Portrait de 2 femmes faillibles (Jessica Jones)

Jessica Jones : The Secrets of Maria Hill par Bendis, Gaydos et Pulido

PRESENCE

1ère publication le 06/03/18- MAJ le 29/12/18

Une cover de David Mack, ça ne se refuse pas

Une cover de David Mack, ça ne se refuse pas© Marvel Comics

VO : Marvel Comics

VF : Panini 

Ce tome fait suite à Uncaged! (épisodes 1 à 6) qu’il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2017, écrits par Brain Michael Bendis, dessinés et encrés par Michael Gaydos, avec une mise en couleurs réalisée par Matt Hollingsworth.

Les couvertures ont été réalisées par David Mack. Javier Pulido a dessiné et encré 9 pages de l’épisode 11, et 7 pages de l’épisode 12 pour des séquences se déroulant dans le passé. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Nic Klein, Marco Checchetto, Tony Fleeces, Martin Simmonds, Mr. Oz et Djbril Morissette-Phan.

Sur les toits de New York, Maria Hill court pour échapper à son poursuivant, un grand chauve au visage balafré, torse nu avec un grand tatouage tribal autour du cou, et un bouc teint en rose. Le grand balèze finit par la rattraper et lui assène un coup de poing massif sur le crâne, lui faisant perdre connaissance. Il commence à se féliciter de sa réussite, mais s’interrompt rapidement en découvrant qu’il s’agit d’un androïde (un LMD: Life Model Decoy) à l’image de Maria Hill, et il s’effondre, tué par une balle entre les 2 yeux tirée par Maria Hill depuis un toit voisin.

De son côté, Jessica Jones est en train d’acheter une bouteille de bourbon dans la supérette du coin. Elle ressort et casse le poignet d’un individu qui était en train d’harceler une femme, mais le couple s’en prend ensuite à elle, la considérant comme une personne dangereuse, pas bien dans sa tête. Elle se rend alors dans un restaurant huppé où Danny Rand (Iron Fist) est en train de diner. Il lui demande de ne pas faire d’esclandre et finit par se laisser convaincre de lui dire où se trouve Luke Cage et leur fille Danielle.

Choisis ton poison

Choisis ton poison © Marvel Comics

Les retrouvailles ne se déroulent pas de manière chaleureuse et Jessica Jones repart de l’appartement la tête basse. Elle se rend directement au bureau de son agence de détective privé Alias. Elle s’assoie dans son fauteuil et se lamente sur les conséquences de ses choix sur sa vie de famille. Elle relève la tête en entendant du bruit dans les toilettes. Elle s’y rend et y découvre Maria Hill en train de se faire un pansement de fortune. Elle lui tend sa bouteille de bourbon et commence à l’écouter, tout en sachant qu’elle ne peut accorder aucune confiance à quelque parole que ce soit, proférée par cette experte en manipulation et en mensonge. Hill lui explique qu’elle souhaite l’engager pour découvrir qui a placé un contrat sur sa tête.

En découvrant la couverture de ce second tome, le lecteur a la même réaction que pour le premier : d’abord un mouvement de recul en se disant que la série n’a pas besoin d’effectuer un détour par Secret Empire de Nick Spencer, puis un soupir d’aise devant l’illustration de David Mack. En fait il n’est question de l’Hydra que de manière incidente dans les 2 derniers épisodes, et la série ne participe pas au crossover. Le premier tome avait convaincu le lecteur que Brian Michael Bendis & Michael Gaydos n’avaient pas complètement perdu leur lien affectif avec Jessica Jones, personnage qu’ils avaient créé en 2001 pour le label Marvel MAX. Il revient donc avec plaisir pour se plonger dans son quotidien souvent sordide, désespérant et violent. Il retrouve les dessins baignant dans des couleurs sombres, un peu cafardeuses, attestant d’un quotidien vécu à la lumière artificielle, toujours sous le poids d’une forme de grisaille.

Entre perdantes, on se comprend

Entre perdantes, on se comprend © Marvel Comics

Il n’y a que lorsque Danielle (la fille de Jessica et Luke) est présente, que cette grisaille pesante se dissipe et que les couleurs deviennent plus vives et plus franches. En surface, le lecteur a l’impression que Matt Hollingsworth se contente d’aplats de couleurs boueuses. En y prêtant attention, il se rend compte qu’il souligne très discrètement les reliefs des surfaces et qu’il participe tout aussi discrètement à faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres. C’est un exercice assez difficile, car il lui faut éviter de charger des cases, déjà denses en traits encrés.

En découvrant l’agencement des pages 3 & 4 de l’épisode 8, le lecteur sourit car il retrouve l’utilisation de cases photocopiées chère à Bendis lors de la première série, mais c’est la seule occurrence de ce dispositif narratif. Il reconnait également le recours à un autre dessinateur pour des séquences dans le passé, comme les auteurs y avaient déjà eu recours dans la série initiale, avec les pages dessinées par Mark Bagley pour les passages dédiés à Jewel, c’est-à-dire la courte carrière de superhéros de Jessica Jones. Ici, c’est Javier Pulido qui vient illustrer les séquences consacrées à la jeunesse de Maria Hill, avec un graphisme naïf et rétro, mais une narration visuelle impeccable et un découpage de planche inventif. Cette approche est entièrement justifiée par le fait qu’il s’agit de séquences du passé, et que ces souvenirs sont revécus comme si Maria Hill ressentait es mêmes émotions que lorsqu’elle était plus jeune, avec une forme de regard adulte sur une période plus simple.

Javier Pulido dessine le passé de Maria Hill

Javier Pulido dessine le passé de Maria Hill© Marvel Comics

Dans la majorité des 6 épisodes, le lecteur retrouve les dessins sophistiqués de Michael Gaydos. Il remarque qu’il continue d’utiliser de références photographiques pour les décors urbains et les intérieurs comme le faisait Alex Maleev sur la série Daredevil écrite par Brian Michael Bendis. Le lecteur a l’impression de pouvoir toucher la granulosité des briques sur les toits. Il appréhende de toucher les échelles de secours, pour partie rongées par la rouille. Il peut s’amuser à compter le nombre d’alcools différents sur les rayonnages du marchand de spiritueux. Il peut observer chaque façade lors des scènes de rue, pour en comparer les architectures. Il peut ainsi constater de visu le changement de quartier d’une scène à l’autre. Cette approche graphique ancre les actions dans la réalité, et y apporte un parfum d’authenticité qui participe à développer l’atmosphère si particulière, totalement urbaine. Michael Gaydos apporte le même soin aux décors d’intérieur, que ce soit la décoration du lieu de travail de Raindrop Lilly (avec les étonnants posters au mur, des couvertures de comics), le bureau d’Alias plongé dans la pénombre avec les stores vénitiens, sa salle de bains hygiénique à l’éclairage glauque, l’absence de toute intimité dans la cellule où se retrouve Jessica Jones, le bar à la propreté douteuse, la banlieue proprette où réside la mère de Maria Hill, etc.

Michael Gaydos fait évoluer ses personnages dans ces décors, avec un naturel impressionnant. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit du milieu naturel de Jessica Jones et que son bureau est le reflet de sa personnalité. De séquence en séquence, le lecteur se rend compte de la justesse des expressions sur son visage et de leur nuance. Le lecteur côtoie une personne cynique, vaguement désabusée, avec un défaut d’estime de soi, ne baissant sa garde qu’en présence de sa fille, seule valeur sûre et pure dans son monde. Luke Cage reste toujours aussi massif, mais visiblement plus détendu que sa femme, plus heureux, malgré le comportement chaotique de Jessica. Maria Hill est une professionnelle efficace et peu portée sur l’émotion, au visage impénétrable, sauf au début de l’épisode 10 pour une raison expliquée par la suite.

Un environnement très photoréaliste et prosaïque

Un environnement très photoréaliste et prosaïque© Marvel Comics

Les personnages secondaires bénéficient de la même consistance que ce soit le père de Maria Hill et ses manières antipathiques, ou même la babysitter de Danielle et sa forme de détachement intéressé très réussie. Tout du long, le lecteur croise des adultes complexes, même dans les séquences d’action, comme lors de l’intervention d’une brigade du SHIELD commanditée par Sharon Carter, dont le visage exprime bien la détermination, mais aussi l’embêtement face à la personne ingérable et pas fiable qu’est Jessica Jones. Enfin, il utilise les effets spéciaux de l’infographie avec pertinence et modération, en particulier pour la désagrégation des LMD.

En entamant ce deuxième tome, le lecteur se rend rapidement compte qu’il pourrait très bien avoir été publié par le label MAX, car la narration est vraiment adulte, avec des provocations similaires à celles qui existaient dans la série initiale. En particulier quand Jessica Jones est emprisonnée, le lecteur découvre un dessin en pleine page, d’elle en train de se soulager sur les toilettes de sa cellule, en page 5 de l’épisode 9, évoquant un dessin similaire dans la série initiale. Un peu plus tard, elle contraint Maria Hilla à uriner en public dans un flacon, dans un bar, sans représentation graphique. Mais le scénariste ne se complaît pas dans ces provocations un peu faciles. Il dresse le portrait d’une femme souffrant d’un manque d’estime de soi. À ses yeux, elle cumule les ratages : oubli de ses soucis par l’alcool, aide apportée par une violence déplacée et trop brutale, impression d’être un tas de détritus dans un restaurant chic, compagne à qui le conjoint ne peut pas faire confiance, mère absente (mais quand même pas complètement incompétente), détective se tapant des clients à qui on ne peut pas faire confiance, etc. Le bilan est lourd. Le lecteur éprouve de l’empathie pour une telle perdante qui y met un peu du sien, sans toutefois pouvoir la voir complétement comme une héroïne. Il la plaint, mais il s’énerve parfois à ses imperfections, à sa tendance de vouloir se punir en recevant des coups qu’elle pourrait éviter. Il la plaint aussi parce qu’elle a conscience d’être nuisible pour les êtres qui lui sont chers.

Avant (Alias) / Après (Jessica Jones)

Avant (Alias) / Après (Jessica Jones)© Marvel Comics

Bendis réussit à faire exister cette femme comme un individu complexe, souvent dépassée par les événements. Il réussit à la faire évoluer dans l’univers partagé Marvel, sans que celui-ci ne dénature le récit, ne le tire vers les superhéros industriels. Jessica Jones croise Sharon Carter dans son bel uniforme blanc, mais cette dernière apparaît comme manquant d’expérience. Elle croise également Mary Walker (Typhoid Mary) en cellule, mais la neutralise avec facilité. Il y a aussi une apparition de Hobgoblin le temps de 2 cases. À chaque fois, il apparaît que Jessica Jones survit à ces rencontres ou apparitions et elle ressort comme beaucoup plus résistante que les autres. Bendis s’amuse à insérer une ou deux piques contre les superhéros de manière incidente, en particulier la prolifération de superhéros portant l’emblème de l’araignée (faisant de l’autodérision puisqu’il a participé à ce phénomène avec Miles Morales). Il écrit donc un thriller policier avec quelques superpouvoirs, mettant en scène une femme forte et imparfaite, entièrement convaincante.

Le lecteur voit aussi se dessiner le portrait de maria Hill, et sa propre tragédie. Il s’agit d’un personnage créé par Bendis et David Finch dans New Avengers 4 en 2005. Contre toute attente, elle est devenue directrice du SHIELD alors que l’univers cinématographique Marvel poussait plus pour Marcus Johnson (Nick Fury junior, voir Battle Scars). Elle a été conspuée par les superhéros pour ses actions, et désavouée par le gouvernement, alors qu’elle n’a pas fait bien pire que Nick Fury. Brian Michael Bendis en dresse un portrait touchant, de personne façonnée par les circonstances, efficace et dure à la place des autres installés confortablement pour la critiquer. Bendis ne la réhabilite pas mais il la rend crédible dans un environnement complexe, et peut-être encore plus tragique que Jessica Jones.

Ce deuxième tome de la série dissipe tous les doutes que le lecteur pouvait encore éprouver à son encontre. Il est évident que les 2 Michael ne sont pas revenus pour cachetonner, qu’ils ont beaucoup de choses à dire sur leur personnage, et qu’ils font du Marvel MAX sans l’afficher. Ils racontent l’histoire d’une femme imparfaite, avec une piètre estime d’elle-même, mais qui ne baisse pas les bras. Ils ont laissé derrière eux les tics graphiques et narratifs de la série précédente, pour une narration plus fluide et plus naturelle, avec des dessins permettant un degré élevé d’immersion, et le portrait de 2 femmes complexes et attachantes dans leurs défauts.

Une femme faillible

Une femme faillible© Marvel Comics

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Oui, il y’en a encore chez Bruce Lit pour trouver à Bidule Machin Bandit du talent. Présence s’est même pas forcé pour lire sa nouvelle mouture de Alias avec en guest star Maria Hill.

La BO du jour : une petite pilule Mlle Jones contre votre dépression nerveuse ?

48 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Il me donnerait presque envie de lire du Bendis le bougre… 🙂
    J’aime bien le personnage de Maria Hill en fait… un vraie ordure mais sympa quand même…

    • Présence  

      Pourtant je te jure que j’ai payé mon exemplaire et que je ne suis pas sponsorisé par le chauve. 🙂

      D’une certaine manière, Bendis apporte une évolution au personnage, découlant de ses actes à la moralité ambigüe lorsqu’elle était à la tête du SHIELD. Le fait que ce ne soit pas Nick Fury apporte de la nouveauté à la situation, ainsi que de la crédibilité.

    • Bruce lit  

      Maudit sois-tu Présence, car suite à cet article alléchant j’ai lu ces deux premiers tomes de Alias quasiment presque contre ma volonté et….
      j’ai….
      trouvé ça très bien !
      aargh, ça me fait mal de l’admettre mais c’est le retour du Bendis qu’on a tous aimé au début des années 2000 !
      Voici donc son meilleur travail depuis….
      la fin d’Alias ?

      Tant et si bien que dans la foulée j’ai relu ces jours-ci ses New Avengers et The Pulse, dans le doute, me serais-je gouré total ?
      Ouf…non, c’est aussi médiocre voire plus que dans mon souvenir.
      Jessica Jones bénéficie donc d’un traitement de faveur de la part de son papa : le retrouver dans une forme éblouissante avec scènes trash, jurons et violence. Comme tu le dis du Marvel MAX qui n’en dit pas la couleur et sait garder son identité sans faire sa pute pour Netflix.

      Le premier volume lorgne beaucoup vers la saison 3 de 24 avec victoire à la Pyrhus mais ce n’est pas gênant. Le deuxième arc revient avec intelligence sur la toute puissance du SHIELD et l’hypocrisie des super héros de ces dernières années. Une hypocrisie mise en scène par Bendis lui-même ! Je ne peux rien dire : l’examen de conscience est limpide et sans ambages !

      J’avoue avoir zappé quelques dialogues fleuves qui ne servent à rien sinon à Bendis de se faire plaisir. J’ai bien tiqué une ou deux fois sur ses gimmicks, mais qu’on soit d’accord : si le chauve avait gardé ce niveau sur Elektra, Dead Days, Xmen, Siege, Dark Avengers, Civil War 2, Age of Ultron, New Avengers, Avs X et j’en suis sûr d’en passer, il ne serait jamais devenu ma bête noire.

      Ces deux Alias vont donc rejoindre ma bibliothèque qui avait été débendisisée. Se pose désormais un dilemme : dois-je réinvestir dans ses premiers Alias que j’avais jeté lors de ma purge…De mémoire, ces épisodes sont même meilleurs que dans la série classique !

      Petite pique parce que tu le vaux bien : tu n’as pas reconnu la baby sitter de la petite Dani qui n’est autre que Cassie Lang, la fille de Ant Man.

      • Eddy Vanleffe  

        là je vais faire mon geek: si il y a Cassie Lang, je vais le prendre!
        ce perso me fait rire depuis Michelinie avec sa propension a vouloir faire à bouffer à tout le monde alors que ce qu’elle cuisine est dégueulasse…
        voir tout le monde inventer des excuses pourries pour ne pas manger est un des premiers trucs qui m’ait fait marrer dans une BD marvel…

        • Bruce lit  

          Ah oui, je me rappelle de cet épisode d’Iron Man dans Strange où son père faisait la moue devant ses sandwichs dégueulasses.
          Ici Cassie demande à Jessica une augmentation pour garder sa fille. Elle se fait envoyer chier dans les grandes largeurs (sic) par Jessica qui sort d’une tentative de meurtre. Attention ça ne dure qu’une page hein….

          • Présence  

            Pour être honnête, je ne me souviens plus si je n’ai pas remarqué Cassie Lang (je crois bien que tu as raison sur ce point) ou si je ne l’ai pas mentionnée sciemment pour éviter de trop tirer le commentaire vers l’univers partagé Marvel (je me vante 🙂 ,j’invente des excuses a posteriori).

            @Bruce – Je dois avouer que je craignais ton avis sur ces épisodes, car je sais que je suis un lecteur plus conciliant que toi, avec une capacité amoindrie pour sentir l’hypocrisie d’un auteur. Ouf !

            Le plaisir que j’ai pris à lire ces 2 tomes m’a incité à reconsidérer ma décision de ne pas lire The Pulse, et pour une fois je n’ai pas cédé à la tentation. Si jamais cette tentation me démange à nouveau, je me souviendrais de ton avertissement.

          • Eddy Vanleffe  

            le premier arc de The pulse est l’un de mes mainstream Marvel de Bendis que je préfère encore aujourd’hui.

            j’avoue même espérer qu’il embraye avec cette ambiance là sur Action Comics avec le journalisme du Daily Planet très présent? il sait rendre l’ambiance d’une rédaction très vivante.

  • Jyrille  

    Je n’ai pas lu tous les épisodes de la série originelle (je me suis arrêté avant Pourpre je crois, je me souviens d’une histoire avec Captain America), que j’avais trouvée agréable malgré un dessin un peu brouillon (et auquel je n’ai pas accroché) et quelques tics très datés de Bendis (les photocopies, les bulles de dialogue faisant un serpent) qui faisait pareil dans ses albums solos et Powers (mais je pense que ça passe mieux dans Powers). Là tu me donnes envie d’essayer, surtout si la narration est plus fluide. Rien que les scans me semblent plus solides que les dessins de Gaydos sur la première série Alias. Et les couves de David Mack sont splendides.

    Pendant un moment je me suis demandé si je n’avais pas croisé Maria Hill dans la série télé Agents of SHIELD (parce que il n’y a que là que j’ai entendu le terme LMD) mais non, dans la saison 3, il y a eu une Rosalind qui dirigeait une agence concurrente du SHIELD.

    Enfin, la BO, c’est très très bien !

    • Présence  

      Ah là là… les couvertures de David Mack. Je me surprends parfois à être à 2 doigts d’acheter un comics, rien que pour ses couvertures.

      Les tics très datés de Bendis – Au départ, il s’agissait plus d’une marque de fabrique à mes yeux, un outil novateur (à l’époque) pour donner plus de rythme à la discussion. Mais il est vrai que son utilisation systématique a fini par donner l’impression d’un truc pour que le dessinateur ait moins de cases à dessiner. Je pense au photocopiage des cases qui a fini par m’horripiler. On est passé d’une innovation amusante, souvent très efficace en ce qui concerne les dialogues, à un tic qui s’est vidé progressivement de son sens.

      Je m’étais préparé à retrouver ces mêmes facilités narratives (dialogue impertinent en longueur et cases photocopiées), et en fait Bendis & Gaydos ont mis la pédale douce là-dessus, ainsi que sur la décompression.

  • Bruce lit  

    Merci Cyrille.
    J’adore la période anglaise des Stones. Il n’y a rien de mauvais là-dedans.
    Ah si ! J’ai hésité avec 19th Nervous Breakdown sans doute plus adaptée mais que je n’aime pas du tout.

    • Jyrille  

      J’adore ce titre. Je pensais plus à celui-là en lisant ta description.

  • PierreN  

    À la limite, cette série me tente plus en raison de Maria Hill que du personnage éponyme (J’aime bien ce qu’en a fait Spencer ces derniers temps, à l’instar de son utilisation du duo Taskmaster/Eric O’Grady).
    Ça confirme si besoin était que les héros solos urbain sont vraiment plus adaptés à son style que les séries d’équipes amples ou cosmiques (ses GoG sans façon).

    • Présence  

      Avec le recul, j’ai l’impression que Bendis a adapté son mode d’écriture quand il est passé aux superhéros traditionnels de Marvel, développant d’autres tics d’écriture, s’adaptant aux attentes de ses lecteurs, pour ne pas dire de la frange plus jeune des lecteurs. Comme tout le monde ici, j’ai fini par jeter l’éponge que ce soit pour Avengers, X-Men ou Guardians of the Galaxy, abandonnant ces séries écrites par Bendis.

      Je partage ton avis sur le fait que Nick Spencer écrit des histoires avec plus de personnalité pour les superhéros Marvel, plus intéressantes, que Bendis. J’ai dévoré ses Ant-Man (un article présent sur le site), et encore plus ses 2 séries Captain America (2 articles présents sur le site), y compris le crossover Secret Empire. J’ai également craqué pour les Superior Foes of Spider-Man, malgré une irrégularité due à son absence et à celle du dessinateur en cours de publication.

  • Tornado  

    Et ben voilà qui fait envie. Bendis’s not dead, donc ? Et puis Gaydos semble s’être sacrément amélioré. Le scan du stand de bouteilles est très impressionnant.
    Du coup, mon cher Présence, je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu m’as conseillé de me tenir éloigné de cette suite tardive…

    • Présence  

      En ce qui concerne Michael Gaydos, j’ai l’impression en regardant ses dessins qu’il s’inspire beaucoup des techniques d’Alex Maleev quand celui-ci dessinait Daredevil écrit par Bendis.

      Même si j’ai insisté sur les aspects qui me plaisent de ce comics, il n’en reste pas moins qu’il est pétri de continuité (mot constituant un anathème pour un certain T—), et que je n’ai pas encore lu le dernier tome. Je ne peux donc pas encore dire sir le final sera à la hauteur des 2 premiers tomes. C’est la raison pour laquelle je suis resté circonspect.

      Enfin je m’interroge sur ce que tu penses des caractéristiques graphiques de Javier Pulido, avec on esthétique simpliste et épurée ?

      • Jyrille  

        A priori, le graphisme de Pulido ne me déplaît pas. Il me rappelle celui de Powers (Oeming je crois). Enfin non, il me rappelle plutôt celui de Jaime Hernandez, en moins bien, forcément…

      • Bruce lit  

        Et puisque on parle de femmes fragiles et que j’ai pas l’intention d’en faire un article, j’ai vu hier soir Shape of Water.
        Bon…
        C’est sympathique.
        Très beaux décors, la touche d’un grand réalisateur, Sally Hawkins est magnifique (mais ça on le savait déjà depuis Happy !) mais, diantre ! l’histoire est manichéenne en diable et sentimentale façon guimauve. Un croisement hybride entre Amélie Poulain et E.T.
        Et l’affiche du film est un spoiler puisque c’est….la fin !
        Je n’en ressors pas plus enthousiaste que ça et préfère de très loin le Labyrinthe de Pan.

      • Matt  

        Il doit être difficile à détrôner le labyrinthe de Pan dans ce genre de films là quand même.
        Je n’ai pas vu ce shape of water encore. Et ne suis pas plus intrigué que ça.

        Sinon pour ce Jessica Jones…bon ben moi j’ai pas lu Alias, et puis en effet ça semble plein de continuité. Moi je ne sais même pas ce qu’elle est censée avoir fait de mal cette Maria Hill. S’il faut avoir tout suivi depuis new avengers 4…

        • Bruce lit  

          Bon sang qu’est ce qui m’arrive…..
          Je m’inscris en faux avec ce que Présence a écrit….
          La continuité n’est pas si présente à mon sens ou alors elle est bien résumée par Bendis.
          Il suffit de se dire que Maria est une espionne aux mains sales…Les premiers Alias piochaient aussi dans a continuité sans que cela gène le lecteur.

          • Présence  

            La réponse de Bruce est plus pertinente que la mienne, parce que j’avais en tête les petits (et grands) arrangements avec sa conscience, commis par Maria Hill quand j’ai lu ces épisodes, et j’étais incapable de faire abstraction de ce savoir pour imaginer comment ils pourraient être perçu par un lecteur plus déconnecté de la réalité que moi.

          • Matt  

            Disons que pour moi, ce n’est pas très attirant ce genre de lecture. Disons que quitte à lire un truc sans super héros, pourquoi je lirais un truc qui se situe dans la continuité des super héros ? Autant aller lire un Fatale, un Fondu au noir, un…je sais pas quoi d’autre^^
            C’est bête ces barrières que je me mets je sais, mais c’est aussi un moyen de ne pas tout lire ou acheter^^ (car c’est impossible)

        • Matt  

          Mouais mais bon…je passe quand même en fait.

          Tiens sinon à propos de Del Toro, je dois être un des seuls à avoir bien aimé son Crimson Peak malgré l’histoire de fantômes assez classique. Le décor, les costumes et l’ambiance m’ont rappelé les films romantico-gothiques transalpins des années 60. Alors oui ça ne révolutionne pas grand chose mais c’était très beau par son approche « conte de fées macabre »

          Mais ce film s’en prend plein la gueule partout. Ma foi…tant pis, j’ai aimé moi.

          • Bruce lit  

            Je ne ma rappelle pas l’avoir vu.

          • PierreN  

            « Disons que quitte à lire un truc sans super héros, pourquoi je lirais un truc qui se situe dans la continuité des super héros ? »

            La comparaison qui me vient à l’esprit, c’est le John Constantine des débuts, intégré à la continuité DC avant que la création de Vertigo ne l’en détache (mais ça c’était avant).
            Le personnage n’a pas le même type de comportement, perceptions ou points de vue, il amène une autre regard au sein d’un même univers.
            Constantine détonne par rapport à ses camarades plus guindés, propres sur eux et se prenant très au sérieux (Swamp Thing, Phantom Stranger, etc…). Lui, c’est le chien dans un jeu de quille, l’impertinent faisant un doigt d’honneur sur la photo de classe, ou la mouche dans le lait comme dirait McCLane. Plus le contraste est poussé, plus c’est intéressant.

            Sans aller jusqu’à dire que la miss est aussi borderline que l’ex-punk d’en face, son côté détective désabusée et ex-superhéroïne amène une autre perspective, en abordant le genre sous un autre angle narratif.
            Il y a aussi le photographe de Marvels (ou les flics dans Gotham Central), mais là le regard est différent (vu du dessous, depuis la rue), plus admiratif et distant, avec un Busiek occupé à chanter les louanges de l’héroïsme étincelant du Silver Age et d’une innocence encore intact.

          • Matt  

            Ben tu vois même si j’adore Marvels de Busiek, c’est aussi cet aspect « intégré parmi les héros sans avoir de héros » qui me retient encore de tester Gotham Central. J’imagine bien que ça propose un autre regard, mais j’ai juste pas envie que les super héros soient partout dans ma bédétheque même quand je lis un récit de flic^^

          • Matt  

            Mais bon j’ai peut être tort hein. Et j’essaierais peut être un jour ce Gotham Central. mais comme ça, quand il faut choisir entre ça et autre chose, je me dirige presque automatiquement vers autre chose.

          • PierreN  

            Il y aussi le point de vue de « Sid le Squid » dans « L’Homme qui tua Batman (un de mes épisodes préférés de Batman TAS).

          • Matt  

            Ah oui il est bien cet épisode.
            Mais en fait une fois qu’on a vu cette série animée, on n’a même plus besoin de voir autre chose sur Batman je trouve^^ Pour moi c’est toujours ce qui se fait de mieux sur Batman.
            Et pourquoi ce foutu « fantôme masqué », le long métrage (peut être le meilleur film aussi sur Batman), n’a encore pas eu droit à une sortie DVD chez nous ??

          • Chip  

            Un an après la bataille : je vais prêcher pour Gotham Central. Le point de vue des flics qui doivent se coltiner les supervillains et en même temps se faire rabrouer par « I am the grumpy night » Batman est intéressant, et la série est d’excellente facture. Alors oui, tu peux aussi lire tous les Brubaker sans super-héros aussi, mais l’un n’empêche pas l’autre (seule la finitude de la vie comparée à l’infinité des PAL le peut).

  • Tornado  

    @Présence : Tu sauras ce que je pense de Javier Pulido dans un prochain article de ma pomme lui étant en partie consacré (et que tu as déjà lu sur l’Amazone en fait)… 🙂

    @Matt : Non, Matt, t’est pas tout seul. J’ai beaucoup aimé Crimson Peak. Je l’ai vu avec mes sbires qui l’ont détesté parce que l’on s’attend à tout ce qui arrive dans le récit (leur argument était : « C’est quoi ce film d’horreur sans suspense ? C’est pas un film d’horreur, ça !« ). Ce qui est vrai. Mais ils sont passés à côté de l’essentiel de ce qui m’a plu : L’atmosphère et la poésie macabre de l’ensemble, qui passe à mon sens largement au dessus de son récit-prétexte.

    • Matt  

      Ah copain ! Non, en effet ce n’est pas un film d’horreur. Je ne sais pas si le film a eu un marketing de merde ou si ce genre de film gothique est trop passé de mode pour que les gens l’acceptent tel quel, mais je l’ai vu avec un pote et on a bien aimé l’approche poétique.
      Bon allez il y a peut être juste la punchline finale de l’héroïne qui est un peu conne. Mais ça ne gâche pas le film.

    • Matt  

      Tiens d’ailleurs tu ne trouves pas que Tom Hiddleston ressemble à un Peter Cushing rajeuni dans ce film ?

    • Présence  

      @Tornado – Ok, je l’ai retrouvé sur amazon. Je n’ai toujours pas lu ce Year One. Je ne peux donc pas te dire s’il y a une évolution notable dans sa manière de dessiner. Ton commentaire est pour le moins mi-figue, mi-raisin concernant les dessins de Javier Pulido.

  • Tornado  

    @Présence : Plutôt figue que raisin (j’ai plus que moyennement aimé). Cela-dit, ce n’est pas mon dessinateur favori et je lui ai préféré Marcos Martin qui prend sa suite avec Batgirl (et dans le même registre, le meilleur reste pour moi Tim Sale, mais là je suis cruel avec Pulido). Ça reste néanmoins un style connoté, rétro, cartoon mais pas racoleur (en dehors des modes), que je peux apprécier. Je le préfère à un Dodson, probablement plus doué, mais nettement plus racoleur quant à ma grille de lecture.

  • JP Nguyen  

    Sur les scans, Gaydos fait assez clairement du Maleev du début des années 2000.
    Mais je n’ai pas lu la première série Alias et ce type de graphisme me plait beaucoup moins qu’il y a 15 ans…
    Punaise, j’ai vieilli.
    Je passe mon tour pour ce comicbook.

    • Présence  

      Merci de me rassurer dans le fait que je ne suis pas tout seul à voir du Maleev dans les dessins de Gaydos. Je n’ai pas vu cette approche comme une tentative de capitaliser un passé révolu, mais comme l’utilisation d’une technique narrative visuelle qui a fait ses preuves. Il n’y a plus l’attrait de la nouveauté comme à l’époque de Daredevil de Bendis & Maleev, mais il reste le plaisir de planches bien ficelées avec une forte identité graphique.

  • Patrick 6  

    A ma connaissance Alias était le dernier travail convaincant de Bendis (avec DD) cette séquelle serait-elle le signal du retour de Micky aux affaires ?
    En tous cas tu m’as convaincu de me pencher sur cette série !

    • Bruce lit  

      Le signal du retour de Micky aux affaires ?

      200 bonnes pages sur les milliers gâchées en 15 ans, je ne suis pas si optimiste. De toute façon, il écrit pour DC désormais.
      Excités ?

    • Présence  

      Alias, c’est en 2001/2003. Par la suite les collaborations ultérieures à Daredevil entre Bendis et Alex Maleev étaient plutôt de bonne facture : Scarlet en 2010, Moon Knight en 2011, et les épisodes sporadiques de Powers avec Michael Avon Oeming.

      • Jyrille  

        Oui, leur Scarlett (et même, dans une moindre mesure, leur Spider-Woman) étaient pas mal. Mais ce sont de vraies collaborations entre Maleev et Bendis plus que du Bendis seul j’ai l’impression.

  • Bruce lit  

    Ce que je me disais en faisant la vaisselle :

    Aussi méprisable soit-il à mes yeux, Bendis reste un auteur dont on peut dire qu’il a ses thèmes :
    -Le mépris de soi : Matt Murdock, Jessica Jones, Scott Summers, Hank Mc Coy
    -La parannoia
    -La fragilité du lien amoureux
    -La dépression nerveuse
    -La fausseté des apparences
    -La peur de la solitude

    Mince, c’est presque un début d’article !

    • Présence  

      Je ne savais pas que la vaisselle porte conseil, mais je retrouve bien Bendis dans les thèmes que tu as listé. Je serais peut-être un peu précautionneux parce que j’ai l’impression que certains sont plus personnels (mépris de soi, paranoïa, peur de la solitude) et d’autres plus pragmatiques (c’est-à-dire des ressorts narratifs utilisés comme nourriture industrielle pour l’intrigue, par exemple les fluctuations amoureuses).

  • Bruce lit  

    Si’l n’y avait pas le dernier épisode complètement inutile, j’aurais été vraiment conquis par ces trois volumes de JJ.
    Il n’empêche que c’est vraiment le meilleur travail de Bendis en 15 ans. Il y a même des parties très émouvantes où on peut superposer le dégoût de Jessica Jones pour elle-même avec celui de Bendis.
    La rédemption de Purple Man est inattendue et finalement pas si expliquée mais c’est une très bonne histoire. Bendis fait son retour dans ma bibliothèque ! Never say never !

    • Présence  

      Le dernier épisode est un épilogue très émouvant qui montre Jessica Jones résoudre une enquête à sa manière, et ça ne fonctionne que parce que c’est elle, avec sa personnalité et son histoire personnelle. Avec ce dernier épisode, Bendis & Gaydos montrent qu’un individu avec les défauts de Jessica a sa place dans l’ordre des choses et peut accomplir des choses avec des résultats positifs qu’un autre individu ne pourrait pas faire. Dans la postface, Bendis indique que ce dernier épisode est un cadeau qu’il fait au personnage, et je trouve qu’il est aussi approprié que sensible.

  • Matt  

    Euh…Présence, ma question va paraître bête mais en même temps je n’en trouve pas la réponse dans tes commentaires amazon.
    J’ai lu un bout du premier épisode en ligne et…euh…on est censé avoir lu un truc avant ? Pourquoi Jessica est en prison ? Pourquoi elle s’est embrouillée avec tout le monde ? J’ai pas commencé par le bon épisode ? C’est la suite de quoi ?
    ça ne m’a pas semblé être le début d’une série compréhensible par n’importe qui. C’est fait exprès et on comprend plus tard, ou il fallait lire je sais pas quoi avant ?

    • Présence  

      Oui, tu as lu le bon épisode. Oui, on comprend plus tard, ça fait partie de l’intrigue qui ne se dévoile que progressivement.

      • Eddy Vanleffe  

        un tic à Bendis, ça de bouleverser la chronologie…
        Son arc Underboss est bluffant à ce niveau là…

        • Matt  

          Ouais, j’ai rien contre, mais avec Marvel et sa continuité, quand ça démarre comme ça, on ne sait pas si ça fait partie de la structure narrative, ou s’il fallait lire un autre truc avant et qu’il s’agissait des conséquences de Civil War 25 ou je ne sais quoi^^

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