Starlight par Mark Millar et Goran Parlov
Par : BRUCE LIT
VO : Image
VF : Panini
Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014, écrits par Mark Millar, dessinés et encrés par Goran Parlov et mis en couleurs par Ive Svorcina. La parution du tome 1 est prévue pour le 07 septembre chez Panini. L’article plutôt laudateur de Présence est disponible ici.
Mode Spoiler : ON. Soyez avertis !
Un soir, je dîne avec Présence. Belle soirée d’août, il fait beau, assis à la terrasse de notre brasserie habituelle, on est vivants, on prend l’apéro en toute quiétude sans se faire canarder par de sombres crevures, résidus d’être humains. Et puis, le voilà qu’il me sort deux grands sacs de Comics dont il veut se débarrasser. Et en haut de cette pile, le Starlight de Millar dont j’entreprends la lecture dans mon train de retour ! C’est la fin de la semaine, ‘suis fatigué, chargé comme un mulet et ai un peu picolé. Il me faut donc un truc facile à lire (‘pas le moment pour débuter The Unwritten en VO, également dans la pile).
En fait je suis toujours partagé avec Millar. Kickass, malgré tous ses (nombreux) défauts reste un bon souvenir de lecture. Nous avons à faire à un type plutôt sympathique, capable d’écrire des Comics originaux, pleins d’énergie et d’idées bouillonnantes très accessibles. Pourtant, lorsque on lit sa présentation faîte par Image, il y’a de quoi sourire : sa compagnie ? Millarworld ! Le titre de son autobiographie ? Genious ! Ouais ?
Si l’on veut bien considérer l’oeuvre de l’Écossais 20 ans après ses débuts, on y trouve effectivement des Best Sellers, des coups de pieds dans la fourmilière mais aussi pas mal de loupés. Ne soyons pas injustes, les plus grands, Gaiman, Moore ou Ennis ont aussi leur lot de déconvenues et de ratage. Ce qui est agaçant chez Millar, c’est plutôt autre chose, c’est cette tendance à privilégier la forme sur le fond ! L’imposture. Le toc. Ce qui est assez assez logique pour un amateur de bling-bling… Notre Genious écrit beaucoup et souvent pour rien. Il produit des synopsis, pas des scenarii. Il ne s’engage pas, ne se mouille pas, n’exprime rien de personnel. La plupart du temps, il se cache derrière ses sarcasmes et on peut le comprendre tant Civil War ou ici ce Starlight contient des propos souvent réactionnaires assez affligeants que Présence avait déjà formulé.
De Millar il ne faut pas attendre ni de discours scientifiques, de culture littéraire, picturale voire de culture tout court…. Et par pitié, pas d’opinions politiques ou géostratégiques. C’est un peu finalement le Liefeld du scénario…Un type obsédé par la violence, le sang et la torture. Et le viol des femmes. Beaucoup. Sans l’intelligence des instants Ennis. On dispose aujourd’hui d’assez de recul pour analyser l’oeuvre de Mark Millar, l’homme qui donne désormais des Masterclass en France ! Que s’en dégage t’il ? Euh…pas grand chose en fait…Une quête du père que l’on retrouve à peu près partout et puis c’est tout…Le reste, c’est son obsession de la célébrité, de la reconnaissance, de la gloire. Et ce Starlight ne fait pas exception.
C’est quoi le sous texte ici ? Duke McQueen, a été un héros dans une autre dimension. Il a sauvé des Aliens, qui le couvrent de médailles, de titres ronflants, lui dressent une statue visible dans toute la ville. La reine qui la lui attribue est forcément sexy et enamourée. De retour aux Etats-Unis, Duke n’est pas reconnu par son pays à sa juste valeur et vit durant 30 ans dans l’ingratitude la plus totale. Chez Millar, ça veut dire qu’il n’a pas de rente, qu’il ne fait pas la une des journaux et que ses enfants ne le respectent pas… Puisque leur papa n’a pas de rolex, ses enfants et petits enfants le laissent tomber comme une vieille Burlington après la mort de son épouse.
Cette épouse nous est présentée comme une femme dévouée qui croît en son mari au delà de l’incroyable. Même ce personnage supposée sympathique semble obsédée par le pognon. Alors qu’elle déjeune dans un restaurant avec son Duke, elle se prend de compassion pour un jeune couple qui choisit les plats les moins chers. Pour leur donner un coup de pouce, elle….leur paie le repas. C’est assez amusant quand on y pense. La seule véritable scène où cette épouse parfaite apparaît est -encore-centrée autour de l’argent et son manque, son besoin vital pour exister aux yeux des autres et pour son couple.
Lorsque Duke est contacté par un petit garçon qui le supplie de venir l’aider outre-monde, notre héros n’hésite pas : ses enfants ne le voient plus, il s’ennuie, il veut se prouver qu’il est vivant. Nous ne reviendrons pas sur le fait qu’après 30 ans d’inaction, Duke est capable de prouesses physiques invraisemblables, Présence en a déjà évoqué l’idiotie dans son article. Nous noterons surtout que le petit garçon trouve son inspiration non dans les légendes, l’imaginaire mais dans la Statue de son héros, encore un signe extérieur de richesse. Les parents de ce gamin assassinés, le vilain lui jette méprisant des pièces pour lui apprendre à mendier. Décidément, le manque d’argent semble être une obsession ! Malheureusement, l’oseille ne construit pas grand chose : Mis à part dans Kickass, où c’était presque le sujet de l’histoire ou dans 1985, ses personnages n’ont aucune vie intérieure. Ou si peu. Des fantasmes stéréotypés de parvenus..
En 6 épisodes, Millar dépeint une gentille monarchie renversée par des vilains méchants avec des costumes tout droit sortis de San Ku Kai… Hommage à Flash Gordon ? Oui, c’est revendiqué. Et Millar d’ajouter en interview tout fiérot qu’il a écrit son Dark Knight Returns…Pour autant, pour la féerie, on repassera…Est-ce si étonnant que ça ? Celui qui aura été le fossoyeur des Super Héros Marvel en leur ôtant leur glamour pour les accompagner aux latrines de la réalité (depuis Millar, on sait que Hulk pue, que Redd Richards fait jouir systématiquement sa femme grâce à son pénis élastique, que Tony Stark est un salaud- il ne manque plus que le montant de sa déclaration d’impôt…), s’avère incapable d’imaginer une utopie autre que tout allait bien jusqu’au moment où….Tout comme il était incapable d’aller au delà de sa Civil War, totalement dépassé par son sujet. Ou de tricher avec la réalité vraie de Kickass en mettant en scène Hitgirl.
En lisant au dos du volume les réactions de All Comic.com , ou de Unleash the Fanboy , on lit que Starlight est le messie du Comic-Book et que l’histoire surpasse Kickass ! Bon, chacun ses goûts, le divertissement n’a rien de répréhensible mais un niveau de hype à ce point c’est déconcertant ! De quoi parle ce comics ? De rien ! Le sujet aurait pu porter sur le rejet par notre société des vieux qui veulent se prouver quelque chose avant le grand saut. Chez Millar, ça fait encore pshhhit…. Duke est retraité mais parce que il fallait que ça arrange Milar de mettre en scène un personnage abandonné de tous. Il aurait pu être adolescent, paraplégique (ah ? c’est déjà le sujet de Superior, non….on ne s’étendra pas sur ce fantasme de puissance que le titre laisse entendre) que ce n’aurait pas changé grand chose au déroulé de l’histoire.
Le final reste édifiant : Duke parvient à lui tout seul à sauver un monde dont il ne connait rien, à soulever les masses populaires totalement avachies dans leur paresse de renverser un tyran. Millar met en scène une femme noire à la tête de la résistance, mais encore une fois, c’est juste pour la galerie, pour la frime, du Millar quoi….L’histoire se termine avec Duke réconcilié avec ses enfants et petits enfants autour d’un bon repas. Pourquoi ce changement ? Les remords ? La fête des pères ? L’angoisse du temps qui passe ? Que nenni ! Un peu comme une pute attirée par une Lamborghini, la famille Mc Queen a vu débouler leur papa à bord d’un vaisseau spatial….Ça change tout effectivement….Et Duke, il est content, pas d’amertume, d’ironie ou de ressentiment. Se réconcilier avec des enfants qui ne vous aiment que parce que vous faîtes la une des journaux est tout à fait dans l’ordre des choses dans le Millarworld….
Des médailles, des récompenses, des honneurs, du flouse, et si, avec Starlight, Millar nous envoyait un message ? Lui aussi a sauvé Marvel de la banqueroute ! Lui qui a créé avec l’ami Bendis l’univers Ultimate, lui dont toutes les histoires sont ciné compatibles, ne serait il pas temps qu’on la lui érige sa statue ? Son parc d’attraction ? Son Millarworld ? Faut-il qu’il se charge lui même de son autobiographie pour être qualifié de génie, lui à qui les Eisner Awards et les dithyrambiques avis des professionnels de la profession ne suffisent plus en quatrième de couverture ? Le message est clair pourtant : Millar veut être notre sauveur de la culture populaire et frappera à toutes les portes, même imaginaires pour le devenir et nous fourguer ses Big Marks.
Être un sympathique divertisseur ne lui suffira pas. Il sera toujours Millar à la place de Miller. Il va de nouveau être traduit en France tandis que Savior 28 de JM de Matteis, une brillante analyse du mythe du super-héros depuis le 11/09, probablement le truc le plus intelligent écrit là dessus depuis Watchmen attend dans les limbes depuis 6 ans….
Sa chance ? La même que Bendis : pouvoir se payer (décidément, on n’en sort pas), les meilleurs dessinateurs qui soient, ici Goran Parlov et toute son équipe croate qui sauve l’album de l’ineptie totale en donnant un certain charme à une entreprise impossible. Et comme Bendis écrivait en filigrane sa haine de lui même dans le tristement célèbre Uncanny X-men 600, Millar nous hurle son rapport à l’argent et au pouvoir. Le genre de truc qu’on a envie de fuir…en lisant des Comics. Dans sa course à la célébrité, Millar atteint avec ce Starlight un nouveau jalon du chiqué, de l’arnaque, de l’ensemble vide. Mais,après tout, Millar ça rime avec tocard et dollars…
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LA BO du jour :
Pink Floyd et Money ? Trop évident ! Allez, Mark ! chante avec moi : « j’suis qu’un mégafrime / bourré d’aspirine / j’suis BIDON ! »
Je me demandais qu’elle était la raison choisie pour opter pour une couverture de Liefeld, et en lisant l’article cela fait tout à fait sens.
Et je suis d’accord à propos de l’oeuvre de Millar, de la poudre aux yeux le plus souvent, construite comme un « prêt-à-adapter ». Il donne l’impression de passer plus de temps à faire de la pub pour ses séries plutôt qu’à les écrire. Il n’est décidément pas de la même trempe que son ancien compère Grant Morrison.
Par contre, Goran Parlov fait preuve d’une maîtrise assez bluffante, rappelant tour à tour le sens de l’épure d’Alex Toth, la rudesse du trait de Joe Kubert, le dynamisme visuel de John Buscema, ou encore le rendu visuel des planches de Moebius (période Incal), et auquel s’ajoute une aisance certaine dans la représentation des courbes féminines, digne des meilleurs artistes de l’école argentine (Bernet notamment).
Duke MacQueen , un héros caucasien hétéro comme je les aime! Pas comme ces persos politiquement corrects qui doivent être forcément homosexuels, noirs ou femmes. C’est la nouvelle mode chez Dc et Marvel!
Ah ? Moi c’est l’inverse. Plus les héros sont pédés, névrosés, retords, fragiles, ou pourris, et plus ils me plaisent. Je n’éprouve aucun intérêt pour les héros lisses et propres sur eux, souvent aussi cons et ineptes que certains internautes.
Je ne suis pas vraiment familier du travail de Millar. Je crois que je n’ai que Civil War de lui et même si je reconnais qu’il ne va pas au bout du concept et termine l’histoire sur une grosse bagarre, je ne l’ai pas pris pour une BD profonde trop intellectualisée mais pour un divertissement qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes sur le volet législatif des agissements des héros.
Ce que tu dis du bonhomme dans cet article par rapport à sa vision de la réussite dans la vie est assez affligeant par contre.
Je m’étonne même que tu aies mis la moyenne. Parce que bon…la moyenne ça veut quand même dire que ça passe, quoi. que c’est correct sans être réussi. Ce n’est pas le sentiment que j’ai eu en te lisant. C’est pour le dessin ?
j’étais embarqué par ces dessins qui rappelle effectivement Moebius et par cette belle intro… puis dérapage et descente en flèche de ce qui ressemble à une mauvaise bd. heureusement le ton de l’article m’a amené jusqu’à sa conclusion avec plaisir mais sans pitié pour cet ouvrage
Obsession de la célébrité, de la reconnaissance, de la gloire – Magnifique ! Voilà le type d’article que je suis incapable d’écrire et qui exprime parfaitement ce qui me dérange dans le fond des récits de Mark Millar.
Des médailles, des récompenses, des honneurs, du flouse – C’est effectivement le thème sous-jacent de ses productions récentes, une forme de célébration des valeurs du capitalisme, du moins le capitalisme des vainqueurs, des winners.
Autant je partage entièrement l’analyse sur son rapport à l’argent et au pouvoir, autant je suis moins convaincu par son rapport à la célébrité. Les éléments de preuve sont bien présents et tu les cites, mais ils sont aussi le modèle des comics depuis le bateleur Stan Lee qui apposait son nom en début de TOUS les comics produits par Marvel, bien après qu’il ait cessé d’écrire quoi que ce soit. D’une certaine manière, Mark Millar est plus légitime et plus honnête en faisant cela, puisqu’il a vraiment écrit ses comics.
J’attends avec impatience que tu livres ta vision de Huck, du même Millar, dessiné par Rafael Albuquerque que j’ai trouvé encore pire.
Merci de me faire économiser un peu d’argent (décidément, on ne parle que d’argent ici !).
Etrangement, alors que j’étais le premier à vanter le talent de Millar à l’époque de ses premiers travaux, je m’en désintéresse totalement aujourd’hui. Je ne saurais pas l’expliquer, c’est purement instinctif. Comme si je sentais que ça allait tourner en rond, et m’agacer en définitive. Et puis c’est vrai que les super-héros bien lisses, je les supporte plus. Et les super-héros cyniques et bling-bling, encore moins.
@ Pierre : Ouais, t’es à fond en ce moment ! Il me semble que Morrison et Millar se sont brouillés. Je n’aime ni l’un ni l’autre ceci dit, mais il faut reconnaître au mégalochauve l’avantage de la culture….Je n’ai pas mentionné Moebius intentionnellement. Dans mon souvenir, Présence en parlait mieux que moi dans son article. Et n’ayant rien lu de ce monsieur mis à part son dispensable silver surfer, je ne me sentais pas très légitime pour en parler.
@Matt: les dessins sympathiques de Parlov et les excellents souvenirs qu’il m’a laissé de Punisher MAX m’ont poussé à gonfler un peu la note. Si le plaisir de lecture est là, c’est bien grâce à lui. Le fait qu’il soit Croate ne gâche rien non plus….Ce n’est pas très objectif ça….
@redwave: du coup, avec tes propos humanistes et éclairés, j’ai eu envie d’écouter ma chanson préférée « Petit Pédé » de Renaud : Petit PD . Comme je suis sûr que tu ne l’écouras pas, je te la résume : il fait pas bon être Pédé/ quand tu es entouré d’enculés…
C’est la deuxième fois que tu m’inspires ça après « Elle est facho »…..
@Tornado : les super héros bling-bling. L’effet des primaires des républicains ?
@Présence : La célébrité-
Nous convergeons plus que ce que tu penses. Lee étant à sa manière lui aussi bonimenteur de foire. Millar en serait il le meilleur héritier : des bonnes idées exploitées par une écriture souvent assez médiocre et une obsession du cinéma et de la gloire. Je constate ta perversion à m’alimenter en Millardises pour ensuite me forcer à sortir des éditos énnervés.
Tiens j’ai lu ce matin Old Man Logan de Lemire….C’est plutôt moyen mais lorsque on enchaîne avec l’épisode de Millar publié en bonus, j’ai été affligé par la vulgarité de son style et son obsession pour le viol et l’inceste (ici, Miss Hulk violée pour donner des enfants consanguins)….
@Bruce: À propos des républicains US, Art Adams a fait une caricature de Trump et Poutine en super-vilains dans le cadre du magazine GQ :
http://www.bleedingcool.com/2016/02/21/arthur-adams-draws-donald-trump-and-vladimir-putin-for-gq/
Hé ! Hé ! J’aime bien le style d’Art Adams. C’était tellement classe en 1985 (sur Longshot ou certains annuals X-men, ainsi que dans Asgardian Wars) que ses épisodes paraissent plus modernes que la série régulière des X-men.
Absolument tout pareil que Présence et Tornado.
Cependant, j’ai bien aimé le premier tome de Jupiter’s Legacy.
Bruce, tu exprimes assez bien le fond de ma pensée concernant Mark Millar, un auteur de notre temps, obsédé par le fric et le cul, avec un vrai talent dans l’auto-promotion.
Le Mylar, ça servait aussi à emballer les comics, non ?
Ca fait des points communs avec les productions de MM : c’est joli, ça présente bien mais c’est superficiel…
Arf….c’est pas sa journée !
Qui se dévouera pour sauver le soldat Millar ?
Moi j’ai quand même dit ce matin que j’aimais bien son civil war. L’erreur à ne pas faire est de vouloir trop intellectualiser la chose. C’est du divertissement qui a le mérite de faire un truc auquel aucun auteur n’a voulu s’attaquer avant et qui pourtant paraît logique : comment contrôler juridiquement les super héros ? Ce n’est pas une lecture ultra profonde mais qui a prétendu le contraire. C’est un event et dans cette catégorie, c’est plutôt le haut du panier.
Ah j’ai lu aussi une maxi série de SPider-man de Millar. Le dernier combat. Pas exceptionnel mais on passe un bon moment. Et aucune idéologie chelou d’adoration du fric ne transparait^^
Ah oui, c’est vrai, Le dernier combat est une histoire sympathique. Qualifiée en son temps par Stan Lee comme la plus grande jamais contée sur le tisseur (Stan n’a jamais lu De Matteis je pense….).
Et bien… Je suis toujours sensé faire l’article sur « 1985 »…
What is it exactly ?
C’est comme 1602 de Neil Gaiman ? Jamais tenté celle-là. Ok c’est Gaiman mais transposer les super héros dans le passé, ça ne m’intéresse pas des masses. Est-ce qu’il y a une plus value par rapport à…ben…juste une histoire avec de nouveaux personnages ? Plutôt que de transposer toujours les mêmes dans 50 époques.
Marvel 1985, qu’est-ce que c’est ? Et bien tu attendras l’article, va-nu-pieds ! 😀
Marvel 1602 ne fait pas l’unanimité. Présence a détesté, et moi au contraire, j’ai adoré.
De mon côté, j’y vois une véritable plus-value : Raconter un truc différemment de ce qui a déjà été raconté 60000 fois en boucle. Et de manière autonome, auto-contenue et sans crossover. Donc rien que pour ça, c’est carrément une plus-value à mes yeux.
C’est un peu triste que le simple argument « sans crossover » devienne une qualité.
« hé, y’a pas de caca sur mon vomi, c’est cool ! »
Moi je pensais plutôt à l’intérêt de reprendre les mêmes dans un univers parallèle. Pourquoi pas des nouveaux persos ? Pour être sûr que ça se vende mieux ? (ce n’est pas du cynisme mais une vraie question.) Ce serait en effet compréhensible de compter sur la popularité des personnages pour garantir un public…mais un peu triste aussi
C’est le thème de la relecture qui est intéressant dans ce cas précis. Comment transposer Spiderman hors de ses buildings, au moyen-âge ? Ce sera forcément très différent. Et Gaiman a une vision de l’univers Marvel dont il revisite les constituants en les transposant à une autre époque. Du coup, les personnages sont très différents, et tout l’intérêt réside justement dans la connaissance que l’on en a habituellement.
Donc c’est auto-contenu mais pas vraiment indépendant de la continuité Marvel s’il faut connaître les héros de base pour apprécier la différence. Non ? Est-ce que ça marcherait sur quelqu’un qui n’a jamais lu de Marvel ?
Ouh, il cherche la petite bête le Matt^^
Oui, effectivement tu cherches… Non, ça ne marcherait pas aussi bien pour un non connaisseur. C’est comme la mini « Powerless » (http://www.brucetringale.com/le-pouvoir-de-changer/) : C’est de la relecture. C’est autonome, auto-contenu, et paradoxalement encore meilleur si on connait la continuité originelle.
Je crois que la dernière personne avec qui j’ai été si peu en accord c’est ma belle-mère !
Même s’il est des plus probablement que le désamour pour l’auteur n’aide pas à apprécier le livre, je ne reviendrai pas sur la critique des plus virulentes sur Millar qui est indéniablement un auteur qui divise mais je me pencherai davantage sur l’oeuvre en question !
Bien sur il y a le clin d’oeil à la SF pulp’s d’Alex Raymond mais c’est voir ce comics par le petit bout de la lorgnette. Personnellement, j’y vois une réflexion nostalgique sur le temps qui passe et sur le fait de vieillir en subissant l’abandon de ceux que l’on aime.
Voici un héros qui n’en a jamais vraiment été un pour les siens et qui s’en va vers sa dernière aventure au crépuscule de sa vie. Je trouve le sujet touchant peut être parce que moi même je vieillis et que bien souvent une certaine nostalgie m’accompagne.
@Matt : « hé, y’a pas de caca sur mon vomi, c’est cool ! »- Yo Dude ! Too cool ! Une formule imparable !
@Dragnir Tork : tout d’abord je te salue pour OSER venir exprimer une opinion contradictoire ! Heureusement, la plupart des monstres de ce blog sont herbivores.
Ceci dit, je ne suis pas fondamentalement en désaccord avec toi. Le temps qui passe, l’usure, l’abandon de la famille, exister une dernière fois avant la mort, tous ces thèmes sont présents et j’en parle dans mon article. Je te répondrais simplement ceci : le traitement n’est pas à la hauteur des ambitions de Millar. C’est comme en politique en fait : on te promets un débat sur tel ou tel chose pour accoucher d’un projet de loi pourrave. On part de l’isolement des petits vieux (une réalité sociale) pour aboutir à un traitement démagogique et populiste (les jeunes ne respectent rien, seul le pognon rend libre). C’est ce sous texte qui m’a fortement déplu. après, Millar c’est pas Taniguchi, on n’est pas là pour explorer en profondeur le temps qui passe ou l’agonie d’une émotion. C’est juste un blockbuster qui se sert de ce constat universel pour vendre sa soupe habituelle…On est client ou pas…..
@Omac: brillantissime ! Tu es embauché ! Ah, c’est déjà fait ? Et ben, il est où l’article #2 ? L’imposture est en effet récurent chez Millar comme manque de confiance en soi quitte à se déguiser et faire semblant.
@Tornado : 1602 : Gaiman ou pas, je tombe à chaque fois dessus à Gibert à 3€ et repousse cet achat constamment….
Est-ce que Millar n’aurait pas un souci de confiance en lui finalement ? Aurait-il besoin de pognon et de la reconnaissance d’autrui pour se sentir bien ? Et ce besoin d’avoir du pognon, d’avoir l’air cool et fort comme seule manière d’exister pour les autres, est-ce qu’il s’agirait de ce qu’il pense au fond de lui ?
Si c’est le cas, il est plus à plaindre qu’à condamner, vous ne croyez pas ?
Qu’en pense notre psy local ?
J’ai bien conscience qu’on brode sur des hypothèses. Je ne connais pas le bonhomme. Mais bon…
Toujours aussi pénétrantes tes analyses, et très drôles.
Ah quand même.
Tu me fais penser à un épisode de Friends que j’ai vu il y a longtemps dans lequel une fille (je sais plus laquelle) sort avec un mec qui doit être un psy. En tous cas il analyse tout le monde tout le temps et ça les rend tous dingues parce qu’ils ne peuvent plus s’exprimer sans qu’il leur sorte des vérités cachées, des névroses, etc. C’est comme ça un psy au quotidien ?^^
Roo ça va, te moque pas.
On sait jamais hein, les déformations professionnelles…^^
« Moi j’ai quand même dit ce matin que j’aimais bien son civil war. L’erreur à ne pas faire est de vouloir trop intellectualiser la chose. C’est du divertissement qui a le mérite de faire un truc auquel aucun auteur n’a voulu s’attaquer avant et qui pourtant paraît logique : comment contrôler juridiquement les super héros ? » @Matt: Je crois me rappeler que le sujet avait déjà été abordé, et de manière plus pertinente, lors du premier arc de Simonson sur les FF.