Sympathy for the Devil !

Daredevil : Sous l’aile du Diable par Kevin Smith, Joe Quesada et David Mack

1ere publication le 11/02/15- Mise à jour le 15/01/22

Vo : Marvel

Vf : Panini

Un article de  : TORNADO

Ce recueil regroupe les épisodes #0 à 15 de la série Daredevil Marvel Knights, réalisés entre 1998 et 2001.
La première saga (« Sous l’aile du diable » : #1 à 8) est l’œuvre du scénariste Kevin Smith et du dessinateur Joe Quesada. La seconde (« Tranches de vide » : #9 à 15) est écrite par David Mack et toujours mise en image par Quesada.
– Episodes 1 à 8 : Guardian Devil (scénario de Kevin Smith et dessin de Joe Quesada)

Alors que Karen Page, le grand amour de Matt Murdock, vient de le quitter, une jeune fille en détresse lui confie un petit bébé qu’elle aurait conçu en restant vierge, avant qu’un homme prétendant être un envoyé de Dieu ne lui révèle que l’enfant est l’antéchrist réincarné ! Notre héros ne va pas tarder à voir sa vie basculer sur tous les fronts, attestant d’une malédiction bien réelle…

Est-ce vraiment la fin du monde ? Daredevil a-t-il été choisi pour un plan d’origine démoniaque ? Et surtout, comme elle le prétend, la jeune fille a-t-elle réellement découvert la double identité du justicier en rencontrant un ange ?

Une histoire avec des anges, des diables et des antéchrist…

Une histoire avec des anges, des diables et des antéchrists… ©Marvel Comics

Si vous aimez le Daredevil de Frank Miller, et en particulier Born Again, alors vous ne devez pas rater cet album. Car le réalisateur Kevin Smith a conçu son récit comme un hommage. Toutefois, le bonhomme a su injecter dans son écriture un style propre, équilibré, à la fois adulte et respectueux de la mythologie consacrée en termes de connotation.

C’est ainsi que cet arc narratif se situe à la fois dans la lignée de Miller (le scénariste suivant, David Mack, ne s’y trompera pas, incluant un tag sur les murs de Hell’s Kitchen avec ces mots : Frank was here, Kevin was here, David is here !!!), et à la fois dans la rupture (point d’Elektra ni de trucs japonisants). Et au final, le passage de Kevin Smith sur la série restera finalement comme un des préférés des fans après celui du créateur de Sin City…

C’est que Smith a su trouver la couleur de la saga, dans une alchimie parfaite entre le côté adulte des comics d’aujourd’hui et la source enfantine de jadis. Oui, c’est vraiment ce que j’ai adoré le plus dans ces épisodes : l’équilibre entre le traitement mature et les souvenirs de notre passé. Je suis donc retombé en enfance, retrouvant le plaisir innocent de mes lectures de jadis, sans pour autant que le livre me tombe des mains à cause de sa forme décalée. Et ça, c’est ce que j’appelle de la relecture brillante. A ranger à côté des œuvres de Jeff Loeb & Tim Sale, même s’il ne s’agit pas exactement du même concept, car il y a le même équilibre entre naïveté enfantine et mise en forme moderne et adulte.

Ceux-là, je les adorais quand j’étais enfant !

Ceux-là, je les adorais quand j’étais enfant ! ©Marvel Comics

La valeur de ces huit épisodes tient essentiellement au niveau du travail dans le rapport entre le Fond et la Forme, aussi bien dans le domaine narratif que pictural. Smith nous livre un scénario d’une sophistication telle qu’il est rare d’en voir dans le domaine des comics mainstream, alors qu’il en était à son premier essai en termes d’écriture scénaristique au sein de ce médium !

Dans la Forme, il construit un récit maitrisé de bout en bout au suspense haletant et au rythme implacable, le tout noyé sous une avalanche de texte et de dialogues brillants, qui malgré leur densité passent comme une lettre à la poste. Et même si le dénouement retombe un peu dans une trame plus classique, l’ensemble exhale un très fort parfum de renouveau. Dans le Fond, il intègre dans le récit ses thématiques obsessionnelles, que l’on peut retrouver dans ses films (Dogma par exemple), notamment la question de la religion et de la Foi. Alors qu’il aurait pu plomber son scénario avec un tel parti-pris, il parvient au contraire, tout en finesse, à intégrer cette dimension à la mythologie du personnage de Daredevil de manière parfaite.

Daredevil, tiraillé entre la veuve et l’orphelin…

Daredevil, tiraillé entre la veuve et l’orphelin… ©Marvel Comics

Au jeu des références, Kevin Smith et son dessinateur, qui n’est autre que Joe Quesada, le rédacteur en chef de la Marvel à cette époque et l’initiateur du label Marvel Knight, parsèment leur intrigue de citations diverses et d’hommages en tout genre.

Il y a d’abord les clins d’œil aux anciennes sagas (Born Again, Typhoid Mary), et il y a ensuite les visuels référencés (merci à Présence pour me les avoir soufflés indirectement !), avec le personnage de Nicholas Macabes qui ressemble au Commissaire Dolan de la série Spirit de Will Eisner, avec les clients du bar fréquenté par Turk où l’on reconnait Jesse Custer de la série Preacher, et Nancy Callahan et Marv de la série Sin City. Et il y en beaucoup encore !

Alors, les copains, qui est qui ?

Alors, les copains, qui est qui ? ©Marvel Comics

Ensuite, il incorpore certaines composantes du monde du cinéma, notamment à travers le métier des trucages et des effets spéciaux, avec toute la dimension féérique qui, très probablement, à inspiré les tout premiers créateurs de comics.

Mais surtout, comme dit plus haut, c’est dans la manière dont il cite les références issues du run de Frank Miller (et dans une moindre mesure de celui d’Ann Nocenti) qu’il parvient à donner de l’épaisseur à son récit, qui culmine à un niveau de densité vraiment optimal. Ce faisant, il parvient à imprégner la série d’une marque indélébile. Après son passage, plus rien ne sera jamais pareil…

Comme un parfum de Born Again

Comme un parfum de Born Again ©Marvel Comics

Côté graphique, le niveau de sophistication est au diapason. Joe Quesada (qui livrera quelques temps plus tard le superbe Daredevil : Father) nous offre un découpage et une mise en scène vraiment impressionnants. Sa virtuosité s’impose à tous les niveaux : Décors, richesse des détails, points de vue, mouvement des corps, expressions, tout est travaillé à l’extrême.

Son style peut parfois flirter avec le manga, mais il préserve l’atmosphère voulue. Le découpage de chaque planche, conçu comme un tableau à plusieurs facettes, est une merveille de variété et d’inventivité, contrebalançant parfaitement le haut niveau de texte fourni par le scénariste. Il agrémente ses compositions d’un tas d’ornements (cadres, volutes, enluminures, mosaïques) aussi décoratifs que riches de sens, qui viennent étoffer le fil narratif. Par ailleurs, son travail est parfaitement complété par l’encrage de Jimmy Palmiotti et la mise en couleur de toute une armée de collaborateurs. Pour ma part, je ne me souviens pas d’avoir contemplé beaucoup de comics d’un tel niveau, où la sophistication de la mise en forme côtoie la densité de la toile de fond. Certainement l’un des grands moments de l’histoire de la Marvel.

Tiens, voilà cette enflure de Bullseye…

Tiens, voilà cette enflure de Bullseye… ©Marvel Comics

Il faut préciser, cependant, que la densité scénaristique, avec toutes les références puisées ça et là dans les anciennes aventures de Daredevil, destine essentiellement ces épisodes au lecteur déjà bien familier du personnage et de son histoire éditoriale.

Néanmoins, Kevin Smith a réalisé un épisode nommé « numéro 1/2 » (ici présent) sous forme de texte illustré, qui vient justement récapituler toute cette histoire… A noter que le scénariste flirte beaucoup avec l’univers de Spiderman, qu’il visitera quelques temps plus tard par le biais de la (superbe) mini-série Spiderman : L’enfer de la violence

Merci MMr Smith & Quesada !

Merci MMr Smith & Quesada ! ©Marvel Comics

– Episodes 9 à 15 : Parts of a Hole (scénario David Mack et dessin de Joe Quesada)

Ces épisodes marquent l’entrée en scène de Maya Lopez, plus connue sous l’alias d' »Echo » (par la suite, elle fera partie des New Avengers). C’est une jeune femme sourde qui possède le don de reproduire tout ce qu’elle observe, y compris les prouesses physiques les plus extrêmes (une parfaite « copycat » !).

Au départ, elle est la pupille de Wilson Fisk, et ce depuis la mort de son père, ancien bras droit du Caïd. Ce dernier, prenant conscience du potentiel exceptionnel de sa protégée, décide de l’envoyer combattre Daredevil en lui laissant croire qu’il est l’assassin de son père…

David Mack ne fait pas qu’écrire le scénario, il illustre aussi les sublimes couvertures de son propre run !

David Mack ne fait pas qu’écrire le scénario, il illustre aussi les sublimes couvertures de son propre run ! ©Marvel Comics

La principale surprise concernant cette saga, ce n’est pas l’histoire qu’elle raconte, finalement assez convenue, mais la mise en forme très particulière du récit. Et pour les lecteurs familiers de David Mack, cette surprise est renforcée par le fait que le créateur de Kabuki semble mettre lui même son histoire en image, alors que c’est Joe Quesada aux crayons !

La mise en page extrêmement sophistiquée du scénariste est ainsi exactement la même que lorsqu’il réalise lui-même les illustrations (ce qui laisse à penser qu’il a dû story-boarder une partie de son scénario avant de livrer le tout à Quesada), impliquant diverses techniques alliant le dessin, la peinture, la photographie et l’infographie. On retrouve ces compositions conceptuelles où le texte s’imbrique dans les contours du dessin, où le changement de technique renforce le sens du fil narratif, où poésie et dichotomie visuelle finissent par transcender le récit, qui prend des airs lyriques d’opéra chamarré, alors qu’évidemment toute lecture demeure silencieuse, comme le monde qui entoure Maya Lopez…

L’art de David Mack, illustré par Quesada !

L’art de David Mack, illustré par Quesada ! ©Marvel Comics

A l’arrivée, voilà une œuvre dans laquelle le travail de mise en forme prime par dessus tout, où l’émotion explose dans une alchimie propre à l’art séquentiel, réussissant à transcender une histoire plutôt délirante qui, racontée différemment, aurait pu se révéler parfaitement classique et naïve. Parallèlement, les quelques scènes d’actions sont époustouflantes !

Enfin, il s’agit d’une histoire relativement marquante de la mythologie interne de la série, en particulier en ce qui concerne le personnage du « Caïd », puisque c’est ici qu’il perd la vue.
Plus tard, David Mack reviendra tout seul sur la série avec un arc entièrement dévolu à sa création : Daredevil : Echo.

Matt lutte une fois de plus contre la folie....

Matt lutte une fois de plus contre la folie…. ©Marvel Comics

L’épisode #12 a été placé tout à la fin (n’importe quoi !), probablement parce qu’il est écrit par Joe Quesada & Jimmy Palmiotti et dessiné par Rob Haynes. Il s’agissait à l’époque d’un épisode « bouche-trou » pour combler l’attente des lecteurs entre deux épisodes. Sans apporter grand chose à la trame principale du récit, c’est quand même un petit « extra » très bien écrit et fort sympathique.

Saluons pour terminer l’initiative de Quesada en ce qui concerne le label Marvel Knight (dans le même temps, Garth Ennis revisitait le personnage du Punisher avec la saga Welcome Back Frank !). C’était l’époque où Marvel publiait de magnifiques séries adultes et intelligentes, autonomes et artistiquement intègres. Par la suite, Quesada lui-même brisera son règne en introduisant les events et en faisant retomber le tout dans l’infantilisme vulgaire…

Echo, la créature de David Mack…

Echo, la créature de David Mack… ©Marvel Comics

 

52 comments

  • Tornado  

    Bon, vous êtes pénibles parce qu’en fait vous dites tous la même chose (« Smith-j’ai adoré-la-1° fois-puis-la-2°-c’était-lourd-dans-le-Miller-style, etc. »), vous faites partie d’une secte ? ^^

    Et bien moi (nananère) j’ai lu ce recueil 3 fois (en même temps que « Daredevil Father », mal aimé à peu-près pour les mêmes raisons), et je me suis régalé 3 fois tout pareil (en même temps que « Daredevil Father », mal aimé à peu-près pour les mêmes raisons) ! Na ! 🙂

    • Matt  

      Eh ben pas moieeuuh ! Pour une fois j’ai rien à contester^^
      J’ai bien aimé et je ne vois pas le souci souligné par les collègues.
      A la limite le délire religieux est peut être inhabituel mais je ne l’ai pas trouvé mal foutu, et je m’étais même dit la première fois « tiens est-ce un truc exploité fréquemment cette dimension religieuse avec ce perso qui porte le nom « devil » ? C’est pas mal »
      Il s’avère apparemment que non, c’est propre à cette histoire. Mais ça ne m’a pas déplu.

      • PierreN  

        « J’ai bien aimé et je ne vois pas le souci souligné par les collègues. »

        En même temps c’est normal si n’a pas encore lu le run de Miller (le sommet de DD en terme d’impact et de qualité). Tant que tu n’auras pas comblé cette lacune, il te manquera un gros morceau du puzzle dans ta perception de la série, puisque tous les runs suivants se définissent par rapport à lui, soit en se plaçant dans son héritage (Chichester, Smith, Bendis, Brubaker, Diggle, Soule), soit en faisant le choix de s’en éloigner (Nocenti) pour renouer avec la vision du DD pré-Miller (Kesel, Waid). L’aspect religieux on le retrouve dans Born Again, mais c’est plus subtil, pas autant appuyé que dans le run de Smith. Maintenant que j’y songe, il n’y a pas beaucoup de scénaristes qui ont utilisé la mère de Matt.

        • PierreN  

          Là, je suis totalement d’accord avec ce que dit Phil :
          « Gros souci pour moi : Ce run, objectivement marquant, et en tout cas remobilisateur des fans/lecteurs, par Kevin Smith (l’homme qui a tant fait contre les encreurs avec une phrase dans un un film) Quesada/ Palmiotti m’a laissé un goût amer, pour différentes raisons subjectives : trop de noirceur calquée sur l’approche de Miller sans en avoir la profondeur, un manque cruel d’humour, qui pourtant est nécessaire pour désamorcer la noirceur (ce que faisait Miller) une approche judeo chrétienne pataude et pesante, un coup médiatique discutable (la mort de Karen Page) et surtout des dialogues trop présents. Les choses s’améliorent avec le départ de Smith, toujours sous l’ère Quesada, mais globalement je fus déçu car Smith a redynamisé le perso et aurait pu apporter plus, et mieux. »
          http://philcordier.blogspot.fr/2015/04/dd-joe-q.html

  • Eddy Vanleffe  

    La secte 1 Miller sinon rien ! ^^

    j’ai pas comparé à Miller non plus…^^ juste je me posais la questions si c’était vraiment abordable quand on connait pas les DD de Miller justement tellement c’est une fanfic deluxe.
    mais c’est de la very good BD, on est d’accord

  • Tornado  

    Vous êtes une secte, celle que je nomme la « tribu ». Vous dites tous la même chose ! 😀
    Franchement sur ce coup là, c’est indiscutable : Il y a un phénomène d’influence pour répéter à ce point les mêmes reproches. Il y a eu beaucoup d’autres auteurs qui ont fait de bons runs (comme Smith) avec des menus défauts (comme Smith), et aucun ne ramasse autant de reproches. Et voilà que le run de Nocenti, longtemps tombé aux oubliettes, devient tout à coup aussi exceptionnel que la saga du Phénix Noir !
    C’est lorsque je constate autant de formules répétitives que j’emploie le terme de « tribu ». Le run de Smith ne possède pas certaines qualités du run de Miller, mais en propose beaucoup d’autres. Et, surtout, sur une continuité de 50 piges, il nage toujours au dessus du lot. Je continuerais donc de le défendre. 🙂

  • PierreN  

    À propos de la religion catholique associé à un personnage ressemblant à un démon, on retrouve aussi ça avec Nightcrawler, ce qui n’avais pas plu je crois à son créateur Dave Cockrum (ou alors serait-ce l’idée d’en faire u prêtre ?), de même que l’idée de faire d’Azazel son père, confirmant ainsi que Diablo n’est pas seulement un mutant avec l’apparence d’un démon, mais qu’il l’est aussi à moitié en raison de sa filiation.
    En comparaison, l’idée de Claremont (Mystique qui peut changer de sexe et donc peut tout aussi bien être le père de Diablo, laissant le rôle de la mère à Destinée) me paraît plus originale et culotté.

    • Eddy Vanleffe  

      Effectivement Dave Cockrum ne voyait pas d’un bon œil la décision d’en faire un croyant…
      le temps aidant, il est carrément devenu curé et même à la limite du bigot….
      Cockrum s’il était encore en vie à ce moment là a du faire une jaunisse en voyant le taré scarifié du film…films qui reprennent d’ailleurs aussi Azazel donnant à posteriori une pérennité aux arcs de…Chuck Austen, figurant dans les bonus DVD et tout…(un autre qui fait consensus…)

  • Eddy Vanleffe  

    Le run de Nocenti n’a été aux oubliettes que parce que des scans se sont paumés et qu’il n’a plus été dispo pendant un certain laps de temps…

    il ne te parlera pas, puisque tu n’aimes pas ce genre là, mais il reste un des passages qui généralement fait consensus. ce n’est pas soudain
    comme généralement celui de Smith d’ailleurs…
    et puis d’ailleurs tout le onde a ses petits détracteurs… je ne connais personne qui soit à l’abri de la critique surtout sur le net…

  • PierreN  

    « Et voilà que le run de Nocenti, longtemps tombé aux oubliettes, devient tout à coup aussi exceptionnel que la saga du Phénix Noir ! »
    Si Bruce et Présence disent du bien de celui de Nocenti, je n’y vois pas une fatalité qui veut que l’on ai tous le même discours, il est surtout question d’évoquer une période de qualité, pourtant sous-estimé par rapport à d’autres plus « hype » qui ont été portés au pinacle fut un temps (Smith, Bendis, Brubaker).
    C’est aussi une manière de rappeler que durant les 80’s, les histoires de qualité de DD ne se limitent pas qu’à Miller, mais aussi à O’Neil (le suicide d’Heather), Ellison (la maison piégée), Brennert (l’épisode sur Urich), et bien sûr Nocenti.

  • Matt  

    Houlà mais décidément le débat reprend sur ce comics.
    Moi j’ai lu ça presque à la même époque que Batman Hush qui était mon premier comics Batman. ça reprend les fondamentaux, ça fait intervenir des ennemis connus, certes parfois u peu trop pour le « fan service », mais ça raconte une bonne saga « chorale » (avec plein de persos impliqués). Ce DD était aussi mon premier comics DD et je l’ai trouvé efficace et je n’ai pas été largué du tout du fait de ne pas avoir lu le run de Miller. Alors ne parlez pas au nom des gens qui n’ont pas lu ce run. Vous en avez un ici qui vous parle^^

    Je peux tout à fait comprendre que s’il y a trahison sur la caractérisation des persos ça puisse déplaire. Mais je ne suis pas un gros inculte en matière de DD non plus. On n’est quand même pas dans le domaine d’un Thanos Rising qui réinterprète complètement les personnages pour en sortir quelque chose de cliché et très terre-à-terre (avis perso). J’ai lu le run de Bendis, une partie de Brubaker…et je ne vois pas pourquoi je devrais lire celui de Miller pour mieux comprendre et mieux critiquer ce comics de SMith. Si Miller est le seul avec lequel le run de Smith ne colle pas super bien, c’est peut être Miller qui s’écarte du reste non ?

  • Matt  

    Vous me semblez enc*** les mouches un peu quand même^^ Si vous êtes des fans hardcore, ma foi je comprends que des trucs soient décevants pour vous…mais je n’ai rien perçu comme un coup médiatique. Je ne connaissais pas Karen Page avant ça, et je la vois mourir. Je me suis juste dit « houlà je lis un truc important dans la vie du personnage ». Oui c’est une saga voulue pour marquer un cap dans la vie de DD. Mais Karen n’est pas revenue 30 fois depuis. On n’est pas dans le domaine des morts et résurrections médiatiques à 2 balles.

  • JP Nguyen  

    Salut les gars, c’est l’enculeur de mouches.
    (Oui, Bruce et Matt, dans des posts séparés, me font mériter ce surnom).
    Je ne voulais pas en remettre une couche mais ça me démange trop.
    Avant tout, on est ici entre gens de bonne compagnie, il ne s’agit pas de marteler un avis pour convaincre les autres, juste d’expliquer un point de vue.

    Comme l’ont dit d’autres intervenants (PierreN), d’autres auteurs que Smith ont réussi à faire du bon, de l’excellent DD en suivant une autre voie que celle de Miller. En particulier, Nocenti a récupéré la situation post Born Again, n’a pas fait table rase du passé mais a emmené la série dans une autre direction. Oui, c’est bavard, parfois (souvent). Parfois un peu lourd mais… plein d’idées originales, qui enrichissaient le perso, ne tombaient pas dans la redite… Et puis, sur la forme, avec du JR Jr + Williamson, il y avait plein de planches iconiques.
    Tandis que Smith-Quesada… Chai pas, on dirait du cahier des charges de blockbuster. Avec des hommages/pompages insérés au chausse-pied.

    Et en disant cela, je n’ai absolument pas l’impression de faire parti d’une quelconque tribu, puisque le run de Smith/Quesada est plutôt apprécié sur le net (c’est pas unanime, mais c’est la tendance dominante, donc…)
    @Matt : pour DD, le run de Miller est quand même fondateur. Penser qu’il ne s’insère pas avec les autres runs successifs, c’est quand même un gros contresens, dans la mesure où ce run est LA référence pour quasiment tous les auteurs ayant bossé sur la série après Miller (qui ont tous cherché à le singer ou à s’en démarquer).
    Rends-toi compte, c’est comme si, sur Thanos Rising, je te disais : « Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre de la caractérisation de Starlin ? Le Thanos de Aaron, il ressemble bien à celui des films et il est cool. Pourquoi devrais-je m’intéresser aux auteurs ayant créé/défini le personnage ? »

    • Matt  

      Nan mais j’ai lu d’autres auteurs sur DD justement. Bendis, Brubaker…et je n’ai pas été choqué par la grande différence avec celui de Smith. PierreN qui me dit que je ne peux pas comprendre le problème sans avoir lu le run de Miller qui fait 20 épisodes…c’est pas comme si on comparait avec Starlin qui a créé Thanos et a réalisé un paquet de comics dessus.
      Je veux bien vous croire que le run de Miller est cool et tout ça…mais je n’adhère pas à l’idée que je devrais me baser sur 20 épisodes de la continuité pour juger TOUS les comics de DD. J’ai lu les 50 épisodes de Bendis, une douzaine de Brubaker, celui de Smith. En terme de quantité j’écrase Miller. Pour reprendre ton exemple c’est au contraire comme si tu me disais de juger le taf de Starlin par rapport aux 6 épisodes de Aaron.
      Alors ok Miller est fondateur, au même titre que Starlin sur Thanos. Mais encore une fois il ne me semble pas qu’on soit dans le cas d’une caractérisation à côté de la plaque. Sinon ça m’aurait choqué par rapport aussi à celui de Bendis, de Brubaker qui s’inspirent aussi de Miller, non ?
      On va donc simplement dire que les écarts de comportement qui sont à l’œuvre dans ce comics ne sont pas assez « what the fuck » pour que ça me pose problème. Contrairement à un portrait de Dame Mort en pisseuse bavarde sanguinaire imaginaire qui s’oppose à une figure monolithique muette, calme et bien réelle chez Starlin.

      Quant au run de Miller, je vais surement lire Born Again publié séparément. Mais parait que la trad du reste est naze, et les Icons sont chers…et ça prend de la place, etc.^^

      • PierreN  

        « Je veux bien vous croire que le run de Miller est cool et tout ça…mais je n’adhère pas à l’idée que je devrais me baser sur 20 épisodes de la continuité pour juger TOUS les comics de DD »

        Plutôt que Thanos, dont l’utilisation par Starlin s’est étalé sur plusieurs décennies, des années 70 jusqu’à aujourd’hui, j’aurais plutôt tendance à comparer le cas Miller/Smith à celui de Tome & Janry sur Spirou, à l’aune de ce qu’a fait Franquin avant eux.
        Dans le cadre d’une critique des tomes de ce duo, et puisque cette équipe créative s’inscrit dans l’héritage esthétique et thématique de la période Franquin, je me vois mal ne pas évoquer cette période séminale auxquels se réfèrent tous les auteurs suivants. Et peu importe que cette période ait duré seulement un tome ou cinquante, l’important c’est sa qualité et l’héritage qu’elle a laissé.

        L’exemple de Batman Hush choisi par Matt me paraît pertinent parce qu’il propose un tour d’horizon complet de l’univers du personnage tous en faisant référence à d’autres sagas (le Batman torse nu maniant l’épée renvoie à l’ère Neal Adams notamment). C’est par forcément un comics exceptionnel du Batou, mais c’est un bon point d’entrée, tout en s’inscrivant dans cette logique de faire du neuf avec du vieux, et si ça donne envie de lire les séries plus anciennes dont il s’inspire c’est tout bénéf.
        Le run de Smith remplit un peu la même fonction, sauf qu’il se borne uniquement à la période millerienne (ça m’étonnerait qu’un lecteur qui a débuté avec cette histoire veuille ensuite embrayer sur la période Colan).
        Son intérêt peut éventuellement être celui d’attiser la curiosité du nouveau lecteur, pour qu’idéalement ce point d’entrée puisse avoir la finalité de servir de marchepied vers quelque chose d’autre, de mieux, à savoir le run a qui il doit tout (Miller) et auquel se réfèrent tous les autres auteurs sur ce titre.

        • Tornado  

          C’est vrai que ce n’est pas évident d’écrire avec le bon ton. Pour ma part j’écris avec le sourire et la bienveillance et je trouve que tout le monde y met la forme, à coup de 🙂 et de ^^ !
          Qui aime bien charrie bien et c’est mon cas. Pour autant, on peut aussi s’agacer de relire des trucs qui apparaissent comme des gimmiks. Mais ce n’est pas évident de faire passer une humeur par écrit.

          Cette histoire de Kevin Smith n’est pas au top au niveau continuité mais elle est très réussie dans son équilibre entre la narration adulte et le versant enfantin de ses icônes. Elle est perchée dans sa toile de fond pseudo-religieuse mais en même temps en accord avec les thèmes de son auteur.
          Disons qu’elle ne s’adresse pas vraiment au fan absolu de la série qui la suit depuis les années 60 et encore moins au lecteur fana qui se passionne pour toutes les périodes éditoriales de l’éditeur et de tous ses auteurs. En revanche elle est extra pour un lecteur qui survole la série et qui en recherche quelques temps forts.

          Mais effectivement c’est bien de rappeler que personne n’a fondamentalement raison ou tort sur la légitimité de telle ou telle saga d’une série mainstream comme celle-là. C’est le plaisir de lecture qui compte. Et c’est ça qui est le plus important.
          Donc, pour conclure, je dirais que je ne suis pas d’accord avec JP, Pierre, Eddy ou Phil. Je perçois ce run de Smith avec un oeil moins concentré sur des comparaisons de fond et de continuité, et davantage sur sa réussite entant que lecture qui redéfinit le mythe.

    • Matt  

      Mais je pense que tu n’as pas forcément tort en disant qu’il y a une volonté d’en faire un blockbuster avec des ennemis connus, des évènements bouleversants, etc. Mais je trouve ça bien fait.
      Au même titre que Batman Hush qui insérait plein de persos parfois très accessoires à l’intrigue…et qui sentait pas mal le « fan service ». Sauf que ça fait une bonne porte d’entrée pour ceux qui veulent aussi voir du super héros plein de costumes, des affrontements un brin enfantins qui ravivent nos souvenirs de gamin…mais au final pour les emmener dans une intrigue plus sombre qui aborde des thèmes adultes.
      J’aime bien ça aussi dans les super héros. Montre moi un DD qui n’enfile jamais son costume, se bat en vêtements de ville, ne croise aucun super vilain…et j’en ai rien à foutre. Enfin…au pire ce sera peut être un bon polar mais j’aurais l’impression de m’être fait avoir sur la marchandise avec le gros « daredevil » écrit sur la couverture.
      L’histoire de Smith, malgré les références que seuls les connaisseurs trouveront, s’adresse très bien à un nouveau lecture. J’ai découvert avec ce comics et même si je ne kiffe pas Murdock, ça m’a donné envie de continuer avec celui de Bendis, etc.
      Et même en retournant le lire maintenant, sans hurler au chef d’œuvre, je vois un comics plein de bonnes intentions qui veut faire plaisir et qui est bien raconté. Donc si Matt est un peu bizarre parfois (il est drogué en plus, non ?) je m’en fous un peu.

  • Tornado  

    Moi je dirais que c’est surtout dommage de ne pas lire le run de Miller, parce qu’avant tout c’est très, très bon !
    Mon truc à moi étant la forme narrative avant tout, je me démarque souvent (sans vouloir faire l’original) du consensus. Ce doit être ça qui me fait un « effet tribu » en retour ! 🙂
    Et effectivement, si la forme narrative n’est pas bonne, je ne peux pas arriver à accrocher. Nocenti n’est donc pas pour moi. Quant à O’neil ou Ellison (que j’avais adoré à l’époque) (dans mon enfance), on va voir…

  • Matt  

    Au fait le « cruel et inhabituel » de Brubaker il est compréhensible si on n’a pas lu les arcs précédents (je n’ai pas lu l’arc sur Mr Fear). ça veut pas dire que je ne VEUX pas le lire, merci de ne pas me répondre « mais faut tout lire Matt !! Faut te ruiner ! » ^^ Simple question. Pour les détails, c’est juste que je vais surement le prendre avant les autres pour cause de risque de rupture de stock du machin. J’ai trouvé un vendeur qui le vend pas trop cher et c’est pour savoir si ça va m’obliger à acheter tout le reste.

  • Eddy Vanleffe  

    Le truc, c’est quand on est fan, c’est qu’on a tendance à vouloir TOUT partager…même les quinze pages en back-up
    Le one shot de Ellison m’a durablement marqué par exemple.
    Mais en fait l’arc de Smith est bon, le reste c’est du détail, (c’est pas le diable qui se cache dedans? ^^)

  • Bruce lit  

    Au vu du merdier lamentable que Marvel a fait avec DD (Soule + Zdarsky en continu, c’est comme vomir et sortir sa diahrée simultanément), je retire tout le chipotage autour de cette histoire de mes commentaires de l’époque. C’était une grande ère pour le personnage et pis c’est tout. Winner : Tornado !

    • Tornado  

      Merci, Boss. C’est vrai que c’est un élément intéressant : Le temps agit sur la valeur des choses.
      Daredevil est un personnage et une série qui a presque 60 ans ! J’adore ce personnage qui est l’un de mes préférés de tous les super-héros mais il a déjà eu plusieurs vies et plusieurs versions au final.
      Quand j’ai essayé de relire les histoires qui m’avaient fasciné dans mes vieux Strange, ça m’est tombé des mains autant que pour les autres séries Marvel de la même époque. L’épisode où il se retrouve dans une maison pleine de pièges, qui m’avait totalement happé quand j’étais gamin, est une vieillerie infantile ridicule à la relecture, avec ces petites filles-robots… Je n’ai toujours pas réessayé le run de O’neil mais à mon avis ça va être pareil que pour Spiderman… Mon cerveau lent est incapable de mettre ces oldies dans la même continuité que le run de Bendis, par exemple. Raison pour laquelle l’arc GOLDEN ÂGE ne m’a jamais dérangé pour ses incohérences chronologiques.
      Partant de là, la série Netflix… c’est une version encore différente du personnage. Une sorte de version MAX qu’il est complètement absurde de mettre dans la même continuité que celle des comics où… c’est déjà absurde de tout mettre dans la même continuité ! Du coup c’est également une de mes versions préférées au final.
      Avec le temps, chaque lecteur se constitue finalement son propre panthéon sur un personnage de série ongoing et sur ses dérivés. Et sa propre continuité.
      En tout cas c’est clair : SOUS L’AILE DU DIABLE est une de mes histoires/versions/variations préférées de tout ce que j’ai lu sur le perso. Et peu m’importe les liens plus ou moins cohérents qu’elle entretient avec des histoires plus anciennes dont je me contrefiche.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Un run sur lequel je reviens finalement assez régulièrement. Il possède des défauts, Kevin Smith emprunte largement à Miller et il casse la poupée de Matt mais on n’est quand même bien baladé en tant que lecteur par une première intrigue bien troussée et prenante.

    Le second arc voit quand même la création d’Echo, personnage à l’époque novateur, très intéressant, magnifiée picturalement par la contribution graphique de ce génie qu’est David Mack

    Joe Quesada est bon. J’aime son DD et son nuivers urbain bondissant. Il croque des visages parfois à la limite de la caricature mais en leur donnant beaucoup d’expression. DD sous le masque arrive à incarner ce diable bondissant. Malheureusement je trouve qu’il ne réitérera sa performance dans le médiocre FATHER.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Je vais lui donner une seconde chance. Acheté en single il y a quelques années. J’ai mis de nombreux mois avant de l’attaquer. Bien hypé par le premier numéro je n’ai pas compris la direction prise au niveau de la menace.

        Graphiquement j’avais trouvé également que Quesada en faisait trop.

        Mais j’ai bien vu la déclaration d’amour à son père.

  • Jyrille  

    A priori, je n’avais pas lu cet article. Pourtant je m’en souviens vaguement. Quoiqu’il en soit, la réédition dans la collection MUST HAVE est bienvenue, j’ai pu y jeter un oeil : je n’ai pas du tout accroché aux dessins ! Je le trouve trop enfantin, comme un dessin animé, les personnages me semblent caricaturaux. Bref, je n’ai pas eu envie de la prendre et je pense que ce ne sera pas le cas avant longtemps.

  • Eddy Vanleffe  

    Il est vrai qu’on a tendance à chipoter…^^
    mais au finish on retient surtout que cette histoire là fut l’un des redémarrage les plus excitant pour un lecteur et ça n’a pas de prix ça…

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