Quand Mattie rencontre Frankie

1ère publication le 19/03/16- Mise à jour le 27/07/17

 Focus : Daredevil et le Punisher : les meilleurs ennemis ?

Des tête-à-tête qui virent vite au corps-à-corps

Des tête-à-tête qui virent vite au corps-à-corps ©Marvel Comics

TEAMUP : AUTEURS : JP NGUYEN (1)+ BRUCE LIT (2)

Cet Focus se propose de revenir sur la relation agitée entre Frank Castle et Matt Murdock, alias le Punisher et Daredevil, deux des chouchous du blog. Ils se retrouveront dans la saison 2 de la série Netflix, attendue avec impatience par Bruce qui avait adoré la première (nan, j’déconnne…), mais avant cela, leurs chemins s’étaient déjà croisés à maintes reprises.

Votre serviteur s’était d’ailleurs amusé à faire l’inventaire de leurs confrontations, il y a bien des années, ailleurs sur le Net . Plutôt que de vous en livrer ici une version revue et augmentée, je me concentrerai sur les face-à-face à mon sens les plus marquants…

En général, quand ces deux là se rencontrent, ça chauffe pas mal…
Prenez garde aux balles perdues, ainsi qu’aux spoilers !

1/JP NGUYEN

Si dans le monde des comics en général, Daredevil est souvent comparé à Batman , à l’intérieur de l’univers Marvel, le Punisher constitue un double négatif de choix pour l’homme sans peur. Via mes hypersens, j’entends certains puristes s’étrangler, tant il est vrai que Frank Castle n’est pas forcément le premier personnage venant à l’esprit lorsqu’on songe à la galerie des vilains du diable rouge !

Pour le connaisseur, la Némésis de Daredevil, c’est au choix, sur le plan moral, Wilson Fisk, alias le Caïd ou bien, sur le plan physique, Bullseye, aka le Tireur pour les lecteurs de VF vintage. Je vous le concède, les ennemis archétypaux de référence pour tête à cornes sont bien les deux susmentionnés, le gros mafieux et le grand cinglé, une doublette infernale que Frank Miller avait formidablement animée dans son run d’anthologie.

Frank Miller : le premier à avoir esquissé leur relation…

Frank Miller : le premier à avoir esquissé leur relation… ©Marvel Comics

Mais dans ce même run, Miller avait aussi mis en scène la première rencontre entre Frank et Matt, dans l’arc Child’s Play. Murdock prenait la défense de Hogman, un dealer accusé de meurtre, tandis que Castle était convaincu de sa culpabilité et voulait contribuer au désengorgement des tribunaux, en accélérant fortement la procédure judiciaire pour passer directement à l’exécution !

Matt Murdock obtint l’acquittement de Hogman avant de réaliser qu’il s’était fait berner par son pacemaker, qui rendait inopérant son détecteur de mensonges basé sur sa super-ouïe. DD arriva à rattraper son erreur mais avant de faire coffrer le coupable, il dut empêcher Castle de l’exécuter. A cette occasion, Daredevil fit usage d’une arme à feu pour blesser le Punisher. Cette transgression faisait sortir le héros du cercle des vertueux idéalistes (tel que Batman voire Captain America, selon les auteurs) pour le faire rentrer dans le rang des pragmatiques.

Un scène d'anthologie bientôt à l'écran....Oh que je suis impatient de voir ça....

Un scène d’anthologie bientôt à l’écran… ©Marvel Comics

Humm, j’hésite, le masque porté dans la série est-il aussi moche que la tronche de DD dessiné par Steve Dillon ?

Humm, j’hésite, le masque porté dans la série est-il aussi moche que la tronche de DD dessiné par Steve Dillon ?©Netflix

Ce premier match entre tête à cornes et tête de mort préfigure quasiment toutes leurs rencontres futures : deux hommes mus par de fortes convictions mais avec des visions de la justice divergentes et inconciliables. Comics de super-héros oblige, les conflits moraux se dénouent inévitablement lors de confrontations physiques, où s’échangent les arguments sur les buts d’ordre supérieur mais où les coups volent bas. C’est ce qui fait tout l’attrait de ces duels à répétition entre le rouquin en lycra rouge et le brun en kevlar noir : ils se jouent autant sur le terrain de l’éthique que dans les dédales de béton de Big Apple. Ce supplément d’âme dans les confrontations permet d’oublier la règle d’or du genre : rien ne changera vraiment, les héros ne peuvent pas mourir et encore moins s’entretuer.

D’après les nombreux teasers de la saison 2 montrant un DD enchaîné sur un toit et devisant avec un Frankie sur le point de sévir, il semble que les scénaristes de Netflix soient allés chercher leur inspiration du côté de Welcome Back, Frank  de Garth Ennis et Steve Dillon, où le Punisher soumettait Daredevil à un choix Cornélien, mais où les dés étant pipés en faveur de Castle : normal, il jouait à domicile. Oui, c’est une autre convention notable de ces duels : quand le personnage est dans sa série, il a généralement le dessus.

Dans cet épisode, donc, Daredevil se trouvait enchaîné, avec un revolver scotché à la main, alors que le Punisher s’apprête à sniper un mafieux. Castle informe tête-à-cornes qu’il n’a qu’une balle pour l’empêcher d’exécuter sa cible et qu’il doit tirer pour tuer. Avec une gueule d’ahuri dont Steve Dillon a le secret, DD hésite puis finit par presser la détente : en pure perte, son arme n’était en fait pas chargée… Castle avait orchestré cette mise en scène pour confronter son adversaire au choix de vie ou de mort que lui-même effectue quotidiennement. Mais de même qu’il n’existait pas de vrai choix pour DD dans cette épreuve, le Punisher fait toujours le même choix : celui de la peine capitale.

Un slogan reflétant l’absence de demi-mesures…

Un slogan reflétant l’absence de demi-mesures… ©Marvel Comics

Oui mais, me direz-vous, tous ces criminels abominables méritent bien de mourir ! Je vous renverrais dans ce cas au remarquable diptyque Daredevil 257 – Punisher 10, respectivement par Nocenti/Romita Jr et Baron/Portacio, datés de 1987 : les deux justiciers s’y lançaient à la poursuite d’un tueur en série empoisonnant au hasard des boîtes de médicament. Dans l’épisode du Punisher, on suivait l’enquête méthodique de Frank Castle, avec une exécution empêchée in-extremis par cet empêcheur de tourner en rond de Daredevil. Dans la série de l’homme sans peur, on retraçait le parcours du tueur : un homme à la dérive suite à un licenciement.

Ann Nocenti nous invitait d’ailleurs dans sa tête pour raconter le duel Punisher-DD à travers ses yeux, logeant les deux belligérants à la même enseigne : deux individus persuadés de la justesse de leur cause et se comportant en tyrans moraux, employant la force pour imposer leurs vues. En déroulant la même histoire depuis des points de vue différents, le récit s’enrichissait et on comprenait tout à fait comment chacun peut s’estimer dans son bon droit alors même qu’il ne possède qu’une vision partielle des choses. Au final, c’est DD qui remportera le duel et proposera ensuite au tueur d’assurer sa défense, évoquant même un début de piste pour sa réinsertion.

DD par Miller et le Punisher par Ennis : deux philosophies opposées

DD par Miller et le Punisher par Ennis : deux philosophies opposées ©Marvel Comics

A la réflexion, ce n’est pas si difficile de prendre fait et cause pour le Punisher : à la découverte de faits divers particulièrement horribles, mettant en cause des criminels récidivistes, qui n’a pas formulé le souhait, même fugace, de pouvoir être le bras armé d’une puissance supérieure qui viendrait mettre un terme à l’injustice ? C’est le fantasme incarné par le Punisher : la justice expéditive mais qui ne commettrait jamais d’erreur judiciaire et châtierait toujours avec clairvoyance des ordures finies au-delà de toute rédemption possible.

De l’autre côté, Daredevil recherche aussi la justice mais veut croire en la loi des hommes, aussi imparfaite et faillible soit-elle. Il est avocat et justicier. C’est un autre fantasme : celui de l’homme « normal » (Murdock est de surcroît handicapé) qui dépasse ses limites, qui œuvre à la fois dans le système et à côté. Son ambiguïté et sa double identité nous renvoient à nos propres arrangements avec nos idéaux.

Sous la plume de Frank Miller (encore lui), l’homme sans peur a eu l’occasion de délivrer plusieurs déclarations poignantes sur la nécessité d’un système légal, sous peine de vivre en anarchie et sous le règne de la seule loi du plus fort. C’est une tentation sans doute encore plus grande dans un pays comme les Etats-Unis, où les armes à feu circulent beaucoup plus facilement que chez nous… Paradoxalement, c’est aussi un pays où la judiciarisation à outrance a montré ses méfaits. Mattie et Frankie incarnent donc parfaitement deux aspects de l’envers du rêve américain

Action figures de DD et du Punisher : « Real American Heroes » !

Action figures de DD et du Punisher : « Real American Heroes » !

Facettes indissociables mais irréconciliables de la même médaille, Daredevil et le Punisher semblaient toujours devoir être en conflit. Mais des scénaristes se sont amusés à les associer au début des années 2000 dans le label Marvel Knights ou encore, plus récemment en 2012 dans le crossover Omega Effect, écrit par Mark Waid  . Ces teamups sont la plupart du temps décevants, car les boussoles morales des deux « héros » sont trop divergentes pour qu’une alliance, même temporaire ou de circonstance, puisse vraiment fonctionner pour le lecteur.

Franchement, vous voyez Matt Murdock dire à Frank Castle : « Je suis contre le meurtre mais vas-y, pour cette fois ci je ferme les yeux ? » (sic). Ou de son côté, Pupu concéder à DD : « Ces types méritent juste de crever mais pour toi, je vais utiliser des balles anesthésiantes… ». C’est pourtant à des arrangements « mi-chèvre mi-chou » de ce type que conduisent les tentatives de faire travailler ensemble les deux justiciers. Aucun des deux n’en sort grandi, bien au contraire.

Daredevil, fan d'Alice Cooper tire sur le Punisher...

No more Mr Clean ! ©Marvel Comics

Mais il arrive que certains auteurs trouvent une formule originale pour les faire collaborer : ce fut le cas avec Ed Brubaker et Michael Lark, pour The Devil in Cell-Block D (2006). Alors que Matt est prisonnier à Ryker’s Island, Frank se fait coffrer exprès (il tue un souteneur en pleine rue et se rend à la police dans la foulée) pour le rejoindre et lui rappeler les valeurs chères à Murdock. Castle ne les partage pas mais pense qu’il faut des hommes comme Murdock pour que la société puisse fonctionner.

Dans cette caractérisation, rappelant celle choisie par Garth Ennis, le Punisher se considère comme un mal nécessaire mais ne souhaite pas faire d’émules. Il sait que si tous adoptaient ses méthodes, outre les inévitables bavures, ce serait surtout un terrible retour à la barbarie. Il assume donc seul sa condition de tueur conpulsif, canalisant ses pulsions mais ne souhaitant à personne de devenir comme lui. Sa sollicitude envers Daredevil fait également écho à la relation que le même Ennis avait dépeinte dans Punisher Kills The Marvel Universe , où DD était le seul héros respecté par Castle…

Des ennemis ; mais qui se respectent…

Des ennemis ; mais qui se respectent… ©Marvel Comics

Bien que ne se considérant pas du tout comme un modèle à suivre, Frank Castle fascine et exerce une dangereuse séduction sur l’homme de la rue, fantasmant de reprendre en main son existence et d’imposer sa volonté à coups de flingues. David Lapham utilisera d’ailleurs cette idée dans sa mini-série Means and Ends, datée de 2006, où un jeune garçon, Martin Bastelli, dont la famille est rackettée par la mafia, décide de faire justice lui-même, prenant le Punisher pour modèle. Inutile de dire que ça se finit mal pour lui. Cette mésaventure fait penser à Roulette (DD 191), l’ultime épisode du run de Frank Miller (toujours lui), où Daredevil constatait avec désarroi l’influence néfaste de ses méthodes violentes sur un petit garçon qui l’idolâtrait.

Pour en revenir à Means and Ends, Lapham fera aussi prendre une balle perdue à un SDF lors d’un duel entre Frankie et DD. Mainstream oblige, le sans-abri échappera à la mort, épargnant à Castle un trop lourd cas de conscience. Malgré des dessins assez peu séduisants et un statuquo final empestant la contrainte éditoriale (Hammerhead et le Chacal, cibles de Castle, s’en tirent sans égratignure), cette mini-série propose de belles scénettes venant enrichir la longue relation DD-Punisher.

« La fin justifie-t-elle les moyens ? » : la série explore la question mais se conclue par… une fin moyenne

« La fin justifie-t-elle les moyens ? » : la série explore la question mais se conclue par… une fin moyenne ©Marvel Comics

Même s’il assène volontiers crochets, uppercuts et coups de billy-club, Matt Murdock sait que la violence ne peut pas (ne doit pas) être la seule solution. Plutôt que de se prendre pour un dieu de la mort, il sait que le diable est dans les détails et que la simplicité de la sanction capitale cache tout un ensemble de problèmes en cascade, comme l’illustrait ironiquement Franquin dans ses Idées noires, avec la chaîne interminable des bourreaux passant de guillotineur à guillotiné.

Mais si on peut critiquer l’approche du Punisher, on peut aussi challenger Murdock sur son soutien indéfectible au système légal. Quelle confiance accorder à ce dernier à l’heure où les états pratiquent l’espionnage illégal et que les projets de lois sont dictés par des lobbys, privilégiant souvent les intérêts particuliers au bien commun ? Il est parfois amer de constater que ce qui est légal n’est pas très juste…

La Loi selon Murdock : imparfaite mais nécessaire

La Loi selon Murdock : imparfaite mais nécessaire ©Marvel Comics

Accepter le système ou bien l’affronter ? Alors que le Punisher est un paria totalement désocialisé, Daredevil s’avère un modèle plus stimulant, malgré (ou à cause de) son hypocrisie et son ambivalence : il opère à l’intérieur d’un système imparfait mais agit aussi en dehors de celui-ci. Se plaçant parmi les hommes et non au-dessus d’eux, Mattie a choisi le vivre ensemble quand Frankie a décidé de tuer en solitaire.

Mais on peut aussi trouver des vertus au soldat Castle, notamment une grande probité, quelque part supérieure à celle de Murdock. Le Punisher ne ment à personne et surtout pas à lui-même. Il a totalement accepté et embrassé sa part d’ombre pour consacrer le reste de sa vie à donner la mort. Daredevil, lui, joue toujours à cache-cache avec son identité secrète et connaît des vies professionnelle et sentimentale en dents de scie.

Personnages que tout semble opposer, Daredevil et le Punisher recherchent pourtant tous deux la justice, faisant ressortir toute la complexité et surtout la subjectivité de cette notion. Frank et Matt ne tomberont certainement jamais d’accord sur la question, mais peut-être pourraient-ils partager un jour le point de vue suivant, que j’emprunte à Warren Ellis dans son numéro 3 de Planetary (ou à Terry Pratchett, selon vos affinités) pour conclure cette chronique : « There’s no justice. Just us. »

Choisir entre les deux ? Joker !

Choisir entre les deux ? Joker ! ©Marvel Comics

2/BRUCE LIT 

Stimulé par notre avocat du Diable, et malgré sa promesse de ne plus écrire  de Dingodossiers après Mutant Massacre et Alice Cooper,  le patron de céans s’est permis d’ajouter à l’article de JP quelques Bruce Lignes….

Alors que la plupart des héros Marvel sont devenus des criminels de masse, il est difficile pour les plus jeunes de comprendre l’impact de l’arrivée du Punisher et de Wolverine dans le monde des boys scouts en collants dans les années 70.  Frank Castle faisait partie de ces personnages moralement ambigus, ni tout à fait bon, ni complètement mauvais.  Apparu initialement chez Spider-Man, le Punisher allait intégrer comme The Kingpin, la distribution de Daredevil sous l’égide de Frank Miller.

Ce qui frappe d’abord, c’est à quel point la figure du Punisher est paradoxale : alors que le lecteur peut s’identifier à la plupart des héros dotés de super pouvoirs, Castle lui est un humain ordinaire que personne n’a envie d’être. Opérant à visage découvert, il est le seul personnage Marvel dont l’existence est une souffrance sans fin.  A l’inverse de Matt, Frank n’a pas d’amis, ni de vie vers laquelle revenir une fois terminées ses punitions. Libéré de toute vie civile mais livré à une solitude terrifiante, le Punisher peut se dédier entièrement à sa mission.  Nous y reviendrons.
Matt Murdock, quant à lui,  sera tenté à de nombreuses reprises au cours de sa rousse existence d’adopter le style de vie Castlemaniaque….

Le procès de Punisher : une occasion manquée d'avoir Matt Murdock en tant qu'avocat....

Le procès de Punisher : une occasion manquée d’affronter Matt Murdock devant la justice…. ©Marvel Comics

Symboliquement le Punisher et Daredevil ne peuvent pas être plus opposés l’un à l’autre. DD est aveugle, vêtu de rouge, et s’applique à faire appliquer la justice. Punisher est un voyant qui va au delà des limites que la société s’impose, tout de noir vêtu. Le rouge et le noir. L’avocat et le procureur. Le sauveur et le punisseur.  Le Diable et l’Ange de la mort. Les failles de la justice alimentant la violence de la justice individuelle. Opposés mais complémentaires donc, comme JP l’a brillamment démontré.

Ce qui rapproche Castle et Murdock reste un sens psychotique de l’honnêteté : ces personnages sont littéralement hantés par des valeurs acquises au prix fort;  Matt a perdu son père, Frank sa famille.
Devant l’ampleur de ces traumatismes, il leur impossible de prendre du recul et de faire autrement. Tout du moins, Miller et Ennis laissent entrevoir des lucarnes de rêves de nos héros si leur vie eut été autre : en représailles des moqueries subies lorsqu’il était enfant, Matt souhaiterait devenir une brute épaisse ignorant les valeurs que son père lui inculque. Frank s’imagine quant à lui comme un grand père ventru attablé avec sa femme, ses enfants et petits enfants. Ce qu’il a toujours fui.

La vie rêvée des anges (de la nuit)...

La vie rêvée des anges (de la nuit)… ©Marvel Comics

A bien des égards, Frank Castle incarne un Matt Murdock post Born Again. Un homme sans travail, sans identité autre que son alter ego, sans attaches, discrédité et pointé du doigt par la société, vivant dans des piaules minables, à la merci de n’importe quel impondérable.
Le cauchemar que Matt traverse  durant la saga de Miller et Mazzucchelli, Castle l’a vécu et dépassé. Ironiquement, le personnage de Nuke qui conclue la saga semble être le chaînon manquant entre les deux héros : vétéran du Vietnam accro à la violence comme Castle et complètement psychotique comme Murdock.

Voilà ce qui rapproche définitivement ces personnages : à bien des moments de son existence, Matt traverse la longue nuit froide qu’est devenue la vie du Punisher;  Born again, donc, mais surtout la période post Inferno où, sous l’égide d’Ann Nocenti, Matt est une épave errante au travers les Etats Unis, incapable de retirer son costume devenue comme une seconde peau, exactement comme la tête de mort du Punisher.
On pense aussi à la période Over the edge où Matt pour protéger ses amis sombre encore dans une dangereuse brutalité où ses méthodes évoquent celle de Castle, qui apparaît d’ailleurs dans la saga en assassinant Nick Fury. Le dernier pétage de plomb de Matt remonte à Shadowland où il affronte tout New York (dont le Punisher) après avoir brutalement assassiné Bullseye.

Nuke et Frank Castle : deux psychoses créées par l'Amerique au service de l'Amérique

Nuke et Frank Castle : deux psychoses créées par l’Amérique au service de l’Amérique ©Marvel Comics

Mais tandis que cette psychose (qui se prolonge dans son acharnement à vouloir tuer un enfant chez Kevin Smith) est souvent passagère chez Murdock, la sociopathie semble être définitivement installée chez Frank Castle qui, dans Up is Down…. la définit comme une colère froide qu’il maîtrise et fait partie de lui même.  Un pays que visite régulièrement Matt sans y rester.  Mais pour lequel, il éprouve une étrange fascination : Elektra, Typhoid Mary, Natascha Romanov, Stick : tous sont de fieffés psychopathes que Matt s’amuse à cottoyer et n’ayant rien à envier au Punisher. La douce Elektra s’invitera d’ailleurs dans le run de Jason Aaron pour mettre fin aux souffrances de Frank Castle dans un arc controversé et bouclera la boucle des ressemblances entre les deux personnages.

La force ou la malédiction de DD est de ne pas pouvoir tuer Matt Murdock qui finit toujours par ramener DD à la raison; On se rappelle qu’à la fin du run de Nocenti, Murdock décide de devenir Bullsyeye pour goûter au plaisir de vivre une vie sans entraves morales. C’est d’ailleurs la constante de la série depuis Stan Lee : que ce soit avec un frère jumeau inventé, une descente aux enfers orchestrée par Wilson Fisk, ses infidélités conjugales (Heather, Karen, Milla, Matt en aura cocufié des nanas….), ou via une dépression nerveuse chez Bendis, Matt s’emploie à vouloir échapper à sa vie.

Dans un cas comme dans l'autre, affronter Bullseye confronte nos héros à leurs propres démons

Dans un cas comme dans l’autre, affronter Bullseye confronte nos héros à leurs propres démons (là, c’est Matt sous le costume de Bullseye)… ©Marvel Comics

Exactement l’inverse du Punisher, qui de son côté, a tenté après le Vietnam de dissimuler le tigre en lui, de réinventer Frank Castle mort à Valley Forge. Une seconde naissance dans le sang de sa famille, le libérant de toute entrave morale sans l’absoudre de cauchemars épouvantables. Une sorte de pacte Faustien que Garth Ennis suggère pour pouvoir mener une guerre sans fin.
L’avantage est donc nettement à Matt, qui sous la plume de Mark Waid essaie de se réapproprier sa vie trop longtemps mise de côté. Avant que Marvel ne décide de nouveau d’en faire un vigilant tourmenté….

L’affrontement entre Matt et Frank rappellera finalement les grandes heures du duel idéologique entre Charles Xavier et Magnéto : deux amis aux différents irréconciliables parlant de la même chose mais pas avec les mêmes mots.  Et, qui ponctuellement adoptent le point de vue de l’autre avant de se retrouver de nouveau opposés.

Il n'en peut n'en rester qu'un !

Il ne peut n’en rester qu’un !©Marvel Comics

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Le rouge et le noir. L’avocat et l’exécuteur. La vie et la mort. Et si DD et Le Punisher étaient les deux faces d’une même pièce ? Un dossier spécial Bruce Lit.

La BO du jour : et si tu n’existais pas Matt, dis moi pourquoi j’existerais ?

24 comments

  • Bruce lit  

    Tout d’abord, ce fut un grand plaisir de faire ce Teamup avec JP. J’avoue m’être défaussé devant l’ampleur du sujet, étant sorti à l’époque de deux gros dossiers : le mutant massacre et Alice Cooper et ne rêver que de faire depuis des articles courts. Mais l’article de JP était si bon, que mince, il fallait ya ller quoi !
    A la réflexion, ce n’est pas si difficile de prendre fait et cause pour le Punisher : à la découverte de faits divers particulièrement horribles, mettant en cause des criminels récidivistes, qui n’a pas formulé le souhait, même fugace, de pouvoir être le bras armé d’une puissance supérieure qui viendrait mettre un terme à l’injustice ? J’avoue qu’après les attentats du 13 novembre, je me mettais à rêver d’un Frank Castle qui aurait fumé ces ordures….allant par là à l’encontre de toutes les valeurs que m’ont inculquées Hérgé, Franquin, Matt, Charles Xavier (et aussi mes parents, qui ont quand même fait autre chose que de m’acheter des Bd’s…).
    Je n’ai pas lu cette histoire du Punisher Vs DD de Nocenti. Tu me mets l’eau à la bouche. Malgré ces défauts c’est un run que j’adore et que je respecte énormément. Le fait qu’il n’ait pas été réédité en France est une honte.
    Me méfiant comme de la peste de David Lapham, tu m’as aussi donné envie de tenter l’expérience.
    Merci en tout cas pour ce beau défi !

    • JP Nguyen  

      @Bruce : Je suis surpris que tu n’aies pas lu l’histoire de Nocenti, l’épisode est présent dans le TPB Typhoid Mary que tu avais chroniqué dans l’article Vaudevil… Il avait aussi été traduit dans la VI de l’époque. L’épisode Punisher est aussi dispo en VF dans la Version Intégrale de sa série.

      Concernant tes interrogations sur Netflix (et pas Netfix, petite coquille en fin d’article), le DD de la saison 1 était déchiré à l’idée de se résoudre au meurtre. Et techniquement, il n’a tué personne, et tout cas pas froidement, je crois (l’assassin du bowling se suicide, le ninja peut-être et encore la situation se discute…) la frontière morale existe donc aussi dans la série. Pour la torture, ok, c’est pas top, mais j’ai déjà eu l’occasion d’invoquer la jurisprudence Brubaker et la torture de Ox.

      Enfin, pour le teamup, merci d’avoir fait l’effort, c’était une occasion idéale !

  • Présence  

    1/ Excellente idée d’article et tout mon respect pour l’avoir mené à bien. Une très belle iconographie me rappelant plein de souvenirs, comme par exemple la page promotionnelle annonçant la série à venir du Punisher par Mike Baron & Klaus Janson.

    La justice expéditive mais qui ne commettrait jamais d’erreur judiciaire et châtierait toujours avec clairvoyance des ordures finies au-delà de toute rédemption possible – J’ai toujours apprécié cette dimension cathartique des récits du Punisher, tout en ayant conscience du simplisme d’une telle solution. C’est également l’aboutissement extrême des récits de superhéros qui règlent leur problème avec leurs poings ou leurs superpouvoirs, en imposant leur point de vue par la force.

    Un pays où la judiciarisation à outrance a montré ses méfaits – Bien dit !

    Grâce à la série Netflix, je vais enfin pouvoir lire Means and ends que Marvel réédite à l’occasion de la saison 2 de Daredevil, et qui sinon n’aurait jamais été rééditée.

    2/ Excellente idée de remettre les premières apparitions du Punisher dans le contexte des comics de l’époque. Je garde le même souvenir que toi de son impact face à Spider-Man.

    A la fin du run de Nocenti – Mince, je ne crois pas l’avoir lue.

    J’ai été totalement convaincu par votre analyse comparative de ces 2 personnages, par la manière dont les scénaristes les font ressortir, tantôt en les opposant, tantôt en intervertissant leurs rôles.

  • Sonia Smith  

    Quel bel article que ce team-up sur ces deux personnages chers à mon coeur pour toutes les raisons que vous évoquez si bien dans cet article, vraiment merci, c’était un régal de vous lire même si je trouve Bruce fort sévère avec cette série Netflix mais je sais maintenant combien il aime les héros sans tache ;-).
    Merci messieurs pour avoir si bien rendu l’essence de DD et du Punisher !

  • Tornado  

    Tout à fait le genre d’article que je serais bien incapable d’écrire (merci de le faire à ma place 😉 ). Tout simplement parce que je n’arrive pas à situer un personnage dans toute sa continuité (pour les raisons invoquées sempiternellement de mon côté). Pour moi, un personnage comme ces deux-là (qui font partie de mes personnages Marvel préférés avec Spidey) sont des icônes évolutives et m’intéressent certainement pas selon leur continuité, mais selon l’auteur qui les écrit. Ils peuvent donc changer fondamentalement si c’est bien fait, et je me fiche bien pas mal que cela rende caduque tel ou tel épisode de l’âge de pierre ! 😀
    Plus sérieusement, cette vision des choses m’empêche complètement de saisir l’essence d’une personnage sur son histoire éditoriale, comme vous le faites si bien.

  • Jyrille  

    Lone Stranger ? Mais qu’est-ce que c’est ?

    Bruce, je ne louperai pas la seconde saison de DD, mais je vais attendre que tout soit dispo. Et peut-être me rallierai-je à toi si il s’avère que la seconde saison ne soit pas réussi, mais j’ai du mal à y croire…

    Pour l’article, je rejoins Tornado, mais je suis comme toujours totalement bluffé : par vos capacités à trouver des références, à vous souvenir de tout (j’en suis incapable, comme si chaque histoire se suffisait pour moi, comme si chacune était unique ; je ne suis pas un bon analyste à ce point de vue), à dérouler du texte l’air de rien sans trop vous répéter et à asséner des points de vue intéressants. Et je rejoins Présence, l’iconographie est terrible ! Bref, un superbe article encore une fois, où l’on voit JP devenir de plus en plus sérieux et profond… Mais bon, DD est sa marotte, je n’ai aucun mal à croire qu’il connaisse toutes ces histoires par coeur. Franchement je suis bluffé.

    • Bruce lit  

      Lone Stranger est une histoire où Matt Murdock quitte NY pour vivre à la campagne et traverse les vies de petites gens de la campagne américaine. Il va notamment lutter contre un trafic d’animaux puis Mephisto. C’est une période où il décide ne plus laisser Matt Murdock s’exprimer et ne quitte plus son costume.
      Je ne vois vraiment pas en quoi se rappeler d’une histoire que l’on aime est exceptionnel. C’est comme se rappeler des paroles d’une chanson, de sa musicalité, ses thèmes…Et puis ce sont des histoires lues et relues….

  • JP Nguyen  

    @OmacSpyder : une intervention de haute volée, à laquelle je ne peux pas ajouter grand chose, sauf, comme dirait Perceval de Kaamelott : « C’est pas faux ! » (et bravo !)

    Pour la question sur Jack Murdock : il y a eu plusieurs caractérisations du personnage, mais en synthèse, celle que je retiens fait plutôt pencher la balance du côté bon père, comme tu l’as exprimé. Même si, sur un autre article, on avait débattu sur la pertinence de son sacrifice en gagnant en son dernier combat…
    Ceci dit, avec un père autoritaire qui l’enchaînait à ses bouquins et un pédagogue tel que Stick, Matt n’a pas trop eu une enfance digne de ce nom…

    @Tornado et Cyrille : En sélectionnant ces histoires, j’ai conscience de ne donner qu’une vision partielle et partiale des choses, correspondant à mes interprétations préférées des personnages. Comme l’a souvent dit Présence, des personnages avec un tel bagage éditorial n’ont plus vraiment de personnalité et d’histoire bien définie et immuable.
    Nonobstant, il me semble que dans sa meilleure période, la fonction éditoriale chez Marvel restait suffisamment présente pour permettre à l’essence du personnage d’être conservée au fil des changements d’auteurs. Et c’est cette essence que j’ai eu plaisir à évoquer dans cet article, sans trop de mal car les deux personnages reposent sur des concepts assez forts.

    @tous : merci de nous avoir lus !

  • Léo  

    Merci encore pour cet article détaillé et bien écrit.
    J’ai lu il y a un bon moment le Punisher d’Ennis dans la collection 100% Marvel.
    Et c’est vrai que la confrontation entre ces deux personnages me fait penser au combat idéologique et physique entre Xavier et Magneto.

  • Bruce lit  

    Et à ma connaissance, le seul personnage masculin Marvel qui éduque son enfant en l’absence de femme.

  • Léo Vargas  

    Hello,

    Merci pour cet excellent article que J’ai encore pris grand plaisir à lire.
    J’ai l’impression que vous vous êtes plus que surpassé !!!
    Avec une petite pointe d’humour, dans le registre « J’ai raison et vous avez tort », il n’y a, sans doute pas mieux, que ces deux là !
    Et cela va continuer tant qu’ils ne seront pas scénarisé par Joel Schumacher (je fais allusion au film La nuit des juges, où le personnage principal s’aperçoit qu’il a fait une boulette et se retrouve confronté à son erreur)…

  • Eddy Vanleffe  

    Qu’est-ce qui fait que le Punisher ait une aura si importante de nos jours?
    Jadis conçu comme un méchant, il acquit rapidement ses galons de guest, d’anti héros dans des mini-séries jusqu’à posséder parfois une ongoing en permanence, voire même parfois deux.
    Héros de trois films, phagocytant la saison deux de Daredevil jusqu’à bousculer le planning des séries netflix en s’ajoutant au programme, Frank Castle en dit long sur la perception de justice que semble apprécier Le public. Lorsqu’il dit à Daredevil lors de son altercation mémorable sur le toit, face à un Matt enchaîné : « Toi quand tu t’occupes d’une ordure, il revient. Moi, il ne se relève pas! » ma femme exultait devant l’écran et tandis que sa soudaine apparition avait mis d’un coup le Diable rouge dans la case des « couilles molles », je me perdais en me posant de plus en plus de questions.
    viscéralement attaché à ces héros de papiers qui portaient naïvement des valeurs positives, je n’avais jusque là considéré Frank Castle que comme une sorte d’exutoire, mais non.
    De plus en plus il devient l’une des nouvelles icônes de Marvel, du comics, du héros comme on voudrait l’être: le vengeur.
    Il est d’abord extrêmement bien conçu, costume simple, démasqué, il fait figure de seul homme franc et droit dans un monde ambivalent et hypocrite. un crâne sur torse, les dents en cartouchière, c’est une trouvaille digne du riff de « Smoke on the water », le truc qui te classe parmi les génies à vie. ça annonce la mort, le côté sans pitié et la rapidité. facilement transformable en logo, en ombre, son impact graphique est incontestable.
    Ensuite, son histoire est toujours la même, il coince des truands et les liquide, toujours efficace, il réussit sa mission en avançant comme une sorte de phénomène naturel, il est comme un rouleau compresseur.
    Résistant à la dialectique qui fait des super-héros des gardiens du système, du statu quo ne voulant jamais changer quoi que ce soit, il contente à la fois les rétifs aux collants tout incarnant la soupape autoritaire des fans. sons succès se fait d’autant plus qu’il est confronté à ces énergumènes à super pouvoir, il remplit le rôle du gars normal, peu à peu excédé à la recherche d’une forme ou d’une autre de reprise de contrôle. violent, sans concession, brutal mais à qui on a du mal à donner tort, le Punisher est la métaphore du malaise ambiant qui gangrène nos sociétés, le spectre d’une volonté de serrer la bride,
    l’écho en bd d’un vote…
    Je lis beaucoup de Punisher, il dépote hein….mais j’ai désormais une sorte de pressentiment qui ne donne envie d’aller vire à St Pierre et Miquelon…

    • Matt  

      Je trouve pour ma part réaliste et cohérent le personnage du Punisher, mais le fait qu’il devienne une icône me pose des soucis. Techniquement, c’est un grand malade super dangereux et cruel qui prône la peine de mort. S’intéresser à lui en tant que personnage rongé, bouffé, plein de haine qui devient un vrai monstre, je conçois. Le trouver « super kiffant parce qu’il fait ce qu’il faut et fait subir aux connards ce qu’ils méritent » ça me gêne vachement idéologiquement parlant. Contrairement aux héros comme Spider-man, ce n’est pas juse un type qui aide les forces de l’ordre et remet aux autorités des criminels, c’est un type qui assume le rôle de juge et bourreau et qui emmerde les lois.
      Je ne suis pas fan du personnage mais je peux comprendre qu’on s’intéresse au portrait d’un type pareil. J’ai beaucoup plus de réserves quant à sa grande popularité. Difficile de ne pas se dire que ça peut refléter une idéologie douteuse chez ceux qui l’admirent. Surtout aux US avec leurs lois pro-peine de mort.

  • Eddy Vanleffe  

    C’est à dire que le Punisher fait écho à énormément de thématiques sensibles…
    l’aspect Sysiphe de la lutte contre la criminalité. Depuis le temps qu’il dézingue des mafieux, moi j’oserais même plus jeter un papier par-terre dans son quartier 🙂 mais non comme la légendaire Hydre, dès qu’une tête tombe, deux autres repoussent…

    Et comme je disais, il fut un temps où on le mettait en prison, dorénavant il est respecté même si réprouvé par des type comme Captain America qui l’engage dans Civil War où à l’issue de cette histoire, Castle porte même brièvement ses couleurs…
    Et voilà, il est devenu malgré tout(et peut être même malgré Marvel) un des perso les plus populaires de Marvel…avec Deadpool dans un autre genre… Le héros c’est une statue lézardée du passé…

  • Eddy Vanleffe  

    Mais totalement…

    Mais l’un des trucs fascinants et passionnants à propos des Super-héros, c’est leur portée symbolique à la Limite de la mythologie du XXe siècle. quand j’ai découvert cette idée, je me suis dit que je tenais l’idée d’un bouquin et en fait il en existait déjà au moins trois qui parlait de ça… c’est pas demain que je ferai fortune 🙁

    Hulk fait référence à la peur du nucléaire et à l’enfant souviens toi 🙂
    Le Punisher et c’est la source de ma réflexion m’a fait tout à coup cet effet là. il parle de quelque chose…la pulsion agressive bien évidemment et aussi quelque chose de plus insidieux mis en lumière par ce changement de traitement du personnage au gré des ans…

  • Matt  

    Je sais qu’il s’agit d’un personnage de fiction. Je ne suis pas en train de dire que trop lire du Punisher va vous changer en tueur^^. Enfin…j’imagine que ça peut arriver chez ceux qui confondent fiction et réalité.

    Je me questionne juste sur les raisons de sa popularité, surtout quand on sait qu’aux US, il y a des mentalités à fond pour la self défense et la justice individuelle, le port d’arme et la peine de mort. Du coup c’est vrai que voir ce genre de perso être finalement approuvé par des héros comme Captain America, on se pose des questions si derrière il n’y a pas des gens chez Marvel qui considèrent que les types comme le Punisher, c’est génial et qu’il en faudrait dans nos rues. Ou du moins qui s’adaptent au fait que le public aime le personnage et l’érige donc comme une icône héroïque. Ce qui n’est pas forcément le propos des bons comics Punisher je crois, non ?

    Et puis j’estime que fiction ou pas, les comics de super héros ont toujours véhiculé des valeurs. C’est bien pour ça que beaucoup sont choqués de tous les voir devenir des fachos qui pronent le communautarisme et se tapent dessus en détruisant le monde de nos jours. Donc je ne trouve pas ça aberrant d’aborder la question de la moralité concernant le Punisher. Dans les contes, il me semble que les parents qui abandonnent leurs gosses sont rarement érigés au rang de héros du peuple. Ce sont des histoires plus en marge de la morale.

    • Eddy Vanleffe  

      Je suis conscient de partir loin…
      c’est un peu le jeu de réfléchir, de commenter. parce que il y a un mécanisme. avant quand on lisait un article intéressant comme ici, on restait avec nos pensées comme un con, là on creuse le truc en rajoutant un truc, +toi+lui+tous ceux qui sont là 🙂

      perso, je ne pense pas aux lobbys, je ne vais pas jusque là, mais effectivement Marvel s’adapte à l’air du temps et là… je vais aller dans le subjectif à donf’ mais oui, les super héros sont morts!

      Castle ne les a pas enterrés, pas tout seul en tout cas.^^

      Mais à mes yeux leurs thèmes ont vécu et on touche un paradoxe délirant: ils n’ont jamais été aussi populaires qu’aujourd’hui…films, animés jouets ils sont juste hégémoniques et pourtant….on sens dans le catalogue Marvel une mutation qui ne dit pas son nom.
      complètement embourbés dans une continuité embarrassante qui possède des relents de valeurs surranées, on est tous conscient que le truc doit évoluer…
      Je vois fleurir des trucs ouvertement et de plus en plus parodique, humoristiques, pour enfants, pour filles. ces choses professent un humour méta, utilisant la continuité comme un truc dont il faut se distancier.
      On ne peut pas abandonner les personnages qui sont sur tous les t-shirts mais il faut pourtant passer à autre chose comme quand au cours des années 50, l’horreur, le western, la guerre passèrent la main progressivement à ces clowns volants…
      si les Fantastic four ne sont plus pour l’instant, ce n’est pas à cause de la Fox mais plutôt du fait qu’ils ne représentent plus rien aujourd’hui. une famille de blancs unis avec les deux parents sans aucun problème social, ni aucun drame sexuel? c’est totalement has-been, c’est l’incarnation de ce Marvel ne veut plus être. Dès lors la mutation est difficile.
      DC se réfugie derrière la tradition, le côté patrimonial faisant de ce catalogue une sorte de Archie à l’écart du temps. paradoxalement là encore, c’est moderniser les héros qui les fait apparaître décalés. Non on faire du gros Superman, Batman, WonderWoman, flash et pas grand chose d’autre parce que étendre cet univers n’est plus de mise, plus vraiment… une nouvelle tentative va être faite et je lui souhaite la meilleure fortune du monde.
      Pour Marvel, c’est plus délicat: Deadpool est clairement le fer de lance et les X-Men pour des raisons similaires aux FF ne sont plus du tout à même d’être pertinents, le message d’intégration ayant carrément pris l’eau. D’autres vont émerger peut être Spider-Gwen, peut être Miss Marvel ou encore Gwenpool ou Miles Morales… doucement le monde semble vouloir se colorer.
      D’un côté des ténébres plus sombre encore et de l’autre un univers infantile et coloré plein de blagues picsou…

  • Matt  

    Pour être clair disons que je n’ai rien contre une bonne scène d’action qui nous montre un mec énervé défoncer des gueules de méchants gangsters. Je peux trouver ça jouissif aussi. Mais si à la fin de la BD, la société dans laquelle ce mec vit l’acclame unanimement comme un héros et nous montre des petits enfants en train de l’imiter, j’aurais plutôt tendance à penser que la BD en question nous dépeint une société malsaine et en critique les mœurs douteux.
    Sauf que chez Marvel, la popularité du Punisher et son acceptation en tant que héros a l’air de se faire sans aucune critique sous-jacente ou vision satirique de la société.

  • Matt  

    Et d’ailleurs (promis après je me tais) ce que je n’aime pas des masses dans ce que le Punisher véhicule surtout chez Ennis, mais ça c’est surement parce que la vision du monde d’Ennis me gonfle tant il semble se complaire dans la noirceur, c’est qu’en ridiculisant les super héros (que Ennis n’aime pas, on l’aura compris) il semble déclarer que ce sont des cons de ne pas vouloir tuer et se faire justice eux-mêmes au mépris des lois. Le Punisher, le roi de l’anarchie et de la violence. D’ailleurs ça ne colle pas avec d’autres passages dans lesquels on sent que Castle ne tient pas à faire d’émules comme expliqué dans l’article. Pourtant s’il n’aime pas les héros c’est bien parce qu’ils utilisent des méthodes de midinettes qui ne sont pas les siennes, non ?

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