DRACULA, par Steven Moffat & Mark Gattis
Par TORNADOCet article est le sixième d’un cycle dédié aux films de vampires. Soit une rubrique que nous appelons VAMPIRES SOUS LES SUNLIGHTS. Car le film de goules suceuses de sang est à lui-seul un sous-genre à part entière du cinéma fantastique et horrifique, qui contient en son sein un panel assez conséquent de films importants.
Nous reviendrons de temps en temps vous présenter d’autres films de la rubrique. Mais une seule chose à la fois…
Aujourd’hui, nous faisons le voyage en 2020 et nous dérogeons à la règle, puisque nous quittons le domaine du cinéma pour embrasser celui de la télévision, avec un focus sur une mini-série récente, consacrée au Prince des Ténèbres !
Déjà publiés :
DRACULA (1993)
ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE
BYZANTIUM
LE BAL DES VAMPIRES
GÉNÉRATION PERDUE
En 2020, la plateforme de vidéo à la demande Netflix produit une mini-série en trois parties revisitant le roman de Bram Stocker. Un triple événement puisqu’il s’agit d’une adaptation libre du roman séminal transposé ici au XXIème siècle ; d’une production fortunée sous la houlette d’une chaine réputée pour sa modernité progressiste ; et surtout d’une nouvelle création de Steven Moffat & Mark Gattis, les scénaristes TV préférés des geeks, ceux qui ont repris avec tant de brio les univers du Dr WHO et de SHERLOCK HOLMES !
Avec trois épisodes d’une durée-long-métrage d’environ 90 minutes, l’idée consiste à revisiter le livre originel en transposant le récit dans notre époque contemporaine (du moins en partie), changeant à l’envie la chronologie et les personnages, dans une forme de relecture totale, mais en gardant tout de même les fondamentaux du récit initial.
Chaque segment est réalisé par un metteur en scène différent (respectivement Jonny Campbell, Damon Thomas et Paul McGuigan), l’ensemble étant écrit par Steven Moffat et Mark Gattis, ce dernier interprétant également un rôle (Reinfield), comme souvent dans chacune des créations du duo.
Chaque partie est dédiée à un espace/temps particulier :
Premier épisode : En 1896, Jonathan Harker rend visite au Conte Dracula dans son château en Transylvanie…
Deuxième épisode : Sur le navire Demeter, peu après les événements de l’épisode précédent, Dracula se rend à Londres tout en se nourrissant de l’équipage…
Troisième épisode : Dracula arrive en Angleterre au XXIème siècle, de nos jours…
Au moment où j’écris ces lignes, j’ai visionné cette création trois fois. Il m’a bien fallu ça pour l’apprécier à sa juste valeur, en passant par divers stades d’impression et d’émotion.
La première fois que je l’ai vue, je l’ai profondément appréciée. Les bonnes adaptations de DRACULA et même ses bonnes extrapolations ne sont pas légion, tandis que les navets et autres ratages, voire les actes manqués, pullulent depuis plus d’un siècle. Autant dire que le plaisir a été immédiat au premier contact. Il s’agissait clairement de la meilleure transposition de l’œuvre originelle depuis celle de Coppola (je ne vous parlerai pas des versions embarrassantes de Dario Argento, de la trilogie Gérald Buttler ou même de la version UNTOLD, n’est-ce pas ?). Le premier épisode ressemblait d’ailleurs furieusement à un hommage et à une belle déclaration d’amour à la version du réalisateur d’APOCALYPSE NOW. Et puis quel bonheur de trouver enfin une adaptation vraiment horrifique, qui ne faisait pas semblant avec ses poignées de scènes saisissantes et malsaines, distillant l’effroi et les frissons dans une communion jubilatoire. Enfin un Dracula affreusement maléfique, positivement dégueulasse, à la hauteur de nos fantasmes cauchemardesques !
J’en ai souvent fait, d’ailleurs, des cauchemars avec des vampires, et à chaque fois ces derniers y étaient atrocement effrayants, sinistres, indestructibles et dangereux à l’extrême, sans pitié et profondément cruels, d’une noirceur sans fond, à la hauteur de leur poussiéreuse décrépitude et de leur existence ténébreuse. Ici, l’idée que les victimes de Dracula soient condamnées à rester enfermées dans une caisse pour s’y décomposer éternellement en gardant intacte la conscience de leur souffrance, étreint le spectateur d’une terreur viscérale, tandis que l’on accompagne le pauvre Jonathan Harker vers son immonde destin.
Tout le premier épisode se déroule en Transylvanie, à l’époque du roman, d’abord dans le lugubre château de Dracula (dont l’architecture tentaculaire est superbement exploitée par la mise en scène et la gestion de l’espace, aussi étouffant que possible), puis dans le couvant à l’intérieur duquel tente de se réfugier Harker.
Cette première partie se consacre donc essentiellement aux événements qui, dans le récit originel, apparaissaient au début du journal intime de Jonathan, en changeant de nombreux éléments et en intervertissant la participation de certains des principaux protagonistes. Le traitement est moderne, mais nous restons pour le moment à l’ère victorienne.
Le deuxième épisode nous transporte presque sans transition à bord du Demeter. Nous y séjournerons une heure-et-demie durant, cette seconde partie étant essentiellement dévolue au voyage, découpé comme une nouvelle d’Agatha Christie, le spectateur étant le seul à savoir qui décime les passagers les uns après les autres…
Ici, l’horreur se poursuit en huis-clos, tout en prenant le temps de caractériser chacun des personnages, dont il apparait qu’ils ont été manipulés bien amont par Dracula, puisque ce dernier s’est apparemment débrouillé pour que l’équipage en question ne soit composé que de proies triées sur le volet, afin qu’il s’en abreuve puisque chaque fois qu’il « dévore » un être humain, il absorbe ses pensées, ses souvenirs, ses connaissances et son patrimoine génétique.
Si nous sommes toujours à la fin du XIXème siècle, le récit commence à s’émanciper grandement de la plume de Bram Stocker en réinventant complètement le voyage du Demeter (idée qui sera reprise dans un film très moyen réalisé en 2023 : LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER).
Par une pirouette scénaristique aussi simple qu’astucieuse, le troisième et dernier volet nous montre enfin l’arrivée de Dracula à Londres, au XXIème siècle ! Ici, le duo Moffat/Gattis reprend la formule de leur SHERLOCK et dotent le roi des vampires de toute la technologie contemporaine. Nous le retrouvons donc bientôt au sommet de sa tour londonienne, guettant ses proies qu’il s’en va pêcher sur… les réseaux sociaux, évidemment !
Cette nouvelle époque semble être du pain béni pour notre Nosferatu favori. Mais ce serait sans compter sur le retour de son ennemi de toujours, dans le plus pur esprit pulp puisque, dans cet esprit-là, l’antagoniste immortel retrouve toujours, un siècle plus tard, le descendant de son pire ennemi. J’ai nommé Van Elsing, bien sûr…
Une fois encore, le spectateur profite d’un spectacle fiévreux. Et si cette dernière partie perd le charme envoûtant des décors gothiques généreusement mis en valeur dans les deux premières, elle nous réserve encore quelques séquences qui ne font pas dans la dentelle en matière d’horreur, où le physique et le psychologique rivalisent d’intensité.
C’est lorsque j’ai regardé la série pour la deuxième fois que je l’ai la moins appréciée. Entretemps, la chaine Netflix a commencé à étendre son hégémonie et ses formules wokistes ont commencé à se voir comme autant de ficelles factices et racoleuses débordant de partout.
À ma première vision, je m’en fichais pas mal qu’il soit plus ou moins suggéré que Dracula soit bisexuel, que Van Elsing devienne une femme (d’abord une nonne badass, puis une scientifique ambigüe, fascinée par le mal), que les passagers du Demeter soient homosexuels, handicapés, noirs ou indiens, et que Lucy Westenra soit également une femme de couleur. En toute honnêteté je n’y avais prêté aucune attention : Des changements par rapport au roman, certes, mais sans incidence sur le récit. Ce n’est qu’après avoir visionné d’autres créations Netflix, dans lesquelles la formule était répétée systématiquement, parfois en recyclant les mêmes acteurs (comme dans l’anthologie des maisons hantées), que je n’ai pas réussi à faire comme si je ne voyais pas tout ce vernis factice. Car, trop de wokisme tuant le wokisme, l’allergie était en marche et, bientôt, on ne voyait plus que ça ! Les personnages ne faisaient soudain plus corps avec le sujet. La discrimination positive prenait le pas sur la nature même de l’œuvre, qui respirait soudain le produit préfabriqué, calibré selon un « code-couleur » qui, puisqu’il n’était en rien naturel, en rien spontané, révélait soudain ses atours bling-bling.
Le casting était donc devenu un problème, et les deux acteurs principaux, respectivement Claes Bang dans le rôle de Dracula et Dolly Wells dans celui de Van Elsing, semblaient surgir d’un soap-opera hors-sujet pour un tel récit, notamment le rôle-titre et ses faux-airs de Pierce Brosnan (déjà que ce dernier, malgré toute l’admiration que je lui porte, n’était pas convaincant en James Bond, alors en Dracula !).
La faute à Netflix bien sûr, et à sa politique impérialiste hypocrite et calculée, mais en rien celle de Moffat & Gattis.
Dracula et Van Elsing, je t’aime moi non plus…
C’est à la troisième vision que le wokisme a fini par s’effacer devant le talent des créateurs de la mini-série. Et j’ai fini par jeter mes aprioris à la poubelle, tels les derniers oripeaux d’une époque révolue.
La manière dont les auteurs se sont saisis de ces nouvelles figures imposées, en les dotant, sinon d’une réelle épaisseur, en tout cas d’une humanité à fleur de peau, est en fait tout simplement remarquable. Et ce qui devenait agaçant a fini par faire sens dans mon esprit embrouillé par les toiles d’araignées.
C’est notamment en retrouvant l’insupportable Lucy que la chose s’est imposée face à mon esprit frondeur : En créant cette version à peine voilée des stars de la téléréalité et des influenceurs dématérialisés, cette espèce de mélange imbuvable entre une Rihanna des boites de nuit et une Kim Kardashian des réseaux sociaux (non sans lui insuffler quoiqu’il en soit l’humanité relevée au-dessus), les scénaristes ont parfaitement saisi l’opportunité d’illustrer l’ultime Vanité contemporaine. Il faut entendre le personnage louer sans cesse la beauté de sa jeunesse qu’elle ne cesse d’imprégner sur son smartphone pour que l’idée éclate dans toute son évidence : la voici, la promise du Dracula version XXIème siècle, son épouse parfaite, celle qui le suivra dans les ténèbres pour peu qu’il lui promette de demeurer éternellement cette poupée artificielle, prisonnière de sa jeunesse dont elle sait fort bien que, lorsqu’elle sera flétrie, il ne lui restera plus rien !
Brillante idée au final, que de dessiner l’arrivée du prince des ténèbres dans notre monde moderne pour exacerber ses travers souterrains les plus pervers avec cette sacralisation du fric, de l’apparence et du strass, véhiculés par les réseaux sociaux de notre espèce malade.
C’est enfin au terme de cette troisième vision que j’ai également saisi l’essentiel de cette magistrale relecture : Dracula n’était pas le méchant de l’histoire. Son cheminement en trois actes décrit en quelque sorte le chemin tortueux vers une sorte de rédemption. Non pas une rédemption habituelle, mièvre, optimiste, emballée dans un romantisme de pacotille, mais au contraire l’illustration d’une quête complexe, maudite, d’un romantisme noir et vénéneux, où le personnage se dirige lentement mais sûrement vers la lumière, trainant inexorablement sa damnation jusqu’au bout.
Plus le monde se modernise (géniale, cette scène où le vampire fait remarquer à une banlieusarde londonienne que les princes et les rois des temps jadis se seraient damnés pour vivre dans le luxe de son pavillon bon-marché !), plus il se pare à la surface de strass et de paillettes, et plus il se tarit dans la fange d’un mal souterrain. C’est dans ce contexte, à la toute fin de l’histoire, au bout de son parcours nébuleux, que Dracula ne nous apparait plus comme le vilain ultime, mais bel et bien comme le héros de l’histoire. Un héros des temps modernes. Un héros infiniment complexe. Un héros infiniment humain.
Le casting m’est en fin de compte apparu comme étant le bon : Claes Bang est épatant de roublardise et son humanité transparait dès qu’il le faut derrière cette façade d’aristo mielleux, de même que son animalité et, bien évidemment, de son charisme. En bref, un large éventail d’expressions, tandis que Dolly Wells crève l’écran de son physique celte, échappant à tous les stéréotypes romantico-gothiques.
Il était naturel que ces deux acteurs nous jouent le final tragique de circonstance en lui insufflant toute son intensité. Un final poignant et magnifique, hélas un poil expédié, qui nous fait regretter quelques instants supplémentaires en compagnie de notre saigneur préféré et de sa surprenante Némésis.
Alors ? À quand la meilleure adaptation de DRACULA depuis celle de Moffat & Gattis ?
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20 ans ! Déjà 20 ans que ce groupe norvégien, représentant majeur de la scène électro, nous enchante de la richesse de son univers et de son sens des textures sonores. Son dernier album, PROFOUND MYSTERIES, un triple-CD, est très impressionnant !
Bonjour, et merci pour cette analyse qui me permet de découvrir une oeuvre que je ne visionnerai probablement pas. Je ne suis pas un inconditionnel du tandem de créateur (le 11e Docteur m’a fatigué de la série, et je préfère très largement Elementary à Sherlock), je pense passer mon chemin.
« l’idée que les victimes de Dracula soient condamnées à rester enfermées dans une caisse pour s’y décomposer éternellement en gardant intacte la conscience de leur souffrance » : j’ai l’impression d’une inspiration directe du film Les Prédateurs pour ça (peut-être aussi du roman d’origine, mais pas lu)
Bien que ma lecture remonte à loin, je n’ai pas le souvenir de cet élément dans le roman (les victimes condamnées à rester enfermées dans une caisse en gardant intacte leur conscience). Du coup, il parait évident que c’est un hommage au film de Tony Scott. J’aurais dû le relever dans l’article.
Marrant, tu semblais impatient de lire cet article. J’aurais juré que tu avais vu la mini-série !
Impatient justement pour découvrir la série, ici présentée de façon magistrale ! L’adaptation de Dracula est toujours casse gueule, a minima en raison du caractère épistolaire du roman.
Ou alors, comme pour Les liaisons dangereuses, cela laisse plus de latitude pour les adaptations, tu peux broder autour et donner ton point de vue des événements. Mais tu fais bien de rappeler cet aspect primordial du roman.
Ah yes, merci Tornado pour cet article ! J’ai adoré cette mini-série. Je ne l’ai vue qu’une seule fois contrairement à toi mais j’ai adoré et en effet, je ne pense pas avoir vu meilleure relecture depuis le Coppola (Dracula Untold c’était sympa mais c’est avant tout une préquelle qui n’a que peu à voir avec le comte Dracula au final).
Je ne me suis pas lancé dans DR WHO. Il y en a trop, c’est trop intimidant. J’ai vu quelques épisodes et qui sait, un jour peut-être. Par contre, comme tu le dis si bien, je suis fan de SHERLOCK par les mêmes auteurs, j’ai vu quelques épisodes plusieurs fois, et je me referais bien toute la série un de ces quatre (en même temps ce ne sont que 13 épisodes de 1h30…). Je n’ai vu que quelques épisodes de ELEMENTARY mais je ne comprends pas comment tu peux préférer cette version, certes sympathique, mais bien moins profonde et prenante pour moi, JB. ELEMENTARY me fait penser aux séries américaines « procédurales » avec une affaire par épisode et des personnages bien plus lisses, moins attachants.
Je n’ai aucun souvenir des PREDATEURS, il faudrait que je le revoie correctement.
En revoyant la première bande annonce, je découvre encore une reprise de The Killing Moon de Echo and the Bunnymen. Je dois chercher qui l’a faite…
Tu as raison : l’architecture du château est une grande idée, angoissante dès le départ. Je n’ai pas eu la curiosité assez exacerbée pour aller voir LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER. Très belle analyse sur les ficelles redondantes de Netflix. En général, je ne les vois pas non plus, mais elles sont bien là, encore dans LE PROBLEME A TROIS CORPS.
Pour avoir revu ou vu pour la première fois quantité de James Bond en ce début d’année, je trouve que Brosnan est excellent dans le rôle. Physiquement et moralement, c’est sans doute la meilleure incarnation du personnage pour moi : beau parleur, british, amusant et drôle, mais également impitoyable. Le problème, ce sont les films…
Très belle conclusion, on sent que tu as eu le temps de la réflexion, et c’est bien ce que je préfère, comparé aux articles traitant directement d’une oeuvre dès sa sortie (si ça se trouve, j’ai loupé plein de trucs dans FALLOUT, par exemple). D’après mes souvenirs de cette série, je pense que tu as la bonne interprétation, quoiqu’il en soit, j’avais trouvé ça brillant tant dans l’écriture que la réalisation et le casting.
La BO : sympa. Je n’ai jamais sérieusement écouté ce groupe.
Je ne savais pas qu’une série était sortie sur Dracula, un roman que j’aime tellement, merci car tu me donnes envie de la voir, par curiosité même si le « trop de wokisme » peut me gêner aussi !
Merci beaucoup tornado pour ce long article très détaillé.
Pas encore vu ce Dracula mais en grand fan de Steven Moffatt et de Mark Gatiss (il faut absolument voir The League of Gentlemen), tu me rappelles que je dois la mettre à mon agenda de visionnage.
Petite remarque sur le « programme » woke made in Netflix de la série : quelle est la part de responsabilité de la chaîne et celle des créateurs de la mini-série? Tu sembles imputer cette responsabilité avant tout à la chaîne mais souvenons-nous de ce que faisait déjà Moffatt dans Doctor Who, bien avant certaines « obligations » considérées comme wokistes. Je citerai par exemple la création et l’utilisation récurrente par Steven Moffatt du truculent couple lesbien et interespèces que forment Madame Vastra et Jenny Flint. Difficile de faire plus woke que cela.
Et Madame Vastra, Jenny Flint et Strax le Sontaran, c’est une des plus belles trouvailles de toute la période Moffatt du Docteur.
Tout comme Cyrille et pour les mêmes raisons, je n’ai jamais vu Dr WHO (il faut que je voie aussi la mini-série JEKYLL. J’ai essayé mais j’ai arrêté. Et il faut que je réessaie).
The League of Gentlemen ?
Alors pour le wokisme, qui est quand même au départ une très belle impulsion, le problème est justement quand c’est très mal géré par opportunisme, très bling-bling, et c’est le cas de Netfloux. Quand c’est naturel, organique, je dis oui. Mais là… Le summum est arrivé avec la mini-série LA CHUTE DE LA MAISON USHER, où ils ont ajouté toute une desendance à Rodrick, où se bousculent des gays, des handicapés, des noirs, des blancs, des asiatiques… Pour au final composer la famille la moins crédible de toute l’histoire de la pop culture.
Mais bon, c’est un détail. J’ai beaucoup aimé LES ANNEAUX DE POUVOIR (Amazon fait pareil en fait) malgré tout ça.
J’ai des souvenirs de Jekyll comme une série assez nanarde. Je ne sais pas pourquoi, l’image qui me reste, c’est Jekyll chantant « Le lion est mort ce soir » couvert de sang dans un zoo ?
Je ne partage pas ces reproches sur le changement ethnique / d’orientation sexuelle, surtout pour des histoires écrites dans une période où la société était racisée et normative : le monde moderne a suffisamment fait se mélanger les peuples et ouvert les esprits de sorte qu’une histoire complètement WASP serait improbable. J’ai un problème quand on réécrit l’Histoire avec un grand H (le lamentable fiasco « Cléopâtre ») mais pas pour les fictions.
The League of Gentlemen, c’est une série absolument géniale créée à la fin des années 90 pour la BBC par Mark Gatiss et ses complices d’alors Steve Pemberton, Reece Shearsmith et Jeremy Dyson.
Trois saisons de 6 épisodes (sauf la 2 qui en compte 7). Un sommet de comédie horrifique à l’humour noir very very British.
Mark Gatiss quittera ensuite le quatuor alors que Shearsmith et Pemberton continueront dans une veine assez proche de The League of Gentlemen avec Psychoville et Inside n°9, deux nouvelles réussites pour la BBC.
Jekyll, j’ai un souvenir lointain mais pas très flatteur de la mini-série.
Pour ce qui est du wokisme sur Netflix, je ne suis pas bien placé pour en parler. Je ne suis pas abonné à Netflix et, hormis de rares exceptions, je ne regarde rien qui a été produit par la plate-forme.
Doctor Who, c’est pas compliqué. Il suffit de commencer par le début. 🙂
Enfin quand je dis le début, je vise le début à partir de la reprise par Russell T. Davies en 2005, évidemment.
J’aime pas trop le docteur de la première saison (je trouve que Christopher Eccleston est un acteur abominable) mais avec l’arrivée de David Tennant dans la saison 2, ça fonctionne beaucoup mieux.
Sinon, c’est assez inégal. Il y a évidemment des épisodes médiocres, mais heureusement la majorité sont de très bonne facture et puis il y aussi quelques purs chefs d’oeuvre qui valent la peine de suivre la série rien que pour eux. Et aussi une brochette de personnages inoubliables, les compagnons du docteur et des personnages récurrents passionnants (Jack Harkness, River Song,…).
Bon, j’ai un paquet de saisons en retard mais là, ça fait un petit temps que j’ai repris la série depuis le début avec ma plus jeune fille et on s’amuse beaucoup. On est à la fin de la saison 4 et on va justement bientôt entamer la période où Moffatt est showrunner.
Salut.
Merci de m’avoir fait découvrir une série dont je n’avais pas entendu parlé, ni proposé sur Netflix.
J’ai rapidement décroché avec la mention de « 3 épisodes de 1h30 ». Encore plus avec une troisième partie se déroulant au XXIe siècle. Je ne doute pas de la qualité de cette dernière, tes derniers paragraphe étant explicites et très intéressant à lire d’ailleurs :
Plus le monde se modernise, ….plus il se pare à la surface de strass et de paillettes, et plus il se tarit dans la fange d’un mal souterrain jolie. D’accord avec cette assertion. Cela interroge encore plus sur le monde actuel.
Je découvre le duo « Steven Moffatt et de Mark Gatiss ». Jamais vu DOCTOR WHO (et je ne m’y mettrais pas) et je n’ai jamais réussi à voir plus de deux épisodes de SHERLOCK. A voir si je me penche plus sérieusement sur leur production, si le temps et l’envie sont là, bien évidemment.
Une BO intrigante, envoutante. Belle découverte.
PS : Pour terminer sur mon retour, je ne comprends pas cet acharnement sur ce soit disant « wokisme ». (mais je sais que nous sommes sur des avis opposés ; ce n’est pas grave)
Très bon article mais en toute honnêteté ,j’ai détesté cette série que j’ai visionné lors de sa sortie. Ca aurait largement pu être un bullshit detector si j’avais été sur Bruce à l’époque. J’avais trouvé ça catastrophique et hyper vantard. Et là je ne vais pas me faire des amis,mais clairement Moffat m’insupporte depuis qu’il est devenu showrunner du doctor who. Alors qu’il avait écrit les meilleurs épisodes. Je deteste son Sherlock et à la rigueur je lui accorde Jekyll, dont de fait ce Dracula n’est qu’une pâle resucée.
Je suis peut être totalement passé à côté,mais mes.souvenirs sont tels que je n’y retournerai pas. Mais tu me fais douter quand même !
Une forme de relecture totale, mais en gardant tout de même les fondamentaux du récit initial : l’esprit plutôt que la lettre, bel exploit qui n’est pas donné à tout le monde.
Chaque partie est dédiée à un espace/temps particulier / Chaque segment est réalisé par un metteur en scène différent (respectivement Jonny Campbell, Damon Thomas et Paul McGuigan) : une manière élégante de tirer parti d’une contrainte matérielle.
J’ai visionné cette création trois fois : respect, cela fait bien longtemps que je ne me suis pas livré à cet exercice, même pas pour une relecture de BD.
Enfin un Dracula affreusement maléfique, positivement dégueulasse, à la hauteur de nos fantasmes cauchemardesques ! – C’est bon, tu m’as convaincu, cette série n’est pas pour mes yeux délicats… en revanche je lirais bien une version aussi honnêtement gore.
Le voyage du Demeter – L’horreur se poursuit en huis-clos […] ce dernier s’est apparemment débrouillé pour que l’équipage en question ne soit composé que de proies triées sur le volet, afin qu’il s’en abreuve […] – Très intéressante comme idée.
Trop de wokisme tue le wokisme & autres allergies : belle formule qui semble venir du fond du cœur. 🙂
L’opportunité d’illustrer l’ultime Vanité contemporaine […] la beauté de sa jeunesse qu’elle ne cesse d’imprégner sur son smartphone : belle idée également.
Merci pour cette présentation enthousiaste : tu le vends bien, voire mieux, en tous cas pas pire (sic).
Les Vampires : je ne suis toujours pas mordu. Cela étant, ma fille ainée a regardé les séries VAMPIRE DIARIES et THE ORIGINALS et j’ai parfois été happée par les intrigues, même cela coche beaucoup de clichés américains (dans ces fictions, le monde est rempli de jeunes gens tous beaux et lisses).
Le wokisme : en bon vieux con, je suis parfois agacé par certains choix (le personnage X dans telle adaptation devient noir/gay/les deux etc.) Toutefois, en tant que membre d’une minorité ethnique, quand je prends du recul, je trouve quand même que cela est positif. L’accumulation de certaines représentations à l’écran peut contribuer à l’acceptation des différences, plutôt que d’invisibiliser. La difficulté est de le faire dans la nuance et sans essentialiser ni survaloriser… Il serait maladroit de vouloir rattraper/dénoncer des décennies de machisme en montrant uniquement des filles qui sont super-fortes et parfaites… Dans certaines oeuvres, l’écriture est suffisamment habile, dans d’autres, il y a pour moi un effet repoussoir.
Moffat : j’avais déjà lu son nom dans certaines reviews mais n’ayant pas approché ses oeuvres de référence, il n’exerce pas de pouvoir d’attraction particulier sur moi.
Je dois avouer que non seulement je n’étais pas au courant de cette adaptation mais que, sans ton intervention, je ne l’aurai tout simplement jamais regardé ! Tu as très bien résumé tout le mal que je pense de la plupart des series Netflix : l’idéologie l’emporte sur l’histoire, écrasant tout sur son passage !
(Sandman quel désastre !)
Bref si malgré les travers inhérents aux productions de la chaîne tu lui trouves de nombreuses qualités je suis forcément intrigué !
Je vais donc la regarder ! Well done 😉
Merki pour les retours les copains !
Le wokisme : Acharné moi ? Houla, sûrement pas. J’aime les noirs, les femmes, les gays et les chinois. Ils font partie de ma vie et sont mes idoles. Je dis juste que quand c’est hypocrite et mal fait, c’est pas bon. Et puis, qu’au bout du compte on s’en fout : ça m’a énervé 5 minutes au début parce que ce sont des chaines impérialistes qui ont lancé le truc (ils sont vraiment dans cette mouvance, honnêtement ?). Maintenant, je suis passé à autre chose. Je vis avec montemps en fin de compte. Peace and love.
J’ai vu cette série et en garde le souvenir d’un truc un peu chiant. Mais bon, vu que déjà je trouve le Dracula de Coppola chiant aussi, il était très peu probable que je m’y amuse. Je me rappelle essentiellement de l’épisode en huis-clos sur le bateau et pas du tout des réseaux sociaux.
Pour autant, au vu des messages de nos non lecteurs sur Facebook, tu sembles le seul à avoir aimé ce machin.
Toutefois merci pour avoir complété de cet article didactique la thématique de la semaine dernière.
Alors c’est pas vrai : Cyrille a adoré. Steve, ton frère, aussi je me souviens. Avec moi ça fait quand même trois avis autrement plus argumentés que les haters qui ont balancé des posts mesquins et miteux sur fessbouc !