Mon Comic Con 2017

Comic Con 2017

Article de BRUCE LIT

Par Stéphanie Hans

Par Stéphanie Hans

Le Comic Con de cette année, c’est un peu l’arrivée à Compostelle après un fou périple commencé en septembre ! Jugez plutôt : en septembre, votre serviteur passait la journée avec Laurent Lefeuvre en dédicace à Aapoum Bapoum dans le cadre de la promotion de Comme une odeur de Diable.
Puis on allait encourager et applaudir Nikolavitch et les p’tits gars de Kirby and Me pour la conférence Kirby à La Sorbonne.
On enchaînait ensuite la semaine d’après avec la rencontre avec Dave McKean pour enfin conclure avec cette Comic Con.

Le Comic Con, c’est la grand-messe annuelle où il y a à boire et à manger. Un auteur m’a confié à ce propos : Le Comic Con est aux Comics ce que la prostitution est à l’amour…
C’est effectivement un grand supermarché qui tourne souvent aux marchands du temple avec une disposition encore cette année encore agaçante : les produits dérivés des comics ont pignon sur rue  lorsque les auteurs non affiliés à un stand d’une maison d’édition se retrouvent à l’étage parfois dans l’anonymat le plus complet : Jim Cheung, Dave Johnson, George Jeanty, la jeune Stéphanie Hans ou Tim Sale se retrouvent esseulés où beaucoup s’ennuient comme des âmes en peine !

L’ombre d’un sourire pour Dave Johnson : l’autographe le plus dangereux de ma vie ! 

Sale ne décroche ni un regard, ni un sourire et n’encourage pas à venir lui demander une signature ! Johnson à peine plus bavard répond poliment à quelques questions et confirme que son travail sur les covers du Punisher de Aaron demeure parmi ses favoris. Ce géant de la couverture vend des planches et des dessins à des tarifs très abordables mais n’est pas très loquace. Dans ce contexte, approcher  l’homme qui magnifia les covers de 100 Bullets, Nick Fury Max ou dernièrement Kiss Me Satan est plus accessible qu’un vendeur de sandwich. C’est triste voire même assez morose.

Jim Cheung peine à faire le plein à l’inverse de Don Rosa, incontestablement la star de la journée dont la file d’attente s’apparente à celles des boulangers dans la Roumanie de Ceaoucescu : interminable et décourageante. Il est cependant possible de l’approcher de très près pour le prendre en photo. Il partagera son stand à l’étage puis au stand Glénat, qui comme l’an dernier n’a pas désempli avec les signatures d’un nouveau duo star : Peter Tomasi et Ian Bertram pour L’antre de la Pénitence ainsi que Joe Benitez et Peter Steirgwald pour Lady  Mechanicka.

Malgré sa coupe de savant fou, Don Rosa a été la star de cette édition

C’est triste de voir tous ces auteurs de renom ou en voie d’exploser relégués en mezzanine.  Je ne m’attarde pas parce que avec Marti de Comixity, on a quand même envie de se marrer et je sais où aller !  1ère escale au stand de Julien Hugonnard-Bert encreur chez Marvel/DC. Il a participé au projet Kirby and Me et nous avait gratifié d’un chouette David Gilmour pour le #1000. On se connaît un peu et on avait pris l’apéro il y a quelque temps avec Gary Erskine lors d’une dédicace à Central Comics.

De quoi parle t’on en se retrouvant ? Du nouveau Roger Waters, pardi ! Décidément c’est une manie (voir l’article sur McKean). Julien est toujours aussi disponible et souriant et se vexe même pas quand je lui dis que le Crossed qu’il a illustré pour David Lapham fait partie de ceux que j’aime le moins. Il me fait comprendre que ce n’est pas non plus ce qu’il préfère dans ce qu’il a produit…. Pas rancunier, il me gratifie d’une magnifique Jean Grey. Et installe ma fille Luna à côté de lui pour son déjeuner.

Souriant, talentueux, fan de Pink FLoyd et de Jean Grey : Julien Hugonnard-Bert a tout pour lui !

Souriant, talentueux, fan de Pink Floyd et de Jean Grey : Julien Hugonnard-Bert a tout pour lui !

Juste à côté du stand Don Rosa, je retrouve le placide Josselin Billard en train de finaliser un céleste pour Mikaël Géreaume de Kirby and me.  Pour 200€ il partage son stand avec Radja Sauperamaniane aussi décontracté qu’appliqué au moment de dessiner un Hank Mc Coy des plus studieux. Josselin, lui choisit son Xman préféré : Angel, l’occasion d’échanger avec lui autour de la superbe Saga de l’ange noir de Remender.

Quelques fous rires plus tard, on retrouve l’ami Arian Noveir, lui aussi modèle de coolitude totale.  on l’avait croisé lors de L’IAE, c’est chouette de le retrouver pour parler de….Roger Waters ! (bon, y’a un truc qui cloche, non ?, c’est une convention comics, oui ou merde ?). Rappelons que le plus grand fan d’Arian est un certain Stan Lee qui lui a commandé ses planches composées tout en Paint Splatter. Quand je lui demande, pourquoi on le retrouve pas dans Kirby and me,le mec te répond que son bébé arrivant ,il n’a pas trouvé le temps ! Et d’enchaîner sur un vibrant plaidoyer pour la réhabilitation de…Jar Jar Binks. Comment ne pas aimer ce gars là ?  Je lui demande un Magneto pour la peine !  Voyons, Jean Grey ? Cyke ? Le Fauve ? Angel ? il manque qui à votre avis ? Ben, Iceberg, l’éternel outsider, que PERSONNE parmi tout ce beau monde n’a voulu dessiner….

Les joyeux lurons !

Les joyeux lurons !

Je crois avoir amorti mon Kirby and me !

Je crois avoir amorti mon Kirby and me !

Un sandwich au salami plus tard que ma fille se presse d’engloutir à ma place et nous redescendons au RDC. Un stand Star Wars attire la foule. Au final, la montagne accouche d’une souris laser : il s’agit de pénétrer dans un faux décor avec vigiles et tout pour un teaser pour l’épisode à venir…Heureusement, que ce genre de couillonnade n’était pas payante.  Tout aussi déplorable, les vendeurs de comics, toujours relégués à l’étage, quand ceux de tee-shirt et de Pops pullulent tous les deux mètres.

Alors que circule dans l’allée la fameuse compagnie 501 de Star Wars, force est de constater qu’en ce vendredi l’imagination des cosplayers n’a pas été chercher très loin avec ces épuisants clones de Deadpool,  du Joker et son Harley. Un Superman et un Wookie font cependant le bonheur de ma fille, chargée du reportage photo. On remarque aussi parmi les personnages inédits un Dr Strange, Fantomex et un Galactus.

Parfois le sort du monde se joue en des lieux insolites. Ce nest pas David Brehon qui nous dira le contraire !

Parfois le sort du monde se joue en des lieux insolites. Ce n’est pas David Brehon un copain croisé sur Facebook qui nous dira le contraire !

Et nous voilà au stand Delirium, pour le grand moment de la journée : la rencontre avec Pat Mills himself.  Situé sur un stand limite à côté des chiottes,  nous sommes accueillis par un Laurent Lerner ravi de nous montrer le volume à paraître du Tarzan de Joe Kubert !

Pat Mills est très élégant, un gentleman plutôt bavard qui se rappelle très bien de l’interview de Présence pour le blog. Il accepte humblement mes hommages quant à son travail pour Dredd et La grande guerre de Charlie. Le créateur de l’impitoyable Judge Dredd regarde tendrement ma gamine m’aider avec ma valise spéciale dédicace.

Respirer le même air que Pat Mills ? Du Délire, en effet !

Nous avons ainsi largement le temps d’échanger avec Mills sur son ravissement du travail de Delirium pour les rééditions de Dredd qu’il considère supérieures aux éditions américaines. Une Amérique qui ne l’a pas contentée plus que ça pour l’adaptation de Dredd qu’il a jugée correcte, sans plus.

Mills réfléchit longuement lorsque je lui demande quelle fin imaginerait’il pour Joe Dredd ? Il botte en touche en disant que celle pour Slaine serait plus facile à concevoir. Marti lui souffle une idée façon Kurt Busiek : Dredd ne mourra jamais puisqu’il est la loi. Nous terminons notre échange autour des ressemblances entre Dredd et Frank Castle, leur brutalité et leurs valeurs pour inévitablement aborder Garth Ennis, un des plus grands dixit Mills himself. Marti prend la suite pour parler de leur passion pour la première guerre mondiale, pendant que Mick McMahon le dessinateur de La Terre Maudite me gratifie d’un petit Dredd à côté de sa signature.
C’est enfin une sensation étrange de confier mes affaires à tout ce petit monde pendant qu’une urgence pipi infantile s’impose…..

Jamais sans mon Dredd

Jamais sans mon Dredd

Direction maintenant le stand Bliss où Florent Degletagne est sur un petit nuage : les publications Valiant ont trouvé leur public et c’est tant mieux d’apprendre qu’un éditeur indépendant à gestion familiale puisse trouver sa place dans l’impitoyable monde de l’édition française. Le stand est même orné de quelques goodies dont un Bloodshot en peluche.
Souriant mais pas très loquace, Doug Braithwaithe signe son Imperium, avant que s’ouvre la discussion avec Joshua Dysart.

Je n’y vais pas par quatre chemins en lui disant qu’il est pour moi le meilleur scénariste comics du moment. Celui qui m’a remué les tripes avec son monumental Soldat Inconnu, sans doute le comic book le plus proche de la perfection depuis le Punisher de Ennis. Avant de savoir la visite de Mills, il  était celui que je voulais absolument rencontrer.  Je le lui dit d’emblée et il en semble très touché.

Doug Barithwaite, presque aussi souriant que son Toyo Harada...

Doug Braithwaite, presque aussi souriant que son Toyo Harada…

La moindre de sa prouesse pour Harbinger étant d’avoir réussi à mettre en scène un héros qui utilise ses pouvoirs pour coucher avec la fille de ses rêves pour ensuite le mettre face à ses actes et de tenter une rédemption auquel il ne croit pas. L’écriture de Dysart est profonde, courageuse, portée sur le monde que nous traversons autant qu’il nous traverse, l’un des rares scénaristes qui utilise son médium pour s’interroger sur notre égoïsme face aux crises géopolitiques contemporaines.

Lorsque je lui signifie que contrairement à Millar, il ne se contente pas de mettre en scène des pitchs de crise planétaires et qu’il va jusqu’au bout de ses idées, il me répond qu’il n’a pas le même compte en banque ! Quant aux X-Men avec lesquels sont inévitablement comparés ses Harbinger, Dysart dit en être le premier étonné du fait qu’il n’en a jamais ouvert un seul ! Il reconnait cependant qu’il y a pire comme comparaison que d’être comparé à Chris Claremont qui a une excellente réputation dans le métier.

My Hero !

My Hero !

Il avoue humblement s’être planté sur deux détails de Harbinger : quand je lui fais remarquer, qu’il se prend les pieds dans le tapis avec le Moine Sanglant qui ne sert strictement à rien dans l’intrigue, il reconnaît qu’à la base, Le Moine Fou aurait dû être le grand manipulateur de l’histoire avant d’avoir été happé par l’écriture du vilain le plus fascinant depuis Magneto : Toyo Harada, un salaud de première qu’il n’est jamais possible de détester totalement.

Spoilers—–Spoilers—–Spoilers—
Lorsque je lui demande, comment Peter et Toyo retrouvent leurs visages après que ceux-ci soient disloqués lors de leur affrontement final, il éclate de rire : bon, là j’ai été un peu vite en besogne : je n’en ai absolument aucune idée ! Jusqu’à présent, on ne m’avait jamais posé la question, je suis découvert !
—-Fin de la balise Spoilers

Je lui demande enfin s’il a été contacté par Marvel ? Oui, me dit-il , il aurait planché de longs mois sur un Captain America : Vietnam avant que Marvel n’annule purement et simplement le projet. Lorsque je lui dit qu’il serait parfait sur Daredevil, ses yeux s’allument : oui, j’adorerai travailler sur le volet social et juridique du personnage. Il retrouvera bientôt son comparse du Soldat Inconnu, Alberto Ponticelli pour une histoire sur les SDF de New-York.

Cafu et un Toyo Harada sans cafouillages

On se tombe littéralement dans les bras. Sans doute ma première rencontre avec un auteur où l’émotion entre lecteur et auteur est réciproque. A côté on retrouve le charmant Cafu, le dessinateur espagnol de Imperium ravi de pouvoir  échanger quelques mots dans la langue de Cervantès avec ma fille qui lui montre….ses dessins ! Un dessinateur jeune et très accessible qui a adoré travailler sur un personnage aussi fascinant que Toyo Harada.

On rencontre enfin Nikolavitch de retour d’un conférence sur la série TV Hulk et Edmond Tourriol traducteur de Walking Dead et scénariste de L’équipe Z : les deux briscards échangent des souvenirs un peu trash sur leurs coulisses du festival d’Angoulême. Alex nous promet un article à venir sur Tante Pétunia, sans doute son plus délirant.

Et ce bilan alors ? Si Delcourt et Urban sont les grands absents de cette édition, que le volet kermesse l’emporte clairement sur l’artistique, il est néanmoins possible en contrepartie de bénéficier d’instants d’intimité avec les artistes inestimables. Le bilan est donc très positif si ce n’est que dans ces moments on s’est pris à rêver de ce que pourrait donner ce genre d’événements avec l’intégralité du casting de la Bruce Team. Peut-être pour tenir un stand pour une prochaine édition ?

La vraie vedette du Comic-Con !

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La BO du jour : hey, ho let’s go https://www.youtube.com/watch?v=c1BOsShTyng

35 comments

  • Marti  

    Déjà plus d’une semaine de passée et j’y repense encore avec plaisir ! Le côté comics a vraiment été augmenté par rapport à l’an dernier (ma première comic con), entre les artistes présents et les conférences il y avait vraiment de quoi faire sur plusieurs jours !
    Et puis passer du temps avec le maître des lieux, ça n’a pas de prix 😉

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