Voyage au pays de la solitude (King Kong 2005)

King Kong 2005, par Peter Jackson

Un article de   TORNADO

1ère publication le 28/01/16 – MAJ le 14/03/20

Le roi Kong : Sauvage et beau !

Le roi Kong : Sauvage et beau !

Cet article est le dernier d’une tétralogie. Il est précédé d’un article sur l’original de 1933 et sa suite réalisée la même année. D’un autre sur les King Kong japonais. Et d’un troisième sur le remake réalisé en 1976 par John Guillermin et sa suite tournée dix ans plus tard…

Comme chacun le sait, ce dernier remake en date, sorti en 2005, est l’œuvre de Peter Jackson, réalisateur providentiel qui ne cesse d’aligner les projets les plus ambitieux en termes de cinéma fantastique…

Commençons par une question : cette version de 2005 est-elle l’adaptation ultime du chef d’œuvre de Cooper & Shoedsack ? Je suis très admiratif du travail de Peter Jackson sur ses relectures de King Kong et des romans de JRR Tolkien (Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit), car il a matérialisé les fantasmes de nos cœurs d’enfants éternels élevés dans les contes et les rêves d’aventure. Il nous a offert, de mémoire de cinéphile, des spectacles d’une générosité à nulle autre pareille.


La magnifique reconstitution du New York de la grande crise économique !

Cela ne m’empêche pourtant pas de voir dans ce remake du King Kong originel de 1933, auquel il se veut le plus fidèle possible, un certain nombre de défauts embarrassants.
Fidèle, il l’est dans la trame de l’histoire puisqu’il nous propose le premier remake du film original se déroulant dans les années 30, avec la « Grande Crise Economique » en toile de fond, ainsi que dans l’esprit, en remettant au premier plan le bestiaire préhistorique qui rendait le film de 1933 si impressionnant.

Mais plus encore que Le Seigneur des Anneaux ou Le Hobbit, le film qui nous intéresse ici n’est pas avare de défauts.
Par exemple, on sent que les scénaristes ont voulu étoffer les personnages et les relations qui les unissent afin d’enrichir la trame de l’histoire, mais le résultat est pour le moins surfait, car c’est bien simple : on se moque un peu de tout de ce qu’ils se racontent ! Les dialogues sont tirés par les cheveux et sonnent faux, et les monologues sous forme d’envolées lyriques sensés élever le débat sont ampoulés. Le talent célébré du trio Jackson/Boyens/Walsh pour l’écriture dans la forme ne serait-il pas, avec le recul, à revoir à la baisse ?

Un petit montage sympa qui illustre bien la bêtise de la scène aux insectes !

Attention : Il va bientôt y avoir une scène too much !
Source Allociné 
 
(C) Universal

Mais le pire est surtout cet humour chronique de très mauvais aloi : Une poursuite mal finalisée entre des hommes, des brontosaures et des raptors qui donne dans le gag bien gras (je déteste ces plans où les personnages dégomment leurs assaillant en tenant une mitraillette d’une main et en tirant n’importe où !) ; une scène de lutte contre des insectes géants se voulant un hommage au film de 1933 (car elle existait à l’époque mais fut perdue au montage), la pire de toutes, qui passe du glauque au burlesque lorsque le personnage joué par Jamie Bell mitraille à tout va sans toucher ses camarades. Et puis cette erreur de casting monumentale en la personne de Jack Black (qui fut choisi pour le rôle du cinéaste Karl Denham pour sa ressemblance avec Orson Welles !!!), relativement à l’aise pour cabotiner, mais sous-doué pour jouer la moindre scène dramatique. Il est le principal talon d’Achille du film, lui apportant un ton caricatural complètement à côté de la plaque ! Soit un humour parfois pitoyable, digne des mauvaises comédies familiales, qui désamorce toute la dramaturgie de l’intrigue.
Enfin, l’arrivée du Roi Kong sur l’écran (après une attente d’une heure et sept minutes !) est plus que décevante. Celle de la version de 1976, pourtant pas la référence en matière de remake, était carrément meilleure !

Si l’on revient sur cette histoire de dramaturgie, on ne peut que regretter tous ces choix puisque, effectivement, ils désamorcent la crédibilité de l’intrigue. Par exemple, en cherchant systématiquement à en faire des tonnes et des tonnes sur chaque scène d’action, les choix opérés par Peter Jackson s’engouffrent systématiquement dans le gros délire. King Kong ne combat désormais plus un tyrannosaure, mais trois ! (rebaptisés « V-rex » en raison de leur évolution sur une île coupée du monde). Ceux-ci sont tellement agressifs qu’ils combattent et poursuivent la petite Ann Darrow (Naomi Watts) en toute circonstance, même lorsqu’ils dégringolent d’une falaise et se retrouvent à faire de la balançoire sur un réseau de lianes !
A l’arrivée, lorsque le roi Kong affronte le dernier V-rex dans la vallée, on retrouve enfin un peu de simplicité et de beauté, après avoir observé une pantalonnade de monstres étirées sur dix minutes !


La scène emblématique du film originel la plus attendue : D’une beauté indiscutable !

Il faut se rendre à l’évidence : Jackson n’a pas cherché à rendre son récit réaliste, préférant assurer la carte du spectacle maximal et assumer le volet familial d’un film prompt à faire rêver petits et grands.
C’est vraiment dommage, car cet équilibre entre le spectacle pop-corn et le drame d’aventure parfois viscéral (incroyable décorum d’une île de l’enfer qui flirte avec l’horreur !) s’avère très mal géré au final.
Quelques notes d’humour essentiellement référentiel sonnent néanmoins juste, surtout lorsque l’acteur de cinéma d’aventures parfaitement fictif nommé Bruce Baxter (Kyle Chandler), encore un Bruce (!), en fait des tonnes dans le narcissisme viril daté et poussif (un clin d’œil à l’acteur Lex Barker, qui reprit le rôle de Tarzan à la suite de Johnny Weissmuller ?).

Un plan, notamment, vaut le détour, lorsque l’on aperçoit Peter Jackson en personne, au volant de son biplan, renoncer à mitrailler King Kong au sommet de l’Empire State Building en se montrant incapable de l’achever. Cette scène fait évidemment référence au film de 1933, où Merian C Cooper et Ernest B Shoedsack, les réalisateurs du film originel, se chargeaient eux-mêmes d’abattre leur créature, dans un acte purement infanticide ! Jackson montre ainsi, dans un acte provisoire de rédemption, son amour pour le monstre puisque l’on sait que c’est le film de 1933 qui le destina à devenir cinéaste, lorsqu’il le découvrit à l’âge de neuf ans…


Le pont naturel. Autre image emblématique, devenue iconique dans le cinéma d’aventures !

Pour le reste, c’est une réussite. Toutes les séquences d’effets spéciaux, à quelques rares exceptions près, sont d’une perfection à couper le souffle et tiendront encore la route longtemps, de même que les innombrables effets pyrotechnique d’une complexité inouïe (combien de centaines de plans ont été effectués afin de réaliser la scène de poursuite à New York ?).
Les images sont splendides du début à la fin. Et chaque plan est une leçon de cadrage et de mise en forme iconique. C’est d’ailleurs en contemplant la beauté de tous ces tableaux imprégnés sur pellicule que l’on regrette que Peter Jackson n’ait pas opté pour davantage de retenue, de contemplation et de simplicité dans son montage final.Finalement, on se dit que les scènes intimistes entre le roi Kong et la jolie Ann, sans dialogues, axés sur l’échange des regards, sont au dessus de tout le reste.

Cette version se permet ainsi le luxe de surpasser son modèle sur le terrain de l’émotion, puisque son gorille, grâce à des effets spéciaux vraiment réussis, est bouleversant d’humanité et parvient à rester crédible au cœur de cette romance improbable entre la Belle et la Bête. Peter Jackson réussit de façon incroyable à nous convaincre de cette histoire d’amour entre un gorille géant et une belle citadine désabusée, aussi naturellement que F.F. Coppola parvenait à nous emmener dans le tourbillon passionnel unissant Dracula et Mina dans sa relecture du célèbre Vampire !


Rencontre mythique entre le monde sauvage et le monde civilisé…

Le script du film bénéficie évidemment de la richesse thématique exceptionnelle que l’original développait en sous-texte, où étaient exposés le mythe de la la « Belle et la Bête« , celui du « Bon sauvage« , ainsi qu’une réflexion sur l’anthropologie et le choc des cultures, ici renouvelés de manière intacte.
Mais surtout, alors que le trio de scénaristes échoue parfois sur la forme, il parvient à magnifier le fond par le truchement d’une toute nouvelle thématique : Celle de la solitude. Ann Darow, jeune femme solitaire rêvant de percer à Broadway dans le monde du théâtre, délaissée toute se vie par son entourage, trouvera ainsi en King Kong le seul être refusant de l’abandonner en toute circonstance. Ce dernier, lui-même esseulé puisque seul survivant de son peuple (troublante scène le montrant revenir sur son domaine, parsemé des ossements de sa défunte famille), trouvera en Ann le seul être auquel s’attacher. Et il faudra finalement la mort du géant pour que la belle accepte enfin de rejoindre Jack Driscoll (Adrian Brody), le pauvre homme ayant fait ses preuves afin de lui redonner confiance en la nature humaine…
Une bien belle histoire en définitive, pleine de profondeur.

Il est donc dommage, qu’en trois heures de métrage, le scénario s’adonne aussi souvent à de telles fautes de goût. Entre un humour et des dialogues complètement hors-sujet, il ne reste parfois plus que le grand spectacle et l’émotion de quelques scènes intimistes sans paroles. On gagne donc un bon film, mais on perd un chef d’œuvre…

Le film existe en deux versions, une courte et une longue (comme tous les films fantastiques de Peter Jackson depuis Fantômes Contre fantômes). La version longue fait, quant à elle, bien pâle figure en rapport de celle du Seigneur de Anneaux et du Hobbit, en nous gratifiant de morceaux d’action défoulatoires et de monstres en tout genre supplémentaires, certes bien funs, mais franchement pas indispensables…

Au final, il est probable que beaucoup de cinéphiles ou de simples spectateurs ne soient pas d’accord avec mon point de vue, ce qui est tout à fait normal, d’ailleurs. Il est pourtant sincère et mûri d’un long recul au regard d’une œuvre que j’adore et d’un réalisateur que j’admire. Et mon dieu que les aime ces deux là, malgré leurs défauts !
Ayant découvert l’original de 1933 à l’âge de sept, je suis né geek à ce moment là (et lors de la sortie du premier Star Wars, il faut dire !), et j’espère bien le rester au-delà de 77 ans…
Et quand on y réfléchit, qu’est-ce qui a fait de nous des geeks, sinon la solitude éprouvée au sein de ce monde domestique dans lequel nous ne nous reconnaissons pas toujours ?


La Belle et la Bête…

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2005 : Peter Jackson réalise un remake fidèle du King Kong original de 1933 réalisé par Cooper & Shoedsack. En homme averti, Tornado réalise une étude comparative, aboutissant aux demi-réussites du film de 2005, et à ses points forts, en particulier celui du thème principal.

9 comments

  • Jyrille  

    Superbe article comme toujours, Tornado. Surtout que je te rejoins complètement sur ta conclusion, si juste, et sur toute l’analyse du film ! Je retiens surtout la scène de danse sur glace avant la poursuite dans NY. C’est gracieux, et comme tu le soulignes, très émouvant de voir Naomi Watts et ce gorille immense s’adonner à la joie du patinage comme si on était dans Quand Harry rencontre Sally.

    Cependant, je n’ai pas vu le Hobbit, mais lorsque tu dis « Je suis très admiratif du travail de Peter Jackson sur ses relectures de King Kong et des romans de JRR Tolkien (Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit) », je n’utiliserai pas personnellement le terme de « relectures » mais plutôt d’adaptations. Pour moi, une relecture est une nouvelle création basée sur une oeuvre forte, qui peut lui faire écho, lui rendre hommage.

    Pour le reste, je rejoins totalement ton analyse. Je retiens surtout la beauté des images et quelques scènes.

  • Bruce lit  

    mince ! A part la belle séquence sur la glace, je n’ai aucun souvenir de tout ça. Et je m’en veux ! moi, le bullshiter detector de ne pas me rappeler de la scène des insectes. Et il me semble que Jack Black m’avait aussi agacé. Les expressions du Singe sont vraiment chouette. D’ailleurs, l’un des rares blockbusters que je suis avec attention reste le reboot de la Planète des Singes riche de plein de choses.
    Mais ton post est convaincu et convainquant. Je suis donc Kong Vaincu de revoir tout ça fissa d’autant plus que tes lignes sur la solitude de Naomi Watts sont très pertinentes et m’évoque le cercueil de verre de Marilyn Monroe. Tiens, à ce propos, si tu détestes le punk, je dois admettre que le Sinatra, c’est pas possible, je ne supporte ni l’artiste ni l’homme. Impossible pour moi de le ressentir habité par ce qu’il chante. Je loupe encore un truc qu’il était l’idole d’Iggy et de Jim Morrison. mais ce style de musique avec le reaggae m’est totalement hermétique.
    Enfin, concernant Samuel Jackson, j’ai comme l’impression que l’on pas fait encore le tour de la question ;).
    J’aimerais le voir tourner autre chose que de (bonnes) adaptations sur des films plus intimistes. Tiens ! mais il devait pas tourner la suite de Tintin ?

  • Présence  

    On se moque un peu de tout de ce qu’ils se racontent. – C’est effectivement assez embêtant si les personnages sont inintéressants dans leurs dialogues. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’empathie possible, et que le spectateur se retrouve en compagnie d’individus qu’il souhaiterait éviter.

    Le gag bien gras – Parfois, je n’arrive pas à me faire un avis sur la qualité de l’humour à l’œuvre. Suis-je trop exigeant, trop élitiste, trop coincé, ou est-ce qu’effectivement l’auteur a tiré son récit vers le bas avec un humour trop racoleur, ou trop grossier ?

    Jamie Bell mitraille à tout va sans toucher ses camarades […] ce qui désamorce la crédibilité de l’intrigue. – J’ai l’impression qu’il s’agit souvent d’une convention des films d’action : le héros se sauve sous une pluie de balles tirés par des hommes de main incompétents, piètres tireurs. Ces scènes sont souvent stéréotypées, comme un point de passage obligé, pour lequel il y aurait entente tacite entre l’auteur et le spectateur (les 2 étant d’accord pour l’absence de plausibilité sur le fait que le héros s’en tire sans une égratignure, un peu comme les ninjas de la Main incapables de blesser un personnage principal).

    En lisant ton paragraphe sur la solitude, j’ai eu l’impression de pouvoir ressentir le lien affectif entre King Kong et Ann Darow, un beau développement sur un lien qui unit 2 individus sans autre point commun.

  • Patrick 6  

    Très bel article Tornado et je partage ton opinion pour l’essentiel ! On sent bien que Jackson a voulu étirer le concept au maixmum tout en restant fidèle à l’original le plus possible et c’est bien là le problème !
    Dans l’original il n’y tout simplement pas assez de matière pour produire un film aussi long ! Du coup le réalisateur ne choisit pas entre remake et version inédite, ce qui au final ne satisfait plus personne !
    Bon que ce soit clair j’aime beaucoup ce film mais ce n’est certainement pas le meilleur de Peter Jackson…
    Quant à Jack Black, que j’adore pourtant, il fait en effet un peu « tache » dans ce film, puisqu’il est beaucoup plus à sa place dans des rôles potaches ou de gros geeks snobs (Haute fidélité pour ne pas le nommer).
    Ici il est un peu en porte à faux…

  • Tornado  

    @Cyrille : Oui, ce sont avant tout des adaptations. Mais il apporte une telle modernité formelle à tout ce « matériau » que l’on pourrait presque parler de relecture.
    J’aurais effectivement dû citer la scène sur la glace. Avec le recul, c’est probablement l’une des scènes qui a le plus marqué le public.

    @Bruce : J’aime aussi beaucoup le reboot de La Planète des singes.
    Je réécoute depuis ce matin l’album de Sinatra que j’ai choisi pour l’article, « Only The Lonely », qui est mon album préféré entre tous et qui me bouleverse à chaque écoute. Il y a quelque chose de très nostalgique dans cette musique et chez cet artiste, qui ne parle probablement qu’à des nostalgiques de l’âge d’or hollywoodien. Mais en principe tu aimes ça aussi, l’âge d’or hollywoodien !
    Et au fait, pourquoi appelles-tu TOUJOURS Peter Jackson Samuel Jackson ??? 😀
    En ce qui concerne le Tintin, je ne sais pas encore si le projet du second film est toujours d’actualité. Aux dernière nouvelles, il devait commencer le tournage fin 2016. Mais ce ne sont que des rumeurs.

    @Présence : Ce n’est pas que les personnages ne suscitent pas d’empathie, mais plutôt que les dialogues sont surfaits. Du genre « travaillés » mais ça n’est pas très réussi.
    Pour l’humour, je pense effectivement que c’est racoleur. On met la dose pour assurer le cahier des charges, mais on ne cherche pas à ce que ce soit brillant…
    « Le bonhomme qui mitraille à tout va sans toucher ses camarades » : Une convention des films d’action ? Sans doute. Mais je trouve effectivement que ça décrédibilise l’intensité du récit. Je ne cherche pas à ce que ce soit crédible à 100 %, mais au moins que je ne me sente pas pris pour un imbécile.
    Le thème de la solitude est à mon avis l’aspect le plus réussi du film, raison pour laquelle j’ai tenu à le mettre en avant.

    @Patrick : Je ne suis pas fan de Jack Black mais je peux effectivement l’apprécier dans des films qui lui correspondent (« Super Nacho », par exemple). King Kong ne lui correspond pas, et inversement !
    Sinon, ton observation sur le fait que ce remake de King Kong a le cul entre deux chaises est très pertinente. J’aurais dû y penser.

  • JP Nguyen  

    Bon, j’ai pas grand grand chose à amener au débat, étant donné que je ne suis pas fan du film original et que j’ai regardé très distraitement ce remake, un soir en VoD, sans en garder un quelconque souvenir…
    Ah si, je suis fan de Sinatra ! Je ne connais pas trop sa disco et ses périodes mais à chaque fois que je tombe sur ses chansons dans des BO, je les trouve fort bien interprétées, avec un grand pouvoir d’évocation…

  • Lone Sloane  

    Je ne l’ai pas revu depuis sa sortie en salles, et j’étais enthousiaste alors, grâce aux qualités du film que tu mets habilement en perpective, et également parce que ses défauts étaient manifestes, et notamment le peu d’empathie que l’on pouvait avoir pour les personnages principaux, à l’exception de notre couple d’amoureux mal assortis. Les défauts et les imperfections peuvent rendre les oeuvres artistiques plus proches du commun des mortels.
    Et j’avais beacoup aimé la scène grouillante d’insectes, qui arrivait comme un cheveu sur le soupe et tranchait avec un goût du grotesque gore (qui rappelait les premières amours de Peter Jackson) avec le reste du récit d’aventures. J’ignorais l’hommage asssumée à cette scène manquante dans le film original.
    Tu m’as donné envie de le revoir, preuve de la qualité de ta chronique comme du matériau original.
    Je connais mal Sinatra mais je me rappelle d’un grosse émotion en écoutant It was a very good year dans la série les Soprano, une chanson qui invite à la nostalgie.

  • Anamorphose  

    Je dois dire, pour ma part, que je ne suis pas tout-à-fait d’accord avec le point de vue de Tornado sur l’humour dans ce film–en tout cas pour certaines scènes, notamment celle des apatosaures qui s’aplatissent les uns sur des autres (des aplatosaures, du coup… hem…). Je ne pense pas qu’il s’agisse de quelque chose de grossier ou de racoleur, et encore moins de facile. Au contraire, je pense qu’il s’agit d’une grosse prise de risque, car peu de gens sont sensibles au grotesque, ce en présence de quoi nous nous trouvons. Il faut voir les trois premiers films de Jackson (Bad Taste, Meet the Feebles et Brain Dead, summums du grotesque et du mauvais goût cinématographiques) pour se rendre compte que c’est là qu’est née la vocation de ce réalisateur: c’est un retour aux sources que cet abandon extravagant dans ce décor primordial –l’île mystérieuse du récit d’aventure– à tous les excès de l’imagination enfantine (et non puérile). C’est aussi un retour aux sources de l’histoire du cinéma pour ce film qui est un hommage non seulement au cinéma des années 30, mais aussi au burlesque à l’ancienne, purement corporel et situationnel. Comme le dit Tornado, les plus belles scènes sont muettes, et je pense en particulier à cet acte sexuel sublimé, entre la Belle et la Bête, qui a lieu sur le lac glacé à Central Park. Ce film se prête peut-être encore mieux que l’original à des lectures psychanalytiques, grâce aux débordements de son imagination. Je ne dispute pas, en revanche, ce qu’écrit Tornado sur la faiblesse des dialogues.

  • Tornado  

    Pour les fans de Sinatra, j’espère que vous avez écouté les chansons de l’album que Bruce à mis en lien… C’est pour moi le plus bel album de Franky, et il n’y a aucune chanson connue dessus.

    Par rapport aux posts de Lone et Anamorphose :
    Je trouve vos remarques sur ces deux scènes (respectivement celle des insectes et des apatosaures) très intéressantes. Merci pour ce point de vue différent du mien, mais qui fait sens et qui effectivement se justifie dans la perspective d’embrasser toute la carrière de Peter Jackson. Sur ce point je trouve que vous avez raison. Je connais bien les premiers films de Peter Jackson et c’est vrai que ces scènes découlent d’une certaine continuité.
    Maintenant, est-ce que ces scènes sont réussies pour autant ? J’ai dû voir ce film pas loin de 10 fois (ma femme l’adore alors on se le repasse souvent). Et plus je le regarde, plus ces scènes me dérangent. Je trouve qu’elles gâchent tout. Si Jackson les a introduit dans un état d’esprit au diapason de ses thèmes et de ceux du King Kong original (avec cette dimension burlesque effectivement bien vue), je les trouve néanmoins ratée et grossières. Avis tout à fait personnel et subjectif.
    Maintenant, avec ce point de vue éclairé sur la dimension grotesque de certaines scènes, peut-être verrai-je les choses différemment au prochain visionnage. Merci d’avance si c’est le cas. 😉

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