Le Doux Parfum des Pulps (Trinité DC par Matt Wagner)

Par : TORNADO

Podium !

Podium ! © DC comics

Trinité, par Matt Wagner

VO : DC Comics

VF: Panini

Cet article portera sur le recueil Trinité (Trinity en VO), entièrement écrit et dessiné par Matt Wagner, avec une mise en couleur de Dave Stewart.

Trinité est une mini-série en trois (longs) épisodes publiée initialement en 2003. L’histoire nous conte la rencontre entre les trois (il n’y a que des « trois », en somme) figures majeures de l’univers DC Comics, c’est-à-dire Superman, Batman et Wonder-Woman.

Epuisé, désormais vendu à prix d’or sur la toile dans sa VF, Trinité constitue néanmoins un excellent point d’entrée pour tous les néophytes puisque Matt Wagner opère ici une relecture de la première rencontre historique entre les personnages.
Puisqu’il nous reste de la place, nous jetterons également un œil sur d’autres créations similaires dédiées à nos héros, notamment celles qui ont été réalisées par Matt Wagner…

Le cliché ultime : On se bat et on discute après !

Le cliché ultime : On se bat et on discute après ! © DC comics

Superman, Batman et Wonder-Woman furent les trois premiers super-héros modernes importants de l’Histoire des comics, créés respectivement à la fin des années 30. Matt Wagner décide ainsi de traiter cette rencontre dans un style rétro, qui rappelle l’esprit des pulps de l’époque et semble nous ramener au cœur de la période consacrée. Ce parti-pris fort sympathique assure quasiment à lui-seul l’intérêt d’un pitch par ailleurs assez commun : Le terroriste Ra’s Al Ghul, ennemi récurent de Batman, bien décidé à conquérir le monde, menace de détruire les grandes civilisations. Les trois héros vont donc s’allier afin de déjouer ses plans machiavéliques, dont l’essentiel consiste à détourner des missiles nucléaires sur les satellites, ainsi que sur Gotham City et Metropolis…

La rencontre entre ces trois grandes figures est l’occasion pour l’auteur de démontrer toute l’affection qu’il leur porte et la connaissance qu’il possède de leur mythologie, au point de souligner leurs principaux traits de caractère, qui ne pétillent jamais autant que lorsqu’ils sont mis en parallèle. La noblesse de Superman, le féminisme de Wonder-Woman et l’austérité de Batman se révélant finalement très complémentaires, en même temps que leurs dons respectifs (puissance et altruisme pour les deux premiers, perspicacité et esprit de déduction pour le troisième).

Un dieu, une déesse, un homme chauve-souris…

Un dieu, une déesse, un homme chauve-souris… © DC comics

La narration n’est pourtant pas parfaite. Les planches sont constellées de cellules de texte qui exposent souvent les pensées des protagonistes. Il ne s’agit là ni de phylactères, ni de voix-off ; il est souvent très difficile d’en déduire la source et parfois, le mélange avec les dialogues se révèle très confus. Quant aux rapports entre les membres de la « Trinité », ils ne sont pas non plus très subtils et leurs altercations, par moment, portent à sourire.

Si le style graphique de Matt Wagner n’est pas spécialement virtuose (sans effets de réalisme tape-à-l’œil) et frôle souvent l’esquisse, ce dernier nous gratifie néanmoins de très belles planches. Mention spéciale aux majestueuses vues urbaines en pleine-page : Gotham City et Metropolis brillent de mille feux au milieu de cette ambiance « rétro-pulp » ! La présence du coloriste Dave Stewart, qui parvient de son côté à saisir un juste milieu parfait entre les teintes vives et la retenue, baignant chaque planche de couleurs fauves et lumineuses sans jamais les rendre clinquantes, apporte une réelle valeur ajoutée à l’ensemble.

Wow !

Wow ! © DC comics

A l’arrivée, Trinité remporte les suffrages. Une histoire convenue et banale, une narration un peu laborieuse, mais une générosité totale doublée d’une excellente caractérisation des personnages qui, alliée à un parti-pris rétro vraiment savoureux et iconique, transporte le lecteur dans un univers merveilleux et intemporel, où brillent les archétypes de l’âge d’or des comics. Une petite douceur qui permettra aux amateurs de retrouver une certaine atmosphère perdue, pleine de candeur et de naïveté enfantine (mais pas infantile !).

A noter la présence de Bizarro, supervilain issu de l’univers de Superman (une sorte de double inversé plutôt… bizarre !), ici employé comme arme de destruction massive par Ras’Al Ghul, autoproclamé terroriste écologiste !
Enfin, notons également que ce travail de relecture, malgré la patine rétro affirmée, aspire à une certaine intemporalité puisque plusieurs éléments (les missiles nucléaires, par exemple), n’existaient pas encore dans les années 30. Soit un équilibre étrange, que l’on retrouvera dans d’autres créations du même genre.

 Re-Wow !

Re-Wow ! © DC comics

Puisque l’on parle d’autres créations du même genre, le voyage effectué à travers la mini-série Trinité s’apparente, sur bien des points, à celui de Batman/Tarzan: Les Griffes de Catwoman, un elseworld (récit parallèle se déroulant dans une continuité alternative ou un autre espace/temps) paru sous la forme d’une mini-série de quatre épisodes, réalisés en 1999 par le scénariste Ron Marz et le dessinateur Igor Kordey.

Le récit commence par nous exposer la rencontre entre Lord Greystoke (alias Tarzan) et Bruce Wayne (Batman, dans le civil) à Gotham City, lors de l’inauguration du musée d’histoire naturelle de la ville, généreusement parrainé par le second de ces messieurs. Mais lorsqu’une mystérieuse femme déguisée en chat cambriole le musée, les deux aventuriers se retrouvent à lutter coude à coude contre une organisation de trafiquants d’objets archéologiques. Rapidement, leur enquête les mène au cœur de l’Afrique, dans une mystérieuse citée perdue, celle-là même d’où vient la si fascinante femme-chat…

Tous les crossovers sont possibles !

Tous les crossovers sont possibles ! © DC comics

A l’époque de sa sortie, j’avais lu une très alléchante critique sur cette mini-série dans un magazine. Je m’attendais alors à découvrir un excellent récit. Autant dire que de ce point de vue, j’ai été plutôt déçu. Le scénario du vétéran Ron Marz souffre de tous les défauts inhérents aux comics old-school : Grosses ficelles narratives improbables, dialogues ampoulés et caricaturaux, caractérisation des personnages à gros traits avec méchant d’opérette et romance de pacotille, scènes d’action poussives, toile de fond naïve et infantile … Marz met en avant les différences entre ses deux figures archétypales avec la finesse d’un éléphant, insistant tout du long sur l’élément suivant : Tarzan tue, mais Batman ne tue pas, alors ils ne sont pas d’accord, etc. On est très loin des récits plein d’esprit tels qu’Alan Moore a pu nous en offrir dans le registre de l’hommage aux pulps de l’époque, avec Tom Strong par exemple.

Le dessin d’Igor Kordey ne mérite pas non plus toutes les louanges. L’artiste se montre en effet très inégal, offrant quelques images impressionnantes immédiatement contrebalancées par d’autres calamiteuses. Il livre tout de même un travail d’ensemble honorable (meilleur que lors de sa prestation sur les X-men auprès du scénariste Grant Morrison).
Pour autant, on pourra apprécier le premier degré sincère de l’entreprise. Avec un peu plus d’esprit, de finesse et d’élégance, on gagnait un récit à l’esprit pulp du plus bel effet, dans la grande tradition des sérials des années 30 (dans le genre, Iron Man : La quête du cœur , par exemple, valait franchement le détour) et des films avec Johnny Weissmuller. De ce point de vue, on passera tout de même un agréable moment de lecture… façon old school.

 Deux héros qui s’entendent comme chauve-souris et singe…

Deux héros qui s’entendent comme chauve-souris et singe… © DC comics

Mais si l’on veut trouver des récits abordant l’univers de Superman, de Batman ou de Wonder Woman dans le même esprit pulp que Trinité, il faut regarder ailleurs. Je ne parlerais pas ici de la trilogie réalisée dans les années 90 par les époux Randy et Jean-Marc Lofficier (Superman : Metropolis, Batman : Nosferatu et Wonder-Woman : Blue Amazon) car, étant donné qu’elle demeure hélas inédite en VF, je ne l’ai pas lue. En revanche, je citerais comme des immanquables le Superman : Kryptonite  de Darwin Cooke & Tim Sale, ainsi que le chef d’œuvre (absolu ! combien de fois devrais-je vous le répéter, morbleu !) La Nouvelle Frontière , entièrement réalisé par le même – et très regretté – Darwin Cooke. Ces deux créations bénéficiant chacune d’un article sur le blog, inutile de s’y attarder en ces lignes. Notons juste que Superman : Kryptonite opère le même type de relecture intemporelle que Trinité, ce qui donne lieu à quelques passages étranges, où les personnages utilisent des téléphones mobiles là où l’on s’attendrait plutôt à les voir entrer dans une vieille cabine d’antan. C’est d’ailleurs pareil du côté de Marvel, avec des mini-séries (plus ou moins médiocres, par ailleurs) comme Avengers les Origines de Joe Casey & Phil Noto ou Captain America : Un Homme Hors du Temps de Mark Waid & Jorge Molina.
Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin avec les créations du tandem Jeph Loeb & Tim Sale , également chroniquées sur le blog dans les détails…

On peut en revanche ouvrir ici une plus large parenthèse sur deux autres mini-séries réalisées par Matt Wagner et dédiées à Batman, soit Batman et les Monstres (2006) et Batman et le Moine Fou (2007), qui reviennent sur les débuts de l’Homme chauve-souris, lorsqu’il était encore solitaire et mystérieux.

 Retour vers le passé…

Retour vers le passé… © DC comics

Autant l’avouer : Les relectures des origines de nos super-héros préférés ne sont pas toujours des réussites. Mais parfois c’est le cas, et ce dyptique réalisé par Matt Wagner fait largement partie des meilleures relectures que vous pourrez trouver dans le genre.
L’auteur de Grendel nous propose de revenir sur la première rencontre entre Batman et l’un de ses premiers ennemis historiques : le diabolique Hugo Strange. Cette sorte de remake est par ailleurs l’occasion de redécouvrir l’une des premières aventures du caped-crusader, que les aficionados ont pu lire en VF dans le Batman Archives  publié chez Semic, qui regroupe toute la première année de la toute première série dédiée à l’homme chauve-souris. Une version complètement repensée et développée, l’épisode originel étant, avec le recul, plutôt maigre !

Une autre volonté de Matt Wagner semble être de placer son aventure à la suite du Year One  de Frank Miller & David Mazzucchelli, dont le style moderne et la forme de narration lui correspondent davantage que les oldies de Bob Kane & Bill Finger. A ce titre, certains trouveront regrettable le fait qu’il parasite la saga La Proie d’Hugo Strange écrite par Doug Moench en 1990, qui proposait déjà une suite directe (et brillante) à Batman : Year One, tout en mettant en scène le même Docteur Hugo Strange. Sur ce point, le dyptique de Matt Wagner vient effectivement lui faire de l’ombre car il lui oppose une véritable continuité distincte…

 Petit leçon de découpage réalisée par maître Wagner

Petit leçon de découpage réalisée par maître Wagner © DC comics

De ces deux mini-séries qui se suivent, la seconde est probablement la plus réussie. L’ensemble, délicieusement gothique, est de toute manière un pur bonheur, tant l’auteur semble maîtriser son sujet, nappé d’une étonnante atmosphère nocturne et morbide.
Le dessin peut paraître assez approximatif au départ, mais il suffit de se dire que Matt Wagner a voulu rendre hommage au Batman originel des années 30 pour regarder ce style apparemment naïf d’un autre œil.
La valeur ajoutée de Batman et le Moine Fou est par ailleurs due au fait que les méchants, cette fois, sont totalement inconnus au bataillon. Vampires ? Démons ? Secte moyenâgeuse ? Mystère…
Ce Batman de Matt Wagner est donc une grande réussite, dont l’art du découpage, la clarté et la justesse nivellent le récit par le haut, le tout ennobli par une superbe caractérisation des personnages, y compris lorsque l’on observe le quotidien de Bruce Wayne (c’est donc clairement un ton au dessus, en termes qualitatifs, de trinité). Et l’on apprécie de retrouver le Batman des débuts, sans les douze Robin, les huit batgirls et autres batmites…
Un réel bémol cependant, en ce qui concerne la traduction paninienne, complètement à côté de la plaque…

Notre tour d’horizon sur trinité et ses cousins est terminée. Si vous avez aimé, ne ratez pas non plus une autre petite histoire centrée sur Batman entièrement réalisée par Matt Wagner : Faces . Quant à son crossover avec Grendel, ne l’ayant encore jamais lu (il n’est pas non plus paru en VF), je préfère laisser la parole aux spécialistes de la VO…

Presque du Frank Miller…

Presque du Frank Miller… © DC comics

—–

#999
Sur un air de Wagner, la sainté Trinité débouche chez Bruce Lit. Revenez ! Nous n’avons pas encore rejoint Sens Commun ! Il s’agit de la Trinité DC : Batman, Wonder Woman et Superman mis en scène par Matt Wagner dans un album aujourd’hui épuisé en VF. Tornado vous en parle quand même !

La BO du jour : C’est un fait Tornado est définitivement coincé entre la nouvelle et l’ancienne école des comics.

https://www.youtube.com/watch?v=Xx1AYIiaXiA

76 comments

  • Matt & Maticien  

    Thanks. Trinité semble assez intéressant. Je n’étais pas sûr de comprendre ce que tu entends par « généreux » pour qualifier Trinité.
    Le parallèle avec la trinité que tu exposes en lehen

  • Présence  

    Un grand merci pour donner à Matt Wagner la place qu’il mérite en tant que créateur qui sort du lot.

    J’ai gardé le même sentiment que toi concernant Trinity : bien, mais manquant d’un petit quelque chose pour être indispensable. J’ai trouvé ton rapprochement entre les missiles nucléaires de Trinity et les téléphones portables de Kryptonite très perspicace (je m’en veux de ne pas y avoir pensé tout seul). Sur ces histories où il est employé comme comme main d’œuvre (c’est-à-dire qu’il ne détient pas les droits de propriété intellectuelles des personnages ou même des histoires), Matt Wagner ne semble pas s’impliquer autant que sur ses propres créations.

    Grendel/Batman a été évoqué par Jean-Pascal et moi-même dans l’article sur les crossovers de Batman. Il est vraisemblable que l’on finisse par réussir à réaliser un article sur la série Grendel dans le cadre d’un autre team-up. J’ai été enchanté de couvrir que Matt Wagner s’est enfin attelé à la dernière partie de la trilogie Mage (série débutée en 1984 !), qui devrait commencer à paraître cet été.

    Les crossovers Batman :

    http://www.brucetringale.com/crossing-crusader-2eme-partie-batmanindependants/

    Quant à Ron Marz, il n’est certainement pas de la trempe de Matt Wagner en tant que scénariste.

    • Bruce lit  

      J’ai découvert avec grand bonheur le Zorro de Wagner que j’ai trouvé sensationnel. Je n’ai jamais lu de Grendel. Mais c’est avec grand plaisir que je lirai cette Trinité Wagnerienne si je la trouve un jour. Mon avenir chez DC est définitivement dans les histoires auto-contenues.

  • Léo Vargas  

    Hello,

    Nous ne devrions plus appeler Trinité, la rencontre entre nos trois héros, mais Unité !!!
    Tant c’est Batounet qui gère maintenant la stratégie, l’organisation, la logistique, l’image, l’intendance, les missions, le marketing de dc comics… Ok, je sors !!!

  • Matt  

    Je me souviens avoir voulu m’acheter Batman et les monstres et le moine fou…avant de voir les prix pratiqués.
    Mais article très instructif. Je ne connaissais rien du reste des récits chroniqués ici.

    Pour une étrange raison, je n’arrive pas à me sentir intéressé par contre. C’est quand même super rare que je sois motivé pour m’acheter du DC. Sans doute parce que je n’ai pas grandi avec ces héros, à part Batman dans le dessin animé…mais justement je l’ai déjà le dessin animé^^
    C’est peut être à « cause » de ce dessin animé que j’associe son univers à celui de Batman et je m’intéresse moins aux autres univers. Même celui du comics.
    Mes comics de Batman se limitent à Killing Joke, Silence (pas accroché à « coeur de silence », trop de membre de la JLA qui se pointent au milieu), long halloween, la proie d’Hugo Strange (j’ai étrangement bien accroché aux deux récits de celui-là) et…c’est tout.
    J’en ai lu d’autres mais à chaque fois c’est « mouais » et je revends.

  • Tornado  

    Les indispensables : Tout Jeph Loeb & Tim Sale (Un Long Halloween + Amère Victoire + Des Ombres dans La Nuit). Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean. Killing Joke bien sûr. Year One et Dark Knight returns. Ce sont tous des récits auto-contenus. La Proie d’Hugo Strange est super en ce sens qu’il constitue une suite parfaite à Year One.
    Après il y a de très bons arcs des séries régulières, mais qui nécessitent de les suivre…
    J’ai un faible également pour les arcs de la série « Batman Legend of the Dark Knigt », qui sont autant de récits indépendants en 1, 2 ou 3 épisodes, comme « Faces », « Mask » ou « Gothic ».

    • Matt  

      J’ai pas super accroché à Legend of the Dark Knight. C’était pas mal mais ça ne m’a pas laissé un grand souvenir. Je comprends tout à fait qu’on aime, hein. Je n’ai pas spécialement de reproche à faire, mais la sauce n’a pas bien pris avec moi.
      Amère Victoire je le trouve bien en dessous de long halloween. Surement parce que ça ressemble à une répétition de l’histoire précédente.
      Pas lu le reste.

      • Tornado  

        Attention, la série « Batman Legend of the Dark Knigt » dont je parle date en grande partie des années 90 et n’a rien à voir avec celle de ces dernières années initiée par David Finch.

  • PierreN  

    Mise à part un épisode de Sandman, je connais très peu l’oeuvre de Wagner, et dans le genre team-up, j’avais trouvé le Spirit/Batman de Cooke assez décevant.
    Que vois-je, Tornado disant du bien de « La Proie d’Hugo Strange », signé par un auteur « old-school » tel que Moench, et accompagné par Gulacy (reformant ainsi l’équipe créative de Master of Kung-Fu).
    Le même scénariste avait également écrit un chouette elseworld avec la transformation de Batman en vampire.

  • Tornado  

    Doug Moench fait partie des quelques scénaristes old-school que j’admire, avec Archie Goodwyn, Chuck Dixon ou même Alan Grant qui forment une génération qui a réussi à passer la transition avec le dark Age dans une conception plus « adulte » ou « mature » des comics. Leur narration est pour moi bien moins infantile que celle de la plupart de leur collègues. Bien entendu, je parle toujours de la FORME narrative et non du fond des histoires. Je le précise sinon on va encore me dire que le Dark age ce n’est que de la surface, et patati et patata…

  • Tornado  

    Le Spirit/Batman a été écrit par Darwiyn Cooke ET Jeph Loeb, ce qui le rend d’autant plus décevant ! La série en elle, même, entièrement réalisée par Cooke, est assez lénifiante au début, et s’améliore ensuite, jusqu’à devenir excellente dans sa dernière partie.

    Doug Moench a écrit des tas de récits dédiés à Batman, dont la trilogie Dracula et de nombreux épisodes des séries régulières. Son taf avec Kelley Jones est légendaire aujourd’hui :
    http://www.brucetringale.com/un-dark-knight-tres-dark/

  • Tornado  

    Pour la série « Batman Legend of the Dark Knight », la page VO de Wikipedia référence tous les arcs, et le niveau qualitatif est assez impressionnant. J’ai toujours rêvé de voir une intégrale (VF) de cette brillante série anthologique (il y a d’ailleurs la 1° partie de « La Proie d’Hugo Strange » au tout début).

    https://en.wikipedia.org/wiki/Batman:_Legends_of_the_Dark_Knight

    • PierreN  

      Dans le lot, celui qui m’intéresse particulièrement, c’est l’épisode de Delano et Bachalo (une équipe créative très typé « Vertigo » donc).

  • Tornado  

    Le nom des auteurs (autour de vétérans comme Doug Moench, Archie Goodwin, Chuck Dixon, Dennis O’Neil, Alan Grant ou Mike W. Barr) prête à rêver quoiqu’il en soit : Grant Morrison, Warren Ellis, Garth Ennis, Bryan Talbot, Howard Chaykin, Matt Wagner, James Robinson, DnA, Jamie Delano, J. M. DeMatteis, Mark Millar, Paul Jenkins, Bill Willingham, Mike Mignola. Il y a même des duos emblématiques, comme John Wagner & Carlos Ezquerra. Sans oublier que les 3 premiers récits réalisés par Jeph Loeb & Tim Sale publiés dans le recueil « Des Ombres dans la Nuit » sont également des épisodes spéciaux « Halloween » de cette série. C’est un truc de fou !

    • PierreN  

      Batman a souvent eu tendance à attirer les grands noms, comme si ils voulaient tous apporter le contribution au mythe sous un angle ou sous un autre, peut-être parce que le personnage laisse pas mal de place à l’interprétation et l’exercice de style. Le personnage a cette capacité à être plus malléable graphiquement parlant que d’autre, et même au niveau de la tonalité (entre Year 100, le run de Morrison et la version horrifique de Kelley Jones, la différence d’approche est palpable).

      • Présence  

        On peut aussi ajouter que l’éditeur DC Comics a vraisemblablement plus de sous à mettre sur la table pour payer les créateurs quand il s’agit d’une histoire de Batman, car elle se vendra plus que celle d’un autre personnage. 🙂

  • JP Nguyen  

    En revoyant les scans, c’est surtout le boulot de Dave Stewart qui me bluffe. Certains choix graphiques de Matt Wagner (les biceps énormes) me déconcertent un peu…
    Ce dessinateur a pas mal évolué au fil du temps mais je préférais quand ses anatomies étaient moins exagérées.

  • Jyrille  

    Houlala cela fait longtemps que je dois me trouver Faces mais encore une fois, tu donnes très envie, Tornado. Ton article est encore très érudit et intéressant, et ce concept de lecture de pulp me parle, même si je ne connais qu’un seul Tom Strong (Terra Obscura, offert par un forum bd) auquel je n’ai pas compris grand chose.

    Bref, encore beaucoup trop à chercher et lire… Merci pour la découverte, as usual.

  • Artemus Dada  

    C’est un plaisir toujours renouvelé que de venir lire ici ce que d’autres amateurs pensent de ce que j’aime.
    Toutefois mon intervention sera pour le coup plus un point de vue contradictoire sur un point certes de détail, mais qui a son importance, et que je retrouve finalement assez souvent. Alors qu’il ne veut rien dire.

    Cela dit il s’agit d’un point de vue d’un amateur (moi) à un autre, fait dans un esprit d’échange amical.

    « Matt Wagner décide ainsi de traiter cette rencontre dans un style rétro, qui rappelle l’esprit des pulps de l’époque [..] » écris-tu.

    Les pulp magazines qui ne sont pas un genre mais un type de format bien défini distribués par la filière de la presse, ont connu une période de publication d’à peu près 50 ans (allant de 1896 au début des années 1950).
    Brassant tous les genres possibles : le western, le polar (le roman hard-boiled y est né), science-fiction (c’est là qu’elle a vu le jour), romance, la fantasy (ou heroic fantasy), le sport, etc.,
    Il y avait même des pulps ultra-spécialisés tel que Railroad Man’s Magazine dédié aux pionniers du chemin de fer par exemple. Certains pulps avait une seule histoire avec un héros récurrent, d’autres plusieurs histoires d’auteurs différents, etc.

    Des tas d’auteurs y ont fait leurs armes, et certains leur carrière. Des gens comme Tennesse Williams, Edgar Rice Burroughs, Howard Philip Lovecraft, Frank Grubber, Lester Dent, etc. y ont écrit. Certains sous des « noms de plume ». Quelques uns y ont apporté leur inventivité d’autres ont développé les idées des « editors » pour lesquels ils travaillaient. Cela dit l’un n’excluait pas forcément l’autre.

    Certains ont été éclipsés par leur création, d’autres sont devenus des « stars », comme Lovecraft, qui du temps où il publiait dans Weird Tales avait une notoriété moindre qu’aujourd’hui (et c’est peu de le dire). Et la plupart ont disparus.

    Bref les pulp magazines sont un immense vivier d’où il me semble très difficile d’extraire un « style » unique et explicite. Quels sont en effets les points communs entre Dashiell Hammett et Robert Ervin Howard ?

    En 1934 il y avait par exemple environ 150 pulps différents qui paraissaient (selon Frank Grubber), comment croire qu’ils étaient uniformes et que s’en dégageait un « esprit » unique qu’on pourrait aujourd’hui invoquer ?!

    Donc selon moi, Matt Wagner, tout aussi doué qu’il soit, ne le peut pas plus qu’un autre.

    [-_ô]

  • Tornado  

    Merci pour ton commentaire.
    Pour moi, l’adjectif « pulp » évoque un état d’esprit. On sait que les pulps étaient des magazines qui ont connu leur apogée dans les années 30 et ont été le vivier de certains des auteurs cultes de la culture pop en littérature, comme Burroughs, Lovecraft ou Howard.
    Je considère comme « pulp » un état d’esprit qui nous ramène à cette époque et à son type de littérature consacrée et plus ou moins codifiée (qui dit « pulp » dit également serials, d’ailleurs, dans mon esprit, avec les Indiana Jones comme descendants référentiels, par exemple. C’est peu ou prou la même époque et le même état d’esprit, à base d’aventuriers et des bandits, le tout pouvant être nimbé de surnaturel).. Et donc, pour moi, « pulp » est également synonyme de « rétro ». C’est un peu comme lorsque l’on parle d’un état d’esprit ou d’un style « steampunk » pour regrouper les histoire rétro-futuristes se déroulant autour de la fin du XX° siècle et des récits de Jules Verne. Ou encore du « Diesel-punk » de l’entre-deux guerres.
    Pour être franc, je me fiche un peu des définitions trop restrictives. Quelle importance de bien différencier l’Heroic fantasy de la « High fantasy » ou de la « Dark fantasy » ? Pour les spécialistes la différence peut-être intéressante, mais pour les autres. On s’en fout un peu, non ?
    « Pulp » est pour moi un adjectif qui regroupe aujourd’hui et dans un sens postmoderne, des récits qui retrouvent, dans un style rétro, l’état d’esprit des pulps et des serials des années 20/30/40. Et même si je trouve ta remarque très intéressante, je ne pense pas changer mon fusil d’épaule… 😉

    • Artemus Dada  

      Bon j’aurais bien tenté de différencier le « steampunk » qui est un genre, d’un « pulp magazine » qui est un « support » lequel a accueilli de la S-F, comme de la fantasy (etc.), comme les livres de poche aujourd’hui (qui les ont d’ailleurs supplantés aux U.S.A à une certaine époque).
      Mais puisque tu ne t’intéresses pas aux définitions, je ne vais te faire perdre ton temps. Ni perdre le mien.

      (Et j’ai en effet une autre idée de l’utilisation des définitions que la tienne)

      [-_ô]

  • Jyrille  

    Je viens donc de lire les Derniers jours de Superman tels qu’édités par Urban, avec une belle couverture de Bolland qui reprend une couverture de Curt Swan. Il y a trois histoires de Moore, qui datent d’avant Watchmen, dont un annual avec Dave Gibbons (Pour celui qui a tout). J’ai bien aimé les trois histoires, mais elles me semblent trop incrustées dans la continuité (et pourtant, elles en sont totalement indépendantes), de courtes fables au final, sans graves conséquences. Par contre elles sont très intéressantes, celle avec Gibbons notamment a une idée de SF voire de cyberpunk très étonnante pour du super-héros. Je dois également avouer que je n’aime pas du tout le trait de Curt Swan, trop figé pour moi. Ce sont de bonnes histoires mais j’ai l’impression qu’elles sont un peu trop respectueuses. Pour le moment, je préfère donc le All-Star Superman de Morrison. Mais c’était chouette quand même.

    http://www.urban-comics.com/superman-les-derniers-jours-de-superman/

  • Matt  

    Tiens bah moi je serai intéressé par un récap des trucs Batman à posséder. Parce que j’ai beau faire un effort, j’accroche moyen aux comics de l’encapé.
    Les trucs que j’ai :
    -Killing Joke
    -La proie d’Hugo Strange
    -Les comics de Loeb et Sale
    -Silence

    Pis c’est tout. J’avais lu les comics « chevalier noir » de Finch mais en fait, sans avoir grand chose à leur reprocher, je les ai trouvé oubliables et je les ai revendus. Un peu comme le run de Paul Dini et son « coeur de silence ».
    Et je ne suis pas intéressé par les runs de 60 épisodes sur ce perso. Donc les 8 tomes de Morrison, on oublie. Mini séries oui.

    • PierreN  

      Pêle-mêle : Year One, TDKR, les numéros de la fin des années 80 illustrés par Alan Davis, certains morceaux choisis de l’anthologie Legends of the Dark Knight, Arkham Asylum, le run d’Englehart, le run de Tomasi avec Damian, le cycle de Neal Adams des 60’s, l’arc de Milligan avec le Sphinx, les épisodes du duo Moench/Jones, certaines sagas des 90’s (No Man Land’s & co), etc…
      le White Knight de Sean Gordon Murphy (à venir en VF) à l’air prometteur aussi.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *