Piges-Hama Party (Le Wolverine de Larry Hama)

Wolverine (vol 2) 31-85 par Larry Hama et collectif

1ère publication le 12/05/16- MAJ le 06/11/22

Un article de  : JP NGUYEN

VO : Marvel

VF : Semic/Panini

 « Logan, je suis ton père ! »

« Logan, je suis ton père ! »©Marvel Comics

Cet article vous propose un survol des numéros 31 à 85 du volume 2 de la série Wolverine, initialement parus entre 1990 et 1994 et depuis republiés dans les collections Essentials (en Noir et Blanc) et Classic (en couleurs) et d’autres compilations.

Ils constituent une bonne partie du run du scénariste Larry Hama, qui présida longtemps à la destinée du mutant griffu. Servis par des prestations artistiques de dessinateurs tels que Marc Silvestri, Mark Teixeira ou Adam Kubert, ces épisodes ont gardé un certain charme, malgré des défauts caractéristiques de leur période de publication. Embarquez pour un voyage dans le temps, à l’époque où Wolverine n’était pas encore James Howlett mais Logan, voire Serval, pour les lecteurs de la VF…

La sobriété en spoilers de cet article égale celle de Logan en cigares et alcool…

Quand Larry rencontra Wolvie

Lorsque Larry Hama reprit le scénario de la série Wolverine, la série avait connu des hauts et des bas. Après un lancement initial par l’équipe Chris Claremont/John Buscema (et divers encreurs pas manchots comme Al Williamson, Joe Sinnott ou Bill Sienkewicz), la série a vu se succéder d’autres équipes plus ou moins inspirées (les excellents Goodwin/Byrne et les oubliables Duffy/Kitson), dans des récits un peu « hors-continuité » par rapport aux autres séries de l’univers X.

Etabli à Madripoor, cité fictive du Sud-Est asiatique créée par Claremont, Logan arbore un bandeau sur l’œil gauche et se fait appeler « Patch » (Le Borgne en VF). Il s’est acoquiné avec la belle Tiger Tyger, un leader de la pègre locale, en compétition avec d’autres parrains (le général Coy et le prince Barahn). Cet univers un peu clos fonctionnait à peu près du temps de la mort simulée des X-Men (passés par le seuil du Péril à la fin de l’arc Fall of the Mutants) mais devenait délicat à gérer après la réunion de Wolverine avec le reste de l’équipe suite aux évènements du crossover X-Tinction Agenda.

 Des récits dont le moteur est l’action…

Des récits dont le moteur est l’action…©Marvel Comics

Bien que Larry Hama ait débuté dans les comics en tant que dessinateur, son travail le plus connu est sans doute en tant que scénariste de la série GI Joe (1982-1994). Vétéran de la guerre du Vietnam, pratiquant d’arts martiaux japonais, Hama a connu une brève carrière d’acteur et confesse régulièrement dans ses interviews qu’il ne se voit pas comme un artiste avec un grand A. Il avoue même avoir du écrire des histoires qui ne correspondaient pas à celles qu’il aurait souhaité raconter, tout en concédant qu’il a rarement établi de grand plan narratif, en s’attelant au script page après page.… A l’écouter, les comicbooks étaient avant tout un gagne-pain.

Cependant, quand on y regarde de plus près, cette approche un peu légère et désinvolte, qui relèverait plutôt de la posture, ne l’a pas empêché de faire son travail plus que convenablement, permettant à Wolverine de conserver son essence et sa personnalité à une époque où la multiplication des apparitions du personnage avait déjà débuté. Ecrivant principalement des récits d’aventure avec une très légère pincée de philosophie, Larry Hama eut à gérer l’interférence de bien des évènements éditoriaux extérieurs à la série, qu’il dut intégrer du mieux qu’il put.

Reflet de son époque, la série déclinait dans l’univers Servalien tout un tas de thèmes auparavant déjà vus au cinéma. Avec des intrigues dignes de blockbusters, saupoudrées de bizarreries et de dérision mais pas toujours transcendantes, le run de Hama dépendait fortement du talent des artistes chargés de la mise en images. Avec Marc Silvestri, Mark Teixeira et Adam Kubert, le scénariste et les lecteurs furent gâtés.

Des ennemis récurrents toujours déterminés à faire la peau du brave Logan

Des ennemis récurrents toujours déterminés à faire la peau du brave Logan©Marvel Comics

De Madripoor à Tokyo en passant par Guernica

C’est le duo Marc Silvestri/Dan Green, ayant œuvré sur Uncanny X-Men, qui débuta le run et resta jusqu’au numéro 57 (avec quelques absences dues au passage de la série au rythme bimensuel, entraînant la publication de plusieurs bouche-trous). Au fil d’arc plutôt courts (2-3 numéros), Wolverine quittait Madripoor pour progressivement réintégrer la famille des X-Men, tout en gardant son côté franc-tireur permettant de justifier ses aventures en solo.

Du numéro 31 à 33, « Le Borgne » affronte des Yakuzas venus sur l’île exterminer une espèce rare de singes pour produire une drogue de synthèse issue de leur liquide cervical. Le 34 est un one-shot proposant une chasse au monstre dans le grand nord canadien et des flashbacks sur le passé le Logan. Du 35 au 37, Lady Deathstrike revient assassiner Wolverine alors que celui-ci rendait visite à son ami Puck, de la Division Alpha. Mais Gateway l’aborigène les envoie à travers temps en 1937, en Espagne, à Guernica, sur le point de subir un terrible bombardement. L’occasion pour Logan de rencontrer Ernest Hemingway et Eric Blair alias George Orwell !

Pour du tourisme en Espagne, Logan aurait pu choisir une meilleure date…

Pour du tourisme en Espagne, Logan aurait pu choisir une meilleure date…©Marvel Comics

Deathstrike ayant échoué, le chef des Reavers envoie, dans les numéros 38-40 une paire d’androïdes pour faire le boulot : Albert, à l’image de Logan, et Elsie Dee, une fillette hautement explosive, conçue pour pulvériser Wolverine. Mais les androïdes surmontent leur programmation initiale et tout ce beau monde termine dans les égouts New-Yorkais (numéros 41-42), en compagnie des Morlocks et de… Dents de Sabre ! A cette époque, ce dernier se prétend être le géniteur de Logan ! Le 43 est à nouveau un one-shot, où Wolverine essaie de digérer la nouvelle en déambulant dans Central Park.

Puis Deathstrike et Sabretooth reviennent pour les 45-46 avant un arc déterminant (48-50) : Logan retrouve des traces du projet Arme X qui lui a donné son squelette et ses griffes d’adamantium ! Il part alors à la recherche de son passé et découvre des implants et des blocages mémoriels dans son esprit. A cette occasion, il retrouve quelques souvenirs et la tenue jaune et bleue qu’il arborait à ses débuts (suite à un caprice de Jim Lee, qui préférait dessiner ce costume dans la série X-Men…). C’est à peu près à cette époque que Larry Hama cessa d’avoir les coudées franches et dut composer avec la coordination éditoriale de Bob Harras, pour synchroniser la série Wolverine avec les divers events émaillant les séries X-Men et accorder plus de place à sa sidekick Jubilee.

 Un glouton au look de hérisson…

Un glouton au look de hérisson…©Marvel Comics

Du 51 au 53, Logan retrouve Mystique et Mojo pour un voyage jusqu’à la fin des temps (le Big Crunch, antithèse du Big Bang, hypothèse scientifique depuis invalidée) avant de retourner au Japon dans les 54-57 pour une nouvelle confrontation avec la Main, à l’issue de laquelle Mariko Yoshida trouve la mort. Avec la disparition de cette dulcinée, c’est la fin d’une époque pour Wolverine, qui revêtit pour l’occasion une dernière fois son costume marron. Sous l’égide de Chris Claremont et Frank Miller dans sa première mini-série, Logan s’était évertué à devenir une sorte de samouraï des temps modernes pour les beaux yeux de l’élue de son cœur. Le décès de Mariko ajouté aux déblocages mémoriels de l’expérience X marquèrent le retour de Wolverine vers toujours plus d’animalité et de violence, ce qui le mettait au diapason des valeurs en vogue dans les comics des années 90.

Mark remplace Marc

Après quelques artistes de passage peu mémorables, la série accueille le dessinateur Mark Teixeira pour les numéros 61-63 et 65-68 (ces épisodes sont contemporains de la mini-série Sabretooth, chroniquée par le Boss ici ) Wolverine perd un deuxième amour : Silver Fox, dont le rôle était assez trouble. La série patauge pas mal dans les implications de la redécouverte par Logan des secrets de son passé.

Le numéro 65 m’avait pas mal marqué, avec un dialogue poignant entre Jean Grey et Logan, après que celui-ci se soit volontairement laissé dérouiller en cherchant la bagarre dans un bar. Il lui confesse que son pouvoir guérisseur qui lui évite les cicatrices l’empêche aussi de porter les traces de son histoire dans sa chair. Aussi, la découverte de ses souvenirs falsifiés le déstabilise particulièrement. Il craint d’être un homme sans mémoire, une coquille vide, condamnée à reproduire toujours les mêmes erreurs. Cette scène est assez emblématique de l’écriture de Larry Hama : pas forcément très subtile, mais témoignant d’une certaine sincérité et ne réduisant pas les personnages à de simples poseurs, pour en faire des êtres presque tangibles, à la détresse émotionnelle palpable.

« I hurt myself today, to see if I still feel… »

« I hurt myself today, to see if I still feel… »©Marvel Comics

Dérouillé par Magneto

Après avoir été chahuté dans sa tête, Logan va être charcuté et dépossédé de son adamantium suite à sa confrontation avec Magnéto dans le crossover Attractions Fatales . Initialement lancé comme une boutade par Peter David lors d’une réunion de scénaristes, et pas forcément du goût de Larry Hama, cet événement traumatisant constitua un tournant majeur de l’histoire du mutant griffu dans les années 90. Si le « désadamiantage » se produit dans X-Men 25, le numéro 75 de la série Wolverine explore le difficile retour sur Terre de la navette au bord de laquelle Logan lutte contre la mort.

C’est un début en fanfare pour le dessinateur Adam Kubert, qui à cette époque, de mon point de vue, livre des planches très supérieures à celles de son frère Andy, qui officie alors sur la série X-Men. Certes, nous sommes en plein dans les années 90 avec des costumes plein d’attaches, de poches et d’épaulettes pour les personnages, mais le graphisme de Kubert rend tout cela très agréable à l’œil. Il livre d’ailleurs des planches ou des cases mémorables, à l’instar de celle où Wolverine sort ses « nouvelles » griffes… en os !

Larry Hama se retrouve à raconter la « bone » aventure

Larry Hama se retrouve à raconter la « bone » aventure©Marvel Comics

Et oui, c’est le grand « twist » de l’époque : privé de son métal indestructible, Wolverine va devoir survivre avec un facteur guérissant très amoindri et de simples griffes en os. « Le meilleur dans sa partie » est relégué en deuxième division et entame un long voyage, à mi-chemin entre visite aux copains (Kurt, Kitty, Heather Hudson…) et tournée d’adieu, perturbée par les interférences de nombre de vieilles connaissances comme Deathstrike, Cyber ou Maverick. Même s’il n’était pas très chaud pour cette nouvelle orientation, Larry Hama rendra de bonnes copies, avec des récits certes assez prévisibles mais instaurant une ambiance macabre, où plane l’ombre de la mort, inéluctable. Mais nous sommes dans le mainstream et Marvel n’était pas encore disposé à tuer  une de ses vaches à lait les plus rentables.

Après s’être ainsi ressourcé et avec le retour de son pouvoir guérisseur, Wolverine va prêter main-forte à ses équipiers dans le crossover Phalanx Covenant (numéro 85), avant de retrouver l’école de Westchester, à partir de l’épisode 88, mais ça, c’est le Boss qui vous en parlera demain.

Joliment croqué par Adam Kubert, Wolvie ne l’eut pas entièrement dans l’os…

Joliment croqué par Adam Kubert, Wolvie ne l’eut pas entièrement dans l’os…©Marvel Comics

Changement(s) d’ère

Quelques mots sur Weapon X, les 4 numéros de la série se déroulant pendant l’ère d’Apocalypse  . Il s’agit pour moi d’un des meilleurs arcs du crossover et l’une des meilleures prestations du duo Hama-Kubert. Opérant aux côtés de Jean Grey, Logan va aussi recroiser Carol Danvers, Mariko Yoshida et le mutant téléporteur Gateway dans une intrigue l’amenant à la tête d’une armada de vaisseaux en route pour déclencher un gigantesque bombardement nucléaire, seule solution identifiée pour mettre un terme aux agissements du mutant Apocalypse, devenu maître du monde. Si l’histoire se lit toute seule et renferme assez peu de surprises, Larry Hama gère de main de maître les scènes intimistes (les adieux de Logan et Jean, la conversation avec l’aborigène Gateway) et les morceaux de bravoure (le baroud d’honneur de Carol Danvers, le duel entre Logan et Donald Pierce).

Si Len Wein est le créateur de Wolverine et, à ce titre, son « père » officiel, Chris Claremont et John Byrne sont ceux qui l’étoffèrent et lui donnèrent un statut de premier plan. Des parents adoptifs, en quelque sorte. Et Larry Hama, alors ? Je lui donnerais bien le statut de parrain, gardien de la moralité de son filleul, veillant au développement de Logan alors que sa popularité allait grandissante, dans un mouvement inversement proportionnel à l’intérêt du personnage. Hama a composé avec les events, les crossovers et les diktats éditoriaux, pour ménager l’essence d’un personnage bourru mais attachant. Dépassant le cliché de la « grosse brute qu’est trop forte. », il a signé des récits d’aventures distrayants en y ajoutant quelques pincées d’humour et un soupçon de philosophie.

Un éternel malchanceux en amour…

Un éternel malchanceux en amour…©Marvel Comics

Hélas, lorsque son parrain cessa de veiller sur son destin de papier, Wolverine fut bringuebalé d’oncle en oncle, toujours plus distants, jusqu’à se retrouver géré par des beaufs pas très finauds, qui le réduisirent à une simple caricature. Certes, ça et là, Logan a pu retrouver des scénaristes inspirés (Greg Rucka, Jason Aaron…) mais les interférences éditoriales et la multiplication de ses apparitions (chez les Avengers, notamment) ont totalement dilué l’essence du personnage, qui, en 2005, à la fin de l’event House of M, écrit par Bendis, retrouva tous ses souvenirs, ce qui fut le prélude à d’horribles histoires pleines de retcons, laborieusement écrites par Daniel Way.

Préférant adopter une mémoire sélective, votre serviteur garde un souvenir ému du run de Larry Hama, à la qualité fluctuante mais truffé de pépites de caractérisation, où Logan, torturé mentalement et physiquement, faisait preuve d’une belle résilience et inspirait ce lecteur pour affronter les démons de l’adolescence : acné, interros surprises et intrigues lycéennes… tout un programme !

Contrairement à Wolvie sur cette image, ces « piges Hama » avaient de la tenue…

Contrairement à Wolvie sur cette image, ces « piges Hama » avaient de la tenue…©Marvel Comics

29 comments

  • Matt  

    Très intéressant comme article.
    Je fais partie des fans de Wolverine qui le préférait avant. Dans les X-men de Claremont ou dans ces épisodes cités ici. Je n’ai pas grand chose de ce run par contre puisque je n’achète pas trop de Wolverine en VO, et en VF Genevieve Coulomb s’est barrée juste avant la sortie de la dernière intégrale contenant le fameux arc avec Mojo « Big Crunch ». Du coup pour avoir une VF de qualité, ben je n’ai acheté que cette intégrale…et Panini semble avoir cessé d’en sortir de nouvelles mieux traduites.
    Avec les X-men de Claremont et la mini série de dents de Sabre, c’est à peu près tout ce que j’ai sur Wolverine (sans compter ses multiples apparitions récentes dans des events mais ou il est hélas relégué au rang de crétin violent)

    J’aimerais bien que Panini publie la suite de ce run maintenant qu’ils ont des traducteurs plus corrects.
    Je regrette un peu que ce personnage soit devenu si populaire. peut être que je fais erreur mais j’ai la sensation que c’est bien à cause de cette mode sans doute initiée par ses apparitions au cinéma qui ont fait de lui un perso bankable mais pour des raisons discutables.
    Un peu comme il y a eu la mode des zombies qui nous ont amené plein de nullités à base de zombies (alors qu’il y avait aussi de bonnes choses au milieu mais noyées dans la merde populaire)
    Wolvie est devenu populaire pour son attitude de gros dur badass violent, et du coup on nous sert que ça en BD. Alors que chez Claremont et Hama c’était un personnage torturé qui tuait certes, mais quand il n’y avait pas d’autre choix, et qui était aussi un mentor qui prenait sous son aile des persos comme Kitty, Jubilee, etc.
    Un truc dont Aaron s’est rappelé dans Wolverine & the X-men et ça, ça faisait plaisir.
    C’est un peu triste tout ça, parce que j’aimais bien le perso, mais force est de constater que beaucoup d’auteurs l’écrivent comme si c’était un gros abruti.

    • JP Nguyen  

      Je plussoie totalement à la fin de ton commentaire, Matt, même si concernant l’overdose wolverinienne, les comics avaient largement commencé la saturation avant que cinoche ne s’en mêle.

  • Présence  

    Un titre magnifique, comme d’habitude, peut-être même encore plus que d’habitude.

    Les excellents Goodwin/Byrne – il me tarde que Marvel les réédite car je suis très curieux de pouvoir les relire.

    Le passage à Guernica – La curiosité a eu le dessus sur ma raison, et je n’ai pas pus résister à l’invitation du recueil « Wolverine by Larry Hama & Marc Silvestri – Volume 1 » (épisodes 31 à 37 + 2 hors-série). J’y ai retrouvé ce que tu décris dans le début de ton article : de l’aventure grand spectacle, avec une touche anecdotique de philosophie.

    L’écriture de Larry Hama : pas forcément très subtile, mais témoignant d’une certaine sincérité. – C’est en lisant ta phrase que j’ai compris ce qui me plaît dans ces épisodes, mais aussi qu’elle est leur limite. Merci de m’avoir expliqué ce se passe dans ma tête.

    La popularité allait grandissante, dans un mouvement inversement proportionnel à l’intérêt du personnage. – A te lire, on retrouve le destin inéluctable de tout personnage récurrent de fiction dont les aventures s’étalent sur des décennies.Au bout d’un moment, il reste une matrice figée définissant le personnage, lestée par des aventures qui ne peuvent être niées, mais qu’aucun nouveau scénariste ne peut connaître dans leur intégralité, une continuité trop riche et trop ramifiée pour être signifiante. Le lecteur ne peut plus espérer que le passage de scénaristes inspirés et motivés pour y insuffler de la vie.

    Ça me rassure grandement de découvrir que je ne suis pas le seul à trouver l’écriture de Daniel Way indigeste et insipide.

    • JP Nguyen  

      Ah, ce titre… j’en suis effectivement assez content car il reflète bien mon goût immodéré pour le calembour carambar.
      Le destin des persos de fiction : en fait, à un moment donné, il faudrait assumer l’inutilité de la continuité et s’en dégager pour raconter des histoires exploitant l’essence du perso. Ça marche pas mal avec Batman et Superman. Avec Wolverine, ça semble moins évident de ne pas sombrer dans le cliché et la redite.
      J’aimerais bien une série de DD façon Legends of the Dark Knight.

  • Sonia Smith  

    Très bel article, comme d’habitude, je m’étais arrêtée avant ce run (overdose de Ninja, j’ai un souci avec ça), du coup, ton article me donne une bonne idée de ce que j’ai manqué.
    J’en avais aussi un peu assez de Wolverine qu’on casait partout, un peu comme Spidey et je préférais moi aussi le Serval de Claremont et Byrne qui n’était pas une machine mais un type torturé et à fleur de peau.
    J’espère pouvoir lire ces épisodes à l’occasion pour reconstituer les morceaux qui me manquent

  • Nicolas Giard  

    Très bel article, merci JP pour ces bons souvenirs émus. En ce temps Wolverien etait un anti-héro noble, au grand coeur, pas la grosse brute griffue et imbécile qu’il est devenu avec le temps.

    Bons scénars de Claremont et Hama, Marc Silvestri impeccable (mais non, pas Cable !) dans son dynamisme servant fidèlement les scénars pêchus de Larry Hama.

    Un article tout en flash-back, mais j’arrête avent de dire encore que c’était mieux avant lol

  • Matt  

    Le truc étrange avec Marvel, c’est que autant avec le franco belge je suis capable de m’acheter les premiers tomes d’une série…je sais pas…genre Soda, Spirou, toutes ces séries qui contiennent une histoire complete par tome…sans me sentir trahi si la série devient nulle ensuite avec de nouveaux auteurs. Je garde mes premiers tomes qui vont bien et j’arrête simplement de suivre les sorties de la série.
    Etrangement Marvel…on a comme une difficulté à arrêter et à se concentrer uniquement sur les bonnes anciennes histoires. Pourtant dans le fond c’est pas vraiment différent. Ou alors c’est une conséquence de l’univers partagé peut être. On revoit le griffu dans une série Avengers, on voit qu’il est devenu con, et on a les boules. J’sais pas…mais dans le principe il n’y a pas de raison de bouder les anciennes histoires ou de se mettre à détester le perso. Il faut juste savoir garder que ce qui nous plaît.
    Sauf que ouais…c’est un peu comme si on nous forçait à voir ce que le perso devient quand on le voit taper l’incruste dans toutes les séries.

    Et puis il y a des trucs modernes sympa quand même. Comme certains épisodes de Aaron sur Wolverine (l’arc « get mystique »)

    D’ailleurs, petite parenthèse, je ne comprendrais jamais comment Aaron, qui a écrit pas mal de trucs de bonne qualité, a pu à ce point foirer la mini série « thanos rising ». peut être que vous ne serez pas de mon avis mais franchement j’ai HAï cette mini série. le trip « ouais ben Thanos quand il allait à l’école, bla bla…et puis La Mort c’était une allumeuse psychopathe qui ricane comme un méchant de série Z » ça m’a tellement fait pensé à une parodie clichée de l’archétype ultra téléphoné du tueur en série terrien…du coup pour un mec mystérieux et puissant comme Thanos, j’ai trouvé ça…pardon…à chier. Et à vomir par dessus. Bref…fin de parenthèse.

  • Bruce lit  

    @JP: merci pour cette rétrospective qui me rappelle tant mon adolescence. Quel plaisir, même si c’est 20 ans après de pouvoir parler avec des gens qui ont connu-et aimé-cette période. Ce qui est drôle en ce moment, c’est que je relis plein de revue kiosque du début des années 2000 et à quel point la révolution Millar-Bendis-Morrison était prometteuse. Que ce soient Panini ou les lecteurs, il y avait un rejet des 90’s pour une entrée dans l’ère moderne de Civil War, House of M etc.
    10 ans plus trad, c’est un peu comme les gens qui rachètent des vinyls après le CD: oui, Wolverine était un personnage passionnant à cette époque, habité….mais j’en reparle demain….
    Une question les copains: concernant ce personnage en particulier, la levée du comics code n’ a t’elle pas influé ? L’occasion de dessinner des tripes, du sang, wolverine défiguré n’a t’elle pas créé une occasion de mettre en scène un healing factor aberrant, et un héros qui démembre tout ce qui bouge alors qu’avant il y réfléchissait à deux fois ? J’aimerais bien votre avis !

    De Larry Hama, je n’aime pas tout. Il y a clairement des épisodes où il semble avoir fumé la moquette (exactement ce que je déteste chez Morrison), notamment l’arc du Crunch où l’on ne comprend rien. Le retour en Weapon X aussi…Toute la période Patch que je ne supporte pas, la mafia à Mardipoor etc. Par contre, Hama a écrit des trucs supers: Wolvie et Sabey dans les égouts, Linus, Albert et Elsie Dee, que du bon ! .Ce que tu décris des obligations de Hama d’obéir à un éditeur sur des choix ne lui convenant pas m’étonne. Car Hama semble s’impliquer à fond là dedans. Les histoires post adamantium j’en parle demain….

    @Matt: il ne m’est pas possible de mimpliquer émotionnellement pour un Asterix, Gaston ou Tintin, car les Super Héros nous parlent autrement. Les résurections des classiques franco belges sont rares tout de même. On a jamais tué Tournesol, Idefix, ou Mlle Jeanne pour faire avancer le personnage…

    @Nicolas: hello j’ai modifié mon post. thanx

    • Matt  

      « il ne m’est pas possible de m’impliquer émotionnellement pour un Asterix, Gaston ou Tintin » –
      Oui…certes…mais ce ne sont peut être pas les meilleurs exemples de personnages attachants non plus.
      Cela dit c’est vrai que dans les comics, de super heros ou autres, il y a plus souvent implication émotionnelle que dans le franco belge. Et pourtant j’aime aussi le franco belge mais c’est vrai que les qualités sont différentes.

      Enfin il n’y a surtout pas de retcon en dehors des trucs de super heros. Moi qui croyait que les morts et résurrections étaient pénibles, j’en ai limite plus rien à faire face à mon pire ennemi qu’est devenu la retro continuité. Aussi appelée « la peur que la vieille histoire que tu aimes et que tu prenais pour acquise soit salement souillée ou effacée ».

    • Présence  

      La levée du comics code – Belle question que je ne m’étais jamais posée. Pour avoir lu des comics en VO dans la fin des années 1980 et le début des années 1990, j’avais vécu ça plutôt comme une évolution très progressive. Marvel et DC s’aventuraient à publier des comics sans l’approbation du Comics Code Authority dès les années 1990. Un tour sur wikipedia permet d’établir les dates : Marvel a abandonné le CCA en 2001, et DC en 2011.

      Avec l’apparition des comicshop aux Etats-Unis dans les années 1980, les éditeurs ont commencé à mettre sur les marchés des produits plus ciblés, pour un lectorat plus vieux. Suite à Watchmen et Dark Knight returns, la tendance du Grim’n’gritty s’est affirmée et le niveau de violence dans les comics a graduellement augmenté. Les épisodes chroniqués dans cet article datent du début des années 1990 et d’ailleurs ont peut voir le sceau du CCA sur une couverture. Il semblerait donc que cette augmentation de la violence soit liée à l’après Miller & Moore, plus qu’à l’abandon du CCA.

      • Nikolavitch  

        le CCA s’est beaucoup assoupli à partir des années 70, en fait : l’affaire Green Lanter / Green Arrow a conduit à des évolutions graduelles

        • JB  

          En termes chronologiques, ce n’est pas l’addiction de Harry Osborn aux médocs qui a fait sauter les verrous ? Il me semble que sur ce coup-là, DC a emboité le pas à Marvel pour l’histoire sur Roy Harper

          • Nikolavitch  

            ça avait été publié sans CCA aussi. et à partir de là, oui, y a une réflexion qui est menée, d’autant plus facile que le CCA est une association dépendant des éditeurs eux-mêmes.

  • Jyrille  

    Très bel article JP, qui m’éclaire sur la plupart des points qui concernent le barbu depuis plusieurs années (je ne comprenais pas cette histoire de griffes en os que j’ai vu dans les deux derniers films de la franchise X-Men). De plus tu as toujours de bons (jeux de) mots. J’aime beaucoup les planches avec les paroles de Hurt et le dialogue avec Jean. C’est assez long donc tu as bien le temps de développer toutes les facettes de ces histoires. Encore une fois, l’aspect éditorial est passionnant.

    Enfin je suis également d’accord avec la fin du commentaire de Matt puisque j’ai beaucoup aimé Wolverine and the X-Men.

    • Bruce lit  

      Le Facebook du soir:
      « Les meilleurs dans leur partie » 4/6
      De 1990 à 1994, Logan bénéficie d’un scénariste attentionné, avec un sens de l’action à grand spectacle et une bonne compréhension du caractère du personnage. Jean-Pascal Nguyen rend hommage aux épisodes de Wolverine écrit par Larry Hama, dessinés par Marc Silvestri (avec Dan Green), Mark Texeira ou Adam Kubert.

      @JP: la philosophie de Wolverine de l’époque, ce n’est pas du Gaiman pour sûr…Par contre elle correspondait bien au personnage je trouve, un type simple, pas forcément instruit au bon sens terrien. L’épisode où Jubilee (celui avec le papillon) lui avoue avoir peur de mourir est très beau, de mémoire:
      J: Logan, je pensais m’en fiche, mais j’ai peur de la mort
      W (la prend dans ses bras): ce n’est pas de la mort qu’il faut avoir peur, mais de ga^cher sa vie et laisser passer sa chance, ça oui, c’est terrifiant. Pour le reste petite, la vie tu l’as chevillée au corps »
      C’est très beau et ça me touche encore aujourd’hui.

      @TOus: mon débat sur le COmics code Authority, tout le monde s’en fout ?
      Et vous, Wolvie, vous le préférez avec ou sans métal ?
      Je me rappelle du jeu Marvel Vs Capcom qui proposait les deux versions de Wolvie et naturellement la version métal était la plus dangereuse…

      @Cyrille: euh…Daesh ? Wolvie n’a jamais été barbu !

  • Tornado  

    Aussi étonnant que ce soit, j’aime toujours bien ce personnage. Et alors que je n’ai gardé que peu de X-men, je me rends compte que j’ai gardé pas mal de Wolverine. Sans doute parce que ce dernier a bénéficié de plus de récits autonomes, ce qui correspond à ce que je recherche.
    J’avais acheté les premières intégrales de Panini (le run de Claremont), mais ça ne m’avait pas plu du tout. J’avais trouvé ça assez mauvais ces histoires de « Patch », c’était un peu laborieux dans le fond et dans la forme, avec des enjeux assez ridicules et une narration, comment dire… Bon. Voilà quoi ! 😀 (je ne me souviens que d’un arc qui m’avait plu : le dernier, où Claremont insinuait un lien de famille entre Wolvie et Dents de sabre).
    Du coup, je n’ai pas essayé ce run de Hama. Un copain a acheté les intégrales. Si ma pile de lecture n’était déjà pas aussi vertigineuse, je pourrais bien les lire. Un jour peut-être…

    En tout cas, je constate que les copains commencent à me rejoindre sur un point : La CONTINUITE est devenue un tel foutoir grotesque, qu’elle ne constitue plus un critère de qualité ! 😀
    Bon, cela-dit, moi j’aime bien ce qu’a fait Jeff Loeb avec ce personnage (tapez pas, hein). Mais justement, c’est envers et contre toute continuité puisque, c’est clair, il en a rien à foutre ! 😀

    Super article en tout cas ! « Docte commentaire », comme on dit, à la fois érudit, objectif et affectif. Je partage entièrement l’avis sur les dessinateurs (Adam > Andy). Et puis j’abonde sur un « Legends of the Dark Knights » façon Wolvie.
    « Wolverine fut bringuebalé d’oncle en oncle, toujours plus distants, jusqu’à se retrouver géré par des beaufs pas très finauds » : Hé ! Ho ! Moi, quand je dis des choses comme ça, tout le monde me tombe sur le bec !!! 😀

    Bon alors, quelques questions aux érudits :
    Dans « Wolverine Origines », Dents de sabre est le frère de James Howlett. Ce postulat est-il toujours pérenne ?
    Comment ça je provoque ? 😀

  • JP Nguyen  

    Bruce : le fait que Larry Hama n’ait pas été foncièrement d’accord sur les griffes en os est tiré d’une interview de l’intéressé (j’en ai lu 3 ou 4 pour préparer l’article).
    Dans une interview, il disait aussi, en substance, que pour lui, le message d’une oeuvre artistique, même s’il était basé sur la réponse émotionelle, devait être intelligible et donc explicite. Cela est assez éclairant sur son écriture, je trouve (avec donc ses qualités et ses défauts).

    La disparition du comics-code et la violence graphique ? Peut-être mais je crois aussi que les scénaristes de moins en moins inspirés ont boosté les capacités de Wolvie au-delà du raisonnable (dans Civil War, il combat Nitro et se reconstitue à partir d’un squelette calciné…)

    Tornado : l’univers cinématographique a bien sûr sa propre continuité, qui en une demi-douzaine de films regorge déjà de contradictions… Ainsi il parait que le Victor de Origins n’est pas le Dents-de-Sabre de X-Men 1 (je parle du personnage, parce que pour les acteurs, c’est évident)
    Et sinon, dans la continuité de son état civil, Loeb se prénomme Jeph et pas Jeff 😉 (mais tu t’acharnes sur cette orthographe, serais-tu un fan refoulé des… ff ?)

    • Bruce lit  

      Le dents de sabre de Xmen 1: quel cauchemar….
      Avec le healing factor d’aujourd’hui, Wolvie survivrait à Days of Future past….
      @Présence: merci de ces éclaircissements. Il n’empêche que maintenant Logan est autorisé à buter autre chose que des robots, des ninjas (=cloportes) ou des aliens.

  • JP Nguyen  

    Une des interviews utilisées pour préparer l’article :
    http://www.comicbookresources.com/?page=article&id=21453

    Avec une réponse assez savoureuse sur les « séminaires » et autres retraites créatives des auteurs X de l’époque :
    Was there much creative freedom with “Wolverine?” Or were there directions that the book needed to follow to stay in line with the rest of the X-Men titles?

    For the first two years or so, I was left pretty much alone. Then all the X-people had to start going on these yearly weekend retreats where we secluded ourselves at some hotel in the sticks and pounded out what was going to happen in X-continuity for the following year. All I remember about them was that the food was very good. Oh, I used to bring it up at every retreat that the people who drew the books should be included for their input, but since everybody else was primarily a writer, I was always shouted down. I guess I continue to labor under the delusion that comics is supposed to be a visual medium.

  • JP Nguyen  

    http://travishedgecoke.blogspot.fr/2012/02/ethics-and-choreography-interview-with.html
    95% of what I have done was work-for-hire, and done to please whoever it was that approved the check. I always saw myself as a working-class guy, and not an ‘Artiste.’ But I was brought up to believe in value for honest wages. I try to give it my best shot if I own it or not. I think I should basically give the audience what they want as long as it doesn’t violate my own ethical concerns.

    et aussi :

    I objected strongly to the ‘bone claws’ arc and did it under duress, because it was agreed upon by the majority at an X-conference. It never felt ‘right’ to me, and I couldn’t understand the logic of how that worked.”

  • JP Nguyen  

    Une dernière pour la route :
    http://www.constellation617.com/larry-hama-artist/
    The purpose of art is to communicate. If you’re the only one who gets it, what good is it? For anyone who creates something that is eventually called art, the important thing is to make that human connection and have someone look at what you do, or listen to what you do, or read what you do, and go, “Holy shit, I get that, I see what you’re trying to say, and ain’t that terrific.”

  • Le moustachue  

    Encore une fois c’est un super article ! J’ai plus qu’à trouver une édition VF ou apprendre a parler anglais :’)

  • Ben Wawe  

    Merci pour ce bel article et les interviews éclairantes. J’ai trouvé énormément de magazines Serval en occasion sur cette période, et je les ai dévorés. Je me souviens notamment de l’intrigue Guernica qui m’a beaucoup marqué, à 10 ans.
    Très clairement, le Logan de Lama est « mon » Logan, la version qui l’a défini pour moi et à laquelle je me réfère ; et, plus de vingt ans après, ce run me semble honteusement sous estimé (comme d’autres, tel DeFalco/Ryan sur les FF).

  • Alchimie des mots  

    Ouah ! Vous venez de mettre un nom sur la meilleure partie de Serval dans mon adolescence Hama.
    c’était tout ce que je trouvais d’extraordinaire de SERVAL à l’époque publiait ses récits intégrales ! court, bien rythmés, bien dessinés du pur bonheur
    Je ne sais pas à quel sauce cela va sortir chez panini, je suis prêt à prendre ne serait ce qu’un tome et non un pavémnibus pour me remémorer ces jolis souvenirs.
    Merci!

    • Bruce lit  

      J’ai écrit deux pages très inspirées sur ce run également dans le prochain GEEK. Sortie en décembre.

      • Alchimie des mots  

        c’est noté ! merci!!

  • Glen Runciter  

    Je n’ai pas aimé du tout la période Hama avec cet embrouillamini des souvenirs implantés. Je vois, à la lecture de l’article, qu’il n’est pas vraiment responsable du bousin.
    J’ai bien aimé ses scénarios pour Conan par contre. Ce n’était déjà plus le Conan howardien* mais cela restaient de bonnes adaptations.

    * D’un autre côté, le Conan de Howard n’existe que dans les textes de Howard. Une adaptation doit surprendre.

    • Eddy Vanleffe  

      Le meilleur du run d’Hama est effectivement avant le bordel mémorielle…

      • Nikolavitch  

        je plussoie. je garde un très bon souvenir de son arrivée sur le titre, et le début du « post Weapon X » était très sympa. j’ai fini par m’en détacher quelque part entre la perte de l’adamantium et Age of Apocalypse, à un moment où je ne lisais quasi plus que de l’indé de toute façon

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