesu.
J’aime bien Godflesh.
Fin des années 80, débuts des années 90, des groupes comme Godflesh, Napalm Death ou Scorn ont apporté quelque chose de vraiment intéressant.
Le label anglais Earache Records (ça ne s’invente pas), au milieu de ses productions death metal à réserver aux amateurs du genre, était capable à l’époque de produire des choses assez passionnantes.
Pas lu Thor, par contre.
… J’avais trouvé ça vide comme c’est pas permis ! Un méchant sans profondeur ni envergure qui zigouille pour une histoire de vengeance (… J’ai oublié les détails !) pas originale pour deux sous, et un récit qui ne fait que remuer de vieilles lunes profondément ennuyeuses -et déprimantes dans leur banalité scénaristique : le bien, le mal et la « nécessité » d’en passer par là pour créer un intérêt. Pas chez moi, en tous cas.
Et ce malgré la maestria de Ribic, véritablement impressionnant -mais je comprends qu’on puisse rester de marbre en parcourant ces pages définitivement tièdes (d’un point de vue Comic-Book), tant elles paraissent diaphanes dans leur traitement graphique, avant tout esthétique. Je suis, pour ma part, à genoux devant le gars tant le respect me pétrifie !
Bon, je ne possède aucuns des codes référentiels dont vous discutez dans vos commentaires, et cela dois jouer dans ma perception de la chose ; mais, n’empêche : tout ça pour ça…
Merci beaucoup Bruno pour ton retour ! Il est évidemment question de perception, de goût, d’attente, dans tout ce que nous ingurgitons. Pour ma part, n’étant pas du tout habitué aux récits super-héroïques, cette histoire ne m’a pas semblé redondante ou déjà vue, sa narration un peu différente m’accrochant directement. Et pas sûr que même si je l’avais trouvée classique, je n’aurais pas apprécié : après tout, je vois énormément d’épisodes de série ou des bds qui suivent des trames scénaristiques usées jusqu’à la corde, si le traitement s’inscrit dans une logique et / ou proposant une vision d’auteur, je peux y trouver mon compte. Le plus pour moi est évidemment le dessin de Ribic, très éloigné des comics de supers des années 60 à 90, tout en conservant une description épique et iconique requise pour les histoires mettant en scène un héros charismatique capable de prouesses surhumaines. C’est à la fois respectueux du genre et le dépoussière, en tout cas c’est comme ça que je l’ai ressenti.
On est d’accord : ça n’est pas du Super-héros -ou alors c’est tellement moderne dans le traitement que c’en est une incarnation bien au delà de mon appréhension (mais ça n’est pas ce qui m’a posé problème, dans mon indifférence à la démonstration).
J’y ai vraiment vu, plutôt, une simple (archi simple !) extrapolation d’avantage « gritty-grimmy » d’un univers riche d’une très ancienne Histoire et, pour le fan véritable de Thor, forcément plus facile à assimiler/adouber comme étant crédible et sensée. Je ne l’ai lu en entier qu’à cause de Ribic : « pour les yeux » ; mais l’histoire ne m’a vraiment pas intéressé.
Ah moi je n’ai absolument pas vu de grim and gritty là-dedans, plutôt une aventure cosmique logiquement rattachée au personnage de Thor, et donc bien éloignée des considérations humaines, citadines et terrestres de la plupart des récits super-héroïques (en tout cas tels que je me les étais imaginés et remémorés dans mes lectures d’enfant). Cela accentue le sentiment d’histoire auto-contenue et détachée d’une quelconque continuité, d’un groupe de super-héros ou d’une série. Comme je le dis dans l’article, les humains n’apparaissent pas ici.
J’emploie ces mots Anglais très littéralement, ici : je faisais uniquement référence au côté sanguinaire et guerrier de l’histoire : arguments automatiquement moches, pour moi : on est très loin d’une aventure cosmique, proprement dite. Aucune S.F., aucun lyrisme (sinon graphique, par la force des choses) et encore moins d’envolée philosophiques typiques du genre. C’est juste une histoire de vengeance à la fin des temps.
Si tu n’as pas -plus- les références relatives à la cosmogonie de Thor (j’avoue n’en posséder que les bribes distillées dans deux-trois album Arédit/Artima encore en ma possession !!), ceux qui les possèdent ne manqueront pas d’établir des relations de sens avec son histoire passée, ne serait-ce que par réflexe : le scénariste peut tabler aussi là dessus pour donner de la profondeur à son récit, de manière presque automatique en suscitant la sympathie des lecteurs plus au courant de la continuité dont tu parles.
Sinon, bien qu’il ne soit pas question « d’humains » proprement-dits, je n’ai rien perçu de véritablement extraterrestre à ces civilisations si peu riches d’inventivité qui sont évoquées dans ces pages -sans compter les dilemmes si platement « terrestres » dans lesquels se débattent ces dieux pour le moins communs dans leurs attitudes et ambitions. Les faire causer comme des acteurs Shakespeariens ne suffit pas à les rendre plus grands que nature ; et j’ajouterais même que l’extrême justesse graphique de Esad Ribic leur ôte encore d’avantage d’aura divine en les représentant, anatomiquement, si réalistes. Peut-être bien qu’un peu de maladresse, de ce côté-là, aurait pu accentuer le décalage entre eux et les êtres qu’ils croisent, d’ailleurs.
Non, vraiment, je me suis pas plu au sein de cette bagarre-là. C’est un malentendu.