Je ne suis pas là (Bullshit Detector : Rorschach)

Rorschach de Tom King et Jorge Fornés

Un Bullshit de BRUCE LIT

VO : DC Black Label

VF : Urban Comics

1ère publication le 13/09/22- MAJ le 31/12/22

Une superbe couverture mensongère.
©DC Comics / Urban Comics

Cet article portera sur la mini série en 12 épisodes de Tom KING et Jorge Fornés parue sur le Black Label de DC Comics. La VF particulièrement appliquée est assurée par notre ami Edmond Touriol pour une édition Urban soignée.

L’histoire se situe dans la continuité de WATCHMEN, 30 ans après l’explosion du poulpe géant en plein NY.
Dans cette nouvelle uchronie, le président des Etats-Unis est l’acteur Robert Redford et, en pleine campagne présidentielle, son rival d’extrême droite manque d’être abattu par une femme et un vieillard portant le masque de Rorschach. Se pourrait-il qu’il ait survécu ? Et quelles étaient ses motivations ? Un flic anonyme va mener l’enquête.


Le reste de l’article spoilera légèrement à tous vents même aux vents mauvais…

Pas de pot, le mec à peine ressuscité qu’on l’abat déjà.
©DC Comics


On le sait : le WATCHMEN d’Alan Moore et de Dave Gibbons a longtemps été l’Everest réputé infranchissable pour des réalisateurs pas moins doués que Terry Gilliam.
Avec la sortie du film éponyme de 2009 qui eut son effet mur de Berlin, les idées et les fantasmes de se réapproprier ce monument du comic-book commencèrent à circuler ailleurs que sous le manteau jusqu’à ce que l’impensable se produise : pouvoir écrire des suites et des préquelles de WATCHMEN au nez et surtout la barbe d’Alan Moore !  
Après BEFORE WATCHMEN, la série Tv et DOOMSDAY CLOCK voici donc une quatrième itération, une mini série de 12 épisodes centrée autour de son psychotique détective Rorschach !

A force de s’appeler King, le minor Tom a fini par se croire à la hauteur de son patronyme. Oh certes, son CV était loin d’être indigne jusque là : VISION, MISTER MIRACLE et son SHERIF OF BABYLON ont pu contenter fanbase et critiques à raison. Suffisamment en tout cas pour que DC lui laisse les clés de la maison WATCHMEN qui, à force de déclinaison foireuse comme celle-ci, finira par se Starwariser.

King assume ici une arnaque affichée : il s’agit d’avantage d’une histoire qui explore l’héritage des WATCHMEN qu’une suite directe. Tant et si bien qu’il raccroche parfois artificiellement les wagons d’une intrigue épouvantablement neurasthénique sans action, sans enjeux, sans personnalité, sans personnages attachants, sans sexe et plus grave encore sans intérêt.

Une enquête ennuyeuse et cousue de fil blanc menée par un bonnet de nuit
©DC Comics

Avec sa dégaine triste vraisemblablement calquée sur Mark Ruffalo, sa coupe de cheveux ringarde, son imper Columbo, le détective anonyme n’existe que parce que son auteur a besoin d’un pion à manipuler et d’une histoire à faire -laborieusement- avancer.
Il s’agit d’un être vide et insignifiant qui fait montre d’une brillance cheatée et dont il est très facile de deviner la conclusion malgré tous les apparats arty que King veut donner à son récit.

L’idée majeure est qu’une partie de l’Amérique complotiste et extrémiste pensent que les WATCHMEN sont toujours vivants et ont téléchargé leur existence dans le corps d’humains anonymes pour continuer de lutter contre les forces du mal.
Un aveu indirect de l’impuissance de King contre lui-même : le téléchargement n’est rien d’autre que l’importation d’un contenu (le matériel légendaire de Moore) vers un récipient vide (le sien).

Tout au long de son histoire, King s’interroge sur le pouvoir de son médium, de ses idées récupérées par la pire engeance qui soit. C’est d’ailleurs cet Aquoibonisme qui est le véritable sujet de RORSCHACH : A quoi bon créer, rêver ? A quoi bon se battre ? A quoi bon vivre dans un monde où la politique, l’argent et la xénophobie auront toujours le dernier mot ? Où toute réalité sera déformée par les Fake News mises sur le même plan que la culture populaire.

Et n’oubliez pas les enfants, les parents méchants, ça rend méchant…
©DC Comics

Entre deux antidépresseurs, King alourdit ce pensum de tics déjà présents dans SHERIF OF BABYLON : la focalisation interne par trois personnages qui commentent la même action avec leur propre voix. Un gimmick qui tourne vite à vide après 320 pages de récitatif et qui a de quoi rendre hibou le plus indulgent des lecteurs. Il n’y a aucune vie, aucune profondeur à sa dystopie politique, aucun plaisir, aucune énergie dans cette histoire qui ferait passer la pire histoire de Jeff Lemire pour un trip sous coke.
A la fin de l’histoire, le flic mange du pop corn dans un cinéma de quartier. Il esquisse le premier et dernier sourire de l’histoire en renouant trop tardivement avec le fondamental de la BD : le plaisir.

On pourrait laisser King tout à son mal-être et son amphigourisme s’il ne commettait pas dans son nanar prétentieux de la diffamation et du racolage, celui de mettre en scène la mort d’une enfant, celle de l’auteur Otto Binder, pour abonder à sa scénographie nauséabonde.

Frank Miller, l’homme derrière le mal qui ronge l’Amérique….
©DC Comics

En gros, il participe aux pires carricatures des gauches extrêmes qui voudraient que ne pas être de gauche serait être dans le camp du mal.
Son Rorschach est une biographie à peine masquée (sic) des errances de Steve Ditko que nous ne viendrons pas commenter ici. L’homme est mort, ne peut plus se défendre et au moins King utilise un pseudo le concernant pour éviter sans doute un procès avec sa famille.

Par contre, il décide de transformer Frank Miller en Atlas des maux américains. Ce que l’on croit être un clin d’œil un peu lourdingue devient un élément clé du récit lorsque Miller est décrit comme un complotiste fasciste qui financerait le meurtre d’un président.
King fait payer au père Frank ses déclarations sulfureuses d’il y a 20 ans contre Occupy Wall Street et sa colère contre les musulmans après le 11 septembre.

Un choix d’écriture qui achève de transformer l’ennui en dégueulasserie contre laquelle Miller serait en droit de porter plainte.
Rappelons que l’homme est usé, malade, diminué.
Que Miller, ce n’est ni Soral ni Zemmour, qu’il n’a jamais écrit de manifeste appelant à la haine, été condamné pour une quelconque diatribe haineuse et qu’il n’a eu de cesse depuis des années de présenter ses excuses pour ses propos tenus sous le coup de la colère.
C’est même le contraire : depuis quelques années, le vieux boomer s’est mis à l’écriture inclusive avec le (très mauvais) show CURSED sur Netflix.

L’autre fléau de l’Amérique : Steve Ditko, un misanthrope sexuellement frustré.
©DC Comics

Non seulement le procès d’intention de King intenté à cet homme complexe est injuste mais surtout totalement idiot et partisan. Car tout à son idolâtrie pour Alan Moore, King se départit de toute pensée critique.
Entre ses déclarations mégalomanes, ses derniers comics illisibles et méprisants pour la vulgate, ses déclarations de vieux con sur la culture populaire dont il se rêverait l’Alpha et l’Omega, le fait qu’il se soit coupé de tout contact avec ses fans sans compter les langues de ses collaborateurs qui se délient sur la maltraitance du travail avec lui, le misanthrope avec qui il est difficile de rester ami et qui s’est coupé de ses fans, Rorschach c’est bien Alan Moore et non ce pauvre Frank Miller.

Mais pour cela aurait-il fallu qu’il retire sa cagoule et qu’il se rappelle que pour transformer un comics en pamphlet il faille avoir quelque chose à dire et le dire bien. Le seul génie de Tom King est d’écrire beaucoup de salamalecs partisanes et de les maquiller en prose auteurisante. Impardonnable.

Hé, Tom ! Ton roi des fachos donne ses planches originales non pas pour financer l’extrême droite américaine mais pour sauver des gamins ukrainiens !
 ©Capture d’écran Twitter.

La BO du jour

On peut reprendre un géant, ici Bob Dylan, et en faire quelque chose d’intéressant.


54 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Un truc qui reprend Watchmen, ne m’intéresse pas. Le truc avait une fin et était conçue comme ça. la franchise ne vaut pas le coup que je me penche dessus et ça même sans non plus souscrire à la vision de l’auteur avant tout etc… d’un Moore déifié par ses semblables futurs fondateurs d’une église à sa mémoire.
    Et je ne lirais pas ça non plus si c’est pour subir le catéchisme 2020 non plus… been there, done that!
    je pense que le clin d’oeil à MIller qui t’a marqué par contre est sans doute un détail dans le récit…
    Le fait que ce soit une enquête poussive et laxative condamne déjà le livre en soi.

    Merci pour ce Bullshit, ça réveille de bon matin. ^^

    • Bruce lit  

      Salut Eddy.
      Non, comme je l’indique dans l’article, la fronde anti-Miller n’est pas qu’un simple détail mais bien le nœud du récit à l’origine de la tentative d’assassinat d’un candidat d’extrême droite par un militant d’extrême droite…
      Sans cette attaque pure et simple, le comics reste inintéressant et prétentieux.

      • Eddy Vanleffe  

        Comment ça a pu être validé?
        c’est normal une attaque nominale comme ça?

        Le problème avec les progressistes, c’est quand on voit les valeurs qu’ils véhiculent, on a du mal à faire la différences avec leurs ennemis..

        ce genre de détail va m’amener à être plus prudent quant à mes achats d’un auteur aux méthodes discutables…. (Ceci dit Byrne était aussi friand d’attaques sur se’s collègues )

  • JB  

    Fort heureusement, Tom King est lui-même irréprochable et ne lancerait jamais de calomnie contre des personnes réelles, n’est-ce pas ?
    Mais bon, Tom King qui va braconner sur les terres d’Alan Moore, ça s’est déjà vu. Il a déjà plagié For the man who has everything…

    • Eddy Vanleffe  

      où ça?
      il me semble qu’il a aussi chopé l’histoire où superman est perdu dans le temps avec Wonder Woman et qui du coup est très tenté de « fauter »… mais en version Batman..

      • Bruce lit  

        Je ne connaissais pas cette anecdote. Tu m’avais par contre appris celle concernant la diffamation à l’encontre de Jae Lee.

  • Présence  

    Hé bien quel pamphlet !

    Je fais partie des lecteurs ou de la fanbase qui ont été fortement impressionnés par la saison de Batman de Tom King, ainsi que par Mister Miracle, The Vision, The sheriff of Babylon. Tellement impressionné même que j’ai acheté cette histoire, alors que je suis par principe opposé à tout ajout à Watchmen. Rorschach et Strange Adventures sont dans ma pile à lire, et j’attends avec impatience Human Target et Love Everlasting. C’est donc très intéressant de découvrir un article qui démonte une des œuvres de Tom King avec une telle verve : ça me permet de confronter mon plaisir peut-être un peu enamouré, à un regard dépourvu d’a priori admiratif pour l’auteur.

    • Bruce lit  

      Un beau cadeau d’anniversaire hein…
      J’ai apprécié MISTER MIRACLE et VISION sans sauter au plafond non plus. La plupart du temps tout est écrit pour faire durer le truc 12 épisodes.
      Sheriff Of Babylon ne m’a absolument pas impressionné et ce n’est pas faute de l’avoir lu 3 fois en VF et VO.

      Ma critique est purement subjective quand les tiennes sont toujours objectives. En soi, cette histoire est une greffe qui ne prend pas sur le cadavre de WATCHMEN.

    • Présence  

      Oui, j’ai acheté ce machin parce que j’ai beaucoup aimé ce qu’écrit Tom King et que ça ne me semblait pas une suite, au sens de que sont-ils devenus.

      Au vu de son expérience de lecture, Bruce ne s’est pas appesanti sur la narration visuelle, ce qui me semble bien normal. Jorge Fornes a déjà collaboré avec Tom King : c’est un excellent dessinateur sous influence David Mazzuchelli.

      • Tornado  

        Et bien c’est là que je ne comprends pas : Dans un premier temps, tu assures ne jamais vouloir lire des itérations de Watchmen de quelque nature que ce soit. Le principe même de l’opération, tu le refuses. Je te supplie (😅) d’essayer quand même la mini de Darwyn Cooke, auteur que tu apprécies beaucoup par ailleurs. Et… tu t’obstines à me répondre : Naan ! Et là… pouf ! Tu prends le bouquin de Tom King comme si tes positions n’existaient plus. Paf ! Disparues les positions !!! 😅

        • Alchimie des mots  

          Mr Miracle, Strange Adventure que j’ai beaucoup apprécié, après j’ai l’impression qu’il joue la même musique avec différents instruments.
          Heroes in Crisis m’a ennuyé, je suis mitigé, je n’ai pas plus envie que ça de lire Rorschah car le concept ne m’attire pas.
          Et les scènes que tu décris m’en donne encore moins envie, si celui-ci se trouve dans une médiathèque, pourquoi pas? Mais je ne ferai pas plus l’effort.
          Merci pour le partage

  • Doop O'Malley  

    En dehors des problèmes avec Miller et consorts, j’ai bien apprécié ce Rorschach, justement assez malin pour ne pas être une suite à Watchmen. On est à peu près dans la même idée que les débuts de la série TV. A savoir qu’on se focalise plus sur l’idée que sur les personnages. L’histoire ne m’a pas paru longue et l’enquête m’a intéressé. King est dans sa zone de confort, avec ses thèmes et pour moi ça marche. Son style me plaît et c’est, à mon sens, sa dernière bonne histoire depuis un moment. Reste-t-il dans ses thèmes ? oui. mais comme tous les scénaristes. Johns c’est pareil (Johns se voit en architecte DC), Remender est 100 fois pire (en gros un comics de remender = une histoire punk mal trousee avec du caca dedans). Moore est caricatural depuis 25 ans. Tous écrivent dans leur zone. Dans Rorschach, King fait ce qu’il sait faire, mais pour moi il le fait bien. Impossible de trouver quelconque réaction de Miller sur son traitement. Alors oui, sa volonté affirmée de dire : je suis un artiste et je suis de gooooche transparaît, mais ce n’est pas le focus du bouquin..C’est de fait, son bouquin le moins caricatural depuis longtemps..et quand même,graphiquement ça envoie.

    • Bruce lit  

      J’avais bien lu en amont ton avis positif sur Superpouvoir. Il m’a été très utile pour doser mes arguments. En outre, il m’était impossible de savoir si le pamphlet anti Miller relevait de la mauvaise blague entre eux ou de la diffamation. A tel point que j’ai été voir du côté de Jean-Marc Lainé le biographe de Miller dont la réponse envers la prose de Tom King a été encore plus cinglante que la mienne.
      Graphiquement oui ça envoie mais là où je ne suis pas d’accord avec toi, c’est que c’est pour moi un manifeste politique qu’il m’est impossible d’ignorer.
      Et je reste fan de Remender : DEADLY CLASS, SCUMBAG, DEATH OR GLORY ou même TOKYO GHOST, je trouve ça plus que très bien. Ecrit avec ses tripes.

  • Matt  

    Ok…
    Je ne lis pas des comics, ni ne regarde des films pour voir des auteurs se tacler politiquement, ou faire des batailles d’ego façon Star Wars.
    Y’a assez de conneries de ce genre sur les réseaux sociaux.
    Donc je passe.

    • Bruce lit  

      J’avoue que c’est la première fois que je lis une histoire construite autour de la destruction implicite d’un auteur.
      Le fait que King du haut de sa vitalité vienne pulvériser un homme malade et affaibli par le cancer va m’éloigner définitivement de ce sinistre individu.

      • JB  

        On pourrait citer les tacles de Byrne ou Starlin sur Jim Shooter, ou encore Stan Lee ridiculisé par Kirby sous les traits de Funky Flashman. Pour les coups les plus directs, je ne pense guère qu’à l’intégration un peu rigolarde de Warren Ellis dans un numéro de POWERS

        • Bruce lit  

          Oui mais ce sont des tacles.
          Mais pas une histoire entière construite contre un auteur.

          • JB  

            Oh, Star Brand ou Wyrd, c’est quand même avant tout des brûlots contre Shooter (son avatar dans Star Brand et lui-même, décrit comme ayant vendu son âme et sa famille pour la gloire et le succès dans Wyrd, the Reluctant Warrior)

        • Matt  

          Après il y a tacle et tacle aussi.
          Chez Dupuis, ils se moquaient les uns des autres dans leurs BD parfois mais en mode « bon enfant ». Sans doute qu’ils n’étaient pas tous super potes mais les caricatures n’étaient pas méchantes. En tous cas en tant que lecteur on ne voyait aucune méchanceté.

          • Bruce lit  

            C’est pour ça que j’ai longtemps hésité avant de faire ce Bullshit. King s’est fait prendre en photo avec Miller
            Comme Chapman avec Lennon.
            Non, vraiment, il me dégoutte ce mec.

          • JB  

            Ah ouais, sacrée ordure ce mec

      • Eddy Vanleffe  

        Dis moi Bruce…
        es-tu le seul a voir remarqué cette « inélégance  » ou est-ce passé comme une lettre à la poste sur la blogosphère.
        Bref, Miller est-il devenu une tête de turc sur laquelle il parait normal de se défouler?

  • Surfer  

    Salut les gars et les filles,
    Je vois qu’il y a de nouveau de la lumière chez Bruce Lit et que l’interrupteur a été basculé depuis quelques semaines déjà. Il va falloir que je comble ce retard.
    Bruce, tu nous reviens en pleine forme😉. Ça fait plaisir…j’ai bien rigolé 😀😀😀.
    Ton article nous fait part d’un rapport d’opinions opposées entre un auteur et un lecteur qui va au delà des valeurs littéraires intrinsèques au récit :
    King vénère des artistes et en déteste d’autres qui manifestement ne sont pas les mêmes que les tiens.
    Hummm!!! Ce constat n’aurait il pas nuit à ton objectivité ?
    Toujours est-il que maintenant j’ai envie de lire ce bouquin. Je suppose que ce n’était pas le but recherché de ta critique mais cela a eu l’effet inverse sur moi .😀😀😀
    Tu as éveillé ma curiosité et par certains aspects cette lecture me semble intéressante. Je pourrai ainsi faire la part des choses 😉

    La BO: je confirme c’est toujours délicat de reprendre un géant.

    • Bruce lit  

      Welcome back Surfer.
      Les Bullshit Detector produisent souvent cet effet ! Vive l’esprit critique.
      Tu as raison : rien de l’auteur ou de l’homme ne m’a séduit ici. Je suis totalement incapable d’être objectif dans mes critiques.

  • zen arcade  

    Pour ma part, j’ai trouvé ce Rorschach passionnant.
    Lecture comics majeure de 2022.
    Voilà, c’est tout. Pas envie de discuter plus loin.

  • Tornado  

    Et voilà où nous emmène la cancel culture…
    Il y a quelques siècles, on assassinait arbitrairement des femmes sur la simple rumeur qu’elles étaient « sorcière ». Aujourd’hui on s’y prend autrement mais on recommence à étriller des gens sur le principe délétère du tribunal populaire.
    Je l’ai dit quand ils ont commencé à s’en prendre à Warren Ellis : C’est à la justice de trancher, pas au vulgum pecus.

    Aucune chance que j’approche ce machin. De toute manière les comics qui reprennent WATCHMEN ne m’intéressent pas. Je n’ai eu d’yeux que pour le MINUTEMEN de Darwyn Cooke. D’abord parce que c’était une préquelle bien déconnectée, un hommage ensuite, et surtout une oeuvre autonome et personnel du grand Cooke. Et je ne m’y suis pas trompé…
    Je note tout de même que King se place dans la continuité et l’univers de la série TV (réussie, mais quand même bien wokiste et SJWbaizuo), avec Robert redford en président des USA.

    • zen arcade  

      Bon désolé, journée de merde et gros énervement…
      Revenons à nos moutons.
      1. Ca m’a fait tiquer que tu parles de cancel culture dans un article sur une série dérivée du comic Watchmen exactement le jour où je lis que le district scolaire de Rockwood dans le Missouri a décidé de bannir de ses bibliothèques, entre autres, justement, je te le donne en mille… Watchmen. Ca ne s’invente pas.
      La cancel culture m’énerve, de quelque bord qu’elle émane, mais il me parait assez important de se rappeler qu’elle émane depuis bien plus longtemps de la part d’une société conservatrice (pour rester poli) que de la part des élucubrations qui confinent à l’absurde de certains social justice warriors trop zélés.
      Il ne faut pas à mon sens non plus oublier que là où un effet de balancier provoque chez certains des outrances dommageables (voire même dangereuses, je le concède volontiers) qui pervertissent ce qui relève au départ de bonnes intentions, de l’autre part je ne vois qu’un conservatisme du repli sur des valeurs moisies qui ne devrait plus exister dans nos sociétés aujourd’hui.
      Tout cela pour dire que l’anti-wokisme me gonfle et que c’est trop facile de jeter le bébé avec l’eau du bain sous prétexte que certains font n’importe quoi.

      2. Et en plus, que vient faire cette diatribe contre la cancel culture par rapport à cette série? J’avoue ne pas comprendre le lien.

      • Tornado  

        Alors là, franchement, cela fait des années que je vois le truc arriver et je resterai inébranlable sur le sujet : La cancel culture d’hier et celle d’aujourd’hui sont pour moi les deux bouts opposés du même bâton merdeux : D’un côté des fachos, de l’autre des exaltés. Au bout du compte des crétins qui ne voient pas le monde autrement qu’en noir et blanc et qui agressent quotidiennement leur prochain. Permettez-moi de rester anarchiste sur les bords, et bien plus équilibré que ces hurluberlus.

  • Edmond Tourriol  

    Excellente critique avec laquelle je suis globalement d’accord, même si j’ai néanmoins beaucoup apprécié cette lecture et ce travail de traduction. Les défauts sont là. J’y ai vu des qualités. Quant à l’attaque ad hominem contre Miller, je pense que c’est un grand garçon, il s’en remettra. Il est très au-dessus de la mêlée, comme Ditko et son héritage.

    • Bruce lit  

      Edmond !!!
      Welcome Buddy !
      Je pensais que tu avais adoré le truc. Tu avais posté un avis disant ta fierté d’avoir travaillé là-dessus.
      Miller en a vu d’autres oui. C’est un géant et King un nain de jardin.

      • Edmond Tourriol  

        J’ai adoré travailler dessus, oui. Malgré les défauts que tu cites, cette BD était quand même un joli défi de traduction. Et de là où je te parle, c’est un des rares trucs qui me motive encore.

        Tom King a du talent, il sait écrire. Je pense qu’il mettra de l’eau dans son vin. Dans une dizaine d’années, il se rendra compte de ses erreurs de jeunesse, et il prendra ses distance avec l’idéologie woke qui le pilote.

        • Bruce lit  

          Je ne suis pas sûr du tout que l’on soit capable, à notre époque, de prendre ses distances avec une quelconque idéologie.
          Quant à King, il est désormais sur ma liste noire.
          Nous verrons…

  • Eddy Vanleffe  

    De manière générale, j’ai quand même du mal à m’emballer pour le BLACK LABEL c’est pour moi souvent une montagne qui accouche d’une souris…

    Quelqu’un a il lu le HUMAN TARGET de King? ça m’avait l’air de promettre pas mal de choses …

    • Bruce lit  

      Hors de question.
      Peter Milligan et c’est tout.

    • Présence  

      Le premier tome de Human Target sort dans quelques semaines et il est dans ma liste d’achats.

    • Kaori  

      @Eddy : A propos de HUMAN TARGET : J’ai lu ce qui est sorti, je crois qu’on est à mi-parcours de la série, et j’apprécie pour l’instant. J’attends de lire la suite et la fin…

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Bruce,

    j’arrive avec la bataille …. (problème d’informatique). J’ai donc lu ta saillie sur mon smartphone, la Rorschach de Tom King méritait un petit écran (à son image ?)

    Même si je te trouve dur dans le verbe, mais c’est l’exercice du Bullshit (et peut être du pouvoir) qui veut cela, j’ai été très intéressé par tes arguments. Je fais parti du clan minoritaire des « je ne comprends pas les louanges faites à Tom King ». J’ai tenu 2 épisodes de son VISION. Je suis allé au bout de moi même pour terminer son MIRACLE MAN. Son SHERIFF OF BABYLON m’a intéressé, surement car je l’ai trouvé honnête, et vrai sur un sujet qui maitrise et qu’il a vécu. Depuis c’est comme MILLAR et DONNY CATES, j’évite sa production car elle n’est pas faite pour moi.

    Je n’aime pas son écriture que je trouve ennuyeuse mais surtout prétentieuse. Je n’aime pas le format maxi, car il en joue, pas en bien. Comme CATES je n’aime pas lire tous ses retours dithyrambiques de lecteur en pâmoison devant le roitelet KING, qui prétendent avoir trouvé le graal avant même d’avoir lu la moindre planche. Je n’aime pas, comme MILLAR que le côté graphique des artistes soient systématiquement la caution pour signaler que c’est donc forcément un bon comics. Des Lemire, des Kindt, des Martin Simmonds nous montre le contraire.

    Donc là, forcément, en plus de revenir sur une oeuvre que je considère également comme terminée rien pour me persuader d’y aller. Si en plus il y a quelques crachats sur les collègues d’une façon pas si innocente, on va arrêter avec ce type de caution également, Tom King a des opinions politiques, alors non.

    Sur WATCHMEN je considère que seule la série télé, par sa compréhension de l’oeuvre originel et surtout en dépassant le format comics et en faisant une transposition qui s’approprie un nouveau media, arrive à faire quelque chose d’intéressant et d’innovant.

    J’ai du mal avec la BO. A écouter une autre fois, pas réceptif en première écoute (pourtant je connais bien le film)

    • zen arcade  

      @ Bruce
      « Non, comme je l’indique dans l’article, la fronde anti-Miller n’est pas qu’un simple détail mais bien le nœud du récit à l’origine de la tentative d’assassinat d’un candidat d’extrême droite par un militant d’extrême droite…
      Sans cette attaque pure et simple, le comics reste inintéressant et prétentieux. »

      Moi, j’ai trouvé intéressante cette idée de se demander ce que quelqu’un comme Frank Miller pourrait être dans le monde de fiction post-Watchmen que King met en place.
      Je me doute bien que King et Miller ne vont pas prendre leurs vacances ensemble mais King met en scène un Frank Miller fictionnel dans un univers fictionnel. Ce n’est sans doute pas très délicat (mais l’art n’est pas fait que de délicatesse) mais ça m’a paru intellectuellement stimulant.
      Et ce n’est pas comme si des oeuvres de fiction ne mettaient pas régulièrement en scène des personnages publics de tas de manières différentes et pas toujours les plus laudatives. Ca choque sans doute parce que King empiète allègrement sur un corporatisme qui voudrait que ce type de choses « ça ne se fait pas » mais bon, pour moi, pas de quoi en faire la lie de la terre pour autant.

      Et sans ça, je n’ai pas trouvé le comic inintéressant et prétentieux.
      Je pense que l’influence la plus prégnante de King sur Rorschach, ce n’est pas vraiment Watchmen (qui n’est guère plus qu’un prétexte) qu’un certain cinéma américain des années 70 qu’il revisite en en adoptant un certain sens de l’esthétisme et en en actualisant la portée politique.
      J’ai adhéré à ce parti-pris.

      • PierreN  

        « un certain cinéma américain des années 70 »

        D’où le look très Zodiac de ce clone de Ruffalo.

      • Bruce lit  

        Hello Zen.
        En voici des arguments intéressants.
        Pour moi, ce n’est pas un Miller de fiction mais bel et bien un personnage avec qui King règle ses comptes. Il choisit de le représenter usé et rongé par le cancer, c’est à dire tel qu’il est dans SA réalité.
        Pour que ton procédé fonctionne, il aurait fallu mettre en scène le Miller jeune, arrogant et cocaïné.
        L’histoire se termine dans un cinéma, tu as donc raison sur la dimension cinématographique que King a voulu donner à son histoire. Sauf que je trouve ça contre-productif.

    • Bruce lit  

      Hello Fletch’ :
      Pour l’écriture de cette review, j’ai vraiment ressenti la lacune de ne pas avoir vu le show TV WATCHMEN. Je suis persuadé que c’est un complément important pour l’appréciation de cette mini série.

      • zen arcade  

        Ps vu non plus la série télé et ça ne m’a pas empêché d’apprécier Rorschach.
        En fait, j’ai très largement pris ce Rorschach comme quelque chose d’autonome dont le lien avec Watchmen ne s’étend guère au-delà du prétexte.
        C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai lu ce Rorschach mais aucun des Before Watchmen dont l’intérêt me semble a priori assez faible (ok, je sais que je dois lire le Darwyn Cooke).
        Avec Rorschach, King fait du King et pas du sous-Moore. On aime ou pas mais on n’est pas dans l’épouvantablement mauvais Doomsday clock.de Geoff Johns.

        • Bruce lit  

          Je te rejoins sur ce point : King fait du King et c’est probablement révélateur pour moi de comprendre que je n’aime pas son écriture. Comme tu le dis, c’est un prétexte. Le livre s’appelle quand même Rorschach et parle de toute autre chose. Si demain je récupère les droits sur Tintin, que je créé une série qui s’appelle Haddock pour parler des méfaits de l’alcoolisme dans la marine, ben je pense que je me sentirai aussi lésé (pour être poli).
          Merci en tout cas pour ces échanges de qualité.

          • zen arcade  

            De rien.
            C’est toujours chouette de pouvoir discuter de manière civilisée même quand les avis divergent.

          • JB  

            @zen arcade Ah, le souvenir de ce type de discussions sur Buzz ^^

  • JP Nguyen  

    Je l’ai lu en ligne. Le dessin est très soigné, avec ce qu’il faut d’attention au détail pour réussir les effets de flash-back et autres échos.
    Je suis un grand fan de Frank Miller. Je lui reconnais des outrances et des errances, mais je le préfère de beaucoup à Alan Moore.
    Cela étant dit, je n’ai pas pas perçu cette histoire comme une attaque personnelle contre Miller. C’est comme le cas évoqué plus haut de Warren Ellis dans POWERS. Le Miller de cet univers fictionnel n’est pas le Miller de notre réalité.
    Au final, j’ai trouvé ça par moment trop bavard mais aussi suffisamment bien troussé pour garder le lecteur captif jusqu’à la fin (qu’on peut voir venir, j’en conviens)
    Allez, pour moi, ce serait 3 ou 3,5 étoiles.

    • zen arcade  

      C’est certain que la manière de raconter de King est très rapidement reconnaissable entre toutes. Certains diront que son style et ses thématiques creusent un sillon obsessionnel passionnant, d’autres y verront des tics répétitifs.
      Et chacun aura sans doute à la fois tort et raison. Ou le contraire. 🙂

      Moi, ça ne me dérange pas de deviner rapidement la fin.
      Sauf quand tout l’édifice repose sur « la fin de la mort qui tue qui va te scotche tellement tu l’as pas vue venir », mais dans ce cas, c’est bien souvent alors l’oeuvre elle-même qui ne m’intéresse pas.

  • Jyrille  

    Je n’ai pas craqué pour cette mini-série et j’attends le retour de Présence pour avoir un autre son de cloche mais je pense que malgré tout je ne la prendrai pas. Pas seulement à cause de ton article, Bruce, que je trouve extrêmement bien fichu et argumenté, un BS qui pour une fois me semble réfléchi, plein de fond. Quoiqu’il arrive, cet article méritait d’exister, une fois fini j’ai eu envie de le relire – mais je ne l’ai pas encore fait.

    Je rejoins Tornado sur le BEFORE WATCHMEN – MINUTEMEN de Darwyn Cooke, une sacrée réussite. Présence, fonce, tu ne le regretteras pas.

    Pour le reste, je trouve ça étonnant de la part de King de mettre Miller en scène de cette façon, je ne vois pas trop où est le propos de cette bd. Quant à Ditko, je ne connais pas du tout l’histoire et ce qu’on lui reproche, ce qui me conforte dans l’idée que je louperais trop de choses dans cette bd, qu’elle ne me parlera pas. Par contre j’ai adoré les autres King que j’ai lus, notamment Sheriff Of Babylon mais je ne l’ai lu qu’une fois. J’ai tout son run sur Batman à lire encore.

    Peut-être faut-il voir ce qu’en dit Nolino sur FB, une relecture de Dashiell Hammet, que je n’ai jamais lu. Va savoir.

    La BO : un film très moyen où la meilleure incarnation de Bob Dylan est tenu par Cate Blanchett, mais avec une très bonne bande son. Ton titre directement lié est un bel effort même si je vois bien que tu as fait exprès justement pour placer cette BO.

  • JP Nguyen  

    Bon, et sinon, je pensais aussi à « Once upon a time in Hollywood » (que je n’ai pas vu, je sais, mon argumentation part de façon bancale) de Tarantino.
    Dedans, il y a un Bruce Lee assez tête-à-claques qui est ridiculisé (c’est un extrait assez connu, même de moi qui n’ai pas vu tout le film).
    Même si je ne suis pas fan de ce traitement, je peux comprendre la notion de « c’est pas le vrai Bruce Lee qui a vécu sur notre terre, c’est un Bruce Lee de fiction ». Vu que le film fait diverger l’intrigue par rapport à comment les choses se sont « vraiment » passées.

    Et donc, ça marcherait aussi avec le Frank Miller de cette série.

    • Tornado  

      @JP : J’avais écrit une critique du film. Tu ne t’en souviens pas, mais je soutenais la théorie que Tarantino, au contraire, mettait en avant et à sa manière, le racisme et les clichés dont avaient été victimes « les chinois » dans l’industrie cinématographique hollywoodienne à travers le regard biaisé du personnage interprété par Brad Pitt.
      http://www.brucetringale.com/woodstocks-fall-grandeur-et-decadence-du-mouvement-hippie-en-10-films-et-10-chansons-2-partie/

      • JP Nguyen  

        Je me souvenais que tu avais aimé le film mais pas de ta théorie. Sans rentrer dans cette hypothèse, alors que toi et moi sommes des fans de Bruce Lee (les 2 articles sur le blog peuvent en témoigner) on accepte /envisage que l’utilisation de son personnage dans une fiction se détourne de sa personnalité authentique et/ou des faits historiques.
        Du coup, j’émettais l’idée que Tom King utilisait l’image de Miller sans pour autant vouloir le tacler absolument.

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