The dream is over

Sandman : The Wake par Neil Gaiman et Michael Zulli

Mc Kean, désordre et génie

Mc Kean, désordre et génie

VO : Vertigo

VF : Delcourt/Urban

Ce septième volume  chez Urban est le dernier de la série culte Sandman. Il contient un épilogue et bonne et due forme dessiné par Michael Zulli qui ne sera apprécié  que lu dans la continuité.

Urban ayant fait les choses en grand, ce volume contient pas moins de 400 pages de bonus soit Sandman : Endless Nights avec les collaborations prestigieuses de Frank Quitely, P.Craig Russel, Milo Manara ou Bill Sienkiewicz. Il s’agit de récits annexes centrés sur chacun des Infinis. Ces récits n’étant pas plus affectionnés que ça par votre serviteur, ils ne seront pas chroniqués ici.

Vous y trouverez également Sandman : The Dream Hunters, un récit illustré façon contes par Yoshitika Amano ainsi que le passionnant Sandman Companion, le recueil d’interview mené tambour battant par Hy Bender, le tout agrémenté de posters promotionnels de l’époque et la traduction irréprochable de Patrick Marcel. Vous vous en doutez, il s’agit bien là de l’édition ultime de Sandman !
Bien, on y va ?

Milo Manara en illustrateur du Désir bien sûr !

Milo Manara en illustrateur du Désir bien sûr !

Les admirateurs de Neil Gaiman le savent : Sandman, c’est plus qu’une simple lecture, plus qu’un divertissement,osons ! plus qu’un Comic-Book ! C’est une expérience existentielle venant bousculer son lecteur dans ses conceptions de la vie, de la mort et de tout ce qu’il y’a au milieu.
Il était donc naturel que Neil Gaiman offre en conclusion à son audience les funérailles de Dream, suicidé dans le tome précédent. En tutoyant son lecteur, Gaiman l’investit comme jamais en le faisant participer aux adieux au dieu souvent odieux du rêve.  Tout simplement , en mettant en scène les rêves de son auditoire.

Il s’agit donc d’une élégie : celle de Morpheus, le sombre et romantique aussi brutal que raffiné, qui aura refusé de s’humaniser d’avantage que son infinie nature l’autorisait. Magique ! Plus Gaiman complexifie son propos, plus il semble limpide, tant les portes d’entrée pour l’interprétation du lecteur sont multiples.
Oui ! Dream est mort ! Mais il vit désormais en Daniel, l’enfant né dans son royaume. Daniel, ce prophète qui dans La Bible était doté  du pouvoir d’interprétation des rêves.  Daniel, désormais White Sandman, doté d’une compassion immédiate et avare de vengeance à l’inverse de son prédécesseur. Daniel à peine intronisé plein d’affection pour ses sujets, osant des gestes tendres envers eux, pardonnant aux ennemis de Morpheus. La continuité dans le changement….Ce changement indispensable à la continuité.

Enter the white Sandman !

Enter the white Sandman !

Car on ne tue pas une idée, on ne tue pas un rêve. Daniel devient cette autre conception du rêve. Une version voulue par Morpheus qui aura écrit cette partition sans vouloir l’incarner.  Une divinité réconciliée avec l’humanité et ses tourments. C’est beau, c’est subtil, et cette écriture parle à tout ce que le lecteur porte de vrai en lui. Cette conception du rêve, c’est aussi celle de l’art et du Comics en général.
Jusqu’au bout, Sandman aura été le médium  réfutant les codes en vigueur sur le marché. Une histoire qui commençait en annonçant d’emblée la mort du héros. Une histoire qui accepte avec sérénité la nécessité de mourir pour donner un sens aux joies et aux peines de l’existence. Une séquence  magnifiquement illustrée par Gilbert, le rêve bienveillant et paisible qui refuse sa résurrection pour ne pas gâcher sa mort.

A l’image du comics mainstream, Gaiman reconstruit tout par magie après le carnage de l’arc précédent…Tout est réparé pour être mieux abandonné, car tout change malgré les apparences. Le lecteur est donc amené à faire ces adieux à ce monde, à ces personnages, à cet univers où chacun y va de son adieu ou parfois de son silence. La cérémonie prend à la fois des airs naturalistes avec un couplet sur la vie de la famille pour ensuite prendre un tournant fascinant d’onirisme : un linceul se transformant en cadavre, le corps de Dream sur un cygne noir se transformant à son tour en heaume avant de devenir enfin une étoile.  Toute cette scène étant observée par Orphée, son fils, cause et conséquence de sa perte.

Orphée accueille son père aux portes de la mort

Orphée accueille son père aux portes de la mort

Tout ceci est magnifié par les dessins de Zulli qui après les dessins torturés, obliques et violents de Marc Hempel propose des planches aérées, sereines, lisibles. Tout s’y distingue facilement, les personnages sont charnels pour achever notre conviction de leur existence. Comme une cérémonie familiale regroupant des membres perdus de vue, Zulli propose de retrouver à cette cérémonie le premier Sandman, celui créé par Kirby et Simon, on y croise Alice Cooper (la BD duquel travaillaient Gaiman et Zulli à l’époque), mais aussi Clark Kent, Batman et…Darkseid !

Par la suite, Gaiman se fera le spécialiste des épisodes élégiaques. On se rappelle notamment de celui écrit pour Batman il y’a quelques années. Un exercice de style pas si évident où les personnages clefs ou d’autres plus inattendus viennent témoigner respect ou mépris, leurs mots venant parachever ou éclairer d’un jour nouveau leur relation au défunt.

Les héros de nos rêves aux obsèques du roi des rêves

Les héros de nos rêves aux obsèques du roi des rêves

L’appréhension de Daniel à rencontrer à sa nouvelle famille permet de créer une forte connivence entre le personnage et son lecteur : voici un personnage vierge qui découvre un univers inconnu sur lequel il est appelé à régner sous les yeux de son lecteur. Un lecteur qui l’accompagne de toute sa bienveillance, riche de la sagesse accumulée au fil des années grâce à la série. Où le lecteur apporte autant aux créations de bulles et de papiers que l’inverse. Le tout se terminant sur une fin magique, si simple, si évidente qu’elle en est par delà les mots.

Les funérailles du Sandman s’ensuivent de deux épilogues mettant en scène Rob Hardling, l’homme qui ne voulait pas mourir, un des rares mortels auquel Dream était attaché et William Shakespeare.
Dans le premier, Rob assiste à une convention censée reproduire la vie du moyen âge d’où il est issu. Une occasion cocasse pour qui a vécu cette époque fétide et puante de railler la mise en scène bidon de ce genre d’événement. Mais aussi pour Gaiman de poursuivre sa thématique lié au changement. Les hommes et les Dieux sont définitivement tributaires du temps qui passe. Rien n’est figé, définitif, établi. Un homme peut devenir immortel, un Infini périr.

La dernière séquence  de Dream en vue virtuelle. C'est de notre rêve dont il s'agit !

La dernière séquence de Dream en vue virtuelle. C’est de notre rêve dont il s’agit !

Rob’ qui aura été marchand d’esclaves dans ses vies antérieures, embrasse sa rédemption en faisant sienne une jeune noire qui, à son tour, adopte les frusques de l’époque. En achevant de lier les êtres à leur époque, Gaiman donne à un humain le mot de la fin : tout est possible à partir du moment où tout change.

C’est à Shakespeare que Gaiman accorde le privilège de clôturer sa série. Celui dont les mots auront fait rêver des siècles d’humanité. Nous le retrouvons au soir de sa vie en pleine rédaction de La Tempête, cette pièce où interviennent magie, manipulation et apaisement. Will y côtoie brièvement Dream qui s’identifie à Prospero : un seigneur tout puissant en son royaume à la fois refuge et prison.

Tempête sous un crâne

La Tempête sous un crâne par Charles Vess

Sandman, c’était donc ça : un comic-book qui dans les années 90 proposait de mettre sur le marché de la bande dessinnée américaine William Shakespeare à côté des Xmen, Batman ou Spider-Man sur les présentoirs. L’excellence a ceci d’agaçant : une fois découverte, tout devient plus fade, tout semble devoir changer, notamment les Comics de Super Héros qui n’en donne que l’apparence. Et personnellement, il ne m’a jamais été possible d’apprécier d’autres histoires de Sandman par la suite, tant mon esprit refusait obstinément que la moindre ligne puisse être écrite à ce monument de perfection.

Telle fut la leçon que Neil Gaiman m’apprenait avec le Watchmen de Moore. Il était possible d’élever des créatures costumées aux pouvoirs surnaturels à un niveau de conscience supérieure. Une véritable leçon de vie d’adulte pour adultes, presque une religion bienveillante pour quelques dollars par mois.  Que l’on a envie de transmettre bâton en main par delà les continents.  Une expérience d’une dignité inoubliable qui mettra la barre tellement haut en terme de médium  universel que bien des tâcherons du marché s’en brûleront les ailes à tenter d’atteindre ce niveau de perfection ultime.
Parce que Gaiman est un raconteur tandis que beaucoup d’autres ne sont que racontars….

La séreinité de Rob' en écho à celle du lecteur

La sérénité de Rob’ en écho à celle du lecteur

18 comments

  • Matt  

    J’avais plus ou moins l’impression que c’était terminé dans le tome 6 d’Urban.
    Puis j’ai vu qu’il manquait 5 ou 6 épisodes.
    Puis j’ai vu l’énorme pavé d’Urban et là je me suis demandé ce qu’ils avaient bien pu mettre dedans. Des mini séries.
    Du coup j’ai fait l’impasse. J’ignore ce que valent les mini, mais à 35€ le bouquin, quand on a déjà l’impression que c’est fini dans le tome 6, ça ne fait pas trop envie.

    D’après ton article cela semble intéressant. Alors peut être qu’il faudrait que je me trouve d’occaz le tome 10 de la précédente édition Panini juste pour avoir les derniers épisodes.

  • Jyrille  

    Aux adieux au dieu souvent odieux… Bravo Bruce ! L’article est fantastique. Me reste plus qu’à lire ce tome.

    • Bruce lit  

      @Matt: les mini séries qui complètent The Wake sont unanimement reconnues comme de grandes réussites artistiques. Cependant ce que j’en ai lu ne m’a pas convaincu, essentiellement car j’aime les fins, les points finaux, les adieux, et que, quand bien même Gaiman collabore avec des auteurs prestigieux, qu’il n’y a pas de Retcon ou de conneries marvelienne, les 7 volumes de Sandman me suffisent. Il n’y a plus de place dans mon esprit obtus pour une ligne de plus. Maintenant, je sais que Présence a lu a tout ça et se fera une joie d’écrire là dessus si l’on lui demande gentiment ! (bouche en coeur, notes de musique en didascalies, yeux clignants plus que de raison: Préééééésence…..).

      @Jyrille: une formule assez facile pour un amateur de Gainsbourg: croire aux cieux, croire aux dieux, même quand nous semble odieux (« Fuir le bonheur de peur qu’il se sauve »).

  • Mantichore  

    Pour pinailler sur les détails, c’est une critique faite clairement sur la VO: en VF, le protagoniste s’appelle Morphée et il est le Rêve (pas Morpheus et Dream), puisque c’est à la fois son nom et sa fonction. Et l’immortel — jusqu’ici — s’appelle Hob (parfois Rob, puisque c’est une forme diminutive de Robert) Gadling.

    • Nikolavitch  

      pinailler, toi ? rhooooooo, je vacille sous le choc.

  • Patrick 6  

    Promis dés que j’aurais un peu de temps je relirais Sandman, la meilleure série de tous les temps ! (Tiens justement je vais avoir du temps de cerveau disponible début 2017… ça tombe bien)
    Même si, comme toutes les séries Vertigo que j’adore (Shade the changing man, The Enigma, etc…), je n’ai tout simplement jamais osé m’y replonger par peur de déception…

  • Présence  

    Sandman, c’était donc ça. – Tu as raison d’insister sur ce point là : avant Neil Gaiman, il n’y avait pas d’équivalent en termes d’alternative aux superhéros, avec une telle ambition littéraire, et une telle envergure (75 épisodes).

  • Matt  

    Pour moi il manque un petit truc quand même dans Sandman.
    Ne me lynchez pas tout de suite ! J’ai beaucoup aimé les précédents tomes. Enfin…je n’ai pas lu le 3eme souvent accusé d’être décevant et non nécessaire. Au final je dirais quand même que je n’ai pas compris d’où sortait Thessaly, la fille à lunettes qui aide Hipolyta à se protéger de Dream…Donc j’imagine qu’elle débarque dans le tome 3. j’ai donc tout de même loupé un truc.

    Mais sinon j’ai beaucoup aimé et les thèmes soulevés sont touchants au point que même quand certains passages sont plus lourds, on est contents de les avoir lus.
    J’aurais un peu de mal à définir ce qui manque. Peut être plus d’empathie envers des personnages dont on a parfois du mal à se préoccuper.
    ça peut paraître bêtement terre à terre comme argument face aux ambitions de ce comics mais en ce qui me concerne, quel que soit le propos d’une histoire (que ce soit simple et linéaire ou profond et philosophique) j’estime qu’un minimum d’empathie envers les personnages est nécessaire pour se sentir immergé dans l’histoire. Je ne dis pas que j’en avais rien à faire de tous les persos dans Sandman, mais il y en a quand même pas mal et j’aurais aimé en voir + sur certains infinis ou sur certains personnages secondaires. Pas forcement sur Sandman lui même, il y en a assez. C’est peut être l’aspect un peu austère de l’ensemble qui met une certaine distance avec les personnages.

    Alors aurais-je du lire le volume 3 finalement ? Pour combler ce manque ? Ou même pas ?

  • yuandazhukun  

    Merci Bruce pour ce point final sur Sandman…je n’ai évidemment pas lu l’article dans son intégralité car je n’ai pas lu tous les tomes de Sandman, même si j’en connais les grandes lignes dans sa conclusion. Je te remercie car tes articles sur cette série je les ai lus depuis le tome 1 de Urban, tu m’as aidé à la débuter moi qui en appréhendais la lecture (pensant que ce serait trop intellectuel, avec des références qui souvent me perdraient). Il n’en a rien été et cela en partie grâce à toi. J’aurais pu passer à côté…C’est l’une des principales raisons pour lesquelles ce site est merveilleux…

  • Bruce lit  

    Le facebook du soir :
    « Gothic délice » 2/5
    A la fois veillée mortuaire et réveil, ils y sont tous, de William Shakespeare à Death, sans oublier des artistes prestigieux comme Michael Zulli, Charles Vess ou Jon J. Muth. Neil Gaiman vous invite à la conclusion somptueuse de sa série de rêve, tome 7 de Sandman publié par Urban.

    @Jyrille: impossible que tu ne connaisses pas cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=I-__j49XLmA

    @Yuandazhukun: la bise hein ? Je suis content d’avoir été utile et je dirais être aussi heureux que ça se termine. Les Sandman m’ont demandé un gros effort de relecture (mon temps de cerveau disponible n’étant plus celui de mes 20 ans) et surtout d’écriture. Ecrire sur Sandman, c’est un peu comme chercher quelque chose d’original à dire sur les Beatles. Je peux même dire que ces articles ne sont pas nés de mon contentement tellement la pression était énorme !

    @Matt: tu m’auras bien fait cogiter en allant chercher mes pizzas à emporter. Je me demandais comment j’allais structurer ma réponse…. donc voilà :
    -Thessaly ou Larissa avoue dans The Wake avoir été la maîtresse de Morphée. Il me semble que par la suite elle ait bénéficié d’un spin-off que je n’ai pas lu lui privilégiant celui de Lucifer. Elle tient effectivement la vedette du volume 3.

    -La lecture du tome 3 te manque peut être dans la mesure où Gaiman s’intéresse à un couple de lesbienne avec toute l’empathie qu’il pouvait avoir pour l’homosexualité qu’il a toujours défendu. Et c’est à ,tout à son honneur d’avoir abordé l’homoparentalité 20 ans avant tout le monde dans un média côtoyant les sottises d’Image de l’époque…

    -L’empathie: je ne trouve pas que Gaiman manque d’empathie pour ses personnages, bien au contraire, il leur accorde souvent la primauté de ses histoires au détriment de Morphée. Que ce soit les enfants battus ou l’horreur du viol, sa position est claire, sans fascination aucune (au contraire de Millar par exemple qui se sert de la violence envers les femmes pour donner un côté fun à ces histoires) sur la souffrance des victimes.

    Maintenant, j’avoue encore que la lecture de Sandman n’est pas une lecture heureuse. Je m’explique. Il s’agit pour moi d’un medium philosophique un peu austère. Des histoires tortureuses et torturées au graphisme atypique de personnages ne l’étant pas moins.
    Je veux dire que même les Watchmen et Vendetta de Moore faisait des concessions à l’action, le spectaculaire et une mise en page plutôt classique favorisant l’immersion. Pas Sandman. Qui est une BD où l’on rentre comme en religion, animé d’une foi en la répuation de cette oeuvre.

    De plus les personnages de Sandman sont tous le reflet du gout de Gaiman pour la déviance. Il n’en existe aucun correspondant à la définition de normalité. Aller vers eux demande un réel effort, un investissement payant pour un lecteur qui doit quand même renoncer à bien des codes des comics: une action inexistante, un héros absent, des contes d’une richesse incroyable qui sont à remettre dans le contexte de publication de l’époque: 1 histoire suffisamment dense sans splash page pour gagner du temps et au contraire remplir l’attente du lecteur jusqu’au numéro suivant.

    -Certains défauts subjectifs de l’écriture de Gaiman: une écriture exigeante qui ne saurait s’accommoder de distraction extérieure. Il est impossible de comprendre un Sandman seulement en regardant les images. Ce n’est pas un défaut, juste encore une fois que c’est une lecture difficile à apprécier dans son train entre deux annonces débiles nous rappelant de signaler tout acte terroriste au cas où il se produirait. Il faut vraiment être à l’intérieur de soi pour apprécier Sandman.
    C’est un peu comme du Visconti, un film qui dure 3 heures mais qui prend sa signification sur la durée et te remplit à chque visionnage. A l’inverse d’une lecture mainstream comme Civil War incroyablement divertissante, actuelle mais creuse et sans aucun autre niveau de lecture que celui d’emblée proposé.
    Au final, les deux sont nécessaires et complémentaires.

    • Matt  

      Je ne dirais pas qu’il manque d’empathie dans la manière de décrire ses personnages en effet. Mais que ça manque peut être d’efforts pour nous les rendre attachants. Que le lecteur doive se forcer un peu à les accepter ok, mais peut être aussi qu’il leur manque du « temps de présence » ou qu’il y a trop de personnages pour que ça fonctionne tout le temps. En tous cas c’est mon ressenti. Je ne cherche pas à dire que Gaiman gère mal ses persos, ça vient peut être de moi qui ait un peu de mal avec sa narration.
      J’aime lire au calme chez moi. J’ai déjà lu dans les transports pour ne pas y perdre mon temps sans rien faire, mais jamais du Sandman.
      En effet ce n’est pas le comics le plus facile que j’ai lu. Et peut être que je chipote.

      Est-ce que tu me conseillerais la lecture du tome 3 du coup ? Ou je n’ai pas raté grand chose ?Je sais que tu ne l’as pas aimé, mais le juges-tu nécessaire au développement de l’univers etc ? Je veux dire par là que le seul truc qui me manque c’est la rencontre entre Dream et Larissa. Et si ça dure 10 pages et que le reste du volume est mauvais…je pourrais vivre sans je pense.

      • Bruce lit  

        @Matt: Le volume 3 n’est pas indispensable à mon sens sur la trame de fond de Sandman. Elle montre les interactions entre le monde du rêve et de l’éveil. La rencontre de Dream et de Larissa est très brève et elle se montre arrogante à son égard.
        Le volume 3 n’est pas mauvais, comparé aux aventures de notre ami Brian B.,enfin….’vais pas tirer sur l’ambulance….voir ma phrase sur les raconteurs et les racontars. Disons simplement que pour qui est passionné par la continuité du personnage de Dream, cette incursion d’heroic fantasy urbaine m’a fait trépigner d’impatience de retrouver l’histoire qui m’intéressait….
        Bon, pour te répondre franchement, je ne l’ai pas revendu mais je ne suis pas prêt de le relire…

    • Jyrille  

      Bien sûr Bruce, que je connais cette chanson. Mais pas au point d’en reconnaître les paroles. Content de voir aussi que tu considères Civil War très premier degré.

  • JP Nguyen  

    @Matt : je comprends ton propos car j’ai eu un ressenti similaire sur les quelques numéros de Sandman que j’ai pu lire. Je ne suis jamais vraiment rentré dedans.
    En matière de comics, c’est une des grandes (re)découvertes qu’il me reste à faire…

  • Lone Sloane  

    En tant que lecteur de ton blog,c’est un vrai plaisir de suivre ton cheminement avec Sandman. Les articles comme les commentaires fournissent matiëre à reflexion sans prise de tête, et la variété des sujets abordés montrent que Neil Gaiman et toi êtes des hôtes qui ne laissent pas les visiteurs sur leur faim.
    Ne manque qu’une référence australe au plus grand tube des Crowded House pour que le rêve ne s’achève jamais.

  • Jyrille  

    Après de longs mois, et sans lire les nombreux bonus (ou si peu) des rééditions Urban, j’ai enfin terminé ce dernier tome de Sandman. Ton article est vraiment très beau, Bruce, mais il me laisse un peu sur ma faim en ce qui concerne le fond. Et puis, tu ne parles pas des courtes histoires sur les Infinis, et rien que graphiquement, cela vaut le coup, même si effectivement c’est moins important que le reste. Les histoires sur le Délire et la Dépression, notamment, sont ardues.

    J’ai le sentiment d’être passé à côté de plein de choses, car lire Sandman, c’est un vrai sacerdoce. Comme tu le dis, cette bd requiert une attention indéfectible, et est un vrai objet de littérature. Après tout, ce n’est pas tant l’intrigue qui compte mais bien la façon de raconter, les courtes histoires et ambiances qui sont développées. Surtout que tout au long des 75 épisodes, les dessinateurs changent souvent, et souvent pour des styles différents. Mais je suis content, je sais qu’il me reste à relire tout ça, avec tous ces bonus, et ce n’est pas le genre de choses qui s’appréhende en un coup, mais sur la longueur, comme le jazz, comme Love and Rockets, comme Kurosawa (je ne me souviens pas des Visconti que j’ai pu voir).

    Tout ça pour dire que j’attends avec impatience le tome 0 qui me replongera dans Sandman : contrairement à toi, je n’ai pas ressenti ce trop plein, et l’histoire de la renarde et du moine – que j’avais déjà lue ailleurs, n’était-ce pas dans un autre Sandman ? – illustrée par Yoshitaka Amano est magnifique, avec sa quadruple planche pliable.

  • Bruce lit  

    @Jyrille : Tout d’abord, bon anniversaire copain !
    Je l’ai déjà dit par le passé…le punk en moi n’est pas sensible à la virtuosité. J’aime les histoires qui me prennent aux tripes. Sandman a eu une importance cruciale à mon adolescence. Quelque part, le deuil est fait. Quelque chose en moi refuse de s’y replonger parce que, hey, ce que Sandman propose de revisiter (le rapport au temps qui passe, à sa mortalité, à nos croyances, à notre famille) des étapes déjà franchies grâce à ce médium et m’y replonger est trop compliqué.

    Je ne parle donc de ce qui m’intéresse dans cette histoire : le destin de Morpheus. Les préquelles, séquelles, bonus, spinoff, suites, fussent ‘elles réalisées par Alan Moore himself ne m’intéressent rarement. J’aime la signification du mot fin. Et Sandman aura été un bel initiateur au renoncement, donc quelque part j’applique ce que Gaiman m’a appris : changer et passer à autre chose.
    Je n’ai donc nul envie d’imaginer un 25 album de Tintin, une suite de Preacher, de Watchmen ou un 20ème épisode Star Wars. Ce serait comme coucher avec son ex-femme : un pur sursaut de nostalgie peu constructif (à mon sens).

    C’est exactement ce que j’ai ressenti en relisant l’épisode 0 de Sandman que Présence m’a gentiment donné : l’objet est purement sublime, les dessins magnifiques et l’histoire ambitieuse. Simplement le lecteur en moi à qui ça s’adresse n’est plus là. Rien de dramatique en cela. Et c’est avec plaisir que je lirai d’autres reviews de Sandman ici même par d’autres plumes que la mienne 😉

  • Jyrille  

    Merci Bruce ! Je comprends ton point de vue, j’aurai le même sur d’autres œuvres que tu cites notamment. Mais j’ai découvert Sandman trop tard pour avoir le même attachement 🙂

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