Postmodern Attitude – 2° partie (Daredevil Yellow)

Les super-héros Marvel 2/4 par Jeph Loeb & Tim Sale: Daredevil

Un article de  : TORNADO

VO : Marvel

VF : Panini

1ère publication le 2/12/15 – MAJ le13/04/24

L’art du rétro intemporel…

L’art du rétro intemporel…©Marvel Comics

Cet article est le deuxième d’une série de quatre sur les œuvres réalisées par le tandem Jeph Loeb (scénario) et Tim Sale (dessin) autour de l’univers des super-héros Marvel. Ce duo d’auteurs a aussi bien officié chez DC Comics que chez Marvel, pour un certain nombre de mini-séries particulièrement réussies et iconiques, transcendées par un style inimitable.

Cette série d’article est par ailleurs complémentaire de l’article sur l’univers de Batman et sur celui de la mini-série Les Saisons de Superman
Nous avons essayé de démontrer, à propos de Batman, tout l’art de ces deux auteurs parfois injustement critiqués. Nous nous contenterons donc, dans cette anthologie, d’aborder ces mini-séries Marvel sans trop nous attarder sur ce volet… Mais en fait on le fera un peu quand même !
A noter que l’introduction est la même pour chacun des trois articles colorés…

Le sommaire :
1) Wolverine/Gambit – Victimes – 1995
2) Daredevil – Jaune – 2001
3) Spiderman – Bleu 2002
4) Hulk : Gris – 2004
5/ Captain America : White-2016

Toute la mythologie de "Tête à Cornes" en quelques couvertures iconiques préservant toute la magie d’une époque…

Toute la mythologie de « Tête à Cornes » en quelques couvertures iconiques préservant toute la magie d’une époque…©Marvel Comics

Le projet initial des « mini-séries colorées » de Jeph Loeb & Tim sale n’est pas, contrairement à ce que l’on entend souvent, de présenter sous un angle original les origines des plus grands héros du label Marvel (Daredevil, Hulk, Captain America et Spider-Man, en l’occurrence). Il s’agit plutôt d’une relecture de ces aventures dans leurs premières années. Ainsi, les deux auteurs vont se concentrer sur une période mythique de chaque personnage et vont en proposer une version développée, davantage postmoderne que simplement « modernisée ».

La différence entre ces deux notions est importante : Une version modernisée consiste à remettre les choses « au goût du jour », c’est-à-dire « à la mode ». Dans certains cas, cela peut fonctionner et permettre aux nouvelles générations de lecteurs de découvrir ces univers sous un angle qui leur convient (le matériel d’époque ayant extrêmement vieilli du point de vue de la mise en forme, de la narration et des dialogues, il peut vraiment rebuter les lecteurs élevés aux images virtuelles).
Mais ce principe de remise au goût du jour peut également être pernicieux et tomber dans le racolage, via une esthétique orientée manga, des dialogues « branchés » hors-sujet et un changement de valeurs, l’ensemble trahissant le matériau originel que constituent ces histoires (je tenterai peut-être un jour d’aborder le « cas Skottie Young », artiste dont le travail m’insupporte au plus haut point pour cette raison en particulier).

On l’appelle "Tête à cornes" !

On l’appelle « Tête à cornes » !©Marvel Comics

Mettons-nous bien d’accord, il ne s’agit pas d’un principe réactionnaire tendant à prétendre que « c’était mieux avant », mais de rappeler que ce sont des concepts qui ont été créés au début des années 60 pour la plupart (voire des années 40 en ce qui concerne Captain America !), et qu’ils ne supportent pas n’importe quel traitement. L’intégrité de chaque figure est ainsi tributaire d’un univers précis et codifié, qui prend toute son essence dans le contexte de son époque.
Le projet de Jeph Loeb & Tim Sale vise donc un équilibre entre le passé et le présent, entre le classique et le contemporain. Cela s’appelle le postmodernisme, qui consiste à préserver tous les codes propres à l’intégrité de chaque univers défini, en les mêlant aux canons actuels de mise en forme. Ainsi, les histoires de notre duo d’auteurs ont un look à la fois rétro et moderne. On s’imprègne de l’ambiance esthétique de l’époque telle qu’on pouvait par exemple la trouver au cinéma (une iconologie universelle), à travers les films noirs, les films fantastiques et les serials diffusés dans les salles en première partie de soirée (et qui adaptaient presque toujours des comics !). Mais on opte pour une mise en forme actuelle, où l’art du dialogue prévaut, où la voix off se substitue aux bulles de pensées obsolètes, où la narration se développe davantage sur le vocabulaire graphique que sur le texte…

Au final, les auteurs régurgitent plusieurs décennies de références scénaristiques et esthétiques, nourrissant un scénario qui puise sa densité au cœur de ces références…

La classe !

La classe !©Marvel Comics

Daredevil Jaune : A la recherche du temps perdu

Pour les fans de Daredevil, L’Homme sans peur, la célèbre (et controversée !) version des origines du personnage signée Frank Miller et John Romita jr, l’histoire développée dans Daredevil : Jaune en est purement et simplement la suite directe, qui peut se lire immédiatement après (Loeb & Sale nous avaient déjà fait le coup avec Batman : Un long Halloween, se situant au lendemain de Batman Year One, du même Frank Miller !).
Comme ce sera le cas pour Spiderman Bleu et Hulk Gris, il est déjà question d’aborder les relations amoureuses du personnage principal. Ainsi, Matt Murdock se remémore sa rencontre avec Karen Page, l’amour de sa vie, décédée au cours du run de Kevin Smith.
Le récit commence au temps présent, alors que le héros se souvient de son amour perdue, et qu’il décide de lui écrire une lettre fictive…
De manière conceptuelle, les images se déroulant au temps présent sont illustrées en noir et blanc, tandis que seul le justicier apparait en rouge, histoire de montrer la différence avec les images du passé, où il était habillé de jaune (d’où le titre…). Cependant, on revient parfois au noir et blanc lorsque les circonstances dramatiques le justifient, notamment lors de la mort de Battlin’ Jack, le père du héros.
Ces planches sans couleurs (ou presque) sont d’ailleurs l’occasion pour Tim Sale, artiste daltonien, de s’exprimer pleinement en livrant de splendides images en sépia (ce n’est pas assez brun pour être du lavis, comme dans les véritables photographies d’antan !).

La mort de Battlin’Jack en forme de film noir de l’âge d’or Hollywoodien !

La mort de Battlin’Jack en forme de film noir de l’âge d’or Hollywoodien !©Marvel Comics

Le scénario est ponctué de rencontres avec les figures importantes de la mythologie développée (Karen et Foggy, pour l’essentiel), comme de combats de jeunesse (on voit notre héros affronter les assassins de son père, mais également des supervilains comme Electro, le Hibou ou encore l’Homme Pourpre). L’ambiance générale joue à fond la carte de la nostalgie et développe un décor de série noire très rétro. Effet « Madeleine de Proust » garanti pour les adultes ayant lu des histoires de Daredevil lorsqu’ils étaient enfants…

Comme à leur habitude, les deux auteurs multiplient par ailleurs les références visuelles et, au détour d’une planche, un amoureux comme je le suis des films noirs hollywoodiens et des films de boxe de Robert Wise est obligé de noter la ressemblance avec les œuvres en question. Surtout lors des séquences se déroulant dans le milieu de la pègre et de la boxe (sachant que la mort de Battlin’ Jack est, dès le départ, un mélange entre le pitch du Champion de King Vidor, et des deux films de Robert Wise Nous Avons Gagné Ce Soir et Marqué Par la Haine) !
Parallèlement, et vu que le récit semble se dérouler à l’époque des épisodes originaux, au cœur des 60’s, il n’est pas possible de contempler la beauté et l’allure hitchcockienne de la jeune Karen Page sans songer à celle de Grace Kelly, de Kim Novak ou de Tippi Hedren…

En définitive, ce sont tous ces éléments aux airs de « déjà-vu » qui participent au caractère postmoderne du travail de Loeb & Sale. Cette relecture des grandes heures du passé. Cette alchimie entre le sel d’une époque et le traitement de la modernité. Cet équilibre entre le florilège d’une ère révolue et l’art de le compiler sous le vernis de la maturité…

Et si Matt Murdock était Cary Grant ou James Stewart ? Et si Karen Page était Kim Novak ou Grace Kelly ?

Et si Matt Murdock était Cary Grant ou James Stewart ? Et si Karen Page était Kim Novak ou Grace Kelly ?©Marvel Comics

Parmi tous les « récits colorés », Daredevil : Jaune est certainement celui qui réussit le mieux à saisir l’alchimie entre l’univers originel du personnage référencé, l’émotion toute en nuances et l’originalité du traitement.
Par le biais d’un va-et-vient constant entre les pensées de Matt Murdock au temps présent, et les souvenirs du temps passé où l’on assiste à l’amour naissant entre lui et Karen, (le tout sur la même planche dans une alternance de vignettes et de soliloques), c’est une émotion incroyable que parviennent à transmettre les auteurs. Une émotion toute en retenue, brillamment distillée par une narration délicate comme de la soie.

Si vous voulez du vilain old-school…

Si vous voulez du vilain old-school…©Marvel Comics

…Vous allez en avoir !

…Vous allez en avoir !©Marvel Comics

Les puristes des comics originels risquent de tiquer un peu dans la mesure où les auteurs se permettent tout de même diverses modifications de fond, changeant quelque peu l’âge ou l’apparence des personnages, voire même la chronologie des événements. C’est la loi des relectures, et c’était déjà le cas avec les créations de Frank Miller. Pour apprécier Daredevil : Jaune à sa juste valeur, il faut donc être prêt à passer outre ces transformations contextuelles.
Pour autant, le duo préserve un bon nombre d’éléments puisés directement dans l’époque consacrée et parsème le récit d’hommages divers et variés en directions des auteurs originaux, tels que Bill Everett ou Gene Colan (notamment le temps d’un combat ultra-rétro entre DD et Electro !).De la même manière, scénariste et dessinateur n’hésitent pas à préserver les naïvetés inhérentes aux personnages principaux. Avec un culot invraisemblable, et alors qu’il s’agit d’une histoire avant tout destinée aux adultes (la scène de la chaise électrique est quand même bien intense et ne s’adresse nullement aux enfants), ils mettent en scène un Hibou volant dans une séquence proprement improbable ! Et c’est tout à leur honneur de réussir à faire passer la chose en douceur, grâce à une poésie de tous les instants évitant comme par magie de tomber dans le ridicule…

Intensité maximale pour la scène de la chaise électrique…

Intensité maximale pour la scène de la chaise électrique…©Marvel Comics

Parmi tous ces éléments concourant à l’état de grâce de cette mini-série exceptionnelle, notons enfin l’atmosphère mélancolique qui se dégage du récit, sans-cesse contrebalancée par une joie de vivre incroyablement communicative véhiculée par les personnages principaux.
J’ai éprouvé au final une grande tristesse à l’idée de quitter ce trio amoureux composé par Matt, Karen & Foggy, et de retourner à ma vie réelle…
Une fois de plus, c’est bien le sens de l’équilibre d’un duo d’auteurs miraculeux qui aura fait son office en créant, ni plus ni moins que la plus belle histoire jamais créée sur le justicier de Hell’s Kitchen (avis tout à fait personnel et subjectif)…

Avec Tim Sale, certaines (doubles) planches peuvent devenir de véritables illustrations !

Avec Tim Sale, certaines (doubles) planches peuvent devenir de véritables illustrations !©Marvel Comics

Pour terminer, quelques mots sur l’art de Tim Sale : Bien que Daredevil : Jaune se lise assez vite (il y a très peu de vignettes sur chaque planche et nombreuses sont des pleines, voire des double-pages illustrées), il a fallu un bon moment pour que j’arrive à décrocher de la beauté incroyable de certaines images, et j’enrage à l’idée de ne pas avoir la place de toutes vous les montrer.

Bien que son style soit immédiatement reconnaissable, le dessinateur ne s’est pas contenté ici de reproduire le même travail que sur les histoires dédiées à Batman. A maintes reprises, on peut constater une réelle volonté de travailler l’atmosphère d’une mythologie distincte (celle de Daredevil), plus lumineuse, plus naturaliste également. Et l’artiste a réalisé l’ensemble avec un sens du détail inattendu, transformant chaque planche en véritable illustration, préfigurant la collaboration des coloristes par les aquarelles de gris, et multipliant les accessoires, les objets décoratifs, les motifs vestimentaires et les aspérités architecturales. Le temps de quelques « tableaux », Tim Sale gatte également nos mirettes en livrant de magnifiques vues de New York, dans un style à la fois esquissé et foisonnant, très urbain, d’une justesse extrême en termes d’atmosphère et de cohérence plastique.
Un très grand moment de bande-dessinée.

On est héros urbain, ou on l’est pas…

On est héros urbain, ou on l’est pas…©Marvel Comics

19 comments

  • Marti  

    Oh le vilain, il n’aime pas Skottie Young !

    De la production Marvel du duo je n’ai lu que Hulk : Gris, il va falloir que je repars ça tant to n article donne l’eau à la bouche !

  • JP Nguyen  

    C’est celui-là que je trouve le plus beau. Le travail au pinceau de Tim Sale est superbe. Il faudrait aussi saluer Matt Hollingsworth qui a mis les couleurs définitives par dessus, sans sombrer dans la surenchère mais en complétant très agréablement le dessin initial. Cette série abonde en illustrations que j’aime beaucoup et d’ailleurs, le poster de Matt/DD au punching-bag montré en début d’article est dans mon salon.

    Toutefois, il y a certains choix artistiques auxquels je n’ai pas adhéré. Le visage de Matt, par exemple m’a parfois un peu dérangé (c’est quoi tout cet espace entre son nez et sa bouche ?). A l’inverse, la Karen Page était craquante, avec effectivement des réminiscences des actrices hollywoodiennes que tu as citées.

    Petit point de désaccord avec l’article : Yellow ne m’apparait pas vraiment comme « suite directe » de Man Without Fear, dans la mesure où des éléments sont en contradiction (âge de Matt à la mort de son père) et surtout les ambiances n’ont rien à voir (rétro pour Yellow et action movie pour MWF).

    Dernier point de détail : c’est Electro avec un c, à ne pas confondre avec Elektra qui est un k … à part 😉

    Bonne journée à tous (et c’est quoi ce délire, Marti ? il faut veiller à point d’heure pour poster le premier com’ sur Bruce Lit, maintenant ? 🙂

  • Présence  

    Cet article constitue un commentaire de comics magistral, ainsi qu’un exposé sur le postmodernisme aussi ludique qu’éclairant sur sa nature. Bravo ! Comme toi, j’avais beaucoup apprécié que Tim Sale ait développé un langage corporel spécifique pour Daredevil, différent de celui de Batman.

    On s’imprègne de l’ambiance esthétique de l’époque telle qu’on pouvait par exemple la trouver au cinéma (une iconologie universelle). – Ce que je trouve aussi très fort, c’est que ces séquences fonctionnent même pour les individus (comme moi) qui ne disposent pas de la référence des films de Robert Wise. Du coup, même si l’iconologie n’est pas forcément universelle (dans le sens où tous les lecteurs ne la connaissent pas), elle fonctionne quand même (par opposition à cette continuité référentielle que tu aimes tant).

    Habillé de jaune (d’où le titre) – Je ne suis plus très sûr de moi, mais il me semble que la couleur renvoyait aussi à la notion de courage, opposée au Yellow belly (foie jaune, ou peureux), et par voie de conséquence à la notion d’homme sans peur.

    Lavis – J’avoue ne pas comprendre la distinction entre lavis et aquarelle. N’ayant jamais pratiqué (mes rares dessins provoquent l’hilarité, puis la consternation, au point d’en faire larmoyer les yeux), j’avais tenté de comprendre ce qu’il en était en lisant la définition du wiktionnaire : Manière de colorier un dessin avec de l’encre de Chine, du bistre, de la sépia ou quelque autre substance colorante. Cette définition ne semble pas opposé le gris au brun. Peux-tu m’éclairer ?

    En lisant cet article et en repensant à cette histoire, il y a peut-être encore un autre niveau de postmodernisme, dans le fait que Matt Murdock au temps présent commente les actions de celui qu’il a été plus jeune, avec le recul de la maturité.

  • Bruce lit  

    Pour être en accord avec ce superbe article, je relu cette histoire ce matin et l’ait beaucoup apprécié. Ce que tu écris sur le dosage de la mélancolie et de la joie de vivre est très juste. Loeb touche au coeur son lecteur: il raconte une histoire de super héros certes, mais aussi le processus de deuil, la relation au père et surtout la naissance d’un bel amour. C’est cette dimension humaine qui me manque aujourd’uhi chez Marvel, le truc qui parle non pas au fan mais à l’humain. Loeb se montre très inspiré lors qu’à deux reprises il dit que Matt sent battre en lui le coeur de ceux qu’il aime.
    Mon volet midinette est incapable de résister à ce genre de prose.
    Loeb trouve vraiment la voix de Matt Murdock, loin , bien loin de la brute épaisse de Netlix. On a ici un homme raffiné, intelligent, sensible, attentionné avec ce qu’il faut d’orgueil.
    Sans ton article, je n’aurais jamais fait le rapprochement Hitchcockien, mais oui, c’est évident. Sur certaines planches, oui, Karen=Grace Kelly.

    Comme toi j’ai quitté ce récit à regret. Quel exercice: écrire 150 page de super héros sans (beaucoup) de super vilains. Je pense que la trilogie Hulk/ Spidey est tout de même une grande réflexion sur le deuil, la mort de l’être aimé et le travail de reconstruction du survivant. Voilà donc à quoi sert un comic book, non ? L’exact inverse de ce qui était évoqué pour Xmen 600.

    @Marti: on écoute Deep Purple à 27 ans ? Plus moyen de rester entre vieux ! Remarque le groupe a été rebooté tant de fois qu’il devait fatalement attirer les fans de Comics 😉

    Plus sensible au style de Sale, j’ai été charmé par les détails de certaines planches: les rues de Hell’s Kitchen,le gymnase ou la piaule de Foggy et Matt avec la montagne de chaussettes sales au dessus du lit.
    Définitivement un Daredevil Origines qui me parle plus que le reboot de Miller et Romita Jr.

    Simple objection: j’aurai plutôt imaginé en BO le thème de Fenêtre sur cour que Marnie.

  • Jyrille  

    Et bien… L’article est superbe, car comme Présence j’ai adoré tes définitions et ton cours sur le postmodernisme. Les scans donnent très envie et je n’avais pas du tout été convaincu par le reboot de Miller et Romita Jr, je pense donc que cela devrait me plaire. Il me reste juste à le trouver… Bravo encore, franchement, je suis jaloux 🙂

  • Tornado  

    Merci les copains.

    @Marti : « Hulk : Gris » est pour moi très bon, mais en même temps le moins bons des trois récits colorés sortis à ce jour ! Le Spiderman a été réédité dans la collection Hachette.
    Que vaut Deep Purple en 2015 ?
    Et au fait… Je HAIS Skottie Young !!! C’est de la branchouille pour ados, ça ! Comme les graffitis modernes, même combat…

    @JP : Souvent, les choix esthétiques de Tim Sale me contrarient sur les 2/3 premières planches, puis après ça passe !
    Dans mes souvenirs, je voyais « DD Yellow » débuter à peu-près au moment où « MWF » se terminait. Mais effectivement, artistiquement c’est pas pareil… (l’âge aussi mais ça, bon… c’est un détail !).
    Ok pour « Electro ». Oups ! ça fait bizarre de l’écrire sans faire une faute ! 😀

    @Présence : Sur la question de l’habit jaune, j’avoue que je n’en sais rien du tout !
    L’aquarelle, c’est de la peinture diluée à l’eau. Le lavis, c’est de l’encre de chine dilué avec de l’eau. C’est gris. Le sépia, c’est la même chose avec un léger effet de brun (à l’origine c »était de l’encre de seiche !). Du coup, ta remarque me fout la honte car je m’aperçois que, dans la précipitation, j’ai confondu les deux ! Il y a donc un changement à faire si Bruce le veut bien :
    « Ces planches sans couleurs (ou presque) sont d’ailleurs l’occasion pour Tim Sale, artiste daltonien, de s’exprimer pleinement en livrant de splendides aquarelles dans un camaïeu de gris (ce n’est pas assez brun pour être du lavis). »
    A changer par :
    « Ces planches sans couleurs (ou presque) sont d’ailleurs l’occasion pour Tim Sale, artiste daltonien, de s’exprimer pleinement en livrant de splendides images en sépia (ce n’est pas assez brun pour être du lavis, comme dans les véritables photographies d’antan !) ».
    Sur la question de l’aquarelle, il y a néanmoins beaucoup de nuances : Au départ, c’est fait avec des pigments. Ensuite, avec une pâte séchée. Mais la plupart des dessinateurs de BD, avant l’avénement de l’infographie, diluaient simplement de l’encre industriel (dont la célèbre marque « Ecoline », plus tard remplacée par Colorex !). C’est cet encre, très fin, que l’on retrouvait dans les aérographes, d’ailleurs.
    Merci pour ta remarque car, maintenant que j’y pense, écrire cette phrase m’a laissé sur un curieux sentiment, comme si je sentais que quelque chose ne collait pas…

    Sur la dernière question du postmodernisme, effectivement, c’est un point de vue intéressant : Matt se souvenant de son passé dans une sorte de florilège !

    @Bruce : Sur le « dosage de la mélancolie et de la joie de vivre », je dois rendre à César ce qui appartient à Présence : Son commentaire à ma zone m’a influencé de ce côté là. Du coup, j’ai été très réceptif sur ce point lors de ma relecture. Et pareil pour le Spiderman Bleu.
    Pour le reste tu mets le doigt sur ce qui me plait dans ces oeuvres : Il y a vraiment une toile de fond !
    Quant à la BO, celle de « Marnie » me paraissait plus romantique, et donc plus approprié. Mais là c’est carrément subjectif !

    @Cyrille : L’album est introuvable en VF. Mais il me semble que tu lis la VO. Alors fonce ! C’est vraiment excellent, tout le monde est d’accord avec moi ! 🙂

  • JP Nguyen  

    @Tornado : pour moi MWF et Yellow ne peuvent pas se concevoir dans la même continuité, étant donné que les deux récits racontent des versions différentes de certains moments de l’histoire de DD : la mort de Jack Murdock et la vengeance de Matt.
    Yellow fait un super boulot pour revisiter les vieux épisodes de Stan Lee et leur donner du charme. Mais je grapillerai bien quelques éléments dans MWF (j’y peux rien, je suis fan de Stick, ce vieux grigou).

  • Marti  

    @Bruce et Tornado : Ils ont assuré grave ! Peut-être un peu trop de solos à mon goût mais chacun a eu son moment (même le bassiste !) et on a évidemment eu droit aux grands classiques ; si un jour un récit centré sur Black Knight est chroniqué sur le site j’espère bien voir la chanson éponyme comme promo de l’article sur Facebook ! Pour le line-up on a quand même trois sur cinq des membres mythiques, et on ne saurait reprocher à l’organiste d’être un ajout « récent » (2002) puisqu’il remplace Jon Lord qui nous a malheureusement quitté et se débrouille très bien à ce poste.
    Tu seras surpris d’apprendre Bruce que j’y suis surtout aller sous l’impulsion de celle qui me supporte au quotidien qui est ma cadette de deux ans… et qu’une bonne partie du public était plus jeune que nous !

  • Jyrille  

    Je l’ai fini il y a deux jours, et je trouve ton article encore plus éclairant ! Je n’avais pas fait attention au fait que le présent était en gris par exemple. Je l’ai lue en VO mais comme toi, j’ai mis un certain temps avant de décrocher : « Bien que Daredevil : Jaune se lise assez vite (il y a très peu de vignettes sur chaque planche et nombreuses sont des pleines, voire des double-pages illustrées), il a fallu un bon moment pour que j’arrive à décrocher de la beauté incroyable de certaines images, et j’enrage à l’idée de ne pas avoir la place de toutes vous les montrer. » Stan Lee dit la même chose dans son introduction à ces six numéros : pas envie de finir cette bd tellement on s’y sent bien. C’est sans doute le côté nostalgique que tu décris si bien.

    J’ai vraiment adoré cette histoire même si oui, Battlin Murdock n’a pas la même histoire qu’habituellement. Un grand merci pour la découverte, donc. Il va falloir que je me penche sur leurs Batman maintenant, surtout qu’on m’a fortement conseillé Amère victoire (Dark victory). Mais comme c’est la suite d’Un long Halloween, je vais commencer par ce dernier.

  • JB  

    Je dois avouer que je préfère Spider-Man Blue, mais pour raison de nostalgie : l’histoire reprend l’un de mes premiers albums des Aventures de l’Araignée : La Proie du Chasseur.

    • Eddy Vanleffe  

      Pareil j’adorais LA PROIE DU CHASSEUR mais à l’inverse la nostalgie n’a pas fonctionné sur moi…
      j’ai beaucoup argumenté avec Tornado ,et je m’incline donc devant un effet assez généralisé…
      ces série sen couleurs sont donc de très bonnes facture..
      si ça ne fonctionne pas pour moi, c’est parce que je trouve que Tim sale s’essouffle et que ses personnages ne sont pas très jolis et aussi tout bêtement, parce que je lis encore les orignaux enfin… presque mais pour spider-Man c’est vrai je suis fan de la période Romita et la lis encore de temps autres,
      sans faire le snob, c’était mieux avant d’ailleurs.
      Lee/Romita est un des très rare sixites que je lis volontiers sans vouloir simplement me « documenter » comme pour les Daredevil, les X-Men ou Thor
      de vintage je retiens encore les FF et Spider man, un peu comme je me ressort des Spirou ou des Schtroumpfs, je n’ai pas de nostalgie/souvenir, c’est toujours présent chez moi.
      du coup je ne suis pas le public de ces « rattrapages » , mais il faut bien reconnaître qu’ils sont très respectueux

  • Tornado  

    La période Romita Sr est une des seules que j’arrive encore à relire aujourd’hui. Je suis en pamoison devant ses planches et, déjà, quand j’étais gamin, c’était mon préféré quand j’étais horrifié par l’esthétique de Ditko.
    Et puis c’est là aussi que Stan Lee a proposé quelque chose d’intéressant avec ce côté soap et tenté des trucs un peu moins enfantins avec les déboires autour de la drogue et tout ça. C’est son meilleur taf chez Marvel, en tout cas d’un point de vue purement narratif celui où il est le moins à la ramasse.
    Toujours est-il que l’ensemble est pour moi quand même très infantile dans la forme et ce que j’ai adoré chez Loeb & Sale c’est ce traitement incroyable où ils ont réussi à garder intact le volet magique et enfantin de l’histoire dans le fond, tout en la racontant avec la classe et la maturité d’un comics pour adultes. Ça c’est vraiment la classe. Et tellement, tellement rare comme équilibre !

  • Jyrille  

    Je viens de le relire (enfin lire en VF puisque je le connaissais en VO) et j’adore. Je suis quasi sûr que je le préfère au déjà excellent Spider-Man Blue que je dois relire du coup (mais ça attendra).

  • Jyrille  

    Ah tu réponds à la question que je n’avais pas posée : je n’ai rien lu où Karen Page meurt, je me demandais quand cela arrivait. Merci d’y répondre et de confirmer que lors des runs de Miller et Nocenti, elle est encore vivante, mais plus dans ceux de Bendis et Brubaker.

  • Jyrille  

    Bon je suis encore une fois complètement d’accord avec ton superbe article. Le côté hitchockien est prégnant en effet, et il y a malgré le décalage entre l’époque et les fringues une sorte d’intemporalité. Les habits font clairement années 40, il n’y a qu’à voir le costume de Foggy, mais Karen Page a sur son bureau un téléphone digital et un ordinateur plutôt récent. Tu donnes envie de voir les films de boxe que je ne connais pas !

    D’ailleurs la scène de la mort de Battlin Jack me rappelle la pochette du premier NAKED CITY, un des groupes de John Zorn, qui est une photo d’époque de la police : https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/71i7yOPY20L._SL1157_.jpg

    • Tornado  

      Merki.
      Ça me fait penser qu’il faut encore que je remasterise deux articles pour que Bruce les remette en ligne : Celui sur Clint Eastwood et celui sur Robert Wise.
      Je ne me souviens plus si tu as lu les deux autres « color » de Loeb & Sale, HULK GRIS et CAPTAIN AMERICA BLANC.

  • JB  

    A posteriori, je trouve que c’est le récit le moins impactant des 3 « couleurs » initiales. Hulk Gris a une conclusion tragique, le flashback de Spider-Man Blue se ferme sur l’union physique de Gwen et de Peter. Je ne trouve pas qu’on trouve ici un équivalent pour Karen et Matt. Il n’en reste pas moins que c’est une prouesse visuelle du regretté Tim Sale.

    • Jyrille  

      Ah ouais ! Merci pour la précision, j’avais pas du tout fait le lien, il faut que je relise tout ça !

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