Mutant Massacre (Le radicalisme des Xmen)

Focus : La nouvelle idéologie de Marvel et des X-Men

1ère publication le 20/01/16- Mise à jour le 2 septembre 2017
Dernière MAJ le 27/07/19

Scott Summers : le héros de la série devenu affable et souriant....

Scott Summers : le visage souriant  et détendu de l’humanisme des X-Men ©Marvel Comics

Cet article a pour ambition de dénoncer le fourvoiement de Marvel concernant la direction artistique des mutants depuis le 11 septembre 2001. Nous tenterons d’y démontrer la dérive sécuritaire voire fasciste vendue à coups de crossover et autres events.

Je n’ai aucune ambition d’ériger mes opinions politiques ou personnelles en modèle insurpassable. Mais, hey, je suis quand même chez moi et en tant qu’invités vous devrez supporter mon humeur (massacrante) jusqu’au prochain article…. Le ton y sera volontairement provocateur et matière à débat.

Il s’agit même probablement de ma lettre d’adieu à des héros que je suis depuis 30 ans….

 Une fois de plus, grâce soit rendue à JP Nguyen qui m’a fourni une bonne partie des scans de cet article.

Tout a commencé de manière inhabituelle. Je pensais avoir bouclé la boucle avec ma diatribe anti-Bendis. Et puis, comme ça, avant de les revendre, je me surpris dans le train à apprécier Messiah Complex et Second Coming.

Après un bref instant de doute façon Descartes où je me suis demandé si durant toutes ces années je n’avais pas été victime d’un Dieu menteur concernant ma détestation des X-Men, j’en vins à me demander pourquoi, malgré le plaisir que l’on pouvait tirer de ces histoires très divertissantes, ces auteurs, parmi les plus réputés, faisaient  fausse route.  Allons y, étape par étape.

1/ L’ère Grant Morrison :

Lorsque le chauve toxique et mégalomane prend les rênes des Xmen en 2001, la plupart des fans conservateurs font dans leur froc !
Clairement Morrison est le grand diviseur des Comics. Sa Fanbase le trouve génial. Les autres, dont votre serviteur en tête, trouvent que la plupart de ses œuvres sont indéchiffrables, surestimées, et prétentieuses. Pourtant au terme de son run, et malgré des bémols qui suffiraient à écrire une symphonie, force est de reconnaître que Morrison livra la dernière mouture intéressante et adulte des mutants Marvel avec le X-Statix de Peter Milligan.

Le crime de Morrison : la dissolution du couple mythique Jean Grey-Scott Summers

Le crime de Morrison : la dissolution du couple mythique Jean Grey-Scott Summers ©Marvel Comics

Le run de Morrison est bancal : mauvaise connaissance des personnages, ignorance totale de leur psychologie et surtout des What the Fuck de la taille de l’hôtel Xavier : l’infiltration de Magnéto, la Saga de Xorn, Emma Frost vampirisant Scott Summers, un Magnéto s’improvisant toxicomane à quelques 70 balais et la mort absurde de Jean Grey.

Pour les amoureux du run de Claremont, Morrison était allé trop loin. Si loin, que dès la fin de Planet X, Claremont ressuscitait Magnéto (défiguré par Cyclope et décapité par Wolverine) ne supportant pas que son héros tourmenté et romantique, probablement sous sa plume le plus grand vilain de tous les temps made in Marvel, devenait sous le coup de la hype Morrisonesque, un criminel de masse psychotique sans aucun sens de l’honneur.

Planet X : Une histoire post Al-Kaida où Morrison conclue un run brillant et brouillon. Ici Magnéto, tue des millions d'innocents. Les Avengers eux font la grasse mat'....

Planet X : Une histoire post Al-Quaida où Morrison conclue un run aussi brillant que brouillon. Ici Magnéto, tue des millions d’innocents. Les Avengers eux font la grasse mat’…. ©Marvel Comics

Pourtant, aussi controversé que fut ce travail, Morrison était parvenu à faire ce que personne n’ avait plus fait sur la franchise : utiliser le médium du super héros pour aborder des questions sociétales courageuses et vraiment bien écrites. Ainsi, ses Xmen parleraient de la naissance, de la récupération et de la mort des contre-cultures, en l’occurrence celle des mutants enfin devenus sous sa plume autre chose que des victimes. Les Xmen faisaient leur Coming Out, l’hôtel Xavier se transformait  en campus accueillant aussi bien des sujets brillants que de véritables vauriens.

On peut détester le travail de Morrison d’une haine adamantine, force est de constater qu’avec Riot at Xavier’s qui met en scène l’inanité du rêve de Xavier auprès d’adolescents désœuvrés, il écrivit la meilleure histoire des X-Men depuis God Loves, Man Kills. Celui d’un conflit de génération d’anciennes icônes de la contre culture (les Xmen de Claremont) à la fois révérée et dépassée aux yeux de la génération Internet.

On pourra reprocher des milliers de choses agaçantes à Morrison mais pas d’avoir fait de ses X-Men des stars presque underground débarrassés de leurs crossovers à la noix, de vilains d’opérette, de leur centaine de personnages, de leur continuité affolante et  de leurs costumes disco. Dans ses meilleures pages, Morrison est en avance de 10 ans en mettant en conflit jeunes/vieux, indie/mainstream, norme/déviance, révolte/maturité.

Ultra-violence  et délinquance : Orange Mécanique chez les X-Men, un chef d'oeuvre signé Morrison

Ultra-violence et délinquance : Orange Mécanique chez les X-Men, un chef d’oeuvre signé Morrison©Marvel Comics

2/ 11 septembre, House of M et statu quo

C’en est trop pour Marvel ! Avec ce que l’on pourra appeler la période X-Men MAX de Morrison et la débâcle de Chuck Austen, il est temps d’appuyer sur le bouton Reset en confiant à Wheddon Astonishing Xmen. Retour aux costumes désignés par John Cassaday et une première intrigue lisible rappelant Eve of Destruction d’Alan Davis. Mais après cette parenthèse réussie, Wheddon s’écoutera écrire et livrera ce qui sera les prémices de la chute de la franchise : des histoires sans queue ni tête déconnectées de la réalité que vivent les humains post 11 septembre.

L’événement majeur pour la dizaine d’année qui va suivre est le fameux House of M : Bendis écrit un remake sympathique à défaut d’être convaincant d’Age of Apocalypse. Lorsque tout son cirque se termine, les mutants disparaissent par magie…Sur les millions de mutants, 198 (on ne saura jamais pourquoi pas 199…) survivent à la purge.  D’un point de vue inconscient la démarche est géniale : débarrassé des mutants, Bendis a le champ libre pour faire de ses New Avengers les stars de Marvel. A partir de là, les X-Minoritaires vont devenir une espèce de secte sinistre prêts à tuer pour sauver un enfant censé être leur messie sous la houlette d’un Scott Summers transformé en Magnéto fanatique. Dans les faits, rien de scandaleux, il était logique que les mutants à force de génocides, de déportations et d’assassinats refusent de se laisser exterminer.

On peut d’ailleurs y voir l’influence majeure de séries comme 24 ou Walking Dead ces séries emblématiques de l’Amérique actuelle.  Dans 24, Jack Bauer doit mettre de côté morale et humanité pour lutter contre le terrorisme. Les ennemis sont infiltrés, l’urgence de la situation à sauver des milliers de personne demande à pratiquer meurtres, tortures, violation des droits de l’homme. Le credo de la série va devenir celui de Cyclope : le sacrifice individuel compense la survie de la collectivité.

S'adapter ou mourir ? Le désespoir rationnel de Rick Grimes va contaminer le déjà pas jovial Scott Summers...

S’adapter ou mourir ? Le désespoir rationnel de Rick Grimes va contaminer le déjà pas jovial Scott Summers…

Quant à Rick Grimes, la planète envahie de Zombies nécessite de ne pas s’attacher aux autres, de sauver sa peau quoiqu’il arrive quitte à sacrifier femmes, vieillards, enfants. Il n’y a que très récemment que Kirkman a souhaité que sa série prenne un tournant plus pacifiste dans une série brillante où les souvenirs d’une société civilisée doit survivre aux ravages du génocide.

La direction empruntée par Scott Summers ressemble beaucoup à cela.  Leader auto-proclamé d’un peuple par lui même désigné, pris par l’urgence d’éviter un génocide, l’ancien héros longtemps qualifié de boy scout va devenir plus froid que Wolverine, plus cruel que Magnéto, plus meurtrier que Phénix, plus calculateur que Sinistre. Il va désormais autoriser la violence voire la torture en plein combat. Conséquence logique finalement de la levée de la censure chez Marvel en 2000. Les griffes de Wolverine et ses potes tranchent dans le vif plutôt que de couper des bouts de capes….

Les X-Men ne prennent plus de gants : exécution de prisonniers désarmés devant Nightcrawler qui mettra au moins deux cases à s’en remettre….©Marvel Comics

Ce qu’il y  a de plus choquant ? Après le 11 septembre où Spidey, impuissant contemple les ruines du World Trade Center, il est logique de se poser la pertinence de l’existence de Super-Héros. Le succès des films Marvel y répond : ils sont les seuls à pouvoir incarner à la fois du rêve et fantasmer un désir de puissance.  Une puissance que Scott Summers revendique.

Gardien de l’éthique de Xavier, Cyclope ne va plus rien faire pour arrêter les exactions de Wolverine sur le terrain. Pire, il les autorise en secret, va abriter les pires criminels de l’histoire sur son île, sans que les X-Men les plus modérés prennent de réelles mesures pour l’en empêcher.  Il faudra le Schisme de Jason Aaron pour que Wolverine (!) choisisse une solution plus pacifique.

Namor détruit un pays. ! Il s’assayera ensuite peinard à la table des Illumaniti avec CAptain America sans que personne ne lui colle un procès....

Namor déconne à mort ! Il détruit un pays et ira ensuite s’asseoir peinard à la table des Illumaniti avec Captain America sans que personne ne lui colle un procès aux basques….©Marvel Comics

Cette plongée de Cyclope vers le côté obscur restera ce qu’il y aura de plus fascinant. Nous admettrons même que de Fraction à Bendis, il est le seul personnage correctement écrit.  Publié chez un autre éditeur que Marvel, tout cela serait formidable.  Seulement voilà: Les X-Men ne sont pas les survivants de Walking Dead. Et Scott Summers n’a jamais été Jack Bauer.

Ce n’est pas tant la violence de ces histoires qui est condamnable. Mais bien le retour au statu quo d’un éditeur qui se moque de salir ses personnages: Namor a détruit un pays, Cyclope, Daredevil, Captain America ont ravagé New-York. Wanda Maximoff est coupable de génocide. Tony Stark d’emprisonnement arbitraire.  Et il faudrait continuer de considérer ces personnages comme des héros ? Vraiment ?
Ceci équivaudrait dans notre réalité à pardonner Vichy et considérer Pétain uniquement comme le héros de Verdun. Affligeant, mais pas étonnant ! Georges Bush n’a jamais été, après tout, traduit en justice pour avoir entraîné son pays en Irak sur la base de fausses preuves, tandis que Clinton faillit être destitué de son mandat pour une pipe dans le bureau ovale.

Amer, écrasé sous les responsabilités et déçu, Scott Summers tue le père en mots avant de la faire en acte.

Amer, écrasé sous les responsabilités et déçu, Scott Summers tue le père en mots avant de le faire en acte. Le rêve est mort….©Marvel Comics

3/ Valeurs Actuelles

Les X-Men à la base sont un groupe de pacifistes qui luttent contre les bigots, les fascistes, et beaucoup contre eux-mêmes.  Chez Claremont, les X-Men permettaient à l’auteur d’utiliser une équipe multiraciale pour parler de Shoah, d’Apartheid, de viol ou d’adieux à l’innocence. Être dans l’air du temps, ce serait d’intégrer dans les X-Men des musulmans la population haïe et crainte actuellement. De parler des sans papiers et des réfugiés de politiques de ségrégations envers une majorité du fait de l’exaction de minorités.

De tout ça on ne trouve que NIB. Tout discours social est totalement abandonné et pour cause : les X-Men ont renoncé à leurs idéaux. Ils se sont isolés, ne fréquentent plus d’humains (à part le maire de San Francisco et un discours à L’ONU pour la galerie) et jouent aux super héros de manière pavlovienne.

Mourir pour des idées, daccord mais de mort lente...

Mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente…La dignité des X-Men qui marqua toute une génération de Spécial Strangers ! ©Marvel Comics

Lorsque à la fin de God Loves, Man Kills, le révérend Stryker menace de tuer les X-Men devant les caméras, pas un ne bouge. Il y a pourtant parmi eux Kitty Pryde une enfant de 13 ans prête à mourir pour un idéal humaniste.  Ce pacifisme qui évoque celui de Ghandi ou de Luther King est dépassé aujourd’hui. La même scène aujourd’hui verrait Wolverine dépecer cet adversaire.

Un cas isolé ? Non ! à la fin de Zero Tolérance, Iceberg est sur le point d’écraser Bastion qui a failli tuer ses amis. Il baisse volontairement sa garde, prêt à mourir plutôt que d’ôter la vie d’un fasciste en puissance, qui, on le sait, il le sait, recommencera.

Magnéto, terroriste repenti prêche contre la peine de mort. L'essence des X-Men, inimaginable aujourd'hui.

Magnéto, terroriste repenti prêche contre la peine de mort. L’essence des X-Men, inimaginable aujourd’hui

On peut aussi évoquer  Magnéto qui empêche Rachel Summers d’exécuter des terroristes qui ont tenté de la tuer. Les X-Men oui, pouvaient être violents. Mais étaient aussi garants de l’hard way:, le même que DD ou Spidey consistant à épargner les pires ordures pour ne pas sombrer à leur tour. Pourtant Rachel et Magnus ont connu le génocide des leurs, tout comme le Cyclope post House of M. La logique des éditeurs a changé, voilà tout : foin de cet humanisme infantile ! Les X-Men rendent coups pour coups. Sous l’impulsion du Civil War de Millar, il est désormais demandé aux Super Héros de faire de la Realpolitik.

Pourtant,rappelez vous, chez Claremont, on affrontait des ordures comme Mystique ou Dents de Sabre qui utilisaient la déontologie des Mutants pour s’échapper. La violence était un ressort dramatique aussi choquant qu’inhabituel qui permettaient aux personnages de se recentrer, face à l’horreur de la mort, sur la valeur de la vie. On se rappelle d’ Ororo ou de Peter Raspoutine acculés, devant ôter la vie d’un adversaire ne leur laissant pas le choix. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on s’étonne lorsque un adversaire en réchappe indemne.
Claremont fera brièvement sombrer les X-men du côté obscur, Tornade en tête, durant la saga Australienne avant de se raviser : leur force est de rester unis, non pas comme une milice mais une famille.

Pourquoi cette violence n’est pas une évolution ?  Parce que depuis leur création, les X-Men sont les victimes de plans d’extermination massive, d’expériences génétiques  et que malgré leurs souffrances, ils étaient vecteurs d’espoirs, de résilience bienveillante même si parfois résignés. Voire de seconde chance pour les parias : Wolverine, Rogue, Magnéto. Ces personnages étaient des anti-héros qui confrontaient leur réalisme à l’idéalisme des héros. Leur passé de parias étaient rachetés par leur sacrifice au présent.

Peter si doux, si gentil tue pour la première et dernière fois un tueur denfant : un événement dramatique en soi

Peter si doux, si gentil tue pour la première et dernière fois un tueur d’enfant : un événement dramatique en soi où la tentation de la justice arbitraire est clairement dénoncée©Marvel Comics

Marvel a tout perverti à coups de crossovers toujours plus avilissants !  Désormais, chaque personnage est un super anti-héros ! De Reed Richards, le scientifique toujours bienveillant, père symbolique de l’univers Marvel à Iceberg, le héros pur comme neige, chacun est devenu un criminel de masse en puissance. Ce sont désormais leurs actions passées qui sont censées excuser leurs errements présents.

Tout ça n’est pas nouveau. De Stan Lee à Claremont, les rencontres entre héros sont ponctuées de malentendus et autres brainwashing prétexte à l’affrontement entre héros.
Ce qui est inédit, c’est l’abandon total de valeurs humanistes et d’empathie. Les X-Men étaient les défenseurs du droit du plus faible. Capables d’accepter de se faire cracher dessus lors du procès de Magnéto sans répliquer. D’inspirer une poche de résistance dans le futur désespéré de Days of Future Past, de renoncer à tout pour que l’Age of Apocalypse disparaisse à leur détriment.

Leur  idéologie devait autant aux mouvement civique de Luther King qu’à l’enseignement du Christ qui, dans le nouveau Testament voulait réconcilier l’humanité avec son Créateur après l’ultra violence de l’Ancien. Imaginerait’on Jésus descendre de sa croix et fumer les romains ? Bien sûr que l’on en meurt d’envie, par désir de justice et de vengeance ! Mais au final, si la figure du Christ en sort magnifiée, n’est ce pas par l’abnégation d’endurer les pires tourments sans abuser de ses pouvoirs en pardonnant à ses bourreaux ? fin de la leçon de catéchisme

Le lent apprentissage du pacifisme de Wolverine par Storm un personnage passionant qui fera le chemin inverse du griffu au fur et à mesure de la série

Le lent apprentissage du pacifisme de Wolverine par Storm, un personnage passionnant qui fera le chemin inverse du griffu au fur et à mesure de la série©Marvel Comics

Or la licence Marvel a ramené nos héros à la loi du Talion : conformément à l’adage biblique, lorsque le premier sang est versé, c’est l’humanité qui meurt toute entière. Mais comment faire revenir dans le rang des héros qui ont été si loin dans l’abjection  ? Et surtout quelles sont les valeurs véhiculées par Cyclope et sa bande ? Wolverine au moment de A VS X compare ses anciens amis à une poignée de fanatiques religieux perdus sur un rocher.

Isolés du reste de l’humanité, le rêve de coexistence pacifique est devenu une chimère. Cyclope envoie des commandos de la mort détruire ses ennemis. Ses Xmen tombent pour sauver une enfant dont ils ne savent rien. Bishop s’évertue à détruire l’hôtel Xavier qu’il révérait.  Wolverine ne se gène plus pour tuer ses ennemis devant ses copains qui ne se donnent même plus la peine de râler. Hank Mc Coy joue avec le continuum temporel. Gambit rejoint Apocalypse puis les Marauders, une bande de criminels tueurs d’enfants qu’il abhorrait autrefois ! Xavier est exclu de l’équipe pour être assassiné une troisième fois par ses élèves.

Avant de devenir un vra connard, Charles Xavier était clairement le Messie de la série, celui qui malgré des pouvoirs illimités refusait de nuire à ses ennemis

Avant de devenir un vrai connard, Charles Xavier était clairement le Messie de la série, celui qui malgré des pouvoirs illimités refusait de nuire à ses ennemis

4/Les morts de Charles Xavier

Voilà l’erreur fatale des scénaristes X. Faire grandir l’équipe ? oui ! L’ émanciper ? bien sûr ! Mais en détruire le dernier bastion moral ? Imagine t’on Luke tuer Yoda pour ensuite ouvrir une école Jedi ? C’est pourtant ce que fait Cyclope sans que personne n’y trouve à y redire.

Et surtout désormais deux courants s’affrontent au sein des mutants, histoire de recréer artificiellement les Blue et Gold Team de l’ère Lobdell-Nicieza. Mince ! L’actualité ne nous fournit pas assez d’exemples de partis politiques incapables d’accorder leurs violons pour éviter que les X-men n’aient à ressembler au parti socialiste débattant de la déchéance de nationalité ? Sommes nous vraiment à l’aise avec la similitude de gars ordinaires qui se sont radicalisés au nom d’un idéal messianique foireux ?  Qui proclament des Etats non reconnus par le droit international ?

Les vrais X-Men auraient combattu leur extinction avec dignité sans devenir de vils fanatiques. Morrison en désacralisant Xavier a posé la première pierre de cet édifice qui a fini par s’écrouler.
Certes il y avait Onslaught qui aurait dû tuer Xavier en bonne et due forme. Cela aurait évité au Luther King Mutant d’assassiner sa soeur in Utero (stupide), de sacrifier des gosses à Krakoa (absurde), de torturer ou de comploter avec les Illuminati (non, je ne parlerai pas des idées de Bendis…).

A partir du moment où l’idéal de cet homme a été sali par des auteurs irresponsables, il n’ y avait aucun retour en arrière possible. Depuis le run de Morrison, Xavier assiste impuissant, presque insouciant, à la montée en haine de ses élèves. D’ailleurs, d’amour il n’est plus question : plus d’idylle, d’amitié, de love story qui faisait le charme de la série. Tout le monde s’engueule, se hait ou cherche à se tuer….

La politique de la main tendue vaut mieux que celle du poing fermé ! Jy croyais moi ! Et j y crois encore tout seul dans mon coin)

La politique de la main tendue vaut mieux que celle du poing fermé ! J’y croyais moi ! Et j y crois encore (tout seul dans mon coin)…©Marvel Comics

Xavier,pourtant, c’était une boussole morale qui, enfant, m’a appris que manquer de compassion envers son ennemi, c’était devenir un ennemi à son tour. Que la politique de la main tendue valait mieux que celle du poing fermé. Qu’il était possible de ramener du bon côté un type malheureux qui avait toutes les raison de haïr l’humanité. Ces valeurs sont réelles, c’est même grâce à elles et celles d’Hergé que j’ai choisi de travailler auprès des plus faibles. Alors qu’à ma connaissance, on a jamais vu de Crossover influer sur la vie d’un lecteur….

5/La mort de Marvel

Est-ce dont ça le monde de Marvel ? Un monde sans espoir face au mal ? Où les pacifistes répondent à la colère par la colère ? Où l’on ne prend plus la peine de débattre, d’écouter l’autre? Où Xmen et Vengeurs décident du sort de l’humanité sans la consulter ? Où Scott Summers entreprend de marcher sur Washington comme Mussolini marcha sur Rome ? Où le DD de Netflix torture ses ennemis sous les bravos ? Où  Tony Stark , Stephen Strange et Reed Richard neutralisent Captain America qui leur parle de valeurs morales ?

Cable apprend la compassion. Euh... la quoi ?

Cable apprend la compassion. ©Marvel Comics

Tout l’univers Marvel est désormais entaché de trahisons, de suspicions, de mensonges et de manigances. Les héros ont, sous les applaudissements du public, effectué une révolution politique inquiétante.
Qui garde les gardiens ? Depuis Civil War, les personnages Marvel sont passés du statut de défenseurs de la planète à celui de dirigeants !  Puis, sous l’impulsion de Jonathan Hickman, de destructeurs de monde ! Toutes les dérives du Super Héros que Moore décrivait 30 ans auparavant dans son Watchmen.

Alors, oui, bien sûr, c’est jouissif de les voir se débattre sous leurs responsabilités, mais les questions soulevées sont finalement les mêmes qu’à propos de la Bombe Atomique. A savoir:  celle-ci lorsqu’elle explosa à Hiroshima sauva t’elle plus de vies qu’elle n’en détruisit ?  Or, les Comics Marvel se sont rendu complices de cette idéologie de la riposte proportionnelle à l’attaque.  Un monde où il n’y a presque pas de différences entre le bien et le mal, entre Tony Stark et Norman Osborn. Entre les Thunderbolts, les Dark Avengers et la X-Force. Où les X-Men n’ont plus rien à envier aux Acolytes, qui en leur temps pensaient qu’un vieillard catatonique assis sur son caca était leur messie…

La négative zone durant Civil War. Iron Man ouvre un Guatanamo en toute impunité chez Marvel et na jamais été jugé depuis...

La négative zone durant Civil War. Iron Man ouvre un Guatanamo en toute impunité chez Marvel et n’a jamais été jugé depuis…Comme Georges Bush !©Marvel Comics

Et bien non ! Cet univers où l’on terrorise les terroristes me répugne ! Il est aussi terrifiant que la France post 13 novembre où la démocratie se délite et la guerre civile gronde.  Ce n’est pas pour ça que j’ai signé !
Ouais, chapeau les gars ! Vous avez réussi ! Les Surhommes Marvel sont devenus des types qui déchargent leur frustration, leur haine sur tout ce qu’ils n’arrivent plus à appréhender. Des héros qui n’y croient plus. Incapables d’aider les autres et infoutus de se sauver eux-même. Convaincus de leur légitimé et de leur importance comme des politiciens autosuffisants.

Les X-Men, étaient les adolescents révoltés de Marvel fiers de leur différence qui luttaient pour s’intégrer. Leur seul combat consiste désormais à ne plus se désintégrer. Sous les yeux navrés de lecteurs qui continuent de les aimer comme des gosses qui auraient mal tournés.
Leur monde, le reflet du nôtre en fait,  est égoïste, creux, sans valeurs ni bonté,  vidé de sa substance, réduit à un décor de jeu vidéo, à un battleworld que l’on peut effacer comme une ardoise magique quand ça devient trop compliqué à gérer.
Alors oui, cet univers, vous pouvez secrètement le détruire, je m’en fous ! Je ne veux plus croire en des héros fascinés par la loi du plus fort et occupés à défendre une justice qu’ils ne s’appliquent pas.
Tout le monde est là ?  Voila ! Je tire la chasse ! Ça commençait vraiment à puer par ici…..

Les marches sur Washington de Luther King et de Scott Summers. Cherchez lerreur...

En Marche !©Marvel Comics

98 comments

  • Farid  

    Un commentaire pertinent sur la régression de Marvel.
    En espérant que les lecteurs d’aujourd’hui aillent voir ce qu’il y avait avant,car les idées véhiculées de nos jours sont négatives.
    Les comics sont,après tout,un autre média gangréné.

  • JP Nguyen  

    @Tornado :
    « Pour moi, les gens doivent arrêter de penser en noir et blanc et apprendre, au contraire, à penser en nuances de gris. »
    Bon, et maintenant, on attend de pied ferme ton article sur 50 Nuances de Grey (le livre + le film, double peine…) !
    Non, j’déconne, je ne t’en veux pas à ce point, Tornado !

    • Présence  

      Plutôt que de penser en noir & banc, ou en même en nuances de gris, il semble plus postmoderne de penser en couleurs, avec le maximum de couleurs possibles, et d’en apprécier chaque nuance.

      • Jyrille  

        D’accord avec Présence. Cependant, fondamentalement, j’ai tendance à penser comme Bruce : nous sommes tous bons, ou tous de bonne volonté. L’éducation est nécessaire, mais c’est également elle qui transforme de jeunes gens en gens perdus, désespérés, violents, triste, idiots.

        • Tornado  

          ??? Heu… Non non. C’est le manque d’éducation (ou encore l’éducation passant par la maltraitance) qui transforme de jeunes gens en gens perdus, désespérés et violents. L’éducation est salutaire. Dans mon métier, chaque jour illustre cette vérité.

          J’entends par éducation une éducation humaniste, qui prône les valeurs inviolables (respect, politesse, altruisme, culture) et la liberté. Et non une éducation sclérosante où l’on pratique la brutalité, le carcan et le lavage de cerveau, où l’on oblige l’enfant à suivre telle ou telle voie, etc. Mon discours et ma vision des choses sont humanistes. seulement elles ne sont pas démagogiques. Pas de pensée simpliste en noir et blanc.

          • Bruce lit  

            J’entends par éducation une éducation humaniste, qui prône les valeurs inviolables (respect, politesse, altruisme, culture) et la liberté. Et non une éducation sclérosante où l’on pratique la brutalité, le carcan et le lavage de cerveau, où l’on oblige l’enfant à suivre telle ou telle voie, etc. La boucle est bouclée 🙂
            Les Xmen de mon enfance ont justement été vecteurs populaires de cette éducation.

          • Jyrille  

            Voilà, Bruce a répondu à ma place : ce que tu appelles le manque d’éducation, je l’appelle éducation aussi, mais négative, qui te montre que tu peux taper ta femme, maltraiter tes gosses etc… C’est une forme d’éducation aussi.

  • Tornado  

    @JP : « je ne t’en veux pas à ce point ». Pourquoi ? Tu m’en veux quand même « un p’tit peu » ?

    @Présence : Ta formule est superbe. Dans mes bras !

    • JP Nguyen  

      @Tornado : mais non, même pas un p’tit peu… (Je te saute pas dans les bras, y’a déjà Présence…)

      • Bruce lit  

        @JP, Présence et Tornado: la solution à vos problèmes de sauteries ici : aimez vous les uns sur les autres ! (le seul chanteur dont j’attends impatiemment le prochain disque !).

        @euh, qui lira encore cet article….qui a fait un joli carton et donné lieu à des débats passionnants. Pour avoir écrit sur la Shoah et autres horreurs de l’histoire, je ne prétends pas à absoudre l’homme de ses crimes. Et mon boulot à base d’enfants brutalisés, incestés, de femmes battues et d’hommes brisés me donne une place VIP aux tribunes de l’injustice, de la désaffiliation et de l’indifférence. Simplement, plus le temps passe, plus je perçois l’humaniste et la culture de paix non pas comme un caprice mais comme un fondamental non négociable,qu’importe les crimes commis. Présence et Tornado se rappelleront d’une petite nouvelle bien misanthrope sur la vie dans les transports en commun.
        C’est déjà pas mal…compte tenu du boulot, c’est la démarche inverse de devenir aigri et destester tout le monde. C’est déjà ça….
        Sur le débat concernant les X-Men je dirais ceci : les Xmen sont désormais une photo parfaite du repli sur soi de nos sociétés démocratiques. A bien des égards, l’histoire des Xmen se calque sur celle d’Israël: une population exterminée impitoyablement se réfugie sur un petit caillou Utopia / Israël. Alors que cet état aurait dû leur garantir paix et sécurité, l’attaque de factions leur niant le droit d’exister les amène à riposter plus violemment et à son tour devenir des oppresseurs. L’histoire de l’humanité en quelque sorte.

  • Lone Sloane  

    Une chronique mémorable, et les mots ont un sens, Bruce. Les commentaires sont riches et pour célébrer cet humeur massacrante, j’ai envie de dire « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Mais comme je n’ai ni l’âme d’un pénitent ni la malchance d’un biterrois, je préfëre laisser un DJ inspiré reprendre ses mots sanglants en leur donnant un sens plus fraternel et planant:
    https://m.youtube.com/watch?v=bHKrp7cpsBo

  • Matt & Maticien  

    Un article éclairant sur la régression de ces héros connectés à leur époque et en phase avec nos doutes. La fonction première du héros est sans doute de faire ce que l’individu lamba n’ose faire. Aussi le héros a pu mener du temps de Claremont sa première guerre sur les droits civiques, mais aujourd’hui il revient à sa première fonction: tuer nos ennemis, nous venger. Le procès des X men sous cet angle est délicat, c’est aussi celui du lectorat. Il faudrait un courage important et non rémunérateur pour faire autrement.

    Tout au plus, ils pourront porter un regard sur les limites des évolutions de nos systèmes démocratiques pour lutter contre le fanatisme et les problèmes éthiques que cela pose.

  • Bruce lit  

    oui Mat.
    Je n’ai jamais attendu des héros qu’ils me vengent, mais qu’ils nous défendent. La différence reste subtile. Je n’ai jamais attendu qu’ils reflètent la mentalité du plus grand nombre, mais qu’au contraire, en tant que culture alternative (et quand bien même mercantile, l’un n’ a pas toujours empêché l’autre), il prennent le contrepied de la pensée dominante.
    Le doute fait partie aussi de l’identité super héroïque. Les plus grands ont souvent raccroché les gants. Avant de les reprendre au nom justement de leurs idéaux. Aujourd’hui au contraire, personne ne les arrêtent, et surtout pas la justesse de leurs actes….

  • Matt  

    Tiens, mais quel article intéressant que j’avais loupé (je fus redirigé ici par le lien du dernier article sur Fox Boy de JP)
    Difficile de ne pas être en accord avec ce que tu écris, Bruce. Car c’est très vrai. Mais effectivement le monde des héros n’est pas compatible avec notre monde réel, donc peut-on dire que c’est aussi grave pour un héros de tuer une entité galactique capable de raser un pays par la pensée, qu’un flic lambda de notre monde qui tuerait un voleur de sac à mains ?
    Je conçois évidemment le problème de l’image véhiculée du héros à travers un acte violent ou de sang froid, mais dans un sens, comme tu le dis toi-même, il y a un certain reflet de notre société dans cette évolution des X-men et si tout ceci était écrit dans un autre comics que chez Marvel, ce serait plutôt bon.

    Le principal problème au final n’est pas tellement la pertinence de cette évolution, mais plutôt qu’il s’agit de figures emblématiques d’un univers qui sont censés rester des héros. Alors que si on ne les voit pas spécialement comme des héros mais juste des « gens » dont on suit les aventures, on s’offusque moins de ces changements.

    Le problème c’est toujours cette continuité qui réclame un retour au statu quo après tous ces crimes.
    Pour l’instant, en ce qui me concerne, je prends ce qui m’arrange dans la continuité et j’essaie d’oublier le reste. Tout comme j’essaie de me dire que dans un monde peuplé de gens aux super pouvoirs, il est difficile de déterminer la gravité d’un crime. Oui tuer ça reste mal…mais épargner quelqu’un avec le pouvoir du phénix…c’est un peu con aussi. Le problème ne vient pas du degré de cruauté du criminel, puisque s’il n’est qu’un homme, eh bien l’arrêter suffit. Mais qui parmi nous peut mesurer les options raisonnables possibles face à quelque chose comme le phénix ? Nous n’avons pas d’équivalent dans notre réalité pour juger de ça.

    Peut être que mon raisonnement peut paraître…laxiste…mais je reste conscient qu’on est chez Marvel et que par conséquent, plein d’auteurs passent sur les personnages, et lorsque les auteurs sont mauvais, ben ils font de la merde. Faut-il à cause d’un seul mec qui aura fait un truc aberrant sur tel ou tel personnage, stopper tout lecture ultérieure ? Ou n’est-ce pas mieux d’essayer d’oublier ça et lire des histoires qui n’en font pas mention ? Je n’ai jamais lu Deadly Genesis de Brubaker par exemple, et je n’ai rien lu qui en fait mention. Donc je peux tout aussi bien faire comme si ça n’existait pas. J’ai lu War of Kings qui met en scène Vulcan comme méchant empereur des Shi’ars…mais rien ne m’a indiqué d’où il sortait et je m’en fous un peu.

    Je ne questionne pas ton choix d’arrêter, Bruce. C’est ton choix. Moi aussi j’ai stoppé avant Secret Wars, et je n’ai volontairement rien lu de Bendis sur les X-men. mais c’est davantage parce que ça devient compliqué avec tous ces persos, ces univers, ces events incessants.

    Je m’interroge juste sur la pertinence de condamner certains récits osés chez Marvel qui ont fait évoluer les persos (chose difficile dans le mainstream…regardez Spidey)
    Je ne suis pas aveugle, je vois bien le problème de « l’après » et je suis d’accord avec ton article. Mais peut être qu’il faut juste prendre les récits pour ce qu’ils sont et moins accorder d’importance à la continuité pour certains aspects. Il ne faut pas avoir la sensation qu’on approuve l’association héroïsme/cruauté et avoir donc le sentiment de devenir un connard en lisant ces histoires. Je pense qu’il faut juste prendre du recul sur le fait que c’est pas réaliste, que c’est parfois contradictoire selon les auteurs etc…en gros que la continuité est bordélique (oui Tornado je pense à toi, là.)

    Après moi ça ne fait pas 30 ans que je suis ces personnages, je n’ai surement pas le même ressenti que toi. Et je comprends très bien les problèmes soulevés par cet article fort intéressant. Je tenais juste à livrer ma façon de voir les choses et pourquoi ça me permet d’être moins gêné par ces problèmes. En espérant ne pas passer pour un gros radical qui défend la torture…

    • Bruce lit  

      Hello Matt,
      Ce qu’il faut comprendre, c’est que cet article est paru quelques semaines après les attentats, en pleine crise des réfugiés et le débat sur la déchéance de nationalité.
      Et je me suis dit que le baratin qu’on nous servait à cette époque n’était finalement pas si différent de la politique Marvel: promettre du changement qui n’en est pas, vendre du rêve qui n’en est plus, faire semblant de s’intéresser aux autres, défendre les faibles tout en maintenant son Oligarchie. Je lis tellement de choses plus courageuses que Marvel, non c’est plus possible. Tiens ! j’ai fini ce matin les Trois tomes de Prophecy et j’ai trouvé ça extraordinaire ! Merci de m’avoir convaincu de m’accrocher: un thriller haletant, tellement moins chiant que Death Note avec une vive critique aussi bien des injustices sociales que la beauferie sur Internet. Il ne m’en faut pas plus !!! mais pas moins….

      • Matt  

        Bah après je ne lis pas non plus du Marvel dans le but de lire du commentaire social profond. C’est plutôt pour le divertissement, et si au passage y’a des subtilités, c’est tout bénef. Je suis bien d’accord qu’il y a mieux que Marvel pour ça. Disons que moi ce n’est pas tellement cette évolution qui me fait fuir (parce que je fuis quand même au final…trop bordélique le Marvel post Secret Wars)

        Ah ça me fait plaisir que tu aies apprécié Prophecy. Je ne pensais pas te convaincre, j’en avais juste glissé un mot, mais oui c’est du très bon. Les dangers des réseaux sociaux et la cruauté des gens sur le net qui prennent tout pour un divertissement sont vraiment des sujets d’actualité révoltants.
        J’ai lu et apprécié tout ce que cet auteur a écrit (à des degrés différents, ses One shot étant forcement moins ambitieux). Le fait qu’il ne se perdre pas dans 30 tomes par histoire m’a aidé aussi à m’y intéresser. Il y a un personnage du One Shot Reset qui fait un cameo dans Prophecy d’ailleurs. Reset est le meilleur de ses 2 one shot pour moi parce qu’il apporte tout de même une petite réflexion sur la valeur de la vie. Duds hunt est plus anecdotique.

        • Bruce lit  

          Je n ‘attends pas de Marvel des théories sociologiques tu sais mais d’avantage sur les valeurs. Quand un médium te vend les héros les plus populaires du monde qui pratiquent l’isolationnisme, le radicalisme et le communautarisme, il y a de quoi n’être pas acheteur. Tous ces events ont fini par me dégoûter. Je peux me rappler de certains dialogues mot à mot lus il y a 30 ans tandis que je ne rappelle déjà plus de Original SIn….
          Tant pis pour Marvel ! Perdre un lecteur fidèle est plus grave que perdre ses souvenirs…

          • Matt  

            Et tu n’as pas aimé le commentaire critique de Ellis sur la politique moralisatrice et opportuniste des Etats Unis lors de leurs interventions dans les pays d’Afrique ? C’était dans Xenogenesis, lorsque les X-men enquêtent sur des naissances mutantes. (je sais que t’aimes pas Ellis mais pour le coup il y avait un commentaire intéressant et un portait tristement réaliste d’une Afrique sujette à pas mal d’injustices)
            Après c’est sûr, les héros n’en sortent pas forcement grandis. Mais le comics a servi à véhiculer autre chose qu’une grosse baston. Moi ça me suffit des fois. Tant pis si les héros ne sont pas tous nobles et ne servent pas d’exemple. Le Punisher est un « héros » aussi, mais je crois que personne n’a jamais voulu qu’il devienne un exemple. C’est plutôt Spider-man, le mec coincé dans son rôle de gentil, qu’on veut nous servir comme modèle.

          • Bruce lit  

            Ah non ! pas de gros mots hein !!!
            Ellis chez les Xmen, c’est comme Alesia chez Asterix ! Ça n’a jamais existé !!!!!

          • Matt  

            Ah là là…
            Bon ben va lire du Tetsuya Tsutsui. Il reste Poison city.
            Très sympa mais différent. ça perd peut être un peu en intérêt pour les gens déjà bien familiers avec le monde de l’édition et la censure, mais nous avons droit tout de même à une belle critique d’une société hypocrite qui va chercher des boucs émissaires là où réside la liberté d’expression. ça reste bien écrit, intelligemment, même si ça aura surement plus d’impact pour ceux qui découvrent pour la première fois les coulisses de l’édition.

          • Bruce lit  

            C’est noté ! Encore un horizon nouveau, youpi !
            Du coup je l’ai relu ce soir (que ça à faire dans des transports qui veulent ta mort), et j’ai trouvé l’écriture très solide. Quel dommage que les Japonais soient souvent peu tentés par l’exploration de la personnalité de leurs personnages.

  • Eddy Vanleffe  

    BRAVO! BRAVO! (BIS)

    l’article que j’aurais voulu écrire si j’en avais le talent. tout y est magnifiquement détaillé.
    j’adhère à 100%
    vraié éloge de l’héritage de Chris Claremont, bien plus efficace que la simple énumération des ses arcs les plus reconnus…
    Oui, les Xmen et les super héros sont devenus des gros gros fachos avec une rengaine à la « tough men-tough choices »
    il parait que c’est réaliste, mature tout ça…
    seule solution trouvée chez marvel depuis? l’humour cartoon vaguement impertinent comme dans Howard, Squirel girl, Moon girl etc…

  • Matt  

    Ah tiens c’est ici dans le débat de l’année dernière que tu me remercies de t’avoir convaincu de finir Prophecy, Bruce. T’as vu hein ? Hein ? Tu avais oublié.

    Ahem…
    Bon sinon un débat qui reste le même, on ne va pas en faire une rediff.
    Mais je persiste en disant que l’isolationnisme, le radicalisme et le communautarisme, c’est pas des crimes en soi (enfin…sauf si le radicalisme s’accompagne de meurtres) et qu’il y avait moyen de sortir les X-men de cette situation et même de rendre le « confort » de cette situation compréhensible pour un peuple qui se sentait menacé et isolé déjà au niveau légal. Avec aucun soutien de la part des nations du monde, comment ne pas avoir envie de vivre en dehors du monde ? Comme les inhumains tiens. Il ne faut pas tomber dans le piège de comparer ça avec un peuple d’êtres humains. Car les X-men ont beau être une métaphore pour parler des problèmes de tolérance réels, il me semble qu’aucun peuple du monde est à ce point dépourvu de soutien de la part des institutions internationales. Enfin si…les pauvres indigènes d’Amazonie qui se font détruire leur habitat par la construction de barrages sur le fleuve. Mais ils ne pratiquent pas l’isolationnisme eux peut être ?^^ A vouloir vivre peinard dans leur coin sans la société moderne. D’ailleurs les gens malheureux, persécutés, souffrant…ils s’isolent bien. C’est juste que là, comme Cyclope est un leader d’une communauté mutante, il entraine tout le monde avec lui dans sa peur et son rejet des humains.

    Non le vrai drame c’est Bendis et Soule qui n’ont pas voulu faire de cette situation quelque chose de profond et de compréhensible. Cyclope est devenu un vrai con après AvX (alors qu’avant il était pour moi dans une grande souffrance) et Soule l’a tué.
    Voilà voilà…

    • Bruce lit  

      Salut Matt,
      Non le radicalisme ou le communautarisme n’est pas un crime mais l’histoire a montré qu’elle va de paire avec la violence. Regarde l’histoire d’Israël : un peuple persécutés décide enfin de ne plus subir la haine qu’il subit depuis deux millénaires ? Comment les blâmer ? Avec l’aval de la communauté international, le peuple juif s’installe en Israël, avant le déchaînement de violence que l’on connaît et l’adage des victimes devenant bourreaux.
      Que certains Xmen, dont Cyclope puissent être tentés par le radicalisme, comme dit dans l’article pourquoi pas. L’erreur majeure de Marvel reste d’avoir fait des champions de l’intégration ceux de la désintégration.

      • Matt  

        Mais comme je le dis juste après (mais nous devions écrire en même temps^^) ; les faire sombrer pour mieux se relever ç’aurait pu être intéressant. La victime ne peut-elle devenir bourreau ? Ne peut-elle avoir des faiblesses ? Si les X-men avaient tué des peuples entiers, là ok je dirais c’est foutu. Mais ils n’ont pas fait grand chose de mal, à part aller se planquer.

  • Matt  

    Et puis j’ose dire : ce ne serait pas intéressant le portrait d’un radicaliste ? Ou disons comment et pourquoi quelqu’un peut devenir ainsi ? La peur, la persécution (parce que j’ai envie de dire que les X-men ont plus de raison de craindre les humains que n’importe quel facho du monde), le tout alimenté par les médias. Magneto n’est-il pas passé par là pour finalement en revenir ? Alors certes on ne veut pas u’ils basculent, c’est censé être des héros. Mais les faire basculer un moment pour les faire revenir, ça pouvait être passionnant. Personne n’est parfait, certaines peurs sont justifiées, etc.
    Et l’isolationnisme n’est pas non plus une position agressive. Le seul élément vraiment agressif de la part des X-men de cette période, c’est la formation de X-force. Tout d’abord cautionnée par Cyclope mais pour, dans un sens, s’engager dans une guerre « juste » comme tu le dis plus haut. Comme le Captain America qui va mettre une mandale à Hitler. Ils affrontent qui X-force ? Bastion ! Un foutu robot programmé pour le génocide. ça va, hein, on ne va pas le plaindre le bidule. Bien sûr que c’est très discutable moralement. Mais pas plus que les actions du Punisher. Et au final Remender traitera intelligemment le sujet dans son run sur Uncanny X-force.

    Non pour moi ça prenait une direction plus sombre mais intéressante. Jusqu’à Bendis…(bon…le run de Fraction n’était pas terrible mais il n’a rien fait de catastrophique non plus, juste des histoires un peu chiantes)

    (eh ben voilà j’ai recommencé le débat finalement…tss. Enfin…je dis des trucs nouveaux au moins^^)

  • Matt  

    Tiens sinon pour info : un truc aberrant que j’ai lu durant la période Fraction : la mini série Psylocke de Christopher Yost.
    Bon…au départ javais lu « sisterhood » de Fraction. Pas génial, une sorte de retour de Madelyne Prior à la tête d’une confrérie de vilaines (Spirale, Deathstrike, etc) qui se procure le corps de Betsy Braddock (le vrai corps, l’occidental, qui était habité de l’esprit de la ninja Kwannon depuis ue Claremont a écrit ce bordel de chagement d’esprit) et…je sais plus trop, ça explique le retour de Psylocke dans son corps asiatique ou je ne sais trop quoi.
    Bon jusque là ok ça se bastionne, ça vole pas haut mais rien de honteux.

    Il y a une sorte de suite dans la mini série « Psylocke » Celle ci veut aller se venger de Matsuo qui a procuré le corps de Kwannon à la « sisterhood ». Et elle découvre un Matsuo mutilé. Et prend pitié de lui. Jusque là ça semble tenir la route, même si ceux qui se foutent de l’histoire de Psylocke ne trouveront pas ça intéressant.
    Mais le truc aberrant…c’est qu’il s’agit de Wolverine qui mutile Matsuo chaque année à l’anniversaire de la mort de sa chérie Mariko. Sympa le « héros » griffu hein ? Il s’avère que Matsuo veut mourir, et Wolverine s’engage dans un combat toutes griffes sorties contre Psylocke ! Parce qu’il ne veut pas qu’elle abrège ses souffrances. C’est quoi le plus dingue ? Qu’il essaie de buter une amie ou que l’enjeu du combat soit juste de faire souffrir davantage un type ?
    C’est un peu dommage car l’histoire entre Psylocke et Matsuo aurait pu être sympa puisque Psylocke offre à Matsuo une mort paisible avec une illusion qui lui donne l’impression de rejoindre Kwannon (qui était sa chérie, et Psylocke le sait pour avoir partagé des souvenirs avec elle).

    Mais putain Wolverine est un taré irrécupérable dans cette histoire !! C’est pour ça que des fois, il vaut mieux ne pas trop s’accrocher à certains éléments de la continuité quand des auteurs écrivent très mal les personnages.
    C’est un peu le problème avec les personnages écrits par des tonnes d’auteurs.

  • Guillomcool  

    Excellent article, très juste. Les X-Men n’ont pas perdu leur âme par essence, ils ont perdu leur âme par le jeu d’écritures des scénaristes. Des scénaristes bien décidés à faire parler d’eux au détriment des personnages. J’ai toujours considéré que les artistes de BD/comics/manga réussissaient leurs œuvres lorsque leurs personnages étaient plus connus que la griffe de ceux et celles qui les avaient pensés, mis en scène …

    • Bruce lit  

      Salut Guillaume,
      Très intéressante reflexion. Que ce soit Morrison, Millar ou Fraction il est vrai que les Xmen semblent servir de jalons sur un CV qu’une déclaration d’amour envers ces personnages fabuleux.

      @Matt : les X-Writers un par un : Morrison, le moins pire qui a redéfini avec un talent certain la X-Story avec pleins d’idées fabuleuses mais une méconnaissance totale de l’âme des personnages à l’inverse de son Batman.
      Austen : un run nul, mais finalement assez innofensif par rapport à ce qui allait nous tomber sur la gueule
      -Millar : Les Xmen se transforment en beautiful people
      -Whedon : fun et bien écrits, on commence à traîner Xavier dans la merde
      – Brubaker : un gigantesque pas en avant vers leur ruine : La saga Vulcain (j’en reparle bientôt) et la destruction de l’hötel Xavier par un Xman…..
      -Fraction : les Xmen deviennent une agence tout frime et Cyclope l’avatar à peine déguisé de la prétention de ce petit monsieur infect plus obsédé par ses tatouages que la métaphore racial. La saga Utopia est sans doute l’un des plus mauvais crossover de tous les temps.
      La série Cable/Bishop : nul, l’amitié et la solidarité des personnages est traînée dans la merde et ce pendant plusieurs siècles
      Bendis :…..
      Ellis : ?
      Gillen : aucun interêt, qui se souvient encore de ses histoires.

      Carey : de bonnes idées sur Legacy, Supernova gâché par l’épouvantable Bachalo
      Remender + Aaron : deux exceptions avec des runs pris en otage par les touche pipi de Quesada Alonso
      Ah oui, et Peter David, on l’oublie toujours lui, je ne l’ai pas lu mais il semblerait qu’il ait fait du bon boulot.

      • PierreN  

        « Ah oui, et Peter David, on l’oublie toujours lui, je ne l’ai pas lu mais il semblerait qu’il ait fait du bon boulot. »

        Et comment !
        Au rayon des séries solos (hors Wolvie) de ces 17 dernières années, est-ce qu’il y a des choses à sauver sinon (Cyclope, Iceberg, Storm & co) ?

        • Matt  

          Faudrait que je lise Storm de Greg Pak.

      • Matt  

        Millar a fait du X-men ? Peter David aussi ? Quand ça ?
        Carey : Bachalo ne me dérange pas donc ça va^^ J’ai bien aimé Supernovas et ses Legacy en effet.
        Ellis : Hé ! Moi j’ai trouvé 2 de ses histoires sympas. Je ne comprends pas la haine de ce petit run sur astonishing qui semble être l’avis dominant sur le net.
        Whedon : M’enfin y’a que moi qui trouve que c’est pas si grave que ça le coup de la salle des dangers ? Une simple phrase entendue 1 seule fois et Xavier aurait du tout piger ? Carey le réhabilite bien lors de la saga qui voit Malicia récupérer ses pouvoirs. En disant qu’il a démonté la machine et qu’il a rien compris. Et qu’il a mis ça sur le compte de la fatigue.
        C’est Brubaker qui le traine dans la merde surtout. Tiens tu l’as oublié celui là^^

        Il y a Milligan aussi. Après Austen. Euh…c’est bizarre. Des idées sympas mais des personnages qui se chamaillent comme des gosses. ça passe dans la première histoire « Golgotha » puisque c’est le pouvoir de la créature étrange de rendre parano les gens. Mais ça dure encore par la suite. J’ai pas tout lu cela dit. Mais il parait que Blood of Apocalypse est assez naze.

        • PierreN  

          Millar=> Ultimate X-Men
          PAD=>X-Factor
          techniquement ce sont bien des séries mutantes, même si l’une est un spin-off, et que l’autre se déroule dans un autre univers.
          N’oublions pas également Spurrier sur X-Men Legacy et la mini-série sur Kitty illustré par Paul Smith. Quelqu’un a t-il le Nightcrawler de Claremont (période Marvel Now) ?

          • Matt  

            Ah oui le X-factor de David, j’oubliais. Le truc super mal publié en VF. Dommage, je l’aurais bien lu ce run.
            Connais pas cette série sur Diablo.
            Mais Bruce semblait intéressé par la série Iceman de Sina Grace (je sais pas du tout qui c’est)

  • PierreN  

    En regardant la couverture de Larocca avec Scott, je me suis dit que le redesign de Cyke par Bachalo ne me déplaît pas, mais aussi que d’une certaine façon, je n’arrive pas à l’apprécier pleinement, tout simplement par ce qu’il correspond à une période que je n’aime pas (le run de Bendis).
    C’est comme si il était entaché par le niveau de l’ère dans laquelle il s’inscrit. C’est à se demander si la qualité d’un run influe sur l’appréciation des costumes. Les design de l’ère Austen je les trouve moches et à l’inverse ceux de l’ère Morrison ne me déplaisent pas (sauf le bouc de Logan).

    • Bruce lit  

      Et les cheveux plats de Logan ?
      Je n’ai jamais compris comment fonctionne le costume de Bachalo puisque tout converge vers….son nez.

      • Matt  

        Exact. Perso je trouve ça complètement con ce X en pleine face. Involontairement comique. On peut imaginer que le rayon ne part pas de l’intersection du X puisque Cyke n’est pas un vrai Cyclope. Mais même en imaginant que le rayon parte de plus haut…ben…y’a pas de visière quoi. ça devrait faire un trou dans le costume. Quitte à dessiner un foutu X, autant le faire comme ça :

        https://img03.deviantart.net/b5c3/i/2015/079/d/0/cyclops_marvel_now_by_emper0r_jax-d8me8oy.jpg

        Là, ça passe mieux

        Et chez Morrison la tenue de pute d’Emma je suis pas bien fan non plus. ça donne de l’eau au moulin des détracteurs du personnage en plus^^ Alors qu’avant et après Morrison, elle n’a pas de costume aussi révélateur.

  • Bruce lit  

    « – Brubaker : un gigantesque pas en avant vers leur ruine : La saga Vulcain (j’en reparle bientôt) et la destruction de l’hôtel Xavier par un Xman…. » : c’est dit, Matt 😉

    -Mike Carey a fait un travail remarquable pour réhabiliter ce pauvre Charles sur Legacy. Le fait qu’il ait fallu qu’il s’y colle, avec clairement un cahier des charges allant dans ce sens, prouve qu’il en était besoin.

    -Tiens j’ai lu le Cyclope de BK Vaughan cette AM que j’ai trouvé très bien écrit. Je me tâte pour en écrire un article. Qui est intéressé ?

    -Pierre, toi seul semble être en capacité d’écrire sur Peter David.

    Parmi tous les tocards (c’est presque une confrérie, non ? ) cités plus haut, j’en ajoute deux que tout le monde a déjà oublié mais super actifs ces années là : Kyle et Yost.

    • Matt  

      De Kyle et Yost j’avoue que j’ai bien aimé les séries sur X-23. Target X et Innocence lost.
      Même les épisodes de X-force avec Bastion n’étaient pas déplaisants (je les avais lu pour piger Second coming et d’où sortait Bastion)

      Tiens je suis tombé sur ça. « Common Criticisms Revisited » : rien que le titre, j’aime bien. Juste pour le principe d’avoir un autre son de cloche :

      http://www.comicscube.com/2015/08/common-criticisms-revisited-peter.html

      J’aimerais bien me faire mon propre avis complet sur le run de Milligan dont je n’ai lu que le tout début. Mais j’ai peur aussi de me ruiner pour un truc naze.

      • Bruce lit  

        Très intéressant. Merci.

  • PierreN  

    Il y a aussi Endsong, une mini-série de Greg Pak et Greg Land avec le Phénix qui n’a pas non plus l’air très appréciée. Mine de rien, il y a un certain nombre d’auteurs qui se sont viandés sur les séries mutantes (je relance d’un Brian Wood et d’une Marjorie Liu, de quoi alimenter le top of the worst).

  • Bruce lit  

    @Matt:…..
    On est d’accord ?
    ?
    ?
    Yes !!!!!
    🙂

    @Matt +Omac : je suis parfaitement d’accord sur le volet symbolique : Cyclope a tué le père, il fait de son masque une cible aux yeux de tous en expiation (hypothèse de l’ami Sam de Comixity).
    Là où je ne suis pas d’accord Omac, c’est que Morrison avait fait un truc intéressant repris par Aaron : la révolte, le cynisme et la désabusion que tu décris fort bien, fort réelle, et fort légitime était celle des étudiants : Magneto puis Cyclops was right. Suis-je naïf ? Notre monde serait plus sinistre que celui qui émergea après deux guerres mondiales, deux bombes atomiques et la Shoah ? Je ne crois pas. Nous sommes plus conscients, plus responsables et plus fatigués, oui, ça, c’est certain.
    Cette crise aurait pu être incarnée par une faction oui, c’était intéressant ce Schisme. Mais l’argument a vite été balayé par l’éditorial de Marvel. J’avais adoré lorsque Colossus partait rejoindre Magneto dans l’espace pour la même raison.
    Je dis, et les faits me donne raison, que lorsque les héros qui incarnaient résistance, espérance , humanisme et résilience face aux agressions qu’ils subissaient (notamment grâce à la force de leur amitié) deviennent cons, violents et rancuniers, il ne faut pas s’étonner que plus personne ne s’intéresse aux Xmen. Quand même, au cinéma, c’est aussi la version positive qui cartonne, pas celle façon chemise brune. Il est désormais difficile de revenir en arrière, sans avoir recours à la magie ou en remplaçant ces personnages adultes et désabusés par les puceaux chouinards de Bendis.
    Pour ma part, je reste convaincu qu’il est possible de « bien » vieillir sans toujours être aigri, fatigué et violent.
    Garder foi en l’humain est un acte de foi intime qui ne doit jamais vaciller quelque soient les horreurs car l’alternative est pire. C’est cela, le message des Xmen. Le vrai.

    • Matt  

      Au delà de tout ça, de manière plus pragmatique et moins symbolique, Cyclope est devenu plus violent depuis sa possession par Apocalypse. Déjà chez Morrison il mentionnait ça. Du coup qu’il devienne radical, effrayé, et tout ça, ça se tient. Il devient un Malcolm X qui aurait pu, comme le vrai, revenir dans le droit chemin avant la fin.
      Oui ça « casse » la belle image, les beaux idéaux, mais justement quelque chose est cassé chez Cyclope. Il n’a plus la foi. Et ce n’est pas irréaliste ni mal écrit. Au delà du message, il y a les faits, les expériences que le personnage a vécu.

      Tu dis « Garder foi en l’humain est un acte de foi intime qui ne doit jamais vaciller quelque soient les horreurs car l’alternative est pire. » Mais demander ça à quelqu’un, c’est extrêmement exigeant. Ce n’est pas juste lui demander de ne pas être violent, c’est lui demander d’avoir une foi sans faille. Tu vas me dire que c’est le principe du héros. Ben…oui mais non, c’est le principe du héros « naïf ».
      Et comprendre pourquoi des gens se radicalisent, se cachent ou ont peur, ça peut aussi être intéressant. Certes tu le dis « si c’était hors Marvel sans retour au statu quo ç’aurait pu être bien ». Mais je maintient que l’affaire Utopia aurait pu se « résoudre », que ce n’était pas un voyage sans retour en arrière possible. C’est l’histoire de Malcolm X.
      Murdock aussi a bien fait plein de crises dont il est revenu sans arrêt. Les conséquences en étaient moins fâcheuses certes…mais ça c’est juste parce qu’il n’est pas un leader d’une équipe qu’il entraine avec lui.

      Après oui les autres X-men ont mis du temps à se rendre compte que Cyclope pétait un plomb, ils sont restés passifs. Mais là, si on cherche le comportement logique des personnages dans le détail dans toutes les histoires, on se rend compte qu’il y a des bastons entre potes débiles dans plein de vieux comics…et chez Claremont aussi. Disons que lorsque le message est « grave » ou « sinistre », on est hyper pointilleux sur le moindre choix scénaristique histoire de pointer du doigt pourquoi ça va pas. Quand le message est positif, bof pas grave si au milieu des amis se tapent dessus pour une broutille, c’est du détail.
      Je me trompe ?

      Mais on est d’accord sur le fait que Marvel n’a pas voulu réhabiliter Cyclope, que Bendis a fait n’importe quoi, etc. ça, oui. Si tu vises la période post AvX je ne peux rien dire. Avant, je trouve que les choix scénaristiques se défendent. Ce qui n’empêche pas que certaines histoires soient mal foutues hein.
      Mais demander une foi sans faille en l’être humain à n’importe qui, c’est oublier ce que les humains peuvent faire, et oublier qu’on a tous des faiblesses, des limites face à l’horreur, et qu’on peut être fatigué aussi.

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